Une motoneige (également appelée scooter des neiges en France et, par antonomase, Ski-Doo au Québec, habituellement écrit skidoo (marque déposée par BRP) est un petit véhicule motorisé, mû à l'aide d'une ou deux chenilles, et équipé de skis pour la direction. Elle ne nécessite ni route, ni piste. Conçue pour un usage utilitaire ou de loisir, elle est alors utilisée pour la randonnée dans les régions urbanisées du sud des pays nordiques. Son développement au cours du xxe siècle a considérablement modifié les déplacements dans les régions arctiques en remplaçant les moyens de transport traditionnels tels que les traîneaux à chiens ou à rennes en augmentant grandement la mobilité des populations concernées1. Un pilote de motoneige ou une personne pratiquant ce sport est un motoneigiste2.
Photo détaillée des différents éléments d'une motoneige.
Une motoneige a la forme d'un traîneau équipé à l'avant de skis pour la direction et d'une chenille comme système de propulsion sous la partie arrière. Les motoneiges sont propulsées par des moteurs à deux temps refroidis à air ou à eau. Avec l'augmentation de la cylindrée, ils sont progressivement remplacés par des moteurs à quatre temps à refroidissement liquide, nettement moins polluants3,4,5,6. Cependant, les moteurs à deux temps qui sont toujours commercialisés ont été améliorés pour réduire les émissions polluantes, notamment en remplaçant les carburateurs par des systèmes d’injection d'essence3,4,5,6.
La cylindrée des moteurs proposés aux randonneurs, d'un à quatre cylindres, varie de 250 à 1 500 cm36. En 2007, la moyenne des modèles, selon les sites de différents constructeurs, se situe entre 600 et 1 000 cm33,4. Les moteurs utilisés pour les courses (drag), plus puissants, peuvent atteindre 600 ch6, donnant des vitesses de pointe de 200 km/h en moins de cinq secondes avec des cylindrés de plus de 2 500 cm3. Ces grosses cylindrées sont proposées par certains constructeurs au public5.
La transmission est normalement de type à embrayage centrifuge3,4,5. Certains modèles sont dotés également d'une boîte de vitesses permettant la marche arrière et parfois aussi de changer le rapport final de la transmission, surtout dans le cas de motoneiges conçues pour le travail. Sur certains modèles, la marche arrière est rendue possible électroniquement en inversant le sens de rotation du moteur7.
Le système de freinage est généralement composé d'un frein à disque3,4,5 qui peut ralentir ou bloquer la rotation de la chenille selon le besoin. L'étrier est actionné soit mécaniquement (à l'aide d'un câble d'acier) ou hydrauliquement, comme c'est le cas sur la plupart des motocyclettes. Sur certains modèles, l'étrier de frein est refroidi par liquide. Le levier du frein est situé sur la poignée gauche du guidon et le levier d'accélérateur sur la poignée de droite.
La suspension est composée d'amortisseurs et ressorts à lame ou à boudins pour les skis. Les roues dentées de la chenille sont montées sur des ressorts et jambes de force qui absorbent les irrégularités du terrain. Certaines motoneiges plus sophistiquées ou de compétition ont des suspensions plus élaborées.
Le RF-8, un petit modèle datant de la Seconde Guerre mondiale.
Les aerosani, ou traîneaux aériens (aerosleigh ou snow plane en anglais), apparus pour la première fois en 1908 en Russie, figurent parmi les ancêtres du transport motorisé sur neige. Ces véhicules, très légers, étaient constitués de contreplaqué monté sur des skis et propulsés par de vieux moteurs et autres propulseurs d'avion. Certains ont été équipés d'une mitrailleuse sur le toit. Ils pouvaient transporter de quatre à cinq personnes et en remorquer quatre autres sur des skis.
Une petite série de ces aéroglisseurs a été produite au cours de 1915 à 1916 et a été utilisée lors de la Première Guerre mondiale sur le front russe8. Entre 1919 et 1932, les concepteurs développent un certain nombre de modèles d'aéroglisseur qui sont utilisés dans l'économie nationale et dans l'armée soviétique, en particulier durant les années 1940 et 1950. Pendant la Grande Guerre patriotique, l'armée soviétique a été équipée des NKL-16 de transport et des NKL-26 de combat. On note leur utilisation lors de l'opération Iskra en . Ces véhicules, principalement employés sur des lacs gelés, éprouvent des difficultés sur les terrains en pente et dans les neiges poudreuses.
Autoneige B-12 de Bombardier.
Les premiers véhicules motorisés spécifiquement conçus pour la neige furent les autoneiges, de lourds véhicules à cabine fermée, des Ford T modifiées sur lesquelles le train roulant était remplacé par des skis et des chenilles. Même s'il ne fut pas le seul à travailler à leur conception, c'est Joseph-Adalbert Landry9 qui fait breveter l'invention en 1923, au Canada et aux États-Unis. Il avait transformé une automobile et fait le voyage de 40 kilomètres entre Mont-Joli et Rimouski avec son prototype. De 1924 à 1948, une centaine de véhicules de la même série sont produits, essentiellement destinés à l'industrie forestière.
C'est Joseph-Armand Bombardier10, de Valcourt au Québec, qui a eu l'idée de faciliter les déplacements durant la période hivernale. Durant l'hiver 1936-193711,10, il vend ses premières autoneiges B7 (B pour Bombardier et 7 pour sept passagers). Le B7 utilise son brevet du barbotin-chenille (, brevet canadien no 36710412), une roue dentée recouverte de caoutchouc et des chenilles sur les roues arrière. Ce système de traction partiellement en caoutchouc accroît instantanément l'efficacité des véhicules de Bombardier sur neige par rapport aux autres véhicules à chenilles de métal de l'époque. Le B7 est un succès qui ne satisfait pas pour autant son inventeur.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il produit d'imposants fourgons semi-chenillés à bandes de caoutchouc renforcées de lames d'acier pour les troupes13 fondés sur son B-12 (1942). Ils servent ensuite d'ambulances, d'autobus scolaires et de moyens de transport local en hiver en zone rurale, aux côtés de la série des B (B-12 et C-18)14. L'entrée en vigueur d'une loi québécoise obligeant les municipalités à déneiger leurs routes met un terme à ce créneau de vente. Les Industries Bombardier se tournent alors vers le travail en forêt et produisent de grosses chenillettes de transport. Plus tard, elles produisent des véhicules qui servent à damer les pistes de ski et des appareils plus petits comme les chasse-neige de trottoirs15.
L'histoire de sa production est le fruit d’un long travail de recherche réunissant plusieurs inventeurs. Elle commence au tournant des années 1920-1930 par Carl Eliason qui construisit le motor toboggan16,17. Il s'agissait d'un traîneau muni d'un moteur qui entraînait, par chaîne, une courroie de toile comme système de traction. Quelques centaines d'unités seront fabriquées dont certaines achetées en 1942 par l’armée américaine mais qui ne verront pas le front européen18, contrairement aux autoneiges blindées de Bombardier. Durant les années 1950, plusieurs constructeurs produisent des versions mini des autoneiges destinées à quelques particuliers. Ce sont des véhicules lourds, mus par des moteurs quatre cylindres et des chenilles. Le pionnier de la production industrielle de ces véhicules fut l'entreprise Polaris située à Roseau dans le Minnesota et dont les véhicules furent surtout utilisés pour la livraison du courrier dans certaines zones rurales. Le Manitoba fut une terre de prédilection pour ces machines avec les Artic-Glider, Autoboggan, Bosak, Huski-Mobile et Leschasin. Elles sont assez performantes dans la neige durcie par le vent des Prairies canadiennes et du Midwest américain mais ne peuvent avancer dans la neige poudreuse de l'est du continent18.
Un des premiers modèles de
Ski-doo en 1962.
La motoneige telle qu'on la connaît aujourd'hui fut développée par Bombardier à la fin des années 195019. En effet, à la suite de la perte, au cours de l'hiver, d'un fils que Joseph-Armand Bombardier n'avait pu amener à temps à l'hôpital, il rêvait d'équiper les habitants des zones rurales de l'équivalent sur la neige d'une automobile individuelle. Il avait longtemps buté sur le problème du poids du moteur qui rendait l'autoneige individuelle difficilement réalisable. Après le développement de moteurs plus légers et grâce aussi à l'utilisation d'une chenille sans fin révolutionnaire, conçue et brevetée par son fils Germain12, il put en 1959 commercialiser sous le nom de Ski-Doo sa nouvelle invention. Cette motoneige devait originellement s'appeler ski dog, mais le « g » mal imprimé dans le texte envoyé à la société de publicité s'est transformé en « o » dans la campagne publicitaire20,21.
Le véhicule trouve dès le début une clientèle auprès des missionnaires, des trappeurs, des prospecteurs, des arpenteurs et d'autres personnes appelées à se déplacer sur les neiges des régions isolées19. Mais le grand succès se révèle auprès des sportifs et des amateurs de randonnées, un marché qui lui ouvrira les portes de la production de masse19. La popularité du Ski-Doo amène des compétiteurs dans le marché qui rivaliseront de développements techniques pour attirer le chaland. Une des plus curieuses motoneiges produites fut la Larven par Lenko de Östersund en Suède. Ce modèle, produit des années 1960 à la fin des années 1980, se caractérisait par ses petites dimensions avec un moteur central sur lequel le pilote s'asseyait et conduisait avec des skis fixés aux pieds22.
Données : International Snowmobile Manufacturers Association23.
Le nombre de manufacturiers de motoneige a sensiblement évolué depuis ses débuts. En 1959, Bombardier vend 225 unités23 et l'engouement pour le Ski-Doo est rapide durant les années 1960, une période prospère où la classe moyenne migre vers les banlieues, découvre les loisirs et l'automobile. Plusieurs compagnies concurrentes se forment et des multinationales créent des divisions pour produire des motoneiges. En 1971, on compte cent compagnies différentes qui vendent 495 000 motoneiges23, un record à l'époque. Le premier choc pétrolier de 1973 porte un coup de massue à cet enthousiasme. La vente diminue de plus de la moitié pour n'être que de 195 000 en 1977 ; et le nombre de producteurs tombe à six23. La maturation du marché, les récessions économiques, le second choc pétrolier, les changements d'habitudes des consommateurs, les hivers plus doux et l'offre d'autres activités hivernales ont produit un ralentissement dans la vente des motoneiges. On ne compte plus maintenant que quatre manufacturiers importants23,24 :
Et quelques manufacturiers spécialisés comme :
En 2006, il s'est vendu 164 860 motoneiges à travers le monde, dont les trois quarts en Amérique du Nord24. Le reste s'est vendu essentiellement en Scandinavie. Les ventes des véhicules et des équipements connexes (casques, vêtements, remorques, etc.) ont rapporté 28,6 milliards d'USD, donnant de l'emploi à 85 000 personnes dans la production, la vente et le service24. On compte plus de 2,5 millions de propriétaires enregistrés dans le monde avec les états américains du Michigan (374 522), du Minnesota (278 886) et du Wisconsin (215 758) ainsi que les provinces canadiennes du Québec (169 000) et de l'Ontario (168 000) ayant le plus de motoneigistes24.
Selon un sondage de l’Association internationale des manufacturiers de motoneige (ISMA) fait auprès des consommateurs, près de 80 % des utilisateurs de motoneige l'utilisent pour faire de la randonnée, alors qu'environ 20 % l'utilisent pour le travail, la chasse ou la pêche blanche24. La course et les expéditions complètent les autres utilisations possibles de ce véhicule des neiges.
Un
Ski-Doo Bombardier XRS 800
cm3 sautant une dune de neige.
Les premières motoneiges connaissent un succès immédiat dans la région de Valcourt (l'Estrie) au Québec. Les ventes se multiplient dans toute la province et aux provinces environnantes comme l'Ontario et le Nouveau-Brunswick ainsi qu'aux États américains du Nord.
Conçues à l'origine pour le transport utilitaire, ce sont surtout les randonneurs qui font l'acquisition de ces machines. Dès le début des années 1960, les premiers clubs de motoneige se forment27. Ce sont d'abord des regroupements en général très peu structurés, puis, dès 1962, les premiers clubs avec charte et l'Association canadienne de l'autoneige (ACAN) sont créés27. En 1968, on assiste à la fondation du Conseil international de la motoneige (ISC) qui regroupe les fédérations de motoneigistes du Canada et des États-Unis27.
Les premiers adeptes de la motoneige ont été séduits par la liberté de déplacement à travers champs et forêts mais bientôt les propriétaires riverains, notamment les fermiers, se plaignent des dégâts faits à leurs clôtures et terrains, ainsi que du bruit. Les clubs et les fabricants de motoneiges commencent à promouvoir l'aménagement de sentiers consacrés à la pratique de la motoneige. En 1971, Bombardier lance l'Opération Sentiers de Ski-Doo en proposant des surfaceuses à prix de rabais27. Les clubs s'entendent avec les propriétaires intéressés pour obtenir des droits de passage moyennant des redevances et s'équipent pour entretenir les sentiers. Ils se financent en levant des péages sur les sentiers et dans plusieurs juridictions, reçoivent des redevances sur les droits d'immatriculation par les provinces et les États.
Un grand nombre de sentiers à travers le Canada et les États-Unis seront finalement reliés entre eux pour former de véritables réseaux qui traversent ces pays d'ouest en est et du nord au sud. Le sentier trans-canadien date de 1998 mais fut précédé de nombreuses sections dans chacune des provinces et territoires. En 2011, selon un décompte fait par l’ISMA à partir des données fournies par les différents gouvernements des provinces canadiennes et États américains, il y avait un total d'environ 400 000 kilomètres (225 000 milles) de sentiers entretenus en Amérique du Nord24. Un grand nombre empruntent les voies de chemin de fer désaffectées, tracés idéaux pour les pistes cyclables en été et la motoneige en hiver27.
Les motoneigistes, comme les automobilistes, se classent en plusieurs sous-groupes : les promeneurs du dimanche, les casse-cou, les collectionneurs et les adeptes de la modification mécanique. Ces pratiquants représentent une importante ressource économique pour plusieurs régions avec leurs dépenses en équipement, en hébergement et en restauration. L'association des manufacturiers estime qu'une motoneige coûte en moyenne 9 000 USD (en 2006) et roule 1 600 kilomètres par saison. Son propriétaire dépense annuellement 4 000 USD pour ses sorties, dont sept à huit nuits à l'hôtel ou au motel24.
Un grand nombre de motoneigistes vont parcourir de grandes distances avec leur propre motoneige ou en louer une, afin de découvrir de nouveaux paysages. La motoneige constitue l'une des attractions hivernales favorites parmi les touristes européens au Canada, en particulier la randonnée à motoneige ou l'expédition de plusieurs jours pour découvrir une région et il en est de même en Scandinavie : la motoneige devient un outil de promotion touristique de premier plan.
Berger de
rennes en motoneige.
Motoneige
Alpina à double chenille pour le travail en centre de ski.
Dans les zones isolées arctiques, la motoneige est devenue le moyen de transport privilégié en hiver. L'absence de route rend difficile l'accès par d'autres moyens et la rapidité de la motoneige a supplanté le traditionnel traîneau à chiens dans bien des régions. Non seulement les Inuits et les Samis les utilisent, mais également les prospecteurs et les trappeurs dans les régions les plus isolées.
Sur les domaines skiables, on voit les pisteurs-secouristes (patrouilleurs de ski au Québec) et le personnel des stations se déplacer sur ces véhicules très polyvalents qui peuvent affronter des pentes abruptes. Ils servent notamment au transport des blessés, par traction des civières, et à la recherche des skieurs égarés hors des pistes. Des motoneiges plus puissantes vont être utilisées par les hôtels, les restaurants et les refuges en montagne, à proximité des stations de ski, pour le transport des clients et visiteurs. Des remorques légères sur skis peuvent être attelées pour le ravitaillement des postes isolés en montagne. La compagnie Alpina S.R.L., entre autres, fabrique en Italie des motoneiges à deux chenilles spécialisées pour ce travail28.
La motoneige est devenue le moyen de locomotion dans les bases de recherche de l'Antarctique et des expéditions arctiques. L'Américain Ralph Plaisted, un agent d'assurances du Minnesota, organisa la première expédition visant à atteindre le pôle Nord par voie terrestre depuis Robert Peary (1909) et Frederick Cook (1908). En 1966, il obtint l'autorisation du gouvernement canadien de tenter le pôle à partir d'Eureka, dans le Nunavut. En avril 1967, son expédition partit avec dix motoneiges Ski-Doo fournies par Bombardier pour atteindre la position 83° 50′ nord, soit à environ 600 kilomètres de son objectif, en raison des conditions météorologiques29,30.
L'année suivante, il tenta à nouveau sa chance avec de nouvelles motoneiges plus puissantes, des Ski-Doo SUPER Olympique 300 cm3, avec une traction améliorée sur la glace grâce aux crampons de fer à l’intérieur des chenilles de caoutchouc. Plaisted est commandité par Bombardier, le réseau de télévision américain CBS, l'armée canadienne et plusieurs autres groupes d'intérêts canadiens et américains. Il choisit ses coéquipiers en fonction de leurs compétences, dont Gerry Pitzl (navigateur), Walt Pederson (ingénieur mécanique) et Jean-Luc Bombardier, neveu de Joseph-Armand Bombardier (technicien et éclaireur)31.
Ils s'envolent de Montréal vers l'île de Ward HuntNote 1, juste au nord de l'Île d'Ellesmere, soit plus au nord que son départ précédent. Ils partent sur les glaces de l'Océan Arctique le . Ils doivent affronter des froids extrêmes, des crêtes de glace de plus de 12 mètres de hauteur et des crevasses qu'ils doivent contourner. Ils arrivent finalement à leur but le 19 avril à 15 h, après un périple de 1 330 kilomètres. Un avion de la United States Air Force les survole et confirme leur position. Plaisted affirme même que son expédition est vraiment la première à atteindre le pôle Nord par la voie terrestre, compte tenu du doute qui persiste sur la position atteinte lors des précédents voyages de Perry et Cook.
La compétition en motoneige débute lorsque les premiers motoneigistes veulent rivaliser d'adresse et se lancent des défis entre amis. Dès l'apparition des premiers clubs de motoneiges, des courses sont organisées au niveau local, de façon plutôt spontanée. Le succès de ses courses et la forte rivalité entre les très nombreux constructeurs sont à l'origine de compétitions nationales et internationales32.
Dès le milieu des années 1960, les constructeurs les commanditent[pas clair], produisent des modèles spécialement pour ces courses et parrainent des équipes afin d'augmenter les ventes. Il y a création de catégories selon la cylindrée et le type de course : courses de vitesse, de cross, etc. Pour la sécurité des participants, une réglementation voit le jour en Amérique du Nord qui distingue amateurs et professionnels32. En Amérique du Nord, certains champions deviennent aussi célèbres que les pilotes de Formule 1 en sport automobile.
La première crise du pétrole freine l'expansion du réseau de courses dont le nombre va se stabiliser. Les constructeurs se raréfient, les commanditaires diminuent mais les courses demeurent encore populaires. Les équipes d'usine sont remplacées par des coureurs propriétaires qui doivent chercher des commanditaires[pas clair] au cours des années 1970 et 198032. Les fabricants, quant à eux, trouvent néanmoins dans les courses un motif pour poursuivre leurs activités de recherche et de développement sans avoir à investir autant d'argent. Les machines évoluent en termes d'aérodynamisme avec un profil plus bas, des moteurs plus puissants et des améliorations techniques. Dans les années 1990, les sports extrêmes font leur apparition et la motoneige n'échappe pas à ce phénomène32 et la vitesse devient le facteur prédominant : les motoneiges récentes peuvent atteindre désormais des vitesses de 200 km/h, voire 260 km/h pour les modèles de compétition.
Les courses d'hiver sont33 :
- Course sur piste ovale : épreuve historique, lorsque les compétitions se déroulaient sur des lacs gelés. D'abord sur neige durcie, elle se fait depuis les années 1970 sur glace. La piste est longue d'environ un kilomètre et l'on doit faire un nombre déterminé de tours. La course sur piste ovale la plus connue est celle d’Eagle River dans le Wisconsin34 ;
- Cross-country : elle date de la même époque et consiste en un parcours aménagé à travers bois et champs enneigés. La fiabilité est le facteur le plus important de ces compétitions. La plus connue est l’International 500Note 2 qui part de Winnipeg (Manitoba, Canada) et se termine à Saint Paul (Minnesota) (États-Unis). Elle s'est parfois courue dans le sens inverse35 ;
- Course de montagne : comme son nom l'indique, le parcours s'effectue sur terrain accidenté non aménagé avec des pentes raides, de la neige profonde et des zones de glace. Les machines doivent être robustes, rapides et coller à la piste : la technique du pilote est primordiale. Les championnats du monde se déroulent à Jackson Hole dans le Wyoming (États-Unis) ;
- Course d’accélération : sur une piste droite d'une longueur déterminée en neige durcie ou de glace, le pilote doit réaliser le temps le plus rapide, départ arrêté. Les machines atteignent plus de 1 000 cm3 et 230 ch et sont classées selon leur puissance et leurs modifications. Une catégorie dite « ouverte », regroupe toutes les machines ayant fait l'objet de modifications particulières. Les plus connues sont le World Series of Ice Drags et la Minocqua Ice Drags ;
- Course de relais : ce type d'épreuve s’apparente à un raid automobile. Les concurrents s'affrontent sur un parcours non aménagé en pleine nature, sur de longues distances, par étapes. L’une des plus prestigieuses est le raid Harricana (« long chemin » en algonquin), au Québec. Il s’agit d’un raid de plus de 2 000 kilomètres. L’idée fut lancée en 1988 par le Français Nicolas Hulot et son compatriote René Metge, l’un des vainqueurs du Paris-Dakar. Le premier raid Harricana a eu lieu en 1990, de Montréal à Radisson (Baie James)36 ;
- Course de snocross : c'est une course sur piste présentant des obstacles, des sauts et des virages serrés. Similaire au motocross, elle est devenue très populaire. La plus importante course de snocross a lieu pendant les X Games.
Des compétitions de motoneige hors-circuit (freeride) et de sauts sur tremplin (freestyle37) sont également organisées, en particulier dans le cadre des X Games d'hiver.
Il existe aussi des courses hors saison sur d'autres types de terrains38, notamment gazon et asphalte, ainsi que des compétitions de sauts d'obstacles. On note également des compétitions de distance sur plan d'eau avec une prise d'élan initiale sur la terre ferme ; les motoneiges sont équipées d'un réservoir étanche, avec un moteur très puissant et une suspension spéciale38. Cette discipline est communément appelée watercross (ou water-cross)39. Toutes ces compétitions relèvent davantage du spectacle que du sport mais restent néanmoins très populaires38.
Un des plus grands rassemblements de ce genre est celui du Hay Days de Minneapolis, dans le Minnesota avec ses courses d'accélération sur gazon. La compétition Wisconsin Snowmobile Watercross & Summerfest de Granstburg (Wisconsin), qui met en vedette des professionnels et des semi-professionnels dans des courses de cross et d'accélération sur lac, est une épreuve avec remise de prix40.
On trouve plusieurs musées consacrés à la motoneige dont l'un axé sur le sport. Il s'agit du Snowmobile Hall of Fame and Museum41 (Temple de la renommée des courses de motoneige) de Saint-Germain au Wisconsin. On y trouve une collection de machines de course et autres objets de collection liés à ce sport, avec une galerie de photos de champions, dont Gilles Villeneuve qui deviendra un célèbre coureur de Formule 1.
Plusieurs films ont utilisé des motoneiges dans des scènes d'action, citons :
On retrouve la motoneige dans des jeux vidéo dont :
Il existe diverses miniatures utilisant la motoneige comme thème, par exemple :
- divers trophées liés aux courses de motoneiges ;
- la compagnie française de jeux de construction Meccano fabrique un ensemble qui permet de monter un scooter des neiges jouet à l'aide de pièces et de boulons55 ;
- la compagnie Lego offre un ensemble similaire à monter avec des pièces détachées56 ;
- des modèles miniatures de motoneiges de production et qui sont des jouets téléguidés57.
Randonnée de groupe : bruit et pollution.
Comme tout véhicule automobile à combustion interne, la motoneige rejette dans l'atmosphère des gaz qui augmentent la pollution qui importune en premier lieu les randonneurs lors des sorties en groupe et comme pour la motocyclette, son niveau sonore peut être important. Les fabricants ont tout mis en œuvre pour réduire ces inconvénients : le moteur à deux temps est progressivement remplacé par celui à quatre temps plus efficace, moins bruyant et moins polluant. Les motoneiges actuelles sont à 90 % plus silencieuses que celles des années 196024. La réglementation fixe désormais le niveau sonore à 78 décibels à 20 mètres du passage d'une motoneige58. Malgré ces efforts, les nuisances sonores ont encore des effets cumulatifs chez les utilisateurs et répétitifs chez les riverains des pistes59.
Les scientifiques ont averti des dommages causés par le tassement de la neige : l'imperméabilisation de la couche de surface qui crée des problèmes de ruissellement lors des pluies hivernales, la conductivité thermique plus importante qui augmente la profondeur du gel sur les pistes et l'érosion printanière. Les effets sur les animaux sont plus difficiles à évaluer. Les études sont contradictoires sur ce sujet : certains animaux se tiennent loin des sentiers, fuyant le bruit, quand d'autres les utilisent pour leurs déplacements58.
Face à cette problématique, les gouvernements tardent à réagir face au lobby des utilisateurs et des producteurs de motoneiges. Par exemple, le gouvernement canadien n'a légiféré qu'en janvier 2005 afin de diminuer les émissions polluantes60. Des chercheurs indépendants se penchent sur le problème qui mobilise aussi les étudiants de l'École Polytechnique de l'Université de Montréal qui ont soumis un projet de quasiturbine pour améliorer les performances de la motoneige61 ainsi que ceux de l'École de technologie supérieure (ÉTS) de l'Université du Québec qui travaillent depuis 2003 à rendre les motoneiges conventionnelles deux temps plus écologiques (injection directe et utilisation d'éthanol E85)62,63 afin de participer au Clean Snow Mobile Challenge64. La Fédération des clubs de motoneigistes du Québec est partenaire de l'ÉTS et suit de près les essais des futurs ingénieurs, en particulier sur l'utilisation de l’éthanol cellulosique fabriqué à partir des rebuts forestiers et agricoles, évitant ainsi l'utilisation de céréales nécessaires à l’alimentation65.
Motoneigiste en infraction sur une patinoire et promenade publique sur un lac au Québec.
Certains adeptes ont des comportements peu respectueux des autres utilisateurs et de la propriété des riverains des pistes : vitesse excessive, randonnée hors-sentiers qui endommage la végétation et comportement agressif. Excédés par ces comportements, certains résidents ont pris des mesures pour faire cesser l'activité sur les sentiers dépendant de leur secteur et pour faire interdire la motoneige dans les parcs de conservation. En 2004, des propriétaires en bordure du sentier qui passe dans la région des Laurentides, au nord de Montréal, ont obtenu un arrêt de cour afin d'interdire l'accès aux motoneiges66. Dans une intervention inédite, le gouvernement du Québec a promulgué une loi spéciale pour redonner temporairement accès au sentier aux motoneigistes afin de ne pas perturber une activité économique importante dans la région et dans le reste du Québec67.
Une motoneige M7 endommagée après une perte de contrôle.
Comme pour l'automobile, chaque année amène son lot d'accidents mortels, surtout lors de collisions avec d'autres motoneiges ou avec des arbres. On peut citer le cas du Minnesota, où chaque année, environ dix personnes décèdent dans ce type d'accident dont le facteur aggravant reste l'alcool. Par ailleurs, certains motoneigistes ont tendance à croire que le fait d'être en congé et hors de la route les dispensent de respecter l'éthique. En Saskatchewan, sur 25 décès relevés entre 1995 et 1999, 21 étaient liés à l'alcool68.
Les motoneigistes qui pratiquent le hors-piste sont souvent impliqués dans des accidents. On recense également des cas de noyade parmi les conducteurs69. En effet, les sentiers passent parfois sur des lacs ou des cours d'eau gelés. Malgré le travail des bénévoles des clubs de motoneigistes pour baliser les sentiers et signaler les secteurs dangereux, des motoneigistes s'aventurent dans des zones où l'épaisseur de la glace n'est pas suffisante pour supporter le poids des engins, notamment en période de redoux.
La « tolérance zéro » vis-à-vis de la consommation d’alcool et le respect des limitations de vitesse (par exemple 70 km/h en sentier, sauf zone résidentielle à 30 km/h en général) sont primordiaux pour garantir la sécurité à motoneige70. La connaissance des signaux de la main est également très importante pour avertir les autres motoneigistes des obstacles sur la piste ou des manœuvres à effectuer71.
Les règles régissant l'utilisation des motoneiges ont évolué avec la multiplication de ces véhicules, au gré des juridictions. Au Canada72 et aux États-Unis73, les règles routières sont du ressort des provinces et des États, ce qui crée une disparité entre régions. En Scandinavie, chaque pays a sa réglementation74. Les juridictions plus densément peuplées, où les motoneigistes doivent circuler plus fréquemment sur des propriétés privées et traverser le réseau routier, élaborent des règlements plus restrictifs, comme au Québec75.
Les règles s'appliquent à tous les sentiers publics et des policiers sont chargés de les faire respecter comme sur la route. Elles portent sur l'âge, l'immatriculation, les droits payés pour l'utilisation des sentiers, les assurances, les limitations de vitesse et les accessoires de sécurité. En général, dans l'est du continent nord-américain et autour du Midwest, il faut avoir au moins 14 ans pour conduire une motoneige et suivre un cours pour obtenir le permis mais certaines juridictions exigent l'âge minimum de 16 ans72,73. Il est également obligatoire d'être assuré contre la collision et pour la responsabilité civile et porter un casque. Des droits d'accès aux pistes sont inclus ou non dans l'immatriculation72,73.
Dans le Nord canadien comme au Yukon, il n'y a pas d'âge minimum pour la conduite, pas de permis, pas d'immatriculation, pas d'assurances ou de port obligatoire du casque car on considère la motoneige comme un moyen de transport incontournable dans ces zones éloignées72. Dans l'ouest du continent nord-américain, les règles se situent entre ces deux extrêmes, selon l'usage qui est fait de la motoneige et une mentalité libertaire assez largement répandue72,73.
En France, la pratique pour les loisirs est autorisée sur des sentiers balisés dans les stations de sport d'hiver sur le domaine skiable, une fois les pistes fermées. L'activité se pratique à partir de 12 ans en tant que passager et à partir de 18 ans en tant que pilote76. Toute autre utilisation, en particulier sur la voie publique, est interdite sauf en cas de force majeure : tempête de neige qui coupe les accès routiers, usage utilitaire sur un domaine skiable et les lieux autorisés pour des compétitions sportives sur neige77.
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Une motomarine, aussi nommée scooter des mers, moto aquatique ou véhicule nautique à moteur (VNM, selon la terminologie ministérielle en France), est un petit véhicule de loisir nautique que l'on chevauche et qui est propulsé par un hydrojet, lui-même actionné par un moteur à combustion. Souvent, cet engin est désigné par antonomase par les termes jet ski ou sea-doo, deux marques commerciales de motomarines.
On compte deux types de ce véhicule : « à bras » où l'utilisateur se tient debout et contrôle l'appareil avec un bras mobile verticalement muni de poignées de contrôle fixé sur un axe placé à l'avant et « à selle » (le plus connu) qui comporte un siège et un guidon similaire à celui d'une motoneige ou d'une motocyclette. Dans le premier cas, le bras oscillant est mobile sur environ un quart de cercle, dans un axe vertical (de bas en haut et inversement). Le guidon est muni de poignées, d'une gâchette de gaz et d'un coupe-circuit relié au poignet du pilote. Si le pilote tombe à l'eau, le coupe-circuit se détache et le moteur est instantanément coupé. Dans ce second cas, le véhicule est en général pour un conducteur et de un à trois passagers assis sur une selle. Il comporte un guidon, un coupe-circuit, des compartiments de rangements et pour certains modèles : une gâchette de frein permettant à l'engin de freiner sur 30 mètres, ainsi qu'une commande permettant d'enclencher la marche arrière.
Conçue par un avocat américain amateur de motocyclettes, Clayton Jacobson II, elle fut popularisée dans les années 1970 par la compagnie Kawasaki. D'autres constructeurs se joignirent au mouvement dans les années 1980 et la production mondiale depuis 2002 se maintient à près de 80 000 unités par année1. Ce véhicule de plaisance peut servir également pour le sauvetage près des plages, la surveillance maritime, l'accès à des sites biologiques en mer et bien d'autres usages. De nombreuses compétitions de motomarines sont organisées partout dans le monde, souvent commanditées par les compagnies productrices. Comme tout autre véhicule à moteur, elle présente certains inconvénients (pollution sonore, olfactive, hydrocarbures), ce qui entraîne la réglementation de son usage dans de nombreux pays.
Un motomariniste (ou
jetskieur) exécutant des virages
Le terme « Jet Ski », est la propriété de Kawasaki. Il désignait un véhicule commercialisé en 19732, qu'on nommerait aujourd'hui « motomarine à bras » (« stand-up ski »). « Jet Ski » est devenu avec le temps un terme quasi-générique pour désigner aussi bien les véhicules « à selle » que ceux « à bras » par un certain nombre d'utilisateurs. D'autres manufacturiers ont également produit des engins similaires sous les marques Sea-Doo (Bombardier), WaveRunner (Yamaha).
D'autres noms ont été suggérés pour éviter l'usage d'une marque commerciale et l'emprunt à l'anglais. En Europe, l'emploi des termes « scooter des mers » ou « scooter de mer » connaît un certain succès. Depuis 2000, on remarque également l'usage du terme « moto aquatique ». Le terme administratif officiel, peu employé, pour la France est V.N.M. (Véhicule nautique à moteur3). En Europe, le consensus sur les termes n'a pas été trouvé d'utilisation et l'appellation la plus courante reste donc le nom de marque jet-ski/jetski/jet ski et l'utilisateur un « jetskieur ».
Le terme « motomarine » a été recommandé officiellement au Québec par l’Office québécois de la langue française. Il s'y est rapidement imposé car les termes européens n'y sont pas employés. La personne qui pratique la motomarine est appelée « motomariniste » (n.m., n. f.) ou parfois « motomarinier » (n.m.) et « motomarinière » (n.f.)4.
Amanda Water Scooter de 1955, précurseur de la motomarine
Il est difficile de dire quand la première embarcation ressemblant à une motomarine, et non à une chaloupe, a été produite. En 1955, la Vincent Motorcycle Company proposait déjà son Amanda Water Scooter, une embarcation munie d'un siège et d'un guidon. Elle était propulsée par un moteur de 200 cm³ relié à une hélice, plutôt qu’à un hydrojet5. Cependant, l’invention officielle de la motomarine est communément attribuée à Clayton Jacobson II, un avocat américain et avide amateur de motocyclettes, qui rêvait de créer une machine pour faire du ski nautique sans avoir l'obligation d'être tiré par un bateau6,7.
Ses premières versions était construites en aluminium et le guidon mobile n'existait pas8. En 1967, il fut engagé par le constructeur de motoneiges Bombardier pour qui il créa en 1968 une motomarine assise, le Sea-Doo. Cette motomarine avait une quille ronde et de petite largeur par rapport à sa longueur, lui donnant l'aspect d'une tortue quand la quille était immergée. Les ventes ne décollèrent pas avec un moteur de seulement 18 ch, une quille peu performante et des problèmes de fiabilité mécanique. Bombardier abandonna le projet en 1970 pour se concentrer sur son marché principal, les motoneiges, et rendit les droits de l'invention à Jacobson6.
Jacobson fut alors approché par Kawasaki Heavy Industries (KHI). Il vendit les droits d'usage de son brevet à la compagnie et y développa le JetSki en 1973, la première motomarine de type « à bras »8. La première série de JetSki mesurait 2,08 par 0,61 mètres, pesait 100 kilogrammes et était propulsée par un moteur de 398 cm3. La coque en fibre de verre était disponible en deux versions : le modèle WS-AA dont le fond était plat et le modèle WS-AB, plus agressif, avec un fond en V. Environ 550 unités furent fabriquées la première année dont les deux tiers en version WS-AB. Ces véhicules se vendaient 995 dollars US.
Après ce premier succès, Kawasaki et Jacobson se disputèrent la parenté de l'invention : la compagnie argumentait qu'elle n'avait pas eu besoin de son brevet pour développer le véhicule. À la suite d'un procès en 1979, Jacobson fut reconnu l'inventeur9. En 1989, il intenta une autre action contre Kawasaki et deux de ses filiales aux États-Unis. Il alléguait alors que la compagnie avait obtenu un brevet pour le Jet Ski au Japon en nommant deux de ses employés comme les inventeurs. Il gagna contre la compagnie mère en et obtint du jury 7,5 millions de dollars pour dommages, plus 13,5 millions en compensations punitives. En appel, un juge ordonna un nouveau procès9. Finalement, en , les deux parties en arrivèrent à une entente hors-cour dont le montant ne fut pas publié mais qui reconnaissait Jacobson comme l'inventeur une fois pour toutes10.
Bien que certains constructeurs d'embarcations aient mis sur le marché des motomarines utilisant des moteurs hors-bord, comme l’Aquarail, un modèle vendu en « kit » en 197211; Kawasaki demeura le seul producteur de motomarines, telles que nous les connaissons aujourd'hui, jusqu'en 1986 alors que Jacobson a vendu un droit d'utilisation de son invention à Yamaha9. Cette dernière, qui construit des véhicules nautiques depuis les années 1960, produit alors sa première WaveRunner (nommée à ce moment Marine Jet 500T). Il s'agit de la première motomarine à selle au monde, le modèle qui domine maintenant le marché12. Devant le succès obtenu par le Jet Ski, Bombardier décida également de reprendre la production du Sea-Doo en 19887.
En 1992, c'est au tour d'un autre constructeur de motoneiges, la firme américaine Polaris, de se lancer dans ce nouveau marché et remporte un franc succès auprès de la clientèle des États-Unis13. En 1993, Arctic Cat de Thief River Falls dans le Minnesota emboîte le pas avec les jets Tigershark, motorisés par la firme Suzuki13. En 2010, trois constructeurs se partagent l'essentiel du marché : Bombardier, Kawasaki et Yamaha. Les ventes mondiales ont connu une constante progression jusqu'en 1995 alors qu'on a atteint un maximum de 200 000 unités vendues annuellement, la plus grande part étant destinée à l'Amérique du Nord.
Par la suite, la production a décliné pour se stabiliser autour de 79 500 depuis 20021. En 2004, selon l'Association des constructeurs de motomarines la valeur totale des ventes se situait à 733 454 700 dollars américains, le prix d'une motomarine était de 9 226 dollars américains1. On comptait environ 1,5 million de ces véhicules en circulation aux États-Unis seulement1. Depuis le milieu des années 1990, ce sont les motos avec sièges qui constituent la presque totalité des ventes aux États-Unis, les modèles pour trois passagers formant la catégorie la plus en progression1.
Le sport associé à la pratique de la motomarine prend réellement son envol au cours des années 1980 avec des engins développant 440 cm3 et 550 cm3 dont la coque est pratiquement identique à celle des premiers modèles du constructeur japonais Kawasaki. Les 550 cm3 seront disponibles jusqu'au milieu des années 1990, puis remplacés par des modèles plus puissants. La popularité grandissante du sport aux États-Unis imposa l'apparition de l'IJSBA, une fédération mondiale dont le nom était « International Jet Ski Boating Association » à sa création, changé pour « International Jet Sport Boating Association » car le terme « JetSki » est une marque de commerce appartenant à Kawasaki. La compétition mondiale débutera à cette époque à Lake Havasu en Arizona.
L'IJSBA a également une antenne en Europe, l'EJSBA. En parallèle, une autre fédération internationale plus importante encore s'y est développée, l'Union internationale motonautique (UIM), dont le siège se trouve à Monaco. L'UIM organise elle aussi un circuit de coupe du monde et un championnat du monde de motomarine et selon les pays, c'est tantôt à l'UIM tantôt à l'IJSBA que s'affilient les fédérations nationales. Enfin, à la fin des années 1990, l'IFWA (International Freeride Watercraft Association) a été créée aux États-Unis pour règlementer et assurer le développement spécifique de la discipline du freeride, avec là aussi une coupe du monde et un championnat du monde. Le siège de l'IFWA est situé depuis quelques années au Brésil, un pays où la motomarine s'est fortement développé depuis la fin des années 1990.
On distingue plusieurs disciplines : des courses de vitesse en circuit fermé, des courses de vitesse au large (offshore), des courses d'endurance, des épreuves de freestyle (style libre) et de freeride. Pour tous ces types d'épreuves, à l'exception du freestyle, il existe au minimum deux catégories : les jets à selle et les jets à bras. Pour les courses de vitesse, on classe généralement les engins en fonction du degré de modifications autorisées : les modifications mineures entrent dans la catégorie dite « stock », les modifications intermédiaires dans la catégorie dite « limited », et les modifications plus poussées dans la catégorie dite « F1 ». En freestyle et en freeride, ces catégories n'existent pas, on classe les concurrents en fonction du type de motomarine utilisé (à bras ou à selle).
S'il y a de nombreuses nations représentées sur les épreuves internationales, la France et les États-Unis sont les deux pays totalisant le plus de champions du monde, que ce soit au niveau de l'IJSBA, de l'UIM ou de l/IFWA.
Une motomarine « à bras »
La motomarine à bras se différencie de celle à selle par le fait qu’elle est dépourvue de toute assise. Son pilote doit se tenir debout, les pieds sur une plate-forme spécifique nommée baquet. Son guidon est monté sur un bras articulé qui l’accompagne dans ses mouvements verticaux. La motomarine à bras est aussi appelée « stand-up ».
Les différentes pratiques de motomarine à bras sont :
- Freeride : Pratique de la motomarine à bras ou à selle dans les vagues dans le but d'exécuter des figures lors des sauts.
- Freestyle : Pratique de la motomarine à bras sur eau plate dans laquelle le pilote crée lui-même ses vagues en effectuant des aller-retours et se sert de son sillage pour décoller et exécuter des figures similaires à celles du freeride. Cette pratique nécessite une grande puissance à bas régime
- Vitesse : Course de vitesse exécutée sur un circuit matérialisé par des bouées et comparable à une course de MotoGP.
La motomarine à selle, également appelé « scooter des mers » (Europe), est d’un gabarit bien supérieur à la motomarine à bras et munie d’une assise, d’où sa dénomination de motomarine à selle. Elle a été conçue à l'origine pour transporter deux personnes mais on en trouve maintenant à trois et même quatre places. Ce type de motomarine est aussi appelé « Run » en référence au terme « WaveRunner » de Yamaha.
Les différentes pratiques de motomarine à selle sont :
- Vitesse : course de vitesse exécutée sur un circuit matérialisé par des bouées et comparable à une course de MotoGP.
- Offshore ou rallye-raid qui consiste à faire une course sur une longue distance avec des points de contrôle et qui peut durer de 2 à 6 jours (un peu comme un Paris-Dakar).
Diagramme en coupe d'un hydrojet
Hydrojet sur un bateau de police
Les motomarines sont équipées de moteurs qui actionnent une turbine de type hydrojet, aspirant de l’eau à l’avant, la concentrant par turbinage combiné à l'effet venturi, et l’expulsant à l'arrière du véhicule1. Ce jet orientable par le guidon génère le déplacement et permet le changement de direction. Aucune hélice n'est visible à l'extérieur de la coque, ce qui réduit le danger d’accident. Pour un contrôle de direction supplémentaire à basse vitesse, de petites ailettes de gouvernail équipent généralement les modèles à selle1.
Originellement équipées de moteurs deux-temps à carburateur, les motomarines sont maintenant majoritairement munies de moteurs à injection à quatre-temps avec convertisseurs catalytiques1 qui réduisent les gaz polluants et le bruit conformément aux règlements de l’Environmental Protection Agency (EPA) aux États-Unis ou ceux, encore plus stricts, de la Californie14,15. Ces moteurs réduisent en 2008 les émissions de plus de 90 %, par rapport à ceux de 1998, et sont disponibles chez tous les constructeurs depuis 20031. Ils constituent maintenant la majorité des ventes. L’insonorisation des coques, de meilleurs systèmes d’échappement et l’utilisation de matériaux absorbant les vibrations ont permis de réduire le bruit des motomarines de 70 % depuis la fin des années 19901. Si ces améliorations ont réduit sensiblement les nuisances, elles n'ont toutefois pas éliminé totalement les variations sonores dues aux sauts hors de l'eau ou aux pratiques de certains utilisateurs peu scrupuleux.
Couple d'adolescents sur une motomarine de marque
Sea-Doo fonçant sur le Mékong, à Don Det dans le
Si Phan Don,
Laos.
Les motomarines sont agiles, faciles à conduire après une formation appropriée et peu coûteuse. Elles sont plébiscitées par les plaisanciers pour faire des balades sur les lacs et rivières. Les sorties en mer sont tout à fait possibles mais plus techniques et nécessitent un entretien plus poussé. Si les jets à bras sont très instables et nécessitent une bonne expérience en mer, les jets assis, notamment les trois places, sont de plus en plus stables et utilisables en mer, même pour des débutants. Ces machines ont un gabarit qui permet de les transporter sur une remorque tirée par une automobile et, pour les pratiquants occasionnels, elles peuvent être louées sur place. La version à selle est en général assez puissante pour tirer un skieur, sa puissance pouvant atteindre 300ch.
Ces mêmes qualités les rendent attrayantes pour divers usages professionnels. Elles peuvent remplacer les hors-bords et autres embarcations pour les maîtres-nageurs sauveteurs, les biologistes qui étudient la vie marine, les policiers chargés de la surveillance des lacs et rivières, ou les entraîneurs de nageurs et de rameurs de compétition.
L'utilisation de motomarines dans le cadre du sauvetage en mer est de plus en plus répandue car elles sont agiles et rapides et peuvent aller dans des eaux très peu profondes où les bateaux ne pourraient se rendre.
La marine peut également les employer pour des missions de commando ou de patrouille rapprochée.
Des compétitions de motomarines sont organisées sous l'égide d'instances régionales, nationales ou internationales comme l'UIM (Championnat du monde d'aquabike) et l'IJSBA. Il existe des courses de vitesse en circuit fermé autour de bouées, des courses de vitesse en mer (le « Jet offshore »), des courses d'endurance, et des épreuves de freestyle et de freeride16. Il y a eu pendant quelques années des épreuves de slalom parallèle mais celles-ci ont disparu à la fin des années 1990.
Les courses de vitesse au large sont les épreuves qui réunissent le plus de participants (parfois plus de 200 pour les épreuves dites « ouvertes ») mais les pilotes de freestyle et de freeride bénéficient généralement d'une popularité plus importante pour l'aspect spectaculaire de leurs figures. Par ailleurs, ces compétitions se disputent souvent dans des zones pouvant accueillir confortablement les spectateurs.
Quelques grands noms qui ont fait l'histoire de la motomarine en tant que sport17 :
La France compte beaucoup de grands champions dans un sport plutôt marginal dans ce pays. Une prise de conscience environnementale générale et l'augmentation des coûts du carburant ont contribué à prendre ce sport dans un effet ciseau depuis le début des années 2000. Moins bien perçu, il suscite moins de couverture médiatique, moins de commanditaires et le nombre de ses adeptes et compétiteurs a chuté de manière spectaculaire en quelques années.
Il est interdit au moins de 16 ans de conduire une motomarine18. Le règlement peut en interdire l'utilisation totale ou partielle sur certains plans d’eau. Des bouées spécifiques ou des consignes par voie d'affichage informent les plaisanciers de ces restrictions.
Du point de vue de la réglementation française, la motomarine est un « véhicule nautique à moteur » (VNM), utilisable de jour uniquement et à moins de 6 milles marins d'un abri pour les motomarines à selle pouvant embarquer au moins deux personnes, et 2 milles marins d'un abri pour celles à bras3,19. La bande littorale des 300 m est en principe interdite aux VNM qui ne peuvent approcher la terre qu'en utilisant les chenaux traversiers lorsque la zone est balisée ou bien en ligne droite perpendiculaire à la plage lorsque la zone n'est pas balisée. La vitesse maximale dans la bande des 300 m est de toute façon limitée à 5 nœuds. Pour piloter une motomarine, le permis bateau est obligatoire (côtier en mer et fluvial sur les fleuves et lacs), accessible dès 16 ans. Dans les bases agréées, il est possible de naviguer sans permis lors d'initiations ou de randonnées encadrées par des moniteurs diplômés.
Conséquence de la mauvaise réputation des motomarines, surtout dans le sud de la France, la législation de la bande des 300 m, qui dépend des pouvoirs locaux, est de plus en plus restrictive par rapport à celle des autres embarcations marines. Ainsi, les bateaux à moteur, même très puissants, ont le droit de circuler dans la bande des 300 m à une vitesse de 5 nœuds même en dehors de chenaux traversiers alors que les motomarines ne le peuvent pas. Aussi, dans le parc national des Calanques, près de Marseille, les motomarines sont interdites alors que les bateaux à moteur sont acceptés.
La situation est différente sur la côte atlantique ou dans la Manche. En effet, la concentration de motomarines et de plaisanciers étant moindre et les marées rendant l'estimation de la bande de 300 m sans balisage pratiquement impossible, la législation est plus permissive, les motomarines étant considérées comme les autres navires à moteur.
Les motomarines sont interdites sur les lacs d’Annecy et du Bourget20.
En Suisse, la motomarine est totalement interdite21.
Nuisances : bruit, comportement de certains usagers, pollution[modifier | modifier le code]
Au début des années 2000 les motomarines sont à l'origine de tensions avec les autres usagers des plans d'eau (baigneurs, embarcations à rames, voiliers) et certains riverains qui leur reprochaient notamment de produire des nuisances sonores supérieures à celles produites par les autres engins à moteur ou des vitesses excessives à proximité d'autres embarcations ou des rivages22. Contrairement aux autres embarcations qui se déplacent généralement en ligne droite, les jetskieurs ont tendance à évoluer en virages serrés, à faire des accélérations et des sauts. Comme son nom l'indique, la « motomarine » amène sur l'eau l'univers de la moto terrestre : les notions de pilotage, l'envie et la possibilité de se faire plaisir de manière sportive, ainsi que des codes esthétiques propres à cet univers.
Des actions ont permis d'interdire ou de restreindre l'accès des motomarines dans certaines zones naturelles particulièrement sensibles (zones naturelles protégées notamment). Au Canada par exemple, la sénatrice Mira Spivak a tenté à cinq reprises entre 2001 et 2008 de faire passer un projet de loi visant à contrôler l'usage des plans d'eau par les motomarines en permettant aux communautés riveraines de faire une demande d'interdiction23,24 mais ses propositions n'ont jamais été retenues, faute d'éléments tangibles pour étayer son dossier (mesures, études d'incidence) et le législateur a préféré laisser aux provinces et aux localités le soin d'appliquer des règles particulières de navigation sur leur plan d'eau. Plusieurs États américains ont également mis en place des législations interdisant leur usage sur des lacs de moins de 30 hectares (75 acres)23.
En France, la navigation en motomarines en mer n'a été interdite qu'en baie de Somme25, créant un précédent unique dans la mesure où des propositions similaires ont toutes été rejetées sur d'autres sites naturels d'exception comme le golfe du Morbihan ou le bassin d'Arcachon. La raison étant que la baie de Somme constitue un point de chute capital et de première importance en Europe pour sept espèces d'oiseaux migrateurs et pour la réintroduction des phoques et veaux marins. Certains riverains des plans d'eau et protecteurs de la faune marine en France continuent en 2021 de pointer du doigt les nuisances occasionnées26.
- Améliorations
Les fabricants de motomarines ont réagi dès 1998 et ont engagé une refonte profonde de la conception des engins. Ils les ont progressivement équipées de moteurs quatre-temps, qui représentent la totalité des motomarines vendues au public depuis 2006 (il existe quelques modèles deux-temps mais ceux-ci sont réservés à un usage en compétition dans le cadre d'une discipline bien spécifique : le freestyle). Les moteurs quatre-temps émettent 70 % moins de bruit que les anciens moteurs à deux temps27 et leur sonorité est beaucoup moins aiguë du fait que le régime moyen et maximum des moteurs 4-temps est trois à quatre fois moins élevé (valeur moyenne du couple maxi : 3 000 tr/min en quatre-temps, 10 500 tr/min en deux-temps). Par ailleurs, les fabricants ont travaillé sur l'isolation sonore à l'intérieur du compartiment moteur, introduit des pots catalytiques, de sorte que les émissions polluantes ont également baissé de 90 %. Dès lors, on n'observe peu de démarches anti-motomarine depuis 2009 et on parle même de la réintroduire sur certains lacs aux États-Unis où elle avait été interdite quelques années antérieurement27.
Le plein de carburant peut se faire dans la grande majorité des cas dans des stations-service terrestres, ce qui évite les risques de fuite de carburants contrairement aux bateaux qui le font à des stations à quai.
Comme n'importe quel véhicule, les motomarines sont sujettes à de mauvaises utilisations, aux bris mécaniques et aux accidents et leur conduite présente un risque supplémentaire pour les néophytes qui le considèrent comme un avantage : leur manœuvrabilité. En effet, le mouvement du guidon change la direction d'éjection de l'hydrojet. Plus le régime du moteur est élevé, plus le changement de direction est vif et efficace. Si le moteur s'arrête subitement, il y a perte complète de maîtrise de la direction. En cas d'évitement d'urgence, le conducteur doit donc accélérer pour avoir une meilleure manœuvrabilité, ce qui n'est pas intuitif chez les pilotes inexpérimentés et peut causer des accidents23,28. Comme mentionné antérieurement, certains modèles sont aujourd'hui équipés d'ailettes de gouvernail pour remédier à ce problème.
Leur mode de propulsion représente aussi un risque particulier bien que très rare : un passager qui tombe à l'arrière d'une motomarine est soumis au jet puissant venant de la turbine. S'il n'est pas équipé d'un vêtement protecteur , comme une combinaison en néoprène, l'eau peut s'infiltrer dans son organisme et causer des dommages importants allant jusqu'à la mort28,29. Par exemple, un passager de seize ans est mort à la suite d'une chute derrière une motomarine en Illinois. L'autopsie a révélé que la cause principale du décès est un syndrome du choc toxique causé par une infection bactérienne à la suite du déchirement de l'anus par le jet30. Dans un autre cas en 2006, un jury du Comté de Napa, en Californie, a condamné Polaris Industries à verser 3,7 millions de dollars en dommages et intérêts à une victime qui a survécu à un tel accident mais souffre de handicaps importants comme l'incontinence fécale31.
Si le jet d'eau lors d’accélérations peut donc présenter un danger pour les personnes mal équipées, l'hélice protégée permet cependant d'éviter des accidents de découpe. En effet, les motomarines possèdent des hélices carénées protégées par une grille. Par ailleurs, la turbine d'un jetski est à l'intérieur de la coque et n'est immergée que de quelques centimètre, contrairement à un bateau dont l'hélice qui l'est assez profondément, pouvant menacer à la fois les baigneurs, la faune sous-marine ou des équipements (parcs ostréicoles, filets dérivants, etc).
Dans une eau polluée (fréquente dans les ports, les estuaires, les canaux ou à proximité d'émissaires immergés ou d'autres exutoires d'eaux usées ou de stations d'épuration ou de ruissellement), l'exposition aux embruns et gouttelettes générés par les vagues, ou le moteur et le véhicule lui-même, ou l'ingestion involontaire d'eau en cas de chute, le risque d'infection (otites, infections pulmonaires, diarrhées et autres maladies gastro-intestinales ou MGI) augmente significativement32.
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