Albert Dupontel
Albert Dupontel en 2013.
Philippe Guillaume1, dit Albert Dupontel, est un acteur, réalisateur, scénariste et humoriste français, né le 11 janvier 1964 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines, à l’époque Seine-et-Oise).
Après des débuts comme auteur et comédien de one-man-shows au début des années 1990 et d'acteur de cinéma dès fin des années 1980, il commence une carrière de réalisateur et de scénariste tout en continuant de jouer pour d'autres cinéastes. Pour ses propres films, il remporte notamment trois César dans les années 2010 : meilleur scénario original pour 9 mois ferme puis meilleur réalisateur et meilleure adaptation pour Au revoir là-haut.
Biographie
Jeunesse et formation
Jusqu'à l'âge de 20 ans, Philippe Guillaume vit à Conflans-Sainte-Honorine avec ses parents. Son père, originaire de Trégomeur2 (Côtes-d'Armor), est médecin3, et sa mère est dentiste. Âgé de quatre ans et demi, il est renvoyé de l'école maternelle, la directrice se plaignant de son refus de toute discipline4. Durant son cursus primaire à l'école Paul-Bert de Conflans, il pratique la gymnastique3 et le judo.
Après avoir obtenu son baccalauréat en 1982, il fait quatre ans d'études médicales à l'UFR de médecine de l'université Paris-Diderot (CHU Bichat-Claude-Bernard). Stagiaire dans le service de neurochirurgie à un poste pas très intéressant, il s’ennuie et le déserte souvent pour aller au cinéma4. Son chef de service ne validant pas son stage, du fait de ces absences, il renonce à poursuivre en médecine4. Il s'inscrit ensuite à un cours de théâtre dirigé par Yves Pignot et choisit alors comme nom de scène Albert Dupontel ; il souhaite en effet préserver sa famille et particulièrement son père5,4.
Il suit ensuite une formation de deux ans (1986-1988) à l'École du théâtre national de Chaillot, sous la direction d’Antoine Vitez. Il commence alors à écrire des sketchs pour se défouler6. Durant cette période, il joue de petits rôles. Il est brièvement (une dizaine de jours) l'élève d'Ariane Mnouchkine, dont l'enseignement l'a cependant marqué et lui a servi plus tard dans sa carrière. Elle lui propose d'entrer dans sa compagnie de théâtre mais il décline la proposition7,8.
Révélation sur scène et débuts au cinéma (1990-1999)
En 1990, Albert Dupontel écrit les Sales Histoires, une série d’histoires brèves pour Canal+9. Son ton grinçant est nouveau et tranche radicalement avec ce qui se fait à l’époque10.
En août 1990, il commence par des prestations scéniques d'humoriste en one man show au Théâtre de poche Graslin à Nantes. La même année, il tourne une série de spots publicitaires pour la Lada Samara11,12. Un temps de vaches maigres, jusqu'à ce qu'il soit remarqué par Patrick Sébastien qui, ayant vu une captation vidéo de son spectacle sur cassette13, lui propose de faire un sketch dans son émission télévisée Sébastien c'est fou (devenant son producteur par la suite), ce qui le fait accéder à la reconnaissance du grand public. Il se produit ensuite avec succès dans de nombreuses salles parisiennes, avec son spectacle intitulé le Sale Spectacle14, notamment au théâtre Tristan-Bernard (avec entre-autres les sketchs cultes « Le Bac », « Rambo », « La Plaidoirie » ou « La Reproduction »). En 1992, il poursuit en se produisant à L'Olympia avec le Sale spectacle 2 et remporte un grand succès (avec notamment ses sketchs cultes « Burt » le super-flic, « Les Pourris d'Or », « La Pause » ou « le Hard-Rockeur » malvoyant, Alphonse in the Dark). Toutefois, il ne fait de la scène que « pour bouffer », comme il dit, car son projet à long terme, c'est le cinéma.
Toujours en 1992, il se lance dans la mise en scène avec Désiré, son premier court métrage. En tant que comédien, il apparaît dans des films tels que Un héros très discret ou Chacun pour toi avec Jean Yanne. Grâce à l'argent gagné avec ses spectacles, il se lance dans la réalisation et son premier film, Bernie (1996), obtient un grand succès. Le film suscitera l'enthousiasme de nombreuses personnalités, comme les membres des Monty Python, Terry Jones et Terry Gilliam, ou encore Robin Williams qui fit même une petite parodie du film pour l'édition collector du DVD15.
En 1999, il réalise Le Créateur, toujours entouré de la même équipe. Le Créateur est cependant un échec et compte peu d'entrées au cinéma. La même année, Michel Deville lui offre son premier grand rôle sérieux dans La Maladie de Sachs. Son interprétation est saluée par une première nomination aux César16.
Acteur et retour à la réalisation (2000-2008)
Entre 2001 et 2005, Albert Dupontel tourne plusieurs films par an dans les genres de la comédie et du drame. En 2002, il monte de nouveau les marches du festival de Cannes pour défendre Irréversible : le film est entouré d'une grande polémique en raison de sa violence17.
Il commence à travailler sur son troisième long métrage, Enfermés dehors16. En 2004, il est à l'affiche de plusieurs films dont Le Convoyeur et Un long dimanche de fiançailles. La recherche de financement pour sa troisième réalisation est compliquée. En 2005, après avoir essayé de produire le film aux États-Unis, puis par une production franco espagnole18, il trouve finalement plusieurs partenariats en France. France 2 accepte de financer le film mais souhaite ses spectacles en DVD19. Les spectacles à l'Olympia et au théâtre Tristan Bernard sont donc édités en 2005.
Exigeant, Dupontel reste un peu en marge de la profession, refusant les facilités du show business. En 2006, sort Enfermés dehors, où il est à la fois réalisateur et acteur principal. Il parvient à réaliser un film d'action burlesque et déjanté, faisant à nouveau l'admiration de Terry Gilliam et Terry Jones, qui participent brièvement au film20.
De 2006 à 2008, il multiplie les apparitions au cinéma, avec trois films par an. Il a notamment le premier rôle dans Président, Odette Toulemonde, Chrysalis, L'Ennemi intime et Deux Jours à tuer, pour lequel il est de nouveau nominé aux César dans la catégorie Meilleur acteur.
Réalisateur récompensé (depuis 2009)
En 2009, Albert Dupontel réalise Le Vilain, une fable drolatique qui permet à l'actrice Catherine Frot d'y faire une composition de personne âgée. Le film est un succès (près d'un million de spectateurs21) et permet à Dupontel d'annoncer un nouvel opus pour 2011.
Entre-temps, il refait l'acteur pour Bertrand Blier dans Le Bruit des glaçons (2010) avec Jean Dujardin pour partenaire puis, en 2011, pour Gustave Kervern et Benoît Delépine avec cette fois-ci Benoît Poelvoorde en co-vedette dans Le Grand soir, seul film français primé lors du festival de Cannes 2012.
Albert Dupontel en 2013 à l'avant-première du film
9 mois ferme.
En octobre 2012, il commence le tournage de son nouveau film 9 mois ferme, une comédie sur l'amour impossible entre un prisonnier (incarné par Dupontel) et une juge enceinte (Sandrine Kiberlain, qui obtiendra le César de la meilleure actrice pour ce rôle). Le film sort en octobre 2013 et totalise plus de 2 millions de spectateurs, tout en étant bien accueilli par la presse. Le réalisateur reçoit même le César du meilleur scénario original lors de la 39e cérémonie des César22,23.
En 2017, il enchaîne avec Au revoir là-haut, l'adaptation du roman homonyme de Pierre Lemaitre, récompensé par le Prix Goncourt 2013. Tourné avec plusieurs techniques créatives, dont la colorimétrie, le film dépasse le million de spectateurs en salles après deux semaines et jette un regard nouveau sur la Première Guerre mondiale. Au terme de son exploitation, il enregistre plus de deux millions d'entrées24, ce qui en fait son plus gros succès (juste devant 9 mois ferme25). Dupontel obtient pour ce film les César de la meilleure réalisation et celui de la meilleure adaptation (avec Pierre Lemaître) lors des Césars 2018.
De août 2012 à septembre 2013 puis de septembre 2015 à décembre 2017, ADCB Films, la société de production créée par Albert Dupontel et Catherine Bozorgan, loue un hôtel particulier délabré26 rue Fortuny, à Paris, auprès du conseil régional d'Île-de-France. Plusieurs scènes des films 9 mois ferme et Au revoir là-haut y sont tournées27. Quand le nouveau conseil régional d'Île-de-France décide de vendre l’hôtel en septembre 2017, le faible loyer (1 200 euros), défini par le précédent conseil, fait polémique. L’immeuble est restitué par ADCB films, comme prévu par la convention initiale28,27.
Sa réalisation Adieu les cons sort en 2020, pendant la seconde vague de la pandémie de Covid-19, alors qu’un couvre-feu empêche les cinémas d’ouvrir en soirée. Le film reçoit des critiques partagées29.
Engagements
Albert Dupontel est, depuis sa création en 2012, parrain de War on Screen, le festival international du film de guerre de Châlons en Champagne30.
En septembre 2013, il est président du jury du Festival international du film grolandais de Toulouse. Il y décerne un prix spécial à Wrong Cops de Quentin Dupieux31.
Spectacles
Filmographie
Acteur
Cinéma
Courts métrages
- 1992 : Désiré d'Albert Dupontel : le médecin
- 1996 : Je suis ton châtiment de Guillaume Bréaud
Télévision
Réalisateur et scénariste
Livre audio
En 1996, Albert Dupontel prête sa voix à Papoo, père de famille dans Les Enfants du futur, une fable orale écrite par Alan Simon32.
Influences
Albert Dupontel considère Charlie Chaplin comme une référence, étant à ses yeux le seul classique du cinéma qui a l'élégance de faire rire avec des histoires dramatiques33.
Le réalisateur Terry Gilliam fait également partie de ses influences ; ce dernier fait des apparitions (caméo) dans ses films (Enfermés dehors, 9 mois ferme et Adieu les cons)33.
Par ailleurs, bien qu'il ne considère pas Raymond Depardon comme une source d'inspiration, il concède que son œuvre lui a inspiré le scénario de 9 mois ferme et de plusieurs personnages33.
Collaborateurs réguliers
Acteurs
Équipe technique
Production
Distinctions
Récompenses
Décoration
Notes et références
Liens externes
Sur les autres projets Wikimedia :
« Philippe Guillaume dit Albert Dupontel nommé au grade de chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres en janvier 2007. » [archive]
Johan Moison, « Albert Dupontel et la crêpière de Tregomeur » [archive], France Bleu Armorique, 17 octobre 2013.
Il a raconté cet épisode dans l'émission Tout le monde en parle du 10 avril 2004 [voir en ligne [archive]] à 1:38 (archive INA).
Comme raconté par Dupontel dans l’émission Master Classe du 14 avril 2014 sur France 5 [voir en ligne [archive]].
Interview [archive] dans l'émission Eclectik, France Inter, 22 mai 2011.
« Albert Dupontel et JM Ribes, pour "Chacun pour toi" » [archive], sur ina.fr, archive vidéo, le cercle de minuit, 12 janvier 1994
« Albert Dupontel dans Hep Taxi ! » [archive], RTBF.be, 20 octobre 2013.
« Albert Dupontel répond à vos questions » [archive], sur albertdupontel.com, 26 septembre 2020.
Théo Denmat, « Le sale sketch d’Albert Dupontel » [archive], SoFoot.com, 11 janvier 2019.
Romain Le Vern, « Du trash Bernie au fédérateur Au revoir là-haut, le parcours bigarré d’Albert Dupontel » [archive], LCI.fr, 25 octobre 2017.
Publicité pour la Lada Samara [archive] sur YouTube.
Série complète [archive] des pubs de la Lada Samara avec A. Dupontel, sur culturepub.fr.
« Adieu les cons, transhumance suicidaire ? Albert Dupontel » [archive], thinkerview.com, 14 octobre 2020, à 1:00:55.
Romain Le Vern, « Du trash Bernie au fédérateur Au revoir là-haut, le parcours bigarré d’Albert Dupontel » [archive], LCI.fr, 25 octobre 2017.
Samuel Douhaire, « Bernie » [archive], sur Libération.fr, 25 mars 2005.
« Dupontel médecin de campagne » [archive], Le Parisien.fr, 3 août 2002.
« "Irréversible" : malaises pendant la projection officielle » [archive], sur Le Parisien.fr, 26 mai 2002.
« Claude Perron et Albert Dupontel » [archive], sur ina.fr, Tout le monde en parle du 1/04/2006
Émission On ne peut pas plaire à tout le monde du 20 mars 2005, présentée par Marc Olivier Fogiel.
Interview de Terry Gilliam et Terry Jones à propos d'"Enfermés dehors" [archive], Albertdupontel.com.
928 995 entrées selon la fiche du film [archive] sur Allociné.
« Albert Dupontel, César 2014 du Meilleur Scénario Original pour 9 MOIS FERME » [archive], 5 mars 2014.
Katia Rimbert, « "9 mois ferme", ce soir sur France 2, ou le rôle qui a valu un César à Sandrine Kiberlain » [archive], LCI.fr, 6 mars 2016.
« Au revoir là-haut (See You Up There) (2017) » [archive], sur JP's Box-Office (consulté le 18 avril 2020).
« 9 mois ferme (9 Month Stretch) (2013) » [archive], sur JP's Box-Office (consulté le 18 avril 2020).
Albert Dupontel présente ce lieu comme « vétuste, inhabitable et inhabité » : « Émission « Clique x » Albert Dupontel - Canal+ » [archive], 19 octobre 2017
« Paris : Dupontel rendra en décembre l'immeuble loué à bas prix à la Région » [archive], Le Parisien.fr, 14 septembre 2017.
« Albert Dupontel délogé d'un hôtel particulier par Valérie Pécresse » [archive], RTL.fr, 16 septembre 2017.
Manon Bricard, « Adieu Les Cons : “un excellent millésime” ? L'avis des critiques » [archive], sur Linternaute, 21 octobre 20 (consulté le 3 novembre 2020).
« Le parrain du festival - Albert Dupontel » [archive], waronscreen.com (consulté le 10 août 2018).
Fernand-Joseph Meyer, « Wrong Cops, de Quentin Dupieux » [archive], sur La Semaine, 30 mars 2014 (consulté le 15 novembre 2020)
« Notice bibliographique pour Les Enfants du futur » [archive], sur Bibliothèque nationale de France (consulté le 30 juin 2020).
Michel Ursula, « "Neuf mois ferme" d'Albert Dupontel : "Je veux raconter des rencontres improbables" » [archive], sur Slate.fr, 16 octobre 2013 (consulté le 2 mars 2020)
« Biographie de Philippe Duquesne » [archive], sur Gala.fr (consulté le 21 octobre 2020).
Frédéric Robin, Histoire de cinéma : Christophe Pinel, monteur de 9 mois ferme [archive], produit par Video Effects Prod en mars 2014 (présentation en ligne [archive] le 4 mars 2018, consultée le 26 octobre 2020).
Christophe Pinel [archive] sur data.bnf.fr.
Rencontre avec Albert Dupontel [archive] au Forum des images en octobre 2013
Ressources relatives à l'audiovisuel
:
Ressources relatives à la musique
:
Ressource relative au spectacle
:
Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste
: Deutsche Biographie [archive]