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Raymond Devos (prononcer /dəvos/ Écouter), né le à Mouscron en Belgique et mort le à Saint-Rémy-lès-Chevreuse dans les Yvelines, est un humoriste franco-belge1,2.
Il est resté célèbre pour ses jeux de mots, ses qualités de mime, son goût pour les paradoxes cocasses, le non-sens et la dérision.
L'école communale Raymond Devos à
Mouscron.
Fils de Louis Devos, industriel dans le domaine du textile à Tourcoing, ruiné, devenu expert-comptable à Paris, et d'Agnès Martin, mère au foyer originaire de la région de Vitré, Raymond Devos est natif de Mouscron en Belgique et de nationalité française3. Le couple Devos a d’abord six garçons, dont un meurt en bas âge. Leur septième enfant est une fille. Les parents choisissent Mouscron pour y faire naître Raymond qui voit le jour au château des Tourelles, un élégant château blanc, propriété paternelle.
La famille quitte la Belgique en 1924 pour des raisons fiscales, revend le château des Tourelles à la famille Menet-Devianne et s’installe de l’autre côté de la frontière, à Tourcoing, revenant souvent en Belgique depuis cette localité de France, située à cinq kilomètres de sa ville natale4.
Raymond Devos hérite de sa mère sa sensibilité artistique : adepte des jeux de mots, elle jouait du violon et de la mandoline5. Il se met en tête de retrouver ce château natal dont lui a souvent parlé sa mère. Dans son souvenir, c’était un château immense. Il commence par ce que Mouscron avait de plus imposant : le château des Comtes, dont la façade ne lui rappelle rien. Quelqu'un lui suggère d’aller voir le château des Tourelles où il se sent chez lui. Aujourd'hui, la salle principale du centre culturel Marius-Staquet de Mouscron porte son nom ainsi qu'une école primaire du quartier qui l'a vu naître, le Mont-à-Leux6.
Tout jeune encore, Raymond Devos découvre son don pour raconter des histoires et captiver son auditoire. Élève à l’Institution libre du Sacré-Cœur à Tourcoing7, il doit arrêter ses études à treize ans à cause des graves problèmes financiers que connaît sa famille, sans pouvoir assouvir sa soif de connaissances. Cela restera comme son plus grand regret et lui donnera cette posture d’éternel étudiant, fasciné par le savoir.
C’est donc par lui-même qu’il parfait sa culture et sa maîtrise de la langue française et de la musique. Son univers familial le prédispose à jongler avec la musique. Son père joue de l’orgue et du piano, sa mère du violon et de la mandoline, son oncle de la clarinette. Il apprendra lui-même des instruments aussi divers que la clarinette, le piano, la harpe, la guitare, le concertina, la trompette, la scie musicale…8
L'entreprise de son père ayant fait faillite, Raymond et sa famille sont contraints de déménager en banlieue parisienne, où ils vivent dans des conditions difficiles. Avec toute sa volonté et son acharnement à devenir artiste, il observe avec ravissement les spectacles de rue, comme ceux des forains, place de la Bastille : « Ils retiraient le cadenas qui enchaînait leur matériel à longueur d’année et ils sortaient le tapis, le poids, les instruments pour haranguer la foule : “Attention mesdames et messieurs, le spectacle va commencer.” »
En attendant d’être artiste, il exerce divers petits métiers, notamment : coursier en triporteur, libraire, crémier aux Halles, où il doit mirer les œufs… Mais pendant la guerre, Raymond Devos est requis par le Service du travail obligatoire (STO). Il garde le moral en proposant des spectacles à ses compagnons d’infortune grâce aux instruments de fortune qu’il a pu emporter avec lui. « Lorsque j’ai été déporté du travail en Allemagne, je côtoyais quotidiennement des hommes de nationalités différentes. Avec des rudiments de langue allemande, on tentait de se faire comprendre. Mais il y avait aussi les gestes, une attitude, un regard qui ajoutaient aux efforts relationnels. » Il enrichit ainsi son bagage d’une nouvelle expérience, celle de mime, qu’il va parfaire à l’école d’Étienne Decroux, où il rencontre Marcel Marceau9.
Il prend ensuite des cours de théâtre auprès de Tania Balachova et d’Henri Rollan, dont le cours d’art dramatique se tient au Théâtre du Vieux-Colombier. Il joue dans Le Médecin malgré lui et Knock. Pensionnaire de la compagnie Jacques Fabbri, on le voit dans La vertu en danger, Les Hussards, Les fantômes, La famille d’Arlequin10.
En 1948, Raymond Devos monte un numéro burlesque « les trois cousins », avec André Gille et Georges Denis. Les trois partenaires se produisent au club Le Vieux Colombier (club de jazz, distinct du théâtre du Vieux-Colombier)11 et à la Rose Rouge. Un duo avec Robert Verbeke succède ensuite au trio : « Les pinsons » se produisent à l’ABC et aux Trois-Baudets en chantant des parodies comiques de chansons de cow-boy.
Mais c’est au hasard d’une tournée théâtrale des villes-casinos avec la compagnie de Jacques Fabbri, à Biarritz, qu’il découvre l’absurde et le comique de situation. Interrogeant un maître d’hôtel, « Je voudrais voir la mer », il se voit répondre « Vous n’y pensez pas, elle est démontée12 ». « Quand la remontera-t-on ? »12 insiste-t-il. « C’est une question de temps »… Ces quatre répliques lui donnent la matière à un sketch, La mer, puis bientôt à un autre, Le car pour Caen.
C’est au cabaret « Le Cheval d’Or », d’abord, puis à l'Écluse et aux « Trois-baudets » qu’il teste ses premiers sketchs et le personnage qui allait, au fil du temps, impressionner le public. Remarqué par Maurice Chevalier, il passera en première partie de son spectacle à l’Alhambra et y gagne la consécration. Son sketch Le plaisir des sens le rend célèbre : « Mais dis-moi laitier, ton lait va tourner ! 12», apostrophe auquel le laitier en question, pris sur un rond-point ne donnant que sur des sens interdits, répond par « T’en fais pas, je fais mon beurre 12».
Accompagné d'un fidèle pianiste et partenaire, Jean-Michel Thierry puis Hervé Guido, Raymond Devos multiplie dès lors les apparitions dans les salles de spectacles et bientôt les plus grandes (Bobino, l'Olympia) se l’arrachent. Son spectacle s’enrichit sans cesse : mime, comédien, musicien, jongleur, équilibriste sur monocycle, prestidigitateur… Il jongle aussi bien avec des petites balles qu’avec des boules de cinq kilogrammes. Ses prouesses physiques sur scène suscitent l’étonnement puis le rire, en regard de sa silhouette rebondie, avec son pantalon retenu sous le ventre par des bretelles. Raymond Devos triomphera par la suite sur le petit écran, dans Italiques face à Georges Mathieu pour la présentation du film La raison du plus fou de François Reichenbach13 et sera régulièrement invité par Jacques Chancel dans son Grand Échiquier, avec notamment une émission où Georges Brassens improvise Les copains d'abord avec Lino Ventura, Raymond Devos et les Compagnons de la Chanson14.
Très différent d’un Coluche malgré une référence commune au clown, contemporain de Fernand Raynaud, qui partage avec lui sa passion du mime, l’humour de Raymond Devos frise souvent la métaphysique (Friedrich Nietzsche), voire la mathématique fondamentale, comme lorsqu'il explique que « Si on peut trouver moins que rien, c'est que rien vaut déjà quelque chose » ou que « Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose ».
Il est souvent considéré comme un génie des mots, un poète hurluberlu et étonnant. Ses références littéraires sont Gaston Bachelard et Marcel Aymé. Ses inspirateurs et modèles sont Tristan Bernard, Alphonse Allais, Alfred Jarry, Boris Vian avec lequel Devos a travaillé, Raymond Queneau. Sans oublier Charlie Chaplin, Jacques Tati, Pierre Etaix et les grands clowns comme les légendaires Foottit et Chocolat, Grock, les Fratellini ou Pipo.
Raymond Devos se marie le avec Simone Beguin, morte en 1999. Le couple n’a pas eu d’enfants7.
Victime d’une attaque cérébrale en , de nouveau hospitalisé en pour la même raison à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, il meurt chez lui, dans la matinée du des suites d’une crise d’œdème aigu du poumon, entouré de sa sœur Cécile, de son neveu Jean-Louis, et de son secrétaire particulier Pierre Herran. Ses funérailles ont lieu le 19 juin en l’église de Saint-Rémy-lès-Chevreuse (commune où résidait l'humoriste depuis 1963), en présence de nombreuses personnalités, au premier rang desquelles le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres15.
L’hospitalisation et la succession de Devos donnent lieu à une bataille judiciaire entre la famille de l’humoriste et Marie-Christine Roger alias Samantha Lemonnier16. Installée en octobre 2005 au domicile de l'artiste de Saint-Rémy-lès-Chevreuse après qu’il a fait une chute dans sa salle de bains, elle prend en charge la santé du malade, écarte l'entourage qui pourrait s'immiscer entre l’humoriste et elle17. Elle prétend être sa dernière compagne mais elle est qualifiée par les experts judiciaires de « théâtrale, mythomane voire affabulatrice18 » ; elle est condamnée en 2009 pour « usurpation du titre de docteur en médecine19 ».
Le château des Tourelles, maison natale de l'artiste.
« Devos » en néerlandais signifie « le renard ». Mais Raymond Devos est d’origine française, en témoigne son père né à Tourcoing en 1887, son grand-père Charles Devos (administrateur de La Libre Parole) né à Bousbecque en 1841 et sa mère bretonne de Vitré, tous français.
À sa naissance à Mouscron en Belgique, à deux pas de la frontière avec la France, son père le déclare à la maison communale de cette ville où ses parents avaient alors une propriété, le château de Tourelles. Mais son père omet de l'inscrire également au consulat de France. Malgré des papiers d’identité en bonne et due forme, sa situation de fond ne fut jamais régularisée. En 2002, interrogeant à ce sujet le service chargé des Français nés à l'étranger à Nantes, il se vit répondre : « Il n’y a pas de M. Devos sur nos tablettes… »[réf. nécessaire].
L'humoriste traduira cette ambiguïté avec sa verve coutumière : « Je suis né avec un pied en Belgique et un pied en France, c’est pour cela que je marche les pieds écartés20.
Par ordre alphabétique
- 1948 : Le Cirque aux illusions de René Aubert, mise en scène Jan Doat, Théâtre Mouffetard
- 1949 : La Dame d’Avignon de Jean-Charles Pichon, mise en scène France Guy, Théâtre Mouffetard
- 1950 : Poof d'Armand Salacrou, mise en scène Yves Robert, Théâtre Édouard VII
- 1953 : Les Hussards de Pierre-Aristide Bréal, mise en scène Jacques Fabbri, Théâtre des Noctambules
- 1954 : Le Fantôme d'après Plaute, mise en scène Jacques Fabbri, Théâtre de l'Atelier
- 1954 : Les Hussards de Pierre-Aristide Bréal, mise en scène Jacques Fabbri, Théâtre des Célestins
- 1955 : La Famille Arlequin de Claude Santelli, mise en scène Jacques Fabbri, Théâtre du Vieux-Colombier
- 1958 : La Galette des rois de Jean-Bernard Marais, mise en scène de l'auteur, Théâtre Lancry
- 1961 : Les Pupitres de Raymond Devos, mise en scène de l'auteur, Théâtre Fontaine
- 1967 : Extra-Muros de Raymond Devos, mise en scène de l'auteur, Théâtre des Variétés
- 1968 : Ça n’a pas de sens
- 1976 : Sens dessus dessous
- 1989 : À plus d’un titre (Pocket)
- 1991 : Matière à rire, l’intégrale (Orban) (ISBN 978-2855-656083) (regroupe les trois ouvrages précédents)
- 1996 : Un jour sans moi (Plon)
- 2007 : Rêvons de mots (Le Livre de Poche)
- Parler pour ne rien dire
- Ouïe Dire (tiré de À plus d’un titre)
- Jeux de mains
- 1958 : Les cinq dernières minutes de Claude Loursais, épisode : Réactions en chaîne (série TV)
- 1958 : Trente-six chandelles, RTF Télévision
- 1959 : La Clé des champs…, RTF Télévision
- 1964 : Pour le plaisir, (Chaîne inconnue)
- 1969 - 1976 : À bout portant, La 1ère
- 1969 : Vocations, RTF Télévision
- 1976 - 1985 : Apostrophes, Antenne 2
- 1977 : 30 millions d'amis, TF1
- 1977 : Un comique né, de Michel Polac
- 1979 : Numéro un, TF1
- 1981 : Quelqu'un, France Régions 3
- 1982 : Troisième rang de face, France Régions 3
- 1983 : Le Grand Échiquier, Antenne 2
- 1983 : Midi 2, Antenne 2
- 1986 : Projection privée, Antenne 2
- 1989 : Figures, Antenne 2
- 1991 : Sacrée Soirée, TF1
- 1992 : Coucou c’est nous !, TF1
- 1993 : La plus belle nuit de l'Olympia, France 2
- 1994 : C'est votre vie, France 2
- 1994 : Studio Gabriel, France 2
- 2008 : Les Grands du rire, France 3
- 2011 : Vive la télé, Paris Première
- Se coucher tard
- Conseil d’une Espagnole à son jardinier
- Souvenir de vacances d’été pourries (Ah quel été !)
- Le Cordonnier
- Dernier Soupir
- Pas de Java
- À Pierrot (La chanson de Pierrot). Interprète : Félix Leclerc
- Je hais les haies
- Sans dessus dessous
La Fondation Raymond-Devos a reconstitué l'univers de l'artiste dans sa maison de Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines) qui devient un musée ouvert au grand public le 16 novembre 201622.
En hommage à Raymond Devos, le sculpteur Daniel Druet réalise une série de portraits en bronze de l'humoriste intitulée « Vers l'éclat »23.
En 1981, la Monnaie de Paris a édité une médaille en bronze, œuvre de Nicolas Carrega, dédiée à Raymond Devos.
En 2003, le ministère de la Culture et de la Communication français crée le prix Raymond-Devos, destiné à récompenser un travail d’excellence autour de la langue française. Ce prix a récompensé Mohamed Fellag (2003), Jean-Loup Dabadie (2004), les Frères Taloche (2005), Pierre Palmade (2006), François Rollin (2010), Vincent Roca (2011), et Guillaume Gallienne24 (2012).
- ↑ « Site de la Fondation Raymond Devos » [archive]
- ↑ « "J'ai des doutes" un hommage de François Morel à Raymond Devos » [archive], sur France 3 Régions (consulté le )
- ↑ Jean Dufour, Raymond Devos. Funambule des mots, Archipel, , p. 16
- ↑ « Raymond Devos : retour sur la carrière de l'humoriste qui jouait avec les mots », Franceinfo, (lire en ligne [archive], consulté le ) :
« Ce brillant élève qui adore apprendre doit quitter l'école à 14 ans après son certificat d'études. »
- ↑ Raymond Devos a raconté ses souvenirs d’enfance « Si j’ai rêvé de faire du théâtre, c’est parce que mon père nous emmenait au cirque à Mouscron. J’étais fasciné. Avec mes frères, nous avions tracé une piste de cirque dans l’atelier de notre père. »[réf. nécessaire]
- ↑ Il est fait mention de ce quartier dans la chanson de Jacques Brel Les Bourgeois
- ↑ Revenir plus haut en :a et b Jacques Lafitte et Stephen Taylor, Who's Who in France, J. Lafitte, , p. 645
- ↑ « "Devos en musique(s)" : François Morel, Boris Bergman, MC Jean Gab1... album hommage au musicien des mots » [archive], sur Franceinfo, (consulté le )
- ↑ Jean-Loup Chiflet, Dictionnaire amoureux de l'Humour, Plon, , p. 27
- ↑ Guy Dupré, Histoire de rire et de pleurer, Fayard, , p. 21
- ↑ André Clergeat, Philippe Carles et Jean-Louis Comolli, Le Nouveau dictionnaire du Jazz, Paris, Robert Laffont, , 1455 p. (ISBN 978-2-221-11592-3), p. 1303
- ↑ Revenir plus haut en :a b c et d « Raymond Devos » [archive], sur ina.fr.
- ↑ Italiques, deuxième chaîne de l'ORTF, 30 mars 1973
- ↑ Simon Gourmellet, « VIDEO. La carrière de Jacques Chancel en cinq moments forts » [archive], sur francetvinfo.fr, .
- ↑ « Obsèques de Raymond Devos à Saint Rémy-lès-Chevreuse » [archive], sur tempsreel.nouvelobs.com,
- ↑ Bernard Pascuito, Les héritiers, éditions Anne Carrière, , p. 121.
- ↑ « Six mois ferme requis contre la dernière «compagne» de Devos » [archive], sur leparisien.fr, .
- ↑ « Dix-huit mois de prison requis contre la dernière compagne de Raymond Devos » [archive], sur ladepeche.fr, .
- ↑ « La dernière compagne de Raymond Devos condamnée à 5.000 euros d'amende avec sursis » [archive], sur ladepeche.fr, .
- ↑ « "Envoyé spécial" : Raymond Devos, l'acrobate verbale ! » [archive], sur Le Figaro.fr, .
- ↑ Récompenses 1998-2002 [archive] attribuées par le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (Communauté Francophone de Belgique)
- ↑ « La maison de Raymond Devos devient un musée ouvert au public dès le 16 novembre », France TV info Culturebox, (lire en ligne [archive])
- ↑ Vers l'éclat [archive]
- ↑ Discours de remise du prix Raymond Devos par le ministre de la Culture [archive]
Sur les autres projets Wikimedia :
- Michèle Nevert, Devos, à double titre, Presses universitaires de France, 1994.
- Jean Dufour, Raymond Devos, funambule des mots, L'Archipel, 2005.