Pour les articles homonymes, voir Boujenah.
Michel Boujenah sur scène en 2017, lors d'une représentation de son spectacle Ma vie encore plus rêvée.
modifier
Michel Boujenah, né le à Tunis, est un acteur, humoriste et réalisateur franco-tunisien1,2.
D'origine juive tunisienne3, Michel Boujenah passe sa petite enfance en Tunisie. Son père, Joseph Boujenah, est médecin. Il a trois frères, Yves, Jean-Louis et le cadet Paul qui deviendra cinéaste. En 1963, âgé de 11 ans, il rejoint la France avec ses parents, et s'installe dans la cité de la Croix d’Arcueil à Bagneux, dans la banlieue modeste du sud de Paris. Il souffre beaucoup de cette rupture avec sa terre et sa culture natale4.
En 1967, âgé de 15 ans, il décide de réaliser son rêve d'enfance : devenir acteur. Un jour à l’École alsacienne du 6e arrondissement (il y est lycéen entre 1967 et 19705), il présente à l'oral un exposé sur le livre Le Dernier des Justes d'André Schwarz-Bart qui lui fait comprendre ses dons de conteur. Il intègre alors le théâtre de l'école4. Après avoir passé son bac, il passe le concours de l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre national de Strasbourg, mais il est recalé notamment à cause de son accent tunisien6,4.
En 1972, après quelques stages de comédie, Michel Boujenah monte avec ses deux amis, Paul Allio et Corinne Atlas sa propre compagnie de théâtre « La Grande Cuillère », dans laquelle il fait monter sur scène des comédiens amateurs, des adolescents de banlieue. Il joue pour les enfants pendant six ans et interprète ses propres textes dans des cafés-théâtres6.
Il écrit et met en scène tous ses one-man-show qui retournent les stéréotypes négatifs tout en affirmant son identité culturelle7. Son premier spectacle en 1980, Albert, créé au théâtre du Lucernaire à Paris loué pour l'occasion, co-écrit avec Corinne Atlas avec des musiques de Michel Valensi et Geneviève Cabannes, remporte un grand succès. Il y incarne son propre personnage, et prend pour thème la vie des juifs tunisiens immigrés en France, souffrant de leur déracinement et du sentiment d'« étrangeté » lors de leur arrivée en France marquée par des restes d'idéologie coloniale. Lors d'une interview, il revient sur ce premier spectacle. Il y explique que ses origines juives sont fondamentales pour lui, en tant qu'élément personnel constitutif de son identité, mais qu'il ne souhaite pas construire son humour sur cette image de juif arabe, ce qui le pousse plus tard dans sa carrière à en partie renier ce premier spectacle. Ses origines juives et tunisiennes, son enfance d'immigré forment pour lui une situation personnelle complexe, où il évolue entre reniement et acceptation de sa différence. Il juge néanmoins qu'elles sont sans importance pour son humour, que ce qui compte pour lui c'est que son humour soit sincère8.
Son second spectacle Anatole est un échec, si bien qu'il reprend son personnage d'Albert. Le suivant, Les magnifiques, une série de portraits de juifs franco-tunisiens est à nouveau un grand succès. Il est alors reconnu par le public, les médias et le monde du spectacle, et sa carrière est lancée. Il poursuit avec L'Ange Gardien, Elle et moi, Le petit génie, etc. « Sa faconde, son art de la narration, de l’exagération, sa capacité à faire passer l’émotion et son sens de l’improvisation font mouche »9.
En 1979, il débute avec succès une carrière d'acteur comique de cinéma, avec Mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ? de Jan Saint-Hamont. Il y joue son rôle de prédilection, celui d'un homme profondément gentil et un peu naïf. En 1985, il joue dans Trois hommes et un couffin de Coline Serreau avec André Dussollier et Roland Giraud, et obtient le César du meilleur acteur dans un second rôle et son premier grand succès d'acteur de cinéma où il devient populaire. Il joue la suite 18 ans après en 20029.
En 1992, il fait partie de la sélection de candidats pour le César du meilleur acteur, pour son film Le Nombril du monde d'Ariel Zeitoun, où il rompt avec ses rôles de comiques.
En 1998, il est le parrain de l'œuvre humanitaire du Téléthon de France 2 pour la recherche sur la myopathie et les maladies neuromusculaires9.
En 2003, il écrit et réalise son premier film, Père et Fils avec Philippe Noiret, Charles Berling et son neveu Matthieu Boujenah. Cette comédie a pour sujet un père qui tente de réunir ses trois fils. Les personnalités des quatre personnages sont quatre des facettes de sa propre personnalité. Il est nommé aux César de la meilleure première œuvre de fiction, et remporte un nouveau succès avec son one man show les Nouveaux Magnifiques au théâtre du Gymnase de Paris, avec une nouvelle série de portraits de juifs tunisiens, vingt ans après la création des premiers.
En 2007, il est nommé directeur artistique du Festival de Ramatuelle, succédant à Jean-Claude Brialy, décédé le . En 2008, il présente son spectacle Enfin libre !9.
Le , il annonce dans l'émission Les Grosses Têtes sur RTL qu'il prépare un film dans lequel Yvan Attal et Pascal Elbe seront présents. Le même jour, il est à l'affiche pour la première fois de la pièce Inconnu à cette adresse au Théâtre Antoine durant un mois (du au ) avec Charles Berling. La pièce change de comédiens très régulièrement. Gaspard Proust, Pascal Elbe, Stéphane Guillon, Dominique Pinon, Thierry Lhermitte et Patrick Timsit ont déjà joué cette pièce précédemment.
Michel Boujenah est divorcé de Isabelle Luzet10, une artiste styliste coiffeuse du monde du spectacle, dont il a un fils, Joseph Boujenah, né en 1998, et une fille, Louise Boujenah, née en 200011. Il est l'oncle de Matthieu Boujenah et de Lucie Boujenah.
Il réside la plupart du temps dans sa villa à la périphérie de Saint-Paul-de-Vence12.
Il révèle être positif au SARS-CoV-2 le 13.
- 1980 : Mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ?, de Jan Saint-Hamont : Robert Crémieux
- 1981 : Fais gaffe à la gaffe!, de Paul Boujenah : le chauffeur de taxi
- 1982 : Le Préféré (Rock 'n Torah), de Marc-André Grynbaum : Norbert
- 1983 : Le Rez-de-chaussée, d'Alain Nahum (court-métrage)
- 1985 : Tranches de vie, de François Leterrier : Michel Lambert
- 1985 : Trois hommes et un couffin, de Coline Serreau : Michel
- 1985 : Le Voyage à Paimpol, de John Berry : Joël
- 1986 : Prunelles Blues, de Jacques Otmezguine : Freddy Bensoussan
- 1986 : La Dernière image, de Mohammed Lakhdar-Hamina : Simon Attal
- 1987 : Lévy et Goliath, de Gérard Oury : Albert Lévy
- 1988 : Les Surprises de l'amour de Caroline Chomienne : le chauffeur de taxi
- 1989 : Moitié-moitié, de Paul Boujenah : Arthur
- 1991 : La Totale !, de Claude Zidi : Simon / Marcel
- 1993 : Le Nombril du monde, d'Ariel Zeitoun : Bajou
- 1994 : 3000 scénarios contre un virus, de Jacky Cukier (segment Affreux, bêtes et très méchants) : Ferdinand
- 1995 : Les Misérables, de Claude Lelouch : André Ziman
- 1996 : Ma femme me quitte, de Didier Kaminka : Samuel Bosquier
- 1996 : Un été à La Goulette, de Férid Boughedir : TSF
- 1997 : Une femme très très très amoureuse, d'Ariel Zeitoun : Nathan
- 1997 : XXL, d'Ariel Zeitoun : Alain Berrebi
- 1998 : Don Juan, de Jacques Weber : Sganarelle
- 2001 : La Grande Vie !, de Philippe Dajoux : le policier
- 2003 : 18 ans après, suite de Trois hommes et un couffin, de Coline Serreau : Michel
- 2003 : Père et Fils, de Michel Boujenah (voix)
- 2003 : Les Clefs de bagnole, de Laurent Baffie : lui-même
- 2007 : Le Dernier gang, d'Ariel Zeitoun : le père de Julie
- 2008 : Les Bureaux de Dieu, de Claire Simon : le Docteur Lambert
- 2009 : Ultimatum, d'Alain Tasma : Victor
- 2009 : La Grande Vie, d'Emmanuel Salinger : Patrick Lefrançois
- 2012 : Cendrillon au Far West, de Pascal Hérold (voix de « Petite Fumée »)
- 2013 : Les limites de Laura Presgurvic (court-métrage)
- 2021 : On est fait pour s'entendre de Pascal Elbé : Médecin d'Angèle
En , il joue dans un spot publicitaire télévisé pour la marque Puget.
- 2010 : Sa majesté le poil de Claude-Julie Parisot, documentaire de biologie et de sciences naturelles produit par Arte : le narrateur
- 1980 : Albert
- 1981 : Anatole
- 1984 : Les Magnifiques
- 1987 : L'Ange Gardien
- 1991 : Elle et Moi
- 1994 : Le Petit Génie, mise en scène Paul Boujenah
- 2000 : Mon Monde à Moi
- 2004 : Les Nouveaux Magnifiques
- 2008 : Enfin libre !
- 2009 : A.D.A. L'Argent des Autres de Jerry Sterner, mise en scène Daniel Benoin, Théâtre national de Nice
- 2012 : Whatever Works d'après Woody Allen, mise en scène Daniel Benoin, Théâtre national de Nice, Théâtre Marigny
- 2013 : Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor, mise en scène Delphine de Malherbe, Théâtre Antoine
- 2013 : Ma vie rêvée (one man show), Théâtre de l'Ouest parisien, puis tournée en 2014 puis théâtre Edouard VII
- 2014 : Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor, mise en scène Delphine de Malherbe, Théâtre Liberté
- 2017 : Ma vie encore plus rêvée (one man show), Théâtre de la Gaîté-Montparnasse
- 2019 : L'Avare de Molière, mise en scène Daniel Benoin, Théâtre Anthea (Antibes)
- 2020 : Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor, mise en scène Delphine de Malherbe, Festival de Ramatuelle
- 2020 : L'Avare de Molière, mise en scène Daniel Benoin, Théâtre des Variétés
- ↑ « Michel Boujenah : "Le spectacle à Carthage se fera" » [archive], sur timesofisrael.com, .
- ↑ YouTube [archive]
- ↑ Jean Talabot, « Le spectacle de Michel Boujenah maintenu en Tunisie malgré la polémique », Le Figaro, (lire en ligne [archive], consulté le ).
- ↑ Revenir plus haut en :a b et c Site officiel [archive].
- ↑ Colombe Schneck, « École alsacienne, les liens du rang », GQ, septembre 2015, pages 94-98.
- ↑ Revenir plus haut en :a et b Isabelle Morizet, Interview de Michel Boujenah dans l'émission Il n’y a pas qu’une vie dans la vie sur Europe 1, 7 juillet 2013
- ↑ Nelly Quemener, Le pouvoir de l'humour, Armand Colin, , p. 121
- ↑ « Culture : actualités culturelles et infos en direct en photos et vidéos »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • https://www.lci.fr/actu-culture/" rel="nofollow" class="external text" style="text-decoration: none; color: rgb(51, 102, 187); background: none !important; padding: 0px !important;">Google • Que faire ?), sur LCI (consulté le ) Interview de Michel Boujenah sur dvdrama.com.
- ↑ Revenir plus haut en :a b c et d Jean-Paul Billo, « Michel Boujenah, nostalgique du soleil » [archive], sur France Bleu, .
- ↑ « Michel Boujenah - La biographie de Michel Boujenah avec Gala.fr » [archive], sur Gala.fr (consulté le ).
- ↑ « Enfant de Tunisie - Michel Boujenah »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • http://www.lepetitjournal.com/tunis/a-voir-a-faire/104946-enfant-de-tunisie-michel-boujenah" rel="nofollow" class="external text" style="text-decoration: none; color: rgb(51, 102, 187); background: none !important; padding: 0px !important;">Google • Que faire ?), sur lepetitjournal.com, .
- ↑ Le 31 juillet 2008 à 07h00, « Michel Boujenah veut faire slamer Ramatuelle » [archive], sur leparisien.fr, (consulté le ).
- ↑ « Michel Boujenah à son tour contaminé par le coronavirus : "Je suis sonné" » [archive], sur fr.news.yahoo.com (consulté le ).
- ↑ « Décret du 21 mai 2021 portant promotion et nomination dans l'ordre national du Mérite » [archive], sur legifrance.gouv.fr, .
- ↑ Ordonnance Souveraine no 16513 du 18 novembre 2004 [archive] portant promotions ou nominations dans l'Ordre du Mérite culturel
- ↑ « Décoration de personnalités du monde culturel français à l’ambassade de Tunisie à Paris » [archive], sur businessnews.com.tn, .