La « Delta Force », officiellement 1st Special Forces Operational Detachment-Delta (Airborne) (1st SFOD-D (A)), est une unité des forces spéciales américaines appartenant à l'US Army et dépendant du Joint Special Operations Command (JSOC). L'unité porte également d'autres noms officiels, dont Combat Applications Group (CAG).
Une de ses caractéristiques principales est le secret qui l'entoure, ce qui explique le peu de renseignements disponibles sur l'unité. En effet, l'armée américaine continue de la maintenir dans le secret bien que son existence soit actuellement indiscutable, et refuse de livrer toute information à son sujet.
Historique
Création
Au début des années 1960, le Special Air Service (SAS) britannique et les Special Forces américaines créèrent un programme d'échange par lequel un officier et un sous-officier du 22 SAS allaient au 7th Special Forces Group (SFG) pour une durée d'un an, et réciproquement. Un des premiers participants à ce programme, le capitaine Charles Beckwith des SF, fut extrêmement impressionné par les particularités du SAS (sélection rigoureuse, exercices aussi réalistes que possible avec planification sommaire, exercices à balles réelles, etc). De retour aux États-Unis, il conseilla à l'US Army de créer une unité similaire au SAS, mais ses suggestions répétées ne rencontrèrent aucun écho2.
Ce n'est qu'à partir de la fin 1975, en étudiant les rôles des différents composantes de l'US Army au sortir de la guerre du Viêt Nam, que les hautes autorités de l'US Army et en particulier son Deputy Chief of Staff for Operations and Plans (DCSOPS), le général Edward C. « Shy » Meyer, réalisent le manque et le besoin d'une force spéciale spécialisée dans les actions commando. À la suite d'un briefing en août 1976, le général William DePuy commandant le Training and Doctrine Command (TRADOC) donna l'ordre au général Robert C. Kingston qui commandait l'US Army John F. Kennedy Center for Military Assistance (USAJFKCENMA, ou plus couramment JFK Center, unité parente des Special Forces) de développer un concept d'une telle unité, et celui-ci confia la tâche à Charles Beckwith, devenu entre-temps colonel3.
Beckwith, assisté de quelques hommes, affina le concept de l'unité jusqu'au début de 1977, et, comme il existait déjà au sein des Special Forces les détachements opérationnels Alpha, Bravo et Charlie, décida de l'appeler Delta. Il obtint l'accord du Forces Command (FORSCOM), qui a autorité sur l'affectation du personnel, puis, le 2 juin 1977, l'approbation du général Bernard W. Rogers, Chief of Staff of the Army (CSA). Le 1st Special Forces Operational Detachment-Delta (1st SFOD-Delta, appelée couramment juste « Delta ») est placé sous l'autorité du JFK Center, qui dépend lui-même du XVIIIe corps aéroporté américain, qui dépend du FORSCOM qui est sous l'autorité du DCSOPS, le général Ed Meyer4. Le projet connut une accélération soudaine à la suite de l'opération du GSG 9 allemand qui libéra par la force les otages d'un avion de la Lufthansa détourné à Mogadiscio le 13 octobre 1977. L'ordre d'activer Delta, avec alors pour première mission le contre-terrorisme, fut donné le 19 novembre 1977 (Beckwith étant alors en déplacement en Europe, il ne le reçut qu'en décembre)5.
Beckwith prévit qu'il lui faudrait deux ans avant que l'unité ne soit opérationnelle. Cependant, le Readiness Command (REDCOM) qui s'était vu confier la responsabilité de tester et déployer les unités contre-terroristes à la suite du raid d'Entebbe en 1976, avait constaté le besoin d'une unité spécialisée à la suite du détournement de Mogadiscio, et en avait besoin immédiatement. En conséquence, le successeur de Kingston à la tête du JFK Center, le général Jack Mackmull, avec lequel Beckwith avait une mauvaise relation, confia au colonel Bob Mountel, commandant le 5th Special Forces Group (SFG), le soin de créer une unité d'intérim, appelée Blue Light. À tort ou à raison, Beckwith pensa que Mountel avait l'intention de montrer qu'il pouvait créer une unité plus rapidement et pour moins cher que Delta, et un esprit de rivalité s'établit entre les deux unités6.
Delta s'installa dans les vieux bâtiments de la Stockade (prison militaire) de Fort Bragg. La liste de son personnel fut classifié par le Military Personnel Center (MILPERCEN). Il lança une campagne de recrutement, décidant de recruter dans toute l'armée et pas uniquement dans l'infanterie, à l'instar du SAS7. Cependant, le général Mackmull limita les possibilités de recruter au sein des Special Forces, de crainte que les SFG, déjà en sous-effectif, se vident de leur personnel. Parallèlement, certains officiers du FORSCOM empêchaient les Rangers de participer à la sélection de Delta.
Beckwith dut court-circuiter la chaîne de commandement et parler directement au CSA, le général Rogers, pour débloquer la situation. Beckwith demanda que Delta soit rattachée directement au DCSOPS Meyer, mais cela fut impossible par manque de personnel à l'état-major de l'armée. Le général Meyer simplifia néanmoins la chaîne de commandement en ordonnant que pour tout ce qui concerne Delta, Mackmull réponde directement au Département de l'armée. Il ordonna également que les SF et Rangers puissent participer librement aux épreuves de sélection8.
Une des premières étapes dans la formation de l'unité fut la création d'un bâtiment d'entraînement derrière la Stockade, où les opérateurs s'exercèrent à entrer dans une pièce, identifier les cibles, et abattre des cibles simulant des terroristes tout en épargnant les otages. Avec l'aide de la Federal Aviation Administration (FAA) et de compagnies aériennes, ils s'entraînèrent également à prendre d'assaut des avions détournés9.
Delta chercha également à apprendre toute tactique ou technique utile auprès d'autres services dont le FBI et l'United States Secret Service10. À l'époque, le FBI n'avait que des unités type SWAT entraînées pour des arrestations à hauts risques mais pas pour libérer des otages. En cas de prise d'otage impliquant plusieurs terroristes et plusieurs otages, le FBI prévoyait de confier la situation à Delta dès qu'ils auraient l'autorisation présidentielle pour le faire. Delta effectua son premier exercice avec le FBI, nom de code Joshua Junction, dans le Nevada en mai 1978. Des exercices subséquents impliquèrent d'autres services américains, comme le Nuclear Emergency Search Team (NEST)11.
Delta passa avec succès un exercice de certification initiale en juillet 1978, à l'issue duquel Blue Light n'apparaissait plus nécessaire. Blue Light fut désactivée quelques mois plus tard12.
Au cours de l'année 1979, Delta entama des programmes d'échange avec des unités étrangères dont le SAS, le GSG 9 ouest-allemand, le GIGN français et des unités spéciales israéliennes. L'unité s'agrandit, passant à deux escadrons appelés A et B. Beckwith formalisa les tâches, conditions et standards de l'unité servant d'indicateurs pour évaluer son état de préparation, qui serviront aux évaluateurs extérieurs et aux futurs commandants de l'unité. Le document résultant, surnommé « le Livre Noir », énumérait notamment une soixantaine de compétences individuelles, environ vingt-cinq compétences de niveau de la patrouille, huit à dix compétences de niveau de la troupe. Un escadron avait trois compétences : prendre d'assaut un bâtiment, une situation en plein air, et un avion de ligne13.
Début novembre 1979, Delta passa son exercice de validation finale, devant un jury comptant l'ambassadeur Anthony Quainton, directeur de l'Office for Combatting Terrorism du Département d'État des États-Unis, des représentants des agences concernées par le terrorisme (FBI, CIA, Secret Service, DoE, FAA, etc.), ainsi que des observateurs étrangers dont le colonel Ulrich Wegener, créateur et commandant du GSG-9, le général Sir Peter de la Billière, commandant du SAS Regiment, le capitaine Christian Prouteau, créateur et commandant du GIGN, et des Israéliens14. Quelques heures plus tard, une foule menée par des étudiants prit en otage le personnel de l'ambassade américaine de Téhéran, en Iran. La crise iranienne des otages et l'opération Eagle Claw, qui fut menée pour tenter de les libérer par la force, devait être la première opération de Delta.
Évolutions
Une des conséquences directes de l'échec de l'opération Eagle Claw fut la création d'un commandement d'opérations spéciales interarmées, le Joint Special Operations Command (JSOC), sous les ordres duquel furent placées la Delta Force et une unité de l'US Navy similaire nouvellement créée, le SEAL Team 615.
Au début des années 1980, le directeur du FBI William Webster décida de combler l'écart existant entre les unités SWAT et Delta en créant la Hostage Rescue Team. Le colonel Paschall, commandant Delta à l'époque, collabora avec le FBI pour entraîner des agents du bureau dans les tactiques et techniques contre-terroristes16.
En 1985, l'unité fit l'objet d'enquêtes de l'armée et du Département de la Justice car un certain nombre de ses hommes avaient détourné des fonds en exagérant leurs notes de frais de déplacements. Le scandale aurait pu menacer l'existence de l'unité, mais son commandant de l'époque, William Garrison, prit leur défense et ne punit que ceux qui avaient commis le plus d'abus. Sept membres de l'unité seraient passés en cour martiale et quatre-vingts autres auraient reçu des sanctions disciplinaires non-judiciaires17.
Au cours des années 1980, Delta s'agrandit, passant d'une centaine d'hommes répartis en deux escadrons réduits à l'époque d'Eagle Claw, à trois escadrons complets totalisant 200, plus 300 autres personnels de soutien à la fin de la décennie18. Delta déménagea en 1987 de la vieille Stockade pour un nouveau QG construit sur mesure pour 75 millions de dollars, et appelé Security Operations Training Facility (SOTF), situé sur le Range 19 de Fort Bragg19.
Avec le temps, Delta n'est pas demeurée une unité purement de contre-terrorisme comme à sa création, mais elle est devenue capable d'un large spectre de missions, ce qui était l'idée originale de Beckwith d'après le modèle du SAS britannique20.
À partir de la fin des années 1980, un des efforts du JSOC a été de réduire les conflits avec les commandements militaires régionaux, et d'intégrer ses différentes unités, à l'esprit très indépendant, entre elles21. Au début des années 1990, le JSOC insitua un régime d'entraînement qui forçait Delta et le SEAL Team 6 à s'entraîner ensemble tous les trois mois. La relation entre les deux unités passa de l'animosité à une saine rivalité, et des amitiés se développèrent entre membres des deux unités22.
Delta a continué d'augmenter en taille. Au milieu des années 1990, elle comptait environ 800 membres20, et près de 1 000 au début des années 200023.
Missions
Le rôle initial de la Delta Force était le contre-terrorisme, en priorité pour protéger ou secourir les citoyens et intérêts américains à l'étranger. Pour des cas exceptionnels, elle peut intervenir sur le territoire américain, notamment en collaboration avec la Hostage Rescue Team du FBI.
Cependant, l'unité est capable d'opérations extrêmement diverses. Elle peut être chargée d'assurer la protection de hautes autorités militaires américaines (voire alliées dans certains cas) en temps de guerre ou de tensions, d'opérations spéciales diverses (reconnaissances et raids en arrière des lignes ennemies), ainsi que de dispenser des formations spécifiques à des unités étrangères.
Cette diversité, ainsi que la possibilité laissée aux forces spéciales américaines d'agir en civil, fait qu'il peut être difficile de déterminer si une opération est du ressort de la Delta Force, des autres Special Forces US ou du service d'opérations clandestines de la CIA.
Organisation
L'organisation de la « Delta Force » est — comme le reste — secrète. Selon les informations disponibles, l'unité est commandée par un colonel et son état-major comprend un commandant adjoint et des officiers d'administration, de renseignement, d'opérations, de logistique, tous ayant le grade de lieutenant-colonel24.
La force opérationnelle de l'unité est organisée en escadrons désignés par une lettre, sur le modèle du Special Air Service britannique : « A squadron », « B squadron » et « C squadron »25.
La devise de l'escadron A est Molon Labe26. Un quatrième escadron, le D, a été créé en 200627.
Chacun de ces escadrons d'opérateurs a son propre état-major avec un commandant d'escadron, un officier d'opérations, un officier de renseignement, etc. Selon des descriptions des années 1990-2000, les escadrons comprennent 75 à 85 opérateurs répartis entre deux troops d'assaut d'une trentaine d'hommes, et une troop de reconnaissance et surveillance surnommée recce troop28. Les troupes de reconnaissance et surveillance sont formées de tireurs de précision ayant une expérience antérieure dans une troupe d'assaut29. Les troupes sont elles-mêmes divisées en trois teams de théoriquement six opérateurs, mais souvent en sous-effectif30. Ces équipes sont généralement désignées par des codes de l'alphabet radio31.
Les opérateurs ne représentaient qu'environ 250 hommes sur le millier que comptait approximativement l'unité en 200023. Les autres forment une structure de soutien considérable. Un escadron de soutien regroupe le personnel responsable de l'administration, de la finance, de la logistique, de la planification des opérations, etc. Il comprend un détachement de sélection et de formation des recrues (S&T detachment, pour selection and training) dont un psychologue, un détachement médical, un détachement de recherche et développement d'armes et de matériel, un détachement technique et électronique (T&E) pour le matériel d'écoute et de renseignement, etc.32. À la suite du retour d'expérience de l'invasion de la Grenade, un élément de coordination d'appui-feu dirigé par un officier de niveau brigade a été ajouté à la section de planification des opérations33. À la Security Operations Training Facility (SOTF), le complexe de la Delta Force à Fort Bragg, sont également affectés un Staff Judge Advocate34 et un Special Agent in Charge du CID35.
L'escadron de soutien comprend également un détachement de renseignement entraîné à opérer clandestinement dans des pays étrangers pour reconnaître des objectifs. Initialement surnommé « Funny Platoon », ce détachement est né d'un long conflit avec l'Intelligence Support Activity (ISA) qui avait le même rôle mais refusait de laisser Delta évaluer ses agents. La Funny Platoon a intégré des soldats féminins à partir de 1990, dans le but d'infiltrer des agents sous la couverture d'un couple mari et femme. Un élément spécialisé s'occupe d'imprimer de faux papiers pour ces opérateurs clandestins36. Au début des années 2000, ce détachement comptait une centaine d'opérateurs clandestins37 et était appelé operational support troop38. Au milieu des années 2000, il a été encore été étendu et est devenu le G squadron39.
À la fin des années 1980, un escadron d'aviation Delta clandestin a été créé, reprenant peut-être le rôle de l'unité Seaspray. Cet escadron était décrit au milieu des années 1990 comme organisé en red, blue et green platoons, et disposant d'une douzaine d'hélicoptères AH-6 et MH-6 Little Birds peints dans de fausses couleurs civiles, utilisés pour des opérations clandestines40. Selon des informations plus récentes, l'escadron d'aviation fonctionnerait sous le nom de Flight Concepts Division et serait basé à Fort Eustis en Virginie, près de la fameuse « Ferme » de la CIA à Camp Peary. L'escadron accomplit d'ailleurs des missions pour la CIA41.
Recrutement
La plupart des candidats sont des Rangers, mais le recrutement est ouvert à toute l'US Army. Environ 70 % des opérateurs Delta sont issus du 75e régiment de Rangers, soit directement, soit après un passage dans les Special Forces42.
Bien que l'existence de l'unité ne soit pas reconnue, des annonces de recrutement ont été publiées dans divers journaux d'informations militaires43.
Ces annonces des années 1990 indiquent que les candidats doivent être volontaires, de service actif, de sexe masculin, avoir la citoyenneté américaine, avoir au minimum 22 ans, être aptes médicalement et physiquement, et être de grade de sergent (E-5) à Sergeant First Class (E-7) pour les sous-officiers et capitaine ou major ayant 12 mois de commandement satisfaisant pour les officiers. Les recruteurs de l'unité effectuent également des visites pour informer et attirer des recrues potentielles dans les bases militaires américaines de par le monde44.
En 2013, un journal dévoile à l'occasion d'une remise de médaille à deux membres de la Delta Force que l'unité incorpore des personnels provenant d'autres forces armées ; un des médaillés étant issu du Corps des Marines45.
Sélection
La sélection est appelée assessment and selection course, a lieu deux fois par an et dure environ un mois. Elle commence par des tests physiques de base comprenant des pompes, des abdominaux, et un sprint, une épreuve consistant à ramper et une de natation en treillis. Les candidats de sélection sont ensuite testés dans une série de marches de navigation terrestre similaires à celles du Special Air Service britannique, dans les Appalaches autour de Camp Dawson en Virginie-Occidentale46. Les distances à parcourir et les poids des sacs sont progressivement augmentés et la durée limite de l'épreuve diminuée. Cette « Stress Phase » culmine au bout d'environ un mois par une marche de 40 miles (64 km) sur un terrain ardu avec un sac à dos de 70 livres (30 kg) à effectuer dans une limite de vingt heures.
Cette phase de test ne sert pas uniquement à évaluer l'endurance des candidats mais aussi leur détermination et leur autodiscipline. Cela est complété par des évaluations psychologiques. Les hommes passent ensuite face à un jury réunissant des instructeurs Delta, des psychologues et le commandant de l'unité. Ils posent au candidat une série de questions et ensuite dissèquent chaque réponse en étudiant le maniérisme du candidat dans le but de l'épuiser. Le commandant de l'unité s'en rapporte alors au candidat et lui dit s'il a été sélectionné. Le taux de réussite à chaque sélection varie mais est généralement d'environ 10 %47.
Formation
Les candidats retenus suivent ensuite l’Operator Training Course (OTC) à Fort Bragg (Caroline du Nord), qui dure environ six mois. Celle-ci comprend des centaines d'heures de tir, l'apprentissage de tactiques avancées d'infanterie, et des exercices (drill) d'assauts de bâtiments et de combat en milieux clos. Les candidats suivent également des formations à la conduite de véhicules, la protection rapprochée et à opérer clandestinement en zone hostile48.
Les soldats sont ensuite affectés en unité où, après 18 mois de formation sur le tas, ils reçoivent le Special Qualification Identifier (en) « T » qui les qualifie comme opérateurs de l'unité49.
Opérations connues
Opération | Pays | Année | Implication de la Delta Force |
Opération Eagle Claw |
Iran |
1980 |
Échec en raison de problèmes mécaniques |
Opération Snow Bird |
Iran |
1980 |
N'a pas dépassé le stade de la planification |
Opération Urgent Fury |
Grenade |
1983 |
Échec de l'assaut mené par la Delta Force |
Détournement du vol TWA 847 |
Liban |
1985 |
Mise en alerte de la Delta Force mais pas d'intervention |
Opération Just Cause |
Panama |
1989 |
Libération de Kurt Muse, citoyen américain emprisonné et menacé d'être exécuté en cas d'invasion (opération Acid Gambit). Participation à la poursuite du dictateur Manuel Noriega. |
Opération Desert Shield |
Arabie saoudite |
1990 |
Protection rapprochée du général Norman Schwarzkopf. |
Opération Desert Storm |
Irak |
1991 |
Participation à la chasse aux Scuds avec le SAS britannique |
Opération Gothic Serpent |
Somalie |
1993 |
Participation à plusieurs opérations |
Opération Enduring Freedom |
Afghanistan |
2001 |
Mise sur pied de la Task Force Sword par le JSOC, dont le principal composant « action » était l'escadron B de Delta23. Assaut héliporté contre la résidence du mollah Omar le 19 octobre 2001 près de Kandahar, missions de reconnaissance motorisées au sud de cette ville, opérations d'action directe contre des convois talibans. Une de ces opérations comprend le premier saut HALO nocturne en zone de combat depuis la guerre du Viêt Nam50. |
2001 |
Bataille de Tora Bora : une troupe de l'escadron A est la principale force terrestre de la coalition impliquée dans la bataille. Les forces de la coalition gagnent la bataille mais bon nombre de membres d'Al-Qaida dont Ben Laden parviennent à s'échapper51. |
2002 |
Opération Anaconda : opérations de reconnaissance autour de la vallée de Shahi Kot par les équipes India et Juliet de la recce troop de l'escadron B. Établissement de deux postes d'observation sur des hauteurs avant l'assaut héliporté principal, qui guideront des frappes pendant la bataille52. |
Opération Liberté irakienne |
Irak |
2003 |
Pendant l'invasion de l'Irak, un escadron Delta infiltre l'ouest de l'Irak pour faire diversion de l'offensive principale venant du sud. « Maraudage » et escarmouches pour donner une impression de présence. Après la jonction avec un second escadron, remontée vers le nord, destruction des approches du barrage de Haditha, harcèlement de l'autoroute 1 au nord de Bagdad et des villes de Tikrit et Bayji53. |
2003 |
Opération Tapeworm54 : mort d'Oudaï et Qoussaï Hussein à Moussoul, le 22 juin 2003. |
2003 |
Opération Red Dawn : l'escadron C capture Saddam Hussein le 13 décembre 200355. |
2006 |
Mort d'Al-Zarqaoui : la troupe de reconnaissance et surveillance de l'escadron B repère Abou Moussab Al-Zarqaoui à Hibhib, qui sera tué par une frappe aérienne56,57. |
Opération Inherent Resolve |
Syrie |
2014 |
Raid contre un complexe suspecté d'être le lieu de détention d'otages de l'EI, dont James Foley et Steven Sotloff le 3 juillet 2014. Le bâtiment, qui était bien un ancien lieu de détention d'otages, s'avère vide. Foley et Sotloff seront assassinés par l'EI dans les mois suivants58. |
2015 |
Tentative de libération d'otages de l'État islamique Raid contre des dirigeants de l'État islamique en Syrie en mai 2015. Abu Sayyaf, le « ministre du pétrole » de l'EI, est tué, des documents sont saisis. Aucune perte, ni dans les rangs de la Delta Force, ni parmi les civils59. |
Irak |
2015 |
Assaut en soutien de militants kurdes et de l'armée irakienne contre une prison tenue par l'État islamique. Une vingtaine de tués dans les rangs de l'EI et six prisonniers. Un mort chez les militaires américains et quatre blessés kurdes60. Un autre soldat américain sera décoré de la Medal of Honor61. |
Syrie |
2018 |
Bataille de Khoucham : un poste où sont basés une trentaine de personnels de Delta et de rangers aux côtés de forces démocratiques syriennes est attaqué par des forces pro-gouvernementales syriennes et des mercenaires russes du groupe Wagner. L'offensive est repoussée avec un intense soutien de frappes aériennes et d'artillerie62. |
2019 |
Raid de Baricha par l'escadron A63 contre le chef de l'organisation terroriste États islamique Abou Bakr al-Baghdadi, qui se suicide au cours de l'opération, dans sa cachette de Baricha dans la province d'Idleb en Syrie, le 26 octobre 201964. Aucune perte mais deux blessés chez les soldats américains (ainsi qu'un de leurs chiens blessé) ; au moins neuf morts du côté de l'organisation, dont deux femmes et un enfant, et deux hommes capturés65,66,67. |
2022 |
Raid de Delta contre Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, le successeur d'al-Baghdadi à la tête de l'État islamique, tué au cours de l'opération à Atme, le 3 février 2022. |
2022 |
Un raid de la Delta Force près d'Alep le 16 juin 2022 aboutit à la capture d'un dirigeant de l'État islamique68, Hani Ahmed Al-Kurdi, wali (gouverneur) de Raqqa69. |
Décorations
Décoration | Période | Notes | Source |
Valorous Unit Award |
20 décembre 1989 - 4 janvier 1990 |
|
70 |
Valorous Unit Award |
22 août - 25 octobre 1993 |
|
71 |
Army Superior Unit Award |
29 juillet 1996 - 31 août 2001 |
|
72 |
Presidential Unit Citation |
4 octobre 2001 - 15 mars 2002 |
|
73 |
Presidential Unit Citation |
19 mars - 13 décembre 2003 |
sauf un détachement de l'escadron D du 30 mars au 9 avril |
74 |
Valorous Unit Award |
30 mars - 9 avril 2003 |
pour un détachement de l'escadron D attaché à une unité du 75e régiment de rangers |
75 |
Meritorious Unit Commendation |
1er juillet 2007 - 15 décembre 2011 |
|
76 |
Presidential Unit Citation |
1er - 4 juillet 2014 |
en tant qu'unité faisant partie de la Joint Task Force 8–11 |
77 |
Presidential Unit Citation |
14 - 17 mai 2015 |
en tant qu'unité faisant partie de la Joint Task Force 54–1.1 |
77 |
Membres connus
Commandants
Nom | Début | Fin |
Charles A. Beckwith |
19 novembre 1977 |
198078 |
James Rod Paschall |
1980 |
198278 |
Sherman H. Williford |
1982 |
198578 |
William F. Garrison |
1985 |
198978 |
Peter J. Schoomaker |
1989 |
199278 |
William G. « Jerry » Boykin |
1992 |
199478 |
Bernard J. McCabe, Jr. |
juin 1994 |
juin 199679 |
Eldon A. Bargewell |
1996 |
199878 |
Gary L. Harrell |
juillet 1998 |
juillet 200080 |
James H. Schwitters |
2000 |
200278 |
Ron Russell |
juillet 2002 |
200381 |
Charles Sellers (par intérim) |
2003 |
2003 |
Bennet S. Sacolick |
avril 2003 |
juin 2005 |
Austin S. Miller |
juin 2005 |
juillet 200782 |
Mark J. O'Neil |
juillet 2009 |
juillet 201183 |
James B. Jarrard |
(inconnue)84 |
|
Christopher T. Donahue |
(inconnue)84 |
|
Joshua Rudd |
(après 2015)85 |
|
Autres membres notables
- Lieutenant-Colonel Lewis H. « Bucky » Burruss : un des officiers supérieurs de Delta, y compris commandant en second, pendant les années 198047. Cité comme source au sujet de l'unité dans divers ouvrages86. Auteur d'un témoignage sur les Mike Forces pendant la Guerre du Viêt Nam, et de plusieurs romans87.
- Eric L. Haney (en) : opérateur de l'unité de 1978 à 1986, auteur d'une biographie controversée sur cette période, et conseiller sur la série télévisée The Unit : Commando d'élite88.
- Master Sergeant Gary I. Gordon et Sergeant First Class Randall « Randy » D. Shughart : deux opérateurs Delta tués lors des combats de Mogadiscio le 3 octobre 1993. Ils furent les premiers décorés de la Medal of Honor depuis la guerre du Viêt Nam.
- Paul Howe : opérateur Delta vétéran des opérations au Panama et en Somalie, époux de Connie Beckwith (une des filles de Charles Beckwith), propriétaire de la firme Combat Shooting & Tactics (CSAT), auteur de deux livres sur l'instruction tactique89.
- Larry Vickers : opérateur Delta ayant participé à l'opération Acid Gambit, créateur de la firme Vickers Tactical, a participé à la mise au point du HK 41690.
- Lee Van Arsdale (en) : officier Delta ayant participé aux combats de Mogadiscio, a également été conseiller sur le tournage du film La Chute du faucon noir91.
- William G. Boykin (en) : un des premiers membres de Delta, commandant de l'unité de 1992 à 1994, blessé à Mogadiscio. Auteur d'une étude sur la législation ayant créé l'USSOCOM92 et du livre Never Surrender. Il a été critiqué dans les médias américains en 2003 pour ses discours dans des communautés religieuses, époque où il était adjoint au sous-secrétaire à la Défense pour le renseignement93.
- « Dalton Fury » : pseudonyme d'un ancien officier Delta qui a notamment commandé les opérations visant Oussama Ben Laden à Tora Bora en décembre 2001. Auteur du livre Mission « Kill Ben Laden », « Fury » a également raconté cet événement dans l'émission 60 Minutes94 et témoigné devant une commission du Congrès enquêtant sur le déroulement des opérations à Tora Bora95.
Dans la culture populaire
Littérature
Cinéma
Jeux vidéo
- La série des Delta Force réalisée par Novalogic à partir de 1998.
- Dans Resident Evil, Jill Valentine, une des protagonistes, fit partie de la Delta Force avant de rejoindre la police de Raccoon City.
- Dans Call of Duty: Modern Warfare 3, le joueur incarne un membre de la Delta Force dans la campagne, ainsi que dans le mode multijoueur.
- Dans le jeu Medal of Honor: Warfighter, l'une des unités qui apparaissent dans la campagne est composée de soldat de la Delta Force.
- Dans le jeu Spec Ops: The Line, Le joueur commande une équipe de la Delta Force.
- Dans Crysis, le personnage incarné fait partie de l'équipe « Raptor », unité inspirée par la Delta Force et armée d'exosquelettes de pointe.
- Dans Conflict: Desert Storm et Conflict: Desert Storm II , les quatre personnages, Bradley, Connors, Foley et Jones font partie de la Delta Force.
- Dans la série Tom Clancy's Ghost Recon Wildlands et Breakpoint, Nomad est un ancien membre de la Delta Force.
Notes et références
- (en) SGM Mike Vining, « Army 1st Special Forces Operational Detachment-Delta (1st SFOD-D) » [archive], sur TogetherWeServed.com (consulté le )
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 11-95
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 101-105, 117. L'US Army John F. Kennedy Center for Military Assistance (USAJFKCENMA) a été renommé US Army John F. Kennedy Special Warfare Center and School (USAJFKSWCS) en 1983.
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 106-118, 129
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 127-129
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 125-134 ; (en) Rod Lenahan, Crippled Eagle: A Historical Perspective of U.S. Special Operations 1976-1996, Narwhal Press, Charleston, South Carolina, 1998 (ISBN 1-886391-23-8 et 1-886391-22-X)), p. 7-8, 10-11. Pour le détail des mesures prises par le REDCOM à partir de 1976 (création du cadre antiterroriste JTF-7X au sein de la Joint Task Force 7 permanente, Joint Readiness Exercises (JRX) et Emergency Deployment Readiness Exercises (EDRE) à thème contre-terroriste impliquant les Rangers et la 1st Special Operations Wing, étude des opérations antiterroristes menées par d'autres pays), voir Rod Lenahan, Crippled Eagle, p. 1-21.
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 125-133
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 134, 139, 146-157
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 156-161
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 188
- S. F. Tomajczyk, U. S. Elite Counter-Terrorist Forces, p. 51 ; Rod Lenahan, Crippled Eagle, p. 19. Le nom du NEST a été changé en Nuclear Emergency Support Team en 2002.
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 180 ; (en) Jack Murphy, « Blue Light (Part 8): Vietnam War baggage and the transition to Delta Force » [archive], sur SOFREP.com, (consulté le ) ; Mountel pour sa part décrivit Delta selon les termes suivants :
« C'était en gros un pastiche de techniques et d'expériences passées - certaines empruntées au SAS, d'autres aux opérations au-delà des frontières du Viêt Nam - et le tout dans une attitude macho qui ne cadrait pas avec ce que je pensais savoir des opérations contre-terroristes du XXe siècle. »
— (en) James Adams, Secret Armies: the Full Story of S.A.S., Delta Force & Spetsnaz, Hutchinson, Londres, 1988 (ISBN 0330306618 et 978-0330306614), p. 80
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 189, 191, 198-200
- Charles Beckwith, Delta Force, p. 201-207 ; Christian Prouteau, Mémoires d'État, Michel Lafon, Paris, 1998 (ISBN 2-84098-360-5 et 978-2-84098-360-6), p. 206 ; Sir Peter de la Billière, Looking for trouble: SAS to Gulf Command - The Autobiography, HarperCollins, London, 1994 (ISBN 0002552450 et 978-0002552455), p. 318. Cet exercice de validation est également évoqué dans Steven Emerson, CIA : Les guerriers de l'ombre, et Tom Clancy avec General Carl Stiner (Ret.) et Tony Koltz, Shadow Warriors: Inside the Special Forces, G. P. Putnam's Sons, New York, 2002 (ISBN 0399147837 et 9780399147838), p. 5
- Steven Emerson, CIA : Les guerriers de l'ombre ; Rod Lenahan, Crippled Eagle, p. 200
- S. F. Tomajczyk, U. S. Elite Counter-Terrorist Forces, p. 50-52 ; Thomas K. Adams, US Special Operations Forces in Action: The Challenge of Unconventional Warfare, Frank Cass Publishers, New York/London, 1998 (ISBN 0-7146-4350-5 et 0-7146-4795-0), p. 191
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- Douglas C. Waller, The Commandos, p. 231-232. La page web de GlobalSecurity.org parle de 80 millions de dollars [lire en ligne [archive] (page consultée le 14 mars 2009)]. Un des constructeurs de la SOTF fut la société Odell Associates Inc. [lire en ligne [archive] (page consultée le 14 mars 2009)]
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- Sean Naylor, Relentless Strike, p. 307. Par ailleurs, dans un témoignage devant le Subcommittee on Terrorism, Unconventional Threats, and Capabilities du comité des services armées de la Chambre des représentants des États-Unis le 29 juin 2006, Michael G. Vickers a précisé que le nombre d'escadrons des Special Mission Units (appellations génériques d'unités militaires clandestines) allait être augmenté d'un tiers [lire en ligne (document PDF) [archive] (page consultée le 3 octobre 2009)], p. 2
- Sean Naylor, Not a Good Day to Die, p. 30. L'emploi de recce, mot britannique plutôt que le terme recon habituel aux États-Unis, est une marque des racines britanniques de l'unité.
- Sean Naylor, Not a Good Day to Die, p. 97
- (en) Leigh Neville, Day of the Rangers : The Battle of Mogadishu 25 Years On, Bloomsbury Publishing, , 352 p. (ISBN 978-1-4728-2425-7), p. 34
- Sean Naylor, Not a Good Day to Die détaille longuement les actions des équipes India et Juliet de l'escadron B pendant l'opération Anaconda. Dalton Fury, Kill Bin Laden, parle des équipes Alpha, Bravo, Charlie, India et Kilo dans son escadron A, mais aussi d'une Jackal team au lieu de Juliet (India, Jackal et Kilo étant de la troupe de reconnaissance).
- Douglas C. Waller, The Commandos, p. 248-249
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- Douglas C. Waller, The Commandos, p. 249-250. Dalton Fury raconte également en détail une opération de surveillance qu'il a menée dans les Balkans vers l'an 2000 en compagnie d'un opérateur clandestin de la Delta Force ayant antérieurement été dans une troupe d'assaut (Kill Bin Laden, p. 48-55)
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- Sean Naylor, Not a Good Day to Die, p. 389
- Sean Naylor, Relentless Strike, p. 307, 427
- Douglas C. Waller, The Commandos, p. 249. Waller date la création de l'escadron d'aviation à 1989, mais un Joint Meritorious Unit Award a été décerné à « l'Aviation Squadron HQ, 1st Special Forces Operational Detachment-DELTA (Airborne) » pour la période allant du au (Joint Meritorious Unit Award Approved by Office of the Secretary of Defense, visité sur http://www.whs.mil/HRD/Civilian/CareerDevelopment/DODSponsoredPrograms/Acquisition/Jmua.cfm [archive] le 2 octobre 2009)
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- Mike Force, 1989 ; Clash of steel, 1990 ; A mission for Delta, 1990 ; Heart of the Storm, 2000 ; All That Matters, 2001
- Eric L. Haney, Au cœur de la Delta Force : L'histoire de l'unité antiterroriste américaine (trad. Jean Bonnefoy de Inside Delta Force, 2002), Albin Michel, Paris, 2003 (ISBN 2226137106) ; Richard Lardner, « Delta Force Vets Dismiss Claims Of 'The Unit' Writer », The Tampa Tribune, 11 avril 2006 https://web.archive.org/web/20060424151026/http://news.tbo.com/news/metro/MGBMS7AKVLE.html.
- Mark Bowden, La Chute du faucon noir, p. 238 ; http://www.combatshootingandtactics.com/ [archive]. Les références de ses livres sont données dans la bibliographie.
- « Vickers Tactical » [archive], sur Vickers Tactical (consulté le ).
- Commentaire audio du DVD du film La Chute du faucon noir.
- William G. Boykin, Special Operations and Low-Intensity Conflict Legislation: Why Was it Passed and Have the Voids Been Filled?, US Army War College, Carlisle Barracks, 1991. Cette étude est citée par la plupart des livres évoquant le sujet : Douglas C. Waller, The Commandos ; Rod Lenahan, Crippled Eagle ; Susan L. Marquis, Unconventional Warfare ; John T. Carney et Benjamin F. Schemmer, No Room for Error, etc.
- Cette polémique a été rapportée dans des reportages francophones notamment dans le film de William Karel (en collaboration avec Éric Laurent), Le monde selon Bush, et dans les traductions de l'article Moving Targets de Seymour Hersh (Seymour Hersh, Dommages collatéraux : La face obscure de la « guerre contre le terrorisme » (trad. de Chain of Command, 2004), Denoël, coll. « Folio documents » n°34, Paris, 2006 (ISBN 2-07-032048-0), 978-2-07-032048-6 ; et Seymour Hersh, Permission de tuer : Les nouveaux services secrets (trad. Paul Rosenberg), éditions Les empêcheurs de penser en rond / le Seuil, coll. « Vu d'Amérique », Paris, mai 2004 (ISBN 2-84671-106-2)
- « Kill Bin Laden », CBS News, 12 juillet 2009 http://www.cbsnews.com/video/watch/?id=5153449n&tag=related;photovideo [archive]
Voir aussi
Bibliographie
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- Eric L. Haney (trad. de l'anglais par Jean Bonnefoy), Au cœur de la Delta Force : L'aventure de l'unité antiterroriste américaine [« Inside Delta Force: The Story of America's Elite Counter-terrorist Unit »], Paris, Albin Michel, , 379 p. (ISBN 2-226-13710-6) : témoignage d'un ancien membre de la « Delta Force » de 1978 à 1989. Certaines affirmations de Haney sont sujettes à controverses, et Haney a été déclaré persona non grata au sein de l'unité.
- (en) LTG (Ret.) William G. Boykin et Lynn Vincent, Never Surrender : A Soldier's Journey to the Crossroads of Faith and Freedom, New York, FaithWords, (ISBN 978-0-446-58215-5 et 0-446-58215-8)
- (en) Terry Griswold et D. M. Giangreco, DELTA : America's Elite Counterterrorist Force, Osceola, Wisconsin, MBI Publishing Company, , 128 p. (ISBN 0-87938-615-0) (édition mise à jour Zenith Press, Osceola, Wisconsin, 2005 (ISBN 0-7603-2110-8))
- (en) S. F. Tomajczyk, U. S. Elite Counter-Terrorist Forces, Osceola, Wisconsin, MBI Publishing Company, (ISBN 0-7603-0220-0 et 978-0-7603-0220-0)
- Steven Emerson (trad. Henri P. Bernard), CIA : Les guerriers de l'ombre [« Secret Warriors: Inside the Covert Military Operations of the Reagan Era »], Paris, Economica, (ISBN 2-7178-2075-2) : ouvrage sur les opérations militaires secrètes sous l'administration Reagan (1980-1988); quelques informations sur Delta, notamment pour l'opération Snow Bird et le détournement du vol TWA 847.
- (en) Douglas C. Waller, The Commandos : The Inside Story of America's Secret Soldiers, New York, Dell Publishing, , 496 p. (ISBN 0-440-22046-7) (édition originale Simon & Schuster, 1994)
- Mark Bowden (trad. de l'anglais par Christophe Mercier), Il faut tuer Pablo Escobar [« Killing Pablo »], Paris, Plon, , 389 p. (ISBN 2-259-19406-0 et 978-2-259-19406-8) (épuisé) : enquête sur la participation des États-Unis à la chasse à l'homme contre Pablo Escobar.
- (en) Kurt Muse et John Gilstrap, Six Minutes to Freedom : How a Band of Heros Defied a Dictator and Helped Free a Nation, Citadel, , 328 p. (ISBN 0-8065-2723-4) [présentation en ligne [archive]]
- Mark Bowden (trad. de l'anglais par Jean Lefort), La Chute du faucon noir : roman [« Black Hawk Down »], Paris, Plon, , 404 p. (ISBN 2-259-19538-5 et 978-2-259-19538-6) (épuisé) : récit de la Bataille de Mogadiscio (1993)
- Dalton Fury (trad. de l'anglais par André Jacquesson, préf. Pierre Lacoste), Mission « Kill Ben Laden » [« Kill Bin Laden »], Levallois-Perret, Altipresse, , 337 p. (ISBN 979-10-90465-05-3)
- (en) Sean Naylor, Not a Good Day to Die : The Untold Story of Operation Anaconda, New York, Berkley Caliber, , 425 p. (ISBN 0-425-20787-0 et 978-0-425-20787-1) : récit de l'opération Anaconda.
Livres écrits par des anciens de la Delta Force
- (en) MSG Paul R. Howe, Leadership and Training For The Fight : A Few Thoughts on Leadership and Training from a Former Special Operations Soldier, Bloomington, Indiana, AuthorHouse, (ISBN 1-4208-8951-6 et 1-4208-8950-8)
- (en) MSG Paul R. Howe, The Tactical Trainer : A Few Thoughts on Training and Training Management from a Former Special Operations Soldier, Bloomington, Indiana, AuthorHouse, , 188 p. (ISBN 978-1-4389-9628-8 et 1-4389-9628-4, lire en ligne [archive])
- Pete Blaber, La mission, les hommes et moi : Concepts d'opérations et principes de commandement d'un officier de la Delta force [« The Mission, The Men, and Me »], Nimrod,
- (en) Kyle E. Lamb, Green Eyes & Black Rifles : Warrior's Guide to the Combat Carbine, Trample & Hurdle Publishers, , 378 p. (ISBN 978-0-615-16654-4 et 0-615-16654-7)
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- (en) Robert A. Trivino, A Warrior’s Path : Lessons in Leadership, autopublié, , 246 p. (ISBN 978-0-692-44072-8 et 0-692-44072-0)
Filmographie
- (en) Kill Bin Laden [archive] [production de télévision], Shawn Efran (producteur), Scott Pelley (présentateur), « Dalton Fury » (interviewé) () 60 Minutes, CBS.
Podcasts
- (en) Mike Vining, Interview, Episode 322: SGM Mike Vining shares stories from the origins of Delta Force [archive], podcast SOFREP Radio, (consulté le ). — raconte les débuts de la Delta Force et l'opération Eagle Claw.
- (en) Mike Vining, Interview, Episode 342: Mike Vining returns to discuss post-Vietnam service [archive], podcast SOFREP Radio, (consulté le ). — raconte l'invasion de la Grenade, l'assistance sur une prise d'otages au Honduras en avril 1982, l'assistance sur la prise d'otage dans une prison d'Atlanta, la guerre du Golfe, l'opération Uphold Democracy et un plan pour attaquer un site suspecté de fabriquer des armes chimiques à Tarhunah en Libye.
- (en) Mike Vining, interview par Mark Zinno, Ep. 57 – Mike Vining (1st SFOD-D/EAGLE CLAW/Grenada) [archive], podcast Hazard Ground, (consulté le ). — raconte les débuts de la Delta Force, l'opération Eagle Claw et l'invasion de la Grenade.
- (en) Mike Vining, interview par Mark Zinno, Ep. 73 – Mike Vining Returns! [archive], podcast Hazard Ground, (consulté le ). — raconte notamment son expertise pour la commission d'enquête sur l'attentat des tours de Khobar (vers 30 minutes dans le podcast)
Articles connexes
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Deltaplane
Un deltaplane ou aile delta1 est un aéronef léger monoplace ou biplace dont le décollage et l'atterrissage se font à pied, à aile le plus souvent en forme de delta et à pilotage pendulaire. Un deltiste est une personne qui pratique le vol libre sur un deltaplane, activité sportive encadrée par la fédération aéronautique internationale et des fédérations nationales.
Histoire
Le tout premier deltaplane a été inventé par Albrecht Ludwig Berblinger en 18112. Le concept fut repris dans les années 1890 par Otto Lilienthal.
À la fin des années 1950, l'ingénieur Francis Rogallo travaille sur une aile destinée à équiper les capsules spatiales pour la rentrée dans l'atmosphère3. Cette aile doit être légère, pliante, facile à mettre en œuvre, etc. Ses travaux débouchent sur une aile en toile souple triangulaire. Le profil de la toile est donné par l'écoulement de l'air. Les premiers tests sur le cerf-volant sont concluants, mais le projet n'est pas retenu pour les capsules spatiales (on préférera le classique parachute fessier). Par la suite, on pensera à utiliser cette aile pour s'élancer d'une hauteur. L'aile Rogallo de base a de gros défauts, particulièrement celui de perdre sa forme dans certaines circonstances (la toile se met à plat). Dans ce cas, elle ne porte plus du tout, et c'est le crash assuré. La première évolution a consisté à mettre un mât au-dessus de l'aile, afin de garder la toile toujours en état de vol grâce à des haubans.
Figure mondiale du parachutisme et un des précurseurs du deltaplane, Léo Valentin est parfois considéré comme le premier « homme-oiseau », même si le terme est excessif, son équipement lui permettant seulement de planer et non de voler et l'obligeant à l'usage d'un parachute, qu'il ouvrait en général à 1 000 m du sol, pour se poser.
Deux problèmes se posaient alors, d'une part des voilures très souples dont les qualités de stabilité étaient très réduites (risques de départs en piqué incontrôlable), d'autre part la qualité des matériaux ainsi que la frêle expérience des constructeurs rendaient les risques de rupture en vol importants. Ce n'est que dans les années 1960 que des pionniers utilisèrent cette invention pour rejoindre et imiter les oiseaux et qu'apparurent des ailes delta de plus en plus opérationnelles. L'Australien Bill Moyes, conçut cette année-là une première aile delta de 4,5 mètres carrés4. Il fut le premier à effectuer les premiers vols libres en aile delta. Vols tractés, vols depuis des sommets, Bill Moyes est à l'origine du Hang glidig5. Le 4 juillet 1969, son associé et compatriote Bill Bennett démarra à ski, tiré par un canot à moteur, puis se détacha du canot et survola la statue de la Liberté6.
En France, Yannis Thomas tracté, survole Paris et la tour Eiffel en aout 1972. L’événement est décrit dans la presse avec de nombreuses photos spectaculaires. Un court métrage illustrant l’exploit sera projeté avant un film d’Alain Delon et diffusé à la télévision en aout 19737.
Delta-plane piloté par Christian Paul-Depasse, avril 1973
Début janvier 1973, de retour de Californie, Christian Paul-Depasse réalise son premier prototype d'aile delta. Le 13 mars 1973, Il dépose à l’I.N.P.I. la marque « DELTA-PLANE »8. « Delta » pour la forme, « Plane » pour la fonction. Il crée la société Delta, qui concevra et vendra les ailes et accessoires de cette marque en France et dans le monde. Le nom du premier planeur ultra léger Delta-Plane, fabriqué en série et vendu en France, est devenu une appellation générique pour ce type d’aile delta et sa pratique9,10.
Rudy Kishazy effectue en 1973 le premier vol en deltaplane depuis l'aiguille du midi, dans le massif du Mont-Blanc11,12. Il réalise également les premiers looping en deltaplane au-dessus des Grands Montets13.
Le club Hommes Oiseaux est créé par Jacky Roux et Richard Vaudaux qui sont parmi les premiers à pratiquer le deltaplane en France14. Le matériel était alors importé des États-Unis et les pilotes effectuaient des bricolages-maisons pour améliorer leur matériel. Leurs vols s'effectuaient depuis plusieurs sommets du Chablais : Ubine, mont Bernand à Bernex, Vailly, Habère-Poche, au col de Feu (sur le versant Lullin) ou depuis Thollon. Plusieurs membres du club ont effectué quelques exploits comme l'envol depuis la Dent d'Oche par Jacques Martinerie, Patrick Maillard et Patrick Bardin, ou sur les pentes de l'Etna, en 1977, alors que le volcan est en grande activité [réf. souhaitée], et le survol du premier open de Monaco en 1975[réf. souhaitée].
Afin de gagner en performance, les deltaplanes modernes sont à double surface. Des lattes servent à conserver le profil de l'aile, un extrados bombé et un intrados plat. Dans les années 1990, les progrès des matériaux (alliages de métaux, composites, plastiques et fibre de verre ou de carbone) ont permis la fabrication de deltaplanes d'abord sans mât ni haubans, puis à ailes rigides. Le manque de fiabilité des appareils et la formation un peu sauvage des premières années ont contribué aux nombreux accidents et à la mauvaise réputation initiale du deltaplane. À la fin du XXe siècle, l'appareil est plus sûr et la formation plus professionnelle.
Ces améliorations de la fiabilité et des cursus de formation, combinées à une médiatisation croissante, ainsi qu'à l'organisation d'événements tels que la Coupe Icare en France, ont permis dans un premier temps un certain essor du deltaplane. Cet essor fut ensuite compromis par le développement d'un nouveau type d'aéronef : le parapente. Ce dernier, ressenti comme plus facile à utiliser que le deltaplane (stockage, transport...) marginalisa progressivement le deltaplane dans la pratique du vol libre. Pourtant, le deltaplane conserve ses qualités propres (meilleure finesse, vitesse de vol supérieure, position du pilote horizontale à la manière d'un oiseau, plus grande durée de vie...). Ainsi aux États-Unis, le nombre de pratiquants du deltaplane reste néanmoins comparable au nombre de pratiquants du parapente15.
Principe de vol
Le principe est relativement simple : une aile en forme de delta, est autostable quand elle vole. Le pilotage « pendulaire » se fait avec peu d'effort. Le pilote est allongé la tête au vent dans un harnais intégral profilé, fixé sur le squelette solide de l'aile, au point d'accrochage au milieu de la voile. Le « trapèze » avec ses deux montants et sa barre de contrôle permet au pilote par l'effort de ses bras de se décaler sur les côtés et d'avant en arrière pour déplacer le centre de gravité par rapport au centre de portance de l'aile delta ce qui engendre un léger vrillage des ailes, suffisant pour induire un virage ou une accélération.
Sur l'évolution « rigide », le pilotage est différent et se fait sans gros effort à l'aide de gouvernes intégrées à l'aile. Elles s'actionnent par des câbles par déplacement latéral du « trapèze ».
Principes du décollage
Quel que soit le type d'aile utilisé, conformément aux principes du vol libre, le décollage et l'atterrissage se font à pied, en portant cet aéronef léger. Le décollage le plus courant avec un deltaplane s'effectue depuis un point situé en hauteur, une simple colline ou une dune pouvant suffire. Certains sites sont équipés d'une rampe facilitant cette manœuvre. Plus l'inclinaison de la pente ou de la rampe est grande, moins le pilote devra courir.
Le décollage peut être décomposé en deux phases. La première est la phase de propulsion. Pendant la mise en mouvement, le pilote est propulseur de son aile dans la pente jusqu'au moment où le harnais va être en tension et prendre en charge le poids du pilote. La propulsion de l’aile est effectuée à l’aide des épaules. La seconde est la phase de traction. Cette phase débute quand le harnais est en tension et prend en charge progressivement le poids du pilote. À partir de cet instant l’aile est tractée dans la pente par le pilote par l’intermédiaire du point d’accrochage du harnais à l’aile. C’est ce qui va permettre d’acquérir une vitesse maximale pour un décollage optimisé.
Le deltaplane peut également se pratiquer en plaine, le décollage étant alors effectué grâce à un treuil spécialement conçu. Il est également possible de décoller depuis une falaise, de se faire tracter par un avion léger ou encore de se faire larguer depuis une montgolfière. Un deltaplane peut aussi se faire remorquer par un ULM.
Évolution des ailes
Depuis 1970, les ailes delta ont remarquablement évolué, passant de l'aile Rogallo à l'aile rigide. Malgré le petit nombre de deltistes, environ 1 000 en France, des constructeurs continuent à faire progresser les Ailes pour la compétition et le loisir.
Quatre classes d'ailes coexistent depuis la fin des années 1990.[réf. nécessaire]
Les ailes dites « souples »
- Classe 1 : machines à structures en alliage d'aluminium souvent couplé à du carbone, elles sont issues de l’aile Rogallo mais avec un allongement nettement supérieur (environ 8). Initialement avec un mat, cette classe 1 définie les ailes sans mat (pour un gain de performance) depuis la création de la « classe sport » au début des années 2000. Leur pilotage est pendulaire. Leurs performances sont d'environ de finesse 15, taux de chute mini 0,8 m/s, vitesse maxi 130 km/h.
- Classe Sport : machines à structures en alliage d'aluminium, elles sont issues de l’aile Rogallo mais avec un allongement nettement supérieur (environ huit). Elles sont globalement identiques à la classe 1, mais avec la conservation d'un mat et d'un profil moins « tendu », privilégiant le confort et le plaisir de vol, plutôt que la performance max. Leur pilotage est pendulaire. Leurs performances sont d'environ de finesse 12, taux de chute mini 0,8 m/s, vitesse maxi 100 km/h.
Les ailes dites « rigides »
- Classe 5 : machines à bord d'attaque rigide constitué de deux poutres carbones à profil en « D ». Leur bord de fuite est constitué de lattes en carbone se dépliant à l'arrière des poutres en « D ». Le tout est enveloppé d’une toile fine en Dacron. L'allongement est d'environ 11. Leur pilotage est mix : Pendulaire + Volets latéraux. Leurs performances sont d'environ finesse 19, taux de chute mini 0,7 m/s, vitesse maxi 120 km/h. Après plusieurs essais de prototypes dans les années 1980/1990, ce type d'aile a pris son essor commercial depuis la fin des années 1990.
- Classe 2 : ces ailes sont entièrement rigides. Elles font partir de la famille des ailes de Vol Libre par leur capacité de décollage et d'atterrissage à pieds, cependant leur pilotage entièrement par volets aérodynamiques (non-pendulaire) les apparentes plus à de petits planeurs. Leurs performances sont d'environ de finesse 26, taux de chute mini 0,7 m/s, vitesse maxi 140 km/h.
Les risques de la pratique du deltaplane
En France, l'étude 2005 de la commission sécurité de la FFVL (Fédération française de vol libre) conclut : « La statistique décès de 0,26 pour mille (0,00026) permet de confirmer que le vol libre reste bien un sport « à risques » et que le risque fatal est tout à fait comparable à celui d'autres sports « à risques » et/ou de pleine nature. »16.
Il faut toutefois prendre ces chiffres avec prudence pour plusieurs raisons. La principale est que les chiffres concernent toute l'activité vol libre (incluant donc le parapente), alors même que le deltaplane est minoritaire dans cette pratique. La FFVL recense moins de 1 000 licenciés en France déclarant pratiquer le deltaplane, ce qui en fait un échantillon beaucoup trop petit pour fournir un taux au dix millième, alors même que le nombre d'accidents fatals annuels en deltaplane fluctue entre zéro et quelques unités. Se fonder sur des chiffres d'une année uniquement n'est donc pas vraiment significatif dans ce contexte puisqu'une année sans décès en deltaplane ne permettrait pas de dire que « le deltaplane n'est pas un sport à risque ».
Organisations
La pratique du deltaplane est un sport aérien encadré, en France, par la Fédération française de vol libre, en Suisse, par la FSVL (Fédération suisse de vol libre), en Belgique, par la FBVL (Fédération belge de vol libre), et au Canada, par l'ACVL (Association canadienne de vol libre).
Compétitions
Les compétitions au début étaient en rapport avec les piètres performances de l'appareil : meilleure finesse, ce qui permettait une émulation des divers constructeurs, ou de simple précision d'atterrissage.
Avec les ailes de plus en plus performantes, le principe repose sur la réalisation, à partir d'un décollage commun, d'un circuit défini par le survol imposé de balises. Celles-ci sont définies par des coordonnées ce qui implique une instrumentation de vol idoine tels qu'un récepteur GPS ; autrefois des points repérables au sol devaient être photographiés sous un certain angle. Les parcours définis au jour le jour en fonction des conditions météorologiques par un directeur d'épreuve peuvent atteindre les deux cents kilomètres. Chaque pays a son championnat national, un championnat européen est organisé tous les deux ans en alternance avec un championnat du monde également tous les deux ans, réunissant les équipes nationales des pays concurrents. Plus de 150 pilotes peuvent concourir.
Il existe un classement et parfois des compétitions séparés entre la catégorie des « souples » (le deltaplane classique) et son évolution « rigide » pour des raisons de performance différente
En France, les pilotes de « rigides », d'une moyenne d'âge un peu plus élevée,[réf. nécessaire] préfèrent souvent la CFD (Coupe fédérale de distance), qui est une compétition informelle qui consiste à effectuer des vols hors du commun17,18.
Classement « World Pilote Ranking » (WPR)
Au-delà des classements des compétitions ponctuelles, championnats nationaux, européens et mondiaux, la FAI a établi un classement mondial des pilotes en fonction de tous leurs résultats récents. Ce classement est défini par le WPRS (World Pilote Ranking System).
Palmarès
Championnat du monde Classe 1
Année | Vainqueur | Vice | 3e | Nations | Lieu |
1976 |
Terrence Delore |
Dean W. Kupchanko |
Steve Moyes |
? |
Kössen, Autriche |
1979 |
Josef Guggenmos |
Johnny Carr |
Gérard Thévenot |
? |
Grenoble, France |
1981 |
Pedro Paulo Lopes |
Richard Pfeiffer |
Graham Slater |
? |
Beppu, Japon |
1983 |
Steve Moyes |
Stew Smith |
Graham Hobson |
? |
Tegelberg Allemagne |
1985 |
John Pendry |
Steve Moyes |
Randy Haney |
? |
Kössen, Tirol, Autriche |
1987 |
Rick Duncan |
Bruce Case |
Steve Moyes |
? |
Mount Buffalo, Australie |
1989 |
Robert Whittall |
Thomas Suchanek |
John Pendry |
? |
Fiesch, Suisse |
1991 |
Thomas Suchanek |
Pedro Paulo Lopes |
Paulo Coelho |
? |
Governador Valadares, Brésil |
1993 |
Thomas Suchanek |
Christopher Arai |
Mark Gibson |
? |
Owens Valley, États-Unis |
1995 |
Thomas Suchanek |
Manfred Ruhmer |
Richard Walbec |
? |
Ager, Espagne |
1997 |
Guido Gehrmann |
Oleg Bondarchuk |
Manfred Ruhmer |
? |
Forbes, Australie |
1999 |
Manfred Ruhmer |
Andre Luiz Wolf |
Pedro Matos |
? |
Monte Cucco, Italie |
2001 |
Manfred Ruhmer |
Gerolf Heinrichs |
Robert Reisinger |
? |
Algodonales-Cadiz, Espagne |
2003 |
Manfred Ruhmer |
Robert Reisinger |
Antoine Boisselier |
? |
Brasilia, Brésil |
2005 |
Oleg Bondarchuk |
Robert Reisinger |
Gerolf Heinrichs |
? |
Hay, Australie |
2007 |
Attila Bertok |
Robert Reisinger |
Gerolf Heinrichs |
? |
Big Spring, Texas, États-Unis |
2009 |
Alessandro Ploner |
Jon Durand |
Thomas Weissenberger |
? |
Laragne, France |
2011 |
Alessandro Ploner |
Christian Ciech |
Primoz Gricar |
? |
Monte Cucco, Italie |
2013 |
Manfred Ruhmer |
Alessandro Ploner |
Filippo Oppici |
? |
Forbes, Australie |
2015 |
Christian Ciech |
Antoine Boisselier |
Christian Voiblet |
,, |
Valle de Bravo, Mexique |
2017 |
Petr Benes |
Alessandro Ploner |
Christian Ciech |
,, |
Brasilia, Brésil |
2019 |
Alessandro Ploner |
Christian Ciech |
Primoz Gricar |
,, |
Friuli-Venezia-Giulia Italie |
Championnat d'Europe Classe 1
Année | Vainqueur | Vice | 3e | Lieu |
1977 |
Gérard Thévenot |
Pierre Germaine |
Michael de Glanville |
Kössen Autriche |
1980 |
Gérard Thévenot |
Walter Schonauer |
Graham Hobson |
Kössen Autriche |
1982 |
Anthony Hughes |
Graham Hobson |
Robert Bailey |
Millau, France |
1984 |
Anthony Hughes |
Josef Guggenmos |
Pierre Girardet |
Vôgô Norvège |
1986 |
John Pendry |
Robert Calvert |
Gérard Thévenot |
Gyöngyös Hongrie |
1988 |
John Pendry |
Bruce Goldsmith |
Jess Flynn |
Alpago Italie |
1990 |
John Pendry |
Manfred Ruhmer |
Robert Whittall |
Kranjska Gora Yougoslavie |
1992 |
John Pendry |
Thomas Suchanek |
Jens Krotseng |
Governador Valadares, Brésil |
1994 |
Thomas Suchanek |
Manfred Ruhmer |
John Pendry |
Laragne, France |
1996 |
Thomas Suchanek |
Manfred Ruhmer |
Guido Gehrmann |
Dunaújváros, Hongrie |
1998 |
Manfred Ruhmer |
Guido Gehrmann |
Christian Ciech |
Podbresova, Slovaquie |
2000 |
Manfred Ruhmer |
Robert Reisinger |
Oleg Bondarchuk |
Innsbruck, Autriche |
2002 |
Manfred Ruhmer |
Guido Gehrmann |
Antoine Boisselier |
Bled, Slovénie |
2004 |
Manfred Ruhmer |
Alessandro Ploner |
Mario Alonzi |
Millau, France |
2006 |
Michael Friesenbichler |
Oleg Bondarchuk |
Primoz Gricar |
Opatija, Croatie |
2008 |
Elio Cataldi |
Thomas Weissenberger |
Michael Friesenbichler |
Greiffenburg Autriche |
2010 |
Gerolf Heinrichs |
Thomas Weissenberger |
Attila Bertok |
Ager, Espagne |
2012 |
Alessandro Ploner |
Dan Vyhnalik |
Primoz Gricar |
Kayseri, Turquie |
2014 |
Annulé |
-- |
-- |
Monte Arangoiti, Sierra Leire, Espagne |
2016 |
Christian Ciech |
Alessandro Ploner |
Peter Neuenschwander |
Krushevo; Macédoine du Nord |
2018 |
Alessandro Ploner |
Grant Crossingham |
Balazs Ujhelyi |
Krushevo, Macédoine du Nord |
Records
Dustin Martin, pilote des États-Unis, est recordman de distance avec 765 km couverts en 10 h 30 min ; record établi le , à Zapata, au Texas, en compagnie de Jonny Durand Jr. (759 km). Ils détrônent ainsi le record de Manfred Ruhmer de 701 km réalisé en 2001, au même endroit19.
L'Autrichien Tom Weissenberger, vice-champion d'Europe 2010 et 2008, a établi, le 12 novembre, un nouveau record du monde en deltaplane : 353 km aller-retour entre le désert d'Atacama et l'océan Pacifique sud, au Chili20,21
De nombreux records ont été établis en France, au travers des Alpes, avec des vols de plus de trois cents kilomètres.
Les vitesses de vol lors de ces records avoisinent les 70 km/h de moyenne et des vitesses de transition entre deux thermiques bien plus élevées encore22.
Un record de gain d'altitude de 4 526 m a été réalisé par le suisse Christian Voiblet (3e aux championnats du monde 2015) en Namibie, en janvier 2012. L'altitude maximum de ce record est à plus de 6 000 m23.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Hubert Aupetit, Deltaplane et vol libre [archive], éditions Presses universitaires de France, 1983.
- Didier Favre, Le Vagabond des airs [archive], éditions Actes Sud, 1993.
- Hubert Aupetit, Les visiteurs du ciel - Guide de l'Air pour l'Homme Volant, éditions Rétine, 1989.
- Michel Mouze, La Pompe à Jules, 1999.
Lien externe
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Notes et références
- Termes génériques dérivés de la marque commerciale Delta-Plane (1973)
- (en) Harsch V1, Kriebel J., « Albrecht Ludwig Berblinger--inventor of the spring prosthesis and hang-glider (1811) », Aviation, space and environmental medecine, vol. 77, no 10, , p. 1087-1090 (lire en ligne [archive]).
- « Le cerf-volant au service de l'astronautique », Aviation Magazine de l'espace, no 339, .
- (en) « Bill Moyes 50 years of Hang Gliding » [archive], sur Youtube, (consulté le ).
- (en) « Moyes Delta Gliders » [archive], sur Moyes.com, (consulté le ).
- (en) « The australien hang gliding history » [archive], sur Australian hanh gliding history, (consulté le ).
- Max Gautier (photogr. Georges Beutter), « Yannis Thomas, l'homme cerf-volant », Télé 7 jours, , p. 88. 89..
- ↑ Dépôt de marque à l'I.N.P.I. (Copie de la publication) LE DELTA-PLANE 873.559.-Produits ou Services désignés : Véhicules, appareils de locomotion par terre, par air et par eau : jeux, jouets,article de sport. Dép.le 13 mars 1973. à l'INPI (n°148.385), par M. Paul Depasse (Christian), 18, rue Duret, Paris. Classe : 12 et 28. Dépôt de marque cédé à la Sté Delta en 1974 et enregistré à l'INPI le sous le no 89.546.
- Dominique Jorand, « L’emergence du vol libre français. une analyse par les conflits » [archive] [PDF], (consulté le ).
- Librairie Larousse, 1990, 1720 p. (ISBN 2-03-301291-3), p. 314.
- « Quelques dates sur l'histoire du Mont-Blanc » [archive], sur Aiguille du Midi, (consulté le ).
- « Histoire » [archive], sur Le Mont Blanc.
- (en) « First loop in a hang glider. Pilot Rudy Kishazy » [archive], sur YOUTUBE, (consulté le ).
- Yvan Strelzyk. Ils ont été les pionniers du vol en deltaplane. Le Messager, édition du Chablais du 1er mars 2012.
- (en) « Advertising demographics » [archive], sur USHPA (consulté le ).
- Voir un rapport d'études de la FFVL [archive] de 2005.
- Bribes de règlement [archive], sur le site de la FFVL.
- CFD : résultats 2008 [archive], sur deltaplane.info.
- sur le site de la Fédération Aéronautique Internationale (FAI) [archive].
- « Deltaplane : il vole sur 353 km », Le Monde, (lire en ligne [archive du ]).
- http://www.wings-on-tour.com/?p=1626 [archive].
- Records de vitesse sur le site de la FAI [archive].
Delta |
Lanceur moyen |
La Delta II, version de la Delta produite à 155 exemplaires, peu avant le lancement de la sonde Deep Impact. |
Données générales |
Pays d’origine |
États-Unis |
Constructeur |
Douglas Aircraft Company (1960-1967), McDonnell Douglas (1967-1997), Boeing (1997-2006), United Launch Alliance (2006-) |
Premier vol |
1960 |
Statut |
En service |
Lancements (échecs) |
389 (18) |
Hauteur |
39 m |
Diamètre |
2,44 m |
Masse au décollage |
152 à 232 tonnes |
Étage(s) |
2 ou 3 |
Base(s) de lancement |
Cap Canaveral Vandenberg |
Version décrite |
Delta II |
Autres versions |
Thor-Delta, D, E, L, 1913, 2914, 3925, 6925, Delta III, Delta IV Medium, Delta IV Heavy, etc. |
Charge utile |
Orbite basse |
2,5 à 6,1 tonnes |
Transfert géostationnaire (GTO) |
0,9 à 2,14 t |
Orbite héliocentrique |
0,6 à 1,5 t |
Dimension coiffe |
8,5-9,25 m × 2,9-3 m |
Motorisation |
Propulseurs d'appoint |
3 à 9 Castor 4A ou GEM 40 ou GEM 46 |
1er étage |
Thor XLT-C : 1 × RS-27A |
2e étage |
Delta K : 1 × AJ10-118K |
3e étage |
Star 48B ou Star 37 FM (optionnel) |
Missions |
Sonde spatiale, Satellite scientifique, Satellite de navigation et Satellite de télécommunications |
modifier |
Le recours aux propulseurs d'appoint à poudre est une des caractéristiques de la famille Delta (ici une Delta 900 en 1972)
Les Delta constituent avec les fusées Atlas une des deux principales familles de lanceurs de satellites et de sondes spatiales américains. Le lanceur est développé à l'origine par la société Douglas Aircraft à partir du missile balistique de portée intermédiaire Thor que celle-ci avait mise au point dans les années 1950. Pour répondre aux besoins de la course à l'espace, les ingénieurs américains testent à la fin des années 1950 plusieurs lanceurs basés sur le missile : l'agence spatiale américaine, la NASA qui vient tout juste d'être fondée, retient pour ses besoins en 1960 la combinaison du missile avec l'étage Delta donnant naissance à la famille des lanceurs Thor Delta rebaptisée par la suite Delta.
Malgré ses performances modestes comparées aux fusées Titan et Atlas, le lanceur se distingue dès ses débuts en lançant plusieurs satellites qui constituent autant de premières dans les domaines des télécommunications (Echo, Telstar 1, Intelsat 1) et de la météorologie (TIROS-1). Au fil du temps des versions de plus en plus puissantes sont développées et pour compenser la faible poussée de son premier étage, le lanceur utilise jusqu'à 9 propulseurs d'appoint à poudre. Ces évolutions permettent à la fusée de dominer le marché des lancements de satellites commerciaux dans les années 1970. Mais le lanceur perd sa position dominante au cours des années 1980 du fait de la concurrence de la fusée européenne Ariane, la masse croissante des satellites de télécommunications ainsi que l'arrêt programmé des lancements au profit de la navette spatiale américaine. Le constructeur Douglas se repositionne sur le marché des satellites des agences militaires (GPS) et civiles (NASA) avec la longue série (155 lancements) des Delta II dont le premier exemplaire est tiré en 1990.
En 1993, à la faveur du rachat du constructeur d'origine par Boeing, cette société élabore une version radicalement nouvelle dans laquelle le deuxième étage Delta est abandonné au profit du Centaur beaucoup plus performant : mais la Delta III est un échec. Au début des années 2000 pour répondre aux besoins de l'Armée de l'Air américaine qui, agissant pour le compte de toutes les agences gouvernementales américaines, veut remplacer tous les anciens lanceurs par une fusée nouvelle, modulaire et unique (programme EELV), une nouvelle famille de lanceurs beaucoup plus puissante, les Delta IV est développée. La nouvelle fusée n'a plus aucun point commun avec la Thor Delta d'origine : le diamètre du corps de la fusée passe à 5 mètres et le moteur qui propulse le premier étage est une évolution du moteur SSME de la navette spatiale. Après 28 ans d'une carrière fructueuse, la Delta II est retirée du service en 2018. En effet après avoir tenté de revenir sur le marché des satellites commerciaux, Boeing réserve ses lanceurs trop coûteux à la mise en orbite des satellites militaires et scientifiques américains, chasse gardée des industriels nationaux. Il est prévu que la Delta IV, trop coûteuse en regard de la Falcon 9, soit abandonnée à son tour en 20241 au profit du nouveau lanceur Vulcan, développé depuis 2015 par United Launch Alliance.
La fusée Delta qui, dans ses premières versions, ne pouvait placer en orbite basse que 130 kg (Thor-Delta de 1960) peut lancer dans sa version contemporaine la plus puissante 26 tonnes (Delta IV Heavy) et son constructeur propose de développer pour le programme Constellation une version encore plus lourde capable de placer 70 tonnes en orbite basse comme alternative au futur lanceur Ares V.
Le missile Thor
Premier lancement du missile Thor ancêtre de la famille Delta (1957).
Le lanceur Delta, comme la quasi-totalité des fusées civiles dont la conception remonte aux années 1950, est développé à l'origine à partir d'un Missile balistique dans le cas présent à partir du missile à portée intermédiaire Thor. Celui-ci résulte d'un besoin de l'Armée de l'Air américaine qui veut en 1954 disposer dans un délai très court d'un missile balistique d'une portée de 2 000 km pour faire face à la menace du R-5 soviétique en cours de déploiement dans les pays de l'Est. Pour réduire la durée de la mise au point les composants les plus complexes du nouveau missile sont repris de projets existants : ainsi le moteur-fusée d'une poussée de 68 tonnes et les moteurs-vernier ont été développés initialement pour le missile intercontinental Atlas. La société Douglas Aircraft, qui remporte l'appel d'offres, développe en un temps record le missile dont le premier lancement intervient 13 mois après le début du projet. Le missile d'une longueur de 19,8 mètres a un diamètre de 2,44 mètres à la base se réduisant au sommet. Pesant 50 tonnes il a une portée de 2 400 km et peut emporter une charge nucléaire de 2 mégatonnes. Une soixantaine d'exemplaires est déployé au Royaume-Uni en 1958 mais les missiles ont une carrière opérationnelle brève puisqu'ils sont retirés du service en 1963 à la suite d'un accord secret passé entre les gouvernements américain et soviétique2,3.
Les anciennes versions du lanceur : de la Thor-Delta aux Delta 6000 (1960-1980)
Pour répondre aux besoins de la NASA en attendant la mise au point de fusées plus puissantes basées sur le missile Atlas, un lanceur est mis au point par Douglas Aircraft en combinant le missile Thor auquel a été ajouté un second étage Delta. Le lanceur obtenu a des performances limitées, nettement inférieures à celles des lanceurs américains contemporains des familles Atlas et Titan. Il est régulièrement modifié pour accroitre sa puissance notamment par un recours inédit aux propulseurs d'appoint à poudre. Ces évolutions lui permettent dans les années 1970 de dominer le marché des satellites de télécommunications avec la série 2000. Mais le lanceur perd sa position dominante au cours des années 1980 car la fusée européenne Ariane, plus puissante et plus souple d'emploi capte une partie du marché commercial. Le premier accident de la navette spatiale américaine, dont le rôle était normalement de remplacer les lanceurs comme la Delta, relance le marché mais les performances de la Delta 6000, dernière version produite avant la Delta II, sont insuffisantes pour répondre à la demande.
Évolution de la capacité de lancement en orbite basse des familles de lanceurs américains
entre 1959 et 19784
Famille de lanceurs | 1959 | 1962 | 1966 | 1972 | 1976 |
Scout |
- |
70 kg |
150 kg |
180 kg |
200 kg |
Thor |
90 – 180 kg |
400 kg |
- |
- |
- |
Delta |
- |
250 kg |
420 kg |
1 130 kg |
2 000 kg |
Atlas |
70 - 1 000 kg |
730 - 2 300 kg |
712 - 4 300 kg |
3 810 - 5 100 kg |
5 100 kg |
Titan |
- |
- |
11 400 kg |
4 100 - 15 900 kg |
15 100 - 15 400 kg |
Les premiers lanceurs Thor
Thor Able I s'appretant à lancer la sonde
Pioneer 1 (1958)
La transformation du missile Thor en lanceur
En 1957 l'URSS lance le premier satellite artificiel, Spoutnik, déclenchant la course à l'espace entre les États-Unis et l'URSS. L'astronautique américaine ne dispose alors que de deux fusées de faible puissance : les lanceurs Vanguard et Juno. Le missile et futur lanceur Atlas, nettement plus puissant est encore en cours de mise au point. Pour pouvoir lancer des satellites plus lourds, les responsables américains décident d'utiliser le missile Thor en lui associant les 2 étages supérieurs du lanceur Vanguard (Able et Altair)2.
Les trois premiers lancements de la Thor-Able I (premier lancement le 23/4/1958) qui doivent placer en orbite les premières sondes spatiales interplanétaires Pioneer échouent à la suite d'une défaillance du lanceur. Thor Able II, une version dépourvue de troisième étage, échoue également à lancer le satellite Transit 1 A mais parvient à mettre en orbite Tiros-1 (premier satellite météorologique de 125 kg) en 1960. Enfin les versions Thor Able III et IV tri-étages parviennent à lancer respectivement le satellite scientifique Explorer 6 (1959) et la sonde spatiale interplanétaire Pioneer 5 (1960)2.
Par la suite de nouvelles versions du lanceur utilisant le missile Thor sont testées. La combinaison d'un étage Thor et d'un étage Agena est lancée pour la première fois le 21/1/1959. Une nouvelle version de l'étage Able, l'Ablestar contenant deux fois plus d'ergols est développée, permettant au lanceur Thor-Ablestar de placer jusqu'à 270 kg en orbite basse : le premier lancement a lieu le 13/4/19602.
La NASA sélectionne ses lanceurs
L'agence spatiale civile américaine, la NASA, est créée le 1er octobre 1958. L'un des premiers objectifs de la nouvelle agence est de s'assurer qu'elle dispose des moyens de lancer ses futurs satellites et sondes spatiales. La NASA utilise au début les lanceurs de l'Armée de Terre (Juno I et II), de la Marine (Vanguard) et de l'Armée de l'Air (Thor-Able). En janvier 1959 l'agence spatiale décide qu'elle utilisera pour ses vols inhabités l'Atlas-Vega, qui sera remplacée finalement par l'Atlas-Agena plus performante, et l'Atlas-Centaur qui ne sera opérationnelle qu'en 1966 à cause des problèmes de mise au point de l'étage Centaur. En attendant que ces deux lanceurs soient disponibles, la NASA choisit d'utiliser un lanceur basé sur la Thor-Able pour placer en orbite ses satellites scientifiques, de télécommunications et les sondes spatiales lunaires en 1960 et 1961. Le nouveau lanceur est baptisé Thor-Delta car c'est le quatrième lanceur développé en utilisant comme premier étage le missile Thor après les Thor Able, Thor Ablestar et Thor Agena. La Thor Delta est lancée pour la première fois le 13/5/19605.
De son côté, l'Armée de l'Air américaine, utilisatrice également du lanceur Thor, retient l'étage Agena : la famille des lanceurs Thor-Agena, cousine des lanceurs Delta, sera utilisée jusqu'en 1972 pour placer en orbite des satellites militaires2.
Le lanceur Thor Delta (1960-1962)
Une Delta E lance le satellite scientifique HEOS (1968)
Le lanceur Thor Delta vole 11 fois entre 1960 et 1962 (1 seul échec). Il place en orbite notamment le premier satellite météorologique TIROS-1, le premier observatoire solaire Orbiting Solar Observatory 1 et deux engins constituant des jalons majeurs de l'histoire des satellites de télécommunications : Echo 1 A et Telstar 1. Il va largement imposer ses caractéristiques à toute la famille des lanceurs Delta : c'est un engin composé de 3 étages, haut de 31 mètres, d'un diamètre de 2,44 mètres et pesant 54 tonnes capable de placer 226 kg en orbite basse et 45 kg sur une orbite de transfert géostationnaire (GTO)6.
Le premier étage du lanceur Thor-Delta est constitué par le missile Thor reconverti. Il pèse 49,3 tonnes et est propulsé par un moteur-fusée à ergols liquides de 68 tonnes de poussée durant 165 secondes. Celui-ci brule du RP-1 (une forme de kérosène utilisée dans les moteurs de fusée) et de l'oxygène liquide : cette combinaison d'ergols est la plus répandue dans les fusées de l'époque car elle permet de bonnes performances (qui seront toutefois dépassées au milieu des années 1960 par le couple oxygène liquide/hydrogène liquide). L'alimentation en ergols du moteur est réalisée à l'aide d'une turbopompe entrainée par un générateur de gaz brûlant les mêmes ergols. L'étage Thor est construit dans la même usine de Douglas Aircraft que le missile et la version utilisée par l'Armée (Thor-Agena) ; son évolution sera dictée par les besoins du lanceur militaire jusqu'à l'arrêt de la dernière version de la Thor Agena en 19726.
Le deuxième étage est une variante de l'étage Able rebaptisée Delta construit par la société Aerojet : la différence porte sur la présence de petits propulseurs à gaz froid lui permettant de contrôler son orientation dans l'espace et donc, finalement, d'insérer en orbite avec plus de précision le satellite porté par la fusée. L'étage Delta a une silhouette très fine (5,8 mètres de long pour 0,813 m de diamètre) qui souligne que la fusée est le résultat d'un assemblage postérieur à la conception de chacun de ses éléments. Pesant 4,47 tonnes il est propulsé par un moteur de 3,4 tonnes de poussée consommant de l'hydrazine et de l'acide nitrique fumant rouge durant 115 secondes : ce mélange dit hypergolique est utilisé car il permet une mise à feu sans système d'allumage (à l'époque peu fiable) et il peut être rallumé plusieurs fois permettant des manœuvres orbitales. Le moteur est alimenté par mise en pression des réservoirs d'ergols, technique simple et donc fiable6.
Le troisième étage Altair d'une masse de 238 kg est long de 1,83 mètre pour un diamètre de 0,46 mètre. C'est un étage qui incorpore une innovation majeure pour l'époque, car sa structure est en fibre de verre retenue pour sa légèreté. Son propulseur à propergol solide fournit une poussée de 1,27 tonne durant 38 secondes. La tuyère du moteur est fixe et l'étage est stabilisé en direction par mise en rotation avant sa séparation avec le deuxième étage6.
Les Delta A à N (1962-1971)
En 1962 la NASA décide de faire évoluer le lanceur Thor-Delta. À cette occasion celui-ci est renommé Delta pour le différencier de son homologue utilisé par l'Armée de l'Air qui conserve l'appellation ThorN 1. Les Delta de la NASA sont suffixés d'une lettre modifiée à chaque nouvelle version. La Delta A se caractérise par un moteur du premier étage plus puissant qui permet de porter la charge utile en orbite basse de 226 à 250 kg. Les versions B et C permettent pratiquement de doubler la masse qui peut être placée en orbite grâce à une modification des 2 étages supérieurs. Cette série parvient à placer le premier satellite de télécommunications sur une Orbite géosynchrone, Syncom 2, après un premier échec. Pour la NASA le lanceur Delta a désormais perdu son statut de lanceur « provisoire »5, 7.
Le premier changement structurel important intervient avec la Delta D introduite en 1964 : le premier étage est renforcé et 3 étages à poudre « Castor A » lui sont accolés, fournissant au décollage une poussée supplémentaire totale de 72 tonnes durant 27 secondes. Cet ensemble appelé TAD (Thrust Augmented Delta) porte la charge utile en orbite basse à 450 kg et en orbite de transfert à 104 kg. Ce montage était déjà en usage sur la version militaire du lanceur depuis un certain temps et deviendra une spécificité du lanceur Delta permettant d'ajouter à un coût relativement réduit de la puissance au premier étage. Grâce à ce surcroît de puissance la Delta D place en orbite géostationnaire le premier satellite de télécommunications commercial Intelsat 1 connu également sous l'appellation « Early Bird »5,7.
Le deuxième étage de la Delta E (23 tirs entre 1965 et 1971) double de poids, ce qui allonge en proportion son temps de combustion, et son diamètre passe de 0,8 à 1,42 mètre permettant l'emport de charges plus volumineuses. Les propulseurs d'appoint Castor et le troisième étage sont également améliorés. La charge utile en orbite de transfert est doublée à 204 kg. La Delta G est une variante de la Delta E sans troisième étage. La Delta J est une Delta E avec un troisième étage de type Burner 2 qui sera lancée à un seul exemplaire en 1968. Les versions intermédiaires Delta F, H, I et K ne seront jamais fabriquées7.
Pour profiter de l'augmentation de poussée des propulseurs d'appoint, le premier étage Thor de la Delta L (2 vols entre 1969 et 1972) est allongé de 3 mètres et troque sa forme fuselée de missile pour une forme cylindrique ce qui lui permet d'emporter 40 % de carburant supplémentaire (étage Long Tank Thor ou LTT). La version Delta M (13 vols entre 1968 et 1971) dont le premier vol est antérieur à la Delta L utilise également l'étage LTT, mais dispose en plus d'un nouveau troisième étage Burner 2 et peut comporter 6 propulseurs d'appoint. La Delta M peut ainsi placer sur une orbite de transfert une charge de 450 kg soit 10 fois plus que la Thor Delta d'origine. La Delta N est une variante de la M sans troisième étage7.
Les Delta 0000 à 6000 (1971-1992)
Delta 2914, faisant partie de la première version au format "crayon", s'apprête à lancer le satellite Westar (1974)
Premier étage Thor XLT utilisé depuis la version 6000
Le deuxième étage Delta est hissé pour l'assemblage d'un lanceur Delta II (2007)
Le nouveau système de désignation
Le système de codification à base de lettre adopté pour désigner les versions du lanceur est abandonné au profit d'un système plus rationnel reposant sur une codification à 4 chiffres qui le remplace à compter de 1971 :
- Le premier chiffre est incrémenté à chaque nouvelle version du premier étage Thor ou des propulseurs d'appoint. Les Delta L/M/N dotés du premier étage Thor allongé LTT reçurent le numéro 0.
- Le deuxième chiffre désigne le nombre de propulseurs d’appoint Castor généralement 9. Lorsqu’il y en a 9, 6 sont allumés au décollage et 3 sont mis à feu 1 minute plus tard. Lorsque le lanceur n’a que 3 ou 4 propulseurs d’appoint, tous sont allumés au décollage.
- Le troisième chiffre désigne la version du deuxième étage Delta. L'étage Delta F se voit attribuer la valeur 0.
- Le quatrième et dernier chiffre caractérise le troisième étage : 3 pour l'étage Burner propulsé par un TE-364-3 et 4 lorsque le moteur est un TE-364-48.
L'introduction de l'étage Thor ELT
La première version utilisant la nouvelle numérotation, les lanceurs Delta 0000 (5 vols 1972-1973) est une évolution mineure de la Delta M : le deuxième étage est légèrement plus performant et le nombre maximum de propulseurs d'appoint passe à 9. Les Delta 1000 (7 vols 1972-1975) inaugurent un nouvel étage Thor dit « Extended Long Tank » (ELT), plus long de 1 mètre et emportant 14 tonnes d'ergols supplémentaires. Le deuxième étage Delta utilise sur certains lanceurs de cette série le moteur de l'étage de remontée du module lunaire Apollo, beaucoup plus moderne, qui sera par la suite généralisé. Une nouvelle version du troisième étage est également introduite avec cette version. D'anciennes versions des 2e et 3e étages furent également utilisées. La série 1000 se caractérisa donc par un grand nombre de variantes reflétées par le système de numérotation : Delta 1604, 1913, 1914, 1900, 1910. Les Delta 1000 pouvaient placer 1835 kg sur orbite basse et 680 kg sur orbite de transfert8.
Le règne du lanceur Delta sur le marché des satellites des télécommunications (1976-1981)
Le premier étage Thor de la Delta 2000 (1976-1981) utilise un nouveau moteur plus puissant (932 kN au lieu de 735 kN) et doté d'une meilleure impulsion spécifique dérivé du moteur H-1 mis au point pour la fusée Saturn I. À partir de cette version le diamètre extérieur du lanceur est constant de bout en bout de 2,44 mètres lui donnant l'apparence d'un crayon qu'il conservera par la suite. La Delta 2000 est la plus longue série (45 vols) de lanceurs Delta produits jusqu'à cette date. Particulièrement fiable, elle règne à l'époque sur le marché mondial des satellites de télécommunications et ses caractéristiques vont inspirer les concepteurs de la fusée Ariane 1 qui souhaitent également s'attaquer à ce marché8.
Un marché moins favorable pour le lanceur Delta (1975-1989)
Les Delta 3000 (38 vols 1975-1989) devaient être la dernière version de la famille Delta puisqu'il était prévu que la navette spatiale américaine prenne en charge par la suite tous les lancements de satellites. Cette version était caractérisée par de nouveaux propulseurs d'appoint Castor 2,5 fois plus lourds que la version précédente permettant une poussée à la fois plus importante et plus longue. L'introduction d'un nouveau deuxième et troisième étage nettement plus performants en cours de vie de cette version permirent aux 3000 de lancer jusqu'à 1,27 tonne en orbite de transfert. Mais, malgré ces performances nettement améliorées, la Delta ne peut plus lancer les satellites de télécommunications Intelsat, dont le poids a cru rapidement : ceux-ci sont désormais lancés par des fusées Atlas, tandis que le lanceur européen Ariane gagne des parts de marché. Le nombre de lancements baisse nettement affectant la rentabilité des Delta. Reflétant cette dégradation le prix du lancement par une Delta passe de 17 millions de dollars en 1979 à 35 millions en 19838.
Les Delta 4000, 5000 et 6000 versions de transition (1989-1992)
Les Delta 4000 et 5000 (1989-1990) sont des versions de transition puisqu'elles ne comptent que 2 vols pour la première et 1 vol pour la seconde. Toutes les deux se distinguent de la version précédente par un propulseur d'appoint légèrement plus performant dans le vide. La série 4000 utilise une ancienne version de l'étage Thor, sans doute pour faire face à la pénurie de lanceurs créée par l'arrêt des chaînes de fabrication du lanceur brutalement remis en question par l'accident de la navette spatiale Challenger (1986). La 5000 reprend la version de l'étage Thor utilisé par les Delta 30008.
L'arrêt des lancements de satellite par la navette spatiale consécutive à l'accident posa par ailleurs problème pour certains satellites construits en fonction des capacités de lancement de celle-ci. La Marine Nationale américaine était particulièrement touchée avec sa série de satellites de navigation Navstar trop lourds pour pouvoir être lancés par les Delta alors en production. Les Delta de la série 6000 (17 vols 1989-1992) sont une version intermédiaire en attendant la production de la version Delta II conçue pour répondre pleinement aux attentes des militaires. La Delta 6000 utilise une nouvelle version de l'étage Thor allongée de 3,66 m (Extra Extended Long Tank ou XLT) et dispose en option d'une coiffe de 3,05 mètres de diamètre alternative à la coiffe normale de 2,44 mètres. Ce modèle du lanceur peut placer en orbite basse 3981 kg et en orbite de transfert 1441 kg8.
Les Delta N japonaises (1969-1986)
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale le Japon bénéficie, dans le cadre des relations très particulières qu'il entretient avec les États-Unis, d'une assistance technologique importante de ce pays. C'est dans ce contexte que, en 1969, l'agence spatiale japonaise, la NASDA, passe un accord de fabrication sous licence des lanceurs Delta avec son constructeur Douglas Aircraft. Jusque-là le Japon n'avait construit que des fusées à propergol solide et cette stratégie doit permettre à l'astronautique japonaise d'acquérir la maitrise de la propulsion à ergols liquides. Deux versions de la Delta sont construites au Japon par la société Mitsubishi : la N-I qui est l'équivalent du modèle Delta L américain et la N-II analogue à la Delta 1915. Tous les satellites lancés par ces fusées sont japonais : la Delta japonaise ne fera jamais concurrence aux lanceurs américains, car il y aura toujours un décalage d'au moins 5 ans entre la mise en service des versions dans les deux pays. Par ailleurs le Japon ne cherche pas à attaquer le marché commercial des satellites de télécommunications, contrairement à l'Europe qui devra développer de manière indépendante son propre lanceur pour avoir les mains libres dans ce domaine9.
Les moteurs et l'électronique des premiers exemplaires de la N-1 sont fabriqués aux États-Unis puis l'ensemble du lanceur est réalisé au Japon. Le moteur du deuxième étage est de conception japonaise. La N-1, qui peut lancer 360 kg sur une orbite de transfert géostationnaire, est lancée à 9 reprises entre 1975 et 1982 et ne connait aucun échec. La N-2 qui peut lancer 730 kg sur une orbite de transfert géostationnaire, effectue 8 vols tous réussis entre 1981 et 1986. Le modèle suivant, lancé pour la première fois en 1986, reprend les propulseurs à poudre et le premier étage de la Delta mais utilise un deuxième étage de conception entièrement japonaise dont le moteur consomme de l'hydrogène et de l'oxygène liquide. Beaucoup plus puissante que le modèle original américain, la H-I permet de placer en orbite de transfert 1,1 tonne. Le successeur de la H-I, le lanceur H-II, n'a plus aucun point commun avec les Delta et consacre la maitrise de la technologie des lanceurs par le Japon9.
Delta II (1990-2018)
La famille des lanceurs Delta II à IV
La Delta II ou Delta 7000 (1990-2018) est conçue pour répondre aux besoins des militaires américains en prenant le relais de la navette spatiale américaine clouée au sol après l’accident de la navette spatiale Challenger. Son premier vol remonte à 1990. Désormais le marché des satellites de télécommunications en orbite géostationnaire, trop lourds, échappe au lanceur et celui-ci va se concentrer sur le marché des satellites militaires américains et celui malheureusement fugace des constellations de satellites de télécommunications en orbite basse (Iridium). La Delta II est également systématiquement utilisée par la NASA pour le lancement de ses sondes spatiales, en particulier à destination de Mars, ainsi que de ses satellites scientifiques.
Les différences par rapport à la version 6000 qu'elle remplace sont initialement relativement mineures : un propulseur d'appoint transportant 10 % d'ergols supplémentaires et le moteur du premier étage Thor plus puissant et doté d'une impulsion spécifique plus importante. À compter de 2003 une version plus puissante (Heavy), dotée de propulseurs d'appoint encore plus gros, est proposée. La coiffe la plus petite d’un diamètre identique à celle du lanceur (2,44 mètres) n’est plus utilisée. La coiffe de taille intermédiaire a un diamètre de 2,9 mètres et est construite en aluminium. La coiffe de 3 mètres de diamètre est réalisée en matériau composite. Il en existe une version courte et une version longue. La Delta II est commercialisée dans plusieurs versions qui diffèrent par le nombre d’étages (2 ou 3), le nombre de propulseurs d’appoint (3, 4 ou 9) et la puissance de ceux-ci.
Haute de 39 mètres et d’un diamètre de 2,44 mètres la Delta II a une masse comprise, selon le modèle, entre 152 tonnes et 232 tonnes (286 tonnes pour la version Heavy). Selon sa configuration, le lanceur peut placer de 2,7 à 6,1 tonnes en orbite basse et de 900 à 2170 kg en orbite de transfert géostationnaire (GTO). Dans sa version la plus puissante (Heavy) elle peut placer une sonde spatiale de 1,5 tonne sur une trajectoire interplanétaire et 1,2 tonne vers Mars3. C’est un lanceur particulièrement fiable avec 137 lancements réussis sur 139 (actualisé en novembre 2009) pour la série 7000 (153 sur 155 en incluant la série 6000)10.
La Delta II, comme les versions précédentes, est développée par McDonnell Douglas avant que sa fabrication ne soit reprise par Boeing qui en a cédé par la suite la réalisation à United Launch Alliance (ULA) (décembre 2006).
Delta III : l'étage Centaur remplace le Delta
En 1993, à la faveur du rachat de Douglas, le constructeur de la Delta, par Boeing, le deuxième étage Delta est abandonné au profit d'un étage beaucoup plus performant dérivé du Centaur. L'étage, mis au point en 1965 et particulièrement performant grâce au recours à un mélange oxygène/hydrogène, est utilisé depuis sa mise au point par les lanceurs Atlas et depuis 1977 par les lanceurs Titan. Boeing est également le constructeur du Centaur ce qui a sans doute contribué à franchir le pas pour la Delta. La nouvelle version du lanceur doit permettre de repositionner le lanceur sur le marché des satellites géostationnaires. Par ailleurs la Delta à force de multiplier les versions pour répondre aux attentes en effectuant le minimum d'investissements est devenu un lanceur complexe aux coûts opérationnels élevés : la nouvelle version doit également remédier à cela. L'investissement est pré-financé par une commande géante passée par le constructeur Hughes pour le lancement de 16 de ses satellites de télécommunications géostationnaires. Dans sa nouvelle configuration la Delta n'a plus besoin de 3e étage. La charge utile du nouveau lanceur baptisé Delta III (8930 selon l'ancienne codification) est pratiquement doublée (3,8 tonnes en GTO) alors que la masse du lanceur n'augmente que de 30 %11.
L'étage Centaur utilisé est en fait une version modifiée pour la Delta III. Le moteur fournit une poussée supérieure de 10 %, l'impulsion spécifique est également plus importante grâce à une tuyère plus longue qui se déploie après séparation du 1er étage. La Delta III utilise également 9 nouveaux propulseurs d'appoint à poudre qui emportent chacun 19 tonnes d'ergols supplémentaires : 6 sont mis à feu au décollage et 3 en vol après l'extinction des premiers. Le premier étage est toujours un Thor XLT mais avec un réservoir de RP-1 au diamètre porté à 4 mètres au lieu de 2,4 m : la longueur du 1er étage est ainsi réduite à 20 m au lieu des 26,5 m de la Delta II. Cette modification ajoutée au diamètre important de l'étage Centaur (4,4 mètres) donne une silhouette bien particulière au nouveau lanceur. Pour les missions interplanétaires un troisième étage à poudre est disponible en option. La coiffe particulièrement volumineuse (4 mètres de diamètre et 8.9 mètres de long) permet de lancer une ou deux charges utiles11.
Le premier tir a lieu en août 1998. À la suite d'une erreur du logiciel de pilotage durant la première phase de vol, la trajectoire de la fusée ne peut plus être contrôlée et la destruction du lanceur est déclenchée. Le deuxième vol en mai 1999 est également un échec : l'étage Centaur s'est arrêté prématurément et le satellite ne peut atteindre l'orbite géostationnaire. Hughes qui vient de perdre deux satellites annule sa commande. Le troisième vol, en août 2000, qui emporte une charge utile factice, est un demi-succès : une orbite inférieure à celle visée est atteinte11.
Le lanceur EELV Delta IV
Premier étage de la Delta IV à Cap Canaveral (2007). En arrière-plan à droite le bâtiment d'assemblage horizontal (HIF) et au fond la tour de lancement mobile
Les installations sur l'aire de lancement : tour de lancement mobile, mat ombilical fixe (à gauche) et mats paratonnerre
Lancement d'une Delta IV Heavy (2007)
Un propulseur d'appoint Gem-60 avant assemblage sur une Delta IV
Lancement d'une Delta IV medium
La Delta IV est la dernière version de la famille Delta et aujourd'hui la seule produite après le dernier vol de la Delta II en 2018. Elle n'a plus aucun point commun avec le lanceur originel Thor Delta. Son premier tir a eu lieu en 2002.
L'appel d'offres pour l'Evolved Expendable Launch Vehicle
Après plusieurs tentatives avortées, l'Armée de l'Air américaine décide de lancer un appel d'offres pour la réalisation d'un lanceur qui doit remplacer à la fois les lanceurs moyens et lourds - Delta, Atlas et Titan IV - utilisés par les différentes agences gouvernementales (dont l'Armée de l'Air et la NASA) pour lancer satellites et sondes spatiales. L'objectif est de disposer d'un lanceur moins coûteux, couvrant bien les besoins et offrant des interfaces standardisées pour l'intégration des satellites. La solution doit s'appuyer sur des solutions techniques à la fois avancées et éprouvées. Le futur lanceur désigné sous le sigle Evolved Expendable Launch Vehicle (EELV) et le dispositif de lancement (qui est inclus dans l'appel d'offres) doivent permettre d'abaisser les coûts en partie grâce à la reconquête du marché des satellites commerciaux. Mais le cahier des charges rend cet objectif difficilement tenable car les performances attendues ne permettent de toucher que 42 % du marché commercial12.
L'appel d'offres est lancé en 1995 et 4 sociétés y répondent : Alliant, Boeing, McDonnell Douglas constructeur des Delta ainsi que Lockheed Martin constructeur des Atlas et Titan. Une première sélection désigne en 1996 comme finalistes Lockheed Martin et McDonnell Douglas. Les deux concurrents disposent de 18 mois pour le deuxième tour. Boeing rachète McDonnell Douglas en 1997 et se retrouve donc finaliste. La société propose une version complètement refondue de son lanceur Delta, la Delta IV. En 1997 l'Armée de l'Air décide finalement de retenir les deux finalistes pour ne pas se retrouver face à un fournisseur unique. En 1998 la première tranche de lanceurs est attribuée : 19 lancements sont accordés à Boeing et 9 lancements à Lockheed Martin pour une somme totale de 2 milliards de $. Mais en 2003 une enquête révèle que Boeing a dérobé des documents confidentiels de son concurrent susceptibles d'avoir faussé la compétition et le nombre de lanceurs commandé à Boeing est par mesure de rétorsion réduit à 12 (entre autres mesures) le solde devant être construit par son concurrent12.
Caractéristiques techniques de la Delta IV
Le nouveau lanceur Delta IV n'a plus aucun point commun avec les précédentes versions :
- Jusque-là tous les lanceurs Delta ont utilisé l'étage Thor régulièrement amélioré tout en conservant son diamètre de 2,4 mètre et son moteur lui-même régulièrement optimisé). La Delta IV abandonne l'étage Thor au profit d'un nouvel étage de 5 mètres de diamètre, le CBC (Common Booster Core), propulsé par un moteur RS-68 dérivé de celui de la navette spatiale consommant hydrogène et oxygène. Par rapport à l'original le RS-68 a été simplifié pour abaisser son coût de fabrication. Sa puissance (3 312 kN) permet au lanceur de décoller dans sa version la moins lourde sans propulseur d'appoint.
- Le deuxième étage repose sur une version modifiée de l'étage Centaur de la Delta III. Le moteur, optimisé par rapport à celui de la Delta III, peut être rallumé jusqu'à 15 fois. L'étage est proposé dans deux diamètres 4 mètres et 5 mètres contenant respectivement 20 et 27 tonnes d'hydrogène et d'oxygène liquide.
- La coiffe est disponible en 2 diamètres (4 et 5,13 mètres) et 4 longueurs de 11,7 à 19,8 mètres.
- Pour les missions interplanétaires un troisième étage à ergol solide (le PAM-D) est proposé.
Assemblage et lancement
Avec la Delta IV, Boeing abandonne les sites de lancement utilisés depuis les débuts de la Thor Delta : à la base de Cap Canaveral en Floride l'ancien aire de lancement des Saturn I et Saturn IB (l'aire 37) est convertie pour le nouveau lanceur. À Vandenberg sur la côte ouest, le constructeur aménage l'aire SLC-6 édifiée pour le lancement du laboratoire spatial militaire MOL, projet avorté des années 1960.
L'assemblage du lanceur sur l'aire de lancement, de mise sur tous les lanceurs Delta, est abandonné : désormais le lanceur est en partie monté et testé dans un bâtiment d'assemblage à l'horizontale (Horizontal Integration Facility HIF) puis transféré sur l'aire de lancement et redressé à la verticale sur sa table de lancement. Une tour de lancement mobile (Mobile Service Tower MST), qui est éloignée avant le lancement, permet d'achever le travail en particulier en fixant la charge utile au sommet du lanceur et les boosters à propergol solide s'ils sont nécessaires. Boeing espère ainsi abaisser de 2 ou 3 fois le temps de stationnement sur l'aire de lancement permettant d'accélérer le rythme des tirs11.
Les différentes versions
Le lanceur est décliné en deux sous-familles : les Delta-IV medium et le lanceur lourd Delta IV Heavy.
- La sous-famille des Delta IV Medium peut comporter au choix un deuxième étage de 4 ou 5 mètres de diamètre et 0, 2 ou 4 propulseurs d'appoint à poudre. En fonction de sa configuration, cette version peut lancer de 3,96 à 6,57 tonnes sur orbite de transfert géostationnaire (GTO). Une version moins puissante dite « Lite », utilisant les étages supérieurs de la Delta II et permettant de placer 2,2 tonnes sur orbite de transfert géostationnaire, a été étudiée mais n'a jusqu'à présent pas été développée. La Delta IV Medium a des capacités similaires à celles de l'Ariane 5 mais Boeing a révisé son coût de fabrication à la hausse de 95 à 230 millions de $, un prix trop élevé pour que le lanceur puisse concurrencer la fusée européenne. Le premier lancement a eu lieu en 2002 et en novembre 2009 le lanceur comptait 7 vols tous réussis11.
- La Delta IV Heavy est destinée à reprendre le rôle du lanceur lourd Titan IV et peut lancer 22 tonnes en orbite basse, 13 tonnes en orbite de transfert géostationnaire ou 8 tonnes vers Mars. Elle comprend un premier étage CBC similaire à celui utilisé sur la version Medium encadré de deux autres CBC servant de propulseurs d'appoint. Au lancement les trois moteurs sont poussés à leur puissance maximum (102 %) puis après 50 secondes la puissance du moteur central est ramenée à 58 %. Au bout de 235 secondes la puissance des propulseurs d'appoint est également ramenée à 58 % pour ne pas dépasser les 5 G d'accélération. Peu de temps après les propulseurs d'appoint sont largués et le moteur du premier étage est de nouveau poussé à 102 %. Le premier lancement de la Delta IV en décembre 2004 est intervenu après une très longue période de mise au point et a été un demi succès du fait de l'arrêt prématuré des moteurs. Depuis deux lancements réussis ont été effectués (situation fin 2009).
La famille de lanceurs Delta face à ses concurrents
Échec de la reconquête du marché des satellites commerciaux
Au début des années 2000 le marché des satellites commerciaux a fortement régressé à la suite de l'éclatement de la bulle internet puis s'est stabilisé. Ce contexte ainsi qu'une mauvaise estimation des coûts du programme EELV a entrainé une révision à la hausse du budget exigé par les constructeurs pour construire les nouveaux lanceurs (13,3 Milliards de $)12. Boeing comme Lockheed Martin fabricant du lanceur concurrent Atlas V, face aux difficultés de commercialisation liées au coût de leurs produits et à la concurrence, ont pratiquement retiré leur lanceur du marché commercial. Les deux constructeurs se sont associés depuis 2006 au sein de l'United Launch Alliance pour mutualiser leurs moyens de production et de lancement et ainsi réduire les coûts. Boeing a officialisé en 2004 le retrait de la Delta III, victime de ses problèmes de mise au point qui n'aura été lancée que 3 fois. Par ailleurs Boeing conserve indirectement une part de marché dans le domaine des satellites commerciaux grâce à sa participation à hauteur de 40 % dans la société Sea Launch : cette société commercialise des lancements de satellites géostationnaires effectués par le lanceur ukrainien Zenit depuis une plateforme en mer. Toutefois la pérennité de Sea Launch est fortement compromise (2009) à la suite de difficultés financières générées entre autres par un échec au lancement en 2007.
Depuis son premier tir en 2002 la Delta IV a été utilisée 11 fois (chiffre fin 2009) dont 3 lancements de la version lourde soit moins de 2 lancements par an. Les satellites lancés sont des satellites d'agences gouvernementales américaines (7 satellites militaires, 2 satellites météorologiques) et 1 satellite commercial de télécommunications Intelsat (premier tir de 2002). Contrairement à ce qui constitue la norme pour le lanceur Ariane, aucun tir double n'a été effectué. Le lanceur Delta II est tiré plus fréquemment. Ces quatre dernières années, le rythme des lancements s'établit en moyenne à 7 par an : la Delta II a lancé durant cette période 10 satellites scientifiques et 2 sondes spatiales de la NASA, 6 satellites d'observation généralement commerciaux, 1 satellite météorologique, 7 satellites GPS et 2 satellites militaires. Hormis 2 satellites d'observation italiens tous les satellites relèvent d'agences américaines.
Nombre de lancements par année et type de lanceur13.
(lanceurs moyens et lourds seulement)
Année | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | Coût lancement14 Millions $ | Coût/kg |
Lanceur | tirs | satellites | tirs | satellites | tirs | satellites | tirs | satellites |
Ariane V |
5 |
10 |
6 |
12 |
6 |
11 |
7 |
12 |
220 M$ (ECA) |
22 917 $ |
Atlas V |
2 |
2 |
3 |
5 |
2 |
2 |
5 |
6 |
125 M$ (501) |
25 000 $ |
Delta II |
6 |
8 |
8 |
8 |
5 |
5 |
8 |
9 |
65 M$ (7920) |
36 011 $ |
Delta IV |
3 |
3 |
1 |
1 |
- |
- |
3 |
3 |
170 M$ (Medium) |
40 380 $ |
Falcon 9 |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
- |
55 M$ (prévision) |
12 115 $ |
H-IIA |
4 |
4 |
2 |
3 |
1 |
1 |
3 |
3 |
|
|
Longue Marche 3 |
3 |
3 |
6 |
6 |
4 |
4 |
2 |
2 |
60 M$ (3 A) |
23 177 $ |
Proton |
6 |
6 |
7 |
7 |
10 |
10 |
8 |
10 |
100 M$ (M) |
18 182 $ |
Zenit |
5 |
5 |
1 |
1 |
6 |
6 |
4 |
4 |
60 M$ (SLB) |
16 666 $ |
La fin des lanceurs dérivés du missile Thor : le retrait de la fusée Delta II (2018)
Le contrat d'achat des Delta II avec l'Armée de l'Air américaine pour le lancement des satellites GPS prend fin le , avec la mise en orbite du dernier satellite de la série 2R. L'armée se tourne désormais vers les lanceurs EELV (Delta IV, Atlas V), plus flexibles et plus puissants, pour lancer les satellites GPS suivants. Boeing, le constructeur de la Delta II, perd ainsi un donneur d'ordre important, qui avait largement contribué au succès du lanceur (48 lancements de satellites GPS depuis 1990)15. À la suite de l'expiration de son contrat avec l'Armée de l'Air américaine, ULA cesse de maintenir les deux sites de lancement de Delta II situés à Cape Canaveral, prestation qui lui était imposée par les militaires16. La NASA, l'autre donneur d'ordre majeur de la Delta II (un tiers environ des lancements de Delta II), doit désormais prendre en charge les frais fixes assumés jusque là par l'Armée de l'Air (maintenance des complexes de lancement) et faire face à une augmentation des prix découlant de la baisse des volumes de fusées produites qui limite de l'effet d'échelle au niveau de la chaine de fabrication. L'impact sur le coût du lanceur place celui-ci au même niveau que les lanceurs Atlas V et Delta IV beaucoup plus puissants. La NASA décide en conséquence à son tour d'abandonner la Delta II17,18.
En 2008, ULA, la structure qui commercialise le lanceur, dispose encore d'une demi-douzaine de fusées Delta II assemblées et invendues16. En août 2009, la NASA annonce qu'elle pourrait utiliser certains des lanceurs Delta II assemblés19. Le , l'agence sélectionne la fusée pour lancer ses satellites Soil Moisture Active Passive (SMAP), Orbiting Carbon Observatory-2 (OCO-2) et Joint Polar Satellite System-1 (JPSS-1)20. Le dernier vol de la Delta II a lieu le et place en orbite le satellite ICESat-2. Ce lancement marque la fin de l'utilisation des lanceurs Delta dérivés du missile balistique Thor dont 381 exemplaires ont volé depuis 1960. Plus généralement, il s'agit de la dernière fusée américaine dont le premier étage dérive des missiles balistiques conçus dans les années 1950 qui comprenaient également les fusées Thor (dernier vol en 1976), Atlas (2005) et Titan (2005). Les lanceurs Delta IV et Atlas V ne se rattachent pas à ces familles car ils disposent d'un premier étage entièrement nouveau21.
Développements futurs
Le programme Constellation
Boeing, le constructeur de la Delta IV, a proposé de développer une version lourde (Ultra Heavy) de son lanceur pour le programme Constellation qui pourrait placer 70 tonnes en orbite basse comme alternative au futur lanceur Ares V. Mais ce programme a été annulé en 2010.
Principales caractéristiques techniques des lanceurs Delta
[afficher]
Tableau comparatif des différentes versions du lanceur
Notes et références
Notes
- L'appellation Thor Delta continue à être utilisée jusque dans les années 1970.
Références
- (en-US) Sandra Erwin, « ULA to launch Delta 4 Heavy for its 12th mission, four more to go before rocket is retired » [archive], sur SpaceNews, (consulté le )
- « Die Thor Rakete » [archive], Site Bernd Leitenberger (consulté le )
- Mark Wade, « Delta » [archive] (consulté le )
- Homer E.Newell, « BEYOND THE ATMOSPHERE :EARLY YEARS OF SPACE SCIENCE » [archive], NASA,
- Ed Kyle, « Thor-Delta Beginnings » [archive], Space Launch Report, (consulté le )
- Roger D. Launius et Dennis R. Jenkins p. 108-110
- « Die Thor Delta Teil 2 » [archive], Site Bernd Leitenberger (consulté le )
- « Die Delta Trägerrakete Teil 3 » [archive], Site Bernd Leitenberger (consulté le )
- « Japanische Trägerraketen H,N und J Serie » [archive], Site Bernd Leitenberger (consulté le )
- « Delta » [archive], sur Site Gunter's space page (consulté le )
- « Die Delta 3 und 4 » [archive], Site Bernd Leitenberger (consulté le )
- « EELV Evolved Expendable Launch Vehicle » [archive], sur Globalsecurity.org (consulté le )
- « Launcher (log des lancements) » [archive], sur Gunter's Space Page (consulté le )
- « FAA Semi-Annual Launch Report: Second Half of 2009 » [archive], Federal Aviation Administration - Office of Commercial Space Transportation (consulté le )
- (en) « Bittersweet launch ends several chapters of history » [archive], Spaceflight now, (consulté le )
- (en) Brian Berger, « Delta 2 Rockets to Remain Competitive Until 2015 » [archive], Space News,
- (en) « NASA looking to solve medium-lift conundrum » [archive], Spaceflight now, (consulté le )
- (en) « ULA restructures Delta 2 program for long term » [archive], Spaceflight now, (consulté le )
- (en) Stephen Clark, « NASA looking to solve medium-lift conundrum » [archive],
- (en) « Mission - Orbiting Carbon Observatory » [archive], sur Jet Propulsion Laboratory (consulté le )
- (en) Stephen Clark, « Early morning launch closes book on Delta 2 legacy spanning nearly 30 years » [archive], sur spaceflightnow.com,
Sources
Ouvrages
- (en) Roger D. Launius et Dennis R. Jenkins, To reach the high frontier : a history of U.S. launch vehicles, The University Press of Kentucky, , 519 p. (ISBN 978-0-8131-2245-8)
- (en) J.D. Hunley, US Space-Launch Vehicle Technology : Viking to Space Shuttle, University Press of Florida, , 453 p. (ISBN 978-0-8130-3178-1)
Brochures techniques du constructeur
- [PDF] (en) Boeing, Delta IV Payload planners guide, (lire en ligne [archive])
Document de Boeing sur les caractéristiques et les installations de lancement du lanceur Delta IV sept 2007 (267 p.)
- [PDF] (en) Boeing, Delta II Payload planners guide, (lire en ligne [archive])
Document de Boeing sur les caractéristiques et les installations de lancement du lanceur Delta II dec 2006 (304 p.)
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Sites internet
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