Vêtement
Un vêtement est un article d’habillement servant à couvrir une partie du corps humain. Il est le plus souvent en tissu mais les matériaux utilisés pour sa fabrication tendent à se diversifier au fil des siècles. La raison d’être d'un vêtement varie fortement selon les cultures et les périodes de l’histoire : pratique (protection), symbolique (signaler une posture morale) ou encore sociale (afficher un statut).
Origines
Les vêtements de cuir ou de fourrure ont probablement été les premiers à avoir été portés durant la Préhistoire. Homo sapiens — l'être humain anatomiquement moderne — aurait commencé à se vêtir il y a 170 000 ans, puisque la génétique fait remonter à cette époque les premiers poux de corps, liés au port d'habits1,2. Loin d'être vêtus des « peaux de bêtes » hirsutes dont l'imagerie traditionnelle les parait naguère, les hommes du Paléolithique supérieur « portaient des vêtements de cuir cousus et ajustés dans les régions froides, à l’instar de ceux des Amérindiens des Grandes Plaines ou des Inuits — à l’exception notable au moins des Fuégiens, presque nus dans la froide Terre de Feu — , l’ethnographie montrant des populations très peu vêtues dans les régions plus chaudes3 ».
L’histoire du vêtement est indissociable de sa sociologie : étudier les conditions qui ont contribué à sa naissance ne peut être fait sans s’intéresser aux enjeux socioculturels du moment4. Il convient ainsi de dissocier les simples habitacles originaux (généralement des peaux de bêtes) des premiers costumes qui leur succéderont, donnant progressivement naissance à la notion de mode. D’un rôle purement utilitaire – protéger le corps humain des intempéries et agressions extérieures, permettre de se mouvoir aisément – le vêtement évolue en s’adjoignant des fonctions immatérielles : orné, il devient parure. Le progrès technique et l’intensification des échanges commerciaux conduisent à une accélération de son rythme de transformation à compter du XIVe siècle. Activité originellement très locale, car dépendante des ressources naturelles d'un territoire, la fabrication des vêtements s'inscrit aujourd'hui au cœur de la mondialisation économique.
L'anthropologue Marcel Mauss répartit l'espèce humaine en deux grandes catégories selon le type de vêtement : l'humanité drapée qui appartient d'abord aux civilisations des pays chauds et l'humanité cousue qui domine dans les régions froides en ajustant au plus près du corps les vêtements par la couture afin de lutter contre le froid et faciliter l'équitation5.
Dans son ouvrage Histoire illustrée du costume : Introduction visuelle, Jean-Noël Vigoureux-Loridon évoque cinq archétypes, qui constituent et ont constitué le vêtement jusqu'aujourd'hui. Le premier étant le "drapé", maintenu par un point d'appui que peuvent être les épaules, la poitrine, la taille, les hanches ou la tête. Le second, l'archétype "enfilé" ouvert à l'encolure, non cousu. Le troisième, "cousu fermé" (hauts par exemple), puis le "cousu ouvert" (vestes, manteaux...) pour finir avec l'archétype "fourreau" qui épouse plus ou moins étroitement le corps (pantalons...)6.
Parmi les pionniers d'un ordonnancement saisonnier du vêtement, il faut citer, Ziryab (789-857), qui fut considéré en Andalousie comme l'arbitre des élégances et du bon goût. Originaire de Bagdad, il vécut à Cordoue. Paul Balta, directeur honoraire du Centre d’études de l’Orient contemporain, explique : « C’est lui qui introduisit la mode saisonnière (étoffes légères de couleurs vives au printemps, vêtements blancs l’été, manteaux et toques de fourrure l’hiver), et créa un institut de beauté d’une étonnante modernité. »7.
Fonctions
Les fonctions des vêtements sont multiples. Si le linge de corps a une vocation originellement protectrice, il endosse aussi d’autres dimensions, notamment psychologiques, culturelles et sociales.
Protection
Les vêtements ont longtemps joué un rôle de « barrière protectrice ». La première des protections à apporter concernait les intempéries. Cela est toujours le cas aujourd’hui, indépendant des changements survenus à travers les siècles :
Au-delà des intempéries, les vêtements ont toujours servi à protéger le corps d’éventuelles agressions extérieures. Ainsi, les médecins du XVIIe siècle utilisaient-ils des étoffes lorsqu’ils étaient amenés à soigner des pestiférés8.
Au XXIe siècle encore, certains vêtements conservent un rôle spécifique de protection notamment contre les risques mécaniques et chimiques. Ce rôle est très important dans les vêtements professionnels qui constituent fréquemment des équipements de protection individuelle (EPI). C'est le cas des blouses, des bleus de travail, des casques, des tabliers, et, dans les cas extrêmes des armures (dont les gilets pare-balles). En contribuant à la propreté du corps, certains vêtements aident enfin à se protéger contre la saleté extérieure, la transpiration et les mauvaises odeurs. Marc-Alain Descamps résume idéalement cette dimension : « Les vêtements nous protègent des éléments (froid, chaleur, pluie, vent, soleil…), des écorchures, des morsures des animaux ou des piqûres d’insectes, des coups des hommes à la guerre ou dans le sport, etc. Mais il ne faut jamais exagérer l’aspect fonctionnel des vêtements. L’utilité dans ce domaine n’explique finalement que bien peu de choses. Si l’on ne tenait compte que du froid, les peuples méditerranéens vivraient nus 10 mois sur 12. D’ailleurs, au lieu de nous protéger du froid, les vêtements affaiblissent notre résistance et nous font perdre notre thermorégulation naturelle. »
Pudeur
Les vêtements jouent, dans un second temps, un rôle central en matière de pudeur. Ils visent en effet à cacher le corps, à le dissimuler en l'enveloppant de textiles afin de faire passer la communication verbale et la réflexion avant les instincts. La vue des caractères sexuels primaires et secondaires (organes génitaux, fesses, poitrine féminine ou encore poitrine virile) provoque en effet souvent un désir, une attirance ; masquer ces organes permet de voir chez l'autre un être social avant d'y voir un partenaire sexuel potentiel. C’est la raison pour laquelle les organes sexuels ne doivent pas être visibles dans de nombreuses cultures où il est mal vu de dévoiler son corps. La gestion des réactions humaines « primaires » s’en trouve dès lors facilitée : érection de la verge ou des tetons et chair de poule sont, par exemple, soustraites du regard. La relation entre le respect de la pudeur et le développement des vêtements demeure complexe et difficile à dater historiquement. Les cache-sexes d'ethnies vivant quasiment nues, comme les étuis péniens d'Océanie ou les pagnes — pourraient faire penser que la pudeur a précédé les vêtements. A contrario, on peut également s'interroger sur le fait de savoir si la pudeur ne résulterait pas plutôt du masquage du corps, rendant la vision de celui-ci inconvenante même lorsque le temps permettrait de le découvrir — voir par exemple l'arrêté municipal de Deauville de 1996 interdisant le torse nu en dehors de la plage, ou bien les témoignages de pratiquants du nudisme (l'émoi serait créé par le manque).
De nouveau, les travaux de Marc-Alain Descamps nous apportent une excellente synthèse de cet aspect : « En fait la sexualité est beaucoup plus importante pour rendre compte du vêtement, le premier et le dernier des vêtements étant toujours le cache-sexe. La pudeur a enclin les hommes (et encore plus les femmes) à cacher leurs organes de reproduction pour ne pas exciter des convoitises. Puis, par proximité des organes d’élimination, s’y est adjoint la honte. Aussi notre corps est-il coupé en deux : les parties nobles ou montrables et les "parties honteuses". Mais la pudeur n’est pas une réalité stable, car il n’y a rien de plus érotique que la pudeur. Aussi sa localisation varie selon les époques et les lieux. Le rôle des vêtements est finalement de cacher pour donner du prix en excitant le désir, et pouvoir après, dévoiler le caché dans un strip-tease sans fin. Ainsi on cache le décolleté par une modestie, que l’on fait ensuite en dentelles et l’on porte une minijupe mais en ayant bien soin de mettre dessous un collant qui cache ce que l’on vient de dévoiler. »
Exhibition
Si les vêtements peuvent servir à cacher le corps, ils peuvent aussi jouer le rôle inverse : le mettre en valeur à des fins séductrices. En effet, nous pouvons difficilement corriger notre apparence physique alors que l’habillement, lui, est aisément modifiable. En jouant avec les vêtements que nous portons, nous pouvons facilement mettre en valeur nos atouts physiques… et faire en sorte que nos défauts soient le moins visibles possibles. Fusionnant avec l’enveloppe charnelle, certains vêtements peuvent ainsi avoir un rôle partiellement « mécanique » : corset, bustier, gaine, chemises à épaulettes… Ce phénomène n’est pas nouveau et, dès l'Antiquité, les femmes se bandaient les seins avec une étoffe afin de répondre aux critères esthétiques de l'époque. Certains vêtements sont expressément conçus pour orienter le regard vers les attributs sexuels, les valoriser ou pour simplement les laisser transparaître, les suggérer. On lira à ce sujet l'article sur les décolletés ou celui sur les vêtements moulants.
Une fois encore, Marc-Alain Descamps donne un parfait condensé de ce volet : « Finalement la parure rend mieux compte du vêtement. Son origine doit en effet se trouver dans le trophée de chasse (la peau d’ours, de loup ou du lion de Némée pour Hercule) que le chasseur garde sur son dos pour perpétuer le souvenir de sa victoire. À ce premier rôle d’intimidation se superpose celui d’exaltation générale du corps. Il s’agit toujours de magnifier le corps humain, de grandir avec des talons ou des chapeaux, d’élargir les épaules des hommes puis maintenant des femmes, de resserrer la taille pour bien séparer le haut noble du bas ignoble. Par là ce sont tous les fantasmes collectifs et l’inconscient d’un groupe qui vont s’inscrire dans le corps (l’œuf pour la "mama" méditerranéenne, la guêpe en 1900, l’araignée et l’échassier actuellement...). »
Classe et signification sociales
Les vêtements sont visibles et porteurs de significations. Ils revêtent une dimension sémiotique : à la fois messages et porteurs de messages. Les vêtements sont souvent utilisés pour mettre en valeur celui ou celle qui les porte, ils sont parfois le signe de la classe sociale, de la fonction (uniforme de police, de sapeur-pompier, de l'armée).
Ils peuvent également constituer un facteur d'intégration dans un groupe. C'est notamment le cas chez les adolescents, très influencés par les phénomènes de mode et les marques commerciales. Certains vêtements professionnels sont dits à « haute visibilité » (couleur jaune ou orange fluorescent, bandes réfléchissantes) afin que les conducteurs d'engin sur les chantiers et de véhicules sur la route puissent mieux les voir, et donc éviter les accidents. A contrario, d'autres vêtements ont pour rôle le camouflage, en rendant difficilement visible la personne dans l'environnement, comme la tenue de combat des fantassins.
La forme et la couleur des vêtements sont fréquemment porteuses d'un symbole fort. Ainsi, en Europe, les femmes n'ont-elles longtemps porté que des robes et des jupes, c'est-à-dire des vêtements laissant symboliquement le « libre accès » à leur sexe. D'ailleurs, l’ordonnance de la préfecture de police de Paris interdisant en 1800 aux femmes de s’habiller en homme (et l'ordonnance inverse promulguée en 1907 par Louis Lépine, interdisant aux hommes de se travestir en femme) n’a été abrogée qu'en . En Europe, le noir est la couleur du deuil et le blanc celle de la pureté, de la virginité, donc la couleur du mariage. En revanche, en Asie, le blanc est la couleur du deuil.
Dans la culture musulmane, il n'existe aucune différence entre la tenue liturgique et la tenue de la vie quotidienne. En islam, la vie religieuse et la vie profane sont beaucoup plus imbriquées l'une dans l'autre, on passe constamment de l'une à l'autre sans aucune transition autre que les ablutions. En effet, la fonction essentielle du vêtement de la vie quotidienne est de permettre et de faciliter l'accomplissement de la prière.
Typologie
Culture occidentale contemporaine
Pour la plupart des vêtements l'usage est de distinguer les hauts (Chemise, Chemisier, T-shirt, Gilet) et les bas (Jupe, Minijupe, Pantalon). Toutefois, certains vêtements se considèrent par ensemble : pour une tenue habillée : complets pour les hommes, tailleurs ou robes pour les femmes. Il existe d'autres ensembles comme les uniformes scolaires, les vêtements militaires (treillis ou uniforme), les vêtements de sport…
Enfin ne font pas partie des vêtements mais composent l'habillement : les chaussures et les accessoires de mode (écharpes, couvre-chef, bijoux, etc.). N'oublions pas non plus les sous-vêtements.
Culture occidentale historique
Autres cultures
Vêtements pour enfants
Économie
Répartition du prix
Selon une étude réalisée en 199710, un vêtement vendu 10 euros en magasin n'aura en fait, au maximum, coûté que 3 euros à fabriquer. Le coût se répartirait ainsi :
Matières premières et fournitures |
de 8 % à 14 % |
Main d'œuvre |
de 5 % à 14 % |
Frais divers |
de 2 % à 3 % |
Marge fabricant |
de 15 % à 17 % |
Marge magasin |
de 55 % à 67 % |
Cela dépend également du nombre d'intermédiaires qui interviennent entre l'étape de fabrication et le client final. Ainsi certaines marques maîtrisent intégralement la chaîne de valeur de la fabrication (avec leur propres usines) à la distribution (avec leur propre magasins ou via internet).
Économie et éthique
La plupart des produits textiles sont fabriqués dans le Tiers-Monde, et particulièrement en Asie. Certains matériaux utilisés sont parmi les plus polluants. La culture du coton, par exemple, utilise 28 % des pesticides mondiaux, alors qu’il ne représente pas plus de 2,5 % des terres cultivées. De plus, les conditions de travail et les salaires des ouvriers de base dans cette branche sont souvent parmi les plus déplorables, surtout au regard des profits importants réalisés par les intermédiaires et les marques. La mode a une responsabilité dans les principaux enjeux sociaux et environnementaux. En Europe et au Canada, des créateurs ont pris conscience de ces enjeux et proposent des créations plus respectueuses de l'homme et de l'environnement.
Pratique
Tailles
Les vêtements sont classés en fonction de leur taille. On distingue les tailles adultes des tailles enfants.
Entretien
Matière première
Les fibres utilisées pour la conception des vêtements sont de deux catégories : les fibres naturelles et les fibres synthétiques. Le coton est la fibre naturelle la plus utilisée dans l'industrie textile. Elle confère aux vêtements une isolation thermique et un pouvoir d'absorption de la transpiration. il existe d'autres fibres naturelles comme l'abaca, le chanvre, la fibre de coco, le jute, la laine, le lin, le sisal, la soie, le mohair, la ramie, etc.
L'utilisation de fibre naturelle comme le coton de manière industriel, c'est-à-dire l'utilisation de machine tissage automatique, demande qu'elle soit de bonne qualité. Dans le cas, d'une qualité amoindrie le recours à des fibres synthétiques est nécessaire. Ce qui a aussi pour conséquence de diminuer le coût de production.
Les fibres synthétiques se sont imposées sur le marché depuis les années 2000. L'une des principales fibres utilisées est le polyester autre que le coût, il confère de nouvelles propriétés au vêtement. Il est principalement utilisé dans les vêtements techniques. Les fibres synthétiques sont fabriquées à base de ressource non renouvelable et très difficile à recycler, libérant dans l'environnement de grandes quantités de micro-plastique.
Notes et références
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
- L'Habit, commune française, située dans le département de l'Eure et la région Haute-Normandie.
Bibliographie
- Bailleux, N. et Remaury, B., Modes et vêtements, Paris : Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Culture et société » (no 239), 1995.
- Roland Barthes, Système de la mode, Paris : Le Seuil, 1967.
- Boutin-Arnaud, M.N. et Tasmadjian, S., Le Vêtement, Paris : Nathan, 1997.
- Descamps, M.A. Psychosociologie de la mode. Paris : PUF, 1979.
- Florence Gherchanoc et Valérie Huet éd., Vêtements antiques. S'habiller, se déshabiller dans les mondes anciens, actes du colloque international des 26 et , Paris, Errance, 2012, 288 p., ill.
- Godart, F., Sociologie de la mode, Paris : La Découverte, 2010.
- Monneyron, F., La Frivolité essentielle. Du vêtement et de la mode, Paris : Presses Universitaires de France, 2001.
Articles connexes
Liens externes
Textile
Un textile est un matériau susceptible d'être tissé ou tricoté. Initialement, il désigne donc un matériau qui peut se diviser en fibres ou en fils textiles, tels le coton, le chanvre, le lin, la laine (textiles organiques) ou la pierre d'amiante (textile minéral), puis avec la découverte de nouvelles techniques, les fibres synthétiques.
L'action de séparer les fibres d'un textile s'appelle le filage. Par extension, le mot textile peut également s'appliquer au résultat après transformation, un drap est un textile.
S'il est tissé, le textile forme un tissu. Dans le cas contraire, il forme une étoffe servant à rembourrer et orner. À la fin du XVIe siècle, l'étoffe prend le sens plus spécifique de textile servant à l'habillement ou à l'ameublement avant de devenir un nom générique pour désigner des fils enlacés sur un métier à tisser1. Aujourd'hui, on trouve des tissus formés par pressage ou agglomération de textile, une extension technique moderne aboutissant à l'expression contradictoire tissu non tissé.
On distingue deux grandes classes de textiles auxquelles s'ajoutent plusieurs sous classes possibles :
- Textiles traditionnels : textiles pour lesquels on porte l'attention sur l'apparence et le confort. Il s'agit surtout du domaine de la mode, souvent du vêtement, mais aussi de l'ameublement (draps, tentures, rideaux, nappes, serviettes, tapisseries).
- Textiles techniques : sont classés dans cette catégorie tous textiles pour lesquels importent les caractéristiques mécaniques, chimiques, physico-chimiques et ayant une application technique : géotextile, textile médical, matériaux composites à renfort textile.
Par exemple les filtres, le feutre, les mèches, le fil, les tricots, le papier... sont des textiles.
On parle de textiles intelligents ou actifs dès lors que le textile a la capacité de sentir une information dans son environnement et d'y répondre avec un comportement spécifique.
Histoire
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- 650 000 ans (date établie par l'analyse paléogénétique du pou du vêtement2) Les premiers vêtements portés étaient probablement en peaux et fourrures d'animaux rêches et grossières, protégeant le chasseur-cueilleur préhistorique des glaciations du Pléistocène : en utilisant des grattoirs pour racler la viande d'animaux, ils se sont servis de leur peau comme costume drapé ou enfilé, ont utilisé de fines lanières de cuir pour attacher les fourrures3.
- 40 000 ans, l’homme de Cro-Magnon a développé des outils pointus plus fins comme des poinçons ou des aiguilles à coudre en os d'animaux, pouvant percer de petits trous dans les peaux, et ainsi lacer ou coudre des tuniques.
- C'est le mouton qui fut d'abord domestiqué en Mésopotamie en raison de la qualité de sa laine, Hammurabi appelant la Babylone le « pays de la laine ». Facile à travailler, elle était filée et tissée avec des techniques encore utilisées en vannerie, la laine tissée étant plus chaude que les fourrures4. Le premier outil de filage consistait en un petit bout de bois doté d'un crochet qui permettait d'attraper le fil. Il était possible de rouler la branche sur la cuisse afin de rendre la torsion plus rapide. Le fil était quant à lui enroulé autour de la branche afin de pouvoir être stocké et maintenu en place. Il est possible de filer avec la branche. Toutefois, si ce procédé est particulièrement adapté à l'apprentissage, il en demeure relativement lent. Une alternative fut donc nécessaire. La maîtrise de la fabrication d'objets et de vêtements créés avec des fibres textiles durant les temps préhistoriques est une étape essentielle pour les chances de survie des populations préhistoriques5.
- 34 000 ans, la découverte de fibres teintes de lin naturel et de laine de chèvre portant des marques de torsion dans des couches d'argile de la grotte de Dzudzuana en Géorgie suggère l'utilisation de matériaux textiles. Bien qu'elles aient pu être utilisées comme cordage pour l'emmanchement des outils en pierre ou pour le tressage de nattes et paniers, ces fibres ont probablement servi au tissage de vêtements à coudre, l'équipe de chercheurs ayant trouvé associés à ces fibres des mites, des larves de coléoptères et des spores de Chaetomium (en) typiques de la dégradation des textiles6.
- Le tissage rend l'étoffe plus résistante. Cette technique néolithique nécessite le filage de la laine de mouton ou de chèvre, de la fibre de coton, laine, lin, ou soie, ces fibres pouvant subir une torsion à la main pour former un fil solide. L'art du filage est attesté dès la sédentarisation des hommes qui découvrent qu'il est possible de fabriquer un fil solide en parallélisant les poils ou les fibres végétales (laine, lin) puis en donnant manuellement une torsion aux faisceaux de fibres7.
- vers -8000 L'homme préhistorique apprend progressivement à macérer les fibres végétales pour les rendre flexibles (technique du rouissage) ainsi qu'à détacher les poils des cuirs grâce à des silex taillés, fabriquant d'abord des feutres. Le premier feutre est évoqué sur des motifs de peinture murales du site néolithique de Çatal Höyük, de lin, laine, poils, fourrure, voire en écorce d'arbre, mais le feutre reste une étoffe moins résistante que le tissu8.
- dès -6000 en Judée une forme de tricot, le nalbinding9.
- VIe millénaire av. J.-C. le filage au fuseau et à la quenouille, constitués de différents matériaux, pour le lin et la laine est attesté (découverte dans le village néolithique de Sesklo de fusaïole)10 jusqu'à l'apparition du rouet au début du XIVe siècle au Moyen-Orient. C'est au XVIIe siècle qu'on ajoute une pédale au rouet pour libérer la main droite du fileur et améliorer la technique. Mais malgré ce progrès, le tissage et le filage restent des opérations lentes, artisanales et relativement onéreuses7.
- En 1746, la première manufacture d'indiennes mulhousienne est créée dans ce qui est encore la République de Mulhouse (Stadtrepublik Mülhausen) par Koechlin, Schmaltzer et Jean-Henri Dollfus. Dans les années 1760 apparaît, au Royaume-Uni, le premier métier à filer mécanique (Spinning jenny).
- En 1771, Richard Arkwright crée la première filature industrielle.
- Crompton invente quant à lui la spinning mule permettant à un seul ouvrier de commander jusqu'à 1 000 fuseaux.
- En 1812, tous les métiers à filer du Royaume-Uni produisent autant que quatre millions de rouets7.
Le filage industriel se développe avec deux inventions : d'une part, la machine à égrener le coton pour fournir la fibre ; d'autre part, celle du métier à tisser pour utiliser le fil. L'expansion des filatures crée un exode rural qui engendre une mécanisation agricole visant à maintenir les niveaux de production et oblige les artisans fileurs à se reconvertir. Le travail en filature ne demandant ni force, ni aptitude spéciale, la main d'œuvre bon marché que sont les femmes et les enfants est préférée, avant que l'évolution de la législation ne finisse par interdire le travail des enfants7.
Matières premières
Les matières textiles sont généralement classées en trois grandes catégories en fonction de leur origine. On distingue ainsi les matières naturelles (végétales ou animales), artificielles et les matières synthétiques.
- Les matières naturelles : ces matières premières proviennent d’origine végétale ou animale. Chaque matière inclut divers avantages et inconvénients, et est généralement déclinée en différentes variétés.
- La laine : d’origine animale, elle est obtenue à partir de la toison du mouton ou d’autres animaux. Cette matière se démarque par sa douceur et sa légèreté, mais aussi par son confort et sa capacité à tenir chaud. Cependant, la laine est une matière délicate, résiste mal aux frottements et est sensible à la lumière. On distingue différentes variétés de laine parmi lesquelles le mérinos, le cachemire, l’angora et l’alpaga.
- La soie : également d’origine animale, la soie est issue du cocon produit par la chenille du bombyx du mûrier communément appelée ver à soie. Cette matière aux filaments longs et brillants est résistante tout en gardant une certaine douceur au toucher. Le confort qu’elle procure et sa bonne isolation en fait un produit haut de gamme au prix souvent élevé.
- Le coton : d’origine végétale, le coton est une fibre qui recouvre les graines du cotonnier. Très doux au toucher, il est généralement agréable à porter et bénéficie d’une bonne robustesse et souplesse. Il a tendance à se froisser facilement et n’est pas bon isolant.
- Le lin : le lin est une matière textile extraite des fibres de la plante du même nom. Cette matière très résistante d’origine végétale est dotée d’un fort pouvoir absorbant et d’une certaine fraîcheur au porter, ce qui la rend idéale pour l’été. Le lin a cependant tendance à se froisser facilement et à jaunir lorsqu’il est exposé à la lumière.
- Les matières artificielles : ces matières sont constituées de fibres fabriquées à partir de la cellulose extraite des végétaux. La matière première artificielle la plus utilisée est sans aucun doute la viscose qui est fabriquée à partir de cellulose extraite de bois notamment. La viscose est dotée d’un bon pouvoir absorbant et se démarque par sa brillance similaire à la soie. Elle est en revanche critiquée pour sa facilité à se froisser et sa faible résistance à l’humidité. À noter que ce n’est pas la seule matière artificielle, on dénombre également le modal, le cupro ou encore l’acétate de cellulose.
- Les matières synthétiques : les matières présentées ci-dessous sont produites par synthèse de composés chimiques provenant majoritairement d’hydrocarbures ou d’amidon. Elles sont généralement mélangées à des fibres naturelles afin de faire baisser le prix de revient tout en bénéficiant des avantages apportés par ces matières de synthèse.
- Le polyester : très bon isolant thermique, le polyester est résistant à l’usure, la luminosité et aux mites. Ce textile supposé infroissable est cependant doté d’un faible pouvoir absorbant et ne laisse pas respirer la peau.
- Le polyamide : le polyamide matière textile résiste parfaitement à l’usure et aux mites tout en étant un très bon isolant thermique et bénéficiant d’une excellente résistance à la traction. Le polyamide demeure malgré ses qualités un textile au pouvoir absorbant faible, au toucher froid et relativement sensible à la lumière.
- L'acrylique : l’acrylique est une matière synthétique résultant de la réaction de l’ammoniac sur un dérivé du pétrole. C’est un textile très résistant aux tractions, agréable au toucher, insensible aux mites mais également un très bon isolant thermique. Comme tous les textiles de synthèse, son pouvoir absorbant est relativement faible. Il a également tendance à retenir l’électricité statique et à jaunir sous l’effet de la chaleur.
- L'élasthanne : cette matière synthétique est reconnue pour son excellente élasticité. L’élasthanne est d’ailleurs régulièrement mélangée à d’autres fibres textiles dans le but de les rendre plus extensibles. Outre cette qualité, cette matière très légère est agréable au toucher et suffisamment résistante. Elle a cependant tendance à jaunir de par sa sensibilité à la chaleur et à la lumière.
Techniques
Fibres
Les fibres textiles sont classées en trois grandes catégories :
- Les fibres naturelles (existant à l'état naturel comme la Fibre de bambou) ; elles furent les premières à être utilisées pour la confection de vêtements.
- Les fibres chimiques :
- Les fibres artificielles (fabriquées à partir de matières premières naturelles).
- Les fibres synthétiques (obtenues par réactions chimiques).
- Les fibres minérales (silicate mixte de carbone et de magnésium) permettent la confection de tissus ignifugés11 utilisés dès l'Antiquité.
Filature
La fabrication d'un fil nécessite le décorticage et le nettoyage de la matière première (égrenage), le desserrement et la parallélisation des fibres (cardage, peignage) puis enfin la filature.
La réalisation d'un fil est une succession d'étapes dépendant de la qualité du fil souhaité et du type de fibres à travailler, mais qui comporte toujours au moins trois phases :
- plusieurs filaments sont tirés de la filasse et rassemblés en mèche ;
- la mèche est roulée en fil par torsion ;
- le fil est mis en bobine pour être tissé.
Il existe deux grands processus de filature :
- la filature pour fibres longues (filature type laine) ;
- la filature pour fibres courtes (filature type coton).
Pour ces deux processus, on part de bourres de fibres nettoyées, si nécessaire, qu'on transforme en ruban puis en mèche puis en fil.
- Filature de fibres continues ou filage :
- Pour les fibres synthétiques : par filage, on obtient un filament. Les filaments sont convertis (coupés) ou craqués pour obtenir des fibres pouvant être mélangées ;
- Pour les fibres naturelles : Un ver à soie est capable de sécréter un filament pouvant mesurer jusqu'à 1 500 m. La soie n'entre généralement pas dans les processus de filature décrits au-dessus. On assemble les filaments des soies, puis on fait un retordage de ces assemblages, qui peuvent ensuite être coupés pour être mélangés à d'autres fibres.
Tissage
Le tissu est obtenu par le tissage qui est le résultat de l'entrecroisement, dans un même plan, de fils disposés dans le sens de la chaîne et de fils disposés, perpendiculairement aux fils de chaîne, dans le sens de la trame. Le liage obtenu entre ces fils de chaîne et trame se définit par une armure.
On distingue trois grandes classes fondamentales d'armures : toile, sergé et satin.
Il existe des armures dérivées des trois précédentes : le reps, le cannelé, le croisé, le satin à répétition, etc. Un tissu peut être composé de plusieurs armures différentes et dans ce cas on parle de tissu façonné (e.g. Le velours de Gênes).
Le métier Jacquard permet la sélection de fils de chaîne de façon indépendante tandis que les métiers à cadres font une sélection de cadres et donc de groupes de fils.
Selon l'utilisation qui est faite des fils, on parle de duites (fils de trame) et de fils (fils de chaîne). On peut aussi trouver des fils fantaisie quand une grande importance est donnée à l'esthétisme du fil au lieu de sa régularité. Il existe aussi les fils dit techniques utilisés dans des applications techniques.
Le tissage s'accompagne d'étapes précises dont les plus importantes sont :
- le bobinage : les fils sont disposés sur les bobines ;
- l'ourdissage : préparation de la chaîne sur le métier à tisser ;
- le rentrage : les fils de chaîne sont enfilés dans des tiges métalliques (les lisses) puis dans les dents du peigne ;
- une fois la pièce textile descendue du métier industriel et jusqu'à l'informatisation, les tissus de luxe (drap d'Elbeuf) destiné à l'habillement connaissent le rentrayage qui consiste à réparer à l'aiguille les grappes, c'est-à-dire les erreurs commises par le métier à l'occasion de la rupture d'un fil de chaîne ou de trame ou tout autre incident.
Tricot
Plusieurs méthodes de tricotage ont été développées.
Le tricotage à mailles cueillies, appelé aussi tricotage trame est le plus connu. Il permet l'obtention de tricot jersey, interlock, côte 1x1, côte anglaise, etc. Ces mailles sont fréquemment utilisées dans les sous-vêtements, les tee-shirts, les pull-overs, les chaussettes, etc.
Le tricotage à mailles jetées ou chaîne permet la réalisation d'articles indémaillables. Les armures les plus fréquentes sont la charmeuse, l'atlas, le satin. Ces mailles sont utilisées dans la confection de maillots de bain, de lingerie, de voilages.
Non-tissé
Les non-tissées sont des textiles dont les fibres sont maintenues de façon aléatoires, ils sont souvent classés selon leur domaine d'application ou leurs caractéristiques techniques.
Voie de fabrication
- voie humide (dite papetière)
- voie aérodynamique
- voie fondue
Voie de consolidation
- mécanique
- aiguilletage
- couture-tricotage
- thermollage
Applications
Les non-tissés les plus connus sont les feutres. Mais le grand public connaît également cette technologie sous la forme des lingettes ménagères ou cosmétiques.
Ennoblissement
Les techniques d'ennoblissement ont pour but de modifier les propriétés du textile « brut ».
Une fois les textiles préparés (flambage, désencollage, etc.), ils peuvent recevoir une opération de teinture ou d'impression.
Pour leur donner « de la main » (du toucher), des apprêts mécaniques (émerisage, grattage, etc.) ou des apprêts chimiques sont utilisés. Enfin, des fonctions (bactériostatisme, déperlance, hydrophilie, protection UV, etc.) peuvent être greffées sur ces textiles par apprêts chimiques.
Teinture
Nom | Caractéristiques |
Ikat |
Procédé asiatique de teinture où les parties du fil à préserver de la teinture sont cachées par un fil noué sur le fil de la trame. |
Mahaju |
Méthode de teinture par réserve, l'étoffe à teindre est nouée en différents endroits pour jouer sur la densité de couleur. |
Batik |
Technique inventée à Java consistant à masquer avec de la cire les parties non teintes |
Impression
L’impression est la décoration d’une étoffe par un motif répétitif. Historiquement, l’impression daterait du IIe millénaire av. J.-C. et serait originaire des Indes12.
Nom | Caractéristiques |
Dévorage |
S’applique pour les supports de deux fibres distinctes. La pâte d’impression contient un agent chimique qui détruit l’une des fibres. |
Flocage |
Le motif est encollé et saupoudré de fibres textiles courtes pour un aspect velours. |
Impression à cadre rotatif |
Un rouleau creux, contenant la couleur et découpé aux endroits à imprimer, passe sur l’étoffe ; l’opération est répétée une fois par couleur. |
Impression à la planche |
Procédé artisanal. Les motifs sont sculptés dans une planche qui est ensuite appliquée sur l’étoffe. |
Impression par rouleau |
Version mécanique de l’impression à la planche. |
Impression sérigraphique |
Le motif est gravé sur du vernis fixé sur un cadre puis appliqué sur l’étoffe. |
Pochoir |
Procédé artisanal. Le motif est pré-découpé dans une plaque qui s’applique sur l’étoffe et les couleurs sont appliquées à la brosse. |
Thermocollage |
Collage de motifs figuratifs ou de patterns (strass ou perles synthétiques) en planches. |
Textiles à usage technique
Les TUT sont de plus en plus dénommés textiles techniques et fonctionnels. Ils contribuent à la diversification du secteur textile traditionnel, en réponse aux délocalisations notamment.
Ils regroupent des tissages de matériaux dont les performances et propriétés fonctionnelles qui diffèrent de celles des fibres textiles traditionnelles. On les retrouvera notamment surtout dans des applications techniques et parfois 'extrêmes' : ailes d'avions, voiles de bateaux, pansements, vestes de pompier, prothèses médicales, stabilisateur de route, para-grêle, dirigeables, etc.
La production de TUT croît régulièrement depuis les années 1990 (Marché estimé à 65 milliards d'euros en 1995, puis à 85 milliards d'euros en 2005, et qui pourrait atteindre 100 milliards d'euros vers 2010.
Le 1er producteur et le 1er consommateur de textile technique en Europe serait l'Allemagne où la recherche est pilotée par un réseau de compétences supra régional dit Conseil en Recherches Textiles, avec 16 unités de recherche (en 2007) et de nombreux partenaires institutionnels et industriels.
Un nouveau type de textile fait son apparition : les Smart Textiles incorporant de l'électronique pour plus d'interaction avec l'utilisateur ou l'environnement. Ces nouveaux produits promettent des applications dans les domaines du médical (vêtement avec capteur cardio-vasculaire, respiratoire, thermomètre, etc.), du loisir (veste avec lecteur MP3 intégré, mode : vêtement lumineux), de la sécurité (dossard clignotant et communicant, etc.). On évoque aussi des tissus susceptibles de produire de l'électricité, c'est-à-dire jouant le rôle de panneaux solaires, susceptible de recharger des batteries de téléphone, ordinateur, etc. voire d'alimenter des dirigeables.
Performance des textiles
- Applications
- bactériostatisme
- résistance mécanique
- anti-statisme
- protection feu
- oléofuge / hydrofuge
- géotextiles / agrotextiles
- smart textiles / Textronique
- Caractéristique mécanique
- comparaison d'essais en traction de différentes fibres.
- comparaison d'une éprouvette métallique de même finesse qu'un fil textile.
- Matériau composite
Métrologie des textiles
Typologie
Nom | Caractéristiques | Utilisation |
Bachette |
Tissu de coton semblable à une bâche mais en plus léger |
Habillement, ameublement |
Batiste |
Fine toile de lin |
Habillement, chemiserie (vieux) |
Bogolan |
Tissu teint suivant une technique utilisée au Mali, Burkina Faso, Guinée |
Habillement |
Buckram |
Textile, généralement à base de coton et plus rarement de lin, rigidifiée par un trempage de nitrocellulose |
Reliure |
Calicot |
Toile de coton |
Drap de lit, etc. |
Crêpe |
Tissu léger, à l'origine en soie ayant un aspect granuleux |
Habillement |
Cretonne |
Toile de coton |
Habillement, Ameublement |
Damas |
Tissu jacquard mélangeant fils mats et brillants |
Linge de table, ameublement |
Dentelle |
Tissu ajouré |
Habillement |
Denim |
Tissu de coton résistant |
Habillement, Jean |
Faille |
Tissu de soie (ou acétate, polyester) à gros grains formant de petites côtes |
Habillement |
Feutre |
À l'origine textile obtenu par l'agglomération de fibres animales par des opérations thermiques et mécaniques de foulage |
Chapeau, Habitat, Habillement |
Flanelle |
Tissu à l'origine de laine à l'aspect duveteux et doux au toucher. Aspect obtenu par foulage. Aussi utilisé pour des tissus de coton ayant les mêmes qualités. |
Habillement |
Gabardine |
Tissu serré présentant une côte en diagonale sur l'endroit |
Habillement |
Gaze |
Toile légère et transparente |
Habillement, Médical |
Indienne |
Étoffe de coton peinte |
Habillement |
Jacquard |
Tissu réalisé avec un « métier Jacquard », à l'origine en soie |
|
Kelsch |
Tissu de lin à carreaux bleus et/ou rouges |
Linge de maison |
Linon |
Toile de lin délicate, transparente et aérée |
Chemises, lingerie, mouchoirs |
Lustrine |
Tissu de coton d'armure croisée, fortement apprêté et glacé sur une face |
Habillement (doublure) |
Métis |
Tissu réalisé avec une chaîne en pur coton et une trame en pur lin, contenant au minimum 40 % de lin |
Moiré |
Tissu à fines côtes transversales utilisant les reflets des fils de soie, viscose, etc. pour créer des motifs changeants |
Moire |
Étoffe à reflets changeants obtenus en écrasant le grain du tissu avec une calandre (machine à lustrer ou glacer les tissus) spéciale |
Mousseline |
Tissu fin et transparent de coton ou de laine. Origine ville de Mossoul |
|
Organdi |
Mousseline enduite d'un apprêt |
Habillement, broderie |
Ottoman |
Tissu à grosses côtes transversales |
Ameublement, Habillement |
Pongé |
Taffetas de soie léger et souple |
Habillement |
Popeline |
Tissu de coton serré et pesant. À l'origine, tissu dont la chaine était en coton et la trame en laine retorse13 |
Habillement |
Satin |
Tissu plat, uni, brillant et initialement en soie |
Habillement, Ameublement |
Serge |
Tissu à armure sergé |
Habillement |
Taffetas |
Toile de soie légère et brillante |
Habillement |
Tulle |
Étoffe légère à maille hexagonale |
Habillement, Ameublement |
Tussor |
Tissu de soie sauvage rustique |
Tweed |
Tissu épais en laine |
Habillement |
Velours |
Étoffe à l'aspect velu sur l'endroit, serré sur l'envers |
Habillement, Ameublement |
Vichy |
Étoffe de coton à carreaux tissé et teint d'au moins deux couleurs |
Habillement |
Usage courant
Le textile sert à la confection de vêtements spécifiques aussi divers que variés.
Civil
Religieux
Économie
Industrie textile
L'industrie textile débute par une chaîne de transformation partant de matières premières fibreuses jusqu'à des produits semi-ouvrés ou entièrement manufacturés. Elle regroupe de nombreux métiers et commence par transformer des matières premières (fibres naturelles, artificielles ou synthétiques, pigments, additifs) en fils. Les métiers associés sont notamment la filature, le guipage, le moulinage ou encore la texturation. À partir de fils unidimensionnels, le tissage ou tricotage (ou des techniques de tissus non-tissés) produisent des surfaces textiles bidimensionnelles (voire tridimensionnelles14) qui peuvent être teintes et/ou imprimées et/ou brodées. Des propriétés particulières leur sont éventuellement apportées par des apprêts chimiques, mécaniques, des enduction, contre-collage, etc.). Les surfaces textiles sont alors transformées en habits, meubles, rideaux ou utilisées pour de nombreux autres buts (ex : géotextiles stabilisants des routes, des voies ferrées..), pour drainer des terrains (agrotextiles), pour faire voler des hélicoptères, suppléer une articulation déficiente ou encore protéger un pompier du feu (textiles techniques fonctionnelles).
En déclin en occident, cette industrie demeure cependant dynamique dans les secteurs du textile technique et du textile de luxe. La majorité des 1 280 entreprises textiles actives en France se situe dans les régions : Alsace, Champagne, Lorraine, Midi-Pyrénées, Nord, Normandie, Picardie, Rhône-Alpes, par exemple, des entreprises telles que Jules Tournier & Fils et la société Bel Maille, spécialistes des tissus techniques.
L'industrie textile est florissante en Asie (Inde, Bangladesh, Chine, etc.) où sont implantées des usines officielles ou des sous-traitants (y compris travaillant pour de grandes marques). Il est reproché à ces usines de rarement respecter le règlement européen REACH, et de mal protéger la santé ou l'intégrité physique de (leurs) personnel (et souvent, des enfants y travaillent). Les rares usines traitant leurs eaux ne filtrent pas les produits chimiques (Nonylphénol par exemple) qui polluent l'eau et les sols locaux et contribuent à la pollution globale, aussi subie par les pays acheteurs de ces vêtements. Certains polluants et des microplastiques, voire des nanoplastiques (dégradation des fibres synthétiques) quittent les vêtements au fur et à mesure des lavages, polluants des eaux mal filtrés par les usines d'épuration, ou les boues d'épuration. 80 % des légumes français contiendraient notamment du Nonylphénol.
Les grandes marques (françaises ou autres) arborent des écolabels ou des assertions environnementales ou socio-environnementales sur leur site, mais ne peuvent ou déclinent contrôler leur chaîne d'approvisionnement. L'étiquetages des vêtements et autres textiles produits hors Europe ne permet pas de savoir si le règlement REACH ou d'autres exigences environnementales sont respectés, ni la législation internationale du travail, y compris pour des vêtements haut-de-gamme si le textile a été importé sans traçabilité 15.
Les ouvriers des usines textiles asiatiques sont en outre mal payés ; selon la sociologue et autrice d'une enquête sur la « fast fashion » et ses impacts socio-environnementaux, résumée dans un ouvrage intitulé Une mode éthique est-elle possible ? (2018)16, majdouline Sbaï, à la fin des années 2010, 50 % des textiles sont en outre « vendus en soldes. Quand on regarde le découpage du prix d’un vêtement, il apparaît que les phases de production et de transport représentent le plus souvent moins de 10 % du prix final. Le salaire de l’ouvrier ne représente même pas 1 % de ce prix. 90 % de la valeur va à la conception, au marketing, à la distribution et à la marge (...) les soldes sont devenues le business model de la fast fashion (...) C’est une logique de vente événementielle quasi-permanente pour que les gens aient envie de revenir dans les magasins. Les marques font du réassort permanent pour que les gens aient soif de nouveauté. Le prix initial auquel était vendu un produit ne veut plus rien dire. Des marques produisent même spécialement pour les soldes. Certaines marques produisent en effet à ces occasions des vêtements avec le même design mais avec un tissu de moins bonne qualité pour le vendre moins cher », avec comme point d'orgue le Black Friday.
En réaction à cette tendance des mouvements comme le collectif De l'éthique sur l'étiquette (créé par quarante-sept syndicats et organisations de consommateurs et de solidarité internationale)17 plaident pour un commerce équitable, le retour de la qualité et de la transparence sur les prix et les filières et pour une éthique sociale et environnementale18, y compris dans le secteur de l'habillement19.
De nombreuses marques déploient progressivement des technologies de traçage pour améliorer la transparence d'approvisionnement et la traçabilité des textiles20. Comme le groupe H&M qui solidifie sa collaboration avec TextileGenesis™, une technologie pour tracer toutes les matières cellulosiques et synthétiques, ainsi que le polyester recyclé21.
Arts textiles
Pratique : usages et entretien
Institutions
Écoles d'ingénieur textile en Europe
Notes et références
- Elisabeth Hardouin-Fugier, Bernard Berthod, Martine Chavent-Fusaro, Les étoffes. Dictionnaire historique, Editions de l'Amateur, , p. 186
- David L Reed et col, « Pair of lice lost or parasites regained : the evolutionary history of anthropoid primate lice », BMC Biology, vol. 5, no 1, , p. 7 en particulier la référence n°19 (DOI 10.1186/1741-7007-5-7)
- David L Reed et Jessica E Light et col, « Pair of lice lost or parasites regained : the evolutionary history of anthropoid primate lice », BMC Biology, vol. 5, no 1, , p. 7 (DOI 10.1186/1741-7007-5-7)
- Catherine Breniquet, Essai sur le tissage en Mésopotamie, des premières communautés sédentaires au milieu du 3e millénaire avant J.-C., Paris, de Boccard, , 416 p. (ISBN 978-2-7018-0235-0)
- (en) M. Balter, « Clothes Make the (Hu) Man », Science, vol. 325, no 5946, , p. 1329-1329 (DOI 10.1126/science.325_1329a)
- (en) E. Kvavadze et col, « 30,000-Year-Old Wild Flax Fibers », Science, vol. 325, no 5946, , p. 1359-1359 (DOI 10.1126/science.1175404)
- Les inventions qui ont changé le monde, Édition Sélection du reader's digest, 1982. (ISBN 2-7098-0101-9)
- (en) Mary E. Burkett, « An Early Date for the Origin of Felt », Anantolian Studies. Journal of the British Institute of Archaeology at Ankara, vol. 27, , p. 111-115
- Lise Bender Jørgensen, « Stone-Age Textiles in North Europe », in Textiles in Northern Archaeology, Textile Symposium in York, North European Symposium for Archaeological Textiles Monograph 3, NESAT III ; London Archetype Publications, 1990, p. 1-10
- Corinne Julien, Histoire de l'humanité : De la Préhistoire aux débuts de la civilisation, UNESCO, (lire en ligne [archive]), p. 1226
- Rendre incombustible ou moins combustible un matériau naturellement inflammable en l'imprégnant de substances stoppant ou ralentissant l'action du feu. Voir la définition du verbe ignifuger [archive]
- Le vêtement, M.N. Boutin-Arnaud, S. Tasmadjian, Éditions Nathan, 1997. (ISBN 2-09-182472-0)
- [Littré]
- Nemoz G (2003) Textures textiles tridimensionnelles. Ed. Techniques Ingénieur |lien Google Livre : https://books.google.com/books?hl=fr&lr=&id=SCjLZSckAcYC&oi=fnd&pg=PA1&dq=tissus+non-tissés&ots=ZEhlSHCktv&sig=scN4GAA6KiPE7Ruj5_VfptT_FDY [archive]
- Émission Envoyé spécial du 19 septembre 2013
- Sbai, Majdouline (2018) Une mode éthique est-elle possible ? |Éditeur : Rue de l'échiquier | Lien : https://www.ruedelechiquier.net/essais/180-une-mode-éthique-est-elle-possible-.html [archive]
- Chessel M & Cochoy F (2004) Autour de la consommation engagée: enjeux historiques et politiques [archive] | Sciences de la société, (62), 3-14.
- Latouche, S. (2000). De l'éthique sur l'étiquette au juste prix: Aristote, les SEL et le commerce équitable. Revue du MAUSS semestrielle, (15), 346-358.
- Vercher, C. (2010). Chaînes globales de valeur et responsabilité sociale des firmes de l'habillement [archive]. Revue française de gestion, (2), 177-193.
- FashionNetwork com FR, « Traçabilité: à quels outils se fier pour identifier ses textiles ? » [archive], sur FashionNetwork.com (consulté le )
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie : ordre chronologique
- Martine Parcineau, Fibres, fils, tissus de l'artisanat à l'industrie : Mémento à l'usage des futurs designers textiles - Nouvelle édition augmentée, Paris, Eyrolles, , 238 p., 26 cm (ISBN 978-2-416-00807-8, SUDOC 27019407X, lire en ligne [archive]) (en ligne : présentation et extrait)
- Claude Fauque, Les mots du textile, Paris, Belin, , 223 p., 18 cm (ISBN 978-2-7011-6510-3, SUDOC 168955784).
- Dominique Cardon, La draperie au Moyen âge : essor d'une grande industrie européenne, CNRS éditions, , 661 p., 24 cm (ISBN 2-271-05592-X, SUDOC 045261377).
- Christiane Garaud et Bernadette Sautreuil, Technologie des tissus : aide-mémoire - 6e édition revue et augmentée, Paris, Les Nouveautés de l'enseignement, , 127 p., 21 cm (ISBN 2-7135-0425-2, SUDOC 000746533). Autres éditions (SUDOC 000465933), (SUDOC 000320935) ; éd. Casteilla (SUDOC 108664821), (SUDOC 070501564),
Articles connexes
Liens externes