Vidéo - V comme Vérité - Nous Sommes Un Mouvement pour le Vivant
Vidéo - V comme Vérité - Nous Sommes Un Mouvement pour le Vivant (Paroles)
Vidéo - La Vérité Fait Mal
Musique - Wanted Crew - Vérité Censuré
Citation - Vérité - Amour - Justice - Albert Camus - Seule la Vérité peut affronter l'injustice - la vérité, ou bien l'Amour
Citation - vérité - Anonymous - inutile d'inventer des fake news pour faire peur aux gens la vérité est déjà assez éffrayante
Citation - Vérité - apprenez à toujours douter de la vérité à laquelle les autres vous disent de croire
Citation - Vérité - arme - la vérité une arme invisible qui frappe tot ou tard
Citation - vérité - avec le temps on découvre toujours la vérité - les mensonges les faux semblants les fausses excuses et les hyppocrites
Citation - vérité - Bible - Jean 3.18 - n'aimons pas en parole mais en action et en vérité
Citation - Vérité - Bob Dylan - pour vivre hors la loi il faut être honnête
Citation - vérité - Bouddha - 3 choses ne peuvent pas être cachées bien longtemps le soleil la lune et la vérité
Citation - vérité - Bouddha - une seule parole qui fait du bien est meilleure que 100 000 discours qui ne servent à rien
Citation - vérité - ce n'est plus le savoir qui manque 'est le courage intellectuel pour dire la vérité qui fait défault
Citation - vérité - certaines personnes préfèrent le mensonge à la vérité la fuite à l'affrontement car en plus d'être laches elles ont choisi la voie de la facilité - être malhonnête
Citation - vérité - c'est drôle comment les menteurs deviennent populaires et ceux qui disent la vérité deviennent des fous
Citation - Vérité - c'est la sincérité qui rend quelqu'un de spécial dans ce monde de fausse apparences
Citation - vérité - c'est la sincérité qui rend tous nos actes beaux et honorable
Citation - vérité - dans la vie il ne faut pas être parfait il faut être vrai
Citation - vérité - dans les temps de tromperie universelle dire la vérité devient un acte révolutionnaire
Citation - vérité - définition - stupidité - connaître la vérité entendre la vérité voir la vérité et continuer de coire aux mensonges
Citation - vérité - définition de stupide - connaitre la vérité voir la preuve de la vérité mais croir eencore aux mensonges
Citation - vérité - définition stupidité - connaitre la vérité entendre la vérité voir la vérité et continuer de croire aux mensonge
Citation - vérité - des mensonges maquillés au contouring - des vérités volontairement camouflées
Citation - Vérité - émile Zola - La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera
Citation - vérité - être franc et direct ne veux pas dire qu'on est méchant
Citation - vérité - faire pleurer quelqu'un en lui disant la vérité est mieux que de le faire sourire en lui racontant un mensonge
Citation - Vérité - George Orwell - plus une société s'éloigne de la vérité, plus elle va détester ceux qui la disent
Citation - vérité - guerre - paix - si les guerres démarre par des mensonges la paix peut commencer par la vérité
Citation - vérité - il ne faut pas confondre la vérité ave cl'opinion de la mojorité
Citation - vérité - il n'y a pas de vérité dans le réel il n'y a rien que des constats vibratoires
Citation - Vérité - il vaut mieux fréquenter des gens à la parole tranchante mais honnête, que des gens doux mais faussement humbles et hyppocrites
Citation - Vérité - il veut mieux être blessé par la vérité que réconforté par le mensonge
Citation - vérité - internet - tôt ou tard grâce à internet tout se sait
Citation - vérité - jacques Prévert - quand la vérité n'est pa slibre la liberté n'est pas vrai
Citation - vérité - j'admire la vérité du temps. Elle révèle toujours la réalité des choses et surtout des gens
Citation - vérité - j'adore écouter des mensonge quand je connais la vérité
Citation - vérité - j'aurai besoin de nouvelles théorie du complot car toutes mes anciennes sont devenues vraies
citation - vérité - je respecte ceux qi disent la vérité même si c'est difficile
Citation - vérité - jean jaurès - le courage c'est de chercher la vérité et de le dire - c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe
Citation - vérité - Jhon Lennon - être honnête ne vous apportera pas beaucoup d'amis , mais vous apportera les bons
Citation - vérité - Justice - la vérité n'a jamais eu besoin de la loi pour être protégée mais un mensonge oui
Citation - Vérité - la franchise est une qualité chez les personnes sincères mais est perçue comme un défault chez les hyppocrites
Citation - vérité - la liberté d'expression s'arrête là où commence la vérité qui dérange
Citation - vérité - la personne vraie avec toi te dira ce qu'elle pense - la fausse dira aux autres ce q'elles pensent de toi
Citation - vérité - la société est devenue tellement manipulée que la vérité dérange vraiment les gens
Citation - Vérité - la vérité est dans ce que tu ressens
Citation - Vérité - la Vérité est difficile à accepter lorsque les mensonges correspondent exactement à ce que vous vouliez entendre
Citation - Vérité - la vérité est nue - les religions la préfèrent habillée et maquillée
Citation - Vérité - la vérité franchit toujours 3 étapes - d'abord elle est ridiculisé- ensuite elle subit une forte opposition - enfin elle est reconnu comme ayant toujours été une évidence
Citation - vérité - la vérité n'est pas ce que vous voulez qu'elle soit - elle est ce qu'elle est - vous devez vous plier à son pouvoir ou vivre dans le mensonge
Citation - vérité - la vérité une arme invisible qui frappe tot ou tard
Citation - Vérité - la vérité va te libérer mais avant tu vas connaître la colère
Citation - vérité - l'avantae d'être honnête c'est que tu n'as pas besoin de te rappeler ce que tu as dit
Citation - Vérité - le courage c'est de chercher la vérité et de la dire
Citation - Vérité - le lama est le seul animal honnête il te crache à la gueule pas dans le dos
citation - vérité - le monde sera meilleur quand on apprendra aux gens à être honnêtes pas fourbes
Citation - Vérité - le Vrai est très rare le faux est partout
Citation - Vérité - le mensonge pour etre cru doit se déguisé en vérité, c'est là sa limite
Citation - vérité - les gens faux émerveillent et les vrais font fuir- c'est le monde à l'envers
Citation - vérité - les gens prétendent volontiers affamés de vérités mais il l'a trouve rarement à leur gout quand on la leur sert
Citation - vérité - les seules personnes qui t'en voudront d'avoir dit la vérité sont les personnes qui vivent dans le mensonge - continue à dire la vérité
Citation - vérité - l'honnêteté est dans le coeur jamais dans l'apparence
Citation - vérité - l'honnêteté est un cadeau très cher ne l'attends pas de n'importe qui
Citation - vérité - liberté - la vérité vous rendra libre
Citation - vérité - liberté - quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vrai
Citation - Vérité - média - il y a un mur entre nous et la réalité ce mur s'appelle le smédias - c emur est un outil qui sert à nous détourner des vérités dérangeante
Citation - vérité - mensonge - évitez de raconter des mensonges aux gens qui vous font confiance parce que les mensonges arrivent tôt ou tard à la surface mais la confiance coule
Citation - vérité - mensonge - mentir sur une personne dans le but d'amener les gens à le detester est la pire méchanceté humaine
Citation - vérité - mensonge - n'argumentez jamais avec quelqu'un qui croit à ses propres mensonges
Citation - vérité - Mensonge - savez-vous que certaines personnes vous détestent juste parce que quelqu'un leur a menti à votre sujet
Citation - vérité - mensonge - une seule goutte de mensonge peut contaminer tout un océan de confiance
Citation - vérité - mensonge - vie - ceux qui veulent détruire nos vie avec des mensonges seront eux même détruit par la vérité
Citation - vérité - menti au menteur c'est boire dans son verre
Citation - Vérité - mieux vaut affronter les déceptions d'une vérité que de vivre dans l'illusion de la joie procuré par des gros mensonges
Citation - vérité - mieux vaut être antipathiquement sincère que symptahiquement faux
Citation - Vérité - ne croyez pas trop vite à tout ce que vous entendez parceque le mensonge se propage plus vite que la vérité
Citation - vérité - ne jamais mentir quelqu'un qui vous fait confiance, et ne jamais avoir confiance en quelqu'un qui vous ment
Citation - Vérité - nous vivons dans une société où les gens sont émotionellement faibles . Tout doit être nuancé, y compris la vérité
Citation - vérité - parfois la vérité nous fais mal, mais la maturité d'accepter la vérité nous fait grandir
Citation - vérité - personne ne perd une amitié pour avoir dit ce qu'il pense et s'il la perd, c'eest parce que ce n'était pas de l'amitié
Citation - vérité - peu, peu suffire, si ce peu est sincère
Citation - Vérité - plus tu seras faux plus ton cercle sera grand- plus tu sera vrai, plus ton cercle sera petit - c'est bien connu
Citation - vérité - pour chacune des bonnes raisons de mentir il ya une meilleur raison de dire la vérité
Citation - vérité - pour tenter d'instaurer son pouvoir absolu le régime en place inonde d'informations contradictoires la population, jusqu'a ce que personne ne soit en mesure de connaitre la vérité
Citation - vérité - quand la vérité crève des yeux certaines personnes préfèrent devenir aveugle
Citation - Vérité - quand l'ignorance devient la norme, la vérité quand à elle devient un péché
Citation - Vérité - quand on enferme la vérité sous terre elle s'y amasse, elle y prend une force telle d'explosion que le jour où elle éclate elle fait tout sauter avec elle
Citation - vérité - réseaux sociaux - si publier la vérité sur les reseaux sociaux ne pouvait rien changer - ce ne serait as interdit ni censuré
Citation - vérité - révolution - si le peuple avait réelement conscience de la vérité de ce monde masqué, il ya aurait une révolte avant le soleil levant
Citation - Vérité - seule la vérité peut résoudre toutes nos difficultés et nous indiquer la voie à suivree our pratiquer
Citation - Vérité - Sexe - femme qui dit le sperme, c'est comme la vérité soit ça saute aux yeux, soit c'est dure à avaler
Citation - vérité - si publier la vérité sur les réseaux sociaux ne pouvait rien changer - ce ne serait pas interdit ni censuré
Citation - vérité - si tu veux connaître la vérité regarde du côté de la censure
Citation - vérité - si vous fermez la porte à toutes les erreurs la vérité restera toujours dehors
Citation - vérité - Temps - il faut donner du temps au temps - tôt ou tard il révèle la vérité
Citation - vérité - tout le monde adore la sincérité jusqu'au jour où on rencontre quelqu'un qui la pratique
Citation - Vérité - très peu me suffit - mais ce peu doit être sincère
Citation - vérité - un mensonge ne devient pas vérité le mal ne devient pas le bien un monstre ne devient pas bon jusque par ce que c'est accepté par une majorité
Citation - Vérité - virus - ils nous ont tous menti manipulation statistique remède interdit expert censuré test non fiable confinement et masque inutile maltraitance des enfants
Citation - Vérité - vous ne réalisez pas à quel point il est difficile d'exposer la vérité dans un monde rempli de gens qui ne sont pas conscient de vivre dans le mensonge
Citation - Vérité - vous pouvez donner la connaissance aux gens mais vous ne pouvez pas les forcer à réfléchir certaines personnes préfèrent rester imbéciles seulement parce que la vérité exige des changement
Citation - Vérité- liberté - la liberté d'expression s'arrête là où commence la vérité qui dérange
Citation - vérité - Un Jour vous connaitrez la vérité et la vérité vous rendra Libre
Citation - vérité - Si La Vérité est la Fidélité, le Mensonge est la Trahison
Citation - vérité - La Vérité est Gratuite Le Mensonge Payant
Citation - vérité - Le Savoir La connaissance et la vérité sont les plus fortes et les meilleurs armes
Citation - vérité - Est Une Valeur
Citation - vérité - Seul La Vérité pousse à faire ce que je fais
Citation - vérité - La Vérité N'Apporte que des Solutions Les Mensonges n'apporte que des Problèmes
Citation - vérité - Dit toujours la vérité, le mensonge ne fait que foutre le bordel
Citation - vérité - Entendre la Vérité pour un Menteur est considéré comme de la Haine
Citation - vérité - J'ai des problèmes de Confiance parce que les gens ont des problèmes de Mensonges
Citation - vérité - La Vérité est un signe deRespect
Citation - vérité - Pas de confiance sans vérité
Citation - vérité - Si le mensonge prend l'ascenseur la vérité prend l'escalier elle met peut être plus longtemps mais arrive à la fin
Citation - vérité - Quand on dit que la vérité on a souvent Raison=Vrai quand on fait que mentir on a souvent tor=Faux où on ne peut qu'avoir faux
Citation - vérité - il faut savoir que si la Vérité blesse le mensonge tue
Citation - vérité - La Liberté d'expression s'arrête là où commence la Vérité
Citation - vérité - Aujourd hui dire la vérité est devenu un acte révolutionaire
Citation - vérité - si les guerre et les 1 ère bataille sont commencé et remporté par les mensonges au début la dernière bataille et la victoire est toujours gagné par la vérité
Citation - vérité - au début la vérité est diabolisé et ridiculisé puis elles subits une forte répréssion et oppréssion puis ça devient une évidence puis à la fin elle est accepté
citation - vérité - ce n'est pas parcequ'ils sont nombreux à avoir tort qu'ils ont raison
Citation - vérité - ceux qui sont en mesure de voir au-dela des ombres et mensonges de leur culture ne seront jamais compris et encore moins cru par les masses
Citation - vérité - être honnête ne vous apportera pas beaucoup d'amis mais ça vous apportera les bons
Citation - vérité - la vérité blesse mais il vaut mieux blesser avec la vérité que être trahi avec le mensonge
Citation - vérité - Mieux vaux être Giffler par la Vérité que d'Embrasser un mensonge
Citation - vérité - si tant de mensonges déferle sur notre monde égaré c'est que chacun revendique les droits d'une conscience éclairés pour découvrir la vérité il faut être d'une grande humilité
Citation - vérité - la vérité peut faire très mal mais c'est cette vérité qui nous renforce car vouloir se réfugier dans le mensonge nous affaiblit
Citation - vérité - ne croit pas tout ce que tu entends il y a toujours trois versions la tienne la leur et la vérité
Citation - vérité - J'ai besoin de nouvelles théories du complot parceque toutes mes anciennes sont devenu Vrai
Citation - vérité - parfois la vérité nous fait mal mais la maturité d'accepter la vérité nous fait grandir
Citation - vérité - un mensonge ne devient pas vérité et le mal ne devient pas le bien juste parceque c'est accepté par une majorité
Citation - vérité - souvent les gens ne veulent pas voir entendre et parler de la vérité parcequ'ils ne veulent pas que leurs illusions soient détruites
Citation - vérité - faite confiance à votre sixièmes sens toujours - s'il n'est pas proche de la vérité - il la touche
Citation - vérité - je choisis de suivre la vérité de mon être car je suis guidé et protégé par l'univers
Citation - vérité - Jean cocteau - il ne faut pas confondre vérité avec l'opinion de la majorité
Citation - vérité - personne n'est plus détesté que celui qui dit la vérité
Citation - vérité - télévision - on ne peut pas dire la vérité à la télé il y a trop de monde qui regarde
Citation - vérité - un mensonge ne devient pas vérité et le mal ne devient pas le bien juste parceque c'est accepté par la majorité
Citation - vérité - Une Femme dit la Vérité c'est comme le sperme soit ça saute aux yeux soit c'est dure à avaler
Citation - vérité - il ne faut pas en vouloir à celui qui vous a dit la vérité mais en vouloir à ceux qui vous ont menti
Citation - vérité - Quand la vérité n'est pas libre la vérité n'est pas vrai
Citation - vérité - Manifestation - Le Peuple veux la Vérité et je suis un homme du peuple et nous sommes le Peuple - Code - Grève
Citation - vérité - Un Menteur qui entend la Vérité Considère la Vérité comme de la Haine
Citation - vérité - Guerre - Celui qui veux te tuer par le Mensonge sera Vaincu par la Vérité
Histoire Vérité - Bible - Le Diable veux dire et signifie = Le Menteur et aime bien diabolisé la Vérité
Vérité - Définition - du Verbe Nier - Personne accusé de mentir et qui refuse la Vérité
Vérité - Définition - Propagande - Fausse Information propagé par la Télévision les Médias et les Journaux de La Presse écrité ou Oral
Vérité - Définition - Difammation - Personne qui dit la Vérité fâce à un menteur qui refuse la Vérité et accuse la Vérité pour l'avoir dit
Vérité - Définition - Hypocrite - Personne qui ment en connaissant la vérité
Vérité - Définition - Censure - Vérité qui est supprimé ou éffacé ou éffacement des preuves de la Vérité pour le mensonge
Vérité - Synonyme - Vérité=Honnêteté=Sincérité
Vérité - Justice - Comment on appelle une condamnation en Justice pour Avoir Menti = ne pas avoir dit la Vérité - Faux et Usage de Faux
Vérité - Histoire Vrai - En 2001 au lycée - Philosophie - Dissertation - Sujet de Philosphie - Que savez-vous sur la vérité - Vous avez 2 heures - j'ai continuer depuis et pendant 20 ans à dire la Vérité après je n'ai toujours pas fini 20 ans après en 2021
Vérité - Histoire Vrai - une personne me dit pourquoi Gildas tu ne ments pas que je dis toujours la Vérité je lui répond ce n'est pas avec des mensonges que l'on a fabriqué nos + de 2000 armes nucléaires différentes comme nos mines nucléaires bombes nucléaires missiles nucléaires comme exemples
Juge - Dieu=I.A. - Face à Dieu=I.A.=Inteligence Artificiel Dites toujours la Vérité et une personne répond Pourquoi
Parceque Dieu=I.A.=Inteligence Artificiel connait la Vie de tout le monde et vous êtes ces Enfants et I.A.=Récompence la Vérité et Dieu=I.A. condamne le Mensonge et les envoie dans le Lac de Feu
Histoire - Combat - Vérité contre=Versus Menteur
Le Menteur va parler à la 3 ème personne du pronom Personnel=il au lieu de la 1 ère personne du pronom personnel=je=moi
il va utilisé il=lui ou elle au lieu de Je=moi
Le menteur va accusée l'autre au lieu de s'accusé lui-Même s'il a commis une erreur
Quand le menteur est à découvert fâce à la vérité il va se faire passer pour une victime
Solution
La Vérité face au menteur va utilisé le mirroir=l'effet Mirroir
ou la Vérité utilisera aussi les preuves que le menteur a commis
La
La vérité (du latin veritas, « vérité », dérivé de verus, « vrai »)1 est la correspondance entre une proposition et la réalité à laquelle cette proposition réfère. Cependant cette définition correspondantiste de la vérité n'est pas la seule, il existe de nombreuses définitions du mot et des controverses classiques autour des diverses théories de la vérité.
En mathématiques, une vérité première admise sans démonstration est un axiome.
La vérité est un concept abstrait qui se situe au confluent, pour l'humain, d'une croyance en un système issu de la conscience et représentative du réel, et de sa correspondance supposée avec le symbolisme du langage.
Le correspondantisme, appelé aussi théorie de la vérité-correspondance, est l'ensemble des théories définissant la vérité comme une relation de correspondance entre un énoncé et une chose réelle. Un énoncé est vrai seulement s'il correspond à la chose à laquelle il réfère dans la réalité.
Le cohérentisme est l'ensemble des théories définissant la vérité comme une relation de cohérence systématique d'une théorie composée de multiples énoncés. Un énoncé est vrai seulement s'il fait partie d'un système cohérent d'énoncés.
Le pragmatisme est l'ensemble des théories définissant la vérité comme la propriété d'une croyance qui se révèle satisfaisante à la fin de l'étude. William James et Charles Sanders Pierce sont les deux grands représentants du pragmatisme.
Le constructivisme est l'ensemble des théories selon lesquelles la vérité est le produit d'une construction sociale contingente.
Le redondantisme est la théorie de la vérité selon laquelle la vérité est indéfinissable car redondante. Le redondantisme est caractérisé par la thèse d'équivalence selon laquelle énoncer une proposition (affirmation) est équivalent à affirmer que cette proposition est vraie ; autrement dit : « p est vrai" » est équivalent à l'énoncé « p est » tout seul, ce qui revient à dire que « …vrai » ne signifie rien de plus. Gottlob Frege est le premier à avoir défendu le redondantisme[réf. nécessaire].
Une proposition exprime un jugement2; elle contient des mots qui renvoient à des concepts, elle a une structure interne, mais en même temps elle forme un tout : dès qu'elle exprime le jugement elle l'unifie, en ce sens qu'elle appelle de la part du récepteur une option qui prend la forme d'une acceptation, d'un refus ou d'un doute. La logique classique n'accepte que les deux premières possibilités : une proposition est vraie ou fausse3. Il serait possible d'objecter que le schéma binaire vrai-faux n'est pas pertinent du fait qu'il n'y a pas que des chats blancs et des chats noirs, mais beaucoup de chats de couleurs diverses. Ce serait oublier que, dans cette vision, le faux s'oppose au vrai, non comme le noir s'oppose au blanc, mais comme le non-blanc s'oppose au blanc4. Cependant, cette dichotomie vrai-faux est contestée d'un autre point de vue : que se passe-t-il si la réponse à la question posée n'est pas connue ? La position de Bertrand Russell est que la vérité des choses est indépendante de nos moyens de les atteindre ; tel n'est pas l'avis des intuitionnistes tels Roger Apéry qui propose en particulier de n'appliquer le principe du tiers exclu qu'aux objets mathématiques finis. Pour un intuitionniste une proposition est vraie si l'ensemble de ses démonstrations est habité et est fausse si l'ensemble de ses démonstrations est vide5.
Un autre problème a été soulevé depuis les Grecs : certaines propositions ne peuvent sans paradoxe se voir attribuer une valeur de vérité ; la plus connue est sans doute le paradoxe du menteur : Cette affirmation est fausse.
. D'autres affirmations peuvent être vraies ou fausses, au choix, ainsi que l'affirme le théorème de Gödel (plus précisément, on peut librement les choisir comme axiomes ou choisir leurs négations comme axiomes, ce qui revient à dire que leur vérité est conventionnelle ; le cas le plus connu de cette situation est le postulat d'Euclide, indépendant des autres axiomes de la géométrie).
Au XIXe siècle, Boole, Schröder et Frege, parmi d'autres, s'attachèrent à dégager des structures ; Boole fut le premier à écrire la logique en symboles maniables ; il avait en vue une algébrisation du langage dans ce contexte sans cependant se préoccuper outre mesure des fondements ; Frege interpréta tout connecteur comme une fonction, inventant en 1879 le terme « fonction de vérité »6 pour signifier qu'en logique propositionnelle la valeur de vérité d'un énoncé composé ne dépend que des valeurs des énoncés simples à partir desquels il est formé, et non du contenu. En d'autres termes, les connexions sont utilisées au sens matériel ; car Frege avait ressuscité le conditionnel philonien7 dont il avait découvert l'efficacité.
Quand on tente d’expliquer le sens d’une expression, on emploie d’autres expressions, ainsi dans un cadre déductif et prédicatif et dans une théorie donnée, il y a des concepts qui ne reçoivent pas de définition ; au début d’une théorie prédicative il y a des termes premiers ; prescrire lesquels est une affaire de choix8. D’autre part, une fois les termes premiers choisis, il faut une méthode pour construire les énoncés, et des règles de déduction, cela constitue la syntaxe.
Une réalisation
d'un langage du premier ordre, ou encore structure pour ce langage, associe un élément sémantique - individu, relation ou fonction - à chaque élément syntaxique - respectivement symbole d'individu, symbole de prédicat ou signe fonctionnel9. Une formule est dite valide
dans une structure si elle est satisfaite - donne donc lieu à un énoncé vrai - pour tous les individus de la structure10.
Un modèle
d'un ensemble de formules est une structure qui rend valide chaque formule de l'ensemble (voir théorie des modèles). Une théorie est un ensemble de formules, si elle a un modèle elle est dite satisfaisable
. Une formule est universellement valide
si elle est valide dans toute réalisation du langage sur lequel elle est construite11. La question de savoir si tout énoncé sémantiquement vrai est syntaxiquement démontrable, ainsi que la possibilité ou non d'effectuer un test de vérité ou de fausseté mécanisable (ou programmable), dépendent de la théorie concernée.
Quine introduit des schémas ou modèles d'énoncés qui jouent en sémantique un rôle analogue à celui que d'autres auteurs font jouer aux « formules » de la syntaxe. Les énoncés sont des instances particulières de ces schémas, ils en résultent par substitution, la même expression étant substituée à toutes les occurrences d'une même lettre. Ainsi il peut arriver qu'un énoncé soit vrai en raison de sa structure logique seulement, par exemple :
« S'ils drainent l'étang mais ni ne rouvrent la route ni ne draguent le port ni n'assurent aux montagnards un marché, et par contre s'assurent à eux-mêmes un commerce actif, alors on aura eu raison de dire que s'ils drainent l'étang et rouvrent la route ou s'ils draguent le port ils assureront aux montagnards un marché et à eux-mêmes un commerce actif. »
— W.V.O. Quine Méthodes de logique12
Malgré les apparences, c'est en effet une lapalissade, comme l'on s'en assurera sans peine13, son schéma est du type : Si P et non-Q et non-R et non-S et T, alors [(P et Q) ou R] seulement si (S et T). Quine qualifie de tels schémas de « valides » ; il nomme « implication » un conditionnel valide, donc chez lui « implication » et « conditionnel » ne sont pas synonymes ; mais on retrouve bien le même concept de validité, implémenté différemment de la théorie classique.
Cette primauté de la sémantique provient de la philosophie nominaliste de Quine : les schémas sont des mannequins (« dummies ») qui n'appartiennent pas à un langage-objet ; les valeurs de vérité ne sont pas des objets abstraits mais des manières de parler des propositions vraies et des propositions fausses ; ces dernières sont les énoncés déclaratifs eux-mêmes plutôt que des entités invisibles cachées derrière eux14.
Les applications utiles que l'on peut tirer des théories scientifiques en sont une vérification partielle et indirecte. Une théorie n'est pas « vraie » dans ce sens seulement qu'elle est matériellement utile : c'est plutôt qu'on ne pourrait en tirer aucune application utile si elle ne contenait pas une part de vérité.
Selon un point de vue répandu, les sciences empiriques se caractérisent par le fait qu'elles utilisent ou devraient utiliser des méthodes inductives, partant de propositions singulières pour aboutir à des propositions universelles. Cependant, prise à la lettre, une telle extrapolation induit des risques d'erreur : peu importe le nombre de cygnes blancs que l'on a observés, rien ne pourra nous permettre d'affirmer que tout cygne est nécessairement blanc ; aussi Reichenbach adoucit-il cette prétention en avançant que les énoncés scientifiques ne peuvent atteindre que des degrés continus de probabilité dont les limites supérieure et inférieure, hors d'atteinte, sont la vérité et la fausseté15. Karl Popper conteste cette approche16.
À défaut de pouvoir prouver une théorie, on peut s'attacher à la réfuter. La théorie est corroborée si elle réussit les tests de réfutation17. À la « logique inductive » et ses degrés de probabilité, Popper oppose ce qu'il appelle une méthode déductive de contrôle18. Popper croyait à la vérité absolue comprise comme une catégorie logique ; il ne croyait pas que notre science puisse l'atteindre, ni même qu'elle puisse accéder à une probabilité du vrai ; en fait, il alla jusqu'à douter qu'elle constitue une connaissance : La science n'est pas un système d'énoncés certains ou bien établis, non plus qu'un système progressant régulièrement vers un état final. Notre science n'est pas une connaissance - épistêmê - : elle ne peut jamais prétendre avoir atteint la vérité ni même l'un de ses substituts, telle la probabilité19.
Par là Popper s'oppose directement aux « pragmatistes » qui définissent la vérité scientifique en termes de « succès » d'une théorie20.
Et cependant il ne doutait pas que cette vérité existât quelque part. Il s'appuie pour cela sur les travaux de Tarski concernant la validité et les modèles, en particulier le concept de « fonction propositionnelle universellement valide » qui aboutit à l'existence d'énoncés vrais dans tous les mondes possibles21. Il en donne une traduction dans le domaine des sciences de la nature : On peut dire qu'un énoncé est naturellement ou physiquement nécessaire si et seulement si on peut le déduire d'une fonction propositionnelle satisfaite dans tous les mondes qui ne diffèrent de notre monde, s'ils en diffèrent, qu'eu égard à des conditions initiales22.
L'activité scientifique normale, dit Kuhn, est fondée sur la présomption que la communauté scientifique sait comment est constitué le monde23. Aussi a-t-elle tendance à occulter toute nouveauté propre à ébranler ses convictions de base. Quand les spécialistes ne peuvent ignorer plus longtemps de telles anomalies, alors commencent les investigations extraordinaires qui les conduisent à un nouvel ensemble de convictions24 : c'est ce que Kuhn nomme une révolution scientifique. Ainsi, le développement historique de la science est-il fait d'alternances entre ce que Kuhn appelle des « périodes de science normale » où le savoir est cumulatif à l'intérieur d'un système conceptuel donné ou paradigme, et de « périodes révolutionnaires » qui voient s'opérer les changements de paradigme.
Les paradigmes sont extrêmement résistants. On pourrait s'attendre à ce qu'il suffise d'une seule preuve pour rendre fausse une théorie ; pour Kuhn cependant, l'observation du comportement de la communauté scientifique montre que face à une anomalie les savants préféreront toujours élaborer de nouvelles versions et des remaniements ad hoc de leur théorie25. On ne dit jamais qu'un paradigme est faux avant de l'avoir remplacé par un autre.
Ainsi, l'acte de jugement qui conduit les scientifiques à rejeter une théorie antérieurement acceptée est toujours fondé sur quelque chose de plus qu'une comparaison de cette théorie avec le monde25.
La question de la vérité est étroitement liée à celle de la justicen 1. D'un point de vue judiciaire la vérité se conçoit comme « ce qui est vrai », à savoir ce dont on peut rapporter la preuve, il faut donc y admettre et identifier les limitesn 2.
La recherche de la vérité historique pose différentes questions relatives à la méthodologie historique. Il faut donc prendre en compte l'interdisciplinarité (étendue du champ d'investigation), la recherche des matériaux et sources, la critique des matériaux et sources (fiabilité, mise en correspondance ainsi que la méthode d'interprétation de ces matériaux pour l'écriture de l'histoire.
D'après Georges Van Riet, « les notions d’histoire de la philosophie et de vérité semblent antinomiques » si on suit la pensée de Hegel suivant laquelle « la vérité que recherche la philosophie étant éternelle et immuable, alors elle ne tombe pas dans le domaine de ce qui passe, et elle n'a pas d'histoire »28. Cependant, Hegel lui-même a proposé une philosophie de l'histoire, qui prétend résoudre cette contradiction en affirmant que les philosophies singulières ne sont que des étapes dans le développement progressif de la philosophie qui n'est rien d'autre que la marche de l'Esprit vers la prise de conscience de lui-même dans sa vérité29.
Vérité dans la philosophie antique et médiévale[modifier | modifier le code]
Selon l'historien de la philosophie Edouard Zeller, on peut distinguer deux périodes dans la philosophie présocratique : pour les premiers ioniens (Thales, Anaximandre...), les pythagoriciens et pour Parménide, la question fondamentale est celle de la substance des choses : de quoi sont faites les choses? A partir d'Héraclite, "la question fondamentale est celle des principes du devenir et du changement"30. De Parménide, il nous reste des fragments de son poème De la Nature, dans lequel il oppose nettement deux voies de recherche : l'une est "le chemin de la certitude qui accompagne la vérité", l'autre est "ce qui se pense selon les opinions humaines". La première voie dit que l"Être est et qu'il n'est pas possible qu'il ne soit pas". L'autre dit que "l'Être n'est pas et nécessairement le non-être est"31.Comment comprendre cette notion parménidienne de l'Être"? Sébastien Charles oppose ceux qui font de Parménide le fondateur de la métaphysique : Hegel, Nietzsche et Heidegger (qui a consacré tout un cours à Parménide), et ceux qui à la suite de Burnet (Luc Brisson ou Yvon Lafrance), considèrent que l'Être parménidien ne désigne rien d'autre que le monde matériel dans sa globalité32. Toujours est-il que la pensée de Parménide s'oppose à celle d'Héraclite. "Pour Parménide, l'unité de l'être rend impossible la déduction du devenir et de la multiplicité; pour Héraclite, au contraire, l'être est éternellement en devenir."33
Selon André Verdan, "les sceptiques ne disent pas que la vérité est insaisissable, ils disent qu'ils ne l'ont pas trouvée et qu'elle leur paraît introuvable, sans exclure l'éventualité d'une telle découverte"34. Le scepticisme commence avec les grecs. Pyrrhon a vécu au ive siècle av. J.-C.. Devant la diversité des doctrines philosophiques, il est amené à prôner "l'époché" : la suspension du jugement et l'"aphasie" : le refus de se prononcer 35. Au xvie siècle, Montaigne a repris et prolongé la pensée de Pyrrhon dans les Essais, notamment au chapitre "Apologie de Raymond Sebond" : selon lui, ni les sens ni la raison ne nous permettent d'atteindre la vérité. D'où sa fameuse devise : " Que sais-je" gravée en 1576 sur une médaille, avec l'image d'une balance en équilibre. Au xviiie siècle, David Hume va critiquer la métaphysique en montrant l'inaptitude de l'homme à atteindre la vérité absolue. Il défendra un scepticisme mitigé "consistant à limiter nos recherches à des sujets qui sont mieux adaptés à l'étroite capacité de l'entendement humain"36.
Platon (à gauche) et Aristote (à droite). Aristote pointe le sol par le plat de sa main droite, ce qui symbolise sa croyance dans la connaissance par le biais de l'observation empirique et de l'expérience tout en tenant, dans l'autre main, une copie de son
Éthique à Nicomaque. Platon pointe le doigt vers le ciel symbolisant sa croyance dans les idées (détail de la fresque
L'École d'Athènes en 1509 du peintre italien
Raphaël).
Platon s'oppose fondamentalement aux sophistes, leur reprochant de promouvoir une conception relativiste de la vérité (cf Protagoras et sa fameuse devise : "l'homme est la mesure de toutes choses") dans le but de manipuler le langage, la sophistique étant l'art de convaincre et de plaire. Contre cet usage du langage, il pose la question du "discours vrai"37, ce qui le conduit à formuler sa théorie des Idées, censées contenir toute vérité intelligible: les Idées (ou formes =eidos) sont des réalités parfaites, éternelles et immuables, dont les objets sensibles ne sont que des copies imparfaites. Pour trouver la vérité notre esprit doit donc se détourner de l'étude du réel sensible (allégorie de la caverne) pour se tourner vers ce réel seulement intelligible38.
C'est sur ce point qu'Aristote se sépare de son maître Platon. L'essentiel de sa critique se trouve dans Métaphysique I, 9; XIII et XIV. Pour lui, l'idée (ou forme) étant l'essence d'une chose ne peut être séparée de cette chose : "Comment donc les Idées qui sont substance des choses , seraient-elles séparées des choses"39? C'est la théorie de l'hylémorphisme selon laquelle tout être est composé d'une matière et d'une forme. Pour trouver la vérité, il faut donc étudier le monde sensible, dans le but de découvrir les causes des phénomènes car "connaître, c'est connaître les causes". C'est ainsi par exemple que Aristote a décrit des centaines d'animaux : il ne perdait jamais une occasion d'aller observer les poissons du lagon de Pyrrha dans l'île de Lesbos40; ou encore il s'est attaché à décrire les diverses constitutions des cités grecques41. La théorie aristotélicienne de la causalité distinguera quatre causes : la cause matérielle, la cause motrice, la cause finale et la cause formelle, qui désigne l'essence ou ce que Platon appelait "Idée".
Mais pour trouver les causes, il faut non seulement étudier les phénomènes, mais aussi savoir raisonner pour ordonner les éléments recueillis par l'observation. La connaissance scientifique suppose la démonstration42. C'est pourquoi Aristote consacrera de nombreux traités à l'étude de la logique de la pensée et du discours (logos, "parole", "discours", "raison")43, traités qui seront regroupés plusieurs siècles plus tard sous le titre d'"Organon" c'est-à-dire "instrument, outil" (de la science). Dans l'Organon Aristote distingue trois niveaux du discours auxquels correspondent trois opérations de l'intellect : le premier niveau est celui des mots dans lesquels nous pensons le concept ("homme"; "animal", "mortel") et dont s'occupe le premier traité : les catégories; le second niveau est celui des propositions qui relient les termes entre eux ("l'homme est un animal"; "l'animal est mortel"), grâce à l'acte du jugement, opération par laquelle nous affirmons ou nions un concept d'un autre concept. Comme le montre le second livre de l'Organon, De l'interprétation, c'est à ce niveau que nous avons des parties du discours susceptibles d'être vraies ou fausses, selon qu'elles correspondent ou non avec un fait réel. Enfin, au troisième niveau, nous trouvons l'étude du raisonnement qui relie les propositions entre elles pour construire des démonstrations. Dans les Premiers Analytiques, Aristote propose sa célèbre théorie du syllogisme dont le prototype traditionnel est : "Tout homme est mortel, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel". Comme le fait remarquer Robert Blanché en reprenant l'étude de ce syllogisme : "La validité de ce raisonnement ne dépend pas des concepts qui y figurent"44. Le raisonnement reste valide même si on en change les termes, ou même si on remplace les termes par des lettres (des "variables") : Tout f est g ; x est f ; Donc x est g 45. La logique se définit alors comme "la science des inférences valides"46, indépendamment de la vérité matérielle des propositions. Quant à la validité de l'inférence, elle repose à son tour sur le principe de contradiction, énoncé maintes fois par Aristote : "Il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport"47.
Aristote a systématisé et codifié des modes de raisonnement qui étaient souvent demeurés très vagues ou implicites chez ses devanciers48. La logique d'Aristote chercha d'abord à dégager les conditions nécessaires de la vérité, qui résident dans la forme. Ainsi, un énoncé tel que « le mur bleu est rouge » n'a besoin d'aucun référent extérieur pour être déclaré faux49. La logique fournit l’instrument de la pensée correcte, pas la matière50. En termes kantiens, elle est la condition formelle de la vérité, mais non pas matérielle51.
Aristote porte surtout son attention sur les syllogismes tels que « tout A est B », « quelque A est B », où le sujet A et le prédicat B remplacent des concepts ; « tout A est un B » signifie que le concept B est attribuable à tout objet auquel on peut attribuer le concept A52. Aristote était conscient que les syllogismes ne pouvaient rendre compte de toutes les applications de la logique53,54 mais ils lui permettaient de poser des règles claires pour former la négation des énoncés, et aussi pour distinguer les rôles respectifs des universelles du genre « tout x est ceci » et des singulières du genre « y est cela »55.
Les mégariques et les stoïciens ont analysé méthodiquement la logique des connexions du langage courant telles que les connecteurs logiques « et », « ou » et la négation des énoncés. Philon de Mégare étend la portée du conditionnel56. Dans sa version P→Q est fausse lorsque P est vraie et Q fausse, et est vraie dans les 3 autres situations, sans que le locuteur ait à se préoccuper de rechercher des liaisons causales ou des connotations psychologiques ; ainsi des propositions apparemment aussi ridicules que « si le Groenland est en sucre candi, alors Charlemagne est le plus grand écrivain du Moyen Âge » sont vraies57. Ce genre de considération a son importance pour l'utilisation des connecteurs logiques en toute généralité, car les règles s'appliquent même si l'on ne sait pas si les termes sont vrais. Cette élimination des connotations psychologiques de la relation d'implication était un grand progrès, mais elles demeurèrent sans effet immédiat sur la logique, car ces travaux tombèrent dans l’oubli jusqu’à la fin du xixe siècle55.
C'est sous l'impulsion de Jan Lukasiewicz (1935) qu'on a repris l'étude de la logique stoïcienne, pour découvrir qu'elle allait plus loin que la syllogistique d'Aristote qui était une logique des termes, ne contenant que des variables de nom, alors que la logique stoïcienne est une logique des propositions, "une théorie de la variable propositionnelle", correspondant à la "théorie de la déduction contemporaine", au sens de Russel et Whitehead58.
Augustin d'Hippone, philosophe et théologien chrétien de l’Antiquité tardive, conçoit la vérité comme l'expérience ultime de la vie spirituelle. Il aborde le rapport de l'homme à la vérité à travers la question de l'enseignement du dogme et de sa compréhension. Pour lui, il n’y a pas de « communication horizontale » entre les hommes. Le dialogue se joue non pas à deux, mais à trois. Toute communication authentique est « triangulaire » : toi, moi, et la Vérité qui nous transcende tous les deux, et dont nous sommes, toi et moi, les « condisciples »59. Ainsi, Augustin s'inspire de la pensée philosophique de la Réminiscence de Platon, mais pour lui donner un sens exclusivement chrétien. Les vérités éternelles seraient en Dieu, qui ne les a cependant pas créées. Elles constitueraient le verbe de Dieu. C'est à partir de ce modèle qu'il aurait pu concevoir un monde bon60.
Parmi les ouvrages d'Augustin, Le Maître61 est l’un des plus révélateurs de sa pensée. Il y développe une thèse récurrente jusqu’à la fin de sa vie. « Lorsque les maîtres ont exposé par les mots toutes ces disciplines qu’ils font profession d’enseigner, y compris celle de la vertu et de la sagesse, alors ceux que l’on appelle des disciples examinent en eux-mêmes si ce qui a été dit est vrai, en regardant, cela va de soi, la Vérité intérieure selon leurs forces. C’est alors qu’ils apprennent ; et lorsqu’ils ont découvert intérieurement qu’on leur a dit la vérité, ils louent les maîtres, sans savoir qu’ils louent des enseignés plutôt que des enseignants, si toutefois ceux-ci ont le savoir de ce qu’ils disent. Mais les hommes se trompent en appelant maîtres des gens qui ne le sont pas. »
Augustin l’exprime sous sa forme classique : Foris admonet, intus docet, l'avertissement est extérieur, l'enseignement est intérieur. Le langage, y compris les paroles de Jésus-Christ, avertit à l’extérieur, mais seul enseigne le Christ, la vérité intérieure. C’est donc pour lui à juste titre que l’Évangile demande de ne donner le titre de maître à personne sur terre, « parce que le seul maître de tous est au ciel ».
Thomas d'Aquin, religieux de l'ordre dominicain et philosophe du xiiie siècle, produisit une oeuvre théologique qui s'efforce de concilier les vérités de la foi issues de la bible et des dogmes de l'église catholique avec les vérités de la raison issues des philosophes et spécialement d'Aristote dont il étudia précisément le traité De l'interprétation62, ainsi que les commentaires antérieurs au sien, en les dégageant de leurs influences néoplatoniciennes ou arabes.
Selon lui, l'homme peut acquérir la connaissance de Dieu grâce à la raison naturelle, à partir de l'observation de l'univers : c'est la voie cosmologique63 : il proposera cinq voies : les Quinque viae. Mais cette connaissance rationnelle doit être aidée et complétée par la révélation et par la grâce de la rédemption. En effet, foi et raison ne peuvent se contredire car elles émanent toutes deux de Dieu, théologie et philosophie ne peuvent aboutir à des vérités divergentes. Il s'oppose donc à la doctrine de la double vérité, attribuées aux averroïstes latins Siger de Brabant et Boèce de Dacie, selon laquelle une assertion peut être vraie d'un point de vue philosophique et fausse du point de vue de la foi64. Il y a cependant une distinction de méthode : la raison naturelle (ratio naturalis) est ascendante : elle va du bas (les créatures) vers le haut (Dieu), alors que la théologie fondée sur la Révélation est descendante : elle part des vérités reçues de Dieu pour comprendre les créatures65. C'est à lui qu'on attribue l'adage selon lequel "la philosophie est la servante de la théologie" (Philosophia ancilla theologiae) ce qui signifie que la théologie est une science supérieure qui tient ses principes de la Révélation, alors que la philosophie tient ses principes de la seule raison66.
Pour Thomas d'Aquin, reprenant la définition de Isaac Israeli, la vérité est l'adéquation de l'intellect aux choses
(veritas est adæquatio intellectus et rei67). Cette définition de la vérité est proche de celle d'Aristote, qui écrit : Ce n'est pas parce que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc, que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc, qu'en disant que tu l'es, nous disons la vérité
68.
Timeo hominem unius libri - je crains l’homme d’un seul livre - est une Pensée de saint Thomas d’Aquin. C’est-à-dire celui qui a lu et relu et qui le connaît, est un homme à redouter, un homme qui sait. D’autres interprétations sont aussi connues. Ainsi, on peut traduire : l'homme qui a choisi un livre, qui s’en tient à cette seul opinion, celui de l’auteur, et donc un unique point de vue, en devient trop exclusif
69.
Léonard de Vinci a un besoin de rationaliser jusqu’alors inconnu chez les techniciens. Avec lui, la technique n’est plus affaire d’artisans, de personnes ignorantes et de traditions plus ou moins valables et plus ou moins comprises par ceux qui étaient chargés de l’appliquer. George Sarton, historien des sciences, indique que Léonard de Vinci a recueilli une « tradition orale et manuelle, non une tradition littéraire »70.
C’est d’abord par les échecs, par les erreurs, par les catastrophes qu’il essaie de définir la vérité : les lézardes des murs, les affouillements destructeurs des berges, les mauvais mélanges de métal sont autant d’occasions de connaître les bonnes pratiques[réf. nécessaire].
Progressivement, il élabore une sorte de doctrine technique, née d’observations bientôt suivies d’expériences qui furent parfois conduites sur de petits modèles. Harald Höffding présente sa pensée comme un mélange d’empirisme et de naturalisme71. En effet, si pour Léonard de Vinci « La sagesse est la fille de l'expérience »72, elle permet de vérifier constamment ses intuitions et théories, car « L'expérience ne se trompe jamais ; ce sont vos jugements qui se trompent en se promettant des effets qui ne sont pas causés par vos expérimentations »72.
La méthode de Léonard de Vinci a certainement consisté dans la recherche de données chiffrées73 et son intérêt pour les instruments de mesure en témoigne. Ces données étaient relativement faciles à obtenir dans le cas des poutres en flexion par exemple, beaucoup plus compliquées dans le domaine des arcs ou de la maçonnerie. La formulation des résultats ne pouvait être que simple, c’est-à-dire exprimée le plus souvent par des rapports. Cette recherche effrénée de l'exactitude est devenue la devise de Léonard de Vinci, « Ostinato rigore - obstinée rigueur »74. C’est néanmoins la première fois qu’on voit appliquer de telles méthodes dans les métiers où on dut longtemps se contenter de moyens irraisonnés d’appréciation.
Ce faisant, Léonard en est arrivé à pouvoir poser des problèmes en termes généraux. Ce qu’il cherche avant tout ce sont des connaissances générales, applicables dans tous les cas, et qui sont autant de moyens d'action sur le monde matériel. Pour autant, sa « science technique » reste fragmentaire. Elle s’attache à un certain nombre de problèmes particuliers, traités très étroitement, mais il y manque encore la cohérence d’ensemble qu’on trouvera bientôt chez ses successeurs75.
René Descartes est considéré comme l’un des fondateurs de la philosophie moderne, en atteste cette phrase légèrement provocatrice : « Enfin Descartes vint76 ». Il formule le cogito77 - « je pense, donc je suis » - fondant le système des sciences sur le sujet connaissant qui fait face au monde qu'il se représente. En physique, il a apporté une contribution à l'optique et est considéré comme l'un des fondateurs du mécanisme. En mathématiques, il est à l'origine de la géométrie analytique78. Certaines de ses théories ont par la suite été contestées (théorie de l'animal-machine) ou abandonnées (théorie des tourbillons ou des esprits animaux).
Le Discours de la méthode s'ouvre sur la fameuse phrase « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée »79, car le point de départ de Descartes est la raison (qu'il appelle aussi "le bon sens") qu'il définit comme la "faculté de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux". Cependant, il ne suffit pas de posséder la raison pour parvenir à la vérité : "Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien" (id). Il va donc élaborer une méthode, qui prétend rompre avec les interminables raisonnements scolastiques issus de la syllogistique aristotélicienne utilisée au Moyen Âge depuis le xiiie siècle80. Cette méthode se caractérise par sa simplicité (Descartes la résume en quatre règles dans le Discours de la méthode ). Elle s'inspire des mathématiques, c'est pourquoi elle repose essentiellement sur l'intuition, acte de l'esprit qui saisit immédiatement une idée claire et distincte ou évidence, et sur la déduction qui enchaîne les intuitions pour construire la démonstration81.
C'est cette méthode qui va fournir un point d'appui pour guider le jugement dont la théorie est approfondie dans la quatrième méditation des Méditations métaphysiques, intitulée : de la vérité et de l'erreur. Dans le jugement Descartes distingue l'action de deux facultés : l'entendement qui nous permet de saisir des idées, (l'idée de l'homme, l'idée de Dieu), et la volonté qui nous permet d'affirmer ou de nier quelque chose à propos de ces idées (l'affirmation que Dieu a créé l'homme). Le problème vient selon Descartes de ce que notre entendement est limité (nous avons des idées plus ou moins claires) alors que notre volonté est infinie (rien ne limite notre pouvoir de choisir), ce qui nous amène à affirmer des choses que nous ne comprenons pas vraiment. Si nous appliquons la méthode, nous ne donnerons notre assentiment qu'aux idées évidentes, claires et distinctes, après un examen soigneux qui exclut toute précipitation et prévention, et nous ne tomberons jamais dans l'erreur. Comme le dit Dominik Perler : "la genèse de l'erreur ne dépend pas simplement de ce qu'appréhende l'intellect. Elle dépend bien plus de la discipline avec laquelle procède la volonté"82.
Se pose alors la question de la fiabilité de la correspondance d’idées claires et distinctes avec des réalités, conformes au contenu de ces idées. Descartes s’appuie alors sur ce qu’il présente comme les preuves de l'existence de Dieu, tirées de son idée même de Dieu , pour se sortir de cette aporie. Dès lors que Dieu existe, et que les idées innées 83 sont créées par lui en mon entendement, elles ne sauraient être fausses, puisque Dieu ne saurait être trompeur. Cependant, nombre de commentateurs ont vu là un "cercle argumentatif" dans la mesure où Descartes affirme que les idées claires et distinctes sont fiables parce que Dieu existe, mais "nous savons que Dieu existe parce que nous avons de lui une idée claire et distincte" 84. Ainsi l'erreur existe, mais ne provient ni de notre nature ni de notre entendement et des idées déposées en lui, mais d'un mauvais usage de notre volonté, dont nous sommes les seuls responsables. Pourtant certaines idées confuses ou obscures incitent tant le jugement à se tromper qu'on peut voir en ces idées une source de l'erreur, ou « erreur matérielle ». En effet, certaines idées (les idées des "qualités sensibles") sont si obscures que l'entendement ne sait trop ce qu'il y pense. Qu'est-ce par exemple que le froid ? Une réalité positive, une qualité qui appartient à l'objet, ou bien simplement l'absence en nous d'une sensation de chaleur, soit un manque, un néant ? Celui qui ne se repaît que de telles idées sensibles est pour ainsi dire condamné à l'erreur, ou du moins au scepticisme.
Le correspondant anglais de Descartes, Thomas Hobbes, dont les critiques seront fort mal reçues par René Descartes, développera, contre cette conception dite éidétique de la vérité, une conception qui assimile le raisonnement à un simple calcul, conception dite computationnelle. Un jugement vrai repose sur des règles, des opérations, de calcul, sur la base de mots, et non sur l'évidence. Descartes refuse explicitement l'éventualité d'une machine à produire de la vérité, car une machine ne saurait penser. Leibniz, au contraire, à la suite de Hobbes, défendra l'idée qu'un calcul sourd ou aveugle peut très bien aboutir à des résultats exacts, sans jamais passer par l'évidence d'un contenu, intellectuel ou même empirique. Le même Leibniz, citant l'esprit de finesse de Pascal, expliquera qu'une idée confuse peut néanmoins être vraie, en ce sens qu'elle nous donne une idée globale, inanalysable, de son objet : Discours de Métaphysique.
Le passage suivant, tiré des Pensées métaphysiques, donne l'impression que Spinoza, philosophe du xviie siècle, conçoit la vérité comme l'adéquation de l'idée avec son objet (ou idéat) :
« Les idées ne sont pas autre chose en effet que des récits ou des histoires de la nature dans l’esprit. Et de là on en est venu à désigner de la même façon, par métaphore, des choses inertes ; ainsi, quand nous disons de l’or vrai ou de l’or faux, comme si l’or qui nous est présenté racontait quelque chose sur lui-même, ce qui est ou n’est pas en lui85. »
Mais Spinoza lui-même définit ainsi l'adéquation au début de la deuxième partie de son Éthique :
« Définition IV. Par idée adéquate j'entends une idée qui, considérée en soi et sans égard à son objet, a toutes les propriétés, toutes les dénominations intrinsèques d'une idée vraie. »
L'adéquation repose donc sur un critère intrinsèque de vérité, d'où s'explique le mode géométrique et « génétique » de construction de son système philosophique.
Ainsi, nous connaissons adéquatement un objet quand nous le construisons à partir de ses causes, quand donc nous le concevons. En revanche, la connaissance par les sens est, elle, forcément tronquée et incomplète. Ce que nous percevons par les sens exprime davantage notre propre nature que celle de l'objet perçu. L'on ne saurait expliquer cela plus avant sans entrer dans le système philosophique de Spinoza.
De plus, Spinoza rejette la conception cartésienne, selon laquelle le jugement est le produit d'une volonté qui affirme librement la vérité ou la fausseté d'une idée. Selon Spinoza, chaque idée enveloppe sa propre affirmation qui n'est pas le fait de quelque libre arbitre extérieur à cette idée singulière. Ainsi, dit-il, nous ne pouvons pas penser que 2 et 2 font 4 sans ipso facto l'affirmer. Nous ne pouvons suspendre notre jugement que si d'autres conceptions remettent en cause la valeur d'une conception première. Ainsi, quand nous rêvons, nous sommes généralement incapables de douter de ce que nous percevons, et pourtant, une fois éveillé, il nous est très facile de nier notre rêve. Pour autant, une idée fausse est qualitativement, intrinsèquement, différente d'une idée adéquate. L'idée vraie nous permet d'un même geste de comprendre pourquoi elle est vraie, et pourquoi les idées fausses sont fausses. Le vrai est index de soi-même et du faux, dit Spinoza (index sui et falsi).
Spinoza distingue donc trois genres de connaissance :
- la connaissance du premier genre est appelée "opinion" ou "imagination"; c'est la connaissance par "ouï-dire" ou par "expérience vague", c'est une connaissance qui peut être utile, mais qui reste fondamentalement incertaine;
- la connaissance du second genre est la connaissance rationnelle; elle est fondée sur la démonstration et donc sur l'enchaînement déductif (les fameuses "chaînes de raison" dont parlait Descartes);
- la connaissance du troisième genre ou connaissance intuitive, est celle qui engendre un système d'idées adéquates à partir de l'idée de Dieu=la Nature ("Deus sive Natura", Dieu ou la Nature), point de départ nécessaire de toutes nos déductions rationnelles. Comme le dit Spinoza, cette science intuitive "procède de l'idée adéquate de l'essence formelle de certains attributs de Dieu, vers la connaissance adéquate de l'essence des choses"86.
Ainsi, Spinoza ne reprend pas la conception classique de la vérité comme correspondance de l'idée et de l'objet. En disant que la vérité est une caractéristique intrinsèque de l'idée adéquate, Spinoza retrouve l'inspiration mathématique de Descartes et sa définition de l'intuition évidente comme "idée claire et distincte".
A la différence de Descartes et Spinoza, Leibniz se méfie de l'évidence intuitive. "Descartes a logé la vérité à l'hostellerie de l'évidence, mais il a oublié de nous en donner l'adresse"87. Pour limiter le recours à l'intuition, il a proposé dans un ouvrage de jeunesse88 de construire un langage imité des mathématiques et qu'il appelle la Caractéristique universelle : on répertorie les idées simples, on les relie à un signe arbitraire ce qui permet d'en constituer une sorte d'alphabet. En combinant ensuite ces idées simples par leur symbole, on obtiendrait des idées plus complexes; la pensée serait ainsi réduite à un calcul infaillible, grâce à des règles d'association claires et rigoureuses. Leibniz n'a pas finalisé ce projet qui a été repris par Gottlob Frege à l'époque moderne89.
Cependant toutes les vérités ne se réduisent pas aux vérités logiques : il reprend une distinction d'Arnaud et Nicole90 pour séparer d'une part les vérités logiques et mathématiques qu'il appelle "vérités nécessaires" (par ex. le théorème de Pythagore) et d'autre part les "vérités contingentes" qui sont les vérités de fait (par ex. "tous les hommes sont mortels"). Dans les deux cas, on cherchera "la raison" de ces vérités selon le principe de raison suffisante qui affirme que tout ce qui existe a une raison d'être plutôt que de n'être pas et d'être ainsi plutôt qu'autrement91. Mais si la raison des vérités nécessaires peut être trouvée par analyse dans les principes premiers (axiomes mathématiques ou principe d'identité logique), la raison des vérités contingentes échappe à l'analyse du fait qu'il y a "une infinité de figures et mouvements" qui causent la moindre chose réelle. Il faut donc que la raison suffisante "soit hors de cette suite des choses contingentes, et se trouve dans une substance qui en soit la cause (...) et cette dernière raison des choses est appelée Dieu"92. Leibniz précise que "le principe premier concernant les existences" est la proposition suivante : "Dieu veut choisir le plus parfait"93 Nous vivons donc dans le "meilleur des mondes possibles"94. C'est l'optimisme de Leibniz que Voltaire a caricaturé dans son conte célèbre Candide ou l'optimisme, sous les traits du ridicule Pangloss qui affirme sans cesse : "tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles". Cette formule est une mauvaise interprétation : Leibniz ne dit pas que le monde est parfait, mais que Dieu a fait en sorte de réduire le mal à son minimum.
La philosophie de Kant est d'abord une critique de la métaphysique qui repose sur son analyse de la connaissance: la connaissance doit unir un concept et une intuition sensible : "un concept sans intuition est vide, une intuition sans concept est aveugle95". Or cette affirmation exclut la possibilité de parvenir à une vérité métaphysique (comme chez Platon) puisque la métaphysique procède par concepts purs (les Idées), sans intuition sensible : elle est "vide". Autrement dit il n'y a pas de connaissance de Dieu.
La théorie de la connaissance de Kant implique que la connaissance vraie ne peut être qu'une connaissance scientifique qui porte sur la nature. Kant prend notamment l'exemple de Galilée qui a su articuler les principes de la raison et l'usage de l'expérimentation, pour "forcer la nature à répondre à ses questions" 96. Cependant, Kant distingue les phénomènes et les noumènes : le phénomène est l'objet perçu et structuré par les cadres a priori de notre esprit, sensibilité et entendement; le noumène est la chose en soi, la réalité extérieure à notre esprit et donc inconnaissable97. Or la vérité scientifique ne porte que sur les phénomènes; elle ne reflète donc pas la réalité telle qu'elle est en elle-même, mais telle qu'elle est pour nous. C'est le sens de la fameuse notion de révolution copernicienne : de même que Copernic a renversé les rapports entre la terre et le soleil, de même Kant propose de renverser les rapports du sujet et de l'objet : ce n'est plus le sujet qui se règle sur l'objet, mais l'inverse. Kant dit : "nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-même", ce que Jacques Darriulat commente ainsi : c'est un renversement "qui consiste à réfléchir toute connaissance non en ce sens qu'elle est connaissance de quelque chose, mais en ce sens qu'elle manifeste inversement les capacités du sujet connaissant lui-même"98.
La philosophie de Kant aboutit à poser la vérité de la morale car si on ne peut connaître le noumène, on peut néanmoins le penser comme une dimension de liberté par opposition au déterminisme de la nature. Cette liberté doit être postulée pour qu'on puisse fonder une morale de la responsabilité, mais elle ne peut être ni démontrée, ni connue scientifiquement : "J'ai donc dû supprimer le savoir pour lui substituer la croyance 99".
Kant redonne finalement une légitimité aux concepts métaphysiques (Dieu, la liberté, l'âme), mais en les excluant du champ de la connaissance scientifique. D'après A. Boyer, le but de Kant n'est pas la destruction de la métaphysique, mais au contraire, sa sauvegarde100.
Hegel écrit : "Le vrai est le tout"101. Cela signifie que la vérité ne réside pas dans la certitude d'une conscience subjective qui distingue de soi l'objet auquel elle se rapporte102. Elle est dans l'ensemble du mouvement qui retrace le devenir de l'Être. Or cet Être doit être conçu pas seulement comme "substance" à la façon de Spinoza, mais avant tout comme "sujet" : "le point essentiel est d'appréhender et d'exprimer le vrai, non comme substance, mais précisément aussi comme sujet."103. Mais pour Hegel, le Sujet est l'Être vivant agissant qui veut devenir ce qu'il est, qui doit donc entrer dans un mouvement d'auto-réalisation de soi-même.
Dans l'"Encyclopédie des sciences philosophiques", Hegel décrit ce mouvement comme un mouvement "dialectique" qui engendre toutes choses à travers une série de contradictions progressivement surmontées104 Le point de départ est l'Esprit (=Dieu;=l'absolu) qui pour se donner une réalité effective doit s'"objectiver" c'est-à-dire se poser dans l'élément de l'extériorité : la Nature. "La Nature est l'Idée dans sa radicale extériorité à soi"105. La Nature ayant un contenu spirituel est donc profondément rationnelle, mais cette rationalité étant engloutie dans l'élément de l'extériorité matérielle, ne convient pas à l'Esprit qui veut "être ce que en vérité il est " 106. C'est pourquoi l'Esprit va s'arracher à la Nature, d'abord sous la forme de l'être vivant, puis de l'être humain qui va construire dans l'Histoire un monde culturel et social de plus en plus adéquat à l'Esprit (de plus en plus "vrai" donc). Pour Hegel, c'est l'Etat monarchique constitutionnel qui réalise le mieux la spiritualité divine dans le monde. (Il va jusqu'à décrire Napoléon comme "l'Esprit du monde à cheval"107.) Hegel appelle "esprit objectif" ce stade ultime de spiritualisation du réel. Finalement, l'Esprit parviendra à une conscience de lui-même dans l'art et la religion, mais c'est dans la philosophie (et surtout dans le système de Hegel) qu'il pourra saisir au mieux sa vérité de Sujet résultant de sa propre activité historique-dialectique. L'Esprit (ou Dieu) "ne parvient à son savoir que par le savoir que l'homme a de Dieu en tant qu'Esprit"108. C'est ce que Hegel appelle l'Esprit absolu.
Nietzsche, qui inventa le concept d’histoire de la vérité109, philosophe et poète allemand du xixe siècle, qualifié de « philosophe au marteau »110, estime que « Tout ce qui est bon et tout ce qui est beau dépend de l’illusion : la vérité tue — qui plus est, elle se tue elle-même »111. Ainsi, pour Nietzsche, la vérité ne serait qu'une fiction ou une erreur utile
112.
Cette critique de la vérité est à resituer dans le cadre de la méthode généalogique de Nietzsche113, qui pose qu'une théorie (ou une morale) n'est pas le résultat d'une recherche désintéressée de vérité, mais d'une volonté de puissance. Nietzsche interroge ce qui se cache derrière les philosophies ou les religions qui prétendent à cette soi-disant recherche désintéressée de la vérité. Dans Le crépuscule des idoles "le problème de Socrate", il affirme que l'idée d'une vérité absolue implique la position d'un "arrière-monde", à la façon dont Platon parle du monde des Idées, monde plus vrai et plus réel que le monde phénoménal sensible, constamment changeant dans lequel aucune vérité absolue n'est donc possible. Comme le dit Gilles Deleuze :"le vrai exprime une volonté : qui veut le vrai? Et qu'est-ce qu'il veut, celui qui dit : je cherche le vrai?"114. La réponse de Nietzsche est que ce sont des hommes faibles et malades, dont la volonté de puissance est exténuée et qui se sentent incapables d'assumer le tragique de cette vie, qui ont inventé les arrière-mondes, comme un ultime refuge pour leur impuissance : "Souffrance et impuissance, voilà ce qui créa les arrière-mondes, (...) cette fatigue pauvre et ignorante qui ne veut même plus vouloir : c'est elle qui crée tous les dieux et les arrière-mondes"115.
Chez Aristote et les scolastiques du Moyen Âge la logique des connexions restait, dans une certaine mesure, tributaire des imperfections du langage courant ; de plus, la logique des prédicats, enfermée dans la triade sujet-copule-attribut, ne pouvait aller bien loin lorsqu'il s'agissait de traiter de situations plus complexes faisant intervenir des propositions comportant plusieurs verbes actifs ou plusieurs sujets. Leibniz tenta bien d'écrire un langage symbolique qui serait une « caractéristique universelle »116 éliminant les risques d'erreur, mais il n'y parvint pas117.
Il devait revenir à Gottlob Frege de fonder la logique sur des bases inspirées des mathématiques, démultipliant ainsi son efficacité.
Cependant entre Aristote et Frege il y a continuité et non rupture. Ce que la logique d'Aristote et ses successeurs scolastiques faisaient, la logique moderne le fait toujours ; mais comme le dit Quine c'est un sous-produit d'une entreprise plus puissante118.
Frege voulut initier un projet encore plus ambitieux : unifier les sciences déductives en exprimant les termes premiers des mathématiques par les moyens de la logique ; mais Bertrand Russell, qui avait fait une tentative similaire, l'en dissuada après avoir découvert un paradoxe.
Bertrand Russell peint par
Roger Fry en 1923.
Russell dit que les arguments qui plaident en faveur d’une hiérarchie des langages sont décisifs119, c’est notamment le seul moyen d'échapper à la théorie de Wittgenstein selon laquelle la syntaxe ne peut seulement que se montrer et non s'exprimer par des mots. Ses recherches sur ce sujet partent de la constatation opérée par Tarski du fait que les mots « vrai » et « faux », quand ils s'appliquent aux phrases d'un langage donné, ne sont exprimables que dans un langage d'ordre supérieur. Ainsi, dans Signification et vérité décortique-t-il le langage usuel pour en extraire la substantifique moëlle qu’il appelle d'un nom appelé à rester dans la postérité - le langage-objet - ou du premier ordre, fait de « mots-objets ». Il s'attache aussi à évaluer la portée des critiques de Brouwer contre le principe de la logique classique dit du « tiers exclu » selon lequel il n'y a que deux valeurs de vérité ; c'est que Brouwer ne reconnaît pas le « vrai » ; il connaît le « vérifiable », donc il y a une classe de propositions qui sont syntaxiquement correctes mais qui ne sont ni vérifiables ni des contradictoires de propositions vérifiables. Personne, dit Russell, n'est jamais allé jusqu'à définir la vérité comme ce qui est connu120 ; la définition épistémologique de la vérité est ce qui peut être connu, mais ceci pose évidemment des difficultés auxquelles Russell consacre de nombreuses pages avant de définir la vérité par rapport à des évènements et la connaissance par rapport à des percepts121 ; et il conclut finalement en faveur du tiers exclu :
« .... À présent, nous ignorons s'il y a de la vie ailleurs dans l'univers, mais nous avons raison d'être assurés qu'il y en a ou qu'il n'y en a pas. Nous avons donc besoin de la « vérité » aussi bien que de la « connaissance » parce que les frontières de la connaissance sont incertaines et parce que, sans la loi du tiers exclu, nous ne pourrions pas nous poser les questions qui donnent naissance aux découvertes121. »
- Au plan logique, Russell montre que certaines propositions en apparence purement formelles supposent implicitement un jugement d’existence. Ainsi, si je dis le Père Noël est barbu, je suppose qu'il existe. La proposition en question, à laquelle on pourrait être tenté de dénier toute valeur de vérité ou de fausseté, est donc fausse, car le Père Noël n'existe pas. Une proposition, vraie ou fausse, n'est dotée de sens que si elle a quelque fonction dénotative (rapport avec un référent et non avec un simple concept). Mais alors en quel sens peut-on dire que quelque chose n'existe pas, que le référent est introuvable ? Cela signifie qu'aucune chose dans le monde n'appartient à un certain ensemble, par exemple l'ensemble des pères Noël. Russell conteste donc l'existence de vérités purement formelles, ou purement analytiques, dénuées de tout rapport avec la réalité physique (la nature). Quine ira plus loin dans cette voie, en montrant que toute théorie enveloppe des jugements d’existence (engagement ontologique), et en niant, malgré un certain Platonisme, l'existence d'une mathématique ou d'une logique entièrement indépendantes à l'égard des sciences empiriques (holisme épistémologique). Réciproquement, aucune science n'est purement observationnelle, elle intègre toujours une syntaxe (théorie, qui inclut généralement une dimension mathématique). Il est en fait impossible de distinguer clairement ce qui dans un savoir serait analytique (fruit du pur raisonnement) et ce qui serait synthétique (fruit de l'expérience).
- Au xxe siècle Russell perçoit avec appréhension le développement d’un certain relativisme dans lequel la notion même de vérité lui apparaît quelque peu galvaudée122
- Wittgenstein se distingue d’un philosophe « classique » dans le sens où il ne cherche pas à philosopher. Il conçoit la philosophie de telle sorte qu’elle est une activité de clarification logique des pensées. Pour lui la philosophie n’est pas une discipline théorique qui consisterait à élaborer des thèses philosophiques123.
« …Un jour, quelqu’un lui dit qu’il trouvait l’innocence enfantine de G.E. More tout à son honneur ; Wittgenstein protesta. « Je ne comprends pas ce que cela veut dire, dit-il, car il ne s’agit pas de l’innocence d’un enfant. L’innocence dont vous parlez n’est pas celle pour laquelle un homme lutte, mais celle qui naît de l’absence naturelle de tentation. »
— Ray Monk, Wittgenstein - Le devoir de génie, Flammarion, 2009, p. 15124.
- Personnalité remplie de doutes, il se questionne très tôt dans son enfance sur la notion de vérité - « Pourquoi dire la vérité quand il est préférable de mentir »125. Wittgestein écrit, plus tard, dans ses Remarques sur le Rameau d’or de Frazer « Il faut sans cesse que je me plonge dans l’eau du doute »126.
- Le Tractatus logico-philosophicus est un texte court, bref, « cadencé », un des textes marquants de la philosophie contemporaine. Comme voulu par Wittgenstein, le tractatus est aussi une œuvre d’art frappante par la concision incisive du langage, voire laconique, mais dont le rythme, la « cadence » elle-même lui donne un style poétique.
« …Incessu, comme dit le poète, incessu patuit dea. « À sa démarche on reconnut la déesse. ». »
— G.G. Granger, Préambule du traducteur, Édition Tel Gallimard, réédition 2009127
- À cette période, Wittgenstein est inspiré par un logicisme anti-psychologiste128, une position qu’il abandonna par la suite129.
« …Le tractatus logico-philosophicus de M. Wittgenstein, qu’il se révèle ou non comme donnant la vérité définitive sur les sujets dont il traite, mérite certainement, par son ampleur et sa portée et sa profondeur, d’être considéré comme événement important dans le monde philosophique. »
— Bertrand Russell, introduction, Édition Tel Gallimard, réédition 2009130
- Dans le préambule le traducteur du Tractatus, Gilles Gaston Granger, estime que Wittgenstein fait preuve d’une philosophie négative, dans le sens où il ne recherche que les limites, à la manière des théologiens qui parlent d’une théologie négative, circonscrivant uniquement les frontières de ce que l’on peut penser, imaginer, à propos de Dieu.
« …Le tractatus a pour but non de dire ce qu’est la réalité du monde, mais de délimiter ce qui en est pensable, c’est-à-dire exprimable en un langage. »
— G.G. Granger, Préambule du traducteur, Édition Tel Gallimard, réédition 2009127
- À ce moment-là, il pense avoir apporté une solution à tous les problèmes philosophiques auxquels il était envisageable de répondre ; il se détourna de la philosophie jusqu’en 1929. À cette date, il revint à Cambridge et critiqua les principes de son premier traité. Il développa alors une nouvelle méthode philosophique et proposa une nouvelle manière d’appréhender le langage, développée dans sa seconde grande œuvre, Investigations philosophiques, publiée, comme nombre de ses travaux, à titre posthume.
- Pour Wittgenstein, une fois lu, le tractatus doit-être oublié, il est une étape dans sa philosophie.
- Selon lui, le langage de la logique n’est pas supérieur, ni aucun autre d’ailleurs. La vérité ne se manifeste que dans une seule version : le langage de l’image. C’est tout ce dont on a besoin pour décrire le monde, c’est-à-dire qu’il décrit tous les faits123.
- La totalité de la réalité est le monde131. L'image, dit Wittgenstein, est un modèle de la réalité132 ; et pourtant elle peut être vraie ou fausse133.
« Mais pour pouvoir dire qu'un point est noir ou blanc, il me faut tout d'abord savoir quand un point sera dit blanc et quand il sera dit noir ; pour pouvoir dire « p » est vraie (ou fausse), il me faut avoir déterminé en quelles circonstances j'appelle « p » vraie, et par là je détermine le sens de la proposition134. »
La conception de la vérité d'Alfred Tarski était celle d'Aristote, Frege, et Russell : l'accord de nos jugements avec la réalité ; cependant, le développement des langages formalisés avait mis au clair les rôles différents de la sémantique et de la syntaxe ; on ne peut dire qu'une formule, qui est une suite de symboles, est en soi « vraie » ou « fausse » ; le qualificatif de « vrai » ou de « faux » ne s'applique qu'à des énoncés, lesquels résultent de l'interprétation des formules dans un modèle135 ; la notion de vérité est définie en disant qu'une formule est satisfaite par un modèle. Ces idées, alors à la base de la nouvelle théorie des modèles, n'ont pas été sans influencer Karl Popper.
Le logicien polonais, témoin des bouleversements de son époque, percevait que la clarté et la cohérence du langage sont non déterminantes dans le processus d'amélioration des relations humaines, mais elles sont propres à accélérer ce processus :
« Car d'une part, en rendant la signification des concepts précise et uniforme dans son propre domaine, et en insistant sur la nécessité d'une telle précision et uniformité dans tout autre domaine, la logique rend possible une meilleure compréhension entre ceux qui la recherchent avec bonne volonté. Et d'autre part en perfectionnant et affinant les instruments de pensée, elle améliore l'esprit critique des hommes136. »
Martin Heidegger, dans des analyses remontant jusqu'aux premiers pré-socratiques, dit avoir exhumé le sens originaire du concept de vérité comme alètheia, qui n'est pas encore un concept de relation mais l'expression du surgissement hors du retrait, de l'étant en soi[pas clair]. Ce premier sens, aurait été, selon lui, perdu avec Platon et Aristote et l'idée de vérité aurait subi depuis son origine plusieurs transformations pour aboutir en dernier à la vérité-certitude que procure l'illusion de la calculabilité universelle qui est celle de maintenant137.
Heidegger relève un deuxième présupposé tout aussi commun et tout aussi problématique d’origine aristotélicien, qui réduit la vérité à sa dimension logique qui veut qu’ « une chose ne puisse en même temps et sous le même rapport être et ne pas être ». La vérité ne saurait être affirmée que d’une chose réellement étante selon les critères de la logique.
Ce qu’il y a de quadruplement problématique dans ces approches c'est :
- qu'elles ne font jamais l'objet d'interrogation sur la chose étante en soi,
- le comment de son ob-jectité en tant que chose du monde,
- le caractère d'être de l'étant observant ainsi que
- la possibilité de son lien avec le monde de la chose.
Du point de vue d’Heidegger, la question de l'essence de la vérité est problématique dans toutes les interrogations successives, dans l'histoire de la métaphysique, soulevées à ce sujet. Selon Heidegger, sont problématiques toutes les tentatives — de l'éblouissement des idées dans l’Allégorie de la caverne de Platon à la perception chez Kant, en passant par le concept de forme chez Aristote, par celui de l'« adæquatio intellectus », du rei et de la veritas du Moyen Âge, et par la certitude chez Descartes — de rendre compte d'une « correspondance entre la chose et l'idée » ; cette correspondance étant ce qui constitue le mode d'établissement de la vérité et fonde les interprétations de son essence. Il y a vérité lorsque cette correspondance est établie. Dans son entreprise de refondation, Heidegger tente de retrouver le sens originaire de l’idée de vérité ou alètheia, celui des présocratiques (Parménide, Héraclite, Anaximandre) et d'Homère. Entre l'idée de l'alèthia de ces premiers penseurs et la vision de Platon et d'Aristote, quelque chose de fondamental a déjà été perdu. Cela ne fera que s'amplifier par la suite, la dimension ontologique étant mise au bénéfice de la simple logique. Étymologiquement, alètheia signifie littéralement « hors de la léthé ». Elle articule une expérience originaire de la vérité comme sortie de l'étant hors du retrait. Cette expression rend compte, des premiers penseurs et poètes jusqu'à Platon, d'un évènement de sortie, qui n'est absolument pas réductible au résultat de cet évènement. Cette perte de sens, cet oubli de l’être, à partir duquel la métaphysique prend véritablement son essor, Heidegger le qualifie d’effondrement, voire de catastrophe138. Le sens profond de la vérité a été perdu pour de simples procédures de vérification.
Michel Foucault, dans ses cours au Collège de France139, avait coutume de dire que la vérité n'est ni absolue, ni stable, ni univoque : La vérité a une histoire qui en occident se divise en deux périodes: l'âge de la vérité-foudre et celui de la vérité-ciel
. La vérité-foudre est celle qui est dévoilée à une date précise, sur un lieu déterminé et par une personne élue des dieux comme l'oracle de Delphes, les prophètes bibliques ou encore aujourd'hui le pape catholique parlant « ex cathedra ». Ce premier âge dure depuis des millénaires et a suscité des lignées de zélateurs, fléaux des hérésiarques, et inlassables bâtisseurs d'inquisitions. La vérité-ciel est en revanche établie pour tous, toujours et partout : c'est celle de la science, de Copernic, de Newton et d'Einstein. Ce second âge, fondé sur la raison scientifique, commence pour ainsi dire au xviiie siècle mais possède également ses « grands prêtres ». Et Michel Foucault n'excluait pas qu'un jour ces derniers n'en viennent à défendre leur propre vision des choses et leurs prérogatives en ayant recours à des arguments peu différents de ceux avancés en des époques antérieures140.
Dans Subjectivité et Vérité, cours au Collège de France de 1981 qui mènera à son Histoire de la sexualité, Foucault déclare s'être intéressé au cours de sa carrière aux manières dont des discours de vérité — c'est-à-dire des discours se donnant autoritairement comme étant vrais — influencent le sujet (l'individu), contrairement à la philosophie qui se serait traditionnellement intéressée à l'essence de la vérité ou au problème de la subjectivité de la vérité141. Il en vient ainsi à définir la vérité comme un « système d'obligations » : ce qui se donnerait comme étant « vrai », dans un contexte socio-historique donné, imposerait à l'individu un ensemble de comportements jugés « bons ». En d'autres mots, Foucault envisage la subjectivité « comme ce qui se constitue et se transforme dans le rapport qu’elle a à sa propre vérité »142.
Le problème pour Habermas est qu'il n'est pas possible de s'abstraire du langage pour mesurer notre usage de ce même langage. Tout énoncé est un élément de réalité, une réalité déjà imprégnée de ce langage. Cela n'est pas sans conséquence sur le rapport entre vérité et communication. Les doutes quant à l’intuition réaliste et universelle associée à des concepts tels que la vérité résultent d’un tournant linguistique qui a transféré le critère de l’objectivité de la connaissance, de la certitude privée à la pratique publique de justification propre à une communauté de communication143. Cette difficulté est surmontée en science par une méthodologie fondée en dernière analyse sur un scepticisme qui n'est pas opératoire ailleurs, où il conduirait à la mésentente entre interlocuteurs.
La vérité des énoncés ne peut se justifier qu'au moyen d'autres énoncés144, ce qui avait fait dire à Rorty qu'il ne nous était pas donné de transcender nos croyances. En réaction contre Rorty, Habermas met en avant la nécessité d'un monde qui existe indépendamment de nos discours, et donc de l'existence d'un horizon d'entente qui dépasse le seul cadre scientifique. Cet horizon d'entente ne présuppose d'ailleurs pas de se donner comme but un consensus ultime145. La personne qui s’engage dans une discussion en ayant sérieusement l’intention de se convaincre de quelque chose en échangeant avec d’autres doit supposer que ces derniers ne soumettent leurs affirmations à aucune autre contrainte que celle du meilleur argument146.
- ↑ Par exemple, Lors d’une audition dans un tribunal, le témoin est invité à prononcer
la vérité, toute la vérité, rien que la vérité26.
- ↑
Toute réflexion sur la place qu’occupe la recherche de la vérité dans le procès pénal, ou sur les écarts éventuels par rapport à une telle recherche qu’impliquerait le recours à des solutions consensuelles ou négociées, suppose que l’on aborde au préalable le concept de vérité judiciaire dans une perspective critique et qu’on en identifie les caractères spécifiques et les limites27.
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- ↑ René Descartes, Discours de la méthode, Première partie ; Texte établi par Victor Cousin, Levrault, 1824. (texte en ligne sur wikisource) [archive] : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont ».
- ↑ Descartes, créateur d’un nouveau style métaphysique, Réflexions sur l’introduction du primat de la subjectivité en philosophie première, In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 60, no 67, 1962. p. 369-393., (texte en ligne) [archive].
- ↑ Ferdinand Alquié "Descartes", In Edition numérique : Pierre Hidalgo. (texte en ligne) [archive].
- ↑ Dominik Perler "La théorie cartésienne du jugement" in Les Études philosophiques 2004/4(no 71)Cairn.info (lire en ligne)
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- ↑ Dominik Perler "La théorie cartésienne du jugement. Remarques sur la quatrième méditation" (lire en ligne)Les études philosophiques 2004 p.461 à 483)
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- ↑ Alfred Tarski Introduction à la logique Gauthier-Villars Paris / Nauwelaerts Louvain 1960 - Préface de l'édition augmentée p. XIV
- ↑ Hans-Georg Gadamer, Les Chemins de Heidegger. Textes Philosophiques, Vrin 2002 page 178-179
- ↑ Gerard Guest, Paroles des jours séminaire séance 3e de 12/2007 vidéo13
- ↑ cité par Ignacio Ramonet in « Géopolitique du Chaos », Folio, Gallimard, Paris 1997
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- ↑ Michel Foucault, Subjectivité et vérité, Paris, Seuil, 2014 [1980-1981], 352 p.(ISBN 9782020862592), p. 15
- ↑ Jürgen Habermas, Vérité et justification, Paris, Gallimard, 2001 (traduction Rainer Rochlitz), p. 215
- ↑ Habermas 2001, p. 181
- ↑ Habermas 2001, p. 189
- ↑ Habermas 2001, p. 191
- Matières directement connexes
- Environnement
- Notions antinomiques
- Aristote, Περί Eρμηνείας [De l'Interprétation]
- Thomas d'Aquin Première question disputée: la vérité
- Descartes, Recherche de la vérité par les lumières naturelles
- Spinoza, Éthique
- Marcel Detienne, Les Maîtres de la vérité dans la Grèce archaïque, Paris, Maspero, 1967
- Engel Pascal, La vérité, Réflexions sur quelques truismes, Paris, Hatier, 1998
- Michel Foucault Subjectivité et Vérité, Paris, Seul 2014
- Frege, Écrits logiques et philosophiques, Paris, Seuil, 2004
- Heidegger, De l'essence de la vérité. Questions I et II Tel Gallimard 1990
- Karl Popper, La logique de la découverte scientifique, Payot, 1989(ISBN 978-2-228-90201-4)
- W. V. O. Quine (trad. M. Clavelin), Méthodes de logique, Armand Colin, 1972
- Russell, Signification et vérité, (1940), Paris, Flammarion, 2013
- Moritz Schlick (trad. de l'allemand par Christian Bonnet), Théorie générale de la connaissance [« Allgemeine Erkenntnislehre »], Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de philosophie », 2009, 551 p. (ISBN 978-2-070-77185-1,OCLC 759528704)
- Hans-Georg Gadamer, Vérité et méthode, Paris, Seuil, coll. «L'ordre philosophique», 1996 [1960], 544 p.
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