Catégorie :
Steppe
Répartition de diverses steppes sous des latitudes tempérées (en jaune) et subtropicales (en orange)
Une steppe (du russe : степь, step) désigne en biogéographie plusieurs types de formations végétales composées d'étendues d'herbes dépourvues d'arbres, pouvant être denses ou clairsemées, sous des latitudes diverses (tempérées à tropicales).
Le nom de « steppe » provient du russe : степь (step), qui désigne la steppe eurasienne, un écosystème de prairie tempérée en Eurasie centrale. Le terme a été repris pour désigner d'autres formations végétales dans le monde qui sont diverses et parfois plus arides1 :
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
Forêt
La
FAO souligne la place des forêts dans l'ensemble des
biomes mondiaux, ses évaluations des ressources forestières mondiales en 2010 rappelant qu'elles couvrent 31 % de la superficie des terres émergées (soit 10 % de la surface du globe)
3. 93 % de la superficie des forêts du monde est formée de forêts naturelles (
forêts primaires et
forêts secondaires qui se sont
régénérées naturellement). Les forêts primaires occupent 36 % de la superficie forestière totale. Les autres
forêts naturellement régénérées en représentent 57 %, tandis que les
forêts plantées en représentent 7 %
4.
- Inlandsis et déserts polaires
- Toundra
- Taïga ou forêt boréale
- Forêts feuillues caducifoliées tempérées
- Prairies
- Forêts sempervirentes subtropicales
- Forêts sempervirentes méditerranéennes
- Forêts de mousson
- Déserts arides
- Déserts et broussailles xérophytes
- Steppe aride
- Déserts semi-arides
- Savanes
- Savanes et forêts claires
- Forêts tropicales caducifoliées
- Forêts sempervirentes tropicales
- Toundra alpine
- Forêts de montagne
Forêt tropicale d'Amérique du Sud
Vue d'une forêt tempérée mixte
Vue intérieure d'une forêt tempérée mixte en France.
Une forêt ou un massif forestier est une étendue boisée, relativement grande, constituée d'un ou plusieurs peuplements d'arbres, arbustes et arbrisseaux (fruticée), et aussi d'autres plantes indigènes associées. Les définitions du terme « forêt » sont nombreuses en fonction des latitudes et des usages.
Un boisement de faible étendue est dit bois, boqueteau ou bosquet selon son importance.
Divers types de forêts existent ; des forêts primaires aux forêts dites urbaines, avec les gradients intermédiaires5. Il existe également de nombreux types d'exploitation des forêts (sylviculture, ligniculture, agrosylviculture…).
Les forêts sont aussi un milieu de vie et une source de revenus pour l'être humain : au début du XXIe siècle, plus de cinq cent millions de personnes6, dont cent cinquante millions d’autochtones[réf. nécessaire], vivent en forêt ou à ses abords. Elles abritent une grande richesse écologique, concentrant 80 % de la biodiversité terrestre mondiale recensée.
L'action de l'Homme dans plusieurs régions de la planète conduit à une destruction ou une surexploitation des forêts. Cela engendre une importante déforestation qui concerne surtout actuellement les forêts tropicales et dans une moindre mesure la taïga. La moitié des forêts de la planète a été détruite au cours du XXe siècle7. Il n'y a pas de gouvernance mondiale des forêts, ni de convention internationale, mais l'ONU a mis en place un Forum des Nations unies sur les forêts (FNUF).
Étymologie
Le terme générique forêt
En boisements plus ouverts, la strate herbacée, plus éclairée, s'exprime plus densément.
L'origine du mot forêt est complexe. Il a remplacé à partir du XIIe siècle, sous la forme forest « vaste étendue de terrain peuplée d'arbres »8, l'ancien français selve, du latin silva, « forêt ». L'anglais forest est un emprunt au français9,10, l'allemand Forst, forêt exploitée (vieux haut allemand forst, attesté vers 800)11 est sans doute également apparenté.
Le mécanisme de cette substitution semble passer par les rois mérovingiens puis carolingiens, sous lesquels le terme de bas latin foresta désignait un territoire à part, dont la jouissance était réservée au roi, les forêts royales. Ces territoires pouvaient aussi bien être des bois, des landes, ou des terres en eau (rivière, étang, lac et même mer), mais étaient généralement non cultivés et réservés à la chasse ou à la pêche.
Ainsi Jacques-Joseph Baudrillart écrit-il en 1825, dans son Dictionnaire général des Eaux et Forêt12 à l'article « Forêt » : « Nos premiers rois avaient des domaines particuliers, appelés villa regia, ou foreste dominicum, qu'ils faisaient administrer par des officiers désignés sous le nom de juges, auxquels ils recommandaient particulièrement la conservation de leurs forestae, mot générique qui comprenait alors les étangs royaux pour le poisson, en même temps que le bois pour le pâturage. »
On pouvait par exemple parler, sous Charles-le-Chauve, de la foresta des pêches de la Seine. On trouve dans les capitulaires de Charlemagne (747-814) l'expression silva forestis pour désigner des étendues boisées relevant du domaine royal. Les termes foresta, ou silva forestis ont alors valeur juridique, désignant un « territoire soustrait à l'usage général »13 zone dans laquelle il est défendu de défricher et où la chasse ou la pêche sont gardées. Progressivement, le terme s'est spécialisé pour ne plus désigner que les étendues boisées relevant du roi ou d'un seigneur, tandis que d'après Baudrillart (op. cit.) apparaissait l'expression les eaux et forêts, ou les eaux-forêts, dans un sens proche du sens initial de forestae.
L'origine de foresta est plus controversée. On a longtemps évoquée une origine germanique, par un terme vieux bas francique *forhist non attesté, avec perte du [h] à l'époque mérovingienne *forist, qui serait un dérivé du vieux bas francique *forha « sapin » (cf. allemand Föhre « pin sylvestre », anglais fir « sapin »), le suffixe -ist ayant une valeur collective, d'où le sens de « sapinière, forêt de sapins ». Cette explication est aujourd'hui délaissée, l'origine de foresta semblant bien plutôt romane, mais avec deux hypothèses concurrentes cependant.
Selon une première hypothèse, fondée sur le sens juridique donné à foresta par les mérovingiens et les carolingiens, il proviendrait du latin classique forum (forum puis tribunal)14. Bien que favorisée par les ouvrages étymologiques français, aucune forme intermédiaire permettant d'appuyer cette hypothèse n'est cependant donnée.
Une hypothèse alternative beaucoup plus argumentée fait dériver foresta directement du latin foris, « dehors, extérieur »15 (forum dérivant lui-même de foris) et plus précisément de forestis « ce qui est en dehors, hors de l’enclos » au sens de ce qui est en dehors de là où l’homme vit, où réside le pouvoir16. Le grammairien Placidus connaît déjà un adjectif forasticus (« extérieur »)15 dérivé de foris ; cet adjectif subsiste dans l'italien forastico, le sicilien furestico, l’ancien occitan foresgue (« sauvage », « rude », « rétif »). De plus, l'italien forestiere a le sens d'« étranger, homme du dehors », de même que l'ancien provencal forestiero « qui est en dehors (de la commune), étranger ». L'ancien français forestier avait également le sens d'étranger, et l'italien actuel foresta conserve le sens de « vaste zone inculte, où la végétation, et en particulier les arbres, croissent spontanément ».
Ainsi le terme foresta aurait pu désigner à l'époque gallo-romaine les espaces restés sauvages, en dehors, à l'extérieur, de ceux mis en valeur par les communautés villageoises (ces derniers contenant aussi des bois aménagés et exploités), les rois et seigneurs francs se réservant par la suite l'usage de ces territoires. On aurait ainsi un croisement de sens intéressant entre foresta « espace sauvage, en dehors du domaine cultivé », et sauvage, de l'ancien français salvage, du latin silvaticus, « forestier ».
Autres mots pour désigner la forêt ou le bois
Le mot gaulois brogilos dérive de broga (« champ »), devenant broglius désignant au IXe siècle un bois humide, clos ou entouré d'une haie. Il a donné breuil du dictionnaire de l'Académie française et des toponymes tels que Breuil
ou le Breuil
par exemple.
Les Romains appelaient la forêt silva, mais Virgile et Cicéron la nomment nemus (« bois » en latin, qui proviendrait de nēmō, -inis, contraction de ne homo, -inis signifiant « nul homme »). Ce mot figure souvent dans les chartes capétiennes pour désigner des petites zones boisées. Salluste utilisait le terme saltuosus pour désigner un espace boisé. À l'époque romaine les saltuarii ou les silvarum custodes administraient les forêts. Aux époques mérovingienne (481-751) et carolingienne (751-987), le mot saltus désigne fréquemment les zones de bois et landes, plutôt semble-t-il quand elles appartenaient au fisc royal. Le mot nemus ne s'est pas perpétué en gallo-roman et saltus (> ancien français sault) n'a pas survécu en français moderne.
Un autre terme existe en ancien français, il s'agit de gaut (ou gault, guault, dialectes septentrionaux waut, mot masculin). Il peut désigner le bois, la forêt ou le bocage. Il est issu du vieux bas francique *wald « forêt » (cf. vieil anglais weald, allemand Wald « forêt »).
Le terme bois apparaît sous la forme latinisée boscus en latin médiéval en 704 et en français vers 1100 sous sa forme actuelle. Il est issu du vieux bas francique *bŏsk- « buisson » Contrairement au mot forêt, il est sans connotation juridique. Les formes modernes bosc, trouvées dans l'onomastique essentiellement sont d'origine normande et occitane. Forêt et bois ont remplacé tous les termes précédents, ainsi que le terme latin lignum « bois » désignant le matériau (cf. italien legno, espagnol leña).
Une microsylve désigne une forêt de haute altitude (montagne) ou latitude, composée de minuscules arbres (sous-arbrisseaux)17.
Définitions
Le monde antique romain oppose ce qui est du « sauvage » (silvaticus) – relatif aux bois – et ce qui est de la civilisation : la cité, la culture, etc18.
Débat sur la définition
La définition du terme de forêt pour sa classification est variable car elle se réfère à des seuils dont la nature et l'importance varient selon les pays : couvert forestier minimum, surface minimale du peuplement, etc. À l'échelle internationale, la FAO définit les forêts comme des terres occupant une superficie de plus de 0,5 hectare (5 000 m2) avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à 5 mètres et un couvert forestier de plus de 10 %. Cette définition exclut les terres dont la vocation prédominante est agricole ou urbaine19. Par ailleurs l'observation de l'évolution de séries chronologiques continues nécessitent une stabilité des nomenclatures. Comme le montre une étude de la CEE commandée en 1989 la plupart des pays n'ont pas adopté, ni conservé au fil des ans, la même méthode20.
Pour le géographe, la complexité de l'espace forestier, empêche de l'enfermer dans une approche numérique univoque ; elle concerne le dedans, et le dehors de la forêt, son caractère ancien ou non21, voire ses marges22.
Des définitions plus spécifiques sont données par d'autres organisations : le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) utilise 40 % de couverture comme le seuil pour les « forêts fermées » et 10 à 40 % de couverture pour les « forêts ouvertes », tandis que le projet Tropical Ecosystem Environment Observations by Satellite (TREES)23, fondé en 1991 par la Commission européenne, classifie les surfaces avec plus de 70 % de couverture de canopée comme étant des « forêts denses » et celles avec 40-70 % de couverture comme des « forêts fragmentées ». L'Inventaire forestier national définit la forêt comme « un territoire occupant une superficie d'au moins 50 ares avec des arbres capables d'atteindre une hauteur supérieure à cinq mètres à maturité in situ, un couvert arboré de plus de 10 % et une largeur [de houppier] d’au moins 20 mètres24. Les sites momentanément déboisés ou en régénération sont classés comme forêt même si leur couvert est inférieur à 10 % au moment de l’inventaire »25.
Les chiffres de surface forestière varient donc selon les sources. Ainsi, tout l'Est de la Taïga russe, formé de formations basses de conifères nains, sera, selon les sources, comptabilisé ou non en forêt, ce qui fera varier la surface forestière de plus ou moins 20 %.
Du point de vue botanique, une forêt est une formation végétale, caractérisée par l'importance de la strate arborée, mais qui comporte aussi des arbustes, des plantes basses, des grimpantes et des épiphytes. Plusieurs arbres forestiers vivent en symbiose avec des champignons et d'autres micro-organismes, et beaucoup dépendent d'animaux pour le transport de leur pollen, de leurs graines ou de leurs propagules.
Du point de vue de l'écologie, la forêt est un écosystème complexe et riche, offrant de nombreux habitats à de nombreuses espèces et populations animales, végétales, fongiques et microbiennes entretenant entre elles, pour la plupart, des relations d'interdépendance.
Malgré une apparente évidence, définir la forêt reste donc délicat : où arrêter les limites de hauteur de végétation (une plantation de jeunes pousses est-elle une forêt ?), de superficie minimale (à partir de quelle superficie passe-t-on d'un jardin boisé à un bois puis à une forêt ?), de degré de proximité ou de « sociabilité » des arbres (un terrain portant des arbres distants de plusieurs dizaines de mètres est-il encore une forêt ?) ou de qualité (un boisement monospécifique d'eucalyptus ou de peupliers, de pins ou de sapins d'une même classe d'âge, plantés en alignements stricts est-il une forêt ou une simple culture sylvicole ?).
Évolution
La plus ancienne forêt fossile qui soit aujourd’hui connue a longtemps été présentée comme celle de Gilboa (en)32. Figée par une inondation, cette forêt est mise au jour en 1870 dans l'État de New-York. Son arbre le plus ancien, du genre Archaeopteris, date de 370 millions d'années, et montre aux paléobotanistes que les premières forêts sont assez vite apparues dans l'histoire évolutive des végétaux, 100 millions d'années après l'adaptation des plantes marines à la vie terrestres. La reconstitution de la forêt de Gilboa montre déjà un écosystème complexe avec plusieurs étages de végétation33.
Pendant les 50 millions d'années qui suivent leur apparition sur terre, certaines plantes vasculaires terrestres s'affranchissent du milieu aquatique et de la poussée d'Archimède en adoptant un port érigé qui sépare les zones végétatives éclairés des zones d'ancrage et d’absorption dans le sol, ce qui implique la différenciation en organes et en tissu végétal spécialisé. Elles s'équipent ainsi d'un cormus (racines et feuilles) et se diversifient considérablement. La différenciation chez les mousses ne va pas jusqu'à la mise en place de tissus de soutien lignifiés, alors que ce processus est observé chez les fougères qui mettent en place des tissus conducteurs (phloème et xylème avec éléments lignifiés typiques, les trachéides)34. Grâce à la lignine, polymère solide, inerte, poreux et difficilement putrescible, ces plantes ligneuses se mettent à supplanter tous les autres concurrents du règne végétal. Alors que les premières plantes terrestres demeurent à la surface du sol, la compétition pour la lumière (source d'énergie nécessaire à la photosynthèse) s'exprime chez tous les groupes de végétaux (fougères arborescentes, prêles, lycopodes, plantes à graines). Cette course à la lumière favorise le développement de plantes ligneuses de plus en plus hautes35,36, grâce à la rigidité de leur tronc (tige dont le cœur est constitué de bois, tissu ligneux dont la résistance et l'emploi économique constituent des avantages adaptatifs), et plus particulièrement chez les arbres des forêts dont l'architecture végétale permet de déployer une grande surface feuillue37.
L'histoire des forêts au Quaternaire est encore mal connue en raison des avancées et reculs des peuplements, imposées par les trois dernières glaciations. Lors des maximums glaciaires, les espèces des forêts tempérées trouvent refuge dans des zones abritées, là où les conditions écologiques locales (températures plus clémentes, hivers moins rigoureux en raison de barrières montagneuses, régions restées humides grâce à la fonte estivale de la calotte et des grands glaciers) permettent leur survie, et sont remplacées dans leur aire d'origine par des espèces végétales de steppes et de toundras. Celles des forêts tropicales subissent une sécheresse importante et trouvent refuge dans des zones d'altitude ou des plaines marécageuses. Ces zones refuges se caractérisent par une diversité génétique plus ou moins importante : dans les milieux favorables, similarité des haplotypes rencontrés intra-refuge mais enrichissement du réservoir génétique par forte divergence génétique inter-refuges liée à l’isolement géographique ; effet de goulot d'étranglement génétique dans les milieux moins favorables, les espèces ligneuses étant marquées par une faible élasticité génétique, d'autant plus si elles se sont spécialisées dans des niches étroites. La reconquête postglaciaire, plus ou moins importante selon le potentiel d'adaptation des espèces ligneuses, correspond à la recolonisation des essences forestières à partir de ces zones, entraînant une redistribution de la végétation en quelques milliers d'années. La vitesse de recolonisation (généralement quelques centaines de mètres par an) varie selon les périodes et régions en fonction du climat, des barrières géographiques (montagnes, mers, déserts) mais aussi de la végétation concurrente. Cette reconquête entraîne un appauvrissement génétique au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la zone refuge, appauvrissement pouvant être contrebalancé par l’apparition de nouvelles mutations dans les zones recolonisées (signal d’expansion)38.
De nombreux épisodes de déforestation ont marqué l'histoire de la Terre, notamment l'effondrement de la forêt tropicale du Carbonifère, ou la révolution néolithique qui voit les hommes se servir des zones de faible couverture forestière (landes, pelouses, bois clairs, garrigues et maquis) pour étendre les clairières et les prairies, pratiquant pendant plusieurs millénaires, de multiples défrichements par brûlis, de mises en culture ou en pacage39. Si la surface totale des forêts tropicales mondiales n'est guère modifiée jusqu'au début du XXe siècle40, celle des forêts tempérées a été considérablement réduite par les grands défrichements qui s'accélèrent à partir du Moyen Âge, notamment en Europe où la forêt caducifoliée a diminué en surface de manière continue jusqu'au XIXe siècle, et ses différentes caractéristiques — composition en essences, structure, sol — en ont été également grandement modifiées41. Dans les régions tempérées chaudes du pourtour méditerranéen où se diffusent la culture des céréales et l'élevage, en provenance du Moyen-Orient, les forêts massivement converties en terre agricole ou dégradées par l'utilisation pastorale, sont réduites en quelques millénaires à la formation de garrigues et de maquis42.
Les grandes découvertes qui s'étendent du début du XVe siècle jusqu'au début du XVIIe siècle, puis l'âge de la voile (généralement daté entre 1571 et 1862) qui voit l'essor du commerce maritime international et de la guerre navale, mettent le bois au cœur du développement économique de plusieurs puissances maritimes. Ces puissances mettent en place des politiques sylvicoles visant à améliorer la gestion et l'aménagement des forêts pour juguler les pénuries de bois43. Au cours du XIXe siècle, la révolution industrielle libère les espaces sylvestres de la pression humaine avec le début de l'exode rural et le remplacement du charbon de bois par le charbon de terre et l'hydro-électricité pour la fourniture d'énergie, permettant à la forêt de s'étendre à nouveau dans toute l'Europe44. Le mouvement en faveur de la protection des forêts (en) prend de l'ampleur dans les dernières décennies du XIXe siècle. La gestion durable des forêts est progressivement reconnue à partir des années 1990 dans un contexte de surexploitation des ressources naturelles des forêts d'Amazonie, de l'Afrique équatoriale et de la zone Malaisie/Indonésie en Asie45.
Caractéristiques
Structure
Les 6 étapes (résumées) du
cycle sylvogénétique.
Après un certain temps survient une
perturbation qui fait reprendre le « cycle » à son début (ou à un stade intermédiaire si la perturbation est peu importante).
Dans le bas de l'image est représentée l'accroissement de
biomasse (sur pied et dans le sol, animale, végétale et fongique..) de biodiversité et d'épaisseur de sol (qui a une importance en ce qui concerne les
puits de carbone). Au fur et à mesure de cette succession, les communautés végétales (et les communautés microbiennes, fongiques et animales qui leur sont associées) évoluent en se remplaçant les unes les autres.
De sa lisière (ourlet forestier) à la forêt intérieure, et selon le contexte géo-morpho-écopaysager, un massif boisé est caractérisée par une grande diversité en habitats, en niches écologiques, et surtout par une structuration en hauteur (atteignant plusieurs dizaines de mètres, de la sphère racinaire à la canopée) plus complexe que dans les autres écosystèmes terrestres.
Cette diversité évolue dans le temps et l'espace, au gré de perturbations (naturelles ou anthropiques) selon un pattern et des structures récurrentes, correspondant à un cycle théorique dit « cycle sylvogénétique » (illustré ci-contre, à gauche) :
- verticalement, la forêt possède grossièrement quatre « étages » de végétation qui sont les strates muscinales (mousses), herbacées, arbustives et arborescentes, auxquels il faudrait ajouter les étages souterrains des systèmes racinaires, symbiosés aux mycéliums fongiques ;
- horizontalement, elle comporte de nombreux micro-milieux ou microstations (écosystèmes boisés distincts, au sein d'un même massif forestier) dépendant de facteur abiotiques différents.
- En suivant la flèche du temps, la structure forestière tend à évoluer vers un stade fermé dit climacique, mais qui finit toujours localement par s'ouvrir à la lumière, à la suite d'une perturbation (chablis, feu, inondation, glissement de terrain, etc.), permettant le retour au stade pionnier et aux stades suivants ;
- Le bois mort constitue lui-même un habitat essentiel, irremplaçable pour de nombreuses espèces qui contribuent au recyclage de la nécromasse ligneuse, et à la fertilité des forêts ;
- Les ressources alimentaires sont également abondantes, variant selon l'étage de la forêt : détritus, racines, mousses, lichens, champignons, feuilles, sève élaborée, bois vivant ou mort, fleurs, fruits et graines, nécromasse végétale, animale, fongique…
Forêt primaire et forêt secondaire
Il est courant de distinguer la forêt primaire (forêt naturelle) de la forêt secondaire ou forêt plantée (forêt entièrement ou fortement façonnée par l'homme). La première est considérée comme n'ayant pas fait l'objet d'intervention humaine y ayant laissé des séquelles importantes ou observables, elle correspond à la végétation naturelle potentielle ; la dernière étant modifiée à la suite du travail des forestiers ou sylviculteurs. Moins de 10 % de la planète est encore couverte de forêts primaires. Ces forêts sont en forte régression, en raison des coupes faites pour l'élevage ou les cultures destinées à nourrir les animaux d'élevages et/ou pour gagner des terres agricoles ou pour l'exploitation commerciale du bois46.
Superficie
Carte mondiale avec les régions au taux de boisement supérieur à 30 %.
Dans le monde, la forêt - au sens le plus large - couvrait en 2005 environ 30 % des terres émergées.
Selon les définitions retenues, la superficie estimée de la forêt mondiale varie de 2,5 à 6 milliards d'hectares sur la base des chiffres envoyés par les États au début du XXIe siècle47, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture estimant la forêt mondiale à presque 4 milliards d'hectares, soit 0,62 ha/habitant. Mais la forêt est mieux préservée sur la ceinture tropicale humide et au nord de la zone tempérée dans l'hémisphère nord. Ailleurs, dans 64 pays abritant un total de 2,0 milliards d'habitants, on compte en 2005 moins de 0,1 hectare de forêt par personne, chiffre qui diminue inéluctablement alors que le taux de population augmente et que la forêt régresse.
Sept pays ou territoires ne possèdent plus aucune forêt et dans 57 autres pays, elles ne couvrent plus que moins de 10 % des terres.
En Europe occidentale, avant l'intégration des pays d'Europe du Nord, le pays le plus boisé était le Luxembourg, avec 34 % de taux de boisement. C'est l'ancien département des Forêts du temps de l'Empire napoléonien. En Lettonie elle couvre 52 % du territoire national48. La forêt européenne tend à se reconstituer, mais parfois de façon très artificielle. Elle couvrait au début du XXIe siècle près de 40 % de la superficie européenne, générant près de 3,5 millions d'emplois directs ou indirects selon la filière bois. un Institut forestier européen (EFI, basé en Finlande) impliquant près de 120 organismes dans 37 pays européens, vise à durablement renforcer la filière bois, les politiques forestières et la recherche. L'Union européenne a engagé un Plan d´Action pour l´Application des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux (FLEGT ; Forest Law Enforcement, Governance and Trade), et une Conférence ministérielle49 sur la Protection des Forêts en Europe (MCPFE) est prévue à Oslo en 2011.
Les grands types de forêts
Hors zone tropicale, les forêts humides inondées sont devenues rares (ici à la confluence de la « Tubby Creek » et de la « Wolf River » (
Holly Springs National Forest, près d'Ashland,
Mississippi, États-Unis).
Classement biogéographique
Les forêts naturelles sont comme toutes les formations végétales conditionnées par un certain nombre de facteurs : la latitude, l'altitude, la nature du sol, le climat50, les habitats forestiers51 et « espèces typiques » qu'elles abritent, l'action des animaux, etc.
La latitude influence fortement la biodiversité dans les forêts. Celle-ci augmente d'autant plus que l'on s'éloigne des pôles et que l'on se rapproche de l'équateur.
Selon les latitudes on distingue :
Naturalités des forêts
Dans beaucoup de pays où l'humanité est présente depuis des siècles, voire des millénaires, la forêt a perdu sa naturalité (environnement).
Les faciès actuels des forêts du Nord-ouest de l'Europe, par exemple, résultent en grande partie de l'influence de l'homme sur le plan :
- de la composition : Colbert avait en France besoin de chênes pour la marine. Dans plusieurs pays, pour bénéficier de subventions et/ou déductions fiscales, il faut planter des essences imposées (Ainsi le Fonds forestier national français a, par exemple, imposé les résineux sur de vastes surfaces après-guerre, en France) ;
- de la superficie : en trois siècles (XVIIIe-XXe), la superficie des forêts françaises a presque doublé (Cf. Forêt de guerre, enrésinement des Landes, enfrichement sur zones d'exode rural, plantations encouragés par le Fonds forestier national…). Mais dans le même temps, dans la moitié ouest du pays, les haies du bocage et les arbres dispersés ou d'alignement reculaient très fortement ;
- de la structure : la forêt française a dû, très longtemps, répondre aux besoins des communautés humaines qui les entouraient : depuis l'Empire romain, les forêts ont souvent été transformées en taillis qui alimentaient les forges, fonderies, boulanges et autres industries en charbon de bois ; le bois d'œuvre provenant souvent d'arbres émondés dans le bocage et les alignements de bords de routes.
En France, ce n'est qu'au XIXe siècle, en 1827, que l'institution d'un code forestier (faisant suite à une longue série d'ordonnances), ainsi que la création d'un corps d'État forestier (l'Administration des Eaux et Forêts) et l'utilisation de plus en plus massive de la houille, en remplacement du charbon de bois, vont permettre aux forêts françaises d'évoluer vers la futaie ; au XXe siècle, les terres libérées par la déprise agricole vont être plantées d'arbres, ou colonisées par des accrues spontanées, offrant respectivement des limites très géométriques à la forêt ou au contraire un faciès plus naturel et exubérant ;
- des espèces : une part significative de la forêt française est encore composée d'espèces qui avaient été favorisées en réponse aux besoins des communautés humaines locales (les chênes pour leurs glandées) ou même d'impératifs économiques nationaux, par exemple (des légions d'épicéas et de douglas ont été plantés par le Fonds forestier national, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, dans le contexte d'une balance commerciale déficitaire vis-à-vis des bois d'œuvre et d'industrie résineux).
Classement paysager
- Forêt claire et forêt dense
- Par type d'arbres : aulnaie, chênaie, boulaie, frênaie, ormaie, hêtraie, châtaigneraie, sauçaie, sapinière, pessière, pinède…
Classement patrimonial et écologique
La forêt joue souvent un rôle majeur de protection des habitations, des cultures et des zones d'alimentation de nappes, contre les avalanches, l'érosion, les glissements de terrain, les coulées de boues. Les forêts de protection méritent une gestion adaptée, sans coupes rases par exemple.
Sur les fortes pentes la forêt protège les sols de l'érosion. Noter les taches homogènes et monospécifiques de sylviculture, qui encouragent les coupes rases, sur le fond de la forêt feuillue plus hétérogène.
Grâce aux approches phytosociologiques et écologiques, aux forêts modèles canadiennes [archive], des outils d'évaluation qualitative se constituent depuis la fin du XXe siècle. Ils varient selon le contexte géographique ou social (ville, campagne, milieux plus naturels…). Ils permettent de mieux prendre en compte la taille, la qualité et l'intégrité des habitats forestiers dans les plans de gestion, les écolabels forestiers, et parfois dans les lois (directive Habitats en Europe par exemple).
Les critères retenus sont par exemple :
- la superficie forestière (par type et stade de la succession) rapportée à la superficie des terres (en pourcentage) ;
- la superficie des massifs ou aires boisées encore d'un seul tenant (patch, pour l'écologie du paysage) et la connectivité écologique entre les taches52 ; et l'inverse, c'est-à-dire le degré de fragmentation écologique par les routes est aussi possible, ainsi que le nombre de kilomètres de routes par massif, ou rapporté au linéaire de lisière.
Par exemple, au Canada, un système d'évaluation qualitative [archive] des forêts accorde :
- trois points aux boisements de plus de 4 ha en ville et de plus de 200 ha ailleurs (sauf îles) ;
- deux points aux surfaces de 2 à 4 ha en ville, et à celles qui couvrent de 20 à 200 ha ailleurs (sauf îles) ;
- un point aux bois de moins de 1 ha en ville et de moins de 20 ha ailleurs ;
- la superficie et la forme des cœurs forestiers.
Dans le système précédent de classement :
- trois points aux boisements dont un cœur d'au moins 4 ha est éloigné de plus de 200 m de toute lisière ou bord de route ;
- deux points aux boisement dont un cœur d'au moins 4 ha est éloigné de plus de 150 m de toute lisière ou bord de route ;
- un point aux boisement dont un cœur d'au moins 4 ha est éloigné de plus de 100 m de toute lisière ou bord de route ;
- la connectivité ou la proximité avec d'autres massifs ou structures boisées (⇒ corridors écologiques boisés, gués…) :
- trois points si la distance au boisement le plus proche est de moins de 100 m ;
- deux points si la distance au boisement le plus proche est comprise entre 100 et 250 m ;
- un point si la distance au boisement le plus proche est de plus de 250 m ; (critère également retenu par la ville de Londres) ;
- la présence ou proximité d'eau, et de systèmes hydrographiques naturels (Hydrological Linkages Criteria), avec par exemple :
- un point si le boisement est à plus de 50 m de la berge d'un cours d'eau ou d'une étendue d'eau ;
- deux points si la distance est comprise entre 30 et 50 m ;
- trois points si l'eau est à moins de 30 m de la lisière boisée ou si elle est dans le boisement même ;
- La distance à une zone humide de type tourbière à sphaignes ou roselière vaut de même ;
- la qualité du sol, et de sa biomasse microbienne, sa diversité en nématodes, des vers de terre53 ainsi qu'en champignons qui jouent un rôle majeur en forêt, en tant que symbiotes des arbres54.
- la valeur de service écosystémique55 dont en tant que protection des sols et effet-tampon contre l'érosion et le ruissellement :
Au-dessus de 30 % de pente, la forêt est seule garante de la protection du sol ;
De 15 à 30 % elle joue également une fonction de protection très importante (voir illustration ci-contre) ;
- les îles boisées proches du continent ou sur des lacs ou fleuve, si le boisement est naturel ou « proche de la nature » sont également considérées comme de bons refuges pour certaines espèces en raison d'un moindre dérangement. Dans le cas d'îles véritables, les critères d'isolement prennent alors un sens positif, comme dans le cas des inselbergs ; à étudier au cas par cas relativement au contexte. En cas de présence de prédateurs introduits et devenus invasifs, elles peuvent aussi devenir des « puits écologiques » ou « pièges écologiques » ;
- le pourcentage de la forêt en aire protégée (par type, stade de la succession et catégorie de protection en % la superficie forestière totale) ;
- le taux de couvert forestier (par type) déjà converti ou en cours de conversion à d'autres usages (y compris routier) ;
- la superficie et le pourcentage de forêts touchées par une perturbation anthropique et/ou naturelle ;
- la complexité et l'hétérogénéité de la structure forestière ;
- le nombre d'espèces tributaires de la forêt ;
- le pourcentage d'essences indigènes et pourcentage de ces essences qui seraient menacées. Attention, c'est un indicateur relatif au contexte biogéographique. Il n'y a par exemple que trois essences indigènes dans toute l'Islande, contre 7 780 répertoriées en 2005 dans le seul Brésil (sous-espèces non comprises)56. De plus, les forêts tropicales comportent beaucoup d'essences, mais quelques-unes sont dominantes. En Afrique de l’Ouest et du Centre, en Asie du Sud et du Sud-Est et en Amérique centrale, on trouve naturellement une très grande diversité d’espèces d’arbres (jusqu'à près de 300 espèces différentes par ha), alors qu'en zone tempérée, boréale ou subsaharienne, les dix espèces d’arbres les plus fréquentes (en volume) concernent au moins 50 % de la biomasse forestière (en volume de bois sur pied).
Les espèces d’arbres les plus rares, surtout celles dont la valeur commerciale est élevée, sont souvent en danger d’extinction pour une partie de leur lignée. La FAO estime qu'en moyenne, 5 % des espèces indigènes d’un pays sont vulnérables, en danger ou en danger critique d’extinction ;
- l'état de conservation des espèces tributaires de la forêt ;
- les indicateurs de la variation génétique sont exclus du présent examen car ils exigent normalement des analyses complexes de laboratoire (Namkoong et al., 1996 ; mais voir aussi Jennings et al., 2001) ;
- la présence, la masse, le volume, la qualité (bois durs, tendres, résineux, feuillus) et la répartition du bois mort, l'âge moyen des arbres, la présence de grands carnivores, de castors ou d'une grande richesse en champignons prennent ainsi des significations nouvelles, parfois opposées à celles qui étaient enseignées au siècle précédent en écoles de sylviculture ;
- l'état de pollution de la forêt (comment par exemple évaluer la qualité de la forêt, qui, dans les zones interdites de Biélorussie se restaure naturellement, mais sur des sols ayant reçu 70 % environ des retombées radioactives de la catastrophe de Tchernobyl ?).
Régimes juridiques
Ils ont beaucoup varié selon les époques et les pays, et varient dans un même pays à la même époque (La forêt peut être communautaire, royale, publique, privée, régionale, communale, etc.).
Il existe de nombreux classements des forêts correspondant à des statuts juridiques différents, avec par exemple pour la forêt française : la Forêt domaniale, la Forêt communale, la Forêt privée, la Forêt de protection ou encore la Réserve biologique domaniale (RBD ; intégrale ou non)
En Allemagne, ce sont :
- Markwald
- Landesherrlichkeit
- Säkularisierung
- Privatwald
- Hauberg
- Waldinteressentenschaft
- Kommunalwald
- Kirchenwald
- Landeswald
- Bundeswald
Aux États-Unis, on différencie le « Timberland » (2/3 de la surface totale enforestée) ouvert à l'exploitation, et le 1/3 restant de la forêt qui en est préservée, jouant le rôle de « tiers sauvage » (Wilderness), dont la vocation de puits de carbone pourrait prendre de l'importance57.
Au Canada, le classement des forêts se fait grâce à la nature de l'écosystème forestier déterminé par le ministère des Ressources naturelles et de la Faune qui protègent différents milieux forestiers. Ces territoires sont protégés en vertu de la loi sur les forêts58. Il y a 3 types d'écosystèmes forestiers exceptionnels: Les forêts anciennes (77 sites, 191 km2)59, les forêts rares (30 sites, 26 km2)60 et les forêts refuges (16 sites, 13 km2)61.
Fonctions de la forêt
La forêt remplit trois fonctions essentielles : écologique, économique et sociale.
Le fait de conduire ces trois fonctions simultanément se nomme la « multifonctionnalité » qui est une des caractéristiques majeures voulue par la politique forestière française62. Cependant cette position officielle ne fait pas consensus au sein des professionnels et propriétaires privés de la forêt, certains voulant une spécialisation des territoires, c'est-à-dire une « monofonctionnalité » orientée par exemple sur certaines zones vers la production optimisée de bois (fonction économique exclusive) et sur d'autres zones vers une libre évolution naturelle de la forêt sans exploitation de bois (fonction écologique exclusive)63.
Fonction écologique
La
ripisylve d'une forêt équilibrée et non fragmentée protège l'eau, l'air et le sol. Les castors peuvent contribuer à entretenir des linéaires de berges plus ensoleillés.
La forêt abrite une grande part de la biodiversité des continents, participe au contrôle naturel du climat et des micro-climats.
- Réservoir de biodiversité et d'habitats, ainsi que de ressources génétiques et phytopharmaceutiques, elles sont pour cette raison étudiées et parfois classées en réserves biologiques, naturelles, parcs nationaux, Espace boisé classé dans le PLU (Plan local d'urbanisme), etc.).
- Fonctions écopaysagères : « noyaux » ou « nœuds » du réseau écologique, et parfois corridor biologique pour la forêt galerie, les forêts linéaires, les mangroves, et les haies vives qui peuvent s'y rattacher.
- Protection contre certains risques naturels65 (avalanches, inondations, sécheresse, désertification et éléments de résilience écologique…).
- Qualité de l'air : outre que la forêt produit une partie significative de l'oxygène de l'air sur les continents, elle a une capacité extraordinaire à fixer les poussières (comme certains polluants non dégradables), grâce notamment aux mousses, aux lichens, à la rosée et aux sols.
- Protection des sols (lutte contre l'érosion) : la forêt est un lieu de restauration du sol si elle n'est pas surexploitée.
cf. forêt des Landes en France ou la ceinture verte du sud algérien66.
- Fonction macro et micro climatique, grâce à l'évapotranspiration et à la protection de la canopée qui atténuent considérablement les chocs thermiques, et la déshydratation due au vent.
- Puits de carbone, par fixation du gaz carbonique dans le bois et le sol, au moins pour les forêts tempérées67 non soumises aux incendies et pour les forêts tropicales en phase de croissance.
cf. les plantations faites en Amazonie qualifiées de « puits de carbone ».
- Fonction aménitaire.
- Les lisières forestières naturelles, éminemment complexes, ont des fonctions écotoniales importantes, notamment pour les forêts rivulaires et les mangroves.
Oxygène et climat
Une métaphore qualifie souvent la forêt de « poumon de la planète ». En dépit des fonctions nombreuses et essentielle voire « vitales » qu'elle remplit, la forêt ne peut être directement comparée à un poumon. Le poumon ne produit pas d'oxygène et c'est le plancton qui produit l'essentiel de l'oxygène planétaire disponible dans l'air et solubilisé dans l'eau68. Néanmoins, les forêts peuvent jouer le rôle de puits de carbone — et donc de producteur d'oxygène — pendant leurs phases de croissance. Lorsqu’elles atteignent l'équilibre, c.à.d. que leur biomasse est stabilisée, le bilan de photosynthèse-respiration pour ces écosystèmes climaciques est alors nul du point de vue de l'oxygène69. Néanmoins, la forêt a des fonctions essentielles micro et macro-climatique et pour la qualité de l'atmosphère, sur le plan de l'équilibre thermo-hygrométrique et de la pureté de l'air notamment. D'un certain point de vue, un peu à la manière du poumon, mais à une autre échelle, elle est une sorte d'écotone complexe et fonctionnel entre l'atmosphère et le sol, lié au cycle du carbone notamment, mais aussi à tous les cycles biogéochimiques importants.
Le bilan en carbone d'un écosystème est difficile à estimer.
- Il varie selon les zones biogéographiques, les époques, l'histoire du site, le stade de croissance de la forêt, les risques d'incendie, de sécheresse et d'inondation, et de nombreux autres facteurs tels que l'action d'insectes défoliateurs ou d'autres parasites des arbres. Le devenir du bois est aussi à considérer : bois de chauffage, papier-cellulose, bois d'œuvre, ou bois mort auront des impacts très différents quant aux émissions de dioxyde de carbone.
- Certaines forêts peuvent - au moins provisoirement - avoir un bilan nul (forêt tropicale mature) ou négatif (en zone d'incendies récurrents, ou en début de phase de croissance), tout en contribuant indirectement à enrichir les cours d'eau en nutriments (phosphore, potassium, calcium, fer, etc. et par les phénomènes d'acidification, humification, décolmatation et minéralisation et structuration des sols) en offrant ainsi une source constante de nutriments pour le plancton marin en aval, plancton qui produit 80 % de l'oxygène que nous respirons et qui constitue un important puits de carbone.
- En théorie, la photosynthèse consomme du dioxyde de carbone et produit du dioxygène et de la matière organique. De l'oxygène est consommé lors de la respiration des plantes elles-mêmes, des animaux de la forêt et de la biomasse cachée du sol forestier, ainsi que par les incendies naturels et moindrement par l'oxydation naturelle des éléments chimiques rendus disponibles par le processus de formation des sols.
En phase de croissance, après une dizaine d'années de bilan négatif s'il s'agit d'une régénération à partir d'un sol nu, la biomasse augmente régulièrement, principalement sous forme de cellulose et de lignine. Elle stocke aussi du carbone sous forme de nécromasse et de biomasse animale, microbienne et fongique.
- En zone tropicale, la forêt pousse souvent sur des sols pauvres et acides ; l'humus ne s'y forme pas, et la nécromasse est rapidement recyclée ou minéralisée. La forêt tropicale en croissance stocke du carbone, mais finit (après plusieurs siècles, voire plus de 1000 ans) par arriver à un équilibre entre production primaire et décomposition du bois mort. À ce stade elle semble produire autant d'oxygène que ce qu'elle consomme. De plus, les émissions de méthane liées à la fermentation de bois immergés ou issus de l'activité des termites complexifient encore les calculs des émissions de gaz à effet de serre.
Un « point de basculement » dans le système climatique va être atteint beaucoup plus tôt que prévu. De puits de carbone, les forêts tropicales vont devenir des sources de carbone dès le milieu des années 203070.
- En zone tempérée ou froide, il en va autrement avec respectivement les sols forestiers (incluant les tourbières associées à certaines forêts) et les pergélisols qui, en zone circumpolaire, qui peuvent stocker des quantités considérables de carbone (sous forme d'hydrate de méthane).
Enfin, le devenir et la durée de vie du méthane émis par les écosystèmes forestiers ne sont pas encore bien compris. Il pourrait avoir été surestimé ou sous-estimé.
Effets biophysiques
Un tiers de la contribution des forêts au climat vient de leurs effets biophysiques, comme leur rôle dans la formation des nuages, l’humidification de l’air ou la production de composés organiques volatils. Une étude parue en 202271 détaille les trois principaux effets biophysiques : l'albédo, l'évapotranspiration des arbres et la « rugosité » de la canopée, qui produit des microturbulences quand elle est soumise au vent, ce qui dissipe la chaleur et contribue à refroidir le milieu. À ces trois effets principaux s’ajoutent ceux liés aux composés organiques volatils que les arbres émettent en condition de stress. Combinés, ces effets biophysiques refroidissent la température de la planète d’environ 0,5 °C72.
Enjeux de biodiversité
- La forêt est un réservoir de biodiversité important. Les forêts tropicales humides concentrent 80 % de la biodiversité terrestre mondiale recensée. « En l'état actuel de nos connaissances, on peut estimer qu'elles abritent environ 80 % des insectes, plus de 80 % des reptiles, environ 90 % des amphibiens et des primates et près de 70 % des espèces végétales terrestres73 ». Elles sont également un réservoir dans les régions à la fois urbanisées et très agricoles74).
- Certains économistes ont tenté d'intégrer les valeurs aménitaires de la biodiversité forestière. Ainsi en France, dans le cadre des travaux de l'ONU visant à donner une valeur économique à la biodiversité, le Conseil d'analyse stratégique (CAS) a-t-il le 29 avril 2009 communiqué les résultats de ses premières évaluations, estimant à 970 euros par hectare et par an en moyenne la valeur d'un boisement intégrant celle des produits de cueillette et de puits ou stockage du carbone, aménités, etc.
Selon un sondage (de 4 500 ménages, en 2002), les Français seraient prêts à payer 15,20 € par ménage et par an pour contribuer au maintien de la biodiversité dans la forêt, soit au total 364 millions d'euros par an ou 22,80 €/ha, ce qui peut contribuer à estimer la valeur ressentie de la biodiversité75.
- Une étude du Fonds mondial pour la nature (WWF) et de la Société zoologique de Londres (ZSL) publiée en 2019 relève que la population animale des forêts à travers le monde a baissé de près de 53 % depuis 1970. Un phénomène qui s'expliquerait principalement par la destruction d'espaces vitaux par l’activité humaine76.
Fonction économique
Économie forestière
La forêt est source de richesse, parfois surexploitée.
Le bois compte pour une part importante du PIB d'une dizaine de pays tropicaux ou nordiques. L’emploi forestier (hors industrie de transformation et emplois informels) payait encore près de 10 millions de personnes en 200577, 400000 dans la filière bois 2010 en France78 mais ;
- l'emploi forestier décline régulièrement relativement au tonnage extrait des forêts qui lui n'a cessé d'augmenter, et ce depuis l'invention de la tronçonneuse. Il diminue en moyenne de 1 % par an dans le monde (-10 % de 1990 à 2000), surtout en Asie et en Europe, alors qu’il augmentait légèrement ailleurs. La FAO impute ce déclin à l'augmentation de productivité du secteur, et -pour l'Europe de l'Est - à la restructuration des économies planifiées79. Cependant, l’industrie forestière représente l’unique source de revenus de plusieurs communautés rurales du Canada. Le taux d’emploi lié à ce secteur augmente d’année en année. En effet, le taux d’emploi direct de l’industrie forestière de 2012 a augmenté de «0,9 % par rapport au taux enregistré en 2011, pour atteindre 235 900 emplois.» Le secteur de l’industrie forestière fournissant le plus grand nombre d’emplois au Canada, soit dans celui de la fabrication des produits du bois, a lui aussi connu une hausse de 3,2 % de son taux d’emplois de 2011. Il y a toutefois, le secteur de pâte et papier qui a connu une diminution de 9,2 % de son taux d’emploi entre 2011 et 2012. « Ce recul s’explique par les énormes défis auxquels s’est heurté ce secteur, notamment le déclin structurel du papier journal et du papier d’impression et d’écriture en raison de l’essor des médias électroniques et du ralentissement cyclique des marchés mondiaux de pâtes de bois »80. De plus, l’industrie forestière a amené la création d’environ 363 700 emplois indirects au Canada en 2012. Donc, si ses tendances se maintiennent l’industrie forestière créerait plusieurs nouveaux emplois au Canada ce qui profitera tant à son économie qu’a sa population.
- Le prix moyen du bois brut diminue : L'augmentation moyenne des prix payés (grumes ou bois sur pied) était de 11 à 15 % dans les années 2000-2005 (source FAO, FRA 2005), mais est toujours resté inférieur à l’inflation ; il y a donc baisse du prix moyen (notamment pour le bois tropical) au niveau mondial, ce qui n'exclut pas en aval et pour le consommateur de fortes hausses du bois-énergie là où il devient rare ou après les « chocs pétroliers » et des bois écocertifiés ou écosociocertifiés pour lesquels l'offre reste très supérieure à la demande, pour le FSC notamment.
- Le secteur informel reste très mal connu. Via la vente de gibier notamment, il est important.
- Une partie importante des prélèvements et bénéfices est illégale, menaçant des essences et des espèces théoriquement protégées et/ou menacées. Les populations autochtones pâtissent de la corruption et des pressions des exploitants. 10 à 15 milliards d’euros par an seraient ainsi blanchis dans le monde, dont près 3 milliards € dans l'UE, provenant de six régions où la production de bois est un enjeu important. Vingt États membres de l’UE sont en 2006 encore suspectés d’importer du bois illégal (Finlande, Suède et Royaume-Uni en tête)81. Le « réseau TRAFFIC82 » du WWF et de l'UICN sur le Commerce International des Espèces Sauvages estime que le commerce légal et illégal d'espèces atteindrait 15 milliards d’euros de chiffre d'affaires annuel (juste derrière le trafic d'armes et de la drogue). Une étude83 du gouvernement britannique a estimé que l'interdiction du bois illégal en Europe est possible et crédible, avec les outils existants et des contrôles efficaces, au profit des filières légales et durables aujourd'hui confrontées à une concurrence déloyale. Des dizaines d'ONG dont Greenpeace et WWF depuis une vingtaine d'années dénoncent le bois illégal et promeuvent des écocertifications crédibles et transparentes, telles que décrites par le groupe d'ONG FERN, dans une évaluation84 publiée en 2001.
- De nouvelles fonctions émergent : sociales, agrosylvicoles, touristiques, pédagogiques, scientifiques et de protection environnementale (en 2005, 11 % des forêts du monde sont déclarées par les États « affectées à la conservation de la diversité biologique » ; ce taux est en augmentation, mais ne correspond pas toujours à une réalité de terrain85). La fonction de puits de carbone semble devoir prendre de l'importance. L'importance économique de ces nouvelles fonctions est mal évaluée, mais pourrait localement rapporter plus que l'exploitation du bois.
Secteur : la filière bois
Produits forestiers
Production de bois
- Bois de chauffage et bois de feu, la plus importante utilisation de par le monde mais essentiellement en Afrique et Amérique du Sud (et derrière la destruction de la forêt pour étendre les terres agricoles ou d'élevage) ;
- Bois d'industrie : bois de trituration (pâte à papier), déroulage placage, panneaux de fibres, emballage ;
- Bois d'œuvre : charpente, bois de mine, traverses de chemin de fer, ameublement ;
- Bois de service (poteaux, piquets, perches) ;
- Produits ligneux dérivés (copeaux de bois caulinaire pour le paillage des arbres et arbustes, bois raméal fragmenté).
Produits forestiers non ligneux (PFNL)
Selon la FAO les PFNL sont « des produits d'origine biologique, autres que le bois, dérivés des forêts, d'autres terres boisées et d'arbres hors forêts ».
Les PFNL peuvent être récoltés dans la nature ou produits dans des plantations forestières ou des périmètres d'agroforesterie, ou par des arbres hors forêt.
Les PFNL comprennent des produits utilisés comme nourriture et additif alimentaire (noix comestibles, champignons, fruits, herbes, épices et condiments, plantes aromatiques, viande de gibier), des fibres (utilisées dans la construction, les meubles, l'habillement ou les ustensiles), des résines, gommes et produits végétaux et animaux utilisés dans des buts médicinaux, cosmétiques ou culturels86.
Voici quelques exemples de PFNL :
Fonctions sociales, symboliques et culturelles
Loisirs
Chemin forestier au printemps
Les forêts sont des lieux privilégiés de loisirs, de détente, de tourisme, de découverte de la faune et de la flore et des paysages87. Chaque année, les forêts françaises reçoivent des centaines de millions de visites. La forêt rend de nombreux services à la société, de nature écologique et sociale. Elle est, par exemple à la fois un lieu sûr d'aménités et de détente, et un lieu de protection des espèces. Ces fonctions nécessitent un entretien des chemins par les forestiers (ouverture, sécurisation, nettoyage…). Bien que considérée comme un bien commun pour une partie de ses fonctions, en France toute forêt a un propriétaire (privé ou public). Quand on se promène en forêt, on se promène sur une propriété. Le promeneur doit en tenir compte et respecter ces lieux. L'accueil du public est la règle en forêt publique et souvent en forêt privée.
Patrimoine et bien commun
La forêt des mythes, des légendes et de l'apprentissage.
Il y a 8 000 ans environ qu'avec l'aide du feu, nos ancêtres ont commencé à déforester l’hémisphère nord (en commençant par la Chine) pourtant la forêt est restée présente dans de nombreux contes, mythes et légendes88, dans presque toutes les civilisations.
La valeur spirituelle et culturelle de la forêt réelle ou mythique n’est pas contestée. Le nom de Brocéliande en évoque encore les druides et la magie. Nemeton était le mot celte qui signifiait à la fois sanctuaire, et forêt. Bien après qu'on eut oublié la forêt de Dodone des Grecs, on continue de comparer les piliers des cathédrales gothiques aux troncs d'une forêt dont les branches seraient les arcs qui soutiennent la voûte. Au siècle dernier, de nombreux bûcherons allemands murmuraient une petite prière d'excuse à l'arbre qu'ils allaient couper. En Inde, les sannyâsa se retirent et se recueillent en forêt, comme le faisaient certains ermites européens. En Chine, les sommets boisés abritaient presque toujours un temple. Au Japon, la forêt que reflètent ou symbolisent en miniature certains jardins est sacrée, comme l'indique le Torii qui marque parfois son entrée, comme celle d'un temple. L'arbre de vie est omniprésent dans les mythes fondateurs des pays forestiers, mais aussi des pays déforestés, avec un arbre de la connaissance à connotation ambiguë dans la bible.
La forêt est souvent symboliquement interprétée comme reliant ciel et terre, par les branches, les troncs et ses racines.
La forêt est aussi le domaine de l'Homme sauvage, présent dans de nombreux mythes d'Europe de l'Ouest ou d'Asie ; l'Homme sauvage qui est comme l'arbre présent dans l'héraldique européenne89.
La forêt fait également peur ; lieu de Nature où l'on se perd, lieu où l'on perd les enfants, où l’on rencontre le loup, où des dieux, les esprits et les animaux sauvages vivent, où la nuit se fait plus noire, dernier refuge des loups et des ours pourchassés. C'est le lieu où les hors-la-loi, bons (Robin des Bois) ou méchants, se cachaient, bien que les forêts soient parfois exclusivement réservées aux chasses royales.
En Europe, à partir du siècle des Lumières et du modèle royal français, on s'est employé à les humaniser, à les nommer et à les fragmenter pour mieux les maîtriser en les quadrillant d'allées et de layons, puis on les a plantées et « rationnellement » gérées.
C'est localement un lieu de mémoire avec les forêts royales, la forêt de guerre.
C'est enfin et surtout le lieu de vie des peuples de la forêt, amérindiens, africains, et d'Asie du Sud-Est notamment, là où ils ont survécu. Lieu séculaire de l'initiation, refuge des esprits, lieu de vie et d'aventure pour de nombreux peuples… lieu aménitaire de détente et de découverte de la nature pour d'autres, la forêt est reconnue pour toutes ces fonctions par certaines lois nationales et par l'écosociolabel FSC.
La plupart des populations et des élus se disent très attachés à l'idée de protection d'arbres remarquables, de la forêt et/ou de forêt qui protège, pour des raisons bien plus larges que pour les services qu'elle rend comme espace de détente et de loisirs ou comme lieu de cueillette familiale de fleurs, de fruits et champignons.
Partout dans le monde, des fragments de biodiversité ont été protégés dans des « bois sacrés » qui ont échappé aux coupes et on repère ou classe des arbres parce que vénérables et remarquables ou pour leur intérêt paysager ou écologique ou de protection. Il devient délicat de gérer les forêts uniquement pour la coupe du bois. Pour les artistes et les touristes, comme pour les scientifiques et les industriels, elles recèlent des trésors qu'il convient de léguer aux générations futures et sont un gage d'adaptation et de résilience face au réchauffement climatique.
Un quart de la France vit à l'ombre des arbres. Certains sont millénaires et ont connu la Gaule chevelue, les cultes anciens. Citadins et ruraux souhaitent la conservation d'un nombre significatif de vieux arbres. La première réserve de la forêt de Fontainebleau (552 ha de « réserve artistique ») a été demandée par des artistes, et non par des forestiers[réf. nécessaire].
Pour certains collectifs et associations (telles que Prosilva, le Réseau pour les Alternatives Forestières – RAF, le collectif SOS Forêts France…) la forêt est désormais à réexaminer en tant que « bien commun », c’est-à-dire qu’il conviendrait de dépasser le seul droit de propriété pour aller vers le droit d’usage apporté par les services écosystémiques fournis par la forêt à tout un chacun. Chaque parcelle, chaque forêt représente un enjeu important pour les sociétés humaines, car jouant un rôle primordial dans la qualité de l’eau et de l'air, dans le stockage de CO2… Il devient alors essentiel de redonner à la forêt son statut de bien commun, volontairement effacé par le politique au service des lobbies financiers. Pour ces associations environnementales, la tendance actuelle, qui ne conçoit la forêt qu’en termes de peuplements d’arbres constitutifs d’une ressource à extraire, allant jusqu’à oublier les autres composantes de l’écosystème forestier, est à arrêter impérativement. La forêt est, selon cette analyse, un bien commun à défendre90.
Habitat de l'Homme, lieu nourricier et cynégétique
La forêt européenne est aussi depuis longtemps aménagée et gérée pour la chasse qui y a attiré les rois et les manants. Au
XXe siècle en Europe de l'Ouest, l'
agrainage en a parfois fait un lieu d'élevage extensif de
cerfs,
chevreuils et
sangliers (
campagnols et autres rongeurs profitant des restes), en menaçant les équilibres sylvocynégétiques (
Les Très Riches Heures du duc de Berry)
Plus de 500 millions d’humains vivent en forêt ou à ses abords et en dépendent directement. Même quand elle n'est plus habitée, elle reste un lieu traditionnel de cueillette et de chasse (aux grands animaux surtout, qui ont disparu ou régressé dans les plaines cultivées et habitées). Pour environ 150 millions d'autochtones appartenant à des centaines de tribus et peuples autochtones, la biodiversité de la forêt est encore la source vitale d'eau, de matériaux, de plantes, fruits, animaux et champignons comestibles ou utiles (médicaments, ornements…). La « viande de brousse » reste localement la première source de protéine dans de nombreux pays tropicaux, bien qu'elle soit menacée par l'augmentation de la pression de chasse, des armes de plus en plus performantes, et des moyens de transports tels que le quad.
Dans les pays riches et tempérés, la chasse reste également importante, les revenus cynégétiques approchent ou dépassent souvent 50 % du revenu forestier global dans des pays tels que la France.
La chasse est un revenu complémentaire considérable du forestier qui atteint, par exemple, souvent 50 % des revenus des grandes forêts publiques de France où en 2006, les baux de chasse ont rapporté 41,1 millions d'€ à l'ONF (soit 2,4 millions de plus que l'année précédente), alors que le bois a rapporté 199,6 millions d'€ (soit 15 % de plus qu'en 2005)91.
Mais le « grand gibier » quand il est trop abondant, notamment à la suite d'un agrainage important et à la disparition de ses prédateurs naturels, peut provoquer des dégâts assez importants pour freiner ou bloquer la régénération forestière.
Une vraie gestion cynégétique demanderait aussi de prendre en compte les problèmes sanitaires (peste porcine, CWD, maladies véhiculées par les tiques, apparition du SIDA ou de virus hémorragiques, type Ebola, etc.), notamment en l'absence de prédateurs.
Plus localement, des problèmes nouveaux sont posés avec la contamination du gibier (sanglier notamment) par des toxiques issus de séquelles de guerre ou retombés avec les pluies qui ont lessivé le nuage de Tchernobyl. Les forêts tropicales produisent l'essentiel de la viande de brousse, avec des pressions de chasses qui ont raréfié ou fait disparaître le gibier sur de vastes zones.
La question de la pollution par le plomb de chasse, liée à la toxicité des munitions (grenaille et balles) s'y pose moins que dans les zones humides, mais elle semble pouvoir avoir été sous-estimée.
Environnement et santé
Très tôt, certains arbres ont été réputés assainir l'air (sapin, épicéa, pin sylvestre, eucalyptus plantés autour des hôpitaux et des lieux de cure), ou au contraire, plus rarement le corrompre (ne pas dormir sous un noyer). La marche en forêt était recommandée, et des parcours-santé y sont encore fréquemment installés, de même que dans les parcs urbains boisés.
Les forêts jouent un rôle majeur en matière d'épuration physique et physicochimique, et probablement biologique de l'air et de l'eau. Les produits de la forêt et toutes les parties des arbres ont été utilisés pour produire des médicaments et de nombreuses médecines traditionnelles. Une sylvothérapie et des cures sylvatiques ont été développées dans certains pays au XIXe et début du XXe siècle pour faire profiter certains malades (tuberculeux notamment) de l'air forestier enrichi en oxygène (trois fois plus d'oxygène produit par la forêt tempérée qu'en prairie92), en Ozone (notamment en bord de mer et dans les forêts de résineux) et en phytoncides (molécules réputées bactéricides et fongicides, dont terpènes) et de la pureté de l'air. On a récemment montré que l'activité biochimique est beaucoup plus développée dans la canopée que dans la strate herbacée.
Après Louis Pasteur, diverses mesures citées par G. Plaisance ont comparé différents airs et montré que l'air forestier contenait moins de microbes que l'air urbain (50 microbes par m³ d'air, contre 1 000 dans le parc Montsouris de paris, 88 000 sur les Champs-Élysées, 575 000 sur les grands boulevards et 4 000 000 dans les grands magasins à Paris selon Georges Plaissance93).
Forêt cinéraire
Les forêts cinéraires, ou lieu du dernier repos en forêt (voir Cimetière naturel), existent depuis très longtemps en Allemagne94. En France, en Haute-Garonne, la première forêt cinéraire est ouverte95.
Ennemis de la forêt
Ennemis « naturels »
Le forestier craint surtout le feu et des insectes ravageurs tels la chenille processionnaire du pin, celle du chêne, certains xylophages, des bactéries ou des champignons (ex : graphiose de l'orme, maladie de l'encre du châtaignier). Les attaques qui prennent l'apparence d'épidémies et de pullulations suivent généralement un affaiblissement des arbres dû à des évènements de type sécheresse, tempête, pollution, drainage, fragmentation, etc. Les arbres stressés par une sécheresse sont ensuite beaucoup plus vulnérables au froid (jusqu'à une dizaine d'années après)96.
Il semble que dans les milieux extrêmes (polaires, subsahariens), les pullulations fassent partie de cycles naturels et régulateurs, dans des forêts dont le nombre d'essences est réduit, et plus exposées aux chocs climatiques.
La biodiversité forestière peut aussi être menacée par des essences introduites qui peuvent devenir invasive ou poser des problèmes de pollution génétique et/ou d'allélopathie.
Dans l'hémisphère nord, des mammifères rongeurs (ex : mulots, campagnol des champs), les lapins et des espèces-gibier (cerfs, daims, chevreuils, wapitis, etc.) sont localement considérés comme "nuisibles" par les forestiers parce qu'ils broutent les jeunes pousses et rongent les écorces. En forêt méditerranéenne, les moutons et surtout les chèvres sont des ennemis redoutables des arbres.
Ainsi, la diversité génétique est au centre des préoccupations actuelles sur l’avenir des forêts menacées par ces ennemis. On prévoit notamment, pour les espèces qui les composent, des pressions de sélection d’une ampleur et d’une rapidité inédites, en liaison avec les changements climatiques97.
Chiffres : Selon les chiffres fournis par les états à la FAO ; en 2000-2005, en moyenne, 104 millions d'hectares de forêts ont été annuellement ravagés par des incendies, des insectes et maladies, des sécheresses, tempêtes, grands froids ou inondations. Ce chiffre est sous-estimé car certains pays (africains notamment) n’ont pas réunis ou fourni de statistiques, alors que l’imagerie satellitaire montre d’importants dégâts par le feu en Afrique.
D'un point de vue historique, l'Homme a eu une relation ambiguë à la forêt et notamment à la forêt primaire, parfois protecteur ou n'y développant pas d'impact visible durant des millénaires (en forêt équatoriale, hormis sur certaines îles), et souvent destructeur en zone tempérée européenne, asiatique et au Moyen-Orient ou en Australie, depuis plusieurs milliers d'années.
Accidents climatiques
Effets du vent et de la neige, chablis dans une hêtraie (ici en
Ariège).
Les périodes de sécheresse, comme 1976, ou de forte canicule (2003) peuvent provoquer le dessèchement des feuilles qui tombent alors prématurément. On peut constater aussi des brûlures de l'écorce exposée au soleil (hêtres).
Les effets peuvent se faire sentir des années après. La sécheresse aggrave le plus souvent les effets d'autres agents, tels les incendies ou les insectes ravageurs. Ainsi, en 1976, les incendies accentués par la sécheresse brûlèrent plus de 800 km2 en France.
En période hivernale, le gel n'est généralement pas à redouter, sauf les cas extrêmes, comme en 1956 en France ou en 1985, lorsque 30 000 pins maritimes landais gelèrent. Les gelées tardives, sont, elles, nuisibles pour les jeunes plants. La neige peut être dangereuse dans certaines conditions, lorsqu'elle forme des manchons autour des branches, qui finissent par casser sous le poids accumulé.
Les tempêtes, comme celle de décembre 1999 en Europe de l'Ouest, provoquent le déracinement et l'abattage des arbres, qui forment les « chablis » ou leur cassure par le milieu du tronc, laissant en place les « chandeliers » et au sol les « volis ». En France, la tempête de 1999 a ainsi abattu 146 millions de m³ de bois.
Action de l’homme
Même dans certains pays riches, une gestion peu respectueuse de la biodiversité est critiquée, notamment pour l'absence de préservation de réseaux de forêts anciennes protégées (ici en
Tasmanie, dans une région vulnérable au
dérèglement climatique98).
La déforestation
Le recul des forêts anciennes et la régression du bois mort ont des causes humaines qui n'ont pas attendu l'invention de la tronçonneuse pour s'exercer. Ces bûcherons œuvraient dans la
Lower Columbia au
Canada, en
Oregon, en
1905, mais les forêts
chinoises avaient déjà fortement régressé il y a plus de 5000 ans.
La déforestation résulte d'une surexploitation de la ressource forestière et/ou d'une destruction des forêts (défrichements) par l'homme telles aboutissant à un changement de l'occupation du sol (forêt remplacée par des milieux agricoles ou des pâturages, l'urbanisation, les voies de transport, voire un désert…).
Les grands défrichements sont très anciens en Europe méditerranéenne et occidentale, au Moyen-Orient et en Chine, où ils datent du Néolithique et du Moyen Âge (la seconde phase de grands défrichements en Europe de l'Ouest se déroule au milieu du Moyen Âge). Ils se poursuivent à moindre échelle pour faire place à certains équipements, autoroutes, à l'urbanisation, aux réservoirs hydro-électriques, aux aménagements pour les sports d'hiver, etc. De nos jours, en Europe comme en Chine, et dans une moindre mesure en Amérique du Nord, on assiste globalement à une phase de reboisement. Ce reboisement a commencé au XIXe siècle en Europe sur les terres peu productives, et se poursuit de nos jours avec la déprise agricole dans les zones peu propices à l'agriculture mécanisée, en particulier dans les régions montagneuses.
À l'heure actuelle, ce sont surtout les forêts tropicales qui souffrent de la déforestation, soit pour des raisons de développement économique, comme en Asie du sud-est et en Amazonie, soit par surexploitation des ressources en bois tropicaux, comme en Afrique. La déforestation entraîne la destruction des habitats naturels de nombreuses espèces endémiques et contribue pour une grande part à l'extinction des espèces sur la planète, en particulier dans les régions tropicales où la biodiversité est beaucoup plus riche que dans les régions tempérées.
En 2006, bien qu’il n’y ait toujours pas de convention internationale sur la Forêt (le principal échec de Rio, avec abandon de la convention au profit d'une simple déclaration99), plus de 100 pays avaient institué un programme forestier national, incluant généralement un volet protection (bien que les programmes portent encore essentiellement sur le développement de l’exploitation du bois) et parfois un volet sur l'état de conservation100 (ou restauration) des sols, de l’eau, de la diversité biologique et d’autres richesses et services environnementaux.
La sylviculture durable vise à récolter le bois de forêts sans entraîner la déforestation. Ces programmes quand ils existent sont parfois peu respectés dans les pays très pauvres ou ceux subissant des troubles civils.
Il resterait en 2006 environ 4 milliards d’hectares plus ou moins boisés sur la planète, soit environ 30 % des superficies émergées. De 1990 à 2005, 3 % de la forêt a disparu, (- 0,2 % par an) selon la FAO.
De 2000 à 2005, 57 pays ont signalé un accroissement de leur taux de boisement (mais s’agit souvent de plantations industrielles (eucalyptus, peupliers, résineux, palmiers à huile) de peu d’intérêt pour la biodiversité). 83 pays ont reconnu que leur forêt reculait. La perte nette serait de 7,3 millions d’ha/an (soit 20 000 hectares/jour).
Les 10 pays les plus riches en forêts représentent à eux seuls 80 % des forêts primaires de la terre, dont l’Indonésie, le Mexique, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Brésil. Ce sont aussi ceux qui ont subi la déforestation la plus intense et rapide de 2000 à 2005, en dépit de plantations de forêts secondaires commerciales.
L'Asie de l'Est qui avait perdu la plupart de ses forêts a enregistré le principal accroissement à la suite des centaines de millions d’arbres plantés en Chine (mais ce sont de jeunes boisements et non des forêts au sens écologique du terme) et ces accroissements ne compensent pas les taux élevés de déforestation d’autres zones. Globalement la déforestation s’est encore accélérée en Asie du Sud-Est de 2000 à 2005 et plus encore en Afrique et en Amérique latine/Caraïbes ; l’Afrique représente encore 16 % de la superficie boisée totale, mais elle a perdu plus de 9 % de ses forêts de 1990 à 2005, pendant que la Chine, l'Europe et l'Amérique du Nord pouvaient accroître leurs superficies forestières dans le même temps. New Scientist a publié une étude sur les 50 pays les plus boisés : 22 présentaient en 2006 une nette reforestation. La situation au Brésil et en Indonésie est préoccupante, tandis que la Chine crée la surprise : depuis 2002, on y a replanté une surface équivalente à celle de la Californie.
La déforestation est aussi une cause d'apparition et de diffusion de maladies émergentes.
La pollution
Les polluants liés à l'activité humaine sont nombreux : anhydride sulfureux qui provoque les fameuses « pluies acides » auxquelles fut attribué le dépérissement des forêts constaté en Europe dans les années 1970-80, mais qui devait beaucoup aussi à la sécheresse et aux pesticides véhiculés par l'air et/ou solubilisés par les pluies, les oxydes d'azote, l'acide fluorhydrique, émis localement par certaines industries notamment dans certaines vallées alpines, les particules émises par la combustion du charbon et des carburants pétroliers, l'ozone… avec aussi en montagne et dans les zones froides le sel de déneigement. Par ailleurs, les mousses et les lichens piègent très efficacement les particules de l'air, dont ils se nourrissent. Par ce biais, ils fixent aussi les métaux lourds de plus en plus présents dans l'air, ainsi que d'autres polluants (au point d'en mourir parfois, ce qui en fait, selon la sensibilité de espèces de bons bio-indicateurs). Les champignons qui font la richesse du sol forestier se montrent également capable de bioconcentrer de nombreux polluants (métaux lourds dont plomb, cadmium et mercure, mais aussi radionucléides, qui peuvent ensuite être concentrés par la chaîne alimentaire).
La forêt a de tous temps également été un lieu privilégié pour la chasse ; les munitions au plomb (grenaille et balles) y ont été dispersées par de milliers de tonnes chaque année, souvent tirées aux mêmes endroits ; près des points d'eau, des berges de fleuves, sur les lieux d'agrainage, sur les layons ou cloisonnements ou à partir de postes de tir aménagés. Les sols forestiers sont souvent naturellement légèrement acides à très acides en zones tropicale ou boréales, ce qui facilite la dispersion et biodisponibilité de ce plomb enrichi d'arsenic et d'antimoine, ainsi que du mercure qui a longtemps été utilisé par les amorces.
Dans certains pays, des boues de station d'épuration sont régulièrement dispersées en forêts, parfois sous forme de pulvérisation, ce qui peut contribuer à la dispersion de certains contaminants.
Avec les premières expérimentations d'arbres OGM (peupliers essentiellement, testés par exemple en France et au Canada en milieu non-confinés), certains craignent une pollution génétique en cas de transmission du gène, ou un impact sur la faune et le sol forestier via la toxine BT émise par ces arbres.
Les séquelles de guerre
De tous temps, les forêts ont été stratégiques du point de vue militaire. Elles ont servi de réserve de bois de marine et charpente, mais surtout d'abri ou de cible à toutes les armées, maquis et résistances, des millions de réfugiés s'y protégeant encore aujourd'hui dans les pays en conflits. Parfois on les a pillées ou détruites dans le cadre de la stratégie de la « terre brûlée ». Au Viêt Nam et Laos, le défoliant, le napalm et les munitions à sous-munitions ont laissé des traces encore persistantes (dioxines, métaux lourds, sols dégradés, mines actives, etc.). Le bois mitraillé des forêts françaises a perdu de sa valeur technique et financière, mais il peut aussi avoir été pollué par le plomb ou d'autres métaux lourds.
Au XXe siècle, notamment en France dans la zone rouge, de vastes forêts dites « de guerre » ont été artificiellement plantées sur des sites agricoles rendus incultivables par les séquelles de guerre et localement en Allemagne ou en France sur des sites gravement pollués par des accidents liés à la production d'usines d'armement ou d'usine produisant en amont les toxiques chimiques ou les métaux utilisés dans les munitions (plomb, cadmium, zinc, cuivre, mercure, etc.). Des forêts comme celle de Verdun contiennent encore des quantités considérables de munitions non explosées, dont certaines chimiques (chargées de « gaz de combat »).
Feux de forêt
Ils sont le plus souvent allumés par l'homme, volontairement (pyromanes, bergers…) ou involontairement (négligence). Le fire-stick farming, souvent employé par les aborigènes australien, a profondément101 modifié la faune et flore d'Australie. Cette pratique consistait à brûler de vastes terres pour faciliter la chasse a entraîné la disparition de sa mégafaune… Malgré des moyens de surveillance et de lutte de plus en plus performant, leur nombre et leur gravité ne cesse de croître en zone tropicale (Indonésie, Brésil..) mais aussi en Europe et en Amérique du Nord ou Australie.
Prenant des proportions catastrophiques dans certaines régions (notamment autour de la Méditerranée), ils conduisent à la mise en place de moyens de lutte très importants, dont l'efficacité est variable. Toutes les essences forestières sont combustibles, mais certaines riches en produits volatils favorisent la combustion et l'extension de l'incendie, d'autres résistent mieux (grâce à des phénomènes de protection comme la création de liège), ou se régénèrent plus vite.
Il est difficile de tirer un bilan de l'action de l'homme sur les forêts : il ne se résume pas à des actions néfastes, car si les États n'ont pas enrayé la déforestation ni pu s'accorder pour rédiger et signer une convention internationale pour la protection des forêts à Rio en 1992 ou à Johannesburg en 2003, de nombreux programmes locaux d'études et de restauration de forêts existent dans le monde, dont les forêts modèles canadiennes.
En Europe de l'Ouest, la forme et la superficie des forêts européennes contemporaines résultent essentiellement de l'action de l'homme, et il est couramment admis chez les forestiers qu'elles sont gérées de manière durable. Contrairement à une idée répandue, la surface de la forêt française, après avoir fortement diminué jusqu'à la fin du Moyen Âge a réaugmenté, y compris depuis les années 1900 (d'environ + 30 %), mais souvent grâce à des plantations commerciales de résineux et peupliers, moins riches au niveau de la biodiversité et avec un recul des zones humides. Le gain en superficie n'a pas freiné ou compensé le recul des oiseaux, insectes, lichens et fleurs typiquement forestières, ni le recul massif du bocage et des arbres épars depuis les années 1950. Les arbres tendent par ailleurs à être exploités de plus en plus jeunes et les plantations sont génétiquement peu variées. Hormis localement, à la suite des tempêtes, le gros bois mort reste trop rare pour permettre la survie de nombreuses espèces d'invertébrés saproxylophages.
L'action de l'Homme
Gestion administrative, protection et conservation
Une forêt néerlandaise, en automne.
Selon les époques, les lois et les lieux, la gestion est communautaire, nationale, régionale, communale ou privée. Elle relève parfois comme en France d'un ministère qui est chargé de l'Agriculture ou comme en Belgique des Régions.
Une très petite part des forêts non primaires ne sont pas gérées pour la production de bois (ex : réserves naturelles, réserve biologique intégrale, Parcs nationaux, forêts de protection, forêts urbaines, ou font l'objet d'une gestion restauratoire à fin de protection de la ressource en eau ou des sols). L'écologue japonais Akira Miyawaki a été pionnier en matière de Forêt de protection restaurée à partir d'essences locales.
Les habitats forestiers comptent parmi les habitats les mieux représentés dans les parcs nationaux, régionaux et les 25 000 sites Natura 2000 (couvrant fin 2009 environ 17 % du territoire européen et constituant le premier réseau d'aires protégées au monde), mais la commission européenne reconnait que Natura 2000 préserve à ce jour surtout des espèces remarquables et pas assez de réseaux de corridors biologiques boisés ni la biodiversité dite ordinaire, dont dépend l'essentiel des services « gratuitement » rendus par les écosystèmes. De 40 % à 70 % des espèces d'oiseaux et de 50 % à 85 % des habitats dans lesquels se déploient la faune et la flore européennes se trouvent ainsi dans « une situation de conservation critique »102. Diverses espèces forestières, invertébrés du bois mort notamment sont en péril, et font localement l'objet de plans de restauration ou de réintroduction (dont dans le cadre du Grenelle de l'environnement en France).
Les forêts primaires continuent à reculer, et à Rio, comme à Johannesburg ou à Nagoya, les élus et États présents n'ont pas réussi à valider le projet d'une Convention mondiale pour la forêt, qui n'est restée qu'une déclaration d'intention, dont la valeur morale et la portée juridique sont bien plus faibles que celles des conventions sur la biodiversité ou sur le climat (deux thèmes d'ailleurs liés à la Forêt qui héberge un grand nombre d'espèces et de gènes et qui est un puits de carbone majeur).
À l'initiative de l'ONU, 2011 a été l'année mondiale de la forêt.
L'Europe qui dispose en 2010 d'environ 176 millions d'hectares dans (42 % du territoire de l'UE, sans compter l'Outre-mer) a publié en 2010 un « livre vert sur la protection des forêts »103, qui présente les systèmes d'information existants sur les forêts et les instruments disponibles pour leur protection des forêts (dont face au dérèglement climatique, et pose des questions pour des solutions stratégiques futures. Sur cette base, l'Union européenne, devrait revoir sa stratégie pour une gestion forestière plus intégrée, mais en laissant subsidiairement les états libres de leurs actions. Le Conseil de l'Europe a en 2010 lancé un débat et une consultation104 sur l’impact prévisible du changement climatique sur les forêts européennes et le rôle que l’UE devrait tenir pour les protéger
En France, de nombreuses ONG s'inquiètent d'une volonté administrative et privée d’accroître la pression d'exploitation et la mécanisation des récoltes, ainsi que la fragmentation forestière par les routes et pistes[réf. nécessaire].
Suivi de l'état et de la surface des forêts
Le suivi satellital et aérien des forêts tropicales montre d'importantes régressions dans de nombreux pays (surtout en Amazonie et en Indonésie). Dans les pays riches, les surfaces augmentent souvent légèrement, mais la santé des forêts s'est localement dégradée. Les forêts sont dans ces pays le plus souvent suivies par un réseau de placettes permanentes où les inventaires forestiers sont régulièrement effectués tous les dix ou vingt ans. En France, il existe une direction de la santé des forêts.
En Europe, il faut attendre 1986 pour que naisse un premier programme coopératif105 de suivi des forêts.
Après le constat dans les années 1980 d'une tendance régulière à la dégradation de la santé des forêts en Europe (mortalité, maladies émergentes, défoliation précoce, décoloration…)106, un projet Life + dit FutMon a été mis en place - avec 38 partenaires (dont l'IFN pour la France), dans 23 États membres, pour mettre à jour l'information sur la forêt européenne (du cercle polaire arctique en Laponie au sud de la Sicile). Le programme est coordonné par l'Institute for World Forestry de Hambourg et disposait de 16 millions d'euros de cofinancement européen. Il visait aussi à repenser et harmoniser le système de surveillance forestière en Europe107.
Il s'est fondé sur les résultats du suivi fin de 300 placettes et de 5 500 parcelles à grande échelle. Après plus de deux ans et demi d'analyse des effets du climat, des retombées d'azote (eutrophisation), en ayant étudié le cycle du carbone, la croissance des forêts et les marchés de la bioénergie, ainsi que les opérations de conservation de la biodiversité… les chercheurs ont constaté que si les pluies acides dues aux émissions d'acide sulfurique ont diminué grâce à une convention108 sur la pollution transfrontière qui a permis une diminution de 70 % des sulfates dans l'air et les pluies), les arbres forestiers doivent dans une partie importante des forêts d'Europe maintenant répondre à une fréquence accrue de canicules et sécheresse (observée de 2000 à 2010 en Europe centrale107). Les observations montrent que durant 10 ans (2000-2010), la vitalité des arbres s'est dégradée sur un tiers des parcelles, et est restée stable sur les deux autres tiers des parcelles107. Parmi les causes fréquentes, un approvisionnement des sols forestiers asymétrique (excès d'azote par rapport aux autres nutriments fondamentaux) est très répandu, avec des taux d'azote critiques dépassée sur environ 50 % des placettes de suivi. Le lessivage des nitrates vers l'eau du sol, ses impacts sur la flore et la diversité lichénique sont maintenant bien documentés107.
Une tendance régulière à l'augmentation des taux d'ozone troposphérique, et au déclin de la biodiversité préoccupe les experts. Les sécheresses plus fréquentes affectent les espèces plus vulnérables et l'écosystème dans son ensemble106. Les canicules comme celle de 2003 peuvent entraîner des déclins de croissance, des taux élevés de mortalité avec des effets (maladies, mortalités, parasitoses) retardés de plusieurs années. Les modifications du cycle de l'eau sont donc considérés comme la plus sérieuse menace pour les forêts du monde entier106. « Nous pouvons déjà faire des prédictions assez précises comment le climat va développer en utilisant la modélisation du climat. Cependant, il est largement admis qu'une grande biodiversité dans les forêts sont le meilleur moyen de garantir que les forêts seront capables de s'adapter aux changements actuels et futurs »106.
Le système de surveillance européen va intégrer dès 2011 une surveillance de l'état des houppiers sur environ 4300 parcelles en liaison avec les inventaires forestiers nationaux. Une surveillance intensive concernera 250 parcelles et d'ailleurs état de la couronne et de la croissance des forêts avec suivi couplé météorologique, de la qualité de l'air, des dépositions, de l'état des sols, de la strate herbacée, et la chimie foliaire. Des paramètres supplémentaires sont évaluées via des actions de démonstration (D1 - D3). Un projet de suivi « Les forêts dans l'Union européenne - Fourniture d'informations pertinentes pour les politiques forestières » (ForEU109) est prévu.
On espère que la forêt européenne, si sa santé se stabilise ou s'améliore, contribuera à atténuer le changement climatique et à l'adaptation au changement climatique. Elle absorbe en 2011 environ 10 % des émissions européennes de CO2 et l'augmentation des dépôts d'azote a dopé la croissance des arbres et le piégeage, au moins provisoire du carbone. Cette atténuation du changement climatique pourrait cependant diminuer, à un terme que les modèles de croissance forestière en Europe doivent encore préciser107. En 2013, l'Ademe encourage la recherche sur l'atténuation du Changement climatique par l'agriculture et la Forêt110.
Gestion et exploitation des forêts
Coupe de bois dans une exploitation forestière.
Dans les pays riches, la mécanisation permet aujourd'hui à une seule personne de remplacer plusieurs dizaines de bûcherons et débardeurs d'autrefois. Le travail manuel, facilité par la tronçonneuse, est encore essentiel en zone tropicale. Le métier de bûcheron reste l'un des plus dangereux.
La mécanisation a encouragé des coupes plus précoces (sylviculture dite
« dynamique »), car les engins ne peuvent pas couper de gros arbres, et une augmentation du nombre de routes (pour l'accès aux engins) qui se traduit par une
fragmentation des forêts accrue.
le débardage par câble téléphérique (
câble-mât) présente une solution d'exploitation sur les sols fragiles et forêts de pentes. Il rend cependant plus facile l'exploitation d'anciennes
zones-refuges pour la
biodiversité, autrefois non exploitées car trop isolées.
Selon le traitement utilisé, et selon les essences, le temps de « révolution », c'est-à-dire le délai écoulé entre le semis et la coupe, est variable mais généralement long, de 60 à 100 ans pour les résineux (le sapin grandis peut être coupé à partir de 40 ans), de 150 ans et plus pour les feuillus (80-100 ans pour le chêne rouge d'Amérique). La sylviculture est une affaire de plusieurs générations ; seule la populiculture (peupliers) avec une durée de révolution d'environ 20 ans se rapproche de l'agriculture.
Historique
L'homme n'a eu d'impact sur la forêt que depuis qu'il s'est sédentarisé, au Néolithique ; tant qu'il fut un chasseur cueilleur il en a utilisé les ressources végétales ou animales sans la modifier profondément. Il n'en fut pas de même quand il a utilisé le bois pour son habitat pour lequel les prélèvements de troncs furent abondants, sélectifs et répétés. Les connaissances forestières des dix derniers millénaires sont très rares car le végétal ne conserve pas longtemps et les fouilles n'en n'offrent pratiquement jamais : seuls les pollens permettent de tracer les grandes lignes de l'environnement. Les gisements immergés en mer, lac ou rivière les ont gardés en bon état et là encore faut-il employer des méthodes particulières pour en recueillir les restes. Ce fut le cas lors de l'exploitation du site néolithique de Charavines, Isère111 où cet aspect du passé fut très étudié par la dendrologie, la botanique, la palynologie et la dendrochronologie des troncs et des sédiments. On a pu y suivre les conséquences significatives des coupes sur l'évolution des peuplements, indépendamment des évolutions climatiques, ainsi que la spécificité de l'utilisation des différentes essences pour les diverses parties de l'habitat, pour les ustensiles et les outils en bois. L'importance majeure de la forêt sur la vie des hommes a pu permettre de dire que le Néolithique fut l’âge du Bois [1] [archive].
Aux temps historiques, la forêt était exploitée pour le bois, le charbon de bois, la cueillette, le pâturage et la chasse. Le bois était généralement débardé à l'aide de chevaux, de bœufs, buffles ou d'éléphants en Asie. En Europe centrale, sur les pentes, il était parfois descendu coupé sur des traîneaux (schlitte). Le plus souvent, ce sont les torrents et cours d'eau qui transportaient les troncs jusqu'aux fleuves en radeaux ou par simple flottage. Autrefois, les troncs étaient coupés par les bûcherons, puis débités par des scieurs de long, avant d'être portés à dos d'homme ou par des chevaux jusqu'aux chemins. Aux époques récentes, ce sont des scieries actionnées par la force de l'eau qui ont permis la coupe de planches dans la forêt ou à proximité, avant que les camions ne transportent les arbres jusqu'à des scieries plus éloignées à partir de la seconde moitié du XXe siècle. De manière générale le nombre de bûcherons et de scieurs n'a cessé de se réduire en raison de la mécanisation.
La sylviculture moderne vise à maintenir ou augmenter le potentiel de production d'une forêt, tout en conservant un équilibre sylvo-cynégétique quand le gibier est une ressource économique majeure et que les animaux sont nombreux (en France, il est fréquent que 50 % au moins du revenu d'un propriétaire forestier vienne des produits de la chasse au grand gibier).
La régénération
La régénération forestière, c'est-à-dire la reproduction des arbres se fait selon deux approches :
- par rejets (ou drageons) ; cette méthode exploite la capacité de nombreuses essences de feuillus à rejeter à partir d'une souche. Elle est surtout utilisée pour les taillis.
- par semences ; cette méthode nécessite, au moins pour certaines essences un niveau d'éclairement suffisant du sol, ce qui justifie des coupes d'éclaircies pour les uns et de larges coupes pour d'autres.
On parle de régénération naturelle quand le forestier sélectionne et conserve des arbres « semenciers » lors des coupes, afin que les graines présentes dans le sol et tombées des semenciers puissent germer et régénérer la forêt. C'est une solution efficace et peu coûteuse lorsque les essences présentes sont bien adaptées au contexte biogéographique et que les herbivores ne sont pas trop nombreux. Pour certaines essences (Chêne par ex), dont les fructification ne sont pas régulières, les délais de régénération peuvent être allongés. Il y a régénération naturelle et continue avec les approches de type Prosilva, promouvant la gestion pied à pied ou en bouquets, sans coupe rase.
La régénération artificielle correspond à la situation où des plants proviennent de semis élevés en pépinière, ou de drageonnages extérieurs à la parcelle, à partir de graines ou arbres sélectionnés (provenance certifiée), au risque de perte de résilience et de biodiversité, voire d'introduction de pathogènes non présents dans la forêt. C'est un mode de régénération adapté à la mécanisation de la gestion forestière, qui a été fortement développé au XXe siècle dans les pays du nord, mais aussi en Australie et dans certaines forêts tropicales. Les bénéfices à long terme de cette méthode sont discutés, notamment pour d'éventuelles conséquences sanitaires, paysagères et environnementales sur la forêt.
Les animaux contribuent également à la régénération forestière. Les gorilles en sont un exemple. En passant la majorité de leur temps dans les trouées forestières, ils y déposent de nombreuses graines ingérées quelques heures auparavant. L'abondance de lumière dans ces trouées stimule la germination des graines et le développement de jeunes plantes112.
L'exploitation
Les méthodes d'exploitation traditionnelles en forêts tempérées sont les suivantes :
- Taillis simple : on coupe les rejets régulièrement (l'ensemble des rejets issus d'une souche s'appelle une cépée), ce qui produit des arbres de petites dimensions, utilisable comme bois de feu (ou piquets pour le Châtaignier et le Robinier, utilisé principalement aujourd'hui pour le chauffage, mais qui alimentait autrefois des industries comme la verrerie, la porcelaine et la sidérurgie.
- Taillis sous futaie : c'est une forêt exploitée principalement en taillis, mais pour fournir aussi du bois d'œuvre, on laisse venir des arbres de franc-pied, c'est-à-dire issus de semis, d'âges divers.
- Futaie régulière : dans ce type de forêt tous les arbres sont issus de semis et ont le même âge, ce qui donne à l'âge adulte des Futaies « cathédrales ». Ce type de traitement est relativement moderne, et date en France de l'époque de Colbert qui voulut développer la production de bois pour la charpente de marine et notamment les mâts. Un exemple célèbre est la futaie de chênes de Tronçais dans l'Allier.
- Futaie jardinée : c'est une futaie dans laquelle on trouve des arbres à tous les stades de développement. On l'exploite en prélevant régulièrement une partie des arbres considérés comme mûrs, mais en conservant en permanence la protection du couvert forestier. C'est la méthode traditionnelle, qui a été le mieux conservée en montagne parce qu'elle protège les sols, le micro-climat forestier et limite au mieux l'érosion et les glissements de terrain. C'est aussi le principe sylvicole de Prosilva qui lui adjoint une dimension biodiversité (la futaie est hétérogène et mélangée, en essences et en classes d'âge, en conservant des arbres morts et sénescents, considérés nécessaires à l'équilibre écologique forestier).
Galerie
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
- Forêt, sur Wikimedia Commons
- forêt, sur le Wiktionnaire
- Forêt, sur Wikiquote
Bibliographie
Généralités
- Arnould P., Corvol A., Hotyat M., La Forêt. Perception et représentation, Paris, l’Harmattan, 1997, 401 p.
- Defontaines P., L’Homme et la forêt, Paris, Gallimard, 1969, 186 p.
- Plaisance G., Dictionnaire des forêts, Paris, La Maison rustique, 1968, 314 p.
- Giry P., Paysages lointains, Paris, Lulu, 2010, 110 p.
- M. Cabarrus113 Animaux des forêts, Ed Rothschild (manuel de zootechnie forestière élémentaire, principalement à l'intention des gardes forestiers, avec des notions de la chasse conservatrice et prévoyante).
- M. Cabarrus113 Les animaux des forêts, mammifères - oiseaux, zoologie pratique au point du vue de la chasse et de la silviculture ; 1872 - 280 pages
- Office fédéral de l'environnement des forêts et du paysage (OFEFP) La forêt suisse en équilibre; Direction fédérale des forêts; Berne; 1995; 33 p.
- Agence européenne de l'environnement European forests — ecosystem conditions and sustainable use [archive] ; EEA Report No 3/2008 ; Luxembourg: Office for Official Publications of the European Communities, 2008 ; (ISBN 978-92-9167-354-4) ; ISS: 1725-9177 ; DOI:10.2800/3601, PDF, 110 pages,
- Raphaël Larrère, article « Forêt » in Dominique Bourg et Alain Papaux, Dictionnaire de la pensée écologique, Presses universitaires de France, 2015 (ISBN 978-2-13-058696-8).
Histoire
- Arnould P., Forêts, nouvelles forêts et vieilles forêts, Actes du 113e Congrès des Sociétés savantes, Strasbourg, 5-9 avril 1988, textes réunis et présentés par Andrée Corvol, publiés dans La Forêt, Comité des travaux historiques et scientifiques, 1991, p. 13-30.
- Arnould P., La forêt qui cache la forêt, Historiens & géographes no 370, 2000, p. 263-273.
- Badre L., Histoire de la forêt française, Paris, Arthaud, 1983, 312 p.
- Bechmann R., Des arbres et des hommes, la forêt au Moyen Âge, Paris, Flammarion, 1984, 384 p.
- Clement V., De la marche frontière aux pays de bois, forêts, sociétés paysannes et territoires en Vieille-Castille, Madrid, Casa de Velázquez, 2002, 374p.
- Martine Chalvet, Une Histoire de la forêt, Paris, Seuil, coll. « L'Univers historique », , 351 p. (ISBN 9782021042184, écouter en ligne [archive])
- Cheddadi R., Philipon P., Des forêts venues du froid, La Recherche, no 385 – avril 2005, Paris, Société d’éditions scientifiques, 2005.
- Andrée Corvol, L'Homme au bois, Histoire des relations de l'homme et de la forêt, XVIIe – XXe siècle, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles Etudes Historiques », (1re éd. 1987), 588 p. (ISBN 9782213649818, présentation en ligne [archive])
- Corvol A., Enseigner et apprendre la forêt XIXe – XXe siècles, Paris, L’Hamattan, 1992, 240 p.
- Corvol A., Amat J.-P. (dir.), Forêt et guerre, Paris, L’Harmattan, 1994, 326 p.
- Degron R., Husson J.-P., Les forêts d’Alsace-Lorraine (1871-1918) : les contrastes de l’héritage allemand, reflets de l’annexion, revue Histoire, économie et société, no 3, 1999, p. 593-611.
- Deveze M., La Vie de la forêt française au XVIe siècle, thèse, Paris, Imprimerie nationale, 1961, 2 volumes, 325 et 473 p.
- Deveze M., Histoire des forêts, Que sais-je ? Paris, PUF, 1973, 125 p.
- Galochet M., (dir), La Forêt, ressource et patrimoine, Paris, Ellipses, Coll. Carrefour, 2006, 272 p
- Groupe d'Histoire des Forêts Françaises, La Forêt, perceptions et représentations, Paris, l’Harmattan, 1997, 401 p.
- Noël M. et Bocquet A. Les hommes et le bois. Histoire et technologie du bois de la préhistoire à nos jours. Hachette, la mémoire du temps. 1987, 347 p.
- Reitel F., Le rôle de l’Armée dans la conservation des forêts de France, Bulletin de l’Association des géographes français, no 502, Paris, Armand Colin, 1984, p. 153-154.
- Van Der Linden H., La forêt charbonnière, Revue belge de philologie et d’histoire no 2 avril 1923, Bruxelles, Éditions de l’Université, 1923, p. 203-204.
- Protoindustries et histoire des forêts, Actes du Colloque international tenu à la Maison de la Forêt (Loubières, Ariège), 10-13 octobre 1990 (= Les Cahiers de l'Isard, 3), Toulouse, GDR-Isard 8881-CNRS, 1992, 343 p. ill.
- Sylvie Bépoix et Hervé Richard,(dir); La forêt au Moyen Âge, éditions Les Belles Lettres, 424 p., 2019, [(en) présentation par l'éditeur (dont sommaire) [archive]], (ISBN 9782251449883)
Géographie
- Arnould P., Hotyat M., Simon L., Les Forêts d’Europe, Paris, Nathan, 1997, 413 p.
- Arnould P., Les nouvelles forêts françaises, L’Information géographique, 1996, vol. 60-4, Paris, Armand Colin, 1996, p. 141-156.
- Arnould P., Le recherche française en biogéographie, Bulletin de l’Association des Géographes français no 4, 1994, p. 404-413.
- Bomer B., Progrès dans la connaissance géographique de la forêt française, Annales de géographie, Paris, Armand Colin, 1984, no 516 (93e année), p. 260-263.
- Dubois J.-J. (coord.), Les Milieux forestiers, aspects géographiques, Paris, Sedes, 1999, 336 p.
- Gadant Jean, L’Atlas des forêts de France, Paris, Éditions de Monza, 1998, 240 p.
- Husson J.-P., Les Forêts françaises, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1995, 258 p.
- Verdeaux F., La Forêt-monde en question, Paris, Institut de recherche pour le développement (IRD), coll. « Autrepart », 1999, 182 – [16] p.
- Viers G., Géographie des forêts, Paris, PUF, 1970, 222 p.
Monographies locales
- Defontaines P., « Le "Pays-des-Bois" de Belvès, étude de géographie humaine », Annales de géographie, Paris, Armand Colin, 1930.
- Defontaines P., La vie forestière en Slovaquie, Paris, Travaux publiés par l’institut d’études slaves, Librairie ancienne Honoré Champion, 1932, 94 p.
- Département de l'Intérieur et de l'Agriculture, Genève, Inventaire des forêts genevoises, observations sur leur état sanitaire, 1987
- Dubois K.-J., La forêt de Bialowieza (Pologne), Hommes et Terres du Nord, Lille, Institut de géographie, Faculté des lettres de Lille, 1987-2, p. 125-128.
- Dubois J.-J., Espaces et milieux forestiers dans le Nord de la France – Étude de biogéographie historique, thèse d’État, Paris, Université de Paris I, 1989, 2 volumes, 1024 p
- George P. La Forêt de Bercé, étude de géographie physique, thèse complémentaire, Paris, JB Baillière et fils, 1936, XVIII – 113 p.
- Houzard G., Les Massifs forestiers de Basse-Normandie, Brix, Andaines, Écouves, thèse de doctorat d’État, Caen, université de Caen, 1980.
- Jahan Sébastien (avec Emmanuel Dion), Le peuple de la forêt. Nomadisme ouvrier et identités dans la France du Centre-Ouest (XVIIe – XVIIIe siècles), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2003, 240 p. (ISBN 9782868477286)
- Noirfalize A., Forêts et stations forestières de Belgique, Gembloux, Presses universitaires de Gembloux, 1984, 234 p.
- Plaisance G., Les Forêts de Bourgogne, leur histoire, leur utilité, leur place dans la vie de tous les jours. Roanne, Ed. Horvath, 1988, 233 p.
- Somme M. La forêt de Nieppe et son exploitation au XVe siècle, Hommes et terres du Nord no 2-3, Lille, Institut de géographie, Faculté des lettres de Lille, 1986, p. 177-181.
Science
- Galochet M., Hotyat M., 2001 - L’Homme, facteur de diversité en milieu forestier. Bulletin de l’Association des Géographes français 2, 151-163.
- Otto H.-J., Écologie forestière, Paris, IDF, 1998, 397 p.
- Simon L., Les Paysages végétaux, Paris, Armand Colin, 1998, 95 p.
- Tome I, Habitats forestiers [archive] ; Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire ; Cahiers d’habitats Natura 2000 (Synthèse des connaissances scientifique et concernant la gestion des habitats naturels et de chaque espèce figurant aux annexes I et II de la directive « Habitats » pour lesquels la France est concernée); La documentation française, 761 pages]
Articles connexes
- Plantations (Plantes ligneuses)
- Arbres, Arbustes, Taillis, Arbres fruitiers, Futaies, Essences
- Gros-bois, Bois mort, Bois raméal fragmenté, Lichen, Scolytinae
- Lisière, Plessage, Clôture, Fascine, Balivage
- Forêts :
- Forêt hercynienne, Taïga, Forêt tropicale, Forêt amazonienne, Forêt du bassin du Congo, Forêt indonésienne, Forêt charbonnière
- Forêt modèle, Forêt d'Ardenne, Forêt royale
- Sylviculture, Code forestier, Débardage, Gestion durable des forêts
- Coupe rase, Fragmentation forestière, Dégradation forestière
- Déforestation, Sauvons la forêt
Liens externes
- :
- Les forêts tropicales [archive], site du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) à l'occasion de l'Année internationale des forêts 2011
- Des Forêts et des Hommes [archive] Site de la fondation GoodPlanet pour l'année internationale des forêts. Actualités, affiches pédagogiques, photos. (fr)
- Article / Indicateurs de la biodiversité dans les inventaires forestiers [archive] (Unasylva, FAO) (fr)
- « septième édition de la Situation des forêts du monde » [archive], FAO
- FAO Forêts [archive] (fr)
- Revue Unasylva [archive] (portail FAO de téléchargement) (fr)
- Rapport sur la forêt européenne [archive] (ONU/UNEP World Conservation Monitoring Centre Cambridge, Royaume-Uni, 2000, en collaboration avec WWF)(en)
- Inforets, Information et actualités sur la forêt [archive](fr)
- Types de forêts et de gestions en Europe [archive] (Rapport European forest types 2006, avec cartes, 8826 KB). (en)
- [PDF] « Cahiers d’habitats, Tome 1 » [archive], sur l’INPN
- CNBD - Comité national pour le développement du bois - La Forêt française [archive]
- [vidéo] Un monde de forêts - Le Dessous des cartes / ARTE [archive] sur YouTube, chaine Le Dessous des cartes.
Notes et références
- Sous-inspecteur des forêts de la Couronne, attaché à la vénerie de l'Empereur.
Plage
Pêcheurs au lever du soleil sur la plage de
Nusa Dua à
Bali.
Sur le plan scientifique, une plage est une berge en pente douce ou très douce1 correspondant à une étendue de sable, de gravier ou de galets qui se poursuit sous le niveau de l'eau (définition qui prend en compte les plages maritimes le long des mers et des océans, et les plages continentales le long des cours d'eau ou en bordures de plan d'eau). Le sens commun définit la plage, dans une acception moins étendue depuis le XIXe siècle, comme une étendue de sable en bordure de mer ou d'océan, l'étendue d'un rivage marin, à la pente assez peu prononcée par rapport à l'horizontale, qui se poursuit longuement sous le niveau de l'eau2. Sous l'influence du tourisme balnéaire, la définition s'est en effet restreinte à une étendue dont on a fixé les limites, aménagée pour concentrer les baigneurs, comme en atteste le panneau « La Plage » dans les stations balnéaires, qui indique uniquement les étendues de sable les plus aménagées pour les bains de mer, les loisirs et la restauration3.
Cette morphologie de la berge ou du rivage par rapport au plan d'eau, à la rivière ou à la mer favorise l'échouage des embarcations ou des navires, comme l'atterrissement des corps et matériaux transportés par les flots ou poussés par les courants.
La géomorphologie définit une plage comme une « accumulation sur le bord de mer, sur la rive d'un cours d'eau, d'un lac ou plan d'eau quelconque, de géomatériaux d'une taille variable allant des sables fins aux blocs ». La plage ne se limite donc pas aux étendues de sable fin ; on trouve également des plages de galets et de blocs. On a tendance à restreindre la plage à l'estran, mais elle comprend aussi l'avant-plage (aussi appelée avant-côte et où l'on trouve les avant-dunes, appelées « dunes » par les vacanciers), qui fait partie de la zone infra-littorale. Les plages s'orientent perpendiculairement à la houle dominante.
Les plages de sable fin sont les plus appréciées des vacanciers. On peut distinguer les sables « blancs » d'origine organique (restes de squelettes et autres coquilles, calcaires ou siliceux) des sables « noirs » d'origine minérale ou volcanique. La distinction ne doit cependant pas se faire uniquement sur la couleur, des sables d'origine organique pouvant apparaître noirs s'ils sont chargés en matières organiques, et des sables d'origine minérale pouvant être clairs, selon le type de roche qui leur a donné naissance.
Les plages ont tendance à disparaître du fait de leur surexploitation, notamment pour la confection des bétons de ciment4.
Plages artificielles
Il existe des plages artificielles, pouvant être permanentes ou temporaires (telles que Monaco, Paris, Copenhague, Rotterdam, Toronto, Hong Kong et Singapour). Les qualités apaisantes d'une plage et l'environnement plaisant offert aux inconditionnels de la plage sont recréés dans les plages artificielles. Par exemple, l'entrée dans l'eau se fait de manière progressive du bord jusqu'en eaux profondes et notamment les vagues des piscines reproduisent les vagues naturelles des plages.
Un autre type de plage artificielle que l'on retrouve sont les plages urbaines, que l'on peut définir comme un parc public qui est devenu de nos jours dans les grandes villes un lieu commun. Les plages urbaines tentent d'imiter les plages naturelles, avec des fontaines qui imitent le ressac et masquent les bruits de la ville, et peuvent devenir dans certains cas un lieu de loisirs.
Plages aux abords du désert
Les plages situées aux abords du désert représentent l'extrémité de ce désert débouchant sur la mer. Elles sont principalement composées du sable du désert concerné.
Plages naturelles
Au XXIe siècle, selon le documentariste Denis Delestrac (en), 75 à 90 % des plages sont menacées de disparition, du fait de l'exploitation humaine ou de la submersion marine5. Une partie de ce sable sert à recréer des plages artificielles, aux qualités écologiques bien moindres.
Plages naturistes
Depuis toujours dans de nombreux pays des plages sont partiellement ou totalement accessibles aux adeptes de la nudité.
-
-
La représentation du (Naturisme) quotidien par Anders Zorn (Une première) (1888).
-
Plage naturiste à Berlin-Est (1989).
-
-
Plage du Village Naturiste d'Héliopolis à l'île du Levant.
Plages privées
Plages surélevées
Les plages surélevées sont des plages anciennes (de sable ou de galets) situées au-dessus du niveau actuel de la mer et témoins d'époques où le niveau de la mer était au-dessus de son niveau actuel, par exemple lors de la transgression flandrienne.
-
Plogoff : plage suspendue entre la Pointe de Plogoff et la pointe du Mouton.
-
Plouhinec (Finistère) : plage fossile de galets sur une falaise entre les plages de Mesperleuc et Gwendrez.
-
Falaise, formée de roches à fort pendage, à l'ouest de Penhors montrant une plage de galets suspendue au-dessus de la plate-forme d'abrasion fossilisée.
-
Falaise à l'ouest de Penhors montrant une plage de galets suspendue au-dessus de la plate-forme d'abrasion fossilisée.
Références
- La pente est variable selon la taille de ses constituants minéraux.
- Ce sens concret a été préservé par le moyen français plage, issu de l'ancien français plaje attesté en 1298, adaptation de l'italien plaggia, signifiant « pente douce ». Ce dernier terme, nullement réservé à l'usage maritime ou fluvial, puisque l'italien actuel piagga peut désigner un coteau, ressort du monde gréco-romain, via le mot grec plagios, « oblique, en pente, pas tout à fait horizontal ». L'ancien mot grec plagos a été substantivé au pluriel neutre, puis pris comme féminin. Ce qui n'est pas en ligne droite ou à l'horizontale peut être pour les Anciens en un sens moral « tordu, fourbe, traître ». D'où les dérivés appartenant à la même famille : plagier, plagiat, plagiaire…
- Dominique Rouillard, Le site balnéaire, P. Mardaga, , p. 93
- « Nos plages à court de sable » [archive du ], sur future.arte.tv, .
- Marie-Anne Daye, « Le sable disparaît (et on n'en parle pas) », Rue89, (lire en ligne [archive], consulté le ).
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
- plage, sur Wikimedia Commons
Bibliographie
- Roland Paskoff (2005), Les Plages vont-elles disparaître ?, Le Pommier (Paris), collection Les Petites Pommes du savoir, no 71 : 59 p. (ISBN 2-74650238-0).
- Philippe Tome (Scénario) & Christian Darasse (dessins), Les Minoukinis, bande dessinée en 2 tomes.
- Alice Bullard, « Le théâtre des plages en Nouvelle-Calédonie : présentation du corps et art kanak féministe », Journal de la Société des océanistes, vol. 108, (lire en ligne [archive]).
- Jean Rieucau et Jérôme Lageiste, « La plage : un territoire singulier. Entre hétérotopie et antimonde », Géographie et cultures, no 67, (lire en ligne [archive]).
- Francine Barthe-Deloisy, « Géographie du naturisme : à la recherche de l'Éden », Géographie et cultures, no 37, (lire en ligne [archive]).
- Francine Barthe-Deloisy, « Le naturisme : des cures atmosphériques au tourisme durable », Communications, no 74, (lire en ligne [archive]).
- Emmanuel Jaurand, « Territoires de mauvais genre ? Les plages gay », Géographie et cultures, no 54, (lire en ligne [archive]).
- Emmanuel Jaurand, « Les espaces du naturisme : modèle allemand et exception française ? », Revue géographique de l'Est, vol. 47, no 1, (lire en ligne [archive]).
- Emmanuel Jaurand, « Les plages nudistes, une exception occidentale ? », Géographie et cultures, no 67, (lire en ligne [archive]).
- Jean-Didier Urbain, Sur la plage : mœurs et coutumes balnéaires aux XIXe et XXe siècles, éditions Payot, 2002.
- Dominique Rouillard, Le Site balnéaire, éditions Mardaga, 1995.
- Elsa Devienne, La Ruée vers le sable : Une Histoire environnementale des plages de Los Angeles au XXe siècle, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2020.
Filmographie
- Les Plages d'Agnès est un film français réalisé par Agnès Varda et sorti en 2008.
- La Plage est un film anglo-américain réalisé par Danny Boyle en 2000 et adapté du roman The Beach d'Alex Garland.
- Le Sable : enquête sur une disparition, par le réalisateur français Denis Delestrac (2013).
- Documentaire L'odyssée des plages, Emmanuel Blanchard, France Télévisions, 2020.
Articles connexes
[masquer]
|
Reliefs structuraux |
|
Modelés |
Hydrographique (cours d'eau) |
|
Éolien |
|
Glaciaire |
|
Karstique |
Aven (ou adugeoir, barrenc, bétoire, chourun, embùt, endousoir, endouzoère) / Gouffre (ou Abîme) / Igue / Scialet · Abri sous roche · Caverne / Grotte · Cénote · Doline (ou cloup, emposieu, sotch, sótano, tiankeng) / Ouvala · Émergence - Exsurgence - Résurgence · Glacière · Lapiaz · Perte / Chantoire (ou chantoir, tchantwère) · Pinacle · Poljé · Trou bleu (ou black hole, blue hole) · Tsingy |
Littoral |
|
Maritime / Océanique |
|
Volcanique |
|
|
Concepts généraux |
Critères descriptifs |
|
Sciences |
|
|
La Terre : structure interne · Hydrosphère · Relief · Atmosphère ; Liste de termes de géomorphologie |
Désert
Un désert est une zone de terre où les précipitations sont rares et peu abondantes, et où, par conséquent, les conditions de vie sont hostiles pour les plantes et pour les animaux. Les déserts font partie des environnements extrêmes. Le manque de végétation expose la surface, non protégée, au processus de dénudation. Les zones semi-arides et arides couvrent environ un tiers de la surface de la Terre. Cela inclut une grande partie des régions polaires où de faibles précipitations surviennent, souvent appelées « déserts froids ». Les déserts de la planète peuvent être classés en fonction de la quantité de précipitation qu'ils reçoivent, des températures qui dominent tout au long de l'année, des causes de désertification ou de leur situation géographique.
Les déserts chauds sont formés par des processus météorologiques, puisque de larges variations de températures entre le jour et la nuit font travailler de façon rude les roches et les pierres, qui finissent souvent par s'éclater en petits cailloux ou en petites particules. Bien que la pluie se produise très rarement dans les déserts, il peut y avoir des averses occasionnelles qui peuvent résulter en inondations soudaines, « flash-floods » en anglais. La pluie tombant sur des pierres excessivement chauffées en journée peut les faire briser en petits fragments et en gravats qui jonchent le sol désertique qui sera ensuite érodé par le vent. Le vent emporte les fines particules de sable et de poussière et les maintient en suspension dans l'atmosphère, ce qui peut éventuellement causer des tempêtes de sable lorsque le vent souffle plus fort. L'ardeur extrême de l'atmosphère des déserts chauds favorise aussi grandement le transport de ces particules fines. Les grains de sable emportés par le vent frappant d'autres objets solides sur leur trajet peuvent abraser la surface du désert. Les roches sont lissées vers le bas, et le vent répartit le sable en dépôts uniformes. Les grains de sable finissent comme des feuilles de sable ou sont empilés en hauteur en dunes flottantes. D'autres déserts sont plats, des plaines caillouteuses où tous les petits fragments de cailloux ont été emportés par le vent et la surface du désert consiste à présent en une mosaïque de pierres très lisses. Il existe une très grande variété de paysages désertiques contrairement à ce qu'on l'on pourrait penser. Et en réalité, une grande partie des magnifiques paysages des déserts résultent principalement de l'érosion et de l'action du vent, qui balaye constamment les déserts en modifiant et en modelant les paysages de façon très organisée.
Brûlant, absolument sec, couvert de sable à perte de vue, dépourvu de végétation, inhospitalier et hostile à la moindre forme de vie, exposé en permanence à un soleil de plomb et accablant, d'une luminosité aveuglante et éblouissante, et balayé par des vents desséchants et violents, voilà comment on se représente le désert bien que cette idée que l'on se fait du désert est incomplète et partiellement erronée. La meilleure illustration de cette représentation est le Sahara, le plus grand désert chaud du monde recouvrant presque tout le nord de l'Afrique ainsi que les autres déserts de l'Afrique et de la péninsule Arabique principalement. Le seul point commun à tous les déserts de la planète est leur extrême sécheresse, plus précisément leur aridité traduite par la faiblesse et la rareté des précipitations. Un désert ou une zone aride reçoit en général moins de 250 mm de précipitations par an bien que des exceptions existent. Les semi-déserts ou les zones semi-arides reçoivent entre 250 mm et 500 mm de précipitations par an et sont connus sous le nom de steppes. Il existe des déserts chauds, des déserts froids et des déserts tempérés. La chaleur n'est donc pas un critère déterminant pour qualifier une région du globe de « désert ». Pour exemple, les régions polaires de l'Arctique et de l'Antarctique sont considérées comme des déserts froids et glacés car ces zones reçoivent très peu de précipitations par an et sont recouvertes de glace tout au long de l'année. L'autre analogie que l'on peut attribuer aux déserts de façon plus large que la chaleur est que la grande majorité des déserts qui couvrent la planète sont associés à des températures extrêmes, qu'elles soient extrêmement élevées ou au contraire, extrêmement basses. Certains déserts tempérés font exception à la règle et aux températures extrêmes. En réalité, les déserts chauds et les déserts froids sont exactement et respectivement les endroits les plus chauds et les endroits les plus froids sur Terre et ce sont ces régions qui enregistrent des records absolus de chaleur ou de froid.
Définition
Au-delà de son sens primitif d'endroit vaste et avec très peu d'habitants, le mot désert désigne également actuellement quelques réalités proches.
Le mot désert désignait en ancien français non pas des étendues vides de végétation, mais toute vaste zone inhabitée et non cultivée par l’Homme, en particulier les forêts profondes qui abritaient par exemple des moines ermites qui « allaient au désert » pour y vivre en méditation. À titre d’exemple l’ancien Hainaut franco-belge (pagus Fanomartensis) était probablement encore au XIe siècle presque couvert par la vaste forêt Charbonnière, elle-même relique de l’immense forêt d’Ardenne citée par César. Ce ne fut qu’au VIIe siècle, après les premiers grands défrichements, que Soignies, le Rœulx, Saint-Ghislain, et d’autres villes, s’y formèrent, « au milieu de forêts épaisses et dans de véritables déserts »8. On parle aussi du Désert de la Chartreuse à propos de la zone de silence, en montagne, située autour du monastère de la Grande-Chartreuse en Dauphiné (France).
En démographie, un désert est une région peu densément peuplée. Sa définition varie : au niveau mondial, on estime qu’en dessous de 5 hab./km2, une région est désertique. En France, les cantons peuplés de moins de 20 hab./km2 sont considérés comme déserts[réf. nécessaire]. L'expression a été popularisée par la célèbre étude du géographe Jean-François Gravier publiée en 1947, Paris et le désert français.
Par analogie, on parle aussi de « déserts océaniques ». Les océans comptent en effet des déserts biologiques bien plus vastes que les déserts terrestres. Repérables par des satellites comme SeaStar, ils se situent dans les régions subtropicales de l’océan Pacifique et Atlantique et au sud de l’océan Indien au niveau des gyres. Des océanographes ont constaté qu’entre 1997 et 2006 leur surface globale a augmenté de 6,6 millions de km2, soit 15 % environ, probablement en raison du réchauffement climatique9.
Caractéristiques
L’aridité est le manque d’eau permanent qui affecte une région. Elle dépend plus de la pluviosité que de la température : il existe des espaces arides et froids (polaires par exemple). On mesure le degré d’aridité d’une région en fonction de l’indice d'aridité qui mesure la différence entre l’évapotranspiration potentielle (EVP) et la pluviosité.
De façon générale, les milieux désertiques sont caractérisés par :
Classement communément admis
Désert du Taklamakan en Chine.
La typologie de Monique Mainguet10 propose :
- déserts polaires froids : ces zones (arctique et antarctique) reçoivent en effet très peu de précipitations, à cause de l'omniprésence de cellules anticycloniques stables, alimentées en air glacial et très sec. La glace empêche le développement de la végétation dans le domaine subpolaire désertique. La toundra apparaît dans le domaine subpolaire semi-aride11 ;
- déserts tropicaux et subtropicaux sans hivers notables : Sahara, péninsule Arabique, désert australien, Sindh… Ils subissent une sécheresse accentuée de l'atmosphère surtout dans les régions les plus continentales et les plus chaudes, humidité relative moyenne de 15 à 35 % ; des températures moyennes annuelles élevées ou très élevées, supérieures à 20 °C et dépassant parfois 30 °C ; des étés torrides plus ou moins allongés dans la durée, souvent plus de 40 °C à l'ombre pendant plusieurs mois consécutifs (jusqu'à 78 °C en plein soleil à Tamanrasset, Algérie) ; une évaporation potentielle considérable, généralement plus de 3 000 mm/an, jusqu'à 6 000 mm/an dans le Sahara ;
- déserts d'abri de basse latitude aux hivers tempérés : ces déserts se trouvent à l’abri d’une barrière montagneuse qui bloque les dépressions venues de l’océan (Grand Bassin, désert des Mojaves, désert de Sonora aux États-Unis). Leurs caractéristiques climatiques sont sensiblement les mêmes que celles des déserts tropicaux ou subtropicaux (forte chaleur, grand ensoleillement, etc.). L’effet de foehn réchauffe et assèche l’air lorsqu’il redescend derrière la chaîne de montagnes ;
- déserts continentaux à fortes amplitudes thermiques et à hivers froids : ces déserts se situent généralement sous des latitudes tempérées, à l’abri d’une barrière montagneuse qui bloque les dépressions venues de l’océan. Ils sont essentiellement situés en Asie centrale (désert de Gobi, désert du Taklamakan, désert du Karakoum…) Si les hivers sont froids ou très froids, les étés sont souvent très chauds, parfois aussi chauds que ceux des déserts de basse latitude. Ils font partie des régions qui connaissent les plus grandes amplitudes thermiques annuelles au monde ;
- déserts chauds côtiers : déserts chilo-péruviens (dont le désert d'Atacama), désert du Namib, désert de Basse-Californie, sud-ouest marocain. Souvent brumeux, ces déserts sont créés par des anticyclones, des courants froids (courant froid de Benguela pour le Namib) et des remontées d'eau des profondeurs (« upwellings »). Ils peuvent être hyper-arides (déserts du Pérou et du Chili).
On distingue également plusieurs milieux12 arides ou semi-arides : saharien, aralien, péruvien, sahélien et méditerranéen semi-aride.
Jean Demangeot13 fait remarquer que ce classement doit tenir compte de la complexité des facteurs. Il distingue les déserts polygéniques (Asie centrale, Borkou, Sonora…) pour lesquels les causes d’aridité sont multiples et les déserts d’altitude (bassin du Tarim très aride, mais les montagnes qui l’entourent sont relativement arrosées).
Classement en fonction de l’aridité
D’une manière plus simple, on considère les déserts selon leur aridité14 :
- les régions hyper-arides, qui correspondent aux déserts absolus, aux vrais déserts, ces zones reçoivent moins de 50 mm de précipitations par an : une grande partie du Sahara ainsi que ses grandes subdivisions telles que le désert Libyque, le Ténéré ou encore le Tanezrouft, le désert d'Atacama, le désert du Namib et d'autres encore ;
- les régions arides, qui correspondent aux déserts, ces zones reçoivent entre 50 mm et 250 mm de précipitations par an : cela inclut quasiment tous les déserts à quelques exceptions près ;
- les régions semi-arides, qui correspondent aux semi-déserts, et plus précisément aux steppes, ces zones reçoivent entre 250 mm et 500 mm de précipitations par an : Sahel, grande partie du centre et de l'ouest de l'Australie.
En général, il est admis qu’un milieu est non aride lorsque l’indice xérothermique15 est inférieur à 100, semi-aride entre 100 et 290, aride entre 290 et 350, et hyper-aride entre 350 et 365.
Le critère de l’évapotranspiration
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture retient un autre critère de typologie : l’évapotranspiration potentielle, associée à une formation végétale :
- zones hyper-arides : quelques éphémères, buissons xérophytes dans les oueds ;
- zones arides : plantes vivaces et annuelles ; pas d’agriculture pluviale ;
- zones semi-arides : couvert végétal ouvert (steppe, buissons), plantes vivaces, agriculture pluviale possible et élevage extensif.
Causes météorologiques et climatiques
Selon leur processus de formation et les causes de désertification, on distingue les déserts zonaux, les déserts d'abri, les déserts continentaux et les désert côtiers.
Les déserts froids se forment aux latitudes les plus élevées, bien plus élevées que les déserts chauds. L'aridité des déserts froids résulte de la sécheresse de l'air. En effet, l'air extrêmement froid est trop dense et de volume trop faible, il ne peut pas contenir une quantité de vapeur d'eau suffisante pour donner des précipitations. Certains déserts froids sont très éloignés des sources d'eau telles que les océans et sont formés à l'intérieur des terres (continentalité). Ce sont ces déserts, dotés d'une remarquable continentalité, qui ont les variations de températures diurnes et annuelles les plus extrêmes parmi tous les déserts de la planète. D'autres déserts froids sont séparés des sources d'eau par des chaînes de montagnes ou des reliefs importants, ce qui crée un phénomène d'« ombre pluviométrique »: une restriction très importante de l'humidité dans le versant sous le vent, d'où la formation de déserts. Dans tous les cas, il n'y a strictement pas assez d'humidité dans l'air froid pour que celle-ci soit condensée pour donner lieu à des précipitations. Les plus grands de ces déserts froids sont les déserts situés au cœur de l'Asie Centrale et éloignés de tout point d'eau. Les autres déserts froids se forment sur le côté est des Montagnes Rocheuses, sur le côté est de la Cordillère des Andes ou encore dans l'Australie du Sud. L'air est très froid et transporte très peu d'humidité, ainsi de très faibles précipitations se produisent, et le peu d'eau qui tombe généralement sous la forme de neige, est emportée par les vents violents et constants, ce qui peut mener à la formation du blizzard, de congères ou même de dunes de glace et de neige comparables à celles qui sont formées dans les déserts chauds par le sable et la poussière. Il est à préciser également que les vrais déserts froids, de très hautes latitudes sont également formés par la ceinture polaire d'anticyclones thermiques permanents ou semi-permanents. Ces anticyclones sont caractérisés par une vaste zone de haute pression, où l'air suit un mouvement de descendance, de subsidence. En descendant, ils se réchauffe très faiblement et s'assèche, d'où l'inhibition pluviométrique et le ciel dégagé. Ces anticyclones thermiques polaires ne persistent pas en altitude et ont une maigre épaisseur étant donné que l'air froid, dense et lourd tend à se compresser vers le sol et que l'air chaud, dilaté et léger tend plutôt à se détendre vers l'espace. En Antarctique, par exemple, les précipitations annuelles sont autour de 150 mm, voire 50 mm dans le plateau central le plus continental mais les péninsules reçoivent jusqu'à dix fois la quantité de précipitations qui tombent dans la partie la plus aride de l'Antarctique.
Les déserts chauds sont pour la plupart des déserts subtropicaux ou tropicaux ainsi que des déserts zonaux. On retrouve ces déserts dans les latitudes subtropicales, plus communément appelées les latitudes des chevaux, entre 30° et 35° Nord et Sud. Ces latitudes sont associées avec une ceinture permanente ou semi-permanente d'anticyclones dynamiques subtropicaux (zones de haute pression), dynamiques car leur formation provient directement de la circulation atmosphérique elle-même. Ces anticyclones sont caractérisés par une immense zone d'air descendant (subsidence à grande échelle) qui se réchauffe et qui s'assèche au fur et à mesure que l'air est compressé contre le sol. Cette ceinture de haute pression que l'on retrouve dans les latitudes des chevaux, est appelée la crête subtropicale. L'air descendant est très sec car il a déjà perdu une grande partie de son humidité au-dessus des régions équatoriales sous la forme de nuages élevés et de pluies soutenues. Le Sahara est un désert chaud de ce type. Ces déserts sont également caractérisés par une grande continentalité, bien que les latitudes subtropicales et tropicales soient responsables d'un affaiblissement de la continentalité, d'où un climat thermique moins extrême que les désert froids continentaux. Les anticyclones dynamiques responsables de la sécheresse permanente et de l'aridité des déserts chauds garantissent un ciel dégagé toute l'année ainsi qu'une remarquable inhibition pluviométrique. Les déserts chauds sont d'ailleurs des endroits très ensoleillés, d'où les records de chaleur absolus supérieurs à 50 °C dans la grande partie. Les vents dominants des déserts chauds sont les alizés, des vents modérés qui soufflent constamment du nord-est dans l'Hémisphère Nord et du sud-est dans l'Hémisphère Sud depuis la crête subtropicale (zones de haute pression subtropicales) vers la zone de convergence intertropicale (zones de basse pression équatoriales). Les déserts chauds sont tellement surchauffés en été que ce très fort échauffement des basses couches de l'atmosphère peut résulter de petites dépressions thermiques de surface, et il s'ensuit que les hautes pressions subtropicales peuvent être reportées en altitude. Si les basses pressions thermiques sont suffisamment vigoureuses pour affaiblir les hautes pressions, il peut y avoir de fortes pluies dans ces déserts chauds sous la forme d'orages violents mais cela n'arrive quasiment pas car les hautes pressions dynamiques sont généralement stables et puissantes et se laissent rarement déborder par des petites dépressions. L'aridité des déserts chauds peut encore être accentuée par la continentalité, par l'ombre pluviométrique d'une chaîne de montagnes ou par les courants océaniques froids venant directement depuis les régions polaires et qui longent les côtes des continents en refroidissent de façon conséquente l'air du désert par les basses couches, ce qui cause une stabilisation encore plus grande de la masse d'air et ce qui empêche donc l'air de s'élever, de grimper, de se refroidir et de se condenser en nuages et en précipitations. Par exemple, le courant de Humboldt est responsable de l'aridité extrême du désert d'Atacama au Chili et au Pérou ; le courant de Benguela est responsable de l'aridité exceptionnelle du désert du Namib en Namibie et en Afrique du Sud ; le courant des Canaries est responsable de la grande aridité de la partie occidentale du Sahara. Ces déserts chauds côtiers sont de façon globale un peu plus frais mais plus secs que les autres déserts chauds non côtiers.
D'autres déserts chauds, froids ou tempérés sont créés par l'effet d'ombre pluviométrique. Les vents dominants, frais et humides, rencontrent une chaîne de montagnes et doivent se soulever pour les traverser. En s'élevant, les masses d'air se refroidissent et s'humidifient (leur humidité relative augmente au fur et à mesure), ce qui cause la condensation (lorsque l'humidité relative de l'air atteint 100 %) de l'humidité en excès, d'où la formation de nuages et précipitations soutenues sur le versant au vent. Lorsque les vents dominants sont arrivés au sommet du relief, déchargés d'une grande partie de leur humidité, perdue au cours de leur trajet, cet air est alors sec. Ensuite, lorsque l'air redescend dans le versant sous le vent, il se réchauffe et s'assèche (son humidité relative diminue au fur et à mesure), le ciel est dégagé et le temps est sec, accompagné d'une grande inhibition pluviométrique. Le versant sous le vent est l'ombre pluviométrique, la zone sèche et aride, d'où la formation de déserts. Ces déserts sont appelés des déserts d'abri. Par exemple, le Sahara est situé dans l'ombre pluviométrique du massif de l'Atlas au Maroc, en Algérie et en Tunisie mais aussi dans celle des plateaux d'Éthiopie dans la Corne de l'Afrique ; le désert d'Atacama est dans l'ombre pluviométrique de la Cordillère des Andes ; le désert de Mojave, le désert de Sonora, le désert de Chihuahua et le Grand Bassin des États-Unis sont tous des déserts d'abri des chaînes de montagnes de la Sierra Nevada et des Cascades aux États-Unis.
Plus généralement, les déserts sont accompagnés d'une stabilité atmosphérique exceptionnelle. C'est notamment cette atmosphère sèche, continentale et très stable qui déclenche rarement les précipitations normalement apportées par les dépressions, les perturbations et leurs fronts. On peut remarquer cette stabilité lors des quelques rares jours de ciel couvert, car le peu de nuages qui arrivent à se former au-dessus des déserts sont stables et n'apportent pas de pluie. L'inhibition pluviométrique et la stabilité de l'atmosphère sont telles que la condensation de la vapeur d'eau en précipitations est très rarement réalisable. Cette stabilité atmosphérique est le résultat de l'absence à long terme de systèmes météorologiques perturbés et humides apportant normalement le mauvais temps. Dans les déserts, le mauvais temps est donc rare, notamment au Sahara qui détient des records d'ensoleillement.
Liste et distribution géographique
Bien que le désert soit présent sur tous les continents de la Terre, il n'en reste pas moins très inégalement réparti à l'échelle des continents.
En effet, le désert couvre entre 9,5 et 10,5 millions de km2 en Afrique soit un tiers de la superficie totale de ce continent ; près de 6,3 millions de km2 en Asie (Proche et Moyen-Orient inclus à l'exception évidente de l'Égypte qui appartient à l'Afrique) soit 14 % de sa superficie, bien que le désert chaud au sens strict du terme n'y couvre que 3,5 millions de km2, la superficie restante étant celle des déserts à hivers froids16 ; près de 1,5 million de km2 en Australie, ce qui représente 18 % de sa superficie ; près de 1 million de km2 en Amérique du Nord (4 % de la superficie) et 810 000 km2 en Amérique du Sud (4 % de la superficie)17. En Europe, la superficie totale de désert est négligeable.
De plus, si l'on prend la superficie par continent des zones hyper-arides que l'on qualifie souvent de « désert absolu » ou de « désert extrême », la répartition est encore plus contrastée. L'Afrique en dispose de 4,6 millions de km2 ; l'Asie en compte 1,1 million de km2 ; l'Amérique du Nord en détient 30 000 km2 et l'Amérique du Sud 170 000 km2 tandis que l'Europe et l'Australie n'en comptent pas du tout18.
Géologie et processus morphogéniques
Érosion
Étant donné la rareté de l’eau et de la végétation en milieu désertique, l’érosion dépend essentiellement de deux processus : l’érosion éolienne et la thermoclastie. L’érosion par la thermoclastie résulte des variations de température sur la roche. Celles-ci peuvent provoquer, sur le long terme, des fissures qui s’agrandissent progressivement et qui finissent par faire éclater la roche. La thermoclastie est d’autant plus efficace que la roche est fragile et que l’amplitude thermique est importante. La gélifraction (action du gel) intervient dans les déserts d’altitude.
L’érosion éolienne attaque les roches du reg en enlevant des particules (déflation, abrasion) ou en polissant leur surface (corrasion par vent chargé de sable). Elle est plus efficace lorsque les obstacles sont inexistants et que le vent est puissant, régulier et chargé de poussières ou d’embruns. Le vent fait avancer les dunes (barkhanes, ghourd) qui forment parfois de vastes ensembles appelés « erg »19.
Dans les zones arides et semi-arides, le ruissellement peut être un agent efficace d’érosion. Le caractère violent et épisodique du phénomène érode les montagnes et transporte les matériaux vers les piémonts, les glacis (sheet flood en anglais) et plaine d’épandage. L’eau ruisselle et atteint les talwegs pour former des cours d’eau temporaires, les oueds. Leur lit charrie des débris de tailles diverses (galets, graviers, sables, particules en suspension). Les milieux hyper-arides sont marqués par l’absence de tout cours d’eau (aréité ou aréisme).
Les effets de l’évaporation
- chott : dans le nord de l'Afrique, un chott est une étendue d’eau salée permanente, au rivage changeant, située dans les régions semi-arides. Dans le sud de l'Afrique, on fait référence à des « pans » qui peuvent être salés, argileux ou les deux à la fois. Les géomorphologues le limitent à la partie tantôt ennoyée tantôt découverte autour du lac, portant quelque végétation et faisant partie d’un ensemble plus étendu qu’ils préfèrent nommer sebkha. Les chotts sont alimentés de façon discontinue lors des rares pluies, et subissent une forte évaporation, qui accumule les sels à la surface des limons, parfois exploités.
- sebkha (en Afrique), playa (aux États-Unis), salinas ou salars (en Amérique latine)20 : dépression à fond plat, généralement inondable, où les sols salés limitent la végétation.
La vie
La vie est peu probable dans un désert car les températures peuvent être glaciale ou caniculaires.
Végétation
La densité de la végétation dépend de la quantité d’eau disponible, de la force du vent et de la nature du sol (salinité, reg, erg…) : seuls les milieux hyper-arides rocailleux sont totalement dépourvus de végétation (Atacama, Hoggar, reg du Tanezrouft…). Contrairement à une idée reçue, les végétaux poussent sur les dunes de sable : on trouve des buissons de créosote et de prosopis (Prosopis juliflora) dans les dunes de la vallée de la Mort. Les plantes, les arbustes et les buissons se concentrent dans les lits des oueds et autour des points d’eau. Les adaptations de la flore désertique visent principalement à limiter la perte d’eau, mais également à obtenir autant d’eau que l’environnement puisse lui fournir.
Les plantes succulentes, également appelées « plantes grasses » sont adaptées pour survivre dans des milieux arides. Parmi elles se trouvent les agaves, les yuccas, les tubéreuses de la famille des agavaceae et tous originaires du continent américain. La famille des cactacées provient également d’Amérique : leur aspect s’explique principalement par l’adaptation aux conditions de sécheresse, à l’origine du développement de la fonction de stockage et de la réduction des surfaces d’évaporation. La fonction de stockage s’est traduite par un épaississement de la tige, et, pour quelques espèces, par le développement de racines tubéreuses (pterocactus tuberosus par exemple). Elle explique aussi l’apparition des côtes ou une disposition des mamelons en spirale, qui permettent, un peu comme sur un accordéon, la dilatation et la rétraction du corps de la plante au gré des périodes de pluies et de sécheresse, sans déchirure de l’épiderme. La réduction des surfaces d’évaporation s’est traduite par un épaississement de l’épiderme, parfois même recouvert d’une sorte de cire, une diminution du nombre de stomates (pores permettant la respiration), et surtout, chez beaucoup d’espèces, la disparition des feuilles. Quant aux épines, leur fonction est multiple : protection contre les animaux, mais aussi captation de la rosée, protection de l’épiderme contre les ardeurs du soleil, le vent desséchant ou le froid d’altitude…
Les plantes halophytes supportent des sols imprégnés de sel. Leur adaptation, différente de celles des plantes xérophytes proprement dites, est liée à leur capacité de stocker de l’eau dans les feuilles, les tiges ou les racines.
Les plantes xérophytes se rencontrent dans des environnements très variés, tels que les déserts rocailleux mais aussi dans quelques cas sous des formes épiphytes sur la canopée des forêts tropicales.
Faune
Le nombre d’espèces animales est relativement peu élevé dans les zones désertiques. Cependant, rares sont les régions sans aucune vie (milieux abiotiques). La faune s’est adaptée aux contraintes climatiques :
- pigmentation claire ;
- réserve : les bosses du chameau et celle du dromadaire contiennent des graisses ;
- régulation de la température du corps : en cas de grande chaleur, les gangas semblent posséder une plus grande capacité à perdre de la chaleur que les autres oiseaux du désert. Mais cette excellente adaptation à la chaleur a son revers : dès que la température tombe, la thermogenèse doit s’amorcer, sollicitant une dépense énergétique correspondante. Les oryx algazelles peuvent survivre sans eau pendant de longues semaines, leurs reins prévenant la perte d’eau en urine, ils peuvent aussi élever la température de leur corps pour éviter de transpirer ;
- vie nocturne : de nombreux animaux ne sortent que la nuit pour chasser et se nourrir (gerboise, Addax, Oryctérope) ;
- abris : grottes, terriers (la terre est un excellent isolant thermique). Les Addax dorment le jour dans des cuvettes qu’ils creusent eux-mêmes dans le sable, à l’ombre ;
- léthargie : estivation (Souslik jaune).
- vie en solitaire ; cela est le cas pour les hamsters nains, le hamster doré, les rhinocéros africains (noir et blanc) et le zèbre de grévy ;
- mode de vie nomade ; certains des animaux des régions désertiques sont nomades comme l'autruche et l'émeu ;
- grande endurance
- déplacement par des bonds ; le kangourou et le lièvre en sont de bons exemples.
Liste d’animaux vivant dans le désert :
Histoire
Occupation et exploitation par les hommes
Depuis la Préhistoire, les hommes ont toujours occupé et parcouru tous les déserts arides, malgré les fortes contraintes naturelles. Traditionnellement, deux modes de vie, souvent concurrents, sont présents dans les sociétés humaines des déserts : les nomades et les cultivateurs. Depuis le début du XIXe siècle, la modernisation et l’exploitation des gisements miniers à des fins industrielles ont transformé certaines régions désertiques et fait émerger de nouveaux défis.
Modes de vie traditionnels
Nomadisme
Les groupes humains se déplacent pour chercher les points d’eau nécessaires à la survie des troupeaux. L’élevage faisait vivre plusieurs clans de bédouins ou de Touaregs. Aujourd’hui, ce mode de vie est menacé de disparaître à cause de la motorisation et de l’affirmation des frontières.
Cultures
Depuis l’Antiquité, l’irrigation permet de mettre en valeur des régions désertiques ou semi-désertiques dans les oasis. Le puits permet de ramener l’eau des nappes phréatiques à la surface. Le problème est que cette eau d’origine fossile n’est souvent pas renouvelable à court terme dans les déserts. Le qanat en Asie et la foggara en Afrique sont des systèmes d’irrigation souterrains permettant de récolter les eaux d’infiltration. La noria permet de capter l’eau des fleuves en milieu désertique (Nil, Tigre, Euphrate).
Grandes civilisations du désert
Cet article contient une ou plusieurs listes ().
Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
D'autre part, Wikipédia n'a pas pour rôle de constituer une base de données et privilégie un contenu encyclopédique plutôt que la recherche de l'exhaustivité.
Les grandes routes historiques
Route de la soie
La route de la soie est un réseau de routes commerciales entre l’Asie et l’Europe allant de Chang’an (actuelle Xi’an) en Chine jusqu’à Antioche, en Syrie. Elle doit son nom à la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie, dont seuls les Chinois connaissaient le secret de fabrication. Dès l’Antiquité, de nombreux autres produits voyageaient sur les mêmes routes : pierres et métaux précieux, étoffes de laine ou de lin, ambre, ivoire, laque, épices, verre, corail, etc. Ces routes, parcourues par des caravanes, contournaient par le nord ou le sud le désert du Taklamakan. Ces deux branches possédaient différentes variantes, mais toutes ces pistes reliaient entre elles des oasis situés à la périphérie du désert et au pied des hautes montagnes des Tian Shan ou des Kunlun. La longueur du parcours, les multiples dangers encourus par les voyageurs sur ces pistes soumises aux attaques des brigands et à l’extrême rigueur du climat (torride en été et glacial en hiver), rendaient très chers les produits qui transitaient ainsi entre le bassin méditerranéen et l’Extrême-Orient. Ce fut une des raisons qui incita les Européens à rechercher une route maritime vers les pays d’Orient. La Route de la soie fut progressivement abandonnée au XVe siècle.
Pistes transsahariennes
En Afrique les pistes caravanières, aménagées à partir du IXe siècle, passaient par les oasis du Sahara. Les déplacements étaient dangereux et pénibles à cause des contraintes climatiques et des distances. Les grands convois transportaient des esclaves depuis l’époque romaine mais aussi toutes sortes de produits qui servaient au troc.
L'une des routes caravanières et commerciales les plus anciennes du Sahara, l'azalaï est toujours en activité de nos jours. Deux fois par an, ces caravanes traversaient le désert pour transporter sur près de 1 000 km du sel gemme extrait des mines de Taoudeni du nord du Mali en le vendant à Tombouctou et sur d’autres marchés du Sahel. Dans le sens inverse, ils transportaient les esclaves, l'azalaï étant un maillon important de la traite orientale.
Mise en valeur moderne du désert
L’extension des cultures dans le désert dépend des possibilités d’irrigation, et donc du pompage de l’eau qui nécessite aujourd'hui des appareils électriques. Il pose donc le problème de l’approvisionnement en énergie des régions désertiques. Le détournement du Colorado a permis la naissance de l’Imperial Valley en Californie. Le barrage d’Assouan en Égypte, achevé en 1970, permet d’irriguer 700 000 hectares de terres.
Le sous-sol des déserts offre souvent des richesses :
- des hydrocarbures (Déserts du Sahara, de l’Arabie saoudite, désert du Karakoum) ;
- des minerais : uranium (Australie), fer (Sahara, Atacama), or, argent (Mexique), cuivre (Nevada, Atacama), diamants (Kalahari) ;
- des minéraux : nitrate, phosphate (Maroc, Sahara occidental), borax (Californie), sel (Salt Lake, Sahara…), gypse.
Les conditions géographiques et climatiques du désert permettent ou ont permis :
- l’exploitation de l’énergie solaire et éolienne, avec possibilité d'hydrolyser de l'eau de mer en hydrogène et oxygène sur les littoraux (Mauritanie, Sénégal par exemple). Ces énergies sont encore peu valorisées ;
Tourisme
Le désir de dépaysement et d’aventure des sociétés développées entraîne le développement de l’offre touristique en milieu désertique. La ville de Las Vegas s’est développée rapidement dans un milieu désertique grâce aux eaux du Colorado. De plus, beaucoup d'autres grandes villes plus ou moins célèbres ont su tirer parti des avantages de l'environnement désertique et plus particulièrement de son climat en zone subtropicale (rareté de la pluie, fréquence de l'ensoleillement, douceur de l'hiver, etc.) telles que les métropoles du Moyen-Orient telles que Riyad (Arabie Saoudite), Doha (Qatar), Dubaï et Abu Dhabi (Émirats arabes unis), Koweït City (Koweït) et du sud-ouest des États-Unis comme Las Vegas (Nevada) et Phoenix (Arizona).
Le désert, future sources d'énergie solaire et éolienne, voire d'hydrogène ?
Sous les tropiques, les déserts sont continuellement exposés au rayonnement solaire pendant la journée étant donné la faible/très faible nébulosité (fraction du ciel couvert par les nuages) moyenne annuelle et certains d'entre eux sont très régulièrement ventés ; ce sont des conditions qui présenteront des avantages intéressants pour une production combinée d'énergie douce, sûre, propre et renouvelable, d'autant que plusieurs déserts sont proches de la mer, ce qui permet d'utiliser une partie de l'électricité produite pour hydrolyser de l'eau de mer et produire de l'hydrogène. Il faut savoir que les déserts, particulièrement les déserts chauds, bénéficient d'un ensoleillement maximal et optimal. En effet, seuls les déserts ont un ciel clair presque en permanence, gêné surtout par les tempêtes de sable qui donnent une teinte ocre au ciel et au soleil, ce qui atténue la radiation solaire. Avec une durée d'ensoleillement culminant jusqu'à 4 300 h dans sa partie orientale, soit 97 à 98 % de la période diurne, ce qui constitue de loin un record mondial, le Sahara constitue la région la plus ensoleillée du globe. Le gisement solaire saharien est titanesque. Les déserts d'Atacama et de la péninsule Arabique arrivent respectivement en seconde et troisième position derrière le grand désert africain. D'ailleurs, un projet majeur qui consiste à utiliser l'énorme potentiel en énergie propre et renouvelable (solaire et éolien) des déserts brûlants de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) existe déjà, ce projet est baptisé Desertec. Il reste pour cela à produire des panneaux solaires plus performants lorsqu'ils sont exposés à des chaleurs extrêmes (jusqu'à 50° et même 55° à l'ombre de température ambiante dans le Sahara et en Arabie au plus fort de l'été) et bien plus pour un panneau de couleur foncée). Il faut aussi produire des modules photovoltaïques et du matériel éolien très résistant à l'abrasion par le sable et les poussières transportés par les tempêtes de sable.
- Le Maroc est leader en éolien en Afrique du Nord. Il disposait dès le début des années 2000 de sept grandes éoliennes près de Tanger (Parc financé par la banque publique allemande KfW, puis la France y a financé - toujours près de Tanger - une ferme de 84 éoliennes (50,4 MW)22 ;
- En Arabie saoudite un projet de 11,3 millions d'euros est déjà financé par Saudi Aramco (l'un des premiers groupes pétroliers au monde).
- En Égypte, à Kuraymat, au sud du Caire, une centrale solaire moderne combine 53 000 miroirs renvoyant la lumière solaire vers 130 000 m2 de panneaux solaires de 6 m de large et 150 m de long, des anneaux paraboliques et l'exploitation de gaz naturel pour produire 150 MW d'électricité pour Le Caire.
- Divers appels d'offres sont en cours en 2009 en Algérie, Maroc, Israël et aux Émirats.
Désertification et menaces sur les déserts existants
La découverte et l'analyse de formations dunaires fossiles au Tchad par des chercheurs du CNRS conduisent à réviser l'estimation de l'âge du Sahara, lequel ne serait pas âgé de 86 000 ans, comme on le croyait, mais d'au moins 7 millions d'années23.
Des exemples historiques : le désert du Thar en Inde est peut-être devenu désertique entre 2000 et 1500 av. J.-C. À cette époque, le fleuve Ghaggar cessa d’être un cours d’eau.
L'ONU a alerté sur l'aggravation de la situation des nappes phréatiques, de la faune et de la flore des déserts, ainsi que des populations humaines en dépendant dans la plupart des zones arides. Les pompages et/ou une mauvaise agriculture favorisant la salinisation (Plus de 12 000 km2 de sols arides ont été ainsi salinisés et rendus improductifs de la fin des années 1970 aux années 2000). Les pesticides sont aussi une source nouvelle de pollution autour des zones cultivées. La surexploitation des ressources (herbes, bois mort, ligneux vivants, gibier) continue aussi à faire régresser des espèces telles que gazelles, l'oryx, l'addax, la chèvre himalayenne (tahr), les moutons de Barbarie, le Houbara, l'Autruche sauvage, etc.
Les activités humaines y aggravent souvent les effets du changement climatique. L'ONU a relevé un accroissement de 0,5 à 2 degrés Celsius de la température moyenne des déserts de 1976 à 2000 (soit beaucoup plus que l'augmentation moyenne globale de 0,45 degré Celsius sur la planète). L'IPCC estime que ces températures pourraient encore augmenter en moyenne de cinq à sept degrés d'ici 2071-2100, en comparaison avec la moyenne de la période 1961-1990, avec des pluies qui devraient diminuer de 5 à 10 % et jusqu'à 15 % pour les déserts de l'hémisphère sud (ex : désert Great Victoria en Australie) et de ceux de l'hémisphère nord (Désert du Colorado ou du Grand Bassin des États-Unis). Le désert de Gobi pourrait (c'est le seul) par contre recevoir de 10 à 15 % de pluies en plus mais le surpâturage et des pullulations de campagnols probablement favorisées par la régression de leurs prédateurs y ont déjà aggravé les phénomènes d'érosion et dégradation des sols.
Désert et humanité
En 2009, les Nations-Unies estimaient à 2 milliards le nombre d'hommes vivant en zone aride ou en passe de le devenir.
Écrivains et voyageurs du désert
Depuis longtemps, les déserts, en premier lieu le Sahara, ont attiré les hommes, en particulier les Occidentaux, certains pour l’explorer, le cartographier, le découvrir, d’autres aussi pour s’y retrouver face à eux-mêmes, dans une quête philosophique.
Cet article contient une ou plusieurs listes ().
Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
D'autre part, Wikipédia n'a pas pour rôle de constituer une base de données et privilégie un contenu encyclopédique plutôt que la recherche de l'exhaustivité.
Notes et références
- Examens environnementaux de l'OCDE : Chili 2005, OECD, United Nations Economic Commission for Latin America and the Caribbean, , p. 112.
- Priit J. Vesilind, « The Driest Place on Earth », National Geographic Magazine, (lire en ligne [archive], consulté le ) (extrait).
- « Even the Driest Place on Earth Has Water » [archive], Extreme Science (consulté le ).
- Christopher P. Mckay, « Two dry for life: the Atacama Desert and Mars », AdAstra, may–june 2002, p. 30–33 (lire en ligne [archive]).
- Jonathan Amos, « Chile desert's super-dry history », BBC News, (lire en ligne [archive], consulté le ).
- Commission de climatologie, « Communiqué de presse N° 956 » [archive], Organisation météorologique mondiale, (consulté le ).
- (en) Organisation météorologique mondiale, « Global Weather & Climate Extremes » [archive], sur Université d'Arizona (consulté le ).
- Miraeus, t. I, p. 403, cité par Ch. Duviviers, dans La forêt charbonnière (carbonaria silva) publié à Bruxelles, par EMM Devroye, imprimeur du roi, en 1860 (= extrait du tome II de la Revue d’histoire et d’archéologie).
- Geophysical Research Letters.
- Monique Mainguet, L’Homme et la sécheresse, pages 3 et 11-25.
- Monique Mainguet, L’Homme et la sécheresse, pages 11.
- Jean Demangeot, Les milieux « naturels » du globe, Paris, Colin, 7e édition, 1998, p. 127.
- Jean Demangeot, Les milieux « naturels » du globe, Paris, Colin, 7e édition, 1998, pp. 126-127.
- Jean-Paul Amat, Lucien Dorize, Charles Le Cœur, Emmanuelle Gautier, Éléments de géographie physique, Paris, Bréal, coll. Grand Amphi, 2002, (ISBN 2-7495-0021-4), pp. 119-120.
- Jean Demangeot, Les milieux « naturels » du globe, Paris, Colin, 7e édition, 1998, p. 114.
- (en) Robin Dennell, The palaeolithic settlement of Asia, Cambridge, Cambridge University Press, coll. « Cambridge World Archaeology », , 548 p. (ISBN 978-0-521-61310-1, OCLC 688385740), p. 257.
- [PDF] Peter Meisen, Oliver Pocher, « A Study of Very Large Solar Desert Systems with the Requirements and Benefits to those Nations Having High Solar Irradiation Potenial » [archive], juillet 2006.
- (en) A. Allan Degen, Ecophysiology of small desert mammals, Berlin, Springer, coll. « Adaptations of Desert Organisms », , 296 p. (ISBN 978-3-642-60351-8, OCLC 35086195, lire en ligne [archive]), p. 12-13.
- IRD, « La dynamique éolienne » [archive], décembre 2006, 3 min 1 s.
- Jean-Paul Amat, Lucien Dorize, Charles Le Cœur, Emmanuelle Gautier, Éléments de géographie physique, Paris, Bréal, coll. Grand Amphi, 2002, (ISBN 2-7495-0021-4), page 206.
- « Les animaux du Sahara marocain » [archive], Sahara vivant.
- Parc éolien de la Compagnie éolienne du détroit (CED) [archive], filiale marocaine de la société française Theolia.
- Laboratoire géobiologie, biochronologie et paléontologie humaine (CNRS - université de Poitiers), laboratoire domaines océaniques (CNRS - université de Bretagne Occidentale, Plouzané), centre de géochimie de la surface (CGS, CNRS, université Strasbourg 1), « Depuis quand le Sahara est-il un désert ? » [archive], Paris, .
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Bruno Doucey, Alain Morel, Catherine Boudier, Gilbert Conan, Charlotte de Montigny, Le livre des déserts : Itinéraires scientifiques, littéraires et spirituels, Robert Laffont, 2006, Collection : Bouquins, (ISBN 2221099664)
- Rachel Bouvet, Pages de sable : Essai sur l'imaginaire du désert, XYZ éditteur, 2006 ; premier chapitre [archive]
- Michaël Martin, Michael Asher (Préface), Les plus beaux déserts de la terre, Éditions du Chêne, 2004, (ISBN 2842775767)
- Collectif, Les Déserts du monde par GEO, Solar, 2002, (ISBN 2263033246)
- Théodore Monod, Déserts, Agep, 2005, (ASIN 2902634412)
- Jacques Verdiel, Les Déserts, Amalthee, 2005, (ASIN 2350270238)
- Emmanuel-Yves Monin, Le Son du Désert 1983 (3e édition 1989, Le Point d'Eau.
- Jean-Loïc Le Quellec, Guy Barthèlemy, L’ABCdaire des déserts, Flammarion, 1999, (ISBN 2080124706)
- Huguette Genest, Francis Pelter, Vie dans les déserts, dans Encyclopædia Universalis, 2002, corpus 7, pages 177-183.
- Jean Demangeot, Les milieux naturels désertiques, Paris, Centre de documentation universitaire, 1973.
- Monique Mainguet, L’Homme et la sécheresse, Paris, Masson géographie, 1995.
- Benoît Desombres, Sagesse du Désert Calmann-Lévy 2003
- Manuel Observatoire, l'environnement Sciences et hechnologies de l'environnement secondaire 4. Page 270, Biomes terrestres, les déserts, chapitre 8
Liens externes
Sur les autres projets Wikimedia :
Pluie
Pour l’article homonyme, voir Pluies.
Caractéristiques
Composé de |
|
La pluie est un phénomène naturel par lequel des gouttes d'eau tombent des nuages vers le sol. Il s'agit d'une des formes les plus communes de précipitations sur Terre. Son rôle est prépondérant dans le cycle de l'eau. Elle prend nombre de formes allant de la pluie légère au déluge, de l'averse à la pluie continue, de fines gouttelettes à de très grosses. Elle est parfois mêlée de neige, de grêlons ou verglaçante. Elle s'évapore parfois avant de toucher terre pour donner la virga. Ses gouttes sont transparentes ou parfois opaques, chargées de poussières. Les vastes « rideaux de pluies », causés par la rencontre ou l'approche d'un front froid et/ou d'un front chaud, sont des cas typiques de pluies bien prévisibles en météorologie et suivie par satellite ainsi qu'en animation cartographique en temps légèrement différé par les radars météorologiques1.
La pluie est naturellement acide par l'effet de dissolution de dioxyde de carbone ou gaz carbonique acide : le potentiel hydrogène ou pH de l'eau de pluie recueillie dans les pluviomètres est de l'ordre de 5,7. Elle contient en conséquence de très faibles quantités d'acide carbonique, en particulier des ions bicarbonates et des ions hydronium. Il peut exister une grande quantité d'ions ou de composés différents, de grandes variétés d'origine y compris radioactives ou toxiques par polluants. Notons qu'en présence d'acide nitrique ou d'acide sulfurique, le pH des gouttes peut descendre exceptionnellement à 2,6. Il s'agit de pluies acides ou à potentiel acidifiant.
Histoire
Au IIIe siècle av. J.-C., dans son traité Sur le feu, Théophraste pense que c’est le choc des nuages contre les montagnes qui produit la pluie.
Formation
Forme et taille des gouttes d'eau :
A) En réalité, les gouttes d'eau n'ont pas la forme 'classique'.
B) Les gouttes très petites sont presque sphériques.
C) Le dessous des gouttes plus grandes s'aplatit par la résistance de l'air, et donne l'apparence d'un petit pain de hamburger.
D) Les grandes gouttes ont beaucoup de résistance à l'air, ce qui les rend instables.
E) Les gouttes très grandes sont divisées par la résistance de l'air.
Les nuages chargés d'eau représentent la phase aérienne de la condensation en micro-gouttelettes d'eau (d'une taille de l'ordre du micromètre jusqu'à 30 μm) de la vapeur d'eau de l'air de préférence chaud et humide sur des noyaux de condensation. L'eau qui forme ces nuages provient de l'évaporation de l'humidité qui existe dans la nature et plus particulièrement des grandes étendues d'eau (lacs, mers, etc.). Cette vapeur d'eau se mélange à la masse d'air. Lorsque l'air s'élève à cause des mouvements de l'atmosphère, il se refroidit par détente. La vapeur d'eau contenue dans l'air se condense autour de noyaux de condensation (poussières, pollens et aérosols) lorsqu'une légère sursaturation est atteinte. Ces gouttelettes donnent des nuages2. C'est le grossissement de ces gouttelettes qui donnera la pluie.
On parle de pluie chaude quand les gouttes de pluie se sont entièrement formées dans un nuage au-dessus du point de congélation et de pluie froide quand elles sont le résultat de la fonte de flocons de neige quand l'air passe au-dessus de zéro degré Celsius en altitude. Mais il existe des phénomènes de surfusion hors équilibre thermodynamique, qui expliquent des températures de congélation réelle de gouttelettes avoisinant −20 °C.
Dans un nuage chaud (à température positive du type stratus ou stratocumulus), les gouttes d'eau grossissent par l'effet de courbure (grossissement des grosses gouttes au détriment des plus petites dont le rayon inférieur est associé à leur surface à une tension de vapeur saturante supérieure) et la collection (phénomène de coalescence par collision avec d'autres gouttelettes)3,4. La pluie se forme à partir du moment où l'accrétion des gouttelettes avoisine ou dépasse la taille de 50 μm5. L'accrétion amorcée par association collante se poursuit inéluctablement. La taille des gouttelettes peut alors facilement atteindre le dixième de millimètre, voire de manière catastrophique 4 à 5 mm dans les grosses pluies d'orage. Il existe aussi toutefois des « pluies sans nuages », telles que le serein des milieux maritimes et tropicaux.
La pluie est polydisperse : la taille des gouttes varie du dixième de millimètres à quelques millimètres (en moyenne 1 à 2 mm). Aucune goutte ne dépasse 3 mm, au-delà elles se pulvérisent6. Néanmoins, certaines gouttes peuvent dépasser cette taille par condensation sur de grandes particules de fumée ou par des collisions entre les gouttes de régions proches d'un nuage à très forte saturation. Le record atteint (10 mm) a été enregistré au-dessus du Brésil et dans les Îles Marshall en 20047. Quand elles sont trop lourdes (environ 0,5 mm de diamètre) pour être soutenues par le courant ascendant, elles tombent, formant ainsi une pluie.
Dans un nuage froid (température négative), les gouttelettes peuvent rencontrer un noyau de congélation et se transformer en cristaux de glace. Le grossissement des gouttelettes d'eau surfondues s'explique par leur condensation et celui des cristaux de glace s'explique par l'effet Bergeron (cannibalisation des gouttes surfondues les entourant)8. Ils finissent eux aussi par tomber en capturant des flocons plus petits pour augmenter leur diamètre par l'effet de coalescence (agglomération des cristaux entre eux et d'accrétion d'eau surfondue). Lorsqu'ils passent dans de l'air au-dessus du point de congélation, les flocons fondent et continuent leur croissance comme les gouttes des nuages chauds. Des variations de température sur le parcours de la pluie peuvent occasionner d'autres formes de précipitations : pluie verglaçante, grêle ou grésil. Lorsque l'agglomération des gouttes et des cristaux atteint une taille critique, leur poids n'est plus compensé par les forces d'agitation (notamment les forces ascensionnelles) dans le nuage, ce qui enclenche les précipitations9.
Rehaussement ou dissipation
Développpement de pluie par évapotranspiration.
Les forêts tropicales humides évapotranspirent plusieurs mm d'eau par jour, ce qui rehausse l'humidité relative qui peut être supérieure à 90 % en fin de journée et être à l'origine des orages du soir bien connus des voyageurs10.
La fréquence des pluies, apportées par le passage d'air humide maritime, est souvent accrue quasi-exponentiellement par l'obstacle d'un simple relief terrestre, comme de simples collines à des monts plus élevés qui, eux, sont déjà susceptibles d'épuiser toute l'humidité des nuages ou brouillards bas. Ainsi, les mesures pluviométriques montrent qu'à moins de 90 km de Bergen, ville très arrosée qui reçoit plus de 2 mètres annuellement, de profondes vallées ont de vastes versants pierreux ou sableux, secs et arides, car elles sont dans l'ombre pluviométrique des montagnes. Malgré les abondantes réserves des formations glaciaires tout près, elles ne reçoivent quasiment pas de pluie.
Les pluies d'orage, aléatoires dans le temps et l'espace, restent souvent très localisées. Selon l’humidité relative de l'air rencontré sous le nuage, la goutte de pluie peut aussi s'évaporer et seulement une partie atteint le sol. Quand l'air est très sec, la pluie se vaporise entièrement avant d'atteindre le sol et donne le phénomène nommé virga. Cela se produit souvent dans les déserts chauds et secs mais également partout où la pluie provient de nuages de faible extension verticale.
Pluie artificielle
Il est possible de créer des pluies artificielles par nucléation des gouttes d'eau à l'aide d’un produit chimique d’ensemencement dispersé à hauteur des nuages par avion ou fusée. Dans les pays industriels ou développés, le régime hebdomadaire des pluies est modifié par la pollution (qui est moindre le week-end), notamment lorsque l'air est riche en aérosols soufrés qui contribuent à nucléer les gouttes d'eau. Les modifications climatiques globales perturbent aussi probablement le régime mondial des pluies mais d'une manière qui n'est pas encore clairement comprise en raison de la grande complexité des phénomènes météorologiques.
Sécheresse
Une sécheresse est la conséquence directe d'un manque de pluie à un endroit sur une période. La pluie est indispensable à la fertilité des sols et à la recharge en eau des nappes phréatiques. Un déficit pluviométrique majeur peut engendrer des problèmes d’approvisionnement en eau des sols et des populations pouvant provoquer des restrictions voire des coupures. Le manque de pluie engendre sur l'environnement un assèchement des sols, de la végétation, des incendies et une mortalité des animaux. Les pays situés dans la latitudes des chevaux (Méditerranée, Sahel, désert de Sonora, etc.) sont les plus exposés à la sécheresse chaque année car il s'agit d'une zone d'anticyclones semi-permanents qui inhibent les précipitations.
Mesures quantitatives
Averse de pluie sur la végétation, le sol et dans une flaque
La mesure de la pluie, appelée pluviométrie, se fait avec un simple appareil nommé le pluviomètre. Cette mesure correspond à la hauteur d'eau recueillie sur une surface plane. Elle s'exprime en millimètres, et parfois en litres par mètre carré (1 litre/m2 = 1 mm). On sépare l'intensité de la pluie en pluie faible (trace à 2 mm/h), modérée (2 mm/h à 7,6 mm/h) et forte (plus de 7,6 mm/h)11. En station météorologique, cette mesure est faite quotidiennement, à chaque heure ou instantanément selon le programme de la station. Lors d'une pluie, ce taux n'est pas nécessairement uniforme et peut varier instantanément12.
La mesure par pluviomètre est ponctuelle et ne donne que de l'information à une faible distance de la station. Pour connaître les quantités de pluie qui tombent sur une région ou un bassin hydrologique, la mesure par radar météorologique est utilisée. Le faisceau radar est retourné en partie par les gouttes d'eau et en calibrant ce retour, il est possible d'estimer les quantités de précipitations qui tombent sur la région de couverture de l'appareil. Ces données sont sujettes à différents artefacts qui une fois enlevés peuvent donner une bonne estimation jusqu'à environ 150 km du radar.
Les pluies se caractérisent aussi par leur durée et leur fréquence tout au long de l'année. Ces données sont notamment utilisées afin de dimensionner les réseaux d'assainissement des villes. Pour comparer la pluviosité de régions géographiques différentes, on utilise un cumul annuel de la quantité de pluie. On l'exprime alors en millimètres par an (par exemple, environ 2 500 mm/an en forêt tropicale humide, moins de 200 mm/an dans une zone désertique et le phénomène de la mousson amène de lourdes précipitations qui peuvent engendrer une moyenne annuelle avoisinant les 10 000 mm, concentrés sur quelques mois13).
Qualité et composition des pluies
Dans les régions arides et/ou très polluées où le vent peut soulever beaucoup de poussières naturelles ou artificielles, la pluie peut en rabattre des quantités significatives au sol (ici à
Riyadh en mai 2009).
Comme les autres hydrométéores (rosée, brume, givre, condensations), l'eau de pluie est initialement réputée pure et légèrement acide mais des mesures et analyses chimiques faites principalement pour les composés azotés dès la fin du XIXe siècle, dont en zone tropicale14 et le début des années 190015,16,17,18,19,20, et surtout à partir des années 1950 pour d'autres bons traceurs d'activités humaines tels que le soufre, le chlore ou l'iode21 montrent qu'en se formant et en tombant, la pluie se charge de différents éléments minéraux et polluants (solubilisés, inclus dans les gouttelettes ou collés à leur surface) qui la rendent moins pure et parfois non potable, voire très polluée (pluies acides).
En particulier, le début d'une averse est souvent chargé en polluants (lessivage des particules et gaz solubles présents dans l'air traversé par la pluie, s'ajoutant aux molécules déjà éventuellement solubilisées dans les nuages). Très localement certaines conditions peuvent même induire un phénomène dit « pluie de mercure ». Les petites pluies suivant une période non-pluvieuses sont également souvent beaucoup plus concentrées en oligoéléments, nitrates22, soufre et autres polluants que les fortes pluies (autrement dit par litre d'eau, les contaminants sont bien plus dilués, mais la quantité totale d'apport au sol est aussi un élément important).
Polluants
Les pluies issues de masses d'air venant de contextes agricole, urbain, industriel, ou sous le vent d'incendies de forêt, peuvent aussi être significativement contaminées par des bactéries, virus et spores fongiques pathogènes « aérosolisés »23, plus ou moins selon les conditions météorologiques. Ces biocontaminants, comme divers aérosols minéraux (soufrés notamment) semblent pouvoir jouer le rôle de noyaux de condensation24 accélérant la formation de gouttes de pluie. Les micro-organismes aérosolisés qui n'ont pas été tués par les UV solaires ou la déshydratation peuvent être déposés à distance. C'est pourquoi les eaux pluviales ne devraient pas être consommées sans avoir fait l'objet de traitement visant à en éliminer les métaux et pesticides, et les pathogènes25. Selon une étude faite à Singapour (2009-2010), les tenues élevées en bactéries (au moins l'une des 3 bactéries suivantes : Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa et Klebsiella pneumoniae étaient dans ce cas trouvée dans 50% des échantillons) étaient fortement corrélées à un indice PSI (Indice standard de polluants25) élevé26.
De nombreuses études ont montré que les brumes27 ou pluies pouvaient contenir des quantités significatives de pesticides28,29. En France, une première étude de l'Institut Pasteur30,31,32 s'est basée sur un recueil automatique et l'analyse de toutes les pluies tombées durant deux ans (fin juin 1999 à novembre 2001) sur cinq sites (littoral, ville dense, urbain moyen, et zone rurale) en Région Nord-Pas-de-Calais. Sur environ 80 molécules recherchées, plus d’une trentaine ont été trouvées, dont Atrazine, isoproturon et diuron surtout, mais pour des raisons de coûts, le glyphosate et le lindane n'ont par exemple pas été recherchés. De mai à mi-juillet, toutes les pluies contenaient de faibles quantités de pesticides, surtout en zone agricole, mais aussi, à moindre dose sur le littoral ou au centre de Lille où le Diuron était très présent, alors que peu utilisé par l’agriculture (il pourrait provenir des peintures et produits de traitement des toitures (anti-mousse, anti-lichens). Environ la moitié des pluies présentaient des traces des 80 pesticides recherchés, et près de 10 % en contenaient des taux supérieurs à un microgramme /litre. Il n'existe pas de normes de référence pour les eaux de pluies. Si l'on se réfère aux normes « eau potable », 70 % des échantillons de pluies étaient sous le seuil des concentrations maximales admissibles. Cependant, ponctuellement et durant une période réduite des échantillons présentant des valeurs jusqu’à seize fois supérieures à cette référence ont été mesurés ; c'est-à-dire que localement et quelques jours par an, les taux de pesticides semblaient assez élevés dans la pluie pour avoir un effet écotoxique direct33. Seules les molécules solubles dans l’eau ont été recherchées, mais les pluies pourraient en contenir d'autres, adsorbées sur des poussières ou particules fines.
La pluie peut aussi contenir des eutrophisants (azote très soluble dans l'eau sous forme de nitrates ; d'origine agricole notamment, mais également industrielle, ou indirectement à partir de l'oxydation par l'Ozone troposphérique des NO2 émis par le diesel automobile et d'autres processus de combustion). Une forte corrélation entre les teneurs en nitrates et SO4 et NO3 a été notée dans les Vosges34.
En lessivant l'air, les pluies contribuent à la pureté naturelle de l'atmosphère, mais peuvent contaminer les eaux de surface où s'abreuvent de nombreux animaux35. Localement, ou dans certaines circonstances (après une tempête de sable), les poussières collectées par la pluie (ou la neige) peuvent être assez abondantes pour la teinter, ou la transformer en pluie de boue. Les particules riches en oxyde de fer ont pu donner naissance aux légendes de pluies de sang et des pluies de sable venant du Sahara.
France
En France métropolitaine, la qualité des pluies évolue36. Elle est notamment suivie par le dispositif MERA37. Dans les années 1990, le pH des pluies était encore nettement acide, variant de 4,7 à 5,5 selon les stations, avec des valeurs plus acides les cinq dernières années de 1995 à 200038. La déposition d'ions H+, variait de 5 à 25 mg/m²/an, plus élevée dans l'est et le nord de la France et en légère augmentation vers la fin de cette décennie d'observations38. Les taux nitrates dissous dans la pluie sont restés stables (moyenne de 0,2 à 0,3 mg de nitrate par litre de pluie, avec cependant des teneurs beaucoup plus élevées dans le nord du pays (dépôt de 10-400 mg d'Azote/m²/an)38. Les taux d'ammonium ont diminué (tombant à 0,3 à 0,7 mgN/L, mais avec des valeurs plus élevées dans le nord). Avec les fiouls dé-soufrés et le recul du charbon, les sulfates ont diminué, chutant à 0,6 à 0,4 mg de soufre par litre en moyenne38.
Des études antérieures avaient montré en Bretagne que les nuages (et secondairement les pluies) se chargent de pesticides au fur et à mesure de leur déplacement d'ouest en est, avec des taux d'atrazine et d'alachlore (les deux principaux pesticides du maïs à l'époque de l'étude) qui pouvaient « atteindre 10, 20, voire plus de 200 fois les normes tolérées pour l'eau potable »39. Les pluies peuvent aussi contenir des métaux et des radionucléides, notamment suivis en Europe via le réseau BRAMM (bioindication par les bryophytes)40.
Le réseau RENECOFOR (REseau National de suivi à long terme des ECOsystèmes FORestiers) apporte des données complémentaires pour les pluies en forêts. Quand l'analyse n'est pas faite rapidement et in situ, des protocoles spéciaux doivent être mis en place pour l'échantillonnage, le stockage et le transport41. La contamination peut persister longtemps après l'interdiction d'un produit, ainsi « dans la ville d'Hanovre en Allemagne, des concentrations de terbuthylazine et de son métabolite ont atteint 0,4 et 0,5 ug/l soit cinq fois la norme pour l'eau potable alors que le produit était interdit depuis cinq ans. »39.
Effets pluvio-générateurs sur certains sols et substrats
Chaque pluie contribue à nettoyer l’air d’une partie des particules et polluants qu’il contient, mais dans certains environnements (sol agricole dévégétalisé ou labouré, sol poussiéreux, sol urbain pollué, sur sol industriel ou eau d’épuration polluée, etc.), l’explosion des gouttes d’eau sur le sol est à l’origine d’un nouvel aérosol constitué de micro et nanoparticules organiques, minérales, incluant des spores fongiques, des bactéries et des restes de plantes et d'animaux morts42. Ce phénomène fut photographié et étudié dès 1955 par A. H. Woodcock qui a clairement montré qu’il pouvait contribuer à la pollution de l’air quand il pleut, par exemple, sur certains déchets industriels ou boues d'épuration43.
D’autres auteurs (tel Blanchard en 1989) ont ensuite expliqué comment ces aérosols se formaient également en mer44. En 2015, il a été démontré que cette « brume induite » par la pluie peut repolluer ou polluer l’air, mais qu’elle peut aussi générer de nouvelles pluies (en ensemençant les nuages). Une partie des micro-aérosols formés après l’éclatement des bulles d’air créées par la chute de gouttes de pluies dans de l’eau non-pure se déshydrate et se diffuse dans l’atmosphère sous forme de « nanosphères » (de 0,5 µm de diamètre). Ces sphères sont essentiellement composées de carbone, d’oxygène et d’azote. Leur mécanisme de formation a été d’abord étudié en laboratoire, en filmant à fort grossissement et grande vitesse une pluie artificielle45, puis le phénomène a été étudié par des chercheurs américains en plein air grâce à la microscopie à haute résolution appliquée à l’étude de particules en suspension dans l'air recueillie en 2014 dans les masses d’air circulant au-dessus des grandes plaines agricoles de l'Oklahoma42. Un à deux tiers des particules aéro-transportées étaient des nanoparticules issues des sols agricoles. Une partie des pesticides et nitrates trouvés dans l’air et ensuite transportées par les vents ou rabattues au sol par de nouvelles pluies pourraient venir de ce processus42.
Quand la pluie commence à produire des flaques d’eau ou un film d'eau sur le sol, cette eau dissout une partie de la matière organique ou des molécules du substrat ou de molécules adsorbées sur ce substrat. Les impacts des nouvelles gouttes de pluie créent des éclaboussures et de petites bulles d'air qui remontent vers le haut et éclatent en arrivant à la surface du film d’eau ou des flaques42. L'éclatement de chacune de ces bulles projette dans l’air des nano-gouttelettes qui formeront une très fine brume enrichie en matière organique42. Cette brume se déshydrate ensuite en formant les minuscules billes sphériques solides observables au microscope. Selon cette étude une pluie légère ou modérée semble plus efficace pour produire cet aérosol que celle constituée de grosses gouttes, car produisant plus de bulles d’air42. Les auteurs ont dressé le même constat dans l’air au-dessus d’une surface de terre végétale arrosée par un tuyau d'arrosage. Ils en déduisent qu’« Il est probable que l'irrigation des terres cultivées contribue à libérer dans l’air plus de particules organiques du sol, et potentiellement accroître les précipitations dans les régions irriguées »42. L’analyse de données météorologiques provenant du sud de l'Australie avait déjà montré que des pluies sur des terres agricoles, augmentaient la probabilité de nouvelles précipitations après un orage, suggérant que parfois « la pluie peut engendrer plus de pluie »)42. La prise en compte de cette interaction devrait améliorer les modélisations météorologiques mais aussi celles qui concernent la pollution de l'air, le cycle biogéochimique de certains éléments et celles qui concernent le changement climatique42.
Pluie fossile
Impressions de gouttes de pluie fossiles sur du grès ondulé de la formation de Horton Bluff (Mississippien), près d'Avonport, au
Canada
Certaines roches sédimentaires sont « imprimées » d'impacts de gouttes de pluie. On parle de traces fossiles de pluie. Pour qu'une couche sédimentaire garde de telles traces, il faut un timing particulier : une fin de pluie sur un sol déjà engorgé, puis une période sèche, avant que la sédimentation ne reprenne.
Les traces de gouttes de pluie fossilisées peuvent aider les scientifiques à déterminer la pression atmosphérique de l'époque de l'événement46. Toutefois, d'autres phénomènes peuvent expliquer ces formations.
Odeur de la pluie
Quand une pluie nouvelle tombe sur un substrat (éventuellement sec et/ou poussiéreux), elle suscite une odeur.
Quand la pluie tombe sur un sol sec et poussiéreux, elle suscite une odeur particulière dont l'origine est longtemps restée mal comprise. Dans les milieux naturels, cette odeur serait celle du petrichor (néologisme forgé par Bear et Thomas, géologues australiens, en 1964 dans un article paru dans la revue Nature (petra signifiant pierre et ichor sang/fluide)). Le mot géosmine est ensuite plutôt utilisé pour décrire l'odeur émanant du sol naturel après une pluie. L'odorat humain y est très sensible (la géosmine est perçue dans l'air dès qu'elle atteint un taux de 5 ppb) et c'est une odeur jugée plutôt agréable. En ville et sur les enrobés goudronnés, la pluie prend une odeur particulière. Une autre composante de l'odeur de la pluie, en cas d'orage, est l'ozone qui est produite par les éclairs47.
Plus récemment, des scientifiques du MIT ont filmé les gouttes d'eau s'écrasant au sol avec des caméras à très hautes vitesse et résolution. En éclatant au sol, la plupart des gouttes emprisonnent sous elles de minuscules bulles d'air qui participent à un phénomène de nébulisation en remontant dans la goutte d'eau et en éclatant à sa surface, formant un aérosols que notre système olfactif identifie comme l’odeur de la pluie. Plusieurs paramètres jouent sur l'intensité de cette odeur : la taille et la vitesse de la goutte, la porosité et la nature du sol. L'étude a porté sur 28 types de surfaces différentes (12 substrats artificiels et 16 types de sol). La quantité d'aérosol était maximale sur les substrats légèrement poreux (argile ou terre battue par exemple) et avec une pluie faible à modérée48.
En filmant des gouttes d'eau s'écrasant sur des surfaces couvertes d'une encre fluorescente, on observe qu'une partie de ce film coloré passe dans l'aérosol. Ceci laisse penser que divers spores, virus, bactéries peuvent aussi passer du sol à la colonne d'air lors des pluies, une information intéressante pour l'écoépidémiologie48.
Culture
L'attitude des populations vis-à-vis de la pluie diffère selon les régions du monde, mais aussi selon les milieux d'activités socio-professionnels et surtout les modes et temps d'activités ou de loisirs.
Dans les régions tempérées, comme l'Europe urbaine de l'époque contemporaine, la pluie a pris plutôt une connotation triste et négative — « Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville », écrivait Paul Verlaine — alors que le soleil est synonyme de joie. Le monde paysan d'Europe occidentale, divisé en cultures spécifiques caractéristiques d'héritages lointains, semble autrefois étranger à ce jugement. Il a gardé tacitement des rituels de valorisation de la canicule ou d'ensoleillements forts, supposés momentanément nécessaires pour la croissance et la maturation des plantes, pour diverses tâches agro-pastorales comme la fenaison, la construction des édifices. La pluie banale, phénomène nullement divinisé mais parfois repoussé en nom collectif à une date limite, pour ne pas devenir gênante ou porter malheur pendant ces heures ou périodes réservées, peut alors reprendre comme bon lui semble.
En marge de cette vision moderne dominante, potentiellement négative de la pluie si elle est jugée par trop abondante ou intempestive, il ne faut pas oublier qu'elle reste aussi communément associée à des valeurs positives : apaisement, fertilité de la végétation et du monde animal et humain, refroidissement de l'air après une vraie canicule, propreté, nettoyage des poussières et pollutions urbaines, réserve d'énergie pour les flux d'eau. Les valeurs esthétiques des artistes modernes s'affrontent parfois ouvertement au cliché de la pluie maussade.
L'expression Mariage pluvieux, mariage heureux, proverbe populaire, figure peu dans la littérature. C'est une consolation pour ceux qui se marient sous la pluie. Nous y avons deux métaphores:
- La plus utilisée est celle de "Mariage plus vieux, mariage heureux". En effet, les mariages de personnes trop jeunes seraient moins heureux que ceux de personnes plus mures, et cela est confirmé par les statistiques de l'INSEE.
- La seconde métaphore "Mariage pluvieux mariage heureux, venteux malheureux" concerne la nuit de noce: une nuit de noce mouillée est plus féconde qu'une nuit de noce asséchée. C'est pour cette dernière version que penche le cœur de l'académie française.
Mais l'expression se transmettant oralement, les deux métaphores sont valables.49
Dans les régions sèches, comme certaines parties de l'Afrique, de l'Inde, du Moyen-Orient, la pluie est considérée comme une bénédiction et reçue avec euphorie. Elle a un rôle économique fondamental, là où les cours d'eau sont rares et la distribution de l'eau potable et l'irrigation sont conditionnées par les précipitations.
De nombreuses cultures ont développé des moyens de se protéger de la pluie (imperméables,parapluies), et élaboré des systèmes de canalisation et d'évacuation (gouttières, égouts). Là où elle est abondante, soit par sa fréquence, soit par sa violence (mousson), les gens préfèrent instinctivement se mettre à l'abri.
L'eau de pluie bénéficie naturellement à l'agriculture et donc aux populations qui en dépendent. Elle peut être stockée pour faire face à des périodes sèches. Son acidité et la présence de poussières la rendent fréquemment impropre à la consommation, et nécessitent des traitements bien qu'elle soit consommée telle quelle depuis toujours dans bien des endroits du monde y compris en France il y a peu.
L'urbanisation doit prendre en compte une gestion de la pluie. Les sols rendus étanches dans les villes nécessitent le développement de réseaux d'évacuation et d'assainissement. En changeant la proportion entre l'eau de ruissellement et l'eau absorbée par le sol, le risque d'inondations est augmenté si les infrastructures sont sous-dimensionnées. Ces évacuations directement dans les cours d'eau contribuent grandement aux phénomènes destructeurs des crues.
-
-
-
Forte pluie sur un bois de pins (estampe d'Hiroshige).
-
Berger sous la pluie (Pissaro).
Records de pluie
Records pluviométriques par périodes50,51,52
Durée | Localité | Date | Hauteur (mm) |
1 minute |
Unionville, États-Unis (selon OMM50) Barot, Guadeloupe (selon Météo-France53) |
|
31,2 38 |
30 minutes |
Sikeshugou, Hebei, Chine52 |
|
280 |
1 heure |
Holt, Missouri, États-Unis50 |
|
305 en 42 minutes |
2 heures |
Yujiawanzi, Chine52 |
19/07/1975 |
489 |
4,5 heures |
Smethport, Pennsylvanie52 |
18/07/1942 |
782 |
12 heures |
Foc-foc, La Réunion50 |
le 08/01/1966 (cyclone denise) |
1 144 |
24 heures |
Foc-foc, La Réunion50 |
du 07 au 08/01/1966 (cyclone denise) |
1 825 |
48 heures |
Cherrapunji, Inde50 |
du 15 au 16/06/1995 |
2 493 |
3 jours |
Commerson, La Réunion52 |
du 24 au 26/02/2007 Cyclone Gamède |
3 929 |
4 jours |
Commerson, La Réunion52 |
du 24 au 27/02/2007 Cyclone Gamède |
4 869 |
8 jours |
Commerson, La Réunion52 |
du 20 au 27/02/2007 Cyclone Gamède |
5 510 |
10 jours |
Commerson, La Réunion51 |
du 18 au 27/01/1980 Cyclone Hyacinthe |
5 678 |
15 jours |
Commerson, La Réunion51 |
du 14 au 28/01/1980 Cyclone Hyacinthe |
6 083 |
1 mois |
Cherrapunji, Inde50 |
|
9 296,4 |
1 an |
Cherrapunji, Inde50 |
à |
26 466,8 |
2 ans |
Cherrapunji, Inde50 |
1860 et 1861 |
40 768 |
moyenne annuelle |
Mawsynram, Inde50 |
moyenne annuelle |
11 872 |
Nuages polaires sur
Titan.
Différentes revues scientifiques ont annoncé des conjectures de précipitation liquide sur d’autres astres. Par analogie, elles sont appelées pluies :
En 2021, une étude indique comment calculer la forme et la vitesse de chute des gouttes de pluie, ainsi que la vitesse à laquelle elles s'évaporent ; elle conclut que, dans un large éventail de conditions planétaires, seules des gouttes de pluie dans une plage de taille relativement étroite peuvent atteindre la surface à partir des nuages59.
Par extension on appelle aussi pluie toute chute de corps :
Autres usages du terme
Dans le langage imagé, la pluie peut désigner une précipitation abondante d'objets, voire cette abondance elle-même, comme dans le cas d'une pluie d'or. La pluie d'or est aussi l'apparence que Zeus a adoptée pour séduire Danaé.
Dans de nombreuses régions, la pluie est un phénomène météorologique d'une grande banalité. Ce caractère commun de la pluie se retrouve dans certaines expressions comme ne pas être né de la dernière pluie.
Références
- « Animation radar » [archive], Météo France (consulté le ).
- (fr) « Condensation » [archive], Glossaire de la météo, Météo-France (consulté le ).
- « Coalescence » [archive], Glossaire de la météo, Météo-France (consulté le ).
- « Comment se forment les précipitations ? » [archive], sur meteofrance.fr (consulté le ).
- Irving Langmuir est le premier physico-chimiste à proposer un modèle de captation par impact des micro-gouttelettes en amorce de chute, comme un processus de capture en chaîne. Le phénomène est similaire lors des brassages dans les courants de convexion ou de turbulence, surtout si le milieu momentanément traversé devient plus dense en noyaux de condensation.
- David Quéré, Qu'est ce qu'une goutte d'eau ?, Éd Le Pommier, 2003.
- (en) Paul Rincon, « Monster raindrops delight experts », British Broadcasting Company, (lire en ligne [archive]).
- « Effet Bergeron » [archive], Glossaire de la météo, Météo-France (consulté le ).
- Joël Van Baelen, « Pluie, neige, grêle... entre le ciel et la terre », Pour la science, no 78, , p. 70-71.
- Marc-André Selosse, L'origine du monde. Une histoire naturelle du sol à l'intention de ceux qui le piétinent, Actes Sud Nature, , p. 61
- Organisation météorologique mondiale, « Pluie forte » (version du 3 mars 2016 sur l'Internet Archive), Eumetcal, sur www.eumetcal.org.
- (en) R. Monjo, « Measure of rainfall time structure using the dimensionless n-index », Climate Research, vol. 67, , p. 71-86 (DOI 10.3354/cr01359, lire en ligne [archive] [PDF]).
- « Mousson : La mousson d'été en Inde » [archive], Glossaire météorologique, Météo-France (consulté le )
- Muntz A & Marcanov (1889) Sur la proportion de nitrates contenus dans les pluies des regions tropicales. Ibid., 108, 1062-1064.
- Muntz & Lainé E (1911) Les nitrates dans l’atmosphère des régions australes. Ibid., 152, 166-169.
- Ingleh (1905) Amounts of nitrogen as ammonia and nitrates in rainwater collected at Pretoria. Transvaal Agr. Journ.. 4, 104-105.
- Danielh A, Elwellh M & Parkerh Y.(1938) Nitrate nitrogen content of rain and runoff water from plots under different cropping systems on soils classified as Vernon fine sandy loam. Proc. Soil Sci. Amer., 3, 230-233.
- Narayanaswarmi (1939), Measurements of the chloride, nitrate and nitrite present in the water of monsoon rains of Bombay. Proc. Indian Acad. Sci., 9A, 518-525
- Das A.K, Sen G.C, & Pal C.K (1933), The composition of the rain water of Sylhet. Indian J. Agr. Sci., 3. 353-359.87
- Johnson (1925) Analysis of rainfall from a protected gauge for sulfur, nitrate nitrogen and ammonia. Ibid., 17. 589-591.
- (en) Erik Eriksson, « Composition of Atmospheric Precipitation : II. Sulfur, chloride, iodine compounds. Bibliography », Tellus, Wiley, vol. 4, no 3, , p. 280-303 (ISSN 2153-3490, DOI 10.1111/j.2153-3490.1952.tb01014.x, lire en ligne [archive] [PDF])
- Braadlieo (1930), Inneholdet av ammoniak og nitratkvelstoff i nedboren ved Trondhjem. Kgl. Norske Vids. Selskaps Forlrandl., 3, no. 20.
- Kaushik R, Balasubramanian R (2012). Assessment of bacterial pathogens in fresh rainwater and airborne particulate matter using Real-Time PCR. Atmosph Environ ;46:131-9
- Nocker A, Sossa-Fernandez P, Burr MD, et al (2007). Use of propidium monoazide for live/dead distinction in microbial ecology. Appl Environ Microbiol ;73:5111-7.
- Heyworth JS, Glonek G, Maynard EJ, et al (2006). Consumption of untreated tank rainwater and gastroenteritis among young children in South Australia. Int J Epidemiol ;35:1051-8.
- Mohamed Amine BOUKERB & Benoit COURNOYER (2012) Exposition aux bactéries pathogènes : cas de la pluie et du sable de plage [archive] ANSES 01/07/2012
- Schomburg C.J, Glotfelty D.E & Seiber J.N, (1991) Pesticide occurrence and distribution in fog collected near Monterey California, Environ. Sci. Technol., 25, 1, 155-160
- Sanusi A., Millet M., Mirabel P., Wortham H., 1999, Gas-particle partioning of pesticides in atmospheric samples, Atmospheric Environment, 33, 4941-4951
- Schewchuk S. R., 1982, A study of the atmosphere as a dynamic pathway for the accumulation of crop applied pesticides. SRC Technical Report. Saskatoon, Saskatchewan, Saskatchewan Research Council
- Étude (PDF) Produits phytosanitaires dans les eaux de pluie de la Région Nord – Pas-de-Calais [archive], Institut Pasteur
- Diren Nord Pas de Calais, Dossier de presse "Présence de produits Pesticides (dont phytosanitaires) dans l’eau de pluie" ; Communication de l'État et du Conseil Régional avec la contribution de l’Institut Pasteur de Lille, responsable scientifique de l’étude, et de l’Agence de l’Eau
- Info pesticide, http://uipp-portail.eclosion-cms.net/Espace-professionnel/Actualites-phytopharmaceutiques/Revue-de-presse/Sur-les-phytopharmaceutiques-la-sante-et-l-environnement/Des-pesticides-dans-la-pluie-l-Institut-Pasteur-de-Lille-confirme [archive] "Des pesticides dans la pluie : l'Institut Pasteur de Lille confirme"], revue de presse, [11/12/2002]
- Exemple : Une étude française sur les pesticides dans l'eau de pluie [archive]
- Gilles Nourrisson, Martine Tabeaud, Étienne Dambrine, Christina Aschan (1993), Approche géographique de la composition chimique des précipitations vosgiennes [archive] ; Annales de Géographie, Vol 102 (voir p. 376-377 de l'article, o page 11 et 12/21 de la version PDF)
- Thurman E. M., Goolsby D. A., Meyer M. T. et Kolpin D. W., 1991, Herbicides in surface waters of the midwestern United States. The effect of spring flush, Environmental Science and Technology, 25, 1794-1796
- P. Sicard, P. Coddeville, S. Sauvage, J.-C. Galloo, Trends in chemical composition of wet-only precipitation at rural French monitoring stations over the 1990-2003 period Water Air and Soil Pollution, Vol 7, no 1-3, p. 49-58, March 2007
- Dispositif de MEsure des Retombées Atmosphériques humides ; géré par l’école des Mines de Douai et financé et coordonné par l'ADEME. Base de données accessible gratuitement, sur demande et pour usages non commerciaux via www.atmonet.org
- ADEME/OPAL, Dispositifs de surveillance MERA/EMEP ; Composition des précipitations 1990-2000 [archive] (MERA/EMEP), consulté 2012-06-17
- Rapport de l'OPECST no 2152 (2002-2003) de M. Gérard MIQUEL, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scient. tech., déposé le 18 mars 2003 (voir Annexe 5 [archive] sur les pesticides dans les pluies)
- Leblond, S ; Laffray, X ; Galsomiès, l ; Gombert-Courvoisier, S (2011), Le dispositif BRAMM : un outil de biosurveillance de la qualité de l'air ; Journal/revue Pollution Atmosphérique Climat, Santé, Société ; Hors série "Biosurveillance de la pollution atmosphérique" ; p. 49-53
- E.Tison, S.Sauvage, P.Coddeville, Mise au point d'un système de prélèvement pour l'échantillonnage des espèces soufrées, nitrées et ammoniaquées par filterpack, Rapport final relatif au contrat n° 0662C0095, février 2008
- Kate Ravilious (2016) [Rain spawns more rain when it falls on ploughed land] ; Daily news Journal reference: Nature Geoscience, 2 May 2016 ; DOI: 10.1038/ngeo2705
- Woodcock A.H. (1955) « Bursting Bubbles and Air Pollution » Sewage and Industrial Wastes Vol. 27, No. 10 (Oct., 1955), pp. 1189-1192 Published by: Water Environment Federation ; URL stable: https://www.jstor.org/stable/25032898 [archive] ; 4pp
- (en) Duncan C. Blanchard, « The size and height to which jet drops are ejected from bursting bubbles in seawater », Journal of Geophysical Research, vol. 94, no C8, , p. 10999-11002 (ISSN 0148-0227, e-ISSN 2169-9291, OCLC 4664463541, DOI 10.1029/JC094iC08p10999, S2CID 128835556).
- Young Soo Joun et Cullen R. (2015) “ Aerosol generation by raindrop impact on soil “Nature Communications 6, Article n°6083 ; doi:10.1038/ncomms7083, publié le 14 janvier 2015.
- (en) Université de Washington, « Fossil raindrop impressions imply greenhouse gases loaded early atmosphere », Science Daily, (lire en ligne [archive], consulté le )
- Gérard Brand (2019) À la découverte des odeurs ; ISTE Group, publié le 1 janv.- voir chap6, p 24/230 : L'odeur de la pluie
- Erwan Lecomte, « Question de la semaine : d'où vient l'odeur de la pluie ? », Sciences et Avenir, (lire en ligne [archive]).
- Emma Laurent, « Mariage Pluvieux Mariage Heureux Ou Mariage Plus Vieux, Mariage Heureux ? » [archive], sur À sa façon, (consulté le )
- (en) Organisation météorologique mondiale, « Global Weather & Climate Extremes » [archive], sur Université d'Arizona (consulté le ).
- « Les records en matière de cyclones tropicaux » (version du 5 mars 2016 sur l'Internet Archive), sur Météo-France.
- (en) NOAA, « World record point precipitation measurements » [archive], sur NOAA National Oceanic and Atmospheric Administration, National Weather Service Organization (consulté le ).
- ORSTOM, « Intensité extraordinaire de la précipitation du 26 novembre 1970 dans la région des Grands-Fonds de Guadeloupe » [archive] [PDF], sur IRD (consulté le ).
- (en) Paul Rincon, « Planet Venus : Earth's 'evil twin' » [archive], sur news.bbc.co.uk, (consulté le ).
- (en) « Cassini Images Mammoth Cloud Engulfing Titan’s North Pole » [archive], NASA, (consulté le ).
- (en) David Ehrenreich, Christophe Lovis, Romain Allart, María Rosa Zapatero Osorio, Francesco Pepe et al., « Nightside condensation of iron in an ultrahot giant exoplanet », Nature, vol. 580, no 7805 (), , p. 597-601 (DOI 10.1038/s41586-020-2107-1).
- Frédérique Baron, « Pluie de fer sur WASP-76b » [archive], sur Institut de recherche sur les exoplanètes (université de Montréal), (consulté le ).
- « Pluie de fer sur une exoplanète géante » [archive], sur Université de Genève, (consulté le ).
- (en) Kaitlyn Loftus et Robin D. Wordsworth, « The Physics of Falling Raindrops in Diverse Planetary Atmospheres », JGR PLanets, vol. 126, no 4, , article no e2020JE006653 (DOI 10.1029/2020JE006653).
- (en) Kimberly M. S. Cartier, « Diamonds Really Do Rain on Neptune, Experiments Conclude », EOS, vol. 98, (DOI 10.1029/2017EO082223, lire en ligne [archive], consulté le ).
- (en) J.D. Harrington, Donna Weaver et Ray Villard, « Blue and bizarre » [archive], sur Exoplanet Exploration, NASA, (consulté le ).
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
- Patrick Boman, Dictionnaire de la pluie, Seuil, 2007 (ISBN 978-2020913638)
- Léopold Facy, article « Précipitations (météorologie) », Encyclopædia Universalis, Paris, 2001.
- Dominique Loreau, Aimer la pluie, aimer la vie, J'ai Lu / Bien-être, 2011 (ISBN 978-2290033906)
- Auguste Gires, La pluie, Éditions Le Pommier, 2015 (ISBN 978-2-7465-0877-4)
- André Viaut, article « météores », Encyclopædia Universalis, Paris, 2001.
- Alain Corbin, Histoire buissonnière de la pluie, Champs Flammarion, 2017.
- Karin Becker (dir.), La pluie et le beau temps dans la littérature française, Hermann, 2011.
Articles connexes
Liens externes
Orage
Arcus de type « multicouche » lors d'un orage au-dessus d'Enschede (
Pays-Bas).
Un orage (dérivé à l'aide du suffixe -age de l'ancien français ore, signifiant « vent »1) est une perturbation atmosphérique d'origine convective associée à un type de nuage particulier : le cumulonimbus. Ce nuage à grande extension verticale engendre des pluies fortes à diluviennes, des décharges électriques de foudre accompagnées de tonnerre. Dans des cas extrêmes, l'orage peut produire des chutes de grêle, des vents très violents et, rarement, des tornades.
Les orages peuvent se produire en toute saison, tant que les conditions d'instabilité et d'humidité de l'air sont présentes. Le plus grand nombre se retrouve sous les tropiques et leur fréquence diminue en allant vers les pôles où ils ne se produisent qu'exceptionnellement. Dans les latitudes moyennes, le nombre varie avec la saison.
Mécanisme de formation
Téphigramme qui montre le chemin de la parcelle d'air convective, température versus pression (ligne rouge), par rapport à l'environnement (en noir). La surface en jaune est égale à son EPCD.
Thermodynamique
Comme dans les averses, les orages se forment dans une masse d'air instable lorsqu'il y a une réserve importante de chaleur et d'humidité à bas niveau de la troposphère et d'air plus sec et froid en altitude. Une parcelle d'air plus chaude que l'environnement entre en convection2. Tant qu'elle n'est pas saturée, sa température change selon le taux adiabatique sec. À partir de la saturation, la vapeur d'eau contenue dans la parcelle d'air condense selon les lois de la thermodynamique, ce qui relâche de la chaleur latente et son changement de température avec la pression est alors celui appelé le taux pseudo-adiabatique humide. L'accélération ascensionnelle se poursuit, jusqu'à ce que la parcelle arrive à un niveau où sa température égale celle de l'air environnant. Ensuite, elle se met à décélérer et le sommet du nuage est atteint quand la particule atteint une vitesse nulle.
L'énergie potentielle de convection disponible (EPCD) pour ce type de nuages est plus grande que pour une averse et permet de développer des sommets de nuages qui atteindront une plus grande altitude. Ceci est important car les gouttes qui s'élèvent dans le courant ascendant perdent des électrons par collision comme dans un accélérateur de Van de Graff. Un plus haut sommet permet d'atteindre une température inférieure à −20 °C nécessaire pour donner un grand nombre de cristaux de glace. Ces derniers sont de meilleurs producteurs et transporteurs de charge, ce qui permet une différence de potentiel suffisante entre la base et le sommet du nuage pour dépasser le seuil de claquage de l'air et donner de la foudre.
Hormis les régions équatoriales, la période la plus active va de la fin du printemps au début de l'automne, car c'est à ce moment que l'atmosphère est la plus chaude, humide et instable. Cependant, si l'instabilité est en altitude, elle n'a rien à voir avec la période de l'année, ainsi le passage d'un front froid en hiver dans les latitudes moyennes peut donner des orages.
Déclencheurs
Diagramme montrant les différents types d'orages violents selon leur
EPCD et leur cisaillement des vents.
L'instabilité potentielle de l'air n'est pas le seul critère, il faut généralement un déclencheur, par exemple le passage d'un front froid, d'une onde courte météorologique, ou le réchauffement diurne2. Un tel déclencheur peut agir à la surface ou en altitude, ce qui fait que les orages peuvent se développer près du sol ou être basés aux niveaux moyens de l'atmosphère2,3,4 :
Orage de masse d'air
Les orages de masse d'air résultent de la convection par réchauffement dans une masse d'air uniforme. Le cisaillement des vents avec l'altitude y est nul ou faible, ce qui donne des orages unicellulaires, généralement isolés. Comme le déplacement des orages de masse d'air dépend uniquement des vents en altitude, s'il ne vente pas, les orages resteront presque stationnaires. Ils peuvent se développer par suite du réchauffement diurne accompagné souvent d'un effet local qui produit une certaine zone de convergence. En effet, même si une masse d'air a des propriétés de température et d'humidité relativement uniformes au plan horizontal, la topographie peut changer localement ces propriétés3.
L'effet local peut être une ascendance orographique, un faible creux barométrique ou une brise. Par exemple, l'air près de la surface d'un lac est plus humide qu'à l'intérieur des terres. En conséquence, durant la saison estivale, il n'est pas rare que des orages se forment près d'une rive légèrement en pente et suivent la progression du front de brise. Il peut donc être difficile de prévoir dans quel secteur se formeront les orages, un peu comme prédire où se formera la première bulle dans un chaudron rempli d'eau et mis sur le feu.
Ces orages ont donc comme caractéristiques3 :
- de se former en après-midi ou en début de soirée sur les terres par temps chaud et humide estival. La nuit, lorsque le sol se refroidit, l'air se stabilise dans les couches inférieures et l'activité orageuse cesse ;
- de se former près des zones côtières lorsque la masse d'air froid se déplace au-dessus de la surface plus chaude des eaux, situation qui peut se produire en toute saison et donner par exemple un orage de neige ;
- de se former par ascendance orographique si un écoulement d'air instable et humide est soulevé par une chaîne de montagnes dans les brises de montagne. Dans ce cas, ces orages s'alignent le long du côté au vent de la chaîne de montagnes et durent aussi longtemps que l'écoulement d'air les alimente.
Orage frontal
S'il y a présence d'un front, particulièrement un front froid, ce dernier produit une ascendance qui déclenche et organise la convection5. Les orages produits seront frontaux ou préfrontaux selon leur position le long ou à l'avant du front. Parce qu'il y a un cisaillement des vents à l'approche d'un front, les orages pourront être de plusieurs types : multi-cellulaires, supercellulaires, ligne de grains, etc. selon l'instabilité de l'air et la variation des vents avec l'altitude. Comme ces orages sont plus organisés et ont généralement plus d'énergie potentielle de convection disponible (EPCD), ils engendreront souvent des phénomènes violents comme de la grêle ou des vents causant des dommages (voir Phénomènes associés).
Orage d'altitude
Dans un système météorologique à grande échelle (dite synoptique), il peut arriver que de l'air froid se retrouve au sol, coupant la convection, mais qu'en altitude l'air reste instable. Cela se produit surtout dans l'occlusion d'une dépression à son stade mature ou à l'avant d'un front chaud en instabilité symétrique conditionnelle, mais peut aussi résulter du refroidissement du sommet des nuages durant la nuit. La convection peut aller jusqu'à former des orages dans ces conditions.
Classification
Les orages sont classés en plusieurs catégories selon l'énergie potentielle de convection disponible (EPCD) et le cisaillement du vent avec l'altitude6 :
- orages unicellulaires ou monocellulaires ;
- orages multicellulaires ;
- orages supercellulaires ;
- système convectif de méso-échelle dont :
- ligne de grains ;
- derecho ;
- complexe convectif de méso-échelle ;
- orage en série ou en V.
Orage ordinaire et pulsatif
Cycle de vie d'un orage unicellulaire.
L'orage unicellulaire, ou monocellulaire, est le type le plus fréquent, c'est pourquoi il est nommé orage « ordinaire ». Il peut être associé à une forte averse et des rafales de vent. Les pluies ne sont presque jamais torrentielles et les chutes de gros grêlons sont rarissimes. Quand cela se produit, il est question d’orage « pulsatif », car il surgit et se dissipe comme une impulsion soudaine. Dans les régions arides du globe, l'évaporation peut être telle que la pluie n'atteint pas le sol et forme de la virga sous le cumulonimbus.
Le météorologue américain Horace R. Byers est le premier à décrire la dynamique du cycle de vie de ces orages en 1948 à la suite d'un programme d'études in situ du phénomène : la formation dominée par le courant ascendant dans le nuage, l'état mature où un courant descendant se forme près du premier, à la suite de la chute des précipitations, et la dissipation dominée par un courant descendant allant en faiblissant7,8.
L'orage unicellulaire est caractérisé par une faible énergie (EPCD de 500 à 1 000 J/kg) avec peu ou pas de changement des vents avec l'altitude6. Donc le cycle de vie d’environ 30 à 60 minutes de ces orages est caractérisé par un courant ascendant plus ou moins fort et vertical. Au départ, nous sommes en présence de cumulus mediocris qui fusionnent entre eux pour former un cumulus bourgeonnant (ou cumulus congestus) avec début de précipitations en son sein. Lorsque des cristaux de glace se forment au sommet du nuage, ce congestus devient par définition un cumulonimbus calvus8,2. Apparaissent alors les premiers phénomènes électriques qui caractérisent les orages.
Au stade mature, une enclume se forme au sommet du nuage qui prend alors le nom de cumulonimbus capillatus8,2 incus. Cette enclume est provoquée par l'étalement du nuage à la suite de l'inversion de température à la tropopause et de la présence de forts vents à cette altitude. Cependant, le cœur des précipitations dans le nuage, qui se trouve à une grande altitude, commence à être trop pesant pour que le courant ascendant puisse le soutenir8. La pluie mêlée de petits grêlons commence alors à redescendre vers le sol, ce qui provoquera bientôt la dissipation.
En effet, ces précipitations descendent dans le courant ascendant et s'évaporent partiellement en refroidissant l'air qui l'entoure. Ce dernier devient alors plus froid que l'environnement, et par poussée négative d'Archimède, accélère vers le sol. Graduellement le courant descendant s'intensifie et supplante le courant ascendant8. Après la pluie, l'orage unicellulaire se dissipe rapidement, créant une zone plus fraîche autour de lui. Le front de rafales engendré par l'orage peut servir de déclencheur pour d'autres orages en aval.
Orages multicellulaires
Cycle de vie d'un orage multicellulaire.
Multicellulaire en Bavière.
Lorsque la force et la direction des vents augmentent avec l’altitude de façon linéaire, le courant ascendant de convection n’est plus à la même position que le courant descendant avec les précipitations6. Ceci produit un front de rafale qui s’éloigne en arc du cœur de précipitations et repousse la zone d’ascension. Un surplomb de précipitations se forme donc généralement dans le quadrant sud-ouest de la cellule mère dans l’hémisphère nord alors que les vents dominants de surface viennent de cette direction. Comme le front de rafale se dissocie avec le temps de la cellule initiale en formant des cellules filles, le multi-cellulaire forme donc une ligne d'orages à différents stades de développement9.
Chaque cellule dure de 30 à 60 minutes mais la ligne orageuse peut durer des heures10. La structure radar de ce type d’orage est caractérisée par des surplombs sur la partie sud-ouest d’une ligne de fort écho et ces surplombs semblent se déplacer dans cette direction alors que la ligne se déplace à 30° et 70 % de la vitesse des vents dans la couche où se produisent les orages.
En général, l'EPCD est moyen dans ce type d'orage, soit entre 800 et 1 500 J/kg. Selon l'énergie et l'humidité disponibles, ce type d'orage peut donner des rafales de vent violentes, des pluies diluviennes, de la grêle et, rarement, de brèves tornades10. La sévérité de ces effets dépend également de la vitesse de déplacement de la ligne. Par exemple, une ligne se déplaçant lentement pourra donner beaucoup plus de pluie en un endroit alors qu'une passant rapidement accentuera les rafales descendantes9.
Orages supercellulaires
Morphologie d'une supercellule vue du sud-ouest vers le nord-est dans l'hémisphère nord.
Lorsque le cisaillement des vents tourne avec l’altitude, un renforcement du mouvement vertical sous le courant ascendant et une synchronisation entre le front de rafales descendantes et le courant ascendant peuvent être perçus6. De plus, si l'énergie potentielle convective disponible monte au-dessus de 1 500 J/kg, le courant ascendant permettra une très large extension verticale (jusqu'à plus de 15 km)6.
Ceci donne des cellules orageuses indépendantes en équilibre stable entre l’entrée et la sortie des courants qui leur permettent de vivre très longtemps11. Elles peuvent produire de la grosse grêle, des vents destructeurs et des pluies torrentielles6. De plus, si un cisaillement horizontal du vent en surface est transformé en tourbillon vertical par le courant ascendant, ces supercellules peuvent produire des tornades si la rotation est accentuée par le courant descendant6.
Sur l'image de droite, une représentation d'un tel cumulonimbus qui comprend2,6 :
- une enclume se forme à la tropopause qui est une barrière au développement vertical du nuage. Elle s'étend loin de la cellule originale poussée par des vents horizontaux très forts ;
- un sommet en dôme stratosphérique, dit sommet protubérant, qui dépasse l'enclume là où le courant ascendant se trouve et indique qu'il est assez fort pour vaincre l'inversion de température à la tropopause ;
- des mammatus sous l'enclume, des protubérances nuageuses formées par l'air froid d'altitude descendant par poussée négative d'Archimède dans le nuage. Ils sont signe d'instabilité ;
- des nuages de flanc qui se forment sur la bordure ;
- dans le flanc arrière droit, derrière les précipitations, une tornade sous le nuage-mur (wall-cloud).
Structure horizontale et verticale d'un orage supercellulaire vu par radar.
Du point de vue radar, il est possible de remarquer une voûte sans échos (dite voûte d'échos faibles) dans une coupe verticale (images ci-contre à droite), là où le fort courant ascendant permet à l'humidité des parcelles d'air en convection de ne se condenser qu'à très haut niveau. Ceci donne sur une coupe horizontale (PPI ou CAPPI) une forme à bas niveau d'écho en crochet (partie de gauche de l'image) à l'image radar et un fort gradient de réflectivité près du crochet. Du point de vue circulation de l'air, les zones en bleu sur la figure de gauche montrent où l'air descend dans ce type de nuage donnant des rafales au sol, les courants descendants de flanc avant et arrière. Dans le flanc arrière, le courant descendant entre en interaction avec le courant ascendant (jaune) et c'est à cet endroit que les tornades peuvent se produire.
Des expériences ont également montré que la densité de coups de foudre à l'intérieur d'un orage supercellulaire donne un trou de foudre dans le courant ascendant et la voûte d'échos faibles12.
Types
Il existe quatre types d'orages supercellaires, classés selon l'intensité des précipitations ou leur extension verticale9.
- Supercellule classique : c'est la forme la plus typique d'une supercellule décrite précédemment.
- Mini-supercellule (LT pour Low Topped en anglais) :
- caractérisée par une hauteur de tropopause plus faible et généralement une EPCD (énergie potentielle convective disponible) plus modérée. Elles se produisent en général dans des conditions atmosphériques plus froides comme au printemps et à l'automne. Le cisaillement et la présence d'un mésocyclone sont par contre bien présents car le cisaillement des vents est alors plus important. Elle sont aussi appelées micro-supercellules.
- Supercellule à faibles précipitations (LP en anglais pour Low Precipitation) :
- caractéristiques des endroits plus secs comme les Prairies canadiennes et les Grandes Plaines américaines, elles ont une base très haute au-dessus du sol et une grande extension verticale, mais leur dimension horizontale est faible. Le taux de précipitations vu au radar, dans le nuage et sous celui-ci, est peu élevé et il est souvent difficile d'y voir une rotation. Toutefois, il peut se produire une chute de gros grêlons qui engendrent peu d'échos radar. La colonne de pluie est séparée de la zone en rotation et de celle de grêle. Ces cellules orageuses peuvent donner tous les éléments violents mentionnés antérieurement, mais le plus probable est la grêle.
- Supercellule à fortes précipitations (HP pour High Precipitation en anglais) :
- elles se forment dans un environnement riche en humidité. Elles sont plus étendues horizontalement, leur base est le plus souvent obscurcie par la pluie et les zones de pluie, grêle et de rotation ne sont souvent pas distinguées. Elles donnent surtout des pluies torrentielles, des rafales descendantes et des tornades faibles à modérées, mais sont très dangereuses car les tornades sont dans une supercellule HP noyées dans le cœur des précipitations, ce qui rend la tornade presque invisible. La grêle y est moins probable.
Système convectif de mésoéchelle
Un système convectif de méso-échelle (SCM) est un ensemble d'orages qui se répartissent avec le temps, en ligne ou en zones, pour former des entités qui peuvent occuper de plusieurs dizaines à quelques centaines de kilomètres de longueur ou de diamètre (méso-échelle)13. Ces systèmes météorologiques sont souvent associés avec du temps violent car les orages intenses qui les composent peuvent produire des pluies torrentielles causant des inondations, des vents de plus de 90 km/h et parfois de la grosse grêle14. Ces phénomènes, même s'ils ont une durée de vie en général plus limitée que ceux produits par les dépressions synoptiques, affectent quand même de larges zones à cause du déplacement du système.
L’American Meteorological Society spécifie que la dimension horizontale de ces systèmes doit être d'au moins de 100 km et que la convection atmosphérique doit y être intense15. Le terme SCM désigne donc une classe plutôt qu'un type particulier d'orages ; classe se composant de : la ligne de grains, le derecho, le grain en arc, le complexe convectif de méso-échelle, les cyclones tropicaux et tout ensemble d'orages plus ou moins organisé.
Lignes de grains et derecho
Vue en coupe verticale et horizontale des précipitations et de la circulation de l'air dans une ligne de grains.
Lorsque des orages isolés se rassemblent en une ligne et que cette ligne se déplace avec le vent moyen dans l’atmosphère, il s'agit d'une ligne de grains dont l’extrême est le derecho. Une telle ligne produit un front de rafales qui s’organise en ligne à l’avant de la convection. Il est renforcé par la subsidence du courant-jet des niveaux moyens qui est rabattu vers le sol. En effet, l'entrée de ce dernier dans le nuage y amène de l'air froid et sec de l’environnement ce qui est en équilibre négatif selon la poussée d'Archimède.
La coupe horizontale à travers une telle ligne, dans le haut de l'image, montre donc de forts gradients de réflectivité (taux de précipitations) sur l’avant de la ligne. Sur la partie du bas, il existe une coupe horizontale où des encoches derrière la ligne donnent une forme ondulée à celle-ci. Ces encoches sont créées là où le jet assèche les précipitations en descendant. Il y a généralement des reformations d’orages en amont de la ligne principale avec la rafale descendante. La coupe verticale montre que les orages sont suivis d'une zone continue et moins intense associée à des précipitations stratiformes et la position du jet de niveau moyen descendant vers le sol.
Selon l'EPCD et le cisaillement des vents avec l'altitude, une ligne de grains donnera des vents plus ou moins forts le long de la ligne. Ces vents peuvent être dévastateurs. Les pluies diluviennes ne durent que très peu de temps au passage de la ligne mais des quantités importantes peuvent persister dans la partie stratiforme à l'arrière. Les autres phénomènes violents comme la grêle et les tornades sont plus rares.
Complexe convectif de mésoéchelle
Complexe orageux se formant généralement en fin de journée à partir d'orages dispersés, il atteint son apogée durant la nuit alors qu'il s'organise comme une large zone circulaire. Il est défini par les caractéristiques suivantes :
- sommet des nuages ayant une température inférieure à −32 °C et surface d'environ 150 000 km2 ;
- durée de plus de 6 heures ;
- rapport entre les diamètres nord-sud et est-ouest proche de 1.
Ces systèmes sont fréquents dans les plaines américaines durant l'été. Ils dérivent durant la nuit dans le flux d'altitude et donnent principalement des précipitations intenses causant des inondations sur de larges régions. De la fin avril à octobre 1993, les inondations qui ont sévi tout le long du bassin du fleuve Mississippi, des Grands Lacs à La Nouvelle-Orléans, ont été en grande partie causées par des CCM à répétition durant plusieurs semaines au début de l'été (inondation du Midwest américain de 1993)
Orages en V ou en série
Échos radar en série, ou train, caractéristique des orages à formation rétrograde. Les flèches donnent la direction de déplacement des orages individuels mais la reformation se produit toujours au bout en bas de la ligne.
Les « orages en V », à formation rétrograde ou en série, sont des complexes orageux formés de cellules individuelles qui se reforment plus ou moins au même endroit et dérivent ensuite dans la circulation atmosphérique. Le nom d'orages en V provient du fait que, vus sur les images d'un satellite météorologique, la couverture nuageuse de l'ensemble des orages semble former un V ayant l'orage le plus récent comme apex. Ce type est aussi appelé train d'échos en anglais (training thunderstorms) car, vu au radar, il ressemble à une série de wagons de train défilant sur des rails16.
Les conditions nécessaires à leur formation sont donc une forte instabilité thermique et une zone stationnaire servant à déclencher la convection. Ce déclencheur peut être un front ou un creux barométrique stationnaires, ou bien une barrière physique causant le soulèvement de l'air localement, comme une chaîne de montagnes17,18.
Comme ils se reforment continuellement au même endroit, les orages à formation rétrograde donnent surtout des pluies diluviennes, causant des inondations, et une très forte activité électrique16. Des rafales de vent violent et parfois de la grêle sont possibles mais rarement des tornades. Les orages en V sont parfois associés aux épisodes cévenols en automne au pourtour de la Méditerranée.
Phénomènes associés
Sons enregistrés lors d’un orage (pluie et tonnerre).
Les orages sont potentiellement dangereux, car ils sont le lieu d'importants mouvements verticaux, de foudre, de vents forts et de précipitations de différents types. Leur apparition est très rapide et peut prendre par surprise les animaux et les humains.
Foudre
Même l'orage le plus bénin comporte par définition de la foudre. Celle-ci est une décharge électrique à travers l'air entre une partie du nuage et un autre ou le sol. Cette décharge se fait sous une haute tension (plus de 1 × 109 V19), crée un plasma et cause des dégâts si elle passe à travers un objet. Lorsque la foudre va du nuage vers le sol, elle emprunte le chemin le plus court et frappe donc généralement le point le plus élevé de ce dernier. Les bâtiments et autres constructions ainsi que les arbres frappés par la foudre sont soumis à ce courant intense qui peut causer des dommages importants ; foudroyés, les animaux et l'homme trouvent souvent la mort.
La foudre peut également venir du sol. C’est ce qu’on appelle un éclair ascendant : celui-ci apparaît lorsque le champ électrique au sol est suffisamment intense pour qu’un impact puisse se développer du sol vers le nuage. Ce phénomène, fréquent dans les régions montagneuses, peut aussi provenir du sol des structures de grande hauteur20.
Les accidents liés à la foudre sont rares avec les avions et les planeurs. Bien qu'ils puissent être frappés, ils constituent une cage de Faraday qui isole leurs occupants. Le courant suit donc l'extérieur de la carlingue et continue vers le sol ou un autre nuage. La même chose peut être dite d'une automobile frappée par la foudre mais pas d'une motocyclette, puisque l'occupant dans ce cas est exposé aux éléments et que l'arc électrique peut passer par son corps puis continuer vers le sol à travers l'air humide. La foudre provoque également du bruit radio qui peut perturber la réception des ondes dans de nombreuses applications en aviation, radar et télécommunications.
Grêle
Ce nuage d'orage déverse une colonne de grêle vers le sol.
La grêle se forme sous certains orages et peut détruire les cultures, endommager les véhicules et les maisons ainsi que nuire à la circulation. Les avions, planeurs et dirigeables sont très susceptibles d'encourir des dommages lorsqu'ils passent à proximité de ces nuages. En effet, non seulement ils seront frappés dans le nuage, mais également à une certaine distance de celui-ci par l'éjection des grêlons. De plus, ces derniers seront souvent plus gros que ceux retrouvés au sol, puisque les appareils volent à un niveau de température où la fonte n'a pas encore eu le temps de réduire les grêlons.
Neige
Il est question d’orage de neige quand un nuage convectif se forme en hiver dans de l'air très instable et donne des précipitations neigeuses accompagnées de manifestations électriques comme le tonnerre et des éclairs. Ce phénomène est relativement rare mais il peut être trouvé dans une masse d'air très froide, et donc polaire, rencontrant des zones plus chaudes et humides. Ces mouvements de masses d'air peuvent créer des courants instables formant des cumulonimbus de faible extension verticale. Les orages de neige sont décrits comme des averses neigeuses accompagnées d'activité électrique suivies du tonnerre. Ces sortes d'orages sont perçus en plein hiver ou pendant les giboulées.
Mouvements verticaux intenses
Il est extrêmement dangereux de voler près ou sous des orages. Les courants ascendants sous les cumulonimbus calvus isolés lors d'orages unicellulaires sont parfois utilisés à grands risques par les pilotes de planeur. Or ces nuages, qui ont un diamètre de quelques kilomètres, peuvent avoir des courants ascendants de 10 à 15 m/s qui aspirent le planeur au sein du nuage. Si le planeur n'est pas équipé pour le vol aux instruments (IFR), le pilote perd tout repère visuel et le planeur peut se mettre rapidement dans une posture dangereuse. Lors de leur dissipation, l'air devient très stable près des restants du nuage, il n'y a alors plus de courants ascendants et la région devient inutilisable pour les pilotes de planeur.
Certains pilotes de planeurs ont évolué le long de la ligne de cumulonimbus où se produisent des courants ascendants comme le long d'une montagne. Comme une ligne d'orages multicellulaires se déplace, il est impossible de revenir à l'aérodrome de départ sans traverser la ligne d'orages et l'atterrissage dans un champ est périlleux car l'orage produit des rafales descendantes destructrices. Dans certains cas, les planeurs ont pu être retournés et détruits après l'atterrissage dans le champ par la ligne d'orages. Finalement, les orages supercellulaires sont incompatibles avec la pratique du vol à voile à cause des phénomènes extrêmes qui peuvent se produire.
Les avions doivent éviter les orages pour les mêmes raisons. Ceci est particulièrement vrai lors du décollage et de l'atterrissage alors que la vitesse de l'appareil est plus proche de celle de décrochage et qu'une rafale de dos ou une rafale descendante peut faire décrocher l'appareil, qui risque alors de s'écraser du fait de la proximité du sol. En vol, les orages provoquent des turbulences incompatibles avec le transport de passagers, ainsi que des risques de givrage de la cellule et des moteurs. Les avions évitent donc les orages.
Les mouvements verticaux sont également dangereux pour les parachutistes, qui peuvent être aspirés dans le courant ascendant de l'orage. Ils sont non seulement ballottés violemment mais vont se retrouver à des hauteurs où la température est bien en dessous du point de congélation dans une atmosphère remplie d'eau surfondue et de grêlons. Gelures et hypothermie en résultent, et même la mort.
Pluie
La quantité de pluie sous un orage est variable selon son type mais se produit toujours rapidement. Cependant, le relief de la région où il tombe peut influencer l'effet de celle-ci. Dans les zones montagneuses, le ruissellement dans les pentes peut amener des inondations dans la vallée en concentrant les quantités reçues vers une région restreinte. La déforestation et la saturation des sols vont accentuer les effets d'une pluie sous un orage. La pluie peut causer une liquéfaction du sol dans certaines conditions, ce qui donnera des coulées de boue.
En aviation, il existe des exemples d'écrasements sous des orages, dont celui du Vol 358 Air France à Toronto (Canada) en août 2005, où la pluie semble avoir mené également à de l'aquaplanage, ce qui lui a fait manquer de freinage et sortir de piste.
Vent et tornade
Certains types d'orages (généralement les plus violents) sont associés à de fortes rafales de vent qui peuvent causer des dommages par leur apparition soudaine, le changement de direction du vent ou un réchauffement soudain. Les tornades sont particulièrement dévastatrices mais ne se produisent qu'avec une infime proportion des orages.
Virga
Évaporation des précipitations sous le nuage d'orage.
Un orage à virga, ou orage sec, est un orage dont la base se situe à assez haute altitude et qui surplombe de l'air sec. Il est accompagné de foudre mais les précipitations qui tombent sous le nuage s'évaporent totalement ou presque totalement dans l'air sec sous-jacent21. Ces altocumulonimbus se forment le plus souvent dans une couche nuageuse instable en altitude, là où se trouve de l'humidité, au lieu de se développer à partir du sol. C'est pourquoi ils se produisent le plus souvent en fin de journée, ou la nuit, alors que le sommet des nuages se refroidit par radiation ce qui permet à l'air plus chaud et humide à la base d'être soulevé par la poussée d'Archimède. Ils peuvent également provenir de cumulonimbus formés dans une région chaude et humide en surface mais qui se déplace dans une autre zone sèche.
En général, il s'agit d'orages unicellulaires de faible intensité qui ne durent que peu de temps. Cependant, les précipitations qui s'évaporent sous le nuage refroidissent l'air car l'évaporation nécessite un apport de chaleur aux molécules d'eau. L'air refroidi étant plus dense que l'environnement, il accélère vers le sol et peut causer des rafales descendantes plus ou moins importantes22. En descendant, l'air se réchauffe par compression adiabatique et peut donner un coup de chaleur local23. Comme ces orages se produisent en régions souvent désertiques (nord du Sahara, Asie Centrale, États-Unis) ou à végétation éparse, les rafales de vent peuvent également causer des tempêtes de sable ou de poussière. La foudre peut aussi déclencher des feux de brousse qui ne peuvent être éteints car aucune pluie ne tombe. Les orages secs s'accompagnent souvent d'une activité électrique intense, et on peut parler familièrement d'« éclairs de chaleur ».
Production d'antimatière
Les nuages d'orage peuvent produire des rayons gamma de forte intensité, des faisceaux d'électrons accélérés et même de l'antimatière24,25. Des mesures effectuées en avion dans un nuage ont permis d'observer d'intenses impulsions de rayons gamma d'une énergie de 511 keV, qui sont la signature unique de l’annihilation d'un électron et de sa contrepartie d'anti-matière : le positon26,27. Aucun de ces effets n'a reçu à ce jour d'explication satisfaisante.
Climatologie
Carte mondiale avec la fréquence de la foudre.
Dans l'image ci-jointe le taux de foudre, indicateur d'orages, est généralement relié à la latitude et à la proximité de l'humidité. Les zones équatoriales montrent la plus grande densité de foudre, particulièrement les zones côtières, car les orages qui produisent la foudre sont générés par une instabilité de l'atmosphère et une humidité de bas niveau qui y sont présentes à l'année. À l'inverse, les latitudes moyennes et les zones polaires n'ont des conditions favorables qu'une partie de l'année.
Naturellement, les conditions à l'échelle synoptique organisent la convection également. Ce n'est pas partout à l'équateur où les conditions sont favorables à la formation des orages. Ainsi, la zone de convergence intertropicale, où convergent les alizés, donne le soulèvement nécessaire pour la formation d'orages assez continuels mais, au nord et au sud de celle-ci, il y a un mouvement descendant de l'air qui dégage le ciel. De la même manière, les eaux des courants marins froids inhibent les orages (ex., la côte ouest de l'Amérique du Nord et du Sud) alors que les eaux chaudes les favorisent (ex., le Gulf Stream où se déplacent les ouragans).
Dans les latitudes moyennes, l'air est plus instable en été alors qu'un maximum de température et d'humidité peut être retrouvé. Cependant, même en hiver les systèmes frontaux amènent en contact des masses d'air froid et chaud, ce qui peut créer les conditions favorables au développement orageux. Finalement, des effets locaux comme le régime de brise côtière, le soulèvement orographique et le réchauffement différentiel vont créer des conditions favorables localement à la convection.
En France
En France métropolitaine, les orages sont des phénomènes météorologiques globalement assez fréquents, principalement l'été, sur l'ensemble du territoire, certains lieux étant davantage exposés que d'autres. D'une manière générale, les orages sont souvent recensés sur un axe sud-ouest/nord-est28. Les lieux les plus exposés au risque orageux sont les départements pyrénéens, la région Rhône-Alpes et les massifs montagneux frontaliers ainsi que la Corse29. En 2019, c'est la commune de Sermano, en Haute-Corse, qui a été la plus foudroyée de France avec 7,15 éclairs nuage-sol/km230. À l'inverse, le risque d'orages est plus faible dans un large quart nord-ouest du pays, notamment en direction de la Bretagne et près de la Manche29,31.
Environnement
Les orages, comme d'autres évènements météorologiques (inondations, tempêtes, sécheresses), contribuent au lessivage et/ou à la remise en suspension d'aérosols ou à l'érosion de sols ou sédiments pollués, et donc à des transferts de polluants ou contaminants dans le temps et l'espace32. Les crues brutales ou les lessivages de sols urbains, routiers ou pollués par l'industrie ou l'agriculture ne peuvent généralement pas être absorbées par les bassins d'orage ou les stations d'épuration.
Orages historiques
Dans
Vue de Tolède avec son ciel orageux, peint vers 1596-1600,
El Greco est un des premiers artistes à se dispenser d'un sujet religieux au premier plan
33.
Certains orages ont marqué les mémoires, avec par exemple :
- en France l'orage de qui pourrait être une des causes de la crise ayant favorisé la Révolution française. Cet orage de grêle d'une force exceptionnelle a ravagé toutes les campagnes céréalières du bassin de la Loire au Rhin en passant par le nord de la France le 13 juillet, alors que, cette même année, des canicules et sécheresses sévissaient. Le tout menant à une perte des récoltes et donc à une hausse des prix des denrées de base34 ;
- de l'autre côté de l'Atlantique, le déluge de Montréal le a complètement paralysé la métropole québécoise de près de 2 millions d'habitants. Aux États-Unis, de nombreux événements orageux retiennent l'attention, dont les tornades de l'Oklahoma du 3 mai 1999, qui ont fait 88 morts et dont l'une était de force F5 avec les vents les plus forts jamais notés pour un tel phénomène35 ;
- le versant oriental des Andes, au centre de l’Argentine, connait des orages réputés être parmi les plus dévastateurs au monde, inondant souvent des cités et détruisant les vignobles qui se développent dans le pays, sous des grêlons parfois énormes pouvant atteindre la taille d'un pamplemousse36. Les sommets orageux s’élèvent alors jusqu’à 18 kilomètres d’altitude mais donnent rarement des tornades36.
Étude des orages
Les orages sont étudiés depuis fort longtemps. Plusieurs campagnes de mesures ont été effectuées aux États-Unis et ailleurs dans le monde, comme les expériences VORTEX dans la Tornado Alley et l'Alberta Hail Project en Alberta (Canada). Plusieurs chercheurs réputés ont fait avancer ce domaine dont Horace R. Byers, le premier à faire un classement des types orageux, Robert A. Houze, Charles A. Doswell III, Ted Fujita (à qui on doit l'échelle de Fujita) et Erik N. Rasmussen. Ces études utilisent une panoplie de capteurs météorologiques : stations météorologiques et radars météorologiques mobiles, mésonets, images du satellite météorologique, etc. Cette discipline météorologique a été notamment médiatisée par quelques films de cinéma et des vidéos en ligne sur Internet sur les « chasseurs d'orages », mais le vrai travail se fait par des chercheurs universitaires et gouvernementaux.
En 2018, un projet dénommé RELAMPAGO, financé à hauteur de 30 millions de dollars et piloté par Steve Nesbitt (scientifique spécialiste de l’atmosphère à l’Université de l’Illinois, vise - à partir du - à mieux comprendre les orages en Argentine ainsi dans le sud du Brésil37. Mobilisant environ 160 scientifiques de l'atmosphère venus principalement des États-Unis, d'Argentine et du Brésil, il s’agira de la plus grosse étude jamais menée sur les orages hors des États-Unis. Elle bénéficiera de matériels de chasseurs d'orages des États-Unis (radar mobile sur camions notamment) et s’appuiera sur des expériences en sciences de l’atmosphère (télédétection des processus d’électrification, de foudre, jusqu’aux échelles micrométriques)36. Elle utilisera également les radars météorologiques argentins dont une dizaine de radars à «double polarisation» qui transmettent et reçoivent des ondes radio polarisées verticalement et horizontalement capables de distinguer à distance la grêle, la pluie et la neige36. Le projet inclut un volet de sciences citoyennes, avec des habitants qui ont été formés à la collecte et à la mesure de grêlons, ainsi qu'à mesure des variations de niveaux de cours d’eau36.
Un projet connexe baptisé CACTI (acronyme de Cloud, Aerosol, and Complex Terrain Interactions, c’est-à-dire « nuages, aérosols et interactions complexes avec le terrain ») portera sur l’influence des particules atmosphériques telles que la poussière ou la brume sur le développement des orages36,38.
Selon la modélisation climatique actuelle, le réchauffement climatique et marin dotera l’atmosphère de plus d’énergie, ce qui pourrait lui faire « nourrir » dans le monde des orages plus violents ressemblant à terme aux plus puissants de ceux observés en Argentine39,40. Comprendre les tempêtes d’Argentine permettrait de mieux comprendre la météo du futur et ses risques.
Les nuages de la planète Vénus peuvent produire des éclairs comme les cumulonimbus terrestres. Le taux d'éclairs y est au moins la moitié du taux d'éclairs terrestres41.
Une couche mince de nuages d'eau semble exister sous la couche d'ammoniac à l'intérieur de l'atmosphère de la planète Jupiter. Des orages ont été identifiés à la suite de l'apparition d'éclairs. L'eau est une molécule polaire dont les charges peuvent être séparées, ce qui est à l'origine de la foudre42. Ces décharges électriques peuvent être des milliers de fois plus puissantes que les décharges terrestres43. Les orages engendrés dans les nuages d'eau ont pour origine la chaleur provenant de l'intérieur de la planète44.
Culture populaire
Dans les récits, de par son aspect bruyant, brutal, agressif et effrayant, le phénomène de l'orage est souvent associé à une situation d'épouvante ou angoissante. De surcroît, le phénomène se déroulant souvent la nuit, l'effet de peur en est accentué.
Orage et éclair de chaleur
L'expression populaire d’orage de chaleur se réfère au cas où un observateur situé à un endroit où le ciel est dégagé a l'occasion de contempler un orage en été. Le phénomène n'a rien à voir avec la chaleur mais au fait qu'il se trouve trop éloigné pour que les coups de tonnerre soient audibles, l'existence de l'orage ne lui est alors révélée que par la vision d'éclairs perçus comme de brèves illuminations du ciel ou d'un nuage. Il voit de la foudre nuage-nuage ou intra-nuage. Les éclairs sont aussi appelés des éclairs de chaleur ou encore fulgurations45.
Orage sec
Un orage sec est un orage qui produit peu ou pas de précipitations pour un observateur au sol. Il peut s'agir d'un orage dont la base des nuages est élevée parce que l'air est plus sec (ex. dans les Grandes Plaines d'Amérique du Nord). Dans ce cas, la pluie qui tombe du nuage peut s'évaporer totalement, et donner de la virga, ou en partie avant d'atteindre le sol. Cependant, la foudre associée à l'orage peut frapper le sol et produire un feu qui ne sera pas étouffé par la pluie46.
D'autre part, la foudre peut tomber directement de l'enclume du cumulonimbus alors que la colonne de précipitations se trouve sous la partie principale du nuage, et pour l'observateur l'orage sera sec47. Finalement, un orage en altitude ou un pyrocumulonimbus formé par un feu de forêt donnera également peu de pluie.
Notes et références
- « Étymologie » [archive], sur Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (consulté le )
- « Cumulonimbus » [archive], Glossaire de la météorologie, Météo-France, (consulté le )
- Service météorologique du Canada, MÉTAVI : L'atmosphère, le temps et la navigation aérienne, Environnement Canada, , 260 p. (lire en ligne [archive] [PDF]), chap. 13 (« Orages et tornades »), p. 121-135.
- (en) Robert H. Johns et Charles A. Doswell III, « Severe local storms forecasting », Weather and Forecasting, American Meteorological Society, vol. 7, no 4, , p. 588-612 (DOI 10.1175/1520-0434(1992)007%3C0588:SLSF%3E2.0.CO;2, lire en ligne [archive] [PDF]).
- Organisation météorologique mondiale, « Orage frontal » [archive], Glossaire météorologique, Eumetcal (consulté le ).
- (en) Bureau de Louiseville du National Weather Service, « Supercell Structure and Dynamics (Structure et dynamique des supercellulaires) » [archive], NOAA (consulté le ).
- (en) H. R. Byers, « Probing the thunderstorm », Weatherwise, no 1, , p. 47-50
- (en) Horace R. Byers et Roscoe R. Braham Jr, « Thunderstorm Structure and Circulation », Journal of Meteorology, American Meteorological Society, vol. 5, no 3, , p. 71–86 (DOI 10.1175/1520-0469%281948%29005%3C0071%3ATSAC%3E2.0.CO%3B2, lire en ligne [archive] [PDF], consulté le )
- (en) « Types of Thunderstorms » [archive], JetSteam, National Weather Service, (consulté le )
- (en) National Severe Storms Laboratory, « Thunderstorms types » [archive], Severe Weather 101, NOAA (consulté le )
- [PDF] (en) National Weather Service, « Article sur les caractéristiques des supercellulaires » [archive], NOAA (consulté le )
- (en) Paul Krehbiel, William Rison, Ronald Thomas, Timothy Hamlin, Jeremiah Harlin, Mark Stanley, Michael Jones, Jarrod Lombardo et Demian Shown, « Tornadic Storm of June 29, 2000 » [archive], Lightning Mapping Observations during STEPS 2000, New Mexico Tech University, (consulté le )
- (en) « Mesoscale Convective Systems » [archive], Université d'État de Pennsylvanie, (consulté le )
- (en) Departement of Atmospheric Sciences, « Mesoscale Convective System (MCS) » [archive], Université de l'Illinois, (consulté le )
- (en) AMS Glossary, « Mesoscale convective system » [archive], American Meteorological Society, (consulté le )
- National Weather Service, « Glossary at T » [archive], NOAA (consulté le )
- (en) Maddox, R.A., C.F. Chappell et L.R. Hoxit, « Synoptic and Meso¬Alpha Scale Aspects of Flash Floods Events », BAMS, American Meteorological Society, vol. 60, , p. 115-123
- (en) Maddox, R.A., « A Methodology for Forecasting Heavy Convective Precipitation and Flash Flooding », National Weather Digest, vol. 4, , p. 30-42
- (en) B. Hariharan, A. Chandra, S. R. Dugad, S. K. Gupta, P. Jagadeesan et al., « Measurement of the electrical properties of a thundercloud through muon imaging by the GRAPES-3 experiment », Physical Review Letters, , accepté pour publication.
- Météorage, « Le phénomène foudre / La foudre sous surveillance / Météorage / Météorage - prévention du risque foudre » [archive], sur www.meteorage.fr (consulté le )
- (en) National Weather Service, « Dry thunderstorms » [archive], Fire Weather Topics, NOAA, (consulté le ).
- (en) American Meteorological Society, « Virga » [archive], Glossary of Meteorology, American Meteorological Society, (ISBN 978-1-878220-34-9 et 1-878220-34-9, consulté le ).
- (en) American Meteorological Society, « Heat burst » [archive], Glossary of Meteorology, American Meteorological Society, (ISBN 978-1-878220-34-9 et 1-878220-34-9, consulté le ).
- (en) Joseph R. Dwyer et David M. Smith, « Deadly Rays from Clouds », Scientific American, vol. 307, , p. 54-59 (DOI 10.1038/scientificamerican0812-54)
- (en) Rob Garner, « Fermi Catches Antimatter-Hurling Storms » [archive], sur nasa.gov, (consulté le ).
- (en) Davide Castelvecchi, « Rogue antimatter found in thunderclouds », Nature, vol. 521, no 7551, , p. 135 (DOI 10.1038/521135a, lire en ligne [archive])
- (en) Jennifer Ouellette, « Fermi Spots Antimatter in Thunderstorms » (version du 21 février 2011 sur l'Internet Archive), Discovery News, .
- « orage » [archive], sur la.climatologie.free.fr (consulté le )
- « Météo Express - Fréquence des orages » [archive], sur meteo-express.com (consulté le )
- « 2019 : l’année la moins foudroyée en France » [archive], sur www.meteofrance.fr (consulté le ).
- « Orages : formation, cumulonimbus, foudre, éclair, tonnerre - Météo-France » [archive], sur www.meteofrance.fr (consulté le )
- Blake, W.H., Walsh, R.P.D., Barnsley, M.J., Palmer, G., Dyrynda, P., James, J.G., 2003. Heavy metal concentrations during storm events in a rehabilitatedindustrialised catchment. Hydrol. Process. 17, 1923–1939.
- La peinture espagnole, Braun, , p. 7
- J. Dettwiller, « L'orage du 13 juillet 1788 » [archive], Metamiga (consulté le )
- (en) « Doppler on Wheels » [archive], Center for Severe Weather Research (consulté le )
- (en) A. Witze, « Argentina’s mega-storms attract army of meteorologists : Massive project aims to improve predictions of intense lightning, hail and flash floods in the shadow of the Andes mountains », Nature, news, (lire en ligne [archive]).
- (en) C. Jones et L. M. Carvalho, « The influence of the Atlantic multidecadal oscillation on the eastern Andes low-level jet and precipitation in South America », Climate and Atmospheric Science, Nature, no 1 (article 40), (lire en ligne [archive]).
- (en) A. Varble, S. Nesbitt, P. Salio, E. Zipser, S. van den Heever, G. MdFarquhar et .al, Cloud, Aerosol, and Complex Terrain Interactions (CACTI) Science Plan : No. DOE/SC-ARM-17-004 Rev 1, États-Unis, DOE Office of Science Atmospheric Radiation Measurement (ARM) Program, (présentation en ligne [archive], lire en ligne [archive]).
- (en) J. P. Mulholland, S. W. Nesbitt, R. J. Trapp, K. L. Rasmussen et P. V. Salio, « Convective Storm Life Cycle and Environments near the Sierras de Córdoba, Argentina », Monthly Weather Review, vol. 146, no 8, , p. 2541-2557 (DOI 10.1175/MWR-D-18-0081.1, lire en ligne [archive] [PDF]).
- (en) Jeff Tollefson, « Severe weather linked more strongly to global warming : Climatologists propose different approach to detect human role in extreme events », Nature, (DOI 10.1038/nature.2015.17828, lire en ligne [archive]).
- (en) S. T. Russell, T.L. Zhang, M. Delva et al., « Lightning on Venus inferred from whistler-mode waves in the ionosphere », Nature, vol. 450, no 7170, , p. 661–662 (PMID 18046401, DOI 10.1038/nature05930, Bibcode 2007Natur.450..661R)
- (en) Linda T. Elkins-Tanton, Jupiter and Saturn, New York, Chelsea House, , 220 p. (ISBN 0-8160-5196-8)
- (en) Éditeur Susan Watanabe, « Surprising Jupiter: Busy Galileo spacecraft showed jovian system is full of surprises » [archive], NASA, (consulté le )
- (en) Richard A. Kerr, « Deep, Moist Heat Drives Jovian Weather », Science, vol. 287, no 5455, , p. 946–947 (DOI 10.1126/science.287.5455.946b, lire en ligne [archive], consulté le )
- « Orage de chaleur » [archive], Glossaire, Météo-France (consulté le ).
- (en) Bureau d'Albuquerque du NWS, « Dry thunderstorms » [archive], NOAA, (consulté le ).
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
- Orage, sur Wikimedia Commons
Bibliographie
- J. V. Iribarne et W. L. Godson, Atmospheric Thermodynamics, publié par D. Reidel Publishing Company, Dordrecht, Pays-Bas, 1973, 222 pages
- M. K. Yau et R. R. Rogers, Short Course in Cloud Physics, Third Edition, publié par Butterworth-Heinemann, , 304 pages. (ISBN 978-0-7506-3215-7 et 0-7506-3215-1)
- Anne Bondiou, Jean-Louis Fellous, Terre d'orages, CNRS Éditions, 2014, 166 p. (ISBN 978-2-271-07997-8)
Articles connexes
Liens externes
- « Dossier sur les orages » [archive], Phénomènes météo, Météo-France, (consulté le ).
- « Quelle est l'origine des orages ? » [archive], CultureSciences-Physique, sur culturesciencesphysique.ens-lyon.fr, École normale supérieure de Lyon (consulté le ).
- « Orages : et tout s’éclaire » [archive], La Méthode scientifique, France Culture, (consulté le ).
- Belgorage, « Documentaire sur les orages » [archive], Youtube (consulté le ). En 26 minutes, survol des connaissances de bases des orages telles que la genèse d'une cellule orageuse, l'électrisation des nuages, le niveau kéraunique mondial, les types de coups de foudre, la genèse d'un coup de foudre descendant négatif, etc.
- « Prévision des orages avec vidéo sur leur formation » [archive], sur www.meteo-pro.fr (consulté le ).
Foudre
Présentation
Type |
|
Partie de |
|
Matériau |
Décharge électrique
|
modifier - modifier le code - modifier Wikidata
La foudre est un phénomène naturel de décharge électrostatique disruptive de grande intensité qui se produit dans l'atmosphère, entre des régions chargées électriquement, et peut se produire soit à l'intérieur d'un nuage (décharge intra-nuageuse), soit entre plusieurs nuages (inter-nuageuse), soit entre un nuage et le sol (nuage-sol ou sol-nuage). La foudre est toujours accompagnée d'un ou plusieurs éclairs (émission intense de rayonnement électromagnétique, dont les composantes se situent dans la partie visible du spectre), et du tonnerre (émission d'ondes sonores), en plus d'autres phénomènes associés. Bien que les décharges intra-nuageuses et inter-nuageuses soient plus fréquentes, les décharges nuage-sol présentent un plus grand danger pour l'homme. La plupart des éclairs se produisent dans la zone tropicale de la planète et principalement sur les continents. Ils sont associés à des phénomènes convectifs, le plus souvent des orages.Certaines théories scientifiques considèrent que ces décharges électriques peuvent avoir été fondamentales dans l'émergence de la vie, en plus d'avoir contribué à son maintien. Dans l'histoire de l'humanité, la foudre a peut-être été la première source de feu, fondamentale pour le développement technique. Ainsi, les éclairs ont éveillé la fascination, étant incorporés dans d'innombrables légendes et mythes représentant le pouvoir des dieux. Des recherches scientifiques ultérieures ont révélé leur nature électrique et, depuis lors, les décharges ont fait l'objet d'une surveillance constante, en raison de leur relation avec les systèmes de tempête.En raison de la grande amplitude des tensions et des courants électriques qu'elle propage, la foudre est toujours dangereuse. Ainsi, les bâtiments et les réseaux électriques ont besoin de paratonnerres, des systèmes de protection. Cependant, même avec ces protections, la foudre cause toujours des morts et des blessures dans le monde entier.En tant que phénomène de haute énergie, la foudre se manifeste généralement par un chemin extrêmement lumineux qui parcourt de longues distances, parfois avec des branches. Cependant, il existe des formes rares, comme la foudre en boule, dont la nature est inconnue. La grande variation du champ électrique causée par des décharges dans la troposphère peut donner lieu à des phénomènes lumineux transitoires dans la haute atmosphère. La foudre peut trouver son origine dans d'autres événements, tels que les éruptions volcaniques, les explosions nucléaires et les tempêtes de sable. Des méthodes artificielles sont utilisées pour créer des éclairs à des fins scientifiques. La foudre se produit également sur d'autres planètes du Système solaire, en particulier Jupiter et Saturne.Histoire
La foudre est probablement apparue sur Terre bien avant la vie, il y a plus de trois milliards d'années. De plus, les éclairs ont probablement été fondamentaux pour la formation des premières molécules organiques, essentielles à l'apparition des premières formes de vie1. Depuis le début de l'histoire écrite, les éclairs fascinent les êtres humains. Le feu que les éclairs produisent lorsqu'ils touchent le sol sert à ceux-ci pour se réchauffer pendant la nuit, en plus de tenir les animaux sauvages à l'écart. L'homme primitif a donc cherché des réponses pour expliquer ce phénomène, créant des superstitions et des mythes qui ont été incorporés dans les premières religions2.
Importance biologique
La pression de vapeur explosive entre le tronc et l'écorce causée par la foudre a fait exploser l'écorce de ce bouleau.
Dès la formation de la Terre, les températures élevées de la croûte terrestre sont responsables de la formation de tempêtes importantes, violentes et permanentes, donnant naissance aux océans. L'eau, au cours de son cycle, transporte avec elle des éléments chimiques, tels que le carbone et l'azote, qui s'accumulent dans les mers primitives. Les rayons ultraviolets et la foudre ont peut-être grandement aidé le processus de combinaison de ces composés inorganiques ainsi qu'à leur transformation en acides aminés, composants essentiels pour l'émergence de la vie3.
Les décharges électriques sont la principale source de nitrites et de nitrates, essentiels à la vie des plantes. Les plantes ne sont pas en mesure d'utiliser directement l'azote atmosphérique, elles doivent donc être transformées en d'autres composés azotés. La foudre est responsable de ces réactions chimiques, ce qui maintient le cycle de l'azote4.
Les feux de forêt déclenchés par la foudre jouent un rôle fondamental dans l'évolution des plantes, car la consommation de matière sèche et l'élimination d'éventuels ravageurs par le feu sont bénéfiques pour l'environnement. Le processus d'évolution de la vie végétale semble être étroitement lié à l'apparition des incendies, qui favorisent l'émergence de nouveaux gènes. Il est possible que les incendies provoqués par la foudre aient été la première source de feu utilisée par les hommes primitifs, ce qui aurait été l'une des étapes importantes qui ont conduit à l'évolution et à la domination de celui-ci sur son environnement5.
Une étude météorologique démontre aussi que la foudre contribue à nettoyer l'atmosphère en produisant des radicaux hydroxyles au sommet du cumulonimbus. Ceux-ci réagissent avec d'autres molécules présentes dans l'air en les oxydant. Le processus capture des composés toxiques dans l'atmosphère, tels que le monoxyde de carbone et le méthane qui sont considérés comme des gaz majeurs au réchauffement climatique et à la destruction de la couche d'ozone. Ceci contribue entre 2 % et 16 % de la capacité oxydante de l'atmosphère terrestre6.
Recherche scientifique
Représentation de l'expérience de
Benjamin Franklin au
XVIIIe siècle, sur laquelle des étincelles induites par l'orage sortent du fil conducteur jusqu'à son doigt.
Dans les cultures modernes européennes, la première explication scientifique connue est écrite par le philosophe grec Aristote, au IVe siècle av. J.-C., attribuant l'orage à la collision entre deux nuages et la foudre au feu exhalé par ces nuages7. Cependant, les premières études systématiques ne sont conduites qu'en 1752, à Marly-la-Ville, près de Paris, lorsque Thomas-François Dalibard attire des éclairs au moyen d'une haute tige de fer isolée du sol par des bouteilles de verre. Cette expérience prouve la nature électrique de la décharge. Par la suite, de nombreux tests sont effectués. L'un des plus connus est celui de Benjamin Franklin, qui utilise des cerfs-volants et des ballons pour soulever des fils conducteurs, qui génèrent de petits éclairs grâce au champ électrique existant dans les nuages8.
Franklin a également démontré que la foudre se manifeste « le plus souvent sous la forme négative de l'électricité, mais parfois elle apparaît sous la forme positive ». En outre, le scientifique propose l'utilisation de grandes tiges métalliques pour la protection contre la foudre, qui, selon lui, ferait passer l'électricité silencieusement du nuage au sol. Plus tard, il se rend compte que ces tiges n’influencent pas les charges électriques présentes dans les nuages, mais qu'elles attirent en fait la foudre. Il finit par comprendre que, si les décharges électriques ne peuvent pas être évitées, il peut au moins les attirer à un point où il n'y aurait aucun danger, ce qui est connu sous le nom de paratonnerre. Pour prouver l'efficacité de ses idées, Franklin réunit des centaines de personnes près de Sienne, en Italie, en 1777, à un endroit souvent frappé par la foudre. Après l'installation du paratonnerre, la foule observe la foudre frapper le barreau métallique, sans l'endommager8.
En 1876, James Clerk Maxwell propose la création de dépôts pour la poudre noire entièrement enveloppés d'une couche de métal afin d'empêcher la foudre de faire exploser le composé. Lorsque la foudre frappe ce dépôt, le courant électrique reste dans cette couche extérieure et n'atteint pas la poudre. Ce système est connu sous le nom de cage de Faraday. Un système de grille peut également être utilisé ; cependant, plus la distance entre les conducteurs est grande, moins la protection est efficace. Les combinaisons entre le paratonnerre de Franklin et la cage de Faraday sont encore utilisées au XXIe siècle pour la protection des structures, en particulier là où se trouvent des appareils électroniques sensibles8.
L'apparition de la photographie et de la spectroscopie à la fin du XIXe siècle a une grande importance dans l'étude de la foudre. Plusieurs scientifiques ont utilisé le spectre généré par la foudre pour estimer la quantité d'énergie impliquée dans le processus physique qui se déroule sur une très courte période. L'utilisation de l'appareil photographique permet également de découvrir que la foudre a deux ou plusieurs flux électriques. Le développement de nouveaux appareils tels que les oscilloscopes et les compteurs de champs électromagnétiques au cours du XXe siècle permet une compréhension plus complète de l'origine et de l'occurrence des décharges8.
Caractéristiques
La foudre, qui est le plus souvent associée aux orages, est un gigantesque arc électrique d'électricité statique par lequel un canal conducteur se forme et des charges électriques sont transférées. Les éclairs peuvent se produire selon plusieurs types : à l'intérieur des nuages eux-mêmes, entre deux nuages, entre un nuage et l'air, et entre un nuage et le sol. Les points de contact d'un éclair dépendent de la façon dont les charges électriques sont réparties à l'intérieur des nuages9,10.
En général, la répartition des charges dans les nuages convectifs génère un champ électrique intense. Au sommet du nuage, qui est aplati et s'étend horizontalement, des charges positives s'accumulent dans les petits cristaux de glace provenant des courants de convection. Au centre, généralement dans une plage où la température est comprise entre −20 et −10 °C, les charges négatives sont en surabondance. Les dipôles formés valent chacun des dizaines de coulombs, séparés les uns des autres de quelques kilomètres verticalement. À la base du nuage se forme généralement une petite région de charges positives, dont la charge ne vaut que quelques coulombs. Dans les tempêtes plus développées, la distribution électrique est beaucoup plus complexe11.
Charge des nuages
Pour qu'une décharge électrique se produise, l'intérieur du nuage doit comporter un champ électrique important, qui provient du changement de la répartition des charges, électrisant le nuage. On ne sait pas exactement comment ce phénomène se produit, bien que certains concepts et prémisses de base aient été théorisés. Les modèles d'électrification sont divisés en deux modèles, convectifs et collisionnels12.
Selon le modèle d'électrification convective, les charges électriques initiales proviennent d'un champ électrique préexistant avant le développement du nuage d'orage. Lorsque le nuage d'orage se développe, les ions positifs s'accumulent à l'intérieur du nuage, ce qui induit des charges négatives sur ses bords. Comme les vents à l'intérieur du nuage sont ascendants, des courants d'air de direction opposée apparaissent sur les bords du nuage, transportant les charges négatives induites à la base du nuage, créant ainsi deux régions électriquement distinctes. Au fur et à mesure que le processus se développe, le nuage devient capable d'attirer de nouvelles charges par lui-même, ce qui permet l'apparition de décharges électriques. Bien qu'il démontre l'importance de la convection dans le processus d'électrification, ce modèle ne décrit pas de manière satisfaisante la répartition des charges au début de la tempête et sur le long terme13,14.
Modèle de séparation des charges lors de collisions inductives (à gauche) et non inductives (à droite) entre des particules de
glace ayant des propriétés différentes, dans lequel des charges de signe opposé s'accumulent.
Le modèle d'électrification par collisions, comme son nom l'indique, suppose que le transfert de charges a lieu au contact entre les particules du nuage pendant le processus de convection. Cependant, aucun consensus sur la façon dont la polarisation et la séparation des charges se produisent dans les minuscules particules de glace n'existe. Les théories sont divisées en deux classes, l'inductive (qui dépend d'un champ électrique préexistant) et la non-inductive. Dans le premier, le champ électrique préexistant, qui pointe vers le bas dans des conditions normales, provoque l'apparition de charges positives dans la partie inférieure des particules de glace et des charges négatives dans la région opposée. Les particules ont des tailles différentes, de sorte que les plus lourdes ont tendance à tomber tandis que les plus légères sont emportées par les vents convectifs. Le contact de la plus petite particule avec l'hémisphère inférieur de la plus grande provoque le transfert des charges, la plus légère étant chargée positivement et la plus lourde étant chargée négativement. À mesure que le nuage se développe, des charges négatives s'accumulent à sa base et des charges positives à son sommet, intensifiant de plus en plus le champ électrique et le processus de polarisation des particules au point de produire des grilles avec des différences de potentiel et des décharges15.
L'électrification non inductive, en revanche, a pour principe la génération de charges à partir de la collision entre des particules ayant des propriétés intrinsèques différentes. La neige roulée (particule sphérique plus petite que la grêle) et les petits cristaux de glace, lorsqu'ils entrent en collision, acquièrent des charges opposées. La première, plus lourde, porte des charges négatives, tandis que les cristaux atteignent le sommet du nuage, qui est ainsi chargé positivement. Pour cela, des conditions favorables doivent être réunies, notamment la température (inférieure à −10 °C) et la quantité optimale d'eau dans le nuage. Selon les caractéristiques observées, cela semble être le processus le plus important d'électrification du nuage d'orage, ce qui n'élimine pas les autres processus d'électrification16,17.
Décharge
Dans des conditions normales, l'atmosphère terrestre est un bon isolant électrique. La rigidité diélectrique de l'air au niveau de la mer atteint trois millions de volts par mètre, mais elle diminue progressivement en fonction de l'altitude, principalement en raison de la raréfaction de l'air18,19. Au fur et à mesure de la séparation des charges du nuage, le champ électrique devient de plus en plus intense, et finit par dépasser la rigidité diélectrique de l'air. Ainsi, un chemin de plasma conducteur émerge à travers lequel les charges électriques peuvent circuler librement, formant ainsi une décharge électrique appelée foudre20.
Les éclairs se manifestent sous des formes diverses, et sont catégorisés selon leur origine et leur destination. Le type de foudre le plus courant se produit à l'intérieur des nuages ; la seconde forme la plus courante est l'éclair négatif nuage-sol21,22.
Décharge nuage-sol négative
Un éclair nuage-sol au
ralenti, pendant un cinquantième de seconde.
La décharge commence lorsque la première rupture de la rigidité diélectrique de l'air se produit, à partir de la région occupée par les charges négatives, à l'intérieur du nuage, traversé par un canal dans lequel les charges circulent librement. La pointe de la décharge se dirige vers la plus petite concentration de charges positives, à la base du nuage. Par conséquent, une grande quantité d'électrons se déplace vers le bas du nuage, tandis que le canal continue de s'étendre vers le bas, en direction du sol. La pointe de la décharge avance par étapes, de cinquante mètres toutes les cinquante microsecondes. La pointe de l'éclair se partage généralement en plusieurs branches et émet une lumière extrêmement faible à chaque saut de décharge. En moyenne, une charge de cinq coulombs de charges négatives s'accumule dans le canal ionisé de manière uniforme, et le courant électrique est de l'ordre de cent ampères23,24.
Les électrons induisent une accumulation de charges opposées dans la région située juste en dessous du nuage. À partir du moment où elles commencent à se diriger vers le sol, les charges positives ont tendance à être attirées et à se regrouper aux extrémités des objets terrestres. À partir de ces points, l'air est ionisé, faisant apparaître des chemins ascendants similaires, allant à l'encontre du premier chemin descendant25,26.
Lors du contact avec le sol ou un objet terrestre, les électrons commencent à se déplacer beaucoup plus vite, produisant une luminosité intense entre le nuage et le point de contact. Lorsque les électrons et les branches commencent à prendre de la vitesse et à se déplacer vers le sol, l'ensemble du trajet ionisé s'illumine. La totalité de la charge négative, y compris celle du nuage, se dissipe dans le sol en un flux qui dure quelques microsecondes. Dans cet intervalle, cependant, la température à l'intérieur du chemin atteint plus de trente mille degrés Celsius27.
En général, trois ou quatre décharges se produisent en moyenne dans le même éclair, appelées décharges de retour ultérieures, séparées les unes des autres par un intervalle d'environ cinquante millisecondes. Dans le cas où le nuage contient encore des charges négatives, une nouvelle décharge apparaît, qui se déplace plus rapidement que la décharge initiale car elle suit le chemin ionisé déjà ouvert, atteignant le sol en quelques millisecondes. Cependant, la quantité d'électrons déposés dans les décharges de retour ultérieures est généralement plus faible que dans la première. Alors que le courant de décharge initial est généralement de 30 kiloampères (kA), les décharges ultérieures ont un courant compris entre 10 et 15 kA. En moyenne, trente coulombs sont transférés du nuage au sol28,29. Il est possible d'observer un éclair principalement grâce aux différentes décharges de retour. En général, la durée moyenne de l'ensemble de ce processus est de 0,2 seconde30,31.
Décharge nuage-sol positive
La foudre ne provient pas toujours des zones chargées négativement d'un nuage. Dans certains cas, des décharges électriques se produisent au sommet de gros cumulonimbus, dont la forme supérieure s'étend horizontalement. Bien qu'ils soient relativement rares, les éclairs positifs ont des caractéristiques particulières. Au départ, le canal précurseur présente une uniformité, différente de ce qui se produit dans une décharge négative. Lorsque le contact est établi, une seule décharge de retour intervient, dont le pic de courant atteint plus de 200 kiloampères, valeur beaucoup plus élevée que pour les éclairs négatifs. Ce processus dure généralement quelques millisecondes. Ce type de décharge offre un potentiel de destruction beaucoup plus important que les décharges négatives, en particulier pour les bâtiments industriels, en raison de la charge importante qu'elle transporte32,33,34.
Décharge intra-nuageuse
La plupart des éclairs se produisent à l'intérieur des nuages. Un canal précurseur de la décharge apparaît dans le noyau négatif de la partie inférieure du nuage et se poursuit vers le haut, où les charges positives sont généralement concentrées. D'une durée typique de 0,2 seconde, ces décharges ont une luminosité presque continue, marquée par des impulsions éventuellement attribuées aux décharges de retour qui se produisent entre les poches de charge. La charge totale transférée dans une telle décharge est du même ordre que celle des éclairs nuage-sol35.
La décharge commence par le mouvement des charges négatives qui forment un canal précurseur dans le sens vertical, qui se développe en 10 à 20 millisecondes et peut atteindre quelques kilomètres de longueur. Lorsqu'il atteint le sommet du nuage, ce canal est divisé en branches horizontales, à partir desquelles se produit le transfert d'électrons depuis la base du nuage. Autour du début du canal de décharge, les charges négatives se déplacent dans sa direction, prolongeant les branches à la base du nuage et augmentant la durée de la décharge. La foudre se termine lorsque la connexion principale entre les parties inférieure et supérieure du nuage est rompue36.
Décharge sol-nuage
Depuis les structures élevées et les sommets des montagnes, des canaux précurseurs de décharge peuvent apparaître et suivre une direction verticale vers le nuage. Dès lors, les charges négatives stockées dans le nuage s'écoulent vers le sol ou, plus rarement, des électrons s'écoulent vers le nuage. En général, le canal précurseur émerge d'un seul point, à partir duquel il se ramifie dans une direction verticale vers le nuage. Son apparition est principalement liée à des structures métalliques, telles que des bâtiments et des tours de communication, dont la hauteur atteint plus de cent mètres et dont les extrémités sont capables de potentialiser le champ électrique induit et donc d'initier une décharge précurseur. Lorsque la connexion est établie, les rejets de retour se produisent d'une manière similaire aux rejets négatifs des nuages au sol37,38,39.
Décharge artificielle
La foudre artificielle peut être obtenue au moyen de petites fusées qui, en s'élevant, portent un mince fil métallique connecté. Lorsque l'appareil s'élève, ce fil se déploie jusqu'à ce que, dans de bonnes conditions, une décharge électrique se produise en passant à travers le fil jusqu'au sol. Le fil se vaporise instantanément, mais le chemin emprunté par le courant électrique est généralement rectiligne grâce au cheminement des atomes ionisés laissé par le fil40. Il est également possible de créer des éclairs initiés par des faisceaux laser, qui créent des filaments de plasma pendant de courts moments, permettant aux charges électriques de circuler et donnant lieu à une décharge électrique41.
Particularités
La foudre apparaît généralement de manière intense et brillante, produisant parfois un effet stroboscopique. La luminosité d'un éclair peut être perçue à plusieurs dizaines de kilomètres de distance. S'il n'y a pas de précipitations au site d'observation, on parle souvent de « foudre ou éclair de chaleur » car ce phénomène est généralement associé aux orages estivaux à sommet élevé loin de l'observateur42. Lorsqu'un éclair se produit à l'intérieur d'un nuage, la foudre est capable de l'illuminer complètement, éclairant également le ciel21,22.
Éventuellement, les décharges intra-nuageuses peuvent se manifester sous la forme de canaux extrêmement ramifiés qui s'étendent horizontalement dans les régions les plus élevées du nuage, sur une grande partie de celui-ci. Les éclairs qui sont distribués horizontalement semblent généralement se déplacer plus lentement que la moyenne. Dans les décharges nuage-sol, il est possible que des éclairs à la forme similaire à un ruban se produisent. Ceci est dû à des vents forts qui sont capables de déplacer le canal ionisé. À chaque décharge, l'éclair semble alors se déplacer latéralement, formant des segments parallèles les uns aux autres21,22.
Les décharges positives, parce qu'elles partent de la partie la plus élevée du cumulus, peuvent s'étendre au-delà de la région de la tempête, dans une région où le temps est stable, à des kilomètres de distance. Le canal de ce type d'éclair peut se déplacer horizontalement sur quelques kilomètres avant de se diriger soudainement vers le sol43.
Les décharges de toutes sortes laissent un canal d'air ionisé extrêmement chaud par lequel elles passent. En coupant le flux des charges électriques, le canal restant se refroidit rapidement et se décompose en plusieurs parties plus petites, créant une séquence de points lumineux qui disparaît rapidement. Les segments se forment car le canal n'a pas une épaisseur constante sur toute sa longueur, et les parties plus épaisses prennent plus de temps à refroidir. Ce phénomène est extrêmement difficile à observer, car l'ensemble du processus ne prend qu'une petite fraction de seconde22,44.
Un phénomène appelé la foudre en boule a également été rapporté. Celle-ci a un diamètre moyen compris entre vingt et cinquante centimètres, semble apparaître lors de tempêtes, a une luminosité moins intense que les autres éclairs et se déplace généralement horizontalement dans une direction aléatoire. Ce phénomène ne dure que quelques secondes. Il subsiste de nombreux doutes quant à son existence, qui n'a pas encore été prouvée, bien qu'il existe de nombreux témoignages historiques, certains rapportant en avoir vu à l'intérieur de bâtiments22,45,46.
Autres origines
En plus des tempêtes, les éruptions volcaniques sont une source fréquente de foudre. Pendant l'éruption, les particules de cendres volcaniques entrent en collision les unes avec les autres, et leur frottement génère une accumulation de charges électriques. L'ampleur de l'activité électrique est directement dépendante de la taille du nuage de cendres ; celle-ci dépend quant à elle de l'intensité de l'éruption. Ces décharges électriques, appelées orage volcanique, sont généralement confinées dans le nuage ; peu d'entre elles atteignant des régions plus éloignées. Ils représentent néanmoins une source importante d'interférences pour les transmissions radio et provoquent parfois des feux de forêt47,48. Il existe également des éclairs provenant de nuages de fumée de grands incendies49.
Les explosions thermonucléaires peuvent provoquer des décharges électriques. Ces phénomènes se produisent généralement en transférant des électrons du sol vers l'atmosphère, formant des canaux ionisés de plusieurs kilomètres de long. L'origine de ce phénomène n'est pas connue, mais il est possible que l'émission radioactive de l'explosion ait un rôle à jouer dans ce phénomène50.
Les tempêtes de sable sont également des sources de décharges électriques, qui peuvent provenir de la collision entre les particules de sable qui, lorsqu'elles entrent en contact, accumulent des charges et génèrent des décharges51.
Phénomènes connexes
La foudre produit des rayonnements électromagnétiques de différentes fréquences, notamment de la lumière visible, des ondes radio et des rayonnements de haute énergie. Ces rayonnements caractérisent la foudre. L'augmentation de la température dans le canal de la foudre, en revanche, produit des ondes sonores qui forment le tonnerre. La variation du champ électrique de décharge est également à l'origine d'autres types de phénomènes transitoires dans la haute atmosphère. En général, la foudre se produit en plus grand nombre pendant les orages52. Lorsqu'une décharge tombe directement sur un sol sablonneux, l'immense température provoque la fusion de ses particules qui, une fois le courant coupé, fusionnent et forment un fulgurite, dont la forme acquise correspond au trajet de la décharge dans le sol53.
Tonnerre
Les ondes sonores provoquées par une décharge électrique caractérisent le tonnerre. Elles sont dues à l'expansion rapide de l'air due au réchauffement du canal de décharge. La fréquence varie entre quelques hertz à quelques kilohertz. L'intervalle de temps entre l'observation de la foudre et la perception du tonnerre est différencié par le fait que la lumière se déplace beaucoup plus vite que le son, qui a une vitesse de 340 mètres par seconde54,55.
Lorsque la foudre se produit à moins de cent mètres d'un auditeur, le tonnerre se présente comme une onde sonore soudaine de grande intensité qui dure moins de deux secondes, suivie d'une forte détonation qui dure plusieurs secondes jusqu'à ce qu'elle se dissipe. La durée du tonnerre dépend de la forme du faisceau, et les ondes sonores se propagent dans toutes les directions à partir de l'ensemble du canal, ce qui entraîne une grande différence entre la partie la plus proche et la plus éloignée de l'auditeur. Comme l'atmosphère atténue les ondes sonores, le tonnerre associé aux décharges qui se produisent à grande distance devient inaudible lorsqu'il se déplace sur quelques kilomètres et perd ainsi de l'énergie. De plus, le fait que les tempêtes se produisent dans des zones d'instabilité atmosphérique favorise la dissipation de l'énergie sonore54,55.
Rayonnement à haute énergie
La foudre produit des rayonnements dans des plages très variées du spectre électromagnétique, allant des ultra-basses fréquences aux rayons X et gamma, en passant par le spectre visible. Les rayons X et gamma sont de haute énergie et résultent de l'accélération des électrons dans un champ électrique intense au moment de la décharge. Ils sont atténués par l'atmosphère, les rayons X étant limités à proximité de l'éclair, tandis que les rayons gamma, bien que leur intensité soit considérablement réduite en fonction de la distance, peuvent être détectés à la fois depuis le sol et depuis des satellites artificiels. Les tempêtes sont généralement associées à l'apparition de flashs de rayons gamma dans la haute atmosphère terrestre. Les satellites, comme AGILE, surveillent l'apparition de ce phénomène, qui a lieu des dizaines de fois tout au long de l'année56,57,58,59.
Des modèles suggèrent qu'un type de décharge exotique peut être produit à l'intérieur des tempêtes, dans lequel l'interaction entre les électrons de haute énergie et leur antimatière correspondante, les positons, se produit. Ce processus conduit à la production de particules plus énergisées qui finissent par produire des flambées de rayons gamma. Ces décharges sont extrêmement rapides, plus que les éclairs eux-mêmes et, malgré la grande quantité d'énergie impliquée, n'émettent que peu de lumière. Il est possible que les avions traversant à proximité des tempêtes reçoivent des doses importantes de radiation, bien que des résultats concluants n'aient pas encore été obtenus60,61.
Couleurs et longueurs d'onde
Le long du chemin parcouru, la décharge surchauffe les gaz de l'atmosphère et les ionise (la température peut atteindre cinq fois celle de la surface du soleil, soit 30 000 K). Il se forme un plasma conducteur, à l'origine de l'émission soudaine de lumière observable62. La couleur de cet éclair dépend de plusieurs facteurs : la densité de courant, la distance de l'observateur à l'éclair, et de la présence de différentes particules dans l'atmosphère. En général, la couleur perçue d'un éclair est blanche dans un air sec, jaune en présence d'une grande quantité de poussières, rouge en cas de pluie, et bleue en présence de grêle63.
La perception de couleur blanche de l'éclair est aussi liée à l'ensemble des longueurs d'onde des différents éléments présents dans l'air électrifié. La présence dans l'atmosphère d'oxygène et d'azote contribue à des longueurs d'onde correspondant au vert (508 à 525 nm) et jaune-orange (599 nm) pour l'oxygène et bleu (420 à 463 nm) et rouge (685 nm) pour l'azote64.
Parasites radio
La décharge électrique ne se limite pas aux longueurs d'onde visibles. Elle se reflète dans un large domaine des rayonnements électromagnétiques dont les ondes radios65. Comme ces émissions sont aléatoires, on parle de « parasites atmosphériques »66. Les ondes créées propagent du bruit blanc qui se superpose aux signaux de télécommunications, ressemblant à un grésillement pour un auditeur. Ces parasites vont des basses fréquences jusqu'aux bandes UHF65.
Résonances de Schumann
Entre la surface de la Terre et l'ionosphère, à quelques dizaines de kilomètres d'altitude, se forme une cavité à l'intérieur de laquelle sont emprisonnés les rayonnements électromagnétiques de très basse fréquence (de l'ordre de quelques hertz). En conséquence, les rayons circulent plusieurs fois autour de la Terre jusqu'à ce qu'ils se dissipent. Dans cette gamme de fréquence, les rayons produisent des radiations, ils sont donc les principales sources pour le maintien de ce phénomène appelé « résonances de Schumann ». La superposition des rayonnements émis à tout moment et les résonances qui en résultent produisent des pics de rayonnement qui peuvent être mesurés. La surveillance de la résonance de Schumann est une méthode importante dans la surveillance de l'activité électrique de la planète liée aux tempêtes et peut donc être utilisée dans l'analyse du climat mondial67,68,69,70.
Phénomène lumineux transitoire
Les différentes formes de phénomènes lumineux transitoires.
Dans la haute atmosphère terrestre, au-dessus des nuages d'orage, des émissions se produisent avec des caractéristiques diverses, collectivement appelées phénomènes lumineux transitoires. Bien qu'elles s'étendent sur des dizaines de kilomètres dans la stratosphère et la mésosphère, il est pratiquement impossible de les observer à l'œil nu en raison, surtout, de leur faible luminosité. Cependant, des caméras installées dans des avions, des satellites ou même au sol, mais pointées sur des tempêtes proches de l'horizon, sont capables de prouver l'existence de ce phénomène. Son origine est attribuée à l'excitation de l'électricité par la variation du champ électrique, en particulier lors d'un éclair nuage-sol71.
Parmi les phénomènes transitoires les plus remarquables, on peut citer les farfadets, qui apparaissent immédiatement au-dessus de grands éclairs survenus lors d'un orage, présentant généralement des couleurs rougeâtres et des formes cylindriques qui ressemblent à des tentacules. Les jets bleus, à leur tour, apparaissent au sommet des gros nuages d'orage et se propagent dans une direction verticale jusqu'à une cinquantaine de kilomètres de haut. Les deux ont une durée maximale de quelques millisecondes. Enfin, les elfes (acronyme anglais pour « émission de lumière et perturbations à très basse fréquence par des sources d'impulsions électromagnétiques ») ont une forme de disque et durent quelques millisecondes. Leur origine provient peut-être de la propagation d'une impulsion électromagnétique générée au moment des décharges dans le nuage en dessous71,72,73.
Distribution
Fréquence des éclairs
Fréquence des coups de foudre dans le monde par km²/an.
Grâce aux observations par satellite, il est possible d'estimer la distribution de la foudre dans le monde entier. En moyenne, entre cinquante et cent coups de foudre sont enregistrés chaque seconde sur la planète, ce qui représente entre un et trois milliards de coups de foudre par an, dont plus de 90 % sont répartis sur les terres émergées. Les données obtenues grâce aux instruments prouvent que la plupart des foudroiements se produisent dans les régions tropicales et subtropicales, principalement en Afrique centrale, en Asie du Sud et du Sud-Est, au centre et au nord de l'Amérique du Sud ainsi qu'au sud des États-Unis74. Ainsi, les quatre endroits ayant la plus grande fréquence de coups de foudre selon la NOAA sont : Lagunillas (Lac Maracaibo) au Venezuela (232,52 éclairs/km2 par an), Kabare et Kampene en République démocratique du Congo (respectivement 205,31 et 176,71) et Cáceres en Colombie (172,29)75.
Les structures élevées ont tendance à recevoir plus de décharges. Par exemple, l'Empire State Building de New York est frappé une vingtaine de fois par an, dont plus de la moitié sont des décharges sol-nuage76. La statue du Christ Rédempteur de la ville de Rio de Janeiro reçoit en moyenne six éclairs tout au long de l'année77. Dans les régions polaires du Nord et du Sud, en revanche, les éclairs sont pratiquement inexistants78.
Grande fréquence d'éclairs durant un orage en 1991 à
Sydney, en Australie.
L'apparition de la foudre est directement liée aux systèmes convectifs qui, au plus fort de leur activité, peuvent produire plus d'un éclair par seconde. Les tempêtes qui présentent des complexes convectifs de méso-échelle, comme les cyclones tropicaux et les ouragans, atteignent des niveaux extrêmes de décharges électriques, dont le pic atteint plus d'un éclair nuage-sol par seconde. La formation d'orages supercellulaires a également une forte relation avec l'apparition d'éclairs positifs, avec plus de trente occurrences par heure. La relation entre le taux de décharge dans un orage supercellulaire et la formation de tornades n'est pas encore claire. Il est également à noter que des éclairs nuage-sol peuvent se produire exactement en dessous de l'endroit où le nuage présente son altitude maximale, bien que cette relation n'ait pas encore été confirmée pour tous les types de tempêtes, en particulier celles qui se produisent au-dessus de l'océan. Bien que la foudre soit toujours associée aux orages, et que ceux-ci produisent de la pluie, la relation directe entre les deux phénomènes n'est pas connue79. Dans les régions tropicales, l'activité électrique se concentre principalement pendant les mois d'été78.
Il est possible que le réchauffement climatique entraîne une augmentation de l'incidence de la foudre dans le monde entier. Cependant, les prévisions diffèrent de 5 à 40 % de l'incidence actuelle pour chaque degré Celsius d'augmentation moyenne de la température atmosphérique78.
Un modèle mathématique développé par Marcia Baker, Hugh Christian et John Latham permet d'estimer la fréquence des éclairs, représentée par la lettre f {\displaystyle f}
80. Selon le modèle, celle-ci est proportionnelle à la réflectivité radar Z {\displaystyle Z}
et la largeur du mouvement ascendant R {\displaystyle R}
et dépend également de la concentration de cristaux de glace et de granulés de neige roulée dans le nuage. Dans certains cas, la fréquence des éclairs est également proportionnelle à la puissance d'un nombre élevé de la vitesse des mouvements d'air ascendants w {\displaystyle w}
. La puissance considérée est généralement six, soit w 6 {\displaystyle w^{6}}
81. Selon un autre modèle, valable pour les orages tropicaux, la fréquence de la foudre est proportionnelle à la puissance cinq de la profondeur du front froid. La profondeur du front froid, représentant la différence entre l'altitude du sommet de l'orage tropical et celle du point où il fait 0 °C, est quant à elle proportionnelle au taux de charge et à l'électricité statique stockée dans les nuages convectifs82.
Détection et surveillance
Antennes faisant partie d'un réseau de détection de la foudre en Chine. Ce réseau peut détecter les éclairs en trois dimensions dans les orages.
La plus ancienne technique d'analyse de la foudre, utilisée depuis 1870, est la spectroscopie, qui consiste en la décomposition de la lumière à différentes fréquences. Cette méthode a permis de déterminer la température à l'intérieur d'un éclair, ainsi que la densité des électrons du canal ionisé83. Il existe également des systèmes d'appareils utilisés depuis 1920 qui ont pour principe la détection du rayonnement électromagnétique de la foudre, ce qui permet de déterminer, en plus de son emplacement, son intensité et sa forme84. Des appareils capables de mesurer directement le courant électrique incident sont généralement installés aux endroits où l'incidence de la foudre est élevée, en particulier dans de hauts bâtiments et au sommet des montagnes85.
L'utilisation de caméras a permis l'analyse systématique des étapes d'une décharge électrique. La foudre ayant une durée très courte, les caméras haute vitesse sont fondamentales pour détecter les intervalles de temps dans lesquels les charges brisent la rigidité diélectrique de l'air et transfèrent des charges électriques entre deux régions, surtout après avoir comparé les images avec la variation du champ électromagnétique. Dans les hautes structures, comme les bâtiments et les tours de communication, des capteurs sont installés afin de permettre une évaluation directe de la quantité de charges qui les traversent pendant un orage. Pour surveiller les rejets sur une grande surface, des réseaux de capteurs stratégiquement installés ont été créés afin de détecter avec précision l'emplacement des ondes électromagnétiques émanant des décharges. Cependant, en envoyant des satellites capables de comptabiliser toutes les décharges à l'échelle mondiale, il a été possible d'obtenir la dimension réelle de l'activité électrique de la planète78.
Les dispositifs envoyés à l'intérieur de nuages fournissent des données importantes concernant la répartition des charges d'un nuage. Des ballons-sondes, des petites fusées et des avions correctement équipés sont délibérément déployés dans les orages, se faisant alors frapper des dizaines de fois par des décharges78.
Il existe également des systèmes de détection au sol. Le moulin à champ est un instrument de mesure de champ électrique statique. En météorologie, cet instrument permet, grâce à l’analyse du champ électrostatique au-dessus de lui, de signaler la présence d'un nuage électriquement chargé traduisant l'imminence de la foudre86,87. Il existe également des réseaux d’antennes réceptrices qui reçoivent un signal radio généré par la décharge. Chacune de ces antennes mesure l'intensité de l'éclair ainsi que sa direction. Par triangulation des directions tirées de toutes les antennes, il est possible de déduire la position de la décharge88. Le laser téramobile peut servir à frayer à la foudre un chemin rectiligne89, il a également permis de générer des éclairs et les guider sur plusieurs mètres mais n'a pu les guider jusqu'au sol90.
Des systèmes mobiles à une antenne directionnelle peuvent déduire la direction et l’intensité du coup de foudre ainsi que sa distance par l’analyse de la fréquence et de l’atténuation de l'amplitude du signal88. Des satellites artificiels en orbite géostationnaire peuvent également mesurer des éclairs produits par des orages en balayant la zone de vision en cherchant des flashs lumineux. Entre autres, les séries de satellites GOES et Météosat se situent à environ 36 000 km de la Terre. À cette distance, l'épaisseur de l'atmosphère peut être négligée et la position peut être déduite en latitude et longitude directement91.
Les réseaux de détecteurs de foudre sont utilisés par les services météorologiques comme le Service météorologique du Canada, Météo-France et le National Weather Service américain pour suivre les orages et prévenir les populations92,93,94. D'autres utilisateurs privés et gouvernementaux les utilisent également, dont en particulier les services de préventions des feux de forêts, les services de transport d'électricité, comme Hydro-Québec, et les usines d'explosifs95,96.
Dangers et protections
Un arbre touché par la foudre.
La foudre tombe souvent sur le sol, de sorte que les infrastructures non protégées sont sujettes à des dommages causés par les décharges électriques. L'ampleur des dommages causés dépend en grande partie des caractéristiques du site sur lequel la foudre s'abat, notamment de sa conductivité électrique, mais aussi de l'intensité du courant électrique et de la durée de la décharge. Les ondes sonores générées par la foudre causent généralement des dommages relativement mineurs, comme des bris de verre97. Lorsqu'un objet est frappé, le courant électrique augmente énormément sa température, de sorte que les matériaux combustibles présentent des risques d'incendie98.
Pour l'homme
Il n'existe pas de données fiables sur le nombre de décès liés à la foudre survenus dans le monde, car de nombreux pays ne tiennent pas compte de ce type d'accident. Cependant, la zone à risque se trouve parmi les tropiques, où vivent environ quatre milliards de personnes78. Au Brésil, 81 personnes sont mortes de décharges électriques en 2011, dont un quart dans le Nord du pays. Selon les chercheurs de l'INPE, le nombre de décès est directement lié au manque d'éducation de la population vis-à-vis de la foudre. Dans la région du sud-est, par exemple, le nombre de décès a diminué, même avec l'augmentation de l'incidence de la foudre. Dans le pays, la plupart des personnes touchées se trouvent à la campagne, exerçant des activités agricoles et utilisant des objets en métal tels que des houes et des machettes. La deuxième cause principale est la proximité de véhicules métalliques et l'utilisation de motos ou de vélos pendant une tempête99.
En cas de tempête, la meilleure forme de protection personnelle est de chercher un abri. Les maisons et bâtiments fermés, en particulier ceux qui sont équipés de systèmes de protection contre les décharges électriques, sont les plus sûrs. Les véhicules en métal, tels que les voitures et les bus, offrent une protection raisonnable, mais leurs fenêtres doivent être fermées et tout contact avec des éléments métalliques doit être évité. Il est recommandé d'éviter de se tenir à proximité d'arbres isolés, de tours métalliques, de poteaux et de clôtures métalliques afin d'amoindrir les chances de se faire toucher par la foudre. Il est fortement recommandé, dans les situations à risque, de ne pas rester dans les champs, les piscines, les lacs et l'océan. À l'intérieur des bâtiments, il convient d'éviter l'utilisation de tout équipement dont la surface conductrice s'étend aux zones extérieures, comme les équipements électriques et les conduites d'eau100.
La foudre peut blesser les gens de plusieurs façons : par une décharge directe à travers le corps, par le courant causé par une décharge à proximité ou par le contact avec un objet conducteur frappé par la foudre. Les symptômes légers d'un choc de foudre comprennent la confusion mentale, la surdité, la cécité temporaires, et des douleurs musculaires. Dans ces cas, la guérison complète est généralement possible. Dans les cas modérés, des troubles mentaux, des déficiences motrices, des brûlures au premier et au deuxième degré peuvent affecter les victimes. Le rétablissement est possible, mais il est probable que des séquelles subsistent, telles que des confusions mentales, des difficultés psychomotrices et des douleurs chroniques. Enfin, les graves dégâts causés par les décharges électriques entraînent, entre autres, un arrêt cardiaque, des lésions cérébrales, de graves brûlures et une surdité permanente. Le patient présente, la plupart du temps, des séquelles irréversibles qui affectent principalement le système nerveux. En moyenne, une personne sur cinq touchée par la foudre meurt en conséquence101,102.
Pour l'aviation
Les risques dans l'aviation sont moindres mais pas pour autant inexistants. Les avions réagissent aux éclairs de la même manière qu'une cage de Faraday — le courant circule uniquement dans le fuselage —, et, lorsqu'un avion est touché par un éclair, celui-ci entre généralement par un point pointu de l'appareil, tels que le nez, et sort à la queue103. Il peut arriver que la carlingue de l'avion soit brûlée ou fondue aux points d'impact de l'éclair, mais ces dommages ne présentent pas de risques pour les passagers de l'avion et il peut même arriver de ne pas sentir le choc104,105. Les planeurs, étant plus petits que des avions traditionnels, peuvent être détruits en plein vol par des éclairs106.
Les parties les plus à risque sont l'électronique de bord et les réservoirs d'essence de l'avion103. La protection de ces derniers est devenue apparente à la suite du vol Pan Am 214, qui s'est écrasé en 1963 après qu'un éclair ait créé une étincelle dans le réservoir de l'avion107. Les réservoirs et l'électronique sont sécurisés par une mise à terre assurée par des déperditeurs, en bout d'aile103,108.
La foudre peut également rendre confus les pilotes d'un avion. En effet, durant le vol Loganair 6780, après que l'avion ait été frappé par la foudre, les pilotes ont ignoré les modes de contrôles précédemment activés en pensant que la décharge avait endommagé l'électronique de l'avion. En réalité, l'appareil n'a connu aucun dégât, et les pilotes ont passé le reste du vol à compenser les effets du pilote automatique, alors fonctionnel109.
Pour les réseaux électriques
Les lignes à haute tension du réseau électrique sont des éléments vulnérables, et il existe de nombreux cas de pannes, dont les plus notables sont la panne new yorkaise de 1977 et la panne de 2009 au Brésil et au Paraguay110,111. Une décharge sur une ligne transmet des pics de haute tension sur de longues distances, endommageant gravement les appareils électriques et créant des risques pour les utilisateurs. Cependant, la plupart des dommages causés aux équipements proviennent des effets de l'induction électromagnétique, dans laquelle la décharge, lorsqu'elle passe à travers un conducteur électrique près d'un fil de transmission, induit des courants et des tensions de pointe. L'induction électrostatique du flux de charges au moment du contact avec la foudre provoque des étincelles et des pics de tension qui peuvent être dangereux selon les circonstances. Les câbles souterrains sont également sujets à l'apparition de courants indésirables. Les équipements de protection visent à rediriger ces courants vers la terre. Le parafoudre est l'un des équipements les plus utilisés. Il est formé par une tige métallique reliée à la terre qui conduit la foudre en toute sécurité jusqu'à celle-ci112,113.
Records
Le , l'Organisation météorologique mondiale a annoncé l'enregistrement de deux records de foudre : le plus long en distance parcourue, et le plus long en durée, appelés « mégas éclairs ». Le premier, dans l’État du Rio Grande do Sul, au sud du Brésil, a couvert 709 km sur une ligne horizontale, coupant le nord de l'État le 114, soit plus du double du précédent record, enregistré dans l’État de l'Oklahoma, aux États-Unis, avec 321 km (durée de 5,7 s115). L'éclair ayant duré le plus longtemps, d'une durée de 16,73 secondes, s'est produit en Argentine, à partir d'une décharge qui a débuté dans le nord du pays le , soit également plus du double du précédent record, qui était de 7,74 secondes, enregistré en Provence-Alpes-Côte d'Azur, en France, le 114.
Roy Sullivan, un garde forestier au parc national de Shenandoah, détient le record du nombre de foudroiement pour un homme. Entre 1942 et 1977, Sullivan est frappé par la foudre à sept reprises et survit à chacune d'entre elles116.
Récupération de l'énergie
L'utilisation de l'énergie de la foudre a été tentée depuis la fin des années 1980. En un seul éclair, une énergie électrique d'environ 280 kWh est déchargée. Cela correspond à environ 1 GJ, soit l'énergie d'environ 31 litres d'essence117. Cependant, moins d'un dixième de cette énergie atteint le sol, et ce de façon sporadique autant en termes d'espace que de temps118,119. Il a été proposé d'utiliser l'énergie de la foudre pour produire de l'hydrogène à partir de l'eau, d'utiliser l'eau rapidement chauffée par la foudre pour produire de l'électricité ou de capter une fraction sûre de l'énergie par des inducteurs placés à proximité120,121.
En été 2007, une entreprise d'énergie renouvelable, Alternate Energy Holdings, a testé une méthode d'utilisation de l'énergie de la foudre. Ils ont acheté la conception du système à Steve LeRoy, un inventeur de l'Illinois, qui a affirmé qu'un petit éclair artificiel pouvait éclairer une ampoule de 60 watts pendant 20 minutes. La méthode implique une tour pour capter la grande quantité d'énergie et un très grand condensateur pour la stocker. Selon Donald Gillispie, le PDG d'Alternate Energy Holdings, « nous n'avons pas réussi à le faire fonctionner, […] cependant, avec suffisamment de temps et d'argent, nous pourrions probablement élargir le modèle […]. Ce n'est pas de la magie noire, c'est juste des mathématiques et des sciences, et cela pourrait devenir réalité »122.
D'après Martin A. Uman, co-directeur du laboratoire de recherche sur la foudre à l'université de Floride et scientifique de premier plan dans le domaine de la foudre, peu d'énergie atteint le sol et il faudrait des dizaines de « tours à foudre » comparables à celles de l'Alternate Energy Holdings pour allumer cinq ampoules de 100 watts pendant un an. Interrogé par The New York Times à ce sujet, il a déclaré que la quantité d'énergie dans un orage était comparable à celle de l'explosion d'une bombe atomique, mais qu'en même temps, la tentative de capter l'énergie de la surface de la terre était « sans espoir »122,123. En plus de la difficulté à stocker autant d'énergie rapidement, un autre défi majeur est de prévoir quand et où les orages se produiront ; même pendant un orage, il est très difficile de prévoir où exactement la foudre frappera117.
Dans la culture
Étymologie et utilisation
Le mot « foudre » vient du latin vulgaire « fulgura », « fulmen » en latin classique, qui signifie « éclair »124. Le mot « éclair » vient quant à lui de « éclar » ou « esclaire », déverbal tiré de « éclairer »125,126.
Les éclairs sont souvent synonymes de vitesse, d'où l'expression « rapide comme l'éclair ». Plusieurs personnages de films ou de comics portent alors des noms ou des logos en rapport avec la foudre, de façon à signaler leur rapidité, tels que Flash McQueen (« Lightning McQueen » en anglais) ou plusieurs super-héros des maisons d'édition Marvel Comics et DC Comics127,128,129,130.
En français, l'expression « coup de foudre » signifie « tomber amoureux soudainement »131. L'expression s'utilise également en italien, et se traduit en « colpo di fulmine »132. Son origine vient également d'un rapprochement entre le terme « foudre » et sa vitesse131. Durant la seconde Guerre mondiale, le Troisième Reich met en place la technique de la « Blitzkrieg » (guerre éclair en français), qui consiste à utiliser une puissante force armée pour accélérer les combats133.
Mythologie
Statue de
Zeus représenté avec des éclairs dans les mains.
Les peuples antiques ont créé de nombreuses histoires mythologiques pour expliquer l'apparition de la foudre. Dans la religion de l'Égypte antique, le dieu Typhon lance des éclairs sur la terre. En Mésopotamie, un document datant de montre une déesse sur l'épaule d'une créature ailée tenant une poignée d'éclairs dans chaque main. Elle se trouve également devant le dieu qui contrôle la météo ; celui-ci crée le tonnerre avec un fouet. Les éclairs sont également la marque de la déesse de la mythologie chinoise Tien Mu, qui est l'une des cinq dignitaires du « ministère des tempêtes », commandé par Tsu Law, le dieu du tonnerre. En Inde, le Veda décrit comment Indra, le fils du Paradis et de la Terre, a porté le tonnerre dans son bige1.
Vers , les Grecs commencent à utiliser dans leur art les symboles d'éclairs inspirés du Moyen-Orient, les attribuant principalement à Zeus, le dieu suprême de leur mythologie. Dans la Grèce antique, lorsque la foudre apparaît dans le ciel, elle est considérée comme un signe de désapprobation de la part de Zeus. La même interprétation est faite dans la Rome antique en ce qui concerne Jupiter. À Rome, on croit que les branches du laurier sont « immunisées » contre l'action de la foudre, et l'empereur Tibère utilise donc ces branches pour se protéger pendant les tempêtes. Dans la religion nordique ancienne, on croit que la foudre est produite par le marteau magique Mjöllnir appartenant au dieu Thor. Les Bouriates, peuple qui vivait près du lac Baïkal, au sud de la Sibérie, croient que leur dieu produit des éclairs en lançant des pierres du ciel. Certaines tribus indigènes d'Amérique du Nord et d'Afrique maintiennent la croyance que les éclairs sont produits par un « oiseau-tonnerre » magique, qui plonge des nuages vers la Terre1.
Dans les arts
Un éclair sur une plaquette signalant un danger électrique.
Certains photographes, appelés chasseurs d'orages, se sont spécialisés dans les clichés de foudre134. Un musée entièrement consacré à la foudre a opéré entre 1996 et 2012 au cœur du parc naturel régional des Volcans d'Auvergne135. The Lightning Field est une œuvre d'art de l'artiste Walter de Maria créée en 1977. Cette œuvre de Land art se trouve au Nouveau-Mexique, aux États-Unis, et se compose de plusieurs poteaux en acier pour pouvoir être frappée par la foudre136.
Autres représentations
Les éclairs sont également utilisés dans les logos de plusieurs marques, associations ou partis politiques. Ainsi, Opel, le Mouvement européen des squatteurs, le Parti d'action populaire de Singapour, ainsi que plusieurs partis fascistes, arborent un éclair dans leur logo137,138,139,140. Le groupe de hard rock AC/DC utilise également un éclair dans son logo141.
Le symbole pour les dangers électriques est généralement un éclair. Celui-ci est reconnu par plusieurs normes142.
Les décharges électriques atmosphériques ne sont pas exclusives à la Terre. Sur plusieurs autres planètes du Système solaire, l'existence de rayons d'intensité variable a déjà été confirmée. Il ressort de ces observations que la probabilité d'apparition de décharges électriques est directement associée à la présence d'eau dans l'atmosphère, bien qu'elle ne soit pas la seule cause143.
Sur Vénus, des décharges ont été suspectées en raison de son atmosphère épaisse, ce qui a été confirmé par l'envoi de la sonde Venus Express144. Sur Mars, des signes directs de l'apparition de décharges électriques ont déjà été détectés. Celles-ci sont peut-être causées par les grandes tempêtes de sable qui se produisent sur la planète. Selon les chercheurs, l'activité électrique martienne a des implications importantes car elle modifie la composition de l'atmosphère, impactant ainsi l'habitabilité et les préparatifs de l'exploration humaine145.
Sur Jupiter, plusieurs missions ont permis d'observer des décharges électriques dans les régions équatoriale et polaires. Les tempêtes y sont causées par convection, comme sur Terre. Les gaz, dont la vapeur d'eau, remontent des profondeurs de la planète, et les petites particules, lorsqu'elles gèlent, entrent en friction les unes avec les autres, générant ainsi une charge électrostatique qui est déchargée sous forme d'éclair. Comme les tempêtes de Jupiter sont beaucoup plus grandes et plus intenses que les tempêtes terrestres, les éclairs sont beaucoup plus puissants : leur intensité est jusqu'à dix fois supérieure à tous les éclairs déjà enregistrés sur notre planète146. Sur Saturne, la foudre est beaucoup moins fréquente. Cependant, de grands systèmes de tempêtes provoquent l'apparition de décharges qui dépassent de dix mille fois l'énergie des éclairs terrestres147. En revanche sur Titan, un de ses satellites naturels, aucune décharge électrique n'a été enregistrée à ce jour malgré une atmosphère épaisse et active148.
Annexes
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- E. Barten, P. Ollier et R. Piccoli, « Les orages et la foudre », magazine Auvergne-Sciences, Laboratoire de recherche sur la foudre, (lire en ligne [archive]).
- (en) Eduard M. Bazelyan et Yuri P. Raizer, Lightning Physics and Lightning Protection, Institute of Physics Publishing, , 325 p. (ISBN 0-7503-0477-4, présentation en ligne [archive]).
.
- (en) Hans Dieter Betz, U. Schumann et Pierre Laroche, Lightning: Principles, Instruments and Applications : Review of Modern Lightning Research, Springer Science+Business Media, , 656 p. (ISBN 978-1-4020-9078-3, présentation en ligne [archive]).
.
- Christian Bouquegneau, Doit-on craindre la foudre ?, Les Ulis, EDP Sciences, coll. « Bulles de sciences », , 184 p. (ISBN 2-86883-841-3 et 978-2868838414, présentation en ligne [archive]).
- (en) Christian Bouquegneau et Vladimir Rakov, How dangerous is lightning, Dover Publications, , 144 p. (ISBN 978-0-486-47704-6, présentation en ligne [archive]).
.
- (en) Vernon Cooray, The lightning flash, Institute of Engineering and Technology, , 574 p. (ISBN 978-0-85296-780-5, présentation en ligne [archive]).
.
- Claude Gary, La Foudre : Nature - Histoire : Risques et Protection, Paris, Dunod, , 3e éd., 224 p. (ISBN 2-10-007261-7 et 978-2100072613).
- Alex Hermant et Gérard Berger, Traqueurs d'orages, Nathan, , 260 p. (présentation en ligne [archive]).
- (en) Steven L. Horstmeyer, The Weather Almanac, John Wiley & Sons, , 896 p. (ISBN 978-0-470-41325-8, présentation en ligne [archive]).
.
- (en) Dennis Lamb et Johannes Verlinde, Physics and Chemistry of Clouds, Cambridge University Press, , 584 p. (ISBN 978-0-521-89910-9, présentation en ligne [archive]).
.
- (en) François Leblanc, Karen Aplin, Yoav Yair, Giles Harrison, Jean-Pierre Lebreton et M. Blanc, Planetary Atmospheric Electricity, Springer Science+Business Media, , 540 p. (ISBN 978-0-387-87663-4, présentation en ligne [archive]).
.
- (en) Vernon L. Mangold, Life and Lightning : The Good Things of Lightning, Universal Publishers, , 108 p. (ISBN 1-58112-796-0, lire en ligne [archive]).
.
- (en) Vladimir A. Rakov et Martin A. Uman, Lightning : physics and effects, Cambridge University Press, , 687 p. (ISBN 978-0-521-58327-5, lire en ligne [archive]).
.
- (en) David A. J Seargent, Weird Weather : tales of astronomical and atmospheric anomalies, Springer Science+Business Media, , 375 p. (ISBN 978-1-4614-3070-4, ISSN 1614-659X, présentation en ligne [archive]).
.
- (en) M.A. Uman, Lightning, New York, Dover Publications, , 320 p. (ISBN 0-486-64575-4).
.
- (en) M.A. Uman, All about lightning, New York, Dover Publications Inc., .
- (en) Martin A. Uman, The art and science of lightning protection, New York, Cambridge University Press, , 240 p. (ISBN 978-0-521-87811-1, présentation en ligne [archive]).
.
- (en) M.A. Uman, The lightning discharge, Orlando (Floride), Academic Press, .
- (en) William R. Cotton, George H. Bryan et Susan C. Van den Heever, Storm and Cloud Dynamics (Second Edition), vol. 99, Burlington, Academic Press, coll. « International geophysics series », , 809 p. (ISBN 978-0-12-088542-8).
.
- (en) Hans Volland, Handbook of Atmospheric Electrodynamics, vol. 1, CRC Press, (ISBN 0-8493-8647-0, présentation en ligne [archive]), p. 432.
.
- (en) Pao K. Wang, Physics and Dynamics of Clouds and Precipitation, Cambridge University Press, , 452 p. (ISBN 978-1-107-00556-3, présentation en ligne [archive]).
.
Articles connexes
Liens externes
Sur les autres projets Wikimedia :
- Quelle est l'origine des orages ? [archive] par le site Culture Sciences-Physique de l'École normale supérieure de Lyon.
- Protection contre la foudre dans les installations BT [archive]
- [vidéo] Les orages [archive]
- Documentaire de 26 minutes, celui-ci propose un survol des connaissances de bases des orages, telles que la genèse d'une cellule orageuse, l'électrisation des nuages, le niveau kéraunique mondial, les types de coups de foudre et la genèse d'un coup de foudre descendant négatif.
- [vidéo] La foudre par Christian Bouquegneau [archive], série audiovisuelle Histoires d'orages du collectif belge Belgorage
- Interview réalisée avec le Dr Christian Bouquegneau, professeur à la faculté Polytechnique de Mons en Belgique.
- [vidéo] Orages : Les sorciers ont le coup de foudre [archive].
- Documentaire de 26 minutes de l'émission C'est pas sorcier présenté par Jamy Gourmaud, Frédéric Courant, et Sabine Quindou, pour comprendre la formation et la composition des orages.
- Laboratoire de recherche sur la foudre [archive] (unité de recherche Pégase)
Notes et références
Traductions
Références
- Rakov et Uman 2003, p. 1.
- (en-US) NOAA US Department of Commerce, « Lightning Safety Tips and Resources » [archive], sur www.weather.gov (consulté le ).
- Mangold 1999, p. 5-7.
- Mangold 1999, p. 13-16.
- Mangold 1999, p. 9-11.
- Paola Bueno, « Une étude révèle que la foudre est très bénéfique pour l'atmosphère ! » [archive], sur tameteo.com, (consulté le ).
- (en) « The Internet Classics Archive | Meteorology by Aristotle » [archive], sur classics.mit.edu (consulté le ).
- Rakov et Uman 2003, p. 2-3.
- Bouquegneau et Rakov 2010, p. 38-40.
- (en-US) « Lightning Basics » [archive], sur NOAA National Severe Storms Laboratory (consulté le ).
- Lamb et Verlinde 2011, p. 529-530.
- Wang 2013, p. 377.
- Lamb et Verlinde 2011, p. 534.
- Wang 2013, p. 380-381.
- Lamb et Verlinde 2011, p. 540.
- Wang 2013, p. 384-385.
- (en-US) « Understanding Lightning: Thunderstorm Electrification » [archive], sur weather.gov (consulté le ).
- Bouquegneau et Rakov 2010, p. 38.
- Rakov et Uman 2003, p. 7.
- Lamb et Verlinde 2011, p. 543.
- Seargent 2012, p. 154-155.
- Horstmeyer 2011, p. 167-234.
- Uman 2012, p. 5-6.
- Cooray 2003, p. 150.
- Rakov et Uman 2003, p. 137-138.
- Uman 2008, p. 11.
- Uman 2008, p. 13.
- Uman 2008, p. 14.
- Rakov et Uman 2003, p. 138.
- Bazelyan et Raizer 2000, p. 5.
- Uman 2012, p. 5.
- (en-US) « NWS JetStream - The Positive and Negative Side of Lightning » [archive], sur www.weather.gov (consulté le ).
- (en) A. Haddad et D.F. Warne, Advances in High Voltage Engineering, Londres, Institute of Engineering and Technology, (ISBN 978-0-85296-158-2, présentation en ligne [archive]), p. 114-116.
- (en) Christopher Joh Andrews, Mary Ann Cooper, M. Darveniza et D. Mackerras, Lightning injuries : Electrical, Medical, and Legal Aspects, CRC press, , 208 p. (ISBN 0-8493-5458-7, présentation en ligne [archive]), p. 16.
- Uman 2012, p. 10.
- Cooray 2003, p. 130-131.
- (en-US) « Lightning Safety Tips and Resources » [archive], sur www.weather.gov (consulté le ).
- Uman 2012, p. 11.
- Rakov et Uman 2003, p. 241-247.
- (pt-BR) « Indução por Foguetes » [archive], sur www.inpe.br (consulté le ).
- (en) Rebecca Carroll, « Laser Triggers Lightning "Precursors" in Clouds » [archive], sur National Geographic, (consulté le ).
- « Orage de chaleur » [archive], Glossaire, Météo-France (consulté le ).
- Seargent 2012, p. 155.
- Seargent 2012, p. 156-157.
- (en) Mark Stenhoff, Ball Lightning : an unsolved problem in atmospheric physics, Kluwer Academic Publishers, , 349 p. (ISBN 0-306-46150-1, présentation en ligne [archive]), p. 1-2.
- Seargent 2012, p. 159-164.
- (en) Susan McLean et Patricia Lockridge, « A Teachers Guide to Stratovolcanoes of the World », NOAA, (lire en ligne [archive]).
- Rakov et Uman 2003, p. 666-667.
- Volland 1995, p. 124.
- Rakov et Uman 2003, p. 668.
- (en) Charles Q. Choi, « One Mystery of Sandstorm Lightning Explained » [archive], sur livescience.com, (consulté le ).
- (en) John E. Oliver, The Encyclopedia of World Climatology, Springer Science+Business Media, , 854 p. (ISBN 978-1-4020-3264-6), p. 451-452.
- (en-US) « Lightning FAQ » [archive], sur NOAA National Severe Storms Laboratory (consulté le ).
- Rakov et Uman 2003, p. 374-375.
- (en) C. Donald Ahrens, Meteorology Today, Thomson, , 624 p. (ISBN 0-495-01162-2, présentation en ligne [archive]), p. 383.
- (en-GB) « Thunder storm radiation amazes physicists » [archive], sur Physics World, (consulté le ).
- (en) Aaron Hoover, « Lightning-produced radiation a potential health concern for air travelers » [archive], sur www.webcitation.org (consulté le ).
- Leblanc et al. 2008, p. 145.
- Betz, Schumann et Laroche 2009, p. 334-337.
- (en) « Florida Tech Professors Present Dark Side of Dark Lightning » [archive], sur www.webcitation.org (consulté le ).
- (en-US) Ivan Amato, « Thunderstorms contain ‘dark lightning,’ invisible pulses of powerful radiation » [archive], sur Washington Post, (ISSN 0190-8286, consulté le ).
- « Foudre » [archive], sur Plasma Québec, INRS, Université McGill, Université de Montréal et Université de Sherbrooke (consulté le ).
- Gabrielle Bonnet, « Quelle est l'origine des orages ? (section Pourquoi l'éclair est-il lumineux ?) » [archive], Eduscol, Ens. de Lyon (consulté le ).
- (en) « La foudre, son et lumière » [archive], sur apelh.free.fr.
- Bureau de la traduction, « Sferics/Parasites atmosphériques » [archive], Termium, Travaux Publics et Services Gouvernementaux Canada, (consulté le ).
- CNRTL, « Atmosphériques » [archive], CNRS, (consulté le ).
- Leblanc et al. 2008, p. 457-458.
- (en) A.P. Nickolaenko et M. Hayakawa, Resonances in the Earth-Ionosphere Cavity, Kluwer Academic Publishers, , 380 p. (ISBN 1-4020-0754-X, présentation en ligne [archive]), p. 1-3.
- Volland 1995, p. 267-268.
- Betz, Schumann et Laroche 2009, p. 348-349.
- (pt) « Emissões Óticas na Alta Atmosfera » [archive], sur www.inpe.br (consulté le ).
- (en) « Sprites, Jets and Elves » [archive], sur www.albany.edu (consulté le ).
- (en) John M. Wallace et Peter V. Hobbs, Atmospheric Science : An Introductory Survey, Academic Press, , 504 p. (ISBN 978-0-12-732951-2, présentation en ligne [archive]), p. 258-259.
- (pt) « Ocorrência na Terra » [archive], sur www.inpe.br (consulté le ).
- NOAA, « Etude climatologique mondiale : quels endroits de la planète sont les plus foudroyés ? » [archive], Keraunos, (consulté le ).
- Uman 2008, p. 7-8.
- (pt-BR) Do G1 Rio, « Imagens mostram momento em que Cristo Redentor é atingido por raio » [archive], sur Rio de Janeiro, (consulté le ).
- (en) Craig B. Smith, Lightning : Fire from the Sky, (ISBN 978-0-615-24869-1, présentation en ligne [archive]).
- Rakov et Uman 2003, p. 24-35.
- Cotton, Bryan et Van den Heever 2011, p. 423.
- (en) Baker, M. B. et al., « Relationships between lightning activity and various thundercloud parameters: satellite and modeling studies », Atmospheric Research, Elsevier, vol. 51, nos 3-4, , p. 234 (DOI 10.1016/S0169-8095(99)00009-5).
- (en) Satoru Yoshida et al., « A fifth-power relationship for lightning activity from Tropical Rainfall Measuring Mission satellite observations », Journal of Geophysical Research, Union américaine de géophysique, vol. 114, (DOI 10.1029/2008JD010370, lire en ligne [archive]).
- (pt-BR) « Espectrometria » [archive], sur www.inpe.br (consulté le ).
- (pt-BR) « Sistemas de Detecção » [archive], sur www.inpe.br (consulté le ).
- (pt-BR) « Medidas diretas de corrente no solo » [archive], sur www.inpe.br (consulté le ).
- « Field mill », Eumetcal (consulté le ).
- (en) Professeur Holzworth, « World Wide Lightning Location Network » [archive], Université de Washington, (consulté le ).
- « Foire aux questions sur la foudre - Ressources naturelles Canada » [archive], sur Ressources naturelles Canada (consulté le ).
- Jérôme Kasparian, « « Téramobile » lance ses éclairs », THEMA, CNRS, (lire en ligne [archive] [PDF], consulté le ).
- David Larousserie, Le Monde, « Les lasers transportables font trembler le ciel », Le Temps, (lire en ligne [archive], consulté le ).
- (en) Global Hydrology and Climate Center, « Optical Transient Detector » [archive du ], Lightning and Atmospheric Electricity Research at th GHCC, NASA, (consulté le ).
- Service météorologique du Canada, « Réseau canadien de détection de la foudre » [archive], Gouvernement du Canada, (consulté le ).
- « Foudre » [archive], Glossaire, Météo-France, (consulté le ).
- (en) Stephen Hodanish, « Integration of Lightning Detection Systems in a Modernized » [archive], National Weather Service (consulté le ).
- « Incendies de forêts à cause de la foudre » [archive], sur www.ingesco.com, (consulté le ).
- « Protection contre la foudre », INERIS, , p. 52 (lire en ligne [archive]).
- Uman 2008, p. 28-32.
- Bazelyan et Raizer 2000, p. 13-14.
- (pt-BR) « BBC Brasil - Notícias - Região Norte tem maior número de mortes por raios no Brasil, diz estudo inédito » [archive], sur www.bbc.com (consulté le ).
- Uman 2008, p. 111.
- Uman 2008, p. 118-119.
- (en) « What happens when people and lightning converge » [archive], sur science.nasa.gov (consulté le ).
- (en) « Here's What Happens When a Plane Is Struck by Lightning » [archive], sur Time (consulté le )
- Tanguy de l’Espinay, « Un orage peut-il faire s’écraser un avion ? » [archive], sur leparisien.fr, (consulté le )
- « La foudre et les avions, précisions » [archive], sur La Presse, (consulté le )
- (en) « Schleicher ASK 21 two seat glider » [archive], sur pas.rochester.edu
- (en) « Lessons Learned » [archive], sur lessonslearned.faa.gov (consulté le )
- « Les déperditeurs d'électricité » [archive], sur www.lavionnaire.fr (consulté le )
- (en) J.N. Field, E.J. Boland, J.M. van Rooij, J.F.W. Mohrmann et J.W. Smeltink, Netherlands Aerospace Centre, Research Project : Startle Effect Management [« Projet de recherche : Gestion de l'effet de surprise »] (rapport no NLR-CR-2018-242), Amsterdam, European Aviation Safety Agency, , 146 p. (lire en ligne [archive] [PDF]), p. 42.

- (pt-BR) « Apagão - NOTÍCIAS - Justificativa de autoridades para apagão de 2009 é a mesma do apagão de 1999 » [archive], sur g1.globo.com (consulté le ).
- Uman 2008, p. 25.
- Bazelyan et Raizer 2000, p. 13-23.
- Rakov et Uman 2003, p. 590-623.
- « Méga éclairs: l’OMM valide de nouveaux records » [archive], sur Organisation météorologique mondiale, (consulté le ).
- Timothy J. Lang, Stéphane Pédeboy, William Rison et Randall S. Cerveny, « WMO World Record Lightning Extremes: Longest Reported Flash Distance and Longest Reported Flash Duration », Bulletin of the American Meteorological Society, vol. 98, no 6, , p. 1153–1168 (ISSN 0003-0007, DOI 10.1175/bams-d-16-0061.1, lire en ligne [archive], consulté le ).
- (en) Ken Campbell, Guinness World Records 2001, Guinness World Record Ltd, , 36 p. (ISBN 978-0-85112-102-4)
- (de) « Nutzung von Gewitterenergie - Forschungsstelle für Energiewirtschaft e.V. » [archive], sur www.ffe.de (consulté le ).
- (de) « Wie viel Volt hat ein Blitz? » [archive], sur www.eon.de (consulté le ).
- (en) Earle R. Williams, The Electrification of Thunderstorms, Scientific American, , p. 88-99.
- (en) « Why can't we capture lightning and convert it into usable electricity? », The Boston Globe, .
- (en) D. S. Helman, « Catching lightning for alternative energy » [archive], sur Renewable Energy, (ISSN 0960-1481, DOI 10.1016/j.renene.2010.10.027, consulté le ), p. 1311–1314.
- (en-US) John Glassie, « Lightning Farms (Published 2007) » [archive], sur The New York Times, (ISSN 0362-4331, consulté le ).
- (en) https://web.archive.org/web/20080706160058/http://www.agu.org/inside/awards/bios/uman_martina.html" rel="nofollow" class="external text">« Uman Receives 2001 Fleming Medal », sur agu.org, (consulté le ).
- « Foudre : Etymologie de Foudre » [archive], sur www.cnrtl.fr (consulté le )
- « Littré - éclair - définition, citations, étymologie » [archive], sur www.littre.org (consulté le )
- « Éclair : Etymologie d'éclair » [archive], sur www.cnrtl.fr (consulté le )
- (en) « Cars: Struck by Lightning book (SPOILERS) by DangerMouseFan1981 on DeviantArt » [archive], sur www.deviantart.com (consulté le )
- « Les Légendes DC : Flash, le super-héros rapide comme l’éclair » [archive], sur dccomics.warnerbros.fr, (consulté le )
- Le Point magazine, « Que vaut Black Lightning, la nouvelle série super-héroïque de DC ? » [archive], sur Le Point, (consulté le )
- « Eclair » [archive], sur www.marvel-world.com (consulté le )
- « Coup de foudre : Définition simple et facile du dictionnaire » [archive], sur www.linternaute.fr (consulté le )
- (it) « Colpo di fulmine: che cos'è e quali sono i segnali per riconoscerlo - Donna Moderna » [archive], sur Donnamoderna, (consulté le )
- « La Blitzkrieg (La Guerre éclair) » [archive], sur encyclopedia.ushmm.org (consulté le )
- Par Nicolas BerrodLe 27 juillet 2019 à 12h05, « Ils ont le coup de foudre pour les coups de foudre : paroles de chasseurs d’orages » [archive], sur leparisien.fr, (consulté le ).
- Centre France, « Le musée de la foudre a définitivement fermé ses portes » [archive], sur www.lamontagne.fr, (consulté le ).
- (en-US) Cornelia Dean, « Drawn to the Lightning (Published 2003) » [archive], sur The New York Times, (ISSN 0362-4331, consulté le ).
- Olivier Bonnet et Mis à jour le 28/01/15 11:34 Linternaute.com, « L'éclair d'Opel » [archive], sur www.linternaute.com (consulté le ).
- Marta Sobkow, « Récits d’un squat lyonnais politique et social. Partie I : la Cabine » [archive], sur Lyon Bondy Blog, (consulté le ).
- (en) « People’s Action Party is formed - Singapore History » [archive], sur eresources.nlb.gov.sg (consulté le ).
- (en) « SS Bolts » [archive], sur Anti-Defamation League (consulté le ).
- « Le logo AC/DC » [archive], sur www.highwaytoacdc.com (consulté le ).
- « On Graphical Symbols by Peckham », sur Compliance Engineering, (consulté le ).
- Seargent 2012, p. 213.
- Seargent 2012, p. 201-202.
- (en) « ESTO-funded Microwave Detector Finds First Direct Evidence of Lightning on Mars » [archive], sur NASA, (consulté le ).
- (en) « NASA - Zap! Cloud to Cloud Lightning » [archive], sur www.nasa.gov (consulté le ).
- Seargent 2012, p. 208.
Portail de la météorologie
Portail de l’énergie
-
Brouillard
Le brouillard est le phénomène météorologique constitué d’un amas de fines gouttelettes ou de fins cristaux de glace, accompagné de fines particules hygroscopiques saturées d'eau, souvent de taille microscopique, réduisant la visibilité en surface. Sa composition est donc identique à celle d'un nuage dont la base toucherait le sol. Par convention, les météorologistes parlent de brume lorsque la visibilité horizontale est supérieure à un kilomètre et de brouillard si la visibilité est inférieure à un kilomètre1. Les marins utilisent souvent le terme de brume quelle que soit la visibilité horizontale et le nomment également fumée de mer quand il s'agit de brouillard d'évaporation.
Lorsque la température de l'air, du sol et des objets baignés par la nappe de brouillard est inférieure à 0 °C le brouillard peut être givrant. Les gouttelettes en suspension sont alors en surfusion (à l'état liquide par température négative) et gèlent au contact, formant du givre (ou de la glace noire sur une chaussée)2. Ceci peut entraîner des dépôts importants sur les chaussées, la végétation et toutes les structures3.
Formation
Les philosophes de l'Antiquité considèrent les brouillards soit comme un nuage stérile qui ne donne pas de pluie (conception d'Aristote4) soit comme un nuage qui a perdu de la hauteur pour se former près du sol5.
Le processus de formation du brouillard est identique à celui des nuages. Il résulte du refroidissement d'un volume d'air jusqu'à la condensation d'une partie de sa vapeur d'eau ou par ajout de vapeur d'eau pour atteindre la saturation. La condensation de la vapeur d'eau, en eau liquide ou en glace, se produit initialement autour de certains types de micro-particules de matière solide (aérosols), qu'on appelle des noyaux de condensation ou de congélation2. La congélation spontanée de l'eau liquide en glace, dans une atmosphère très pure, ne se produit pas au-dessus de −40 °C. Entre 0 °C et −40 °C, les gouttes d'eau restent dans un état métastable de surfusion, qui cesse dès qu'elles entrent en contact avec un noyau de condensation (poussière, cristal de glace, obstacle). Lorsque ce phénomène se produit au sol, on assiste à des brouillards givrants2.
Types
Le refroidissement qui mène à la condensation peut résulter d'une perte de chaleur comme la chute de la température la nuit ou par le passage d'une masse d'air au-dessus d'une surface froide. D'autre part, l'enrichissement en vapeur d'eau va se produire dans les précipitations ou près des plans d'eau. On note donc différents types de brouillards2 :
- brouillard radiatif : lorsque le ciel est dégagé et les vents faibles, la température près du sol diminue, en particulier la nuit, et cette diminution ne se transmet pas aux couches supérieures par manque de turbulences. Ceci forme une inversion de température qui garde la vapeur d'eau dans une couche près du sol. Lorsque l'air devient saturé dans cette couche, une déposition de rosée se forme au niveau du sol. Ceci a deux effets, d'une part une augmentation de l'humidité relative dans les basses couches et d'autre part une diminution de la température au niveau du sol. Cette déposition de rosée peut durer plusieurs heures. Ensuite, un arrêt quasiment complet du vent va permettre la formation de brouillard sur une fine couche. Celui-ci va ensuite grossir en fonction de l'humidité disponible et l'intensité de l'inversion de température. Il peut également être en bancs selon la variation de température locale ;
- brouillard d'advection : lorsque de l'air ayant une certaine température et humidité relative passe au-dessus d'une zone ayant une température inférieure, il y aura formation de brouillard d'advection. Il existe deux types de brouillard d'advection :
- le brouillard d'advection chaud : lors du passage d'une masse d'air chaude et humide sur une surface plus froide comme les entrées maritimes où le vent transporte l’humidité de la mer passe sur des eaux plus froides avant d'atteindre le continent6. Le refroidissement de la masse d'air amène celui-ci à saturation et du brouillard se forme. Celui-ci peut s'avérer dense et tenace, spécialement au-dessus de la mer ;
- le brouillard d'advection froid : lors du passage d'une masse d'air froide et stable au-dessus d'une étendue d'eau bien plus chaude (différence de température d'au moins 10 °C). L'évaporation de l'eau, située en dessous de la masse d'air froide, va directement condenser et former un brouillard d'évaporation. Ce brouillard peut parfois mener à des givrages sévères sur les bateaux traversant la zone concernée.
- brouillard de précipitations : la pluie, la neige ou tout autre précipitation vont s'évaporer en passant dans une masse d'air qui n'est pas à la saturation. Ceci enrichit l'air en humidité. De plus, l'énergie nécessaire à l'évaporation étant retirée de l'air, ce dernier refroidit. Quand la quantité de vapeur d'eau atteint la valeur de saturation pour la température de l'air refroidi, on a formation de brouillard. Ceci se produit le plus souvent à l'avant d'un front chaud car on y retrouve une inversion de température ;
- brouillard d'évaporation : lorsqu'une inversion de température et des vents faibles affectent une région, pas nécessairement la nuit, toute source d'humidité pourra saturer la masse d'air sous l'inversion (couche plus ou moins épaisse). Ceci se produit fréquemment près des cours d'eau et des lacs où l'évaporation de la couche superficielle sert d'apport de vapeur d'eau (fumée de mer). Les plantes en évapotranspiration et les sources industrielles (comme la fumée d'une usine) peuvent mener à ce type de brouillard également. Cela se produit également en hiver, surtout par temps très froid, alors que l'apport d'humidité des chauffages de maisons et des industries est important. Dans ce cas le brouillard est givrant ;
- brouillard de mer arctique (aussi appelé fumée de mer arctique ou antarctique) : en hiver, lorsque l'air est sous les -15 degrés Celsius, la couche superficielle des plans d'eau, où la glace n'est pas encore formée, va s'évaporer. Si le vent est faible ou nul, la vapeur d'eau sera captive de l'inversion de température dans la basse couche d'air et le saturera rapidement, formant un brouillard givrant ;
- brouillard orographique : par soulèvement de l'air le long d'une pente grâce aux vents, en vertu du comportement des gaz parfaits dans une atmosphère hydrostatique, l'air se refroidit spontanément lorsque la pression baisse et forme du brouillard ;
- brouillard d'inversion : des nuages bas pris dans une couche d'inversion près de la surface terrestre peuvent descendre vers celle-ci et donner du brouillard ;
- brouillard de vallée : par nuit claire, l'air froid se formant sur les pentes d'une vallée va descendre vers le fond de celle-ci et un brouillard de radiation va en résulter. Cela se produit souvent en hiver.
-
Brouillard orographique (Grèce).
-
-
Brouillard de vallée causé par une inversion.
-
-
Fumée de mer sur l'océan Atlantique.
Dissipation
La dissipation du brouillard se produit lorsqu'un réchauffement permet aux gouttelettes ou aux cristaux de glace de s'évaporer. Ceci se passe par réchauffement solaire, par passage au-dessus d'une surface plus chaude, par assèchement dû à la subsidence d'air sec d'altitude ou par mélange avec de l'air plus sec par les vents.
Comportement
Endroits favorables
Selon le type de formation, certains endroits sont plus favorables que d'autres à la formation de brouillards :
- Les zones côtières sont des zones privilégiées car on y retrouve une source de vapeur d'eau et un fort potentiel de perte de chaleur sur terre. On peut y avoir des brouillards de radiation la nuit mais surtout des brouillards d'advection lorsque de l'air passant au-dessus d'un courant d'eau chaude passe ensuite au-dessus d'eau plus froide. C'est le cas par exemple le long de la côte est du Canada alors que l'air venant du sud passe sur le Gulf Stream avant d'atteindre la côte, le long de laquelle passe le courant du Labrador ;
- Les vallées sont un bon endroit pour le brouillard de radiation nocturne. Les brouillards d'advection y sont également fréquents si la vallée débouche sur la mer ;
- Les côtes arctiques et antarctiques sont très favorables en hiver car les bris dans les glaces donnent du brouillard glacé rapidement.
Visibilité
Brouillard matinal réduisant fortement la visibilité sur route près de
Prószków en Pologne. Février 2019.
Par convention, ce phénomène réduit la visibilité horizontale à moins de 1 kilomètre2. Lorsque la visibilité atteint ou dépasse cette valeur, on parle plutôt de brume. La zone dans laquelle se développe le brouillard est généralement bien délimitée (on parle d'une nappe de brouillard) en raison des phénomènes liés aux fronts thermiques. Les prévisions de la météorologie marine et les marins utilisent le terme de brume quelle que soit la visibilité horizontale.
Selon sa densité, le brouillard peut réduire la visibilité à quelques dizaines de mètres, voire à quelques dizaines de centimètres. Cette réduction de la visibilité est un facteur d'accidents dans les transports. En mer par temps brumeux, la corne de brume ou des sifflets émis par les bouées (s'il y a de la houle) permettent aux navires de se signaler ou de se repérer. En effet, dans une situation de brume l'air est très stable, le son se propage très loin et n'est pas bloqué comme l'est la lumière.
Les radars aident depuis quelques décennies les navires qui en sont équipés à repérer les autres navires, bouées ou obstacles à la navigation, ce qui leur facilite la tâche dans les circonstances de visibilité réduite. Les systèmes AIS permettent aussi d'avertir les navires de la présence d'un autre navire équipé du même système. Tous ces systèmes sont qualifiés d'aides à la navigation mais ne sont pas nécessairement obligatoires en mer comme l'est la corne de brume dans les conditions de visibilité réduite et la veille permanente visuelle et auditive selon le règlement international pour prévenir les abordages en mer (règles 19 et 35).
En raison de cette moindre visibilité, la vitesse sur les routes et autoroutes est légalement réduite en cas de brouillard, pour éviter les accidents et les carambolages, dans plusieurs pays.
Une source d'eau
Les cours d'eau sont une des sources de brouillard dont les plantes bénéficient
Dans les déserts près des côtes, l'absence de précipitations est compensée par une grande fréquence des brouillards dus à la mer proche. La brume est alors la source d'eau naturelle pour les écosystèmes, grâce aux plantes qui la capturent. Au Pérou, sur la côte Pacifique, les Espagnols parlaient d'arbres à pluie, le long desquels l'eau ruisselait. Dans ce pays, on a également réussi à capter l'eau de la brume au moyen de filets verticaux qui servent de collecteurs7 (mais qui s'avèrent aussi parfois mortellement piéger des oiseaux8).
La brume ou le brouillard fréquents sont favorables aux plantes épiphytes de la ripisylve, en maintenant une humidité importante près des plans d'eau. De la même façon, la brume dans les vallées permettent la présence de forêts ou écosystèmes plus humides.
Pollution
Le brouillard naturel, humide, ne doit pas être confondu avec le smog (brume de pollution), qui peut être relativement sec. Le brouillard se comporte comme un buvard à l'égard de certains polluants, dont certains acides (chlorhydrique, sulfurique). Les dégâts attribués aux pluies acides étaient en réalité souvent dus aux brumes polluées par les acides émis par le chauffage, l'industrie et les véhicules, mais peut-être aussi par certains pesticides solubles dans l'eau, dont on a retrouvé des concentrations importantes dans la brume prélevée dans l'est de la France.
La formation du brouillard dans des zones fortement polluées prendra plus de temps à devenir dense étant donné le nombre important de noyaux de condensation (les gouttelettes en suspension sont partagées entre de nombreux « nuclei »). De plus, la présence de pollution a tendance à réduire le refroidissement nocturne et donc à limiter la formation de brouillard de radiation. Cependant, une fois formé, celui-ci aura tendance à être plus tenace.
Brouillard artificiel
Brouillard d'eau est le terme utilisé pour qualifier le brouillard produit artificiellement et dont les applications sont diverses : protection incendie pour l'extinction du feu comme dans les centres de données9, dans une habitation afin de faire fuir des intrus10 ou l'atténuation de rayonnement thermique, dans l'environnement pour abattre la poussière ou les toxiques, etc.
Expressions
- Être dans le brouillard : ne pas y voir clair, ou au sens figuré, ne pas bien comprendre une situation.
Notes et références
- MÉTAVI, chap. 11 (Visibilité), p. 102-106.
- MÉTAVI, chap. 10 (Nuages, brouillards et précipitations), p. 90-102.
- « Le brouillard » [archive], Phénomènes météo, Météo-France (consulté le ).
- Aristote, « Chapitre 9. De la formation des nuages, et du brouillard », dans les Météorologiques
- Christophe Cusset, La Météorologie Dans l'Antiquité : Entre science et croyance, Université de Saint-Etienne, , p. 64-66
- « L'image du jour : brouillard et entrées maritimes sur la Grande-Motte » [archive], France Info, (consulté le ).
- (fr) Canal IRD (Institut de Recherche pour le Développement), « Eau du brouillard, forêt de nuage et développement durable : les filets de capture d'eau » [archive], Vidéo (consulté le )
- Lucia M, Bocher P, Cosson R P, Churlaud C, Robin F & Bustamante P (2012) Insight on trace element detoxification in the Black-tailed Godwit (Limosa limosa) through genetic, enzymatic and metallothionein analyses [archive] Science of the total environment, 423, 73-83.
- Jean-Paul Beaudet, « Datacenters : la sécurité est une priorité et les problèmes à résoudre sont nombreux » [archive], sur filiere-3e.fr, (consulté le )
Bibliographie
- L. Dufour, « Quelques considérations historiques et lexicologiques sur le sens météorologique des termes brume et brouillard », Ciel et Terre, vol. 80, no 38, (lire en ligne [archive]).
- [Métavi] Service météorologique du Canada, MÉTAVI : L'atmosphère, le temps et la navigation aérienne, Environnement Canada, , 260 p. (lire en ligne [archive] [PDF])
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Articles connexes
Liens externes
-
Vent
Le vent est le mouvement au sein d’une atmosphère, masse de gaz située à la surface d'une planète, d'une partie de ce gaz. Les vents sont globalement provoqués par un réchauffement inégalement réparti à la surface de la planète provenant du rayonnement stellaire (énergie solaire), et par la rotation de la planète. Sur Terre, ce déplacement est essentiel à l'explication de tous les phénomènes météorologiques. Le vent est mécaniquement décrit par les lois de la dynamique des fluides, comme les courants marins. Il existe une interdépendance entre ces deux circulations de fluides.
Les vents sont généralement classifiés selon leur ampleur spatiale, leur vitesse (ex. : échelle de Beaufort), leur localisation géographique, le type de force qui les produit et leurs effets. La vitesse du vent est mesurée avec un anémomètre mais peut être estimée par une manche à air, un drapeau, etc. Les vents les plus violents actuellement connus ont lieu sur Neptune et sur Saturne.
Le vent est l'acteur principal de l'oxygénation des océans ainsi que des lacs de haute montagne, par agitation et mise en mouvement de leurs surfaces. Il permet le déplacement de nombreux agents organiques et minéraux et d'expliquer la formation de certaines roches sédimentaires (ex. : lœss1). Il influence le déplacement des populations d’insectes volants, la migration des oiseaux, il façonne la forme des plantes et participe à la reproduction de certains végétaux. L'érosion éolienne participe parfois à la morphologie du relief local (ex. : congère de neige, dunes). Le vent a inspiré dans les civilisations humaines de nombreuses mythologies. Il a influé sur les transports, voire les guerres, mais également fourni des sources d’énergie pour le travail purement mécanique (ex. : moulins à vent) et pour l’électricité (ex. : éoliennes). Il participe même aux loisirs.
Le vent fait le plus souvent référence aux mouvements de l’air dans l'atmosphère terrestre. Par extension, le mouvement de gaz ou de particules polarisées allant du Soleil vers l’espace extérieur est appelé vent solaire et l’échappement gazeux de particules légères d’une atmosphère planétaire vers l’espace est nommé le vent planétaire.
Une
manche à air permet d'évaluer approximativement la vitesse du vent, et sa direction.
Définitions et histoire
Les vents sont souvent classifiés selon leur force et la direction d’où ils soufflent. Il existe plusieurs échelles de classification des vents dont les plus connues sont l'échelle de Beaufort et l'échelle de Fujita. La première classe la force des vents selon treize niveaux qui vont du calme à celui des vents de force d'ouragan, en passant par la brise, le coup de vent et la tempête. La seconde classifie la force des vents dans une tornade.
Les pointes de vents au-dessus du vent moyen sont appelées rafales2. Lorsque le vent moyen augmente durant une courte période, il s'agit de bourrasques de vents3. Des vents violents associés à un orage sont appelés rafales descendantes4, connues en mer comme des grains5. Des vents violents sont associés avec plusieurs autres phénomènes météorologiques tels les cyclones tropicaux, les tempêtes et les tornades.
Le premier instrument de mesure du vent est la girouette, invention de la Grèce antique destinée à indiquer la direction du vent. Nous devons la première description scientifique des phénomènes éoliens à Evangelista Torricelli qui mit en évidence la pression atmosphérique de l'air avec son baromètre et à Blaise Pascal qui fut le premier à décrire le vent comme un mouvement de l'air6, un courant d'air plus ou moins puissant ainsi que la diminution de pression avec l'altitude puis Robert Hooke construira le premier anémomètre. Benjamin Franklin se lancera lui dans les premières descriptions et analyses de vents dominants et de systèmes météorologiques7.
Vent réel, vitesse, apparent
Lorsqu’un véhicule ou une personne se déplace, le vent ressenti au cours du déplacement peut être très différent du vent généré par les conditions météorologiques avec des conséquences parfois importantes. On distingue :
- vent réel8 : le vent qui est ressenti par un observateur immobile par rapport au sol : il est dû uniquement au déplacement de l’air autour de celui-ci. Sa direction et sa force peuvent être lues sur un instrument fixé sur le lieu où l’observateur se situe : ces valeurs sont théoriquement celles communiquées par les bulletins météorologiques (avec une fiabilité variable). Le qualificatif de « réel » est utilisé quand l’observateur se situe à bord d’un engin se déplaçant (avion, voilier…) pour le différencier d’autres composantes du vent engendré par le déplacement : vent apparent ou le vent dû à la vitesse. Ce vent a une composante moyenne à laquelle s'ajoutent souvent des rafales, soit des hausses soudaines et temporaires de sa vitesse ;
- vent vitesse ou vent relatif8,9 : le vent généré par le seul déplacement de l’observateur, égal en intensité, de même direction, et opposé en sens, à la vitesse relative de celui-ci. Il est d’autant plus fort que la vitesse de déplacement est élevée. C’est par exemple le vent que l’on ressent lorsque l’on se déplace à vélo, en l’absence de tout vent réel ;
- vent apparent (pour la navigation maritime)8,9 : le vent tel qu’il est ressenti par l’observateur en déplacement, somme vectorielle des deux précédents, c’est-à-dire du vent réel et du vent vitesse (ou relatif). La notion de vent apparent est surtout utilisée en voile ou en char à voile : en effet, le vent ressenti sur le bateau dépendra non seulement du vent réel, mais également de la vitesse du bateau, ce qui conduit à devoir ajuster le réglage des voiles. C’est le vent que reçoit effectivement la voile.
Tendances sur 30 ans
En météorologie, on ne considère une tendance comme crédible qu'après au moins 30 ans de mesures. En 2019, la revue Science a publié un travail réalisé par l'Université de Melbourne basé sur l’analyse d'environ 4 milliards de mesures (de vitesse de vent et de hauteur de vagues), issues de 33 ans de suivi météorologique (1985-2018) par 31 missions satellitaires ayant utilisé 3 instruments indépendants : altimètres, radiomètres et diffusomètres. C’est l’étude la plus complète jamais faite sur le sujet10.
Elle confirme qu'au-dessus des mers, depuis 33 ans, la vitesse moyenne des vents n’a que faiblement augmenté. Par contre la vitesse des vents forts (90e centile) tend, elle, à fortement augmenter (ainsi par conséquent que la hauteur des vagues). Ces résultats ont un degré de confiance élevé car trois types d’instruments différents rapportent tous la même augmentation10.
Curieusement, alors qu'habituellement c'est l’hémisphère nord qui semble le plus touché par les changements rapides du climat, pour ce qui concerne le vent et la hauteur des vagues, c’est l’hémisphère sud qui se montre le plus fortement touché (la vitesse des vents de tempêtes a augmenté de 1,5 m/s, soit + 8 %, en 33 ans)10. Cette augmentation correspond à une énorme quantité d’énergie qui anime les masses d'air, en entraînant une hausse de 30 cm (+5 %) de la hauteur moyenne des vagues. Au nord la tendance est la même, mais avec une augmentation moins rapide et/ou moins forte, de même au centre du Pacifique10. L’Europe de l'Ouest est sur les cartes faites par cette étude située dans une zone « rouge », alors que l'Ouest américain semblent presque épargnés10.
Les effets indirects de ce phénomène sont encore mal compris, mais outre un risque accru d’accidents maritimes et une hausse de consommation d’énergie pour la marine (marchande et de guerre), et outre les dégâts érosifs croissants observés sur les îles, récifs, mangroves, certains estuaires et littoraux, le vent et les vagues modifient le trait de côte et les sédiments, la turbidité de l’eau (et donc la pénétration de la lumière nécessaire à la photosynthèse), les courants, l’oxygénation et l’absorption/désorption de CO2 et de méthane, la fracturation de la banquise antarctique ou encore la répartition et la distance parcourue par les embruns salés (un sol trop salinisé devient improductif). Le vol des oiseaux (et plus encore des insectes) ou la circulation des pollens, des particules et de certains polluants, envols de microplastiques, etc. peuvent en être changés… L’augmentation combiné du vent de tempête (+ 8 % au sud) et des vagues aggrave fortement les phénomènes de surcote10.
Selon Ian Young de l'Université de Melbourne et co-auteur du rapport, le fait que le changement soit plus rapide et intense au sud de la planète est « particulièrement inquiétant car la houle de l'océan Austral détermine la stabilité de la majeure partie de l'hémisphère sud » (communiqué de l'université)11. Pour le rapport du GIEC, en préparation en 2019, de nouveaux modèles climatiques sont en construction ou en test dans le monde. Ceux-ci devraient éclairer ce phénomène si ce n’est l’expliquer11.
Échelles
Plusieurs échelles de classification des vents existent, la plus commune est celle de Beaufort utilisée par les marins. Celle-ci est une échelle de mesure empirique, comportant 13 degrés (de 0 à 12), de la vitesse moyenne du vent sur une durée de dix minutes utilisée dans les milieux maritimes. Initialement, le degré Beaufort correspond à un état de la mer associé à une « fourchette » de la vitesse moyenne du vent. Même si, de nos jours, cette vitesse peut être mesurée avec une bonne précision à l'aide d'un anémomètre, il reste commode, en mer, d'estimer cette vitesse par la seule observation des effets du vent sur la surface de la mer.
L'échelle de Fujita est une échelle de classement de la force des tornades selon les dommages causés. Elle est utilisée aux États-Unis pour remplacer l'échelle originale de Fujita depuis la saison estivale 2007. Elle a été développée pour pallier les faiblesses notées dans l'échelle originale qui montraient des incertitudes quant à la force des vents nécessaires pour causer certains dommages et à l'évaluation de situations similaires mais ayant affecté des constructions de différentes solidités.
Finalement, l'échelle de Saffir-Simpson pour les cyclones tropicaux, nommés « ouragans », se formant dans l'hémisphère ouest, qui inclut les bassins cycloniques de l'océan Atlantique et l'océan Pacifique nord à l'est de la ligne de changement de date. Elle est graduée en cinq niveaux d'intensité, correspondant à des intervalles de vitesses de vents normalisés. Pour classer un cyclone sur cette échelle, la vitesse des vents soutenus est enregistrée pendant une minute à une hauteur de 10 mètres (33 pieds), la moyenne ainsi obtenue est comparée aux intervalles (voir les catégories d'intensité).
Circulation atmosphérique
Schéma des circulations atmosphériques terrestres.
On distingue trois zones de circulation des vents entre l'équateur et les pôles. La première zone est celle de Hadley qui se situe entre l'équateur et 30 degrés Nord et Sud où l'on retrouve des vents réguliers soufflant du nord-est dans l'hémisphère nord et du sud-est dans celui du sud : les alizés. Les navigateurs à voile ont depuis longtemps utilisé cette zone de vents réguliers pour traverser les océans. La seconde se situe aux latitudes moyennes et est caractérisée par des systèmes dépressionnaires transitoires où les vents sont surtout d'ouest, c'est la cellule de Ferrel. Finalement, la cellule polaire se retrouve au nord et au sud du 60e parallèle avec une circulation de surface généralement d'est12. Entre ces trois zones, on retrouve les courants-jets, des corridors de vents circulant autour de la planète à une altitude variant entre 10 et 15 km et qui sont le lieu de frontogenèses.
Ces traits généraux de la circulation atmosphérique se subdivisent en sous-secteurs selon le relief, la proportion mer/terre et d'autres effets locaux. Certains donnent des vents ou des effets sur de grandes étendues alors que d'autres sont très locaux.
El Niño et La Niña
La cellule du Pacifique, entièrement océanique, est particulièrement importante. On lui a donné le nom de cellule de Walker en l'honneur de Sir Gilbert Walker, dont le travail a conduit à la découverte d'une variation périodique de pression entre les océans Indien et Pacifique, qu'il dénomma l’oscillation australe. Le courant de Humboldt, venant de l'Antarctique, refroidit la côte occidentale de l'Amérique du Sud, créant une grande différence de température entre l'ouest et l'est du continent, laquelle donne lieu à une circulation directe semblable à celle de Hadley mais limitée à la zone Pacifique13. El Niño est un courant d'eau chaude de surface qui envahit la partie orientale du Pacifique Sud à la suite d'un affaiblissement des alizés, vents équatoriaux, déplaçant la cellule de Walker et permettant à l'eau plus chaude du Pacifique Sud-Ouest de se déplacer vers l'est14. Les remontées d'eau froide qui se retrouvent habituellement le long de la côte de l'Amérique du Sud sont coupées ce qui modifie grandement le climat, non seulement dans le Pacifique Sud mais également la circulation atmosphérique générale à des degrés divers. Par exemple, El Niño empêche la formation de tempêtes tropicales et d'ouragans sur l'océan Atlantique, mais augmente le nombre de tempêtes tropicales qui touchent l'est et le centre de l'océan Pacifique14.
La Niña est l'inverse du phénomène El Niño alors que l'eau chaude de surface se déplace plus vers l'Asie15. Il ne s'agit pas d'un retour vers la situation normale mais un extrême de l'autre côté. Il n'y a pas de symétrie entre les deux phénomènes, on a relevé par le passé davantage d'épisodes El Niño que d'épisodes La Niña15.
Mousson
La mousson est le nom d'un système de vents périodiques des régions tropicales, actif particulièrement dans l'océan Indien et l'Asie du Sud. Il est appliqué aux inversions saisonnières de direction du vent le long des rivages de l'océan Indien, particulièrement dans la mer d'Arabie et le golfe du Bengale, qui souffle du sud-ouest pendant six mois et du nord-est pendant l'autre semestre. La mousson est un exemple extrême des brises de terre et brises de mer car elle ne s'inverse pas sur un mode nocturne/diurne 17.
Autres vents célèbres
Il existe également des systèmes météorologiques si anciens et si stables que ces vents ont reçu un nom, voire étaient parfois considérés comme des divinités comme au Japon pour les kami kaze18. De très nombreux vents célèbres existent autour du monde tels le couple Mistral/Tramontane, le sirocco, le Chinook, le Khamsin ou encore le Simoun.
Origine du vent
Les causes principales des grands flux de circulation atmosphérique sont : la différence de température entre l’équateur et les pôles, qui provoque une différence de pression, et la rotation de la Terre qui dévie le flot d'air qui s'établit entre ces régions. Des différences locales de pression et de températures vont quant à elle donner des circulations particulières comme les brises de mer ou les tornades sous les orages.
Cas général
Diagramme qui montre comment les vents sont déviés pour donner une circulation anti-horaire dans l’hémisphère Nord autour d’une dépression. La force de
gradient de pression est en bleu, celle de Coriolis en rouge et le déplacement en noir.
La pression atmosphérique en un point est la résultante surfacique du poids de la colonne d’air au-dessus de ce point. Les différences de pression qu’on note sur le globe terrestre sont dues à un réchauffement différentiel entre ces points19. En effet, l’angle d’incidence du rayonnement solaire varie de l’équateur aux pôles. Dans le premier cas, il est normal à la surface de la Terre alors que dans le second, il est rasant. Cette variation conditionne le pourcentage d’énergie solaire reçue en chaque point de la surface terrestre. De plus, les nuages reflètent une partie de cette énergie vers l’espace et elle est absorbée différemment selon le type de surface (mer, forêt, neige, etc.).
La différence de pression ainsi créée induit un déplacement d’air des zones de haute pression vers les zones de basse pression. Si la Terre ne tournait pas sur son axe, la circulation serait rectiligne entre les régions de haute et les régions de basse pression. Cependant, la rotation de la Terre entraîne une déviation de la circulation sous l'effet de la force de Coriolis19,20, cette déviation étant vers la droite dans l'hémisphère nord et vers la gauche dans l'hémisphère sud. L'air subit ainsi une somme vectorielle des deux forces (force de Coriolis et résultante des forces de pression).
À mesure que les parcelles d'air changent de direction, la force de Coriolis change également de direction. Lorsque les deux sont presque égales et de directions opposées, la direction du déplacement de l’air se stabilise pour être presque perpendiculaire au gradient de pression (voir figure ci-contre). La petite différence qui subsiste laisse une accélération vers la plus basse pression, la direction du vent reste donc orientée un peu plus vers les basses pressions ce qui fait que le vent tourne autour des systèmes météorologiques. Aux forces de pression et de Coriolis, il faut ajouter le frottement près du sol, la force centrifuge de courbure du flux et la tendance isallobarique, pour correctement évaluer le vent dans le cas général.
À grande échelle dans l'hémisphère nord, les vents tournent donc dans le sens horaire autour d'un anticyclone, et anti-horaire autour des dépressions. L'inverse est vrai pour l'hémisphère sud où la force de Coriolis est inverse20. On peut déterminer sa position entre ces deux types de systèmes selon la loi de Buys-Ballot : un observateur situé dans l'hémisphère nord qui se place dos au vent a la dépression à sa gauche et l'anticyclone à sa droite. La position des zones de pressions est inversée dans l'hémisphère sud.
Cas particuliers
Vents locaux à travers le monde. Ces vents sont généralement créés par des échauffements de terrain ou des effets montagneux.
La force de Coriolis s’exerce sur de longues distances ; elle est nulle à l’équateur et maximale aux pôles. Dans certaines situations, le déplacement d’air ne s’exerce pas sur une distance suffisante pour que cette force ait une influence notable. Le vent est alors causé seulement par le différentiel de pression, le frottement et la force centrifuge. Voici quelques cas qui se produisent lorsque la circulation générale des vents est nulle, très faible, ou quand on doit tenir compte d'effets locaux21:
Effets des montagnes
Effet d'ondulation avec amortissement sur un vent à cause d'une montagne. La dépression de la masse d'air au sommet de la montagne (contexte plus froid) peut déclencher la nucléation des gouttes d'eau et la création d'un
nuage de sommet.
Les montagnes ont différents effets sur les vents. Le premier est l’onde orographique lorsque le vent soufflant perpendiculairement à une barrière montagneuse doit remonter la pente. Si l'environnement est stable, la masse d'air redescendra du côté aval de l'obstacle et entrera en oscillation autour d'une hauteur qui peut être largement supérieure au sommet de celui-ci. Par contre, si l'air est instable, l'air continuera de s'élever, avec ou sans oscillation. Dans ces conditions, le frottement et la poussée d'Archimède doivent être pris en compte lors de la modélisation du vent, comme c'est le cas pour le foehn. Les pluies en sont modifiées.
L’air froid plus dense en haut d’une montagne y crée une pression plus forte que dans la vallée et provoque un autre effet. Le gradient de pression fait alors dévaler la pente à l’air sur une distance insuffisante pour que la force de Coriolis le dévie. Cela engendre donc un vent catabatique22. On rencontre ce genre d’effet le plus souvent la nuit. Ils sont également très communs au front d’un glacier, par exemple, sur la côte du Groenland et de l’Antarctique à toute heure.
Le vent anabatique est un vent ascensionnel d'une masse d'air le long d'un relief géographique dû au réchauffement de celui-ci et donc l'opposé du vent précédent23. Diverses conditions météorologiques peuvent créer un vent anabatique, mais il s'agit toujours de la formation d'une différence de température entre les masses d’air au-dessus des vallées et celles réchauffées sur leurs pentes qui cause une circulation d’air. Il est donc aussi appelé vent de pente et se produit le plus souvent le jour.
Effets de la végétation et de la rugosité du paysage
La rugosité du paysage et en particulier la rugosité « molle » (celle des forêts, bocages, savanes, par rapport aux roches et immeubles qui ne bougent pas) des arbres a un impact sur les vents et les turbulences, et indirectement sur les envols ou dépôts de poussières, la température, l'évaporation, le mélange de la partie basse de la colonne d'air (de la hauteur des pots d'échappement à la hauteur où sont émis les panaches de cheminées d'usines ou de chaudières urbaines par exemple), la régularité du vent (important pour les installations d'éoliennes ou de fermes éoliennes), etc. À cet effet, Kalnay et Cai dans la revue Nature, avaient en 2003 posé l'hypothèse que les arbres freinaient significativement le vent24. En forêt tropicale dense, hormis lors des tempêtes, au sol on ne sent presque plus les effets du vent. La plupart des arbres n'y produisent leurs puissants contreforts que quand ils émergent au niveau de la canopée où ils sont alors exposés à un éventuel déracinement par le vent.
On a récemment réanalysé les données météorologiques de mesure des vents de surface (vent à 10 mètres de hauteur) qui confirment dans l’hémisphère nord une tendance au ralentissement. Il semble que les forêts puissent, dans une certaine mesure, freiner le vent et la désertification l'exacerber. Là où la forêt a regagné du terrain, la force du vent a diminué (de 5 à 15 %)25, de manière d'autant plus visible que le vent est fort. Les vents géostrophiques (induits par les variations de pression atmosphérique) n'ont pas diminué, et les radiosondes ne montrent pas de tendance au ralentissement en altitude26. Le bocage est une structure écopaysagère qui modifie également les effets du vent en créant des microclimats atténuant le vent, mais aussi les chocs thermo-hygrométriques et l'érosion des sols.
Brises de terre/brises de mer
Brise de mer (haut) / Brise de terre (bas).
Durant le jour, près des côtes d’un lac ou de la mer, le soleil réchauffe plus rapidement le sol que l’eau. L’air prend donc plus d’expansion sur terre et s’élève, créant une pression plus basse que sur le plan d’eau. Une fois encore cette différence de pression se crée sur une distance très faible et ne peut être contrebalancée par les forces de Coriolis. Une brise de mer (lac) s’établit donc. La même chose se produit la nuit mais en direction inverse, la brise de terre27,28.
On observe des différences de pressions jusqu'à deux millibars et proportionnelles aux masses de terre et d'eau en présence. Cette brise peut résister à un autre vent jusque de l'ordre de 15 km/h (8 nœuds) ; au-delà, elle est en général annulée, ce qui ne signifiera pas un calme plat mais plutôt un système météo instable. Ceci explique également pourquoi il y a très rarement un calme plat en bord de mer mais aussi des vents plus tourmentés qu'à l'intérieur des terres ou en mer.
Effets des vallées (goulets)
Dans certaines conditions de contraintes, par exemple dans des vallées très encaissées, l’air ne peut que suivre un chemin. Si le gradient de pression devient perpendiculaire à la vallée, le vent sera généré exclusivement par la différence de pression. C'est le vent antitriptique. On trouve aussi des accélérations dans les resserrements par effet Venturi qui donne un « vent de goulet » et un « courant-jet de sortie de vallée » alors que l'air descendant la vallée envahit la plaine.
Effets de méso-échelle
Dans d’autres cas, la pression et la force centrifuge sont en équilibre. C’est le cas des tornades et des tourbillons de poussières où le taux de rotation est trop grand et la surface de la trombe est trop petite pour que la force de Coriolis ait le temps d’agir.
Finalement, dans le cas de nuages convectifs comme les orages, ce n’est pas la différence de pression mais l’instabilité de l’air qui donne les vents. Les précipitations ainsi que l’injection d’air froid et sec dans les niveaux moyens amènent une poussée d'Archimède négative (vers le bas) dans le nuage. Cela donne des vents descendants qui forment des fronts de rafales localisés29.
Modélisation du vent
Le vent géostrophique est parallèle aux
isobares avec les plus basses pressions à gauche.
Analyse de surface du Grand
Blizzard de 1888. Les zones ayant des variations
isobariques plus élevées indiquent les plus forts vents.
Le vent dépend donc de plusieurs facteurs. Il est la résultante des forces qui s’exercent sur la parcelle d’air : la pression, la force de Coriolis, le frottement et la force centrifuge. Le calcul complet se fait avec les équations du mouvement horizontal des équations primitives atmosphériques. En général, la force centrifuge est négligée car la vitesse de rotation autour de la dépression est trop lente et sa valeur est donc très petite par rapport aux autres forces. Cependant, dans une circulation rapide comme celle d’une tornade, il faut en tenir compte.
Paramétrisation
Avec ces équations, les cartes météorologiques permettent d’estimer le vent en connaissant la pression, la latitude, le type de terrain et les effets locaux même si on n’a pas de mesure directe. Pour l’aviation au-dessus de la couche limite atmosphérique, où le frottement est nul, on utilise une approximation du vent réel que l'on peut obtenir par les équations du vent géostrophique30. Il est le résultat de l'équilibre entre les forces de Coriolis et de la variation horizontale de pression seulement. Ce vent se déplace parallèlement aux isobares et sa vitesse est définie approximativement par le gradient de pression31.
Le vent du gradient est similaire au vent géostrophique mais en reprenant en plus la force centrifuge (ou accélération centripète) quand la courbure du flux est significative32. Il est, par exemple, une meilleure approximation du vent autour d'une dépression ou d'un anticyclone.
Près du sol, dans la couche limite, le frottement cause une diminution des vents par rapport à l’estimation précédente selon ce qu’on appelle la spirale d'Ekman. En général30, le vent est de 50 à 70 % du vent géostrophique sur l’eau et entre 30 et 50 % de ce vent sur la terre ferme. Plus le vent est diminué par le frottement, plus il tourne vers la plus basse pression ce qui donne un changement vers la gauche dans l’hémisphère nord et vers la droite dans celui du sud. Cette différence entre les vents réels et géostrophiques se nomme le vent agéostrophique33. Il est donc particulièrement important dans la couche limite mais existe également au-dessus de celle-ci car le vent géostrophique n'est qu'une approximation. Le vent agéostrophique est important dans l'alimentation en air humide des dépressions ce qui leur fournit de l'énergie34.
Dans les endroits accidentés où le flux d’air est canalisé ou dans les situations où le vent n’est pas dû à un équilibre entre pression, force de Coriolis et frottement comme mentionné précédemment, le calcul est beaucoup plus difficile. Parmi ces cas figurent :
- le vent antitriptique où on a un équilibre entre la pression et le frottement ;
- le vent catabatique où l’air froid descend des hauteurs ;
- le vent anabatique où de l’air est forcé vers le haut d’une pente.
Pour calculer la variation du vent avec l'altitude, le concept de vent thermique a été développé. Il s'agit de la différence du vent géostrophique entre deux niveaux de l'atmosphère35. Il porte le nom de thermique parce que la variation du vent avec l'altitude dépend de la variation horizontale de température comme vu antérieurement. Ainsi dans une masse d'air isotherme, dite barotrope, le vent ne varie pas avec l'altitude alors qu'il variera dans une atmosphère barocline. C'est dans cette dernière situation, près des fronts météorologiques, que l'on retrouve des vents qui augmentent rapidement avec l'altitude pour donner un corridor de vent maximal juste sous la tropopause que l'on appelle un courant-jet.
Échelle de fluctuation du vent
Graphique de Van der Hoven montrant la force des vents en fonction de la période de retour.
Pour une altitude inférieure à 1 000 mètres environ, là où se trouvent les ouvrages bâtis, les forces de frottement dues à la rugosité du sol et les phénomènes thermiques régissent en grande partie les écoulements d’air. Ces phénomènes engendrent des fluctuations de la vitesse du vent, dans le temps et dans l’espace, susceptibles d’exciter les structures les plus souples. Cette zone est appelée couche limite de turbulence atmosphérique.
L’analyse spectrale de la vitesse du vent dans la couche limite turbulente permet de mettre en évidence plusieurs échelles temporelles de fluctuation. La figure ci-contre montre l’allure d’un spectre de densité de puissance représentatif de la vitesse horizontale du vent à 100 mètres au-dessus du sol d’après Van der Hoven. Il s'agit d'une représentation statistique de la répétitivité des fluctuations de puissance du vent en ce point : « La turbulence atmosphérique peut être illustrée par l'existence de tourbillons au sein d’un écoulement. La turbulence est ainsi constituée de mouvements parfaitement aléatoires balayant un large spectre d’échelles spatiales et temporelles » 36.
La partie gauche du graphe concerne les systèmes à l'échelle planétaire qui ont une périodicité entre 1 jour et un an, ce qui correspond à une période de retour de différents types de systèmes météorologiques synoptiques. Ainsi, un an représente les vents annuels comme les alizés, quatre jours les vents associés avec la période moyenne entre deux dépressions météorologiques et 12 heures les vents diurnes et nocturnes en alternance. La partie droite du graphe concerne les conditions locales reliées à des conditions de relief ou autres effets de méso-échelle comme la distribution des nuages, le gradient thermique vertical, la vitesse moyenne du vent, la rugosité des sols, etc. Le « trou » entre une heure et dix minutes au milieu correspond à des périodes de grand calme quand les turbulences s'annulent elles-mêmes36,37.
Les sollicitations répétées et aléatoires des turbulences peuvent solliciter les modes propres de certains ouvrages et conduire à leur ruine si cela n’a pas été pris en compte lors du dimensionnement (comme le pont du détroit de Tacoma en 1940).
Prévisions météorologiques de court et moyen terme
Carte météorologique de l'Europe, 9 et 10 décembre 1887.
Le vent en tant que médium de transport des particules et aérosols et impliqué dans les transferts d'humidité et de chaleur est un élément majeur des systèmes météorologiques. La Terre étant très irrégulière dans la forme de ses continents et l'ensoleillement il est cependant difficile à modéliser et anticiper ; il dépend des saisons mais aussi de la couverture nuageuse qui est soumise au vent qui tire son énergie des différences de températures qui sont une des résultantes de l'ensoleillement.
Le modélisateur doit tenir compte de nombreux facteurs pour une prévisibilité encore relative : Le vent qui se nourrit de multiples sources : d'autres vents, les différences de températures entre deux zones géographiques ou entre deux couches d'atmosphère, la rotation de la Terre, l'attraction terrestre, les effets sur le relief, etc.38. obéit ainsi aux lois de l' « effet domino ».
Par exemple, un ouragan né dans l'Atlantique peut très bien rentrer par le golfe du Mexique et venir mourir aux Grands Lacs, perturbant tous les vents locaux sur et autour de sa trajectoire. L'origine de la création de ce cyclone tropical peut très bien être un déséquilibre engendré par un creux barométrique en altitude venant du Sahara qui a été déporté jusque dans l'Atlantique par l'anticyclone des Açores. La prévision des vents jusqu'à plusieurs jours est possible de façon déterministe grâce à la résolution des équations primitives atmosphériques des forces en présence si on tient compte de tous ces facteurs38.
Cependant, les valeurs de chaque variable de ces équations ne sont connues qu'en des points distincts de l'atmosphère selon les observations météorologiques. Une légère erreur de ces valeurs peut causer de grande variation et c'est pourquoi l'on peut dire que la théorie du chaos, les systèmes complexes et plus particulièrement l'effet papillon s'appliquent très bien à la prévision des vents. Edward Lorenz a démontré que les prévisions n'étaient possibles à long terme (un an) que de façon probabiliste car le nombre de facteurs d'environnement est immense mais aussi qu'ils interagissent entre eux ce qui donne une instabilité temporelle à la résolution des équations.
Représentation visuelle
Plusieurs sites internet offrent des visualisation de données prédictives ou en temps réel du vent et des déplacements des masses d'air39. Plusieurs sont cités dans la section des liens externes et on y voit :
- Une représentation graphique des variations de force moyenne des vents selon leur orientation et par là le repérage des vents dominants peut être fait sur les secteurs d'une rose des vents40 ;
- Comme pour les courants marins, on peut aussi utiliser des codes de couleur, des flèches, des lignes de courant, ou des hampes de vent qui sont des représentations vectorielles de la force (longueur de la flèche ou barbules) et de la direction (sens de la flèche ou de la hampe) du vent. Des animations peuvent représenter sur une carte, et éventuellement à différentes altitudes les évolutions du vent.
Les roses des vents sont aussi utiles aux architectes et urbanistes, notamment pour la construction bioclimatique. Par exemple, dans l'image de droite, la rose des vents montre les vents dominants et leur variation de force moyenne selon leur orientation et direction. Les vents les plus forts se superposent globalement aux courants et à la direction (résultante) du déplacement de la masse d'eau de la Manche vers la Mer du Nord. Ces vents quand ils vont dans le même sens que la marée peuvent causer des "surcotes" de marée haute, c'est-à-dire une mer plus haute qu'annoncée par le calcul du simple coefficient de marée, dont la hauteur est estimée par la partie du bas.
Mesure du vent
Au sol, en mer et en altitude, le vent est mesuré en kilomètres par heure, en mètres par seconde ou en nœuds. Des stations météorologiques en font des mesures directes sur terre ou en mer grâce à un anémomètre, qui en donne la vitesse, et une girouette (ou une manche à air), qui en donne la direction. Les anémomètres mécaniques sont formés de coupelles qui tournent autour d'un axe quand le vent souffle. Il existe d'autres versions dont celles dites à fil chaud où le changement de température d'un thermistor causé par le flux d'air correspond à la vitesse de ce dernier.
La variation des vents selon l'altitude est suivie par radiosondage ou via le mouvement d’un ballon-sonde mesuré depuis le sol. La mesure du déplacement d'un ballon ascensionnel dépourvu de sonde à l'aide d'un théodolite constitue une alternative économique au radiosondage. Les radars météorologiques Doppler, les profileurs de vent, les lidars Doppler et les sodars sont aussi des instruments de télédétection au sol capables de mesurer la vitesse du vent en altitude.
Depuis l’espace, grâce à certains instruments radars embarqués de satellites météorologiques, on estime les vents partout sur Terre dont dans les lieux inhabités (déserts, haute montagne, océans). C'est également de cette façon que les vents sur les autres planètes sont estimés. En 2018, un nouvel instrument appelé Aladin, mesurant le vent au moyen d'un laser, est mis en orbite (satellite Aeolus) pour mieux cartographier (en temps réel) les vents dans la colonne atmosphérique, dans le cadre du programme « Living planet » de l'ESA. Ce programme vise à mieux observer la Terre et comporte également les missions CryoSat, SMOS ou GOCE41.
En aviation, la vitesse du vent est estimée en utilisant deux tubes de Pitot, le premier dans la direction opposée au déplacement et le second perpendiculairement à celui-ci.
Les marins estiment sa force en utilisant l’échelle de Beaufort (échelle fermée à 13 niveaux de force 0 à force 12) s’ils n’ont pas d’instruments pour la mesurer. Cette échelle relie l’effet du vent sur la mer (hauteur des vagues, production d’embruns, etc.) à sa vitesse. L'échelle de Fujita et l'échelle de Fujita améliorée utilisent les dommages causés par une tornade pour estimer la force qu'avaient ses vents.
Records terrestres
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a homologué début 2010 le record du vent le plus violent jamais observé scientifiquement sur Terre, hors ceux des tornades. Il s'agit de rafales de 408 km/h enregistrées le 10 avril 1996 à l’île de Barrow (Australie-Occidentale) lors du passage du cyclone Olivia42. Le précédent record de 372 km/h datait d'avril 1934 au sommet du mont Washington aux États-Unis42. Cependant, le cyclone Olivia n'est pas considéré lui-même comme le plus violent à avoir affecté la région australienne car ce record ne représente pas l'intensité générale du système.
La mesure record dans une tornade a été effectuée à Moore en Oklahoma lors de la série de tornades de l'Oklahoma du 3 mai 1999. À 18 h 54, un radar météorologique Doppler mobile a détecté des vents de 484 km/h ± 32 km/h43 dans le tourbillon près de Bridge Creek à une hauteur de 32 mètres au-dessus du sol44. Le record précédent était de 414 à 431 km/h mesuré dans une tornade près de Red Rock (Oklahoma)45. Cependant, les vents au sol ont pu être plus faibles à cause du frottement.
Le record du monde de vent enregistré par une station au niveau de la mer dans des conditions non reliées aux tornades ou aux cyclones tropicaux est celui de la station météorologique de la base antarctique Dumont d'Urville en Terre Adélie. Celle-ci est en opération depuis 1948 et les vents catabatiques y soufflent presque constamment. Leur moyenne annuelle est d'environ 35 km/h et le nombre de jours avec des vents de plus de 60 km/h est d'environ 300. Le record à cette station date du 16 juin 1972 à 17 h 30 locale, lors d'un phénomène de Loewe de changement brusque de la force des vents catabatiques, alors que le vent atteignit 320 km/h pendant 5 minutes, avec une pointe de 326 km/h46.
Enfin, lors de la tempête Martin, le 27 décembre 1999 à minuit, un radiosondage effectué par Météo-France a enregistré une vitesse du vent exceptionnelle de 529 km/h dans le courant-jet à 8 138 mètres d'altitude au-dessus de Brest47.
Sur les autres planètes
Des vents de plus de 300 km/h soufflent sur Vénus et font que ses nuages font le tour de la planète en 4 à 5 jours terrestres48.
Lorsque les pôles de la planète Mars sont exposés aux rayons du soleil à la fin de l'hiver, le CO2 congelé est sublimé, créant ainsi des vents quittant les pôles à plus de 400 km/h ce qui va alors transporter des quantités importantes de poussière et de vapeur d'eau à travers tous les paysages martiens49. Il existe également des vents subits et liés à l'activité solaire qui ont été surnommés cleaning event par la NASA parce qu'ils apparaissaient subitement et dépoussiéraient tout, y compris les panneaux solaires50,51.
Sur Jupiter, les vents soufflent jusqu'à 100 m/s (360 km/h) dans les zones de courant-jet52. Saturne fait partie des records du système solaire avec des pointes à plus de 375 m/s (1 350 km/h)53. Sur Uranus, dans l'hémisphère nord jusqu'à 50° de latitude, la vitesse peut monter à 240 m/s (864 km/h) « seulement »54,55,56. Finalement, par-dessus les nuages de Neptune, les vents dominants peuvent atteindre 400 m/s (1 440 km/h) le long de l'équateur et jusqu'à 250 m/s (900 km/h) à ses pôles. Il existe en outre un courant-jet extrêmement puissant à 70° de latitude Sud qui peut atteindre 300 m/s (1 080 km/h)57,58.
Utilisations du vent
La plus grande éolienne à axe vertical du Monde, Cap-Chat, Gaspésie,
Québec.
Les vents sont une source d’énergie renouvelable, et ont été utilisés par l'Homme à travers les siècles à divers usages, comme les moulins à vent, la navigation à voile ou plus simplement le séchage. Différents sports utilisent le vent dont le char à voile, le cerf-volant, le vol à voile, la planche à voile et le kitesurf. Il sert également à aérer, assainir, rafraîchir les milieux urbains et les bâtiments. Le vent est une de nos plus anciennes sources d'énergie et une grande partie de toutes nos productions tire parti du vent ou lui est adapté. Aujourd'hui encore, il est un intense sujet de recherche car son potentiel d'utilisation demeure encore largement inutilisé tant via des éoliennes que des systèmes de pompe à chaleur ou pour assainir l'air urbain par une urbanisation raisonnée des villes en tenant compte du vent.
Séchage et assainissement
Vue aérienne des marais salants près de
Loix-en-Ré.
La première utilisation du vent par l'Homme fut simplement l'aération et le séchage. En effet, un lieu où l'air stagne va assez rapidement se charger en odeur mais aussi permettre le développement de différentes maladies et développement de moisissures (s'il y a un minimum d'humidité).
Très vite, l'Homme découvrit que des objets laissés au vent séchaient plus vite, cela est dû à deux phénomènes distincts : d'une part, l'air en mouvement vient frapper l'objet désiré et va donc communiquer une énergie qui permet d'arracher l'humidité à l'objet, poreux ou non, si l'objet est poreux et se laisse traverser par le vent, l'efficacité sera renforcée. D'autre part, l'air et les objets en contact avec celui-ci ont tendance à vouloir équilibrer leur taux d'humidité. Cependant, l'eau, même sous forme de vapeur, a une forte valeur de tension superficielle (comme une bulle d'air dans l'eau) et si elle va se dissiper dans les environs immédiats de l'objet qui sèche, les forces de tension vont globalement créer une bulle d'humidité, et ce d'autant que l'air chargé d'humidité est plus lourd et voit sa montée contrariée par l'air plus froid au-dessus de lui, ce qui crée une colonne de pression locale prenant la forme d'une demi-bulle en l'absence de vent. Le soleil ne va aider ici qu'à augmenter la quantité de vapeur soluble dans l'air. Sans vent, le séchage va s'arrêter même en plein air car la diffusion de l'humidité dans l'air se fera de manière très lente et même freinée par les forces intermoléculaires mais aussi par le fait que l'air ne se sature pas plus en humidité que son point de rosée ne le permet. Ce point de rosée dépend de la température de l'air. La température engendre un mouvement brownien permettant le transfert léger au sein de la masse d'air. Cet effet a été mis en évidence, étudié et très bien calculé dans le séchage du bois59. Toute masse d'air est donc hydrophile jusqu'au maximum de son point de rosée. Dans une atmosphère non renouvelée, le séchage ne pourrait s'achever que si la quantité d'eau à extraire était inférieure au point d'équilibre du milieu.
De même, dans le cas des marais salants, le soleil va fournir l'énergie de réchauffement qui optimisera la présence de vapeur d'eau libre en surface de l'eau et augmentera la quantité d'eau captable dans l'air. C'est le vent qui va alors emporter cette eau via l'air déplacé et donc contribuer au séchage en renouvelant l'atmosphère, ce qui empêche le milieu d'atteindre son point de saturation.
L'aération est donc également une méthode pour éviter la prolifération d'humidité due aux activités diverses dans un bâtiment, or l'aération dépend de la présence de vent60.
Exemples de relation sécheresse d'un bois/paramètres de séchage59.
Degré hygrométrie du bois | Température | Hygrométrie atmosphère |
Séchage jusqu'à 50 % |
62° |
80-85 % |
Séchage jusqu'à 40 % |
63° |
85 % |
Séchage jusqu'à 30 % |
64° |
80 % |
Séchage jusqu'à 15 % |
68° |
50 % |
Selon ce tableau, on voit bien que pour sécher un bois jusqu'au bout, il faut renouveler l'atmosphère, sans quoi il ne descendra jamais en dessous d'un certain seuil d'hygrométrie.
Transport aérien
Les montgolfières utilisent le vent pour des petits voyages. Le vent de face augmente la portance lors du décollage d'un avion et augmente la vitesse de ce dernier s'il est dans la même direction que le vol, ce qui aide à l'économie de carburant. Cependant, en règle générale le vent gêne le mouvement des aéronefs lors de voyages aller-retour. En effet soit v la vitesse du vent et soit a la vitesse relative de l'aéronef par rapport à la masse d'air. En vent arrière, la vitesse de l'aéronef est v + a et en vent de face, la vitesse de l'aéronef est v - a. On note que cette quantité peut être négative si v > a. Dans ce cas, l'aéronef ne peut pas revenir à son point de départ.
La vitesse moyenne au cours de l'aller retour est 2 / ( 1 a + v + 1 a − v ) = a 2 − v 2 a {\displaystyle \textstyle {2/({1 \over a+v}+{1 \over a-v}})={a^{2}-v^{2} \over a}}
. La perte de performance est du second ordre, ce qui signifie que pour des vents faibles, cette perte de performance est négligeable. Toutefois, en cas de vitesses et/ou directions de vent variables en fonction de l'altitude, les avions à moteur peuvent effectuer des économies de carburant en exploitant ces différentiels. En outre, les planeurs peuvent aussi exploiter ces différentiels de vitesse de vent en effectuant un piqué dos au vent et une ressource face au vent à la manière de certains oiseaux à la surface de la mer. Comme la vitesse du vent augmente avec l'altitude, le planeur peut gagner de l'énergie de cette manière. Il a été prouvé qu'un gradient de 0,03 m/s par mètre est suffisant61.
Le système le plus efficace actuellement est celui du cerf-volant (ou du parachute ascensionnel). La force du vent tend à faire monter l'engin si celui-ci est face au vent. Les planeurs peuvent aussi directement utiliser l'énergie éolienne en effectuant un vol de pente. Lorsque le vent rencontre une chaîne de montagnes continue, la masse d'air doit s'élever. Ceci est aussi vrai pour les parapentes et les deltaplanes. En règle générale, le planeur ayant le taux de chute le plus faible sera le plus efficace pour exploiter le vol de pente et des pilotes ont ainsi pu parcourir des distances de plus de 1 000 km. Dans certains cas, le parapente peut être plus efficace car il pourra exploiter des ascendances de petite dimension grâce à sa vitesse réduite. Cependant, le fait que seuls certains lieux géographiques et saisons soient propices à leur utilisation les cantonnent essentiellement à un loisir et pas à un mode de transport.
Les zones de cisaillement des vents causées par des conditions météorologiques diverses peuvent devenir extrêmement dangereuses pour les avions et leurs passagers62.
Transport maritime
Vue de voiles d'un bateau actuel.
La marine à voile existe depuis les temps les plus anciens, au Néolithique, avant même la naissance de l'écriture, et s'est perfectionnée jusqu'à nos jours où malgré les simulations par ordinateur, les calculs de profils, les nouveaux matériaux et les essais en soufflerie, les découvertes continuent. Aujourd'hui, dans les pays développés, les bateaux à voile sont essentiellement devenus des bateaux de loisirs, mais il reste encore l'un des modes de locomotion le plus utilisé à travers le monde car simple, propre, nécessitant peu d'entretien et surtout qui se passe de carburant. La marine à voile est intimement liée à toute notre histoire que ce soit pour migrer, peupler, commercer, échanger, communiquer, se battre ou conquérir. L'Homme fit le tour de la Terre dans ces bateaux bien avant l'invention du bateau à vapeur ou autres engins modernes.
Transport terrestre
C'est l'utilisation la plus marginale du vent car assez peu adaptée. Il existe, pour le loisir, des chars à voile essentiellement utilisés dans des grandes plaines mais surtout en bord de mer. Des traîneaux à voile ont parfois été utilisés en zones enneigées et praticables comme les pôles. Les zones terrestres sont souvent très encombrées, pas très planes et avec des vents déformés, la liberté de mouvement réduite et les trajets tortueux rendent donc cet usage compliqué et dangereux. Le traîneau à voile apparaît dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours63.
Énergie mécanique ou électrique
Depuis l'Antiquité, des moulins à vent convertissent le vent en énergie mécanique pour moudre du grain, presser des produits oléifères, battre le métal ou les fibres et pomper de l'eau. Ils seront introduits en Europe par l'Espagne, grâce aux Maures. Il faudra attendre Zénobe Gramme et sa dynamo en 1869 pour que le moulin puisse donner naissance à l'éolienne. En 1888, Charles F. Brush est le premier à avoir construit une petite éolienne pour alimenter sa maison en électricité, avec un stockage par batterie d'accumulateurs. La première éolienne « industrielle » génératrice d'électricité est développée par le Danois Poul La Cour en 1890, pour fabriquer de l'hydrogène par électrolyse64. Les recherches les plus intenses actuellement sur l'utilisation du vent portent sur les éoliennes afin d'augmenter leur rendement en prise sur le vent, résistance aux fluctuations, rendement en production électrique et la meilleure détermination des corridors de vent.
Production d'eau potable
Eole Water est une entreprise française dans le domaine des systèmes de production d’eau par condensation de l’air. Elle a développé des capacités de production d'eau potable à partir de l'énergie éolienne ou solaire65.
Vent et urbanisme
Le vent interagit avec toute chose, y compris les constructions humaines. Nos villes ont d'ailleurs parfois généré un urbanisme si particulier que certaines grandes places publiques deviennent infréquentables à pied si le vent se lève un peu. En effet, bloquer le vent par des structures urbaines ne fait que le canaliser tout en l'intensifiant. Par contre, un bon arrangement des lieux aère, nettoie, contrôle la température et purifie les lieux.
Les différents types d'effets des vents urbains :
- effet de coin : effet d'écoulement au coin qui coince ou crée une résistance au vent ;
- effet de sillage : effet de circulation tourbillonnaire en aval d'une construction ;
- effet de porche : accélération locale du vent à cause d'une construction sur pilotis ou bien d'un porche dans une barre construite ;
- rouleau tourbillonnant : phénomène tourbillonnaire en amont d'une construction ;
- effet de barre : déviation en vrille d’un vent qui arrive entre 45 et l’axe d’une construction en forme de barre. On peut limiter l’effet en aménageant le toit et les arêtes de la construction66 ;
- effet Venturi : pincement du vent qui provoque des aspirations latérales s'il y a des ouvertures à cet endroit ;
- suite d'immeubles interrompue : perturbation locale créée par l'absence brutale d'une construction dans une suite harmonieuse ;
- effet du désaxement : quand des bâtiments sont implantés régulièrement mais désaxés les uns des autres, cela crée des pressions locales et aide à éviter l'amplification du vent ;
- effet des différences de hauteur : toute modification brutale de la topographie engendre des perturbations telles les tours urbaines, certaines places publiques sont désertées au moindre vent à cause de la présence d'une tour qui produira des tourbillons disproportionnés pour le lieu ;
- effet de canalisation : proche de l'effet venturi ;
- effet de maille : complexification de l'urbanisation dont l'effet peut être positif ou négatif ;
- effet de pyramide : que ce soit de manière régulière ou en gradin, la pyramide crée des perturbations mais, en raison de sa forme limite les effets au sol.
Vent et construction
Un
badgir ou « tour à vent » sur les toits de
Yazd.
Un bâtiment, suivant son affectation et sa localisation, est conçu pour profiter ou éviter des propriétés particulières du vent. Le vent, par convection, dissipe ou accélère la dissipation de la chaleur par les parois. L'effet produit est un refroidissement des murs et de l'atmosphère, ce qui peut être bénéfique dans les climats chauds, mais préjudiciable dans les climats septentrionaux. Le vent contribue d'autre part à la ventilation du bâtiment et à l'évacuation de l'humidité ambiante, ou stockée dans les murs. Le tirage thermique des cheminées peut être affecté par le vent.
Dans les régions chaudes, pour refroidir les habitations, on ajoure les murs d'un bâtiment par des fenêtres ornées ou non de grilles ou de moucharabieh (fermeture d'une ouverture conçue pour laisser passer l'air et la lumière mais ne permettre de voir que depuis l'intérieur) mais également grâce à des conditionnements d'air mécaniques comme les tours à vent ou Badgir qui permettent de puiser un air d'altitude plus frais mais également moins chargé en sable67. Ce système est à ce point efficace qu'il permet même de fournir en permanence un refroidissement des réservoirs d'eau. Un projet actuellement réalisé reprend ce même principe en Égypte, il s'agit du marché de New Baris. Il permet aussi de faire l'inverse, de réchauffer les habitations en hiver en capturant la chaleur de l'air pour le quartier de Bedzed à Beddington au Royaume-Uni68.
Les moulins à vent comme les éoliennes quant à eux cherchent les points les plus exposés au vent pour profiter de l'énergie cinétique éolienne.
Loisirs
Compétition de cerfs-volants à
Dieppe en 2006.
Le vent est parfois utilisé pour les distractions comme dans les cas des cerfs-volants, pour les sports nautiques (kitesurf, planche à voile), le vol à voile voire dans les vols de montgolfières. Les bulles de savon demandent également un léger vent pour pouvoir être utilisées, tout comme les moulins à vent de plage ou les maquettes de voilier. Le vent sert aussi indirectement en créant des vagues qui seront utilisées pour le surf.
Autres
Il existe certains équipements destinés à produire un son par le vent, tels les mobiles-carillons ou la tuile à loups auvergnate qui était orientée de manière à provoquer un ronflement caractéristique lorsque les vents venaient du nord. Les vents du nord provoquent un refroidissement de la région et diminuent le gibier disponible rendant les loups affamés et donc dangereux pour le bétail et même les hommes, c'était donc un signal d'alerte69,70.
Influences sur la culture
Religions
Fūjin, le dieu du vent dans la mythologie japonaise.
Le vent a inspiré dans les civilisations humaines de nombreuses mythologies ayant influencé le sens de l’Histoire. Beaucoup de traditions religieuses personnifient le vent :
- Éole, dieu du vent dans la Rome et la Grèce antiques ;
- Borée, Euros, Notos et Zéphyr étaient les dieux secondaires des vents chez les Grecs ;
- Fūjin, dieu du vent de la mythologie japonaise ;
- Chi Po, dieu des vents chinois ;
- Le Saint-Esprit dans la théologie chrétienne s’est manifesté parfois par un vent mais n’est pas le dieu du vent ;
- Amon, dieu du soleil et du vent chez les Égyptiens ;
- Kirk, dieu du vent chez les Celtes ; Tarann y étant celui du tonnerre71 ;
- Quetzalcóatl, ou serpent à plumes, ou encore Tezcatlipoca blanco, est le dieu de la créativité et de la fertilité mais aussi du vent chez les Toltèques. Les Mayas l'appellent : Kukulcan72 ;
- Marouts, dieux de l'atmosphère et génies des vents (les Marouts, jeunes guerriers exubérants, au nombre de onze ou vingt, gardaient le soma, boisson préférée d'Indra, et l'accompagnaient dans ses déplacements73) ;
- djinns, esprits immatériels de la civilisation arabe, appelés aussi spécifiquement Maritins pour ceux qui peuplent l'air.
La tradition orale canadienne française raconte que « lorsqu'on aperçoit un pied-de-vent, c'est que le bon Dieu descend sur Terre ».
Expressions populaires
Le vent étant omniprésent, il a suscité beaucoup d'expressions populaires dont quelques-unes sont détaillées ici car ne décrivant pas de vents mais s'inspirant de son comportement. Ces expressions se réfèrent au vent pour sa vitesse, sa force, son homogénéité, son symbolisme ou au fait que c'est juste un mouvement d'air donc sans substance réelle ou à l'inverse soulignent la tendance aléatoire et anarchique du vent.
En voici quelques-unes des principales74,75 :
- « vent d'enthousiasme, de liberté, de panique, de folie » : émotion collective.
- « contre vents et marées » : proposer quelque chose en dépit de tous les obstacles, même de l'avis général.
- « du vent ! » : prier quelqu'un ou un animal de s'en aller, synonyme de Du balai !.
- « quel bon vent vous amène ? » : formule de politesse pour accueillir quelqu'un en soulignant que l'on pense que seul du bon peut être amené par cette personne.
- « qui sème le vent récolte la tempête » : à ne semer que des contrariétés, même petites, un grave incident va survenir à cause de tout cela.
- « être ouvert aux quatre vents » : lieu à travers lequel le vent circule librement dans toutes les directions.
- « (ne pas) être dans le vent » : synonyme (ne pas) être dans le coup, (ne pas) suivre la tendance esthétique ou de comportement d'un groupe social de référence.
- « sentir (passer) le vent du boulet » : échapper de très peu à un danger.
- « être vent dedans, vent dessus, ou avoir du vent dans les voiles » : être ivre.
- « le vent tourne » : une situation est en train de changer complètement.
- « avoir eu vent de » : avoir été informé de quelque chose essentiellement à la suite de rumeurs ou sans vouloir indiquer la source de l'information…
- « mettre un vent à quelqu'un » : passer à côté d'une personne en l'ignorant totalement. Généralement cette dernière avait la main tendue pour dire bonjour et s'est sentie bien seule...
- « lâcher un vent » : avoir des gaz.
Arts
Le vent est présent dans le dessin, la peinture, les infographies mais aussi les sculptures. Il existe des arts spécifiques sur le vent : les mobiles. Il existe essentiellement deux catégories de mobiles : les solides en équilibre et les mobiles suspendus. Dans les suspendus, certains sont faits d'agencements de solides mis en mouvement par le vent comme dans les cultures asiatiques ou bien d'autres sont des suspensions plus éthérées comme les attrapeurs de rêves de la culture amérindienne76. Tous ont cependant la même philosophie : accueillir le vent et avoir des effets de mouvement sur les différentes parties de l'assemblage. Certains ont des fonctions symboliques comme les pièges à rêves censés protéger des mauvais esprits, d'autres produisent des sons comme les mobiles suspendus traditionnels chinois que l'on nomme d'ailleurs parfois carillons ou carillons-mobiles qui sont parfois aussi des porte-bonheurs.
Le vent est aussi d'une importance primordiale dans certains romans, notamment dans La Horde du Contrevent de Alain Damasio, où le vent, son étude, son utilisation, et la résistance contre lui deviennent l'objet principal de l'intrigue et les personnages nombreux évoluent tous par rapport au vent.
Victor Hugo, dans son poème Guitare, repris par Georges Brassens dans la chanson Gastibelza (L'Homme à la carabine), évoque à la fin de chaque quatrain, un vers devenu célèbre77 :
— Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou ! ».
Musique
En français un aérophone est aussi dénommé Instrument à vent. Ce qui est également vrai pour l'anglais (wind instrument) ou l'espagnol (instrumento de viento) ne l'est pas pour d'autres langues comme l'italien (strumento a fiato) ou l'allemand (Blasinstrument) qui basent le nom de l'instrument sur le souffle plutôt que sur le vent. Ce n'est que par une convention de langage que ces instruments sont, en français, associés au vent : le son de ces instruments n'est pas produit librement par le vent mais de manière volontaire par le souffle de l'instrumentiste ou par une soufflerie mécanique. L'émission de ce souffle crée une colonne d'air sous pression produisant des vibrations modulées par le jeu de l'instrument indiqué par la partition du compositeur ou l'invention du musicien improvisateur. Par métonymie, le pupitre qui regroupe les instrumentistes à vent à l'orchestre est appelé le pupitre des « vents », qui réunit les bois et les cuivres. La voix est le plus ancien des instruments à vent. L'éoliphone ou « machine à vent » porte plus exactement son nom puisque l'instrument est employé à l'opéra pour reproduire le son du vent.
Le vent est souvent une source d'inspiration pour les artistes. Anne Sylvestre l'utilise dans ses chansons La Femme du vent, Monsieur le vent, son album Par les chemins du vent ou sa comédie musicale pour enfants Lala et le cirque du vent. Bob Dylan fut également inspiré par le vent avec la chanson Blowin' in the Wind (La réponse est soufflée dans le vent).
Rôles et effets dans la nature
Le vent est essentiel à tous les phénomènes météorologiques et donc au cycle de l'eau sans lequel nulle vie à base d'eau comme nous la connaissons sur Terre ne serait possible hors des océans. Le vent est également l'acteur principal de l'oxygénation des océans par agitation de sa surface. La circulation engendrée par les vents permet de disperser de nombreux agents minéraux et organiques. Ainsi, le vent a un rôle important pour aider les plantes et autres organismes immobiles à disperser leurs graines (anémochorie), spores, pollen, etc. Même si le vent n'est pas le vecteur principal de dispersion des graines chez les plantes, il fournit néanmoins ce service pour un très large pourcentage de la biomasse des plantes terrestres existantes. Il façonne également la forme des plantes par thigmomorphogenèse (ou anémomorphose). Le vent influence le déplacement des populations d’insectes volants et la migration des oiseaux.
Les vents sculptent également les terrains via une variété de phénomènes d’érosion éolienne qui permettent par exemple de créer des sols fertiles comme les lœss. Dans les climats arides, la principale source d'érosion est éolienne78. Le vent entraîne de petites particules telles la poussière ou le sable fin parfois par-dessus des océans entiers, sur des milliers de kilomètres de leur point d'origine79, qui est désigné comme le site de déflation. Par exemple, des vents du Sahara qui provoquent régulièrement des pluies sablonneuses en Europe centrale80.
Le vent a aussi des effets sur l’ampleur des feux de forêt, tant par l’alimentation plus ou moins abondante en oxygène des flammes que par le transport d’éléments enflammés ou incandescents permettant ainsi à l’incendie de « sauter » les obstacles.
Quand le vent se combine avec des basses ou des hautes températures, il a une influence sur le bétail et les humains. Le refroidissement éolien peut radicalement modifier les rendements du cheptel ou même tuer par perte de chaleur corporelle. Le vent influe également sur les ressources alimentaires de la faune sauvage mais aussi sur les stratégies de chasse et de défense des animaux voire des chasseurs. Finalement, le vent est également un facteur important de la régulation thermique, hygrométrique ou de niveau de pollution des régions81.
Érosion
Une formation de roche dans l'
Altiplano en
Bolivie, sculptée par l'érosion du vent également : processus éoliens.
L'érosion peut être le résultat du mouvement de déplacement par le vent. Il y a deux effets principaux. D'abord, les petites particules sont soulevées à cause du vent et se retrouvent donc déplacées dans une autre région. Ceci s'appelle la déflation. En second lieu, ces particules suspendues peuvent se frotter sur des objets pleins causant l'érosion par l'abrasion (succession écologique). L'érosion par le vent se produit généralement dans les secteurs avec peu ou pas de végétation, souvent dans les secteurs où il y a des précipitations insuffisantes pour soutenir la végétation. Un exemple est la formation des dunes, sur une plage ou dans un désert82.
Le lœss est une roche homogène, en général non-stratifiée, poreuse, friable, sédimentaire (éolien) souvent calcaire, à grain fin, vaseuse, jaune pâle ou de couleur chamois, ébouriffée par le vent1. Il se produit généralement comme un dépôt qui recouvre des superficies de centaines de kilomètres carrés et des dizaines de mètres en profondeur83. Le lœss se retrouve souvent dans les paysages raides ou verticaux et tend à se développer en sols fertiles. Dans des conditions climatiques appropriées, les secteurs avec le lœss sont parmi les plus productifs au monde sur le plan agricole. Les gisements de lœss sont géologiquement instables et s'éroderont donc très aisément84. Par conséquent, des coupe-vent (tels que de grands arbres et buissons) sont souvent plantés par des fermiers pour réduire l'érosion par le vent du lœss.
Oxygénation et acidification des océans
Ressac sur les rivages de l'île d'Yeu.
Les océans sont des zones à surfaces relativement plates mais également majoritairement des zones d'eaux trop profondes pour permettre le développement d'algues à photosynthèse. Les mécanismes qui fonctionnent en eau douce (agitation, chute, algues, etc.) ne suffisent donc pas pour les océans. L'action du vent en créant des vagues mais aussi grâce au ressac sur les côtes crée donc l'oxygénation principale des océans.
La hausse du taux de CO2 dans l'atmosphère modifie le phénomène en accentuant plus l'acidification que l'oxygénation85. Ceci n'est pas irréversible car les milieux océaniques ont toujours joué leur rôle de tampon et transformé le CO2 en acide carbonique qui acidifie l'eau avant de précipiter avec le temps en carbonate de calcium ou d'être absorbé par les organismes marins. Mais c'est un phénomène lent et, en attendant, le taux d'acide carbonique augmente l'acidité des océans mais diminue également la solubilité de l'oxygène dans cette même eau86.
Le vent joue donc globalement le rôle d'un agent mécanique de solubilisation grâce à une agitation qui augmente la surface de contact entre l'air et l'eau, par les vagues, peu importe le gaz. C'est moins évident avec l'azote de l'air parce qu'il est beaucoup moins soluble : 0,017 g/l à 20 °C, contre 1,1 g/l à 20 °C pour l'oxygène et 2 g/l à 20 °C pour le dioxyde de carbone. La majorité de l'azote injecté dans les océans l'est via la pollution par les fleuves lorsqu'ils se jettent dans la mer et non par le vent.
Effets sur la flore
Un
virevoltant (buisson tourbillonnant) se déplace par l'effet du vent..
La dispersion de graines par le vent ou anémochorie ainsi que la dispersion de pollen ou fécondation anémophile est un des moyens les plus primitifs de dispersion du vivant. Cette dispersion peut prendre deux formes principales : un entraînement direct des graines, sporanges, pollens dans un vent (comme le pissenlit) ou bien le transport d'une structure contenant les graines ou les pollens et qui va les disperser au fur et à mesure de leur déplacement par le vent (exemple des virevoltants). Le transport de pollen requiert à la fois des masses très importantes mais aussi des zones à vents complexes. En effet, la circulation d'air doit être très fluctuante afin que ces pollens rencontrent un arbre de la même espèce, surtout si ce ne sont pas des plantes auto-fertilisantes qui comportent des plants mâles et femelles distincts. De plus, il faut une synchronisation entre la production de pollen (mâle) sur des étamines mûres et la disponibilité de pistils (femelles) mûrs au même moment87.
Représentation de la dispersion du pissenlit.
Certaines plantes ont développé un système aérien complémentaire permettant une autonomie de transport par le vent plus grande. Ce sont les aigrettes, comme le pissenlit ou le salsifis, et les ailettes greffées à l'akène. Ces dernières semblent une adaptation évolutive de ces plantes au vent afin de maximaliser leur aire de dispersion. Les ailettes se divisent en deux groupes : les samares (par exemple l'orme) et les disamares (par exemple l'érable).
La productivité par dispersion aérienne est une technique très aléatoire qui requiert un nombre énorme de graines car chacune ne peut germer que dans un endroit favorable et si les conditions de milieu le permettent. Par contre, sur certaines îles, des plantes semblent s'adapter et réduire leur aire de dispersion, en effet, les graines qui tombent à l'eau sont perdues88.
Le vent a également une influence sur le type de végétation, comme dans les régions à fort vent, où les sols sont soumis à une forte érosion éolienne qui les amincit voire les dénude. Les végétaux développent alors des formes résistantes aux vents. Celles-ci sont mieux enracinées et plus trapues car elles combinent des efforts sur la structure aérienne de la plante et des sols minces donc moins riches89. Le vent est également un important agent sélecteur des arbres en éliminant les plus affaiblis ou ceux malades en les brisant ou en les déracinant. On observe de plus que certaines plantes côtières sont comme taillées en arrière, vers les terres, à cause du flux de sel apporté par le vent depuis la mer90,91. Les effets d'un vent salé, en zones montagneuses ou en zones d'érosion forte sur la flore locale est également un facteur. Tous ces effets du vent sur la forme et la croissance des plantes se nomment anémomorphose et sont en grande partie dus à la thigmomorphogenèse.
Effets sur la faune
Le vent est autant utilisé que subi par les espèces animales mais on observe une adaptation au vent chez beaucoup d'espèces. Les protections de poils ou de laine des bovidés sont par exemple inefficaces si une combinaison de basses températures et d'un vent de plus de 40 km/h survient92.
Les manchots, qui sont pourtant bien équipés contre le froid par leurs plumes et leur graisse, sont plus sensibles au niveau de leurs ailes et de leurs pieds. Dans ces deux cas de figure, ils adoptent un comportement de rassemblement en un groupe compact qui alterne sans cesse les positions de ses membres entre une position intérieure ou extérieure permettant ainsi de réduire la perte de chaleur jusqu'à 50 %93.
Les insectes volants, un sous-ensemble d'arthropodes, sont balayés par les vents dominants ; cela influe énormément sur leur dispersion et leur migration94.
Les oiseaux migrateurs tirent beaucoup plus parti du vent au lieu de le subir. Ils s'en servent afin de planer au maximum après avoir utilisé des courants thermiques ascendants pour prendre le plus d'altitude possible. La sterne arctique est un des plus grands champions de la discipline en réussissant des vols transatlantiques, voire plus, de cette manière. Le champion de l'océan Pacifique est le puffin fuligineux et l'un des vols les plus impressionnants sur des vents d'altitude est le grand albatros. Les records d'altitudes sont tenus par les oies à 9 000 mètres et les vautours jusqu'à 11 000 mètres. On remarque également que les axes de migration utilisent les vents dominants saisonniers95,96.
Certains animaux se sont adaptés au vent tel le pika qui crée un mur de cailloux pour stocker des plantes et herbes sèches à l'abri97. Les cancrelats savent tirer parti des vents légers pour échapper à leurs prédateurs. Les animaux herbivores se positionnent en fonction du vent et de la topographie afin de bénéficier du transport des odeurs, comme des bruits, par le vent et ainsi percevoir l'approche d'un prédateur qui s'est lui-même adapté en approchant autant que possible sous le vent donc avec un vent soufflant de sa proie vers lui98.
Des rapaces et autres oiseaux prédateurs utilisent les vents pour planer sans effort jusqu'à repérer une proie tels les goélands bourgmestre qui attendent que les vents dépassent les 15 km/h pour accentuer leurs attaques sur les colonies de guillemots99.
Sifflement du vent
Le bruit du vent est appelé sifflement. Le sifflement du vent est réputé aigu, lugubre, oppressant, etc.100. Le vent est un mouvement de l'air et ne produit pas de sons au sein d'un système homogène à même vitesse mais par frottement sur des systèmes d'air de vitesses différentes ou à la suite du frottement sur des solides ou des liquides101
Parfois aussi le son du vent est modulé par la forme des solides qu'il traverse et selon sa direction comme dans les gorges ou les grottes. Même au sein des habitations, le vent peut générer des bruits. Les instruments à vent sont exactement basés sur ce même principe naturel mais en modulant la pression, l'ampleur et la vitesse, le tout combiné parfois à des volumes de résonance. Cet effet sonore du vent est d'ailleurs une grande source de nuisance lorsque l'on fait des enregistrements en extérieur et les micros doivent être enveloppés d'une couche protectrice poreuse afin que le vent ne rende pas tous les sons alentour inaudibles en traversant la structure interne du récepteur du microphone.
Lorsque le vent est sauvage, on parle souvent des hurlements ou des rugissements du vent pendant les tempêtes, tornades, à travers des arbres dénudés de leur feuillage ou avec des violentes rafales. Les sons sont plus apaisants à l'oreille humaine lorsque des brises roulent du sable sur une grève, font bruisser les feuilles des arbres ou frisent la surface de l'eau de vaguelettes. Lorsque le vent est très aigu, on dit qu'il fait des miaulements.
Le vent porte également les bruits en déformant l'onde circulaire naturelle de tout bruit. En plus de son bruit propre, il change également la répartition de tous les bruits environnementaux. On étudie désormais sérieusement les effets des vents dominants sur le transport du bruit des avions, des autoroutes ou des industries car le vent peut autant augmenter la distance de perception de bruits qu'aider à les étouffer plus vite, selon sa direction102.
Dégâts
Le vent n'est pas que pacifique, il est essentiel à l'écosystème mais parfois le système s'emballe et le vent devient alors une force destructrice que l'on ne peut maîtriser.
Vitesse et ampleur
Le vent peut se déchaîner dans une tempête, comme un cyclone tropical, et détruire des régions entières. Les vents de force d'ouragan peuvent endommager ou détruire des véhicules, des bâtiments, des ponts, etc. Les vents forts peuvent aussi transformer des débris en projectiles, ce qui rend l'environnement extérieur encore plus dangereux. Les vents peuvent également venir s'ajouter à d'autres phénomènes comme des vagues, se combiner aux éruptions volcaniques, aux feux de forêts… comme détaillé ci-dessous.
Coup de mer et onde de tempête
Diagramme illustrant la formation d'une onde de tempête par un cyclone tropical.
Le vent peut accentuer des grandes marées comme lors de la tempête Xynthia en France en 2010 où sa direction est venue s'additionner au sens de montée de la mer. En se déplaçant, l'air agit par friction sur la surface de la mer. Cet effet crée une accumulation d'eau dans les régions sous le vent, similaire à celui qui crée un effet de seiche, qui est inversement proportionnel à la profondeur et proportionnel à la distance sur laquelle le vent s'exerce103,104. Ceci s'ajoute à l'augmentation du niveau de la mer créée par la pression plus faible au centre du système météorologique et à d'autres facteurs104. On appelle ce phénomène une onde de tempête.
Le coup de mer est une perturbation de la mer, souvent brève, localisée, due aux vents et pouvant être très violente alors qu'il n'y a pas de tempête au lieu où l'effet est noté. Il s'agit de la combinaison d'une dépression et de vents violents directionnels près d'une dépression qui se situe loin au large et provoque un effet de succion sur la surface de la mer. Cette colline liquide va donc augmenter jusqu'à l'équilibre puis s'effondrer lors du déplacement de la dépression. Si le mouvement du système est rapide, la chute est brutale ; elle va créer des fronts de vagues plus ou moins importants qui seront entretenus en partie par des vents de surfaces s'ils existent. Si ceux-ci sont violents, ils peuvent même l'alimenter105. Si ces vagues ont une ampleur telle qu'elles commettent des dégâts sur les côtes ou causent des naufrages, on les appellera « vagues-submersion »106. Comme ce phénomène a lieu au large, si la dépression ne se dissipe pas d'elle-même l'ampleur des vagues explosera en se rapprochant de la côte parce que le volume d'eau déplacé par la dépression restera le même alors que la profondeur diminue jusqu'à devenir nulle.
Les différences entre un coup de mer et un tsunami sont l'origine éolienne au lieu de géologique, l'aspect limité de son action géographique et temporelle, mais aussi que les vagues sont formées dès le large et non par la collision des fronts d'onde sur le plateau continental qui ici ne fera qu'amplifier des vagues déjà existantes. Ce phénomène est par exemple observable deux à quatre fois par an sur la Côte d'Azur107 ou en Corse comme à Cannes en 2010108 où ce phénomène habituellement limité à des vagues de 4 à 5 mètres culmina avec des lames de 6 à 10 mètres emportant tout sur leur passage.
Transfert d'énergie
Film de la destruction du pont de Tacoma en 1940.
Sur les structures des ponts suspendus, il a déjà provoqué des phénomènes de mise en résonance allant jusqu'à la destruction de l'ouvrage comme pour le pont du détroit de Tacoma en 1940, le pont de la Basse-Chaîne (Angers) en 1850 ou le pont de La Roche-Bernard en 1852. Dans ces cas, il y a un échange d’énergie mécanique qui se produit entre le vent et le pont qui oscille. En condition normale, l’énergie mécanique engendrée par une petite oscillation initiale extérieure est transférée du pont vers le vent qui la dissipe. Mais si la vitesse moyenne du vent est suffisamment élevée, au-dessus de ce que l’on appelle la « vitesse critique », le pont est instable et l’oscillation initiale s’amplifie. L'énergie se transfère alors du vent vers le pont et les oscillations s’amplifient à cause du couplage aéroélastique jusqu'à entraîner parfois la rupture des structures du pont.
Érosion éolienne
Lorsqu'il érode des sols, il peut aller jusqu'à la roche et/ou désertifier complètement une région comme pour la mer de sable du Hoge Veluwe aux Pays-Bas, phénomène qui se nomme également déflation. Le vent peut également provoquer des tempêtes de sable comme par le chammal ou de poudrerie (chasse-neige) comme le blizzard. En outre, si l'érosion éolienne, pluviale, maritime et fluviale n'était pas contrebalancée par les mouvements magmatiques divers, la Terre serait recouverte d'eau depuis longtemps car cette érosion aurait effrité tous les solides dépassant une couche de boue sous-marine. Le vent érode et transporte les roches qui finiront par s'accumuler dans la mer jusqu'à une modification de relief terrestre à la suite de mouvements tectoniques qui pousseront ces sédiments comprimés par la pression de l'eau vers le haut. C'est donc un des mécanismes de création des roches sédimentaires qui seront alors à nouveau érodées par le vent dès qu'elles seront découvertes à l'air libre.
Orages
Les orages sont souvent accompagnés de rafales violentes ou de tornades qui produisent des dégâts importants le long d'un corridor au sol. Ils sont également accompagnés de turbulence, par cisaillement des vents dans le nuage, qui peut endommager des avions ou même les faire écraser si elle se produit relativement près du sol109.
La production de foudre est causée par la différence de charges électriques entre la base et le sommet du nuage orageux, entre le nuage et le sol ou entre deux nuages. Ces charges sont produites par collisions des gouttelettes et cristaux de glaces dans le courant ascendant, ou vent vertical, dans le nuage.
Dispersion de particules
Dans des cas de pollution, il permet d'épurer les régions touchées mais va répandre celle-ci sur d'autres régions jusqu'à dilution des polluants ou précipitation par la pluie comme dans le cas du nuage de Tchernobyl ou dans les cas de pluie acide. Plus récemment, l'éruption de l'Eyjafjöll a paralysé les trois quarts du trafic aérien européen.
Dispersion de maladies
Bien des maladies sont transportées par les vents, peu importe qu'elles soient virales, bactériennes ou fongiques. Souvent, le vent ne va permettre que des petits sauts de quelques centimètres à plusieurs mètres. Mais, les grands vents ou des cyclones peuvent transporter des infections sur des centaines de kilomètres110. Quelques infections courantes utilisant le vent : la rouille noire, la rouille du maïs, le mildiou, les fusarium… Il importe d'ailleurs peu que le vent charrie directement l'infection (certains organismes peuvent aussi s'encapsuler durant le transport pour mieux résister) ou transporte des matériaux contaminés.
Migration et déplacement d'insectes ravageurs
Les insectes volants bénéficient souvent ou se sont adaptés à des régimes de vent particuliers. Ce qui permet à ces bêtes assez petites de franchir des très longues distances que leurs seules forces ne leur permettraient pas. Les ravageurs les plus courants sont actuellement les cicadelles, sauterelles, fourmis, les abeilles tueuses ou le criquet pèlerin111,112.
Effet sur les incendies
Le vent agit également dans les cadres des incendies de forêt auxquels il fournit une force de déplacement d'une part mais également une alimentation en oxygène qui entretient voire attise les flammes comme l'Homme s'en est inspiré pour créer les soufflets. Le vent permet également ce que l'on appelle les sauts de feu, que ce soit sous forme de touffes enflammées ou simplement de braises qui permettent de franchir des obstacles tels les rivières, failles ou les coupe-feu.
Dans l'espace
Le vent solaire est assez différent du vent terrestre car il se compose de particules polarisées qui sont éjectées de l'atmosphère du Soleil. Par contre, le vent planétaire est lui semblable au vent solaire et est composé de gaz légers qui s'échappent de l'atmosphère de leur planète. Sur de longues périodes de temps, ce vent planétaire peut radicalement changer la composition de l'atmosphère d'une planète.
Vent planétaire
Des vents hydrodynamiques dans les couches supérieures de l'atmosphère permettent à des éléments chimiques légers comme l'hydrogène de se déplacer vers l’exobase, partie inférieure de l'exosphère où ces gaz peuvent acquérir la vitesse de libération et donc s'échapper dans l'espace interplanétaire sans que d'autres particules ne contrarient leur mouvement ; c'est un peu une forme d'érosion gazeuse113. Ce type de processus sur des temps extrêmement longs, de l'ordre de milliards d'années, peut faire que des planètes riches comme la Terre évoluent en des planètes comme Vénus114. Des planètes avec une atmosphère basse très chaude peuvent générer une atmosphère haute très humide et donc accélérer le processus de perte de l'hydrogène115. L'énergie nécessaire à l'arrachage de ces éléments légers étant fournie par le vent solaire.
Vent solaire
Rencontre du plasma du vent solaire et de l'héliopause.
À la différence de l'air, le vent solaire est à l'origine un flux de particules polarisées comparable à un courant électrique ou à un plasma éjecté par la couronne solaire dont la chaleur permet des vitesses de fuite de plus de 400 km/s (1 440 000 km/h). Il est majoritairement constitué d'électrons et de protons avec une énergie de l'ordre de 1 keV. Ce flux de particules varie en température et en vitesse au fur et à mesure du temps116. Il existerait également des mécanismes internes au Soleil permettant de transmettre à ces particules une haute énergie cinétique mais leur fonctionnement reste encore actuellement un mystère. Le vent solaire crée l'héliosphère, vaste bulle qui contient tout le système solaire et s'étend jusque dans l'espace interstellaire117.
C'est aussi ce qui explique que seules des planètes disposant d'un très puissant champ magnétique peuvent supporter sans dommage ce vent solaire continuel, réduisant ainsi l'ionisation de la haute atmosphère. Divers phénomènes observables sont dérivés du vent solaire telles les tempêtes électromagnétiques qui peuvent affecter les équipements électriques118, les aurores boréales119 ou encore le fait que les comètes qui traversent le système solaire ont toujours leur queue dirigée à l'opposé du Soleil120.
Cependant, au fur et à mesure que ce vent solaire croise des planètes, il est alimenté par le vent planétaire et prend alors des caractéristiques plus proches des vents terrestres dans certains de ses effets, des systèmes solaires très denses pourraient ainsi en arriver à avoir une atmosphère ténue.
Transport spatial
Vue d'artiste d'une voile solaire.
Certains tests sont actuellement effectués sur les voiles solaires et il avait même été imaginé une course de voiles solaires121. Le principe est semblable à celui des voiliers, à ceci près qu'il s'appuie sur la lumière (les photons) émis par le Soleil. Compte tenu de la faible propulsion générée, le procédé ne permet pas de quitter la surface d'une planète (même dénuée d'atmosphère, et donc de friction). Il est en revanche utilisable sur un appareil ayant déjà atteint la vitesse de satellisation minimale, voire la vitesse de libération. La difficulté de mise en œuvre réside dans la faiblesse de la poussée : une voile de 220 000 m2 est nécessaire pour obtenir une poussée de 1 kg m s−1.
Cependant, cet effet est déjà utilisé sur les sondes spatiales afin de rectifier une trajectoire ou de fournir une poussée supplémentaire comme pour la sonde Mariner 10.
Références
- (en) F. von Richthofen, « On the mode of origin of the loess », The Geological Magazine, Decade II, vol. 9, no 7, , p. 293–305
- Organisation météorologique mondiale, « Rafale » [archive], sur Eumetcal (consulté le )
- « Bourrasque » [archive], Glossaire météorologique, sur Météo-France (consulté le )
- « Rafale descendante » [archive], Comprendre la météorologie, Météo-France, (consulté le )
- « Grain » [archive], Glossaire météorologique, Météo-France (consulté le )
- Œuvres de Blaise Pascal, t. I, Paris, Lefèvre, (OCLC 8404880, lire en ligne [archive]), p. 85-95
- Biographie de Benjamin Franklin [archive]
- « Vent réel et vent apparent » [archive], wordpress.com (consulté le )
- Organisation météorologique mondiale, « Vent apparent et relatif » [archive], Glossaire météorologique, Eumetcal (consulté le )
- (en) Ian R. Young et Agustinus Ribal, « Multiplatform evaluation of global trends in wind speed and wave height », Science, vol. 364, no 6438, (DOI 10.1126/science.aav9527, résumé [archive]).
- (en) Joël Ignasse, « Les vents et les vagues ont pris de la puissance en 30 ans », Sciences et Avenir, (lire en ligne [archive]).
- [PDF] (244 KB)
- Richard Leduc et Raymond Gervais, Connaître la météorologie, Montréal, Presses de l'Université du Québec, , 320 p. (ISBN 2-7605-0365-8, lire en ligne [archive]), p. 72 (section 3.6 Les grands traits de la circulation générale)
- « El Niño » [archive], Comprendre la météo, Météo-France (consulté le )
- « El Niño » [archive], Comprendre la météo, Météo-France (consulté le )
- Cette rose des vents était utilisée par les marins sur la mer Méditerranée pour se repérer. La direction, le nom et les effets de chacun de ces vents peuvent varier suivant les régions (en particulier, les directions du Mistral et de la Tramontane sont permutées dans la région du Languedoc).
- « La mousson d'été en Inde » [archive], Glossaire météorologique, Météo-France (consulté le )
- - LE KAMI KAZE OU LE VENT DIVIN JAPONAIS - [archive]
- « Circulation générale » [archive], Glossaire de la météorologie, Météo-France, (consulté le )
- « Force de Coriolis » [archive], Glossaire de la météorologie, Météo-France, (consulté le )
- Force de Coriolis, définition [archive]
- Organisation météorologique mondiale, « Vent catabatique » [archive], Glossaire de la météorologie, Eumetcal (consulté le )
- Organisation météorologique mondiale, « Vent anabatique » [archive], Glossaire de la météorologie, Eumetcal (consulté le )
- (en) E Kalnay et M. Cai, « Impact of urbanization and land-use change on climate », Nature, vol. 423, , p. 528-531 (résumé [archive])
- (en) Robert Vautard (CEA/CNRS/UVSQ), Julien Cattiaux, Pascal Yiou, Jean-Noël Thépaut et Philippe Ciais, « Northern Hemisphere atmospheric stilling partly attributed to an increase in surface roughness », Nature Geoscience, vol. 3, , p. 756–761 (DOI 10.1038/ngeo979, résumé [archive])
- (en) C. Gruber et L. Haimberger, « On the homogeneity of radiosonde wind time series. », Meteorologische Zeitschrift, vol. 17, , p. 631-643
- (en) Dr Steve Ackerman, « Sea and Land Breezes » [archive], Université du Wisconsin, (consulté le )
- (en) JetStream: An Online School For Weather, « The Sea Breeze » [archive], National Weather Service, (consulté le )
- « L’impact de la circulation méso-échelle sur les échanges côte-large, » [archive], sur SIROCCO,, 25 novembre 2008, toulouse.
- Département de sciences de la Terre et de l’atmosphère, « Écoulement en équilibre » [archive], UQAM, [PDF]
- Organisation météorologique mondiale, « Vent géostrophique » [archive], Glossaire de la météorologie, Eumetcal, (consulté le )
- Organisation météorologique mondiale, « Vent du gradient » [archive], Glossaire de la météorologie, Eumetcal, (consulté le )
- Organisation météorologique mondiale, « Vent agéostrophique » [archive], Glossaire de la météorologie, Eumetcal, (consulté le )
- (en) « Gradient wind » [archive], Glossary of Meteorology, American Meteorological Society, (consulté le )
- Organisation météorologique mondiale, « Vent thermique » [archive], Glossaire de la météorologie, Eumetcal, (consulté le )
- (fr) Frank Jourdain (CEA Cadarache), « Phénoménologie et modélisation des transferts de polluants dans l'atmosphère », Journées de modélisation, CNRS, 19 – 21 mai 2008, p. 8 (lire en ligne [archive] [PDF], consulté le )
- (en) Hiroshi Ishida, « Boundary layer meteorology », Boundary-Layer Meteorology, Pays-Bas, Springer, , p. 71-84 (résumé [archive])
- (en) Wilhelm Bjerknes, « The problem of Weather Prediction, as seen from the standpoints of Mechanics and Physics » [archive], NOAA (consulté le )
- E. Lecomte, « 3 sites pour visualiser en direct la progression des vents », Science et Avenir, 2 mai 2019 à 16h38 (lire en ligne [archive], consulté le ).
- « La rose des vents » [archive], Glossaire, Météo-France (consulté le ).
- J. Ignasse, « Le satellite Aeolus et l'instrument Aladin vont étudier les vents terrestres », Science & Vie, (lire en ligne [archive], consulté le ).
- (en) Commission for Climatology, « New world record wind gust » [archive], Info note, Organisation météorologique mondiale (consulté le )
- (en) « Doppler on Wheels, Wurman et al. 1997, Wurman 2001 » [archive], Center for Severe Weather Research (consulté le )
- (en) Joshua Wurman, Curtis Alexander, Paul Robinson et Yvette Richardson, « Low level winds in tornadoes and potential catastrophic tornado impacts in urban areas » [archive], American Meteorological Society (consulté le )
- (en) Howard B. Bluestein, James G. LaDue, Herbert Stein et Douglas Speheger, « Doppler Radar Wind Spectra of Supercell Tornadoes » [archive], American Meteorological Society (consulté le )
- « Le vent catabatique en Terre Adélie » [archive], sur Base Dumont d’Urville, (consulté le )
- Meteo France, « Le vent » [archive], sur education.meteofrance.fr (consulté le )
- (en) William B. Rossow, W. B. Rossow, A. D. del Genio et T. Eichler, « Cloud-tracked winds from Pioneer Venus OCPP images », Journal of the Atmospheric Sciences, vol. 47, no 17, , p. 2053–2084 (DOI 10.1175/1520-0469(1990)047<2053:CTWFVO>2.0.CO;2, lire en ligne [archive] [PDF]).
- (en) NASA, « Mars Rovers Spot Water-Clue Mineral, Frost, Clouds » [archive], sur marsrovers.jpl.nasa.gov, (consulté le )
- (en) NASA, « NASA Mars Rover Churns Up Questions With Sulfur-Rich Soil » [archive], sur nasa.gov, (consulté le )
- (en) Leonard David, « Spirit Gets A Dust Devil Once-Over » [archive], Space.com, (consulté le )
- (en) A. P. Ingersoll, T. E. Dowling, P. J. Gierasch, G. S. Orton, P. L. Read, A. Sanchez-Lavega, A. P. Showman, A. A. Simon-Miller et A. R. Vasavada, Dynamics of Jupiter’s Atmosphere, Lunar & Planetary Institute, (lire en ligne [archive] [PDF])
- (en) C.C. Porco et al., « Cassini Imaging Science: Initial Results on Saturn's Atmosphere », Science, vol. 307, no 5713, , p. 1243–1247 (PMID 15731441, DOI 10.1126/science.1107691)
- (en) L. A. Sromovsky et P. M. Fry, « Dynamics of cloud features on Uranus », Icarus, vol. 179, , p. 459–483 (DOI 10.1016/j.icarus.2005.07.022, lire en ligne [archive], consulté le )
- (en) H. B. Hammel, I. de Pater, S. Gibbard et al., « Uranus in 2003: Zonal winds, banded structure, and discrete features », Icarus, vol. 175, , p. 534–545 (DOI 10.1016/j.icarus.2004.11.012, lire en ligne [archive] [PDF], consulté le )
- (en) H. B. Hammel, K. Rages, G. W. Lockwood et al., « New Measurements of the Winds of Uranus », Icarus, vol. 153, , p. 229–235 (DOI 10.1006/icar.2001.6689, lire en ligne [archive], consulté le )
- (en) Linda T. Elkins-Tanton, Uranus, Neptune, Pluto, and the Outer Solar System, New York, Chelsea House, (ISBN 0-8160-5197-6), p. 79–83
- (en) Jonathan I. Lunine, The Atmospheres of Uranus and Neptune, Lunar and Planetary Observatory, université d'Arizona, (lire en ligne [archive] [PDF])
- Le séchage du bois [archive]
- Ventilation ou aération ? [archive]
- (en) Bernard Eckey éditeur = West Lakes, SA, Advanced Soaring made easy : Success is a Journey - Not a Destination, , 2e éd., 336 p. (ISBN 978-0-9807349-0-4), p. 324
- Hugo Meunier, « Aéroport Trudeau: des passagers blessés dans des turbulences » [archive], Cyberpresse, (consulté le )
- Jules Verne, « Dans lequel l'inspecteur Fix prend très sérieusement les intérêts de Philéas Fog » [archive], Jules Verne - Le tour du monde en 80 jours, Adlitteram (consulté le )
- (en) Kari Kristinssona et Rekha Rao, « Learning to Grow: A Comparative Analysis of the Wind Turbine Industry in Denmark and India », DRUID-DIME Winter Conference, 26 au 28 janvier 2006 (lire en ligne [archive], consulté le )[PDF]
- Transformer l'air en eau et la propriété intellectuelle en plus‑value [archive]
- (fr) M. L. Tarrade, L.E. Brizzi, L. David et D. Calluaud, « Étude aérodynamique en aval de modèles de bâtiments placés dans un vent en incidence », 9e Congrès Francophone de Vélocimétrie Laser, no G3.8, (lire en ligne [archive] [PDF], consulté le )
- « Ventilations naturelles » [archive], Construire sa maison durable en Afrique, (consulté le )
- Centre de Ressources et d'Informations Techniques, « Ventilation : ayez l'air naturel » [archive], École d'Architecture de Nancy et École d'Architecture de Strasbourg, (consulté le )
- (fr) J.-R. Clergeau, « A propos... de la tuile à loups », Aguiaine, Saint-Jean-d'Angély (France), Société d'études folkloriques du Centre - Ouest, vol. 24, no 172, , p. 380-381 (ISSN 0222-9536, résumé [archive])
- Wolfsziegel, « La Tuile à loups – 1972 – Jacques Ertaud » [archive], Agressions animales, (consulté le )
- Serge Jodra, « La religion celtique » [archive], Religion, mythes et symboles, Cosmovisions, (consulté le )
- « Civilisation Toltèque » [archive], Planet-mexico, (consulté le )
- « Les Marouts » [archive], Insecula, (consulté le )
- « Définition de vent » [archive], Portail lexical, CNRTL, (consulté le )
- « Étymologie de vent » [archive], Portail lexical, CNRTL, (consulté le )
- Dominique Busiau, « Capteurs de rêves » [archive], sur Bio info. (consulté le ).
- Gorka Robles et Jean-Claude Mailly, « Gastibelza est tiré du poème de Victor Hugo Guitare » [archive], Une chanson, une histoire du pays basque, sur francebleu.fr (consulté le ).
- (en) Vern Hofman et Dave Franzen, « Emergency Tillage to Control Wind Erosion » [archive], North Dakota State University Extension Service, (consulté le )
- (en) James K. B. Bishop, Russ E. Davis et Jeffrey T. Sherman, « Robotic Observations of Dust Storm Enhancement of Carbon Biomass in the North Pacific », Science, no 298, , p. 817–821 (lire en ligne [archive], consulté le )
- « Le sable du Sahara recouvre la Belgique » [archive], Le Soir, (consulté le )
- Belga, « L’alerte au smog sera levée lundi » [archive], La Libre Belgique, (consulté le )
- (en) United States Geological Survey, « Dunes – Getting Started » [archive], sur geomaps.wr.usgs.gov, (consulté le )
- (en) K.E.K. Neuendorf, J.P. Mehl et Jr. et J.A. Jackson, Glossary of Geology, Alexandria (Va.), Springer-Verlag, New York, , 779 p. (ISBN 3-540-27951-2), p. 779
- (en) Arthur Getis, Judith Getis et Jerome D. Fellmann, Introduction to Geography, Seventh Edition, McGraw Hill, (ISBN 0-697-38506-X), p. 99
- « MER et climat : tout est lié » [archive], Le Monde et Nous, (consulté le )
- Daniel A. Gorelick, « Comprendre le cycle du carbone » [archive], Environnement, Gouvernement des États-Unis, (consulté le )
- (fr) P. Pesson et Jean Louveaux, Pollinisation et production végétale, INRA, (lire en ligne [archive])
- (en) M. L. Cody et J. M. Overton, « Short-term evolution of reduced dispersal in island plant populations », Journal of Ecology, vol. 84, , p. 53–61
- (en) Leif Kullman, « Wind-Conditioned 20th Century Decline of Birch Treeline Vegetation in the Swedish Scandes », Arctic, vol. 58, no 3, , p. 286–294 (lire en ligne [archive], consulté le )
- (en) Michael A. Arnold, « Coccoloba uvifera » [archive], Texas A&M University, (consulté le )
- (en) National Parks Service, « Plants » [archive], Département de l'Intérieur des États-Unis, (consulté le )
- (en) D. R. Ames et L. W. lnsley, « Wind Chill Effect for Cattle and Sheep », Journal of Animal Science, vol. 40, no 1, , p. 161–165 (DOI 10.2527/jas1975.401161x, lire en ligne [archive], consulté le ).
- (en) « Adapting to the Cold » [archive], Australian Government Department of the Environment, Water, Heritage, et Arts Australian Antarctic Division, (consulté le ).
- (en) Diana Yates, « Birds migrate together at night in dispersed flocks, new study indicates » [archive], Université de l'Illinois à Urbana – Champaign, (consulté le ).
- (en) Gary Ritchison, « BIO 554/754 Ornithology Lecture Notes 2 – Bird Flight I » [archive], Eastern Kentucky University, (consulté le )
- « Les stratégies des migrateurs » [archive], L’Europe à tire d’ailes (consulté le ).
- (en) Jennifer Owen, Feeding strategy, Université de Chicago Press, , 160 p. (ISBN 978-0-226-64186-7, lire en ligne [archive]), p. 34–35.
- (en) Bob Robb, Gerald Bethge et Gerry Bethge, The Ultimate Guide to Elk Hunting, Globe Pequot, , 240 p. (ISBN 978-1-58574-180-9, lire en ligne [archive]), p. 161
- (en) H. G. Gilchrist, A. J. Gaston et J. N. M. Smith, « Wind and prey nest sites as foraging constraints on an avian predator, the glaucous gull », Ecology, vol. 79, no 7, , p. 2403–2414 (ISSN 0012-9658, lire en ligne [archive], consulté le )
- « Bibliothèque de bruits de vents » [archive], universal-soundbank.com, (consulté le )
- « L’étude acoustique du vent des éoliennes » [archive], Projet éoliens des Pallières, (consulté le )
- Jouad Sarah, « Bruits des avions » [archive], WiZIQ, (consulté le )
- (en) « Storm Surge » [archive], NOAA (consulté le )
- « L'onde de tempête et les vagues causées par l'ouragan Juan à Halifax » [archive], Centre canadien de prévision d'ouragan, (consulté le )
- « Qu'est-ce qu'un coup de mer? » [archive], Libération (consulté le )
- « Les vagues-submersion » [archive], Comprendre la météo, Météo-France
- « Coup de mer et dégâts sur la Côte d'Azur » [archive], La Chaîne Météo, (consulté le )
- « Des vagues de six mètres de haut sur le littoral azuréen », Le Figaro, (lire en ligne [archive], consulté le )
- (en) Langley Air Force Base, « Making the Skies Safer From Windshear » [archive], NASA, (consulté le )
- Principes de phytopathologie et de lutte contre les maladies des plantes [archive] par R. Corbaz
- « Les insectes ravageurs de la vigne au Québec » [archive], sur eduportfolio.org
- « La lutte contre les insectes ravageurs: la situation de l'agriculture africaine par R. Kumar » [archive], sur Books google (consulté le )
- (en) Ruth Murray-Clay, « Atmospheric Escape Hot Jupiters & Interactions Between Planetary and Stellar Winds » [archive], Université de Boston, (consulté le )
- (en) E. Chassefiere, « Hydrodynamic escape of hydrogen from a hot water-rich atmosphere: The case of Venus », Journal of geophysical research, vol. 101, no 11, , p. 26039–26056 (ISSN 0148-0227, lire en ligne [archive], consulté le )
- (en) Rudolf Dvořák, Extrasolar Planets : formation, detection and dynamics, Weinheim, Wiley-VCH, , 287 p. (ISBN 978-3-527-40671-5, lire en ligne [archive]), p. 139–140
- (en) Dr David H. Hathaway, « The Solar Wind » [archive], National Aeronautics and Space Administration Marshall Space Flight Center, (consulté le )
- (en) Robert Roy Britt, « A Glowing Discovery at the Forefront of Our Plunge Through Space » [archive], SPACE.com, (consulté le )
- (en) Earth in Space, « Geomagnetic Storms Can Threaten Electric Power Grid », American Geophysical Union, vol. 9, no 7, , p. 9–11 (lire en ligne [archive], consulté le )
- (en) T. Neil Davis, « Cause of the Aurora » [archive], Alaska Science Forum, (consulté le )
- (en) Donald K. Yeomans, « World Book at NASA: Comets » [archive], National Aeronautics and Space Administration, (consulté le )
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
- Jean-Pierre Leguay, L’air et le vent au Moyen Âge, PUR, 2011
- Michel Viegnes (dir.), Imaginaire du vent : actes du colloque international, IMAGO, 2003
- Anne Decrosse, L’air et le vent, Du May, 1992
Vidéographie
Articles connexes
Liens externes
- Service météorologique du Canada, « Vents et circulation générale atmosphérique » (version du 27 mai 2009 sur l'Internet Archive), Environnement et Changement climatique Canada.
- « Planète éolienne » [archive]. « Site de référence de l’éolien, associations de promotion de l’éolien, actualités, galeries photos, idées fausses, témoignages, petit éolien… ».
- « Règles NV65 : règles définissant les effets de la neige et du vent sur les constructions » [archive], sur www.icab.fr.
- M. L.Tarrade, L.E. Brizzi, L.David et D. Calluaud, « Étude aérodynamique en aval de modèles de bâtiments placés dans un vent en incidence », 9e Congrès Francophone de Vélocimétrie Laser, (lire en ligne [archive]).
Visualisation de données animée
Plusieurs sites internet offrent des visualisation de données prédictives ou en temps réel du vent et des déplacements des masses d'air, dont :
- « Earth Null School » [archive] (consulté le ) : exploite les données du Global Forecast System (système américain dédié aux prévisions météorologiques, dont le contenu est gratuitement accessible et réutilisable). Données jour par jour depuis 2013, prévisionnelles à 5 jours, toutes altitudes: vents, humidité, températures et pollutions. Réactualisation toutes les 3 heures.
- « Earth : Global wind, weather and temperature » [archive] (consulté le ) : propose une fonction calendrier rétrospectif ;
- « Ventusky » [archive], sur www.ventusky (consulté le ) : mis au point par une société tchèque, pour faire de la prédiction (avec possibilité de remonter quelques heures, en arrière) ; les données météo pour la Tchèquie y sont en outre actualisées chaque demi-heure ;
- « Windy » [archive], sur www.Windy (consulté le ) : site commercial créé en 2014 pour les surfers, avec accès à quelques webcams.
-
Cyclone tropical
Cette page contient des caractères spéciaux ou non latins. Si certains caractères de cet article s’affichent mal (carrés vides, points d’interrogation, etc.), consultez la page d’aide Unicode.
Usage |
Cyclone des régions tropicales à centre chaud
|
modifier - modifier le code - modifier Wikidata
Un cyclone tropical est un type de cyclone (dépression) qui prend forme dans les océans de la zone intertropicale à partir d'une perturbation qui s'organise en dépression tropicale puis en tempête. Son stade final est connu sous divers noms à travers le monde : ouragan dans l'Atlantique nord et le Pacifique Nord-Est, typhon en Asie de l'Est et cyclone dans les autres bassins océaniques.Structurellement, un cyclone tropical est une large zone de nuages d'orage en rotation accompagnée de vents forts. On peut les classer dans la catégorie des systèmes convectifs de méso-échelle puisqu'ils ont un diamètre inférieur à une dépression classique, dite « synoptique », et que leur source d'énergie principale est le dégagement de chaleur latente causé par la condensation de la vapeur d'eau en altitude dans leurs orages. Le cyclone tropical est semblable à une machine thermique, au sens de la thermodynamique. Le dégagement de chaleur latente dans les niveaux supérieurs de la tempête élève la température à l'intérieur du cyclone de 15 à 20 °C au-dessus de la température ambiante dans la troposphère à l'extérieur du cyclone. Pour cette raison, les cyclones tropicaux sont des tempêtes à « noyau chaud ».Les cyclones tropicaux sont redoutés pour le caractère destructeur de leurs pluies torrentielles et de leurs vents. Ils sont classés parmi les risques naturels les plus courants et font chaque année des centaines, voire des milliers de victimes. Les régions les plus menacées ont mis en place des mesures de surveillance météorologique, coordonnée par l'Organisation météorologique mondiale, ainsi que des programmes de recherche et de prévision de la trajectoire et la vitesse de déplacement des cyclones.Classification et terminologieOrigine du terme
L'Observatoire de Zi-Ka-Wei près de
Shanghaï : le bâtiment météorologique vers 1925
1.
Le terme cyclone, appliqué aux cyclones tropicaux, a été forgé par le capitaine de marine anglais Henry Piddington (1797 – 1858) à la suite de ses études sur la terrible tempête tropicale de 1789 qui avait tué plus de 20 000 personnes dans la ville côtière indienne de Coringa. En 1844, il publia ses travaux sous le titre The Horn-book for the Law of Storms for the Indian and China Seas (Mémoires sur les tempêtes de l'Inde2). Les marins du monde reconnurent la grande qualité de ses travaux et le nommèrent président de la Marine Court of Inquiry (Cour de marine) de Calcutta. En 1848, dans une nouvelle version agrandie et complétée de son livre, The Sailor's Horn-book for the Law of Storms (Guide du marin sur la loi des tempêtes3), ce pionnier de la météorologie compara le phénomène météorologique à un serpent s'enroulant en cercle, kyklos en grec, d'où cyclone2,4.
Louis Froc (1859-1932) a été surnommé le « père ou le prêtre des typhons » pour avoir organisé le premier réseau d'observation permettant de prévoir et suivre les typhons en mer de Chine à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle5,6.
Nomenclature
Noms donnés aux cyclones tropicaux par bassin: 1) Ouragan 2) Typhon 3) Cyclone.
Les cyclones tropicaux sont divisés en trois stades de vie : les dépressions tropicales, les tempêtes tropicales, et un troisième groupe dont le nom varie selon les régions. Ces stades sont en fait trois niveaux d'intensité et d'organisation qu'un cyclone tropical peut ou non atteindre. On retrouve donc dans l'ordre croissant d'intensité :
- la dépression tropicale. C'est un système organisé de nuages, d'eau et d'orages avec une circulation cyclonique fermée en surface et des vents dont la vitesse maximale est inférieure à 17 m/s (soit 63 km/h) ;
- la tempête tropicale. C'est un système cyclonique dont les vents ont une vitesse maximum comprise entre 17 et 33 m/s (soit entre 63 et 117 km/h) ;
- l'ouragan/typhon/cyclone. C'est un système cyclonique dont les vents ont une vitesse qui excède 33 m/s (environ 118 km/h) et qui a un œil dégagé en son centre.
Le terme utilisé pour désigner les cyclones tropicaux supérieurs varie selon les régions, comme suit7 :
- ouragan dans l'Atlantique Nord et l'océan Pacifique à l'est de la ligne de changement de date. L'origine du mot est contestée : d'huricán, du caraïbe pour « dieux du mal »8,9 ou « dieu des tempêtes »10, ou encore de l'arawak huracana signifiant « vent d'été »[réf. nécessaire] ;
- typhon dans le Pacifique Nord à l'ouest de la ligne de changement de date. Le mot viendrait du grec ancien Τυφών / tuphōn, un monstre de la mythologie grecque responsable des vents chauds, et qui aurait voyagé vers l'Asie par l'arabe (tûfân) puis récupéré par les navigateurs portugais (tufão). D'autre part, les Chinois utilisent 颱風 (grand vent) prononcé tai fung en cantonais (voir Wiktionnaire), et le Japonais donne sur le même étymon taifû ;
- cyclone tropical dans le Pacifique Sud et dans l'océan Indien. Cependant, on utilise localement le terme de forte tempête tropicale dans l'océan Indien Nord ;
- dans l'Atlantique Sud, le terme à utiliser n'est pas déterminé. Jusqu'à présent, on n'a répertorié qu'un seul système de ce type en raison des conditions défavorables dans cette région.
Cette terminologie est définie par l'Organisation météorologique mondiale (OMM). En d'autres endroits dans le monde, les cyclones tropicaux ont reçu les noms de baguio aux Philippines, de chubasco au Mexique et taino en Haïti. Le terme willy-willy retrouvé souvent dans la littérature comme un terme local en Australie est erroné car il désigne en fait un tourbillon de poussière11,12.
Catégories
Destructions à la
Grenade par l'ouragan Ivan en septembre 2004.
Les ingrédients d'un cyclone tropical incluent une perturbation météorologique préexistante, des mers tropicales chaudes, de l'humidité, et des vents relativement faibles en altitude. Si les conditions requises persistent suffisamment longtemps, elles peuvent se combiner pour produire les vents violents, les vagues élevées, les pluies torrentielles, et les inondations qui sont associées à ce phénomène.
Comme mentionné antérieurement, le système devient d'abord une dépression tropicale, puis une tempête et on utilise ensuite des catégories d'intensité qui varient selon le bassin. La définition de vents soutenus, recommandée par l'OMM, pour cette classification est une moyenne sur dix minutes. Cette définition est adoptée par la plupart des pays mais quelques pays utilisent une période de temps différente. Les États-Unis, par exemple, définissent les vents soutenus en vertu d'une moyenne d'une minute, mesurée à 10 mètres au-dessus de la surface13.
Une échelle de 1 à 5 est utilisée pour catégoriser les ouragans de l'Atlantique nord selon la force de leurs vents : l'échelle de Saffir-Simpson. Un ouragan de catégorie 1 a les vents les plus faibles, alors qu'un ouragan de catégorie 5 est le plus intense14,15. Dans d'autres bassins, on utilise une nomenclature différente que l'on retrouve dans le tableau ci-dessous.
Classification des systèmes tropicaux sur le bassin (vent moyen sur 10 minutes, sauf sur 1 minute pour les centres américains)14,16 |
Échelle de Beaufort | Vents soutenus sur 10 minutes (nœuds) | Océan Indien nord Service météorologique indien | Océan Indien sud-ouest Météo-France | Australie Bureau of Meteorology | Pacifique sud-ouest Fiji Meteorological Service | Pacifique nord-ouest Agence météorologique du Japon | Pacifique nord-ouest Joint Typhoon Warning Center | Pacific nord-est et Atlantique nord National Hurricane Center et Central Pacific Hurricane Center |
0–6 |
<28 |
Dépression |
Perturbation tropicale |
Dépression tropicale |
Dépression tropicale |
Dépression tropicale |
Dépression tropicale |
Dépression tropicale |
7 |
28–29 |
Dépression profonde |
Dépression tropicale |
30–33 |
Tempête tropicale |
Tempête tropicale |
8–9 |
34–47 |
Tempête cyclonique |
Tempête tropicale modérée |
Cyclone tropical (1) |
Cyclone tropical |
Tempête tropicale |
10 |
48–55 |
Tempête tropicale sévère |
Forte tempête tropicale |
Cyclone tropical (2) |
Tempête tropicale sévère |
11 |
56–63 |
Typhon |
Ouragan (1) |
12 |
64–72 |
Tempête tropicale très sévère |
Cyclone tropical |
Cyclone tropical sévère (3) |
Typhon |
73–85 |
Ouragan (2) |
86–89 |
Cyclone tropical sévère (4) |
Ouragan majeur (3) |
90–99 |
Cyclone tropical intense |
100–106 |
Ouragan majeur (4) |
107–114 |
Cyclone tropical sévère (5) |
115–119 |
Cyclone tropical très intense |
Super typhon |
>120 |
Super tempête cyclonique |
Ouragan majeur (5) |
Le National Hurricane Center (le centre de prévision des cyclones tropicaux aux États-Unis) classifie les ouragans de catégorie 3 (178 km/h) et plus comme étant des ouragans majeurs. Le Joint Typhoon Warning Center classifie les typhons dont les vents atteignent au moins (241 km/h) comme étant des « super typhons »17. Cependant, toute classification est relative, car des cyclones de catégories inférieures peuvent tout de même causer des dommages plus importants que ceux des catégories supérieures, selon l'endroit frappé et les dangers qu'ils provoquent. Les tempêtes tropicales peuvent elles aussi causer de graves dommages et des pertes en vies humaines, surtout en raison des inondations.
Dénomination des cyclones
Le nom de baptême d'un cyclone se compose en italiques. Le fait de donner un nom aux cyclones tropicaux remonte à plus de deux siècles (XVIIIe siècle). Cela répond au besoin de différencier chaque événement des précédents. Ainsi les Espagnols donnaient au cyclone le nom du saint patron du jour. Par exemple, les ouragans ayant frappé Porto Rico le , puis à la même date en 1928, s'appellent tous les deux San Felipe18 (Saint-Philippe). Cependant, celui de 1928 avait frappé la veille la Guadeloupe et reste appelé sur cette île le « Grand Cyclone ».
La première utilisation de noms de personnes donnés à ces systèmes fut amorcée par Clement Lindley Wragge, un météorologiste australien du début du XXe siècle. Il prenait des prénoms de femmes, des noms de politiciens qu'il n'aimait pas, des noms historiques et mythologiques19,20.
L'armée américaine, du début du XXe siècle jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, avait l'habitude d'utiliser l'alphabet phonétique des transmissions militaires avec l'année. De leur côté, les météorologistes de l'American Air Force (précurseur de la US Air Force) et de la US Navy du théâtre Pacifique, pendant la Seconde Guerre mondiale, donnaient des prénoms féminins aux cyclones tropicaux19. En 1950, le système d'alphabet phonétique (Able, Baker, Charlie, etc.) fut officialisé dans l'Atlantique nord par le service météorologique américain (National Weather Service). En 1953, la liste répétitive fut remplacée par une autre liste utilisant exclusivement des prénoms féminins et en 1954, la liste précédente fut reprise mais il fut décidé de changer de liste chaque année19.
Depuis 1979, à la suite des critiques des mouvements féministes, les ouragans reçoivent des prénoms alternativement masculins et féminins (en anglais, espagnol et français) dans le bassin atlantique19. Un principe de cycles fut aussi établi : basé sur six ans et six listes, les années paires débutent par un prénom masculin, les années impaires par un prénom féminin. Ainsi la liste de 2000 est la même que celle de 1994 ; la liste de 2001 reprend celles de 1989 et 1995. Les six listes prévoient 21 prénoms courants de A à W mais sans Q ni U, plutôt pauvres en prénoms. Ensuite, il est prévu d'utiliser les lettres de l'alphabet grec. En 2005, année de record avec 27 cyclones, la liste fut totalement utilisée jusqu'à Wilma, puis jusqu'à la lettre grecque Zêta.
Comme les cyclones tropicaux ne se limitent pas au bassin Atlantique, des listes similaires sont élaborées pour les différents secteurs des océans Atlantique, Pacifique et Indien. Dans le bassin de l'océan Atlantique, le National Hurricane Center (NHC) de Miami est officiellement chargé de nommer les cyclones. Le bassin de l'océan Pacifique est divisé en plusieurs secteurs vu son étendue. Le NHC de Miami nomme ceux de la portion Est, le Central Pacific Hurricane Center de Honolulu baptise ceux du centre-nord, le centre japonais ceux du nord-ouest et le sud-ouest revient au Bureau of Meteorology (BOM) australien et aux centres météorologiques des Fidji et de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
La dénomination dans l'océan Indien revient au BOM, au service météorologique indien et au centre météorologique de l'Île Maurice, selon le secteur. Dans les secteurs nord, sous-continent indien et Arabie, les cyclones n'étaient pas nommés avant 2006 alors que ceux du secteur sud-ouest ont des noms depuis la saison 1960 - 196119.
Les noms restent des prénoms dans l'Atlantique nord et le Pacifique nord-est, mais ailleurs les différents pays soumettent à l'OMM des noms de fleurs, d'oiseaux, etc., pas nécessairement dans un ordre alphabétique19. Lors de graves cyclones, les noms de ces derniers sont supprimés des listes et remplacés afin de ne pas choquer la population en lui rappelant de trop mauvais souvenirs. Ainsi, dans la liste 2004, Matthew a remplacé le nom de Mitch car l'Ouragan Mitch tua environ 18 000 personnes en Amérique centrale en 1998.
Lieux de formation
Carte montrant la trace de tous les cyclones tropicaux entre 1985 et 2005. La couleur correspond à l'
échelle de Saffir-Simpson selon la légende indiquée. Un seul cyclone dans l'Atlantique Sud : c'est
Catarina.
Presque tous les cyclones tropicaux se forment à moins de 30° de l'équateur et 87 % à moins de 20° de celui-ci. Comme la force de Coriolis donne aux cyclones leur rotation initiale, ceux-ci se développent cependant rarement à moins de 10° de l'équateur (la composante horizontale de la force de Coriolis est nulle à l'équateur). L'apparition d'un cyclone tropical à l'intérieur de cette limite est toutefois possible si une autre source de rotation initiale se manifeste. Ces conditions sont extrêmement rares et de telles tempêtes se produisent, croit-on, moins d'une fois par siècle.
La plupart des cyclones tropicaux apparaissent dans une bande d'orages tropicaux qui encercle le globe terrestre, et qu'on appelle la zone de convergence intertropicale (ZCIT). Leur parcours affecte le plus souvent des zones au climat tropical et au climat subtropical humide. De par le monde, on rapporte en moyenne 80 cyclones tropicaux par année.
Bassins principaux
Il existe sept principaux bassins de formation des cyclones tropicaux21 :
- l'ouest du Pacifique Nord : les cyclones tropicaux dans cette région affectent souvent la Chine et Taïwan, le Japon et les Philippines. Ils y sont appelés typhons (du chinois : 台 风(taifeng)). C'est de loin le bassin le plus actif, comptant pour le tiers de tous les cyclones tropicaux dans le monde. Les agences météorologiques nationales, ainsi que le Joint Typhoon Warning Center (JTWC) sont responsables de l'émission des prévisions et des avertissements dans ce bassin ;
- l'est du Pacifique Nord : il s'agit de la deuxième zone la plus active au monde, et aussi la plus dense (le plus grand nombre de tempêtes dans une zone relativement réduite d'océan). Les tempêtes qui se développent dans ce bassin peuvent atteindre l'ouest du Mexique, Hawaï et très rarement la Californie. Le Central Pacific Hurricane Center est responsable des prévisions pour la partie ouest de cette zone, et le National Hurricane Center est chargé de la partie est ;
- l'ouest du Pacifique Sud : les cyclones dans cette région affectent généralement l'Australie et l'Océanie. Ils sont suivis et prévus par l'Australie et la Nouvelle-Guinée. Ils atteignent parfois la Nouvelle-Calédonie ;
- le nord de l'océan Indien : on divise ce bassin en deux régions, le golfe du Bengale et la mer d'Arabie. Le golfe du Bengale domine le décompte, avec 5 à 6 fois plus de cyclones que la mer d'Arabie. Les cyclones qui se forment dans ce bassin sont historiquement les plus meurtriers. Notons particulièrement le cyclone de Bhola de 1970, qui fit 200 000 victimes. Les pays affectés par ce bassin incluent l'Inde, le Bangladesh, le Sri Lanka, la Thaïlande, la Birmanie et le Pakistan. Chacun de ces pays émet des prévisions et des avertissements. En de rares occasions, un cyclone provenant de ce bassin peut affecter la Péninsule Arabique : en 1981 lorsqu'une tempête tropicale a touché le détroit d'Ormuz et le sultanat d'Oman et déversé des quantités d'eau totalement inhabituelles dans cette région (65 millimètres à Mascate) ;
- le sud-est de l'océan Indien : les cyclones apparaissant dans cette région affectent l'Australie et l'Indonésie. Ils sont suivis et prévus par ces pays. Ils touchent également les Îles Cocos et l'ile Christmas ;
- le sud-ouest de l'océan Indien : il s'agit du bassin le moins bien compris, en raison d'un manque de données historiques. Ces cyclones affectent Madagascar, le Mozambique, l'île de La Réunion, l'ile Rodrigues, l'île Maurice, les Comores (dont Mayotte), la Tanzanie et le Kenya. Les prévisions pour ces cyclones sont émises par le Centre météorologique régional spécialisé cyclones de La Réunion, service de Météo-France. Les baptêmes sont par contre réalisés par le centre météorologique de l'île Maurice et par celui de Madagascar ;
- l'Atlantique nord : c'est le bassin tropical le plus étudié. Il inclut l'océan Atlantique, la mer des Caraïbes et le Golfe du Mexique. Le nombre de cyclones tropicaux formés dans ce bassin varie grandement d'une année à l'autre, entre un seul et une vingtaine. Ils y sont appelés ouragans (de l'espagnol huracán). Les États-Unis, le Mexique, l'Amérique centrale, les Caraïbes et le Canada peuvent être affectés par ces cyclones. Les prévisions pour ces cyclones sont émises pour tous les pays de la région par le National Hurricane Center, basé à Miami (Floride) ; le Centre canadien de prévision d'ouragan, basé à Halifax (Nouvelle-Écosse) émet des prévisions et des avertissements concernant les cyclones tropicaux qui menacent le territoire et les eaux canadiennes.
Zones de formation inhabituelles
Trajectoire des rares cyclones tropicaux et sub-tropicaux près côte sud-atlantique de l'Amérique du Sud de 2004 à 2021.
Les zones suivantes produisent très rarement des cyclones tropicaux :
- l'Atlantique Sud : des eaux moins chaudes (courant de Benguela), l'absence d'une zone de convergence inter-tropicale, et la présence de cisaillement vertical du vent contribuent à rendre très difficile le développement de cyclones tropicaux dans cette région. On y a toutefois observé deux cyclones tropicaux : en 1991, une faible tempête tropicale au large de l'Afrique (qui a touché l'île Sainte-Hélène), et le cyclone Catarina (parfois aussi appelé Aldonça), qui frappa la côte brésilienne en 2004 ;
- le centre du Pacifique Nord : le cisaillement dans cette zone limite grandement les chances de développement de cyclones tropicaux. Toutefois, cette région est souvent fréquentée par des cyclones nés dans le bassin beaucoup plus favorable de l'est du Pacifique Nord ;
- la Méditerranée : des tempêtes qui semblent apparentées par leur structure à des cyclones tropicaux se produisent parfois dans le bassin méditerranéen. De telles tempêtes, appelées Medicanes, ont été signalées en septembre 1947, septembre 1969, janvier 1982, septembre 1983, janvier 1995 et novembre 2011. La nature tropicale de ces tempêtes reste matière à débats ;
- Grands Lacs (Amérique du Nord) : bien que très au nord, la grande superficie de ces lacs peut devenir un terrain propice au développement convectif intense quand leur température est à son maximum et que de l'air très froid d'altitude y passe en automne. Une tempête en 1996 (voir Cyclone de 1996 sur le Lac Huron) sur le Lac Huron avait des caractéristiques similaires à celles d'un cyclone tropical ou subtropical, dont un œil au centre durant un temps bref22 ;
- le Pacifique Sud : sans être une région à fort risque, le Pacifique Sud à l'est du méridien 180 n'est pas épargné par les perturbations de ce type. Entre 1831 et 1998 au moins 30 cyclones (vent moyen égal ou supérieur à 118 km/h) et environ 22 tempêtes tropicales (90 km/h < vent moyen < 118 km/h) ont affecté les Îles Cook et la Polynésie française dont 16 cyclones et 4 tempêtes entre 1981 et 1991. Ces nombres sont probablement sous-estimés en raison de données inexistantes ou incomplètes jusqu'en 1940. Le cyclone de 1906 qui frappa Anaa dans l'archipel des Tuamotu emporta, par submersion de l'atoll par la houle, environ une centaine (de 95 à 130 selon les rapports) de ses habitants en mer23. Cet inventaire ne prend pas en compte des phénomènes ayant pris naissance à l'est du 180e qui ont évolué vers l'ouest, épargnant la Polynésie française.
Saisonnalité
Graphique montrant la distribution temporelle des systèmes dans l'Atlantique nord.
Sur l'ensemble du globe, la fréquence des cyclones tropicaux atteint son maximum vers la fin de l'été, lorsque l'eau est la plus chaude. Chaque bassin a toutefois ses propres caractéristiques saisonnières :
- dans l'Atlantique nord, une saison des ouragans bien démarquée commence au début juin et se termine fin novembre, avec une forte poussée au début de septembre24 ;
- le nord-est du Pacifique a une période d'activité plus large mais similaire à celle de l'Atlantique ;
- le nord-ouest du Pacifique produit des cyclones tropicaux toute l'année, avec un minimum en février et une pointe au début de septembre ;
- dans le bassin du nord de l'océan Indien, les cyclones sont plus fréquents d'avril à décembre, avec des pointes en mai et en novembre ;
- dans l'hémisphère sud, la formation de cyclones tropicaux commence à la fin octobre et se termine en mai. Les pointes surviennent en mi-février et début mars.
Voici un tableau récapitulatif qui donne les moyennes d'événements annuels par zone, classées par ordre de fréquence décroissante :
Moyennes saisonnières25,26
Bassin | Début | Fin | Tempêtes tropicales (> 34 nœuds) | Cyclones tropicaux (> 63 nœuds) | Catégorie 3+ (> 95 nœuds) |
Nord-ouest du Pacifique |
Avril |
Janvier |
26,7 |
16,9 |
8,5 |
Sud de l'océan Indien |
Octobre |
Mai |
20,6 |
10,3 |
4,3 |
Nord-est du Pacifique |
Mai |
Novembre |
16,3 |
9,0 |
4,1 |
Nord-Atlantique |
Juin |
Novembre |
10,6 |
5,9 |
2,0 |
Australie et sud-ouest du Pacifique |
Octobre |
Mai |
10,6 |
4,8 |
1,9 |
Nord de l'océan Indien |
Avril |
Décembre |
5,4 |
2,2 |
0,4 |
Formation et développement
L'importance de la condensation comme source principale d'énergie différencie les cyclones tropicaux des autres phénomènes météorologiques, comme les dépressions des latitudes moyennes qui puisent leur énergie plutôt dans les gradients de température préexistants dans l'atmosphère. Pour conserver la source d'énergie de sa machine thermodynamique, un cyclone tropical doit demeurer au-dessus de l'eau chaude qui lui apporte l'humidité atmosphérique nécessaire. Les forts vents et la pression atmosphérique réduite au sein du cyclone stimulent l'évaporation, ce qui entretient le phénomène.
La formation des cyclones tropicaux est toujours un sujet de recherche scientifique intense, et n'est pas encore complètement comprise. En général, la formation d'un cyclone tropical requiert cinq facteurs27,28 :
- la température de la mer doit dépasser 26,5 °C jusqu'à une profondeur d'au moins 60 m, avec une température des eaux de surface atteignant ou dépassant 28 à 29 °C. L'eau chaude est la source d'énergie des cyclones tropicaux. Lorsque ces tempêtes se déplacent sur l'intérieur des terres ou sur des eaux plus froides, elles faiblissent rapidement ;
- les conditions doivent être favorables à la formation d'orages. La température atmosphérique doit diminuer rapidement avec l'altitude, et la troposphère moyenne doit être relativement humide ;
- une perturbation atmosphérique préexistante. Le mouvement vertical ascendant au sein de la perturbation aide à l'amorçage du cyclone tropical. Un type de perturbation atmosphérique relativement faible, sans rotation, appelé onde tropicale sert généralement de point de départ à la formation des cyclones tropicaux ;
- une distance de plus de 10 ° de l'équateur. La force de Coriolis amorce la rotation du cyclone et contribue à son maintien. Dans les environs de l'équateur, la composante horizontale de la force de Coriolis est quasi nulle (nulle à l'équateur), ce qui interdit le développement de cyclones ;
- absence de cisaillement vertical du vent (un changement de force ou de direction du vent avec l'altitude). Trop de cisaillement endommage ou détruit la structure verticale d'un cyclone tropical, ce qui empêche ou nuit à son développement.
À l'occasion, un cyclone tropical peut se former en dehors de ces conditions. En 2001, le typhon Vamei s'est formé à seulement 1,5 ° au nord de l'équateur, à partir d'une perturbation préexistante et des conditions atmosphériques relativement fraîches reliées à la mousson. On estime que les facteurs qui ont mené à la formation de ce typhon ne se répètent que tous les 400 ans. Il est également arrivé que des cyclones se soient développés avec des températures de surface de la mer à 25 ° ou moins (comme l'ouragan Vince en 2005).
Quand un cyclone tropical de l'Atlantique atteint les latitudes moyennes et prend sa course vers l'est, il peut se ré-intensifier sous la forme d'une dépression de type barocline (aussi appelée frontale). De telles dépressions des latitudes moyennes sont parfois violentes et peuvent à l'occasion conserver des vents de force d'ouragan lorsqu'elles atteignent l'Europe.
Structure
« Anatomie » d'un cyclone tropical :
bandes de pluie concentriques, l'
œil et son
mur. Les flèches montrent le mouvement de l'air et des nuages.
Un cyclone tropical intense comprend les éléments suivants29 :
- une dépression : tous les cyclones tropicaux sont en rotation autour d'une zone de basse pression atmosphérique à la surface de la Terre. Les pressions mesurées au centre des cyclones tropicaux sont parmi les plus basses que l'on puisse mesurer au niveau de la mer ;
- une couverture nuageuse centrale dense : une zone concentrée d'orages et de bandes de pluie entourant la dépression centrale. Les cyclones tropicaux avec une couverture centrale symétrique ont tendance à être intenses et à bien se développer ;
- un œil : le système développe en son centre une zone de subsidence (mouvement descendant). Les conditions dans l'œil sont normalement calmes et sans nuages, bien que la mer puisse être extrêmement agitée. L'œil est l'endroit le plus froid du cyclone à la surface, mais le plus chaud en altitude. Il est habituellement de forme circulaire et son diamètre varie de 8 à 200 km. Dans les cyclones de moindre intensité, la couverture nuageuse centrale dense occupe le centre du cyclone et il n'y a pas d'œil ;
- un mur de l'œil : il s'agit d'une bande circulaire de convection atmosphérique et de vents intenses sur la bordure immédiate de l'œil. On y retrouve les conditions les plus violentes dans un cyclone tropical. Dans les cyclones les plus intenses, on observe un cycle de remplacement du mur de l'œil, en vertu duquel des murs concentriques se forment et remplacent le mur de l'œil. Le mécanisme à l'origine de ce phénomène est encore mal compris ;
- écoulement divergent : dans les niveaux supérieurs d'un cyclone tropical, les vents s'éloignent du centre de rotation et manifestent une rotation anticyclonique. Les vents de surface sont fortement cycloniques, mais faiblissent avec l'altitude et changent de direction de rotation près du sommet de la tempête. C'est une caractéristique unique des cyclones tropicaux.
Le dégagement de chaleur latente dans les niveaux supérieurs de la tempête élève la température à l'intérieur du cyclone de 15 à 20 °C au-dessus de la température ambiante dans la troposphère à l'extérieur du cyclone. Pour cette raison, les cyclones tropicaux sont des tempêtes à « noyau chaud ». Toutefois, ce noyau chaud n'est présent qu'en altitude — la zone touchée par le cyclone à la surface est habituellement plus froide de quelques degrés par rapport à la normale, en raison des nuages et des précipitations.
Énergie
Indice de l'énergie cumulative annuelle depuis 1851 dans l'Atlantique nord.
Il existe plusieurs façons de mesurer l'intensité d'un système tropical, parmi lesquelles la technique de Dvorak, qui est une façon d'estimer la pression centrale et les vents d'un cyclone à partir de son organisation sur les photos satellitaires et de la température des sommets des nuages. Les météorologues utilisent aussi la mesure directe par reconnaissance aérienne, ou évaluent, a posteriori, les effets dévastateurs sur les zones traversées. Le National Weather Service américain estime que la puissance réelle d'un système tropical se situe entre 2,2 x 1012 et 1,6 x 1018 watts, mais ce calcul utilise plusieurs approximations sur les paramètres météorologiques. Le NWS a donc développé une méthode rapide pour estimer l'énergie totale dégagée dans un tel système en tenant compte de la vitesse des vents, estimée ou notée, ainsi que la durée de vie du cyclone : l'indice d’Énergie cumulative des cyclones tropicaux (Accumulated cyclone energy ou ACE en anglais).
Cet indice utilise le vent maximum soutenu — v m a x {\displaystyle v_{\mathrm {max} }}
—, sans la rafale, comme approximation de l'énergie cinétique. On calcule l'indice en utilisant le carré de v m a x {\displaystyle v_{\mathrm {max} }}
dans le cyclone, noté ou estimé, pour chaque période de six heures durant la durée de vie du système. On divise le tout par 104 pour réduire le chiffre à une valeur raisonnable30,31.
L'équation est donc :
- I E C C T ( o u A C E ) = ∑ i = 1 n v m a x i 2 10 4 { v m a x i e n nœuds d u r a n t l a p e ´ r i o d e i d e s i x h e u r e s n e s t l e n o m b r e d e p e ´ r i o d e s d e s i x h e u r e s q u e d u r e l e c y c l o n e {\displaystyle IECCT\left(ou\ ACE\right)=\sum _{i=1}^{n}{\frac {v_{\mathrm {max_{i}} }^{2}}{10^{4}}}\qquad {\begin{cases}v_{max_{i}}\mathrm {\ en\ {\text{nœuds}}\ durant\ la\ p{\acute {e}}riode} \ i\mathrm {\ de\ six\ heures} \\n\mathrm {\ est\ le\ nombre\ de\ p{\acute {e}}riodes\ de\ six\ heures\ que\ dure\ le\ cyclone} \end{cases}}}

Comme l'énergie cinétique est ( M a s s e × v m a x 2 ) / 2 {\displaystyle {(\mathrm {Masse} \times v_{\mathrm {max} }^{2})}/2}
, cet indice est proportionnel à l'énergie développée par le système en prenant comme hypothèse que la masse par unité de volume des systèmes est identique mais il ne tient pas compte de la masse totale de ceux-ci. Ainsi l'indice peut comparer des systèmes de dimensions semblables mais pourra sous-estimer un système ayant des vents moins violents tout en ayant un plus large diamètre. Un sous-indice est celui du Potentiel de destruction d'ouragan, qui est le calcul de l'indice cumulatif mais seulement durant la période durant laquelle le système tropical est de niveau cyclone tropical/ouragan/typhon30. Dans le graphique à droite, on peut voir la variation de l'indice d'énergie cumulative pour les systèmes dans l'Atlantique nord en noir et la moyenne annuelle de cette énergie par système en brun. On remarque la très grande variabilité de ces valeurs annuellement mais que la moyenne par système suit la même tendance que le total annuel. Ce dernier était particulièrement élevé au début des années 1950, puis est passé par un creux de 1970 à 1990, et semble en train de remonter depuis ce temps. En revanche, une étude du Center for Ocean-Atmospheric Prediction Studies de l'Université d'État de Floride montre que l'ACE pour l'ensemble des phénomènes cycloniques tropicaux du globe a connu un pic en été 1992 et régresse pour atteindre un minimum historique en été 2009 jamais observé depuis 197932,33.
Observations et prévisions
Observations
Les cyclones tropicaux intenses posent un problème particulier quant à leur observation. Comme il s'agit d'un phénomène océanique dangereux, on dispose rarement d'instruments sur le site même du cyclone, sauf lorsque celui-ci passe sur une île ou une zone côtière, ou si un navire infortuné se trouve pris dans la tempête. Même dans ces cas, la prise de mesures en temps réel n'est possible qu'en périphérie du cyclone, où les conditions sont moins catastrophiques. La prise de mesures au sein même du cyclone est toutefois possible par avion. Des avions spécialement équipés, généralement de gros quadrimoteurs turbopropulsés, peuvent voler dans le cyclone, prendre des mesures directement ou à distance, et y lâcher des catasondes.
On peut aussi repérer la pluie associée avec la tempête par radar météorologique lorsqu'elle s'approche relativement près des côtes. Ceci donne des informations sur la structure et l'intensité des précipitations. Les satellites géostationnaires et circumpolaires peuvent obtenir des informations en lumière visible et en infrarouge partout au-dessus du globe. On en tire l'épaisseur des nuages, leur température, leur organisation et la position du système ainsi que la température de surface de la mer. Certains nouveaux satellites à orbite basse sont même équipés de radars.
Prévisions
Diminution évidente de l'erreur de position de la trajectoire depuis les
années 1970.
Les systèmes tropicaux se situent à la limite inférieure de l'échelle synoptique. Comme les systèmes des latitudes moyennes, ils dépendent donc de la position des crêtes barométriques, anticyclones et des creux environnants mais la structure verticale des vents et le potentiel de convection y est également critique, comme pour les systèmes de méso-échelle. Les prévisionnistes tropicaux considèrent encore que le meilleur indicateur instantané du déplacement de ces systèmes est encore le vent moyen dans la troposphère où se trouve le cyclone et la trajectoire lissée notée antérieurement. Dans le cas d'un environnement avec beaucoup de cisaillement, l'utilisation du vent moyen de basse altitude, comme celui de 700 hPa à environ 3 000 mètres, est cependant meilleure34.
Pour une prévision à plus long terme, des modèles de prévision numérique du temps ont été développés spécialement pour les systèmes tropicaux. En effet, la combinaison d'une circulation en général assez faible dans les Tropiques et une grande dépendance de la convection sur les cyclones tropicaux nécessite une analyse et un traitement à très fine résolution qui ne sont pas présents dans les modèles normaux. De plus, ceux-ci incorporent des paramètres des équations primitives atmosphériques qui sont souvent négligés à plus large échelle. Les données d'observations obtenues par le biais des satellites météorologiques et des chasseurs d'ouragans sont injectées dans ces modèles pour accroître la précision. On voit à droite un graphique de l'évolution de l'erreur sur la position de la trajectoire depuis les années 1970, en milles marins, dans le bassin de l'Atlantique nord sur les prévisions du National Hurricane Center35. On remarque qu'à toutes les périodes de prévision, l'amélioration est très importante. Pour ce qui est de l'intensité des systèmes, l'amélioration a été moindre36 à cause de la complexité de la micro-physique des systèmes tropicaux et des interactions entre les échelles méso et synoptiques.
Tendances et réchauffement climatique
Le développement de cyclones est un phénomène irrégulier et le début des mesures fiables de la vitesse des vents ne remonte qu'au milieu du XXe siècle28. Une étude publiée en 2005 montre une augmentation globale de l'intensité des cyclones entre 1970 et 2004, leur nombre total étant en diminution pendant la même période37,38,39. Selon cette étude, il est possible que cette augmentation d'intensité soit liée au réchauffement climatique, mais la période d'observation est trop courte et le rôle des cyclones dans les flux atmosphériques et océaniques n'est pas suffisamment connu pour que cette relation puisse être établie avec certitude. Une seconde étude, publiée un an plus tard, ne montre pas d'augmentation significative de l'intensité des cyclones depuis 198640,41. La quantité d’observations à notre disposition n’est en fait statistiquement pas suffisante.
Ryan Maue, de l'université de Floride, dans un article intitulé « Northern Hemisphere tropical cyclone activity », observe pour sa part une baisse marquée de l'activité cyclonique depuis 2006 dans l'hémisphère nord par rapport aux trente dernières années42. Il ajoute que la baisse est probablement plus marquée, les mesures datant de trente ans ne détectant pas les activités les plus faibles, ce que permettent les mesures d'aujourd'hui. Pour Maue, c'est possiblement un plus bas depuis cinquante ans que l'on observe en termes d'activité cyclonique. Christopher Landsea, de la NOAA et un des anciens coauteurs du rapport du GIEC, estime lui aussi que les mesures passées sous-estiment la force des cyclones passés et sur-valorisent la force des cyclones actuels43,44.
On ne peut donc pas déduire que l'augmentation de spectaculaires ouragans depuis 2005 soit une conséquence directe du réchauffement climatique. Cette augmentation pourrait être due à l’oscillation entre périodes froides et chaudes de la température de surface des bassins océaniques comme l’oscillation atlantique multidécennale. Le cycle chaud de cette variation à lui seul permet de prédire des ouragans plus fréquents pour les années 1995 à 2020 dans l'Atlantique nord28. Les simulations informatiques ne permettent également pas dans l'état actuel des connaissances de prévoir d'évolution significative du nombre de cyclones lié à un réchauffement climatique à cause des autres effets mentionnés qui brouillent la signature45. Dans la seconde moitié du XXIe siècle, lors de la prochaine période froide de l’Atlantique nord, le réchauffement climatique pourrait donner un signal plus clair28.
Effets
Photographe japonais filmant les dégâts laissés par le typhon Vera en banlieue de Nagoya, Japon, en septembre 1959. Le bilan humain s'éleva à 5 098 morts.
Le relâchement de chaleur latente dans un cyclone tropical mature peut excéder 2 × 1019 joules par jour46,47. Cela équivaut à faire détoner une bombe thermonucléaire de 10 mégatonnes toutes les 20 minutes48 ou 200 fois la capacité instantanée de production électrique mondiale47. Les cyclones tropicaux au grand large causent de grosses vagues, de la pluie forte, et des vents violents, ce qui compromet la sécurité des navires en mer. Toutefois, les effets les plus dévastateurs des cyclones tropicaux se produisent quand ils frappent la côte et entrent dans les terres. Dans ce cas, un cyclone tropical peut causer des dommages de quatre façons :
- vents violents : des vents de force d'ouragan peuvent endommager ou détruire des véhicules, des bâtiments, des ponts, etc. Les vents forts peuvent aussi transformer des débris en projectiles, ce qui rend l'environnement extérieur encore plus dangereux ;
- onde de tempête : les tempêtes de vent, y compris les cyclones tropicaux, peuvent causer une montée du niveau de la mer et des inondations dans les zones côtières ;
- houle cyclonique : les cyclones tropicaux génèrent de fortes houles avant leur arrivée. Ce phénomène est source de dégâts, surtout dans les baies ou les plaines littorales, les vagues pouvant atteindre une vingtaine de mètres de haut49. Le cyclone peut avoir une trajectoire parallèle à la côte, sans jamais l'affecter directement, mais comme la houle se propage latéralement, elle va donner une grosse mer à une grande distance. Ainsi, il arrive souvent que des noyades soient rapportées sur les côtes lors du passage d'un cyclone au large à cause des vagues et de la création d'un courant d'arrachement.
- pluie forte : les orages et les fortes pluies provoquent la formation de torrents, emportant les routes et provoquant des glissements de terrain ;
- tornades : les orages imbriqués dans le cyclone donnent souvent naissance à des tornades. Bien que ces tornades soient normalement moins intenses que celles d'origine non-tropicale, elles peuvent encore provoquer d'importants dommages. Elles se produisent surtout à la bordure externe du système après son entrée sur les terres, là où le cisaillement des vents est important à cause de la friction50,51,52,53. Parmi ces tornades, les cyclones tropicaux sont particulièrement susceptibles de donner le phénomène rare des tornades anticycloniques puisque la rotation est induite à très bas niveau par le relief.
Les effets secondaires d'un cyclone tropical sont souvent aussi destructeurs, notamment les épidémies. Le milieu humide et chaud dans les jours qui suivent le passage du cyclone, conjugué à la destruction des infrastructures sanitaires, augmente le risque de propagation d'épidémies, qui peuvent tuer longtemps après le passage du cyclone. À ce problème peut s'ajouter celui des pannes de courant : les cyclones tropicaux causent souvent de lourds dommages aux installations électriques, privant de courant la population, coupant les communications et nuisant aux moyens de secours et d'intervention. Ceci rejoint le problème des transports, puisque les cyclones tropicaux détruisent souvent des ponts, viaducs, et routes, ralentissant considérablement le transport de vivres, de médicaments et de matériel de secours vers les zones sinistrées. Paradoxalement, le passage meurtrier et destructeur d’un cyclone tropical peut avoir des effets positifs ponctuels sur l’économie des régions touchées, et du pays en général, ou plutôt sur son PIB dans certains secteurs comme la construction54. Par exemple, en octobre 2004, après une saison cyclonique particulièrement intense dans l'Atlantique, 71 000 emplois ont été créés dans le bâtiment pour réparer les dégâts subis, notamment en Floride.
Un cyclone peut aussi avoir des effets durables sur la population ; un exemple rendu célèbre par Oliver Sacks55 est le cyclone Lengkieki, qui a dévasté l'atoll de Pingelap, en Micronésie, vers 1775. Le typhon et la famine qui a suivi n'ont fait qu'une vingtaine de survivants, dont l'un était porteur d'un gène de l'achromatopsie, maladie génétique dont les principaux symptômes sont une absence totale de vision des couleurs, une acuité visuelle très réduite et une forte photophobie. Quelques générations plus tard, entre 8 et 10 % de la population est atteinte d'achromatopsie, et environ 30 % des habitants de l'atoll sont porteurs sains du gène.
Protection et prévention
Maison conçue pour résister aux cyclones (ici après l'ouragan Dennis de 2005).
On ne peut totalement se protéger des effets des cyclones tropicaux. Cependant, en zone à risque, un aménagement adapté et prudent du territoire peut permettre de limiter les dégâts humains et matériels dus aux vents, aux précipitations et aux inondations. Une architecture offrant moins de prise au vent, l'absence de construction en zones humides, des réseaux électriques enterrés et isolés de l'eau, le maintien ou la restauration de zones humides tampons, et de mangroves et forêts littorales, la préparation des populations, des antennes et éoliennes qu'on peut « coucher » le temps de la tempête, etc. peuvent y contribuer. En 2008, la FAO a par exemple estimé que si la mangrove du delta de l'Irrawaddy (Birmanie), existant avant 1975 (plus de 100 000 hectares), avait été conservée, les conséquences du cyclone Nargis auraient été au moins deux fois moindres56.
Dissipation artificielle
En raison du coût économique considérable provoqué par les cyclones tropicaux, l’homme cherche par tous les moyens à en prévenir l’apparition. Dans les années 1960 et 1970, sous l’égide du gouvernement américain, dans le cadre du projet « Stormfury », on a tenté de procéder à l’ensemencement des tempêtes tropicales avec de l’iodure d'argent57,58. Grâce à une structure cristalline proche de celle de la glace, l'iodure joue le rôle d'agent de nucléation des gouttelettes d'eau qui transformeront la vapeur d'eau en pluie. Le refroidissement créé, pensait-on, pourrait provoquer l’effondrement de l’œil du cyclone et réduire les vents violents. Le projet a été abandonné après qu’on se fut rendu compte que l’œil se reforme naturellement dans les cyclones de forte intensité et que l’ensemencement a des effets trop réduits pour être réellement efficace. De plus, des études subséquentes ont montré que l'ensemencement avait peu de chances d'augmenter la quantité de pluie car la quantité de gouttelettes en surfusion dans un système tropical est trop bas comparativement à des orages violents des latitudes moyennes59.
D’autres approches ont été envisagées comme le remorquage d’icebergs dans les zones tropicales pour refroidir l’eau en deçà du point critique, le déversement dans les eaux océaniques de substances qui empêchent l’évaporation ou même le pompage des eaux plus froides venant du fond59. Le « projet Cirrus » envisageait de jeter de la glace sèche sur le cyclone et certains ont même suggéré de faire exploser des bombes atomiques dans les cyclones59. Toutes ces approches souffrent d’un défaut majeur : un cyclone tropical est un phénomène thermique trop massif pour être contenu par les trop faibles techniques physico-chimiques disponibles. En effet, il s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres de diamètre et la chaleur libérée toutes les vingt minutes correspond à l'explosion d'une bombe nucléaire de 10 mégatonnes pour un ouragan moyen59. Même la surface parcourue par un œil moyen de 30 km de diamètre couvre des dizaines de milliers de kilomètres carrés en 24 heures, et modifier la température de la mer le long de cette surface serait déjà un projet colossal qui nécessiterait en plus une connaissance parfaite de sa trajectoire59.
Cyclones notables
Il n'y a guère de données écrites antérieures au XIXe siècle sur le continent américain concernant spécifiquement des données météorologiques. En Extrême-Orient, les données sont beaucoup plus anciennes et complètes. Il existe par exemple, un registre des typhons qui se sont produits sur les Philippines entre 1348 et 1934. Il existe cependant des méthodes scientifiques permettant d'identifier et de dater des événements anciens60, constituant une paléotempestologie, terme créé en 1996 par Kerry Emanuel. Ce sont en particulier l'étude des sédiments des lacs côtiers montrant la présence de sable marin, la relative pauvreté en oxygène 18, un isotope lourd, qu'on peut retrouver dans les cernes des arbres ou dans les concrétions des grottes.
Cyclones historiques
Avant le XXe siècle, comme mentionné antérieurement, il n'y avait pas de façon systématique de nommer les cyclones, ouragans et typhons, mais certains sont quand même passés à l'Histoire. La plupart des pays dans les zones affectées ont suivi la tradition lancée par les Américains et les Australiens depuis ce temps. L’Organisation météorologique mondiale, lors de la rencontre annuelle du comité de surveillance des cyclones tropicaux en mars ou avril, décide des listes de noms potentiels pour les cyclones tropicaux. Les pays affectés par des cyclones particulièrement intenses et ayant causé de forts dommages peuvent proposer de retirer le nom de ceux-ci des listes futures, ce qui les fait aussi passer à l'Histoire.
Océan Atlantique
Parmi les ouragans célèbres, dont le nom a été retiré ou non, de l'Atlantique nord, on note :
Ouragans les plus coûteux du bassin Atlantique de 1900 à 2010
Dommages totaux ajustés au coût de la vie61,62
1 |
Ouragan de Miami de 1926 |
1926 |
164,8 |
2 |
Katrina |
2005 |
113,4 |
3 |
Galveston |
1900 |
104,3 |
4 |
Second ouragan de Galveston |
1915 |
71,3 |
5 |
Andrew |
1992 |
58,5 |
6 |
Nouvelle-Angleterre |
1938 |
41,1 |
7 |
Cuba–Floride |
1944 |
40,6 |
8 |
Okeechobee |
1928 |
35,2 |
9 |
Ike |
2008 |
29,5 |
10 |
Donna |
1960 |
28,1 |
D'autres ouragans célèbres :
Océan Pacifique
Océan Indien
Pré-1950
Années 1950-1990
Années 2000
Années 2010
Années 2020
Extrêmes mondiaux
Intensité
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a homologué début 2010 le record du vent le plus violent jamais observé scientifiquement, hors ceux des tornades, de 408 km/h le 10 avril 1996 à l'île de Barrow (Australie-Occidentale) lors du passage du cyclone Olivia65. Le précédent record de 372 km/h observé scientifiquement datait d'avril 1934 au sommet du mont Washington (New Hampshire) aux États-Unis65. Cependant, le cyclone Olivia n'est pas considéré lui-même comme le plus violent à avoir affecté la région australienne car ce record ne représente pas l'intensité générale du système.
Dimensions
Dimensions relatives entre le typhon Tip et le cyclone Tracy sur une carte des États-Unis.
Typhon Tip, en octobre 1979, est le cyclone tropical de plus grand diamètre, 2 170 km66,29. A contrario, le cyclone Tracy, en décembre 1974, est le plus petit avec seulement 96 km29,67. Ces diamètres représentent la distance intérieure au système où les vents atteignent au moins la force de coups de vent (62 km/h).
Ondes de tempête
Les cyclones tropicaux causent des ondes de tempête qui déferlent sur les côtes. Celles-ci dépendent de la force du vent, du gradient de pression vers l'œil du cyclone et du diamètre de la tempête. Plus les vents sont forts, plus la poussée sur l’océan est grande mais des vents plus faibles peuvent être compensés par un plus grand diamètre autour du système où on les retrouve. De plus, le contour du fond marin le long de la côte, en particulier une rapide remontée du fond, va les amplifier.
Parmi les trois ondes les plus hautes jamais rapportées, celle de l’ouragan Katrina de 2005 : le plus large ouragan de catégorie 5 a eu la plus haute onde de tempête des ouragans de l’Atlantique nord avec 8,5 mètres68. Vient ensuite l’ouragan Camille de 1969, avec des vents de force identique à ceux de Katrina mais de diamètre plus petit, les météorologues ayant relevé une onde de 7,2 mètres.
Il est possible que de plus importantes ondes aient déferlé avant les prises de mesure modernes mais c'est le cyclone Mahina de 1899 qui est en général reconnu comme celui ayant produit la plus haute onde de tempête mondialement consignée : 14,6 mètres69,70,71. Une étude en 2000 a remis en question ce record en regardant les dépôts marins dans la région concernée et en utilisant un modèle de simulation mathématique pour calculer l'onde de tempête avec les données météorologiques et océanographiques disponibles72.
Dans la culture
La nouvelle "Typhon" de Joseph Conrad a pour sujet l'héroïsme de l'équipage d'un vapeur pris dans un cyclone tropical. À son sujet, le Morning Post du 22 avril 1903 écrit : "'Typhon' contient la plus étonnante description que nous ayons jamais lue de la fureur déchaînée de la mer lorsqu'elle est tourmentée par une force presque aussi puissante qu'elle-même."73
Notes et références
Notes
- C'est le plus puissant du Pacifique centre et Est combinés. C'est le plus puissant à porter le nom d'« ouragan » également mais il n'a jamais été dans l'Atlantique nord où c'est Wilma qui détient le record.
Références
- Joseph Conrad, Notice de "Typhon" in Œuvres II, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, , p. 1309
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
- Florent Beucher, Manuel de météorologie tropicale : des alizés au cyclone (2 tomes), Paris, Météo-France, coll. « Cours et Manuel, 897 pp. », , 897 p. (ISBN 978-2-11-099391-5, présentation en ligne [archive], lire en ligne [archive] [PDF]), p. 476 et 420
- Les cyclones sèment la tempête chez les scientifiques, article du Courrier international (pages 48–49, édition du 12 au 18 janvier 2006) : débat sur le réchauffement climatique et ses conséquences sur une possible augmentation du nombre de cyclones.
- Le résultat de recherches publié dans le magazine scientifique Nature du 4 août 2005, par Kerry Emanuel (« Aggravation de l'effet destructeur des cyclones tropicaux sur les 30 dernières années [archive] »), suggère que l'augmentation des températures des eaux de surface des océans, consécutive au réchauffement global, entraînera des cyclones plus violents. D'après les analyses menées par le Professeur Kerry Emanuel, climatologue, du Massachusetts Institute of Technology, les grandes tempêtes dans l'Atlantique et le Pacifique ont augmenté en intensité d'environ 50 % depuis les années 1970. Cette tendance est étroitement liée à l'élévation de la température moyenne de la surface des océans.
- Henry Piddington, The Horn-book for the Law of Storms for the Indian and China Seas,
- Henry Piddington, The Sailor's Horn-book for the Law of Storms, London, Smith, Elder and Co., , 360 p.
- Emmanuel Dormy et Ludivine Oruba, « Des cyclones plus destructeurs ? », Pour la science, hors-série no 110, , p. 68-77
Articles connexes
Liens externes
Gouvernementaux ou universitaires
Neige
Caractéristiques
Matériaux |
|
La neige (Écouter) est une forme de précipitations1,2 atmosphériques constituée de particules de glace ramifiées, de structure et d'aspect très variables qui sont la plupart du temps cristallisées3,4 et agglomérées en flocons4 contenant de l'air. Mais cette glace peut aussi être sous forme de grains (neige en grains, neige roulée) ou mouillée. Lorsqu'il y a suffisamment de froid et d'humidité dans l'atmosphère, la neige se forme naturellement par condensation solide de la vapeur d'eau à saturation autour des noyaux de congélation. Selon sa structure et le vent, la neige tombe plus ou moins vite vers le sol. Sa formation dans l'atmosphère en réseau ramifié de particules solides distingue la neige d'autres précipitations relativement voisines comme la grêle ou le grésil.
La neige est aussi le dépôt des précipitations sur le sol ou sur un obstacle avant le sol (un toit, un arbre...) : c'est le manteau neigeux5. Elle est donc toujours constituée d'un mélange de glace et d'air6,7, avec parfois (si sa température est proche de 0 °C) de l'eau liquide. Le dépôt de ce matériau évolue, soit en mouvement (en poudrerie, transportée par le vent, ou en avalanche), soit sur place, naturellement (dans une plaque, un névé, une corniche, une congère) ou artificiellement (par damage ou trituration lors d'évacuations mécaniques (ex : chasse-neige, souffleuse à neige) ou manuelles (ex : pelle à neige, boule de neige), ou lors de préparations pour une piste de ski ou d'écrasements par circulation).
La neige disparaît soit :
Les enneigeurs (plus connus comme canon à neige) produisent de la neige artificielle, en réalité de minuscules grains de glace proches de la neige fondue. Cette technique est utilisée sur les pistes de ski intérieures, mais aussi dans les stations de sports d'hiver pour améliorer et prolonger l'enneigement des pistes.
La nivologie est la science de la neige.
Étymologie
Le substantif féminin neige est le déverbal de neiger8,9,10,11,12. Il est attesté au XIVe siècle : d'après le Trésor de la langue française informatisé, sa plus ancienne occurrence connue (‹ naige ›) se trouve dans l'éloge funèbre écrite par Watriquet de Couvin pour la mort en de Gaucher de Châtillon, le jour de l'Ascension8,9,13. Sa graphie actuelle (pluriel ‹ neiges ›) est attestée en avec Le Testament de François Villon9,12.
Aspects physiques
La neige peut être un matériau composite naturel : c'est un agrégat de particules d'eau sous forme solide (cristaux ou grains) et parfois partiellement liquide, et d'air14. La neige est hétérogène, polyphasique, déformable, de couleur blanche, isolante thermiquement, thermo-sensible, glissante, éphémère. C'est un matériau en constante évolution15.
La neige est essentiellement blanche, mais légèrement bleutée en raison de la réflexion diffuse. Les cristaux de neige sont en effet transparents mais la lumière est réfléchie de façon quasiment identique (le bleu étant légèrement moins absorbé) sur leurs interfaces, c'est-à-dire sur les joints de grain, dont l'orientation est distribuée aléatoirement. Cette nuance bleutée est particulièrement visible sur de grandes épaisseurs de glace, par exemple sur les glaciers. Avec le temps, les cristaux de glace s'arrondissent et perdent leur pouvoir réfléchissant, si bien que la neige d'hiver réfléchit seulement 50 % de la lumière tandis que la neige de printemps a le teint plus mat que celle tombée quelques mois auparavant16.
Le code METAR d'observation de la neige est « SN »17.
Historique
Johannes Kepler fut l’un des premiers scientifiques à s’intéresser à la formation des flocons. Il rédige en 1611 un traité, L’Étrenne ou la neige sexangulaire. Vers 1930, le Japonais Ukichiro Nakaya forme ses propres flocons dans des conditions expérimentales, fixant la température et la saturation en eau. Il s’aperçoit alors que la forme des cristaux dépend de ces deux paramètres. En 1935, Tor Bergeron développe la théorie de croissance des flocons à partir de la cannibalisation des gouttes d’eau surfondues appelée l’effet Bergeron.
Diversité
Dans un nuage très froid, la vapeur d’eau se condense directement en cristaux de glace sur des particules en suspension (poussières, fumée…). S'ils ne rencontrent que des couches d’air de température inférieure à 0 °C pendant leur chute, les cristaux s’agglutinent et se combinent pour former des flocons de plus en plus larges. L’assemblage de ces cristaux dépend essentiellement des températures. La seule caractéristique commune à tous les cristaux est leur structure hexagonale, qui correspond à une minimisation de l’énergie potentielle chimique du cristal.
La forme des cristaux de neige varie en fonction des conditions atmosphériques de l'air dans le nuage lors de leur formation d'abord avec la température, mais aussi avec le degré d’humidité18 :
- température de 0 à −4 °C : minces plaques hexagonales19 ;
- température de −4 à −6 °C : aiguilles ;
- température de −6 à −10 °C : colonnes creuses ;
- température de −10 à −12 °C : cristaux à six pointes longues ;
- température de −12 à −16 °C : dendrites filiformes.
Lorsque la température est inférieure à −16 °C, les flocons de neige rétrécissent et ont la taille d'un grain de sable[réf. nécessaire].
La densité de la neige fraîchement tombée est très variable. Cette variation dépend du type de cristaux favorisés par la température dans la couche où la neige se forme, et du vent qui est un facteur limitatif à leur croissance. De plus, la température de l'atmosphère variant avec l'altitude, on a généralement une variété de types de flocons. Finalement, la friction près du sol par le déplacement dû au vent va briser certains cristaux et ainsi modifier le rapport entre la masse des flocons et l'air contenu dans la congère.
Les statistiques donnent une moyenne de 110 kg/m3, avec un écart type de 40 kg qui confirme le caractère dispersé de ce critère. Le rapport entre la hauteur d'eau dans un nivomètre provenant de la masse de neige et la hauteur mesurée au sol de cette neige est ainsi souvent donné comme 1 mm pour 1 cm (rapport 1⁄10). Cependant, des études canadiennes et américaines montrent que ce rapport varie entre 1⁄3 (température très élevée) et 1⁄30 (temps très froid)20.
Des études récentes ont montré que certaines bactéries (dites glaçogènes) jouent un rôle important dans la formation des cristaux de glace ou de neige. Ces bactéries sont normalement épiphytes (pseudomonas sp. par exemple) mais peuvent parfois être pathogènes. Elles sont identifiées dans de nombreux échantillons de neige en France, en Amérique du Nord et en Antarctique21.
-
-
-
Cristal à six pointes longues
-
-
Cristal hexagonal de neige avec de larges branches.
-
Cristal hexagonal type P1 observé à la loupe binoculaire.
-
Empreinte de cristal de type P1b.
Les diverses générations d'un cristal d'eau dans la neige
La formation et l'évolution des cristaux intègrent22 :
La faiblesse des liens entre molécules d'eau rend ces cristaux très sensibles à toute modification de leur environnement. On peut considérer le cristal de neige comme instable et qu'il doit être en phase de cristallisation pour conserver sa forme, si bien que des recombinaisons se produisent dès que celle-ci s'interrompt. Cette vive sensibilité rend difficile l'observation microscopique des cristaux sans précautions particulières.
Conditions du niveau de formation
La neige commence en altitude dans un nuage où la température est sous le point de congélation (0 °C) autour d'un noyau glacigène. Les paramètres des mouvements d'air ascendants conditionnent particulièrement la durée de cristallisation et les possibilités de pénétration dans des couches différentes par leur hygrométrie, température, pression, ... À ce niveau, des cristaux peuvent fondre, se sublimer, se combiner, mais aussi se trouver recouverts d'eau en surfusion ; les cristaux se couvrent de nodules d'abord invisibles mais qui peuvent dans certains cas leur donner un aspect de « fleur de mimosa »22.
Même si l'air n'est pas ascendant, la résistance qu'il oppose parfois demande l'agglomération de plusieurs cristaux avant que les précipitations ne se déclenchent.
Conditions des précipitations
La turbulence et l'hygrométrie vont en particulier régir la disparition (fonte ou sublimation) des cristaux et des flocons ou au contraire leur agglomération progressive. Des flocons partiellement liquéfiés peuvent également subir une cristallisation brutale à la rencontre d'une atmosphère plus froide ; si le phénomène est massif, on parle de grésil.
La variation des paramètres météorologiques avec l'altitude se caractérise tout spécialement par la détermination de la fameuse limite pluie/neige.
Conditions de cristallisation au sol
Sous les latitudes tempérées (sol « chaud »), le fort pouvoir isolant de la neige associé encore à l'albédo rend possible la création rapide d'un gradient thermique entre le sol chaud et isolé et la surface réfléchissante froide ; il peut atteindre 20 °C. Or on constate que les cristaux d'une couche de neige, dans un gradient de température, rentrent dans un processus de recristallisation se traduisant par un accroissement de la taille moyenne des cristaux. De ce point de vue, on considère qu'une épaisseur de quinze centimètres suffit à l'établissement d'un gradient.
Les conditions de cristallisations étant bien différentes de celles de la haute atmosphère, la cristallisation au sol produit des formes nouvelles mais moins élaborées.
Jour de neige
Un jour de neige est une période de 24 heures représentant un jour climatologique et au cours duquel on observe une chute de neige. Le nombre de jours et la quantité de neige annuels font partie du type de climat.
Odeur de la neige
Même si en hiver, l'air froid et sec crée un environnement pauvre en odeurs car elles sont moins volatiles, la neige présente un léger parfum. Les sensations olfactives liées à l'humidité combinées à la sensation physique de respirer de l'air froid permettent de lui donner une identité propre. Au fil du temps, la neige absorbe des composés provenant de l'air et marginalement du sol, ce qui complexifie son arôme et augmente sa puissance. Elle prend alors les caractéristiques de son environnement. Lorsque la neige est sur le point de tomber, l'air est un peu plus chaud et plus humide, ce qui favorise la diffusion des odeurs et procure une sensation particulière. De plus, en réchauffant le sol et l'air, le changement climatique favorise la circulation et l'intensité des molécules odorantes, ce qui modifie l'odeur de la neige23,24.
Le parfumeur Christopher Brosius de Demeter Fragrance Library (en) a créé un parfum appelé « Snow » où il tente de recréer la senteur de la première chute de neige de l'année. Il la qualifie de terreuse, humide, légèrement verte et poussiéreuse23.
Évolution du manteau neigeux
L'accumulation de la neige au niveau du sol, par chutes de neige ou transportée par le vent, produit le manteau neigeux. Celui-ci est constitué de strates d'épaisseurs et de qualité de neige très variables, selon les conditions météorologiques de chaque hiver, selon l'altitude et l'exposition au soleil. Dans chaque strate les cristaux évoluent, se transforment plus ou moins rapidement : ce sont les métamorphoses de la neige.
Le manteau neigeux se réduit et disparaît avec la fonte printanière.
-
-
-
-
-
Montagne des Alpes enneigée.
-
-
-
Aspects écologiques
Bilan énergétique
L'énergie solaire contribue au réchauffement des sols de manière inégale. Un facteur important est l'albédo qui mesure la part réfléchie du rayonnement. L'albédo moyen sur Terre est de 0,28. Comme la neige fraîche est d'un blanc particulièrement pur, elle fait grimper l'albédo à 0,85. Cela implique une réflexion importante des rayons lumineux du Soleil, donc un moindre apport d'énergie. La neige ancienne gardant un albédo de 0,60, on comprend que les sols enneigés tendent à rester froids en surface, donc à garder leur manteau.
A contrario, les forêts de résineux profitent de leur albédo faible (0,12) et de la lumière réfléchie pour libérer leurs branches.
L'eau de neige
La neige se transforme très lentement en eau liquide. L'eau de neige pénètre donc beaucoup mieux dans le sol et profite davantage aux nappes phréatiques que l'eau de pluie.
Ce bénéfice est parfois contrarié par un radoucissement rapide accompagné de pluies, situation qui conduit souvent à des inondations parfois catastrophiques.
Rôle protecteur
La neige est un excellent isolant thermique, car elle renferme une grande quantité d'air. Par sa présence, les écarts de température sont diminués et le sol gèle moins en profondeur. Souris et campagnols vivent dans l'espace subnival sombre et tranquille, se déplaçant sans cesse dans un réseau de tunnels et grignotant les tiges des plantes.
De même, la végétation couverte de neige est protégée des fortes gelées. Certaines plantes d'altitude continuent leur activité pendant l'hiver. Galanthus nivalis (un perce-neige) est capable de traverser une certaine épaisseur de neige pour fleurir. Quand l'épaisseur est trop forte, l'allongement des tiges se fait à l'horizontale et dans tous les sens et c'est seulement quand ils sont libérés que les pédoncules se redressent.
Les Inuits ont tiré profit de cette propriété pour leur maison de neige, l'igloo. De structure hémisphérique, l'habitation est construite en disposant des blocs de neige durcie. Le sommet est réservé à un bloc de glace translucide et le tout est consolidé avec de l'eau glacée. Même par -40 °C, la température intérieure au sol est de -5 °C. Toutefois, l'igloo n'est qu'un abri temporaire de chasse et non la maison réelle de l'Inuit.
Pareillement, la neige abrite de petits animaux comme les vers de neige. Ceux-ci profitent des réserves d'air pour creuser de petits tunnels souterrains et se mettre à l'abri du gel.
Aspects géographiques
Sur la Terre, des zones sont enneigées, recouvertes de neige, essentiellement en fonction de leur latitude, de leur altitude, de leur exposition au soleil, de la saison.
Zones de neige
Pays recevant de la neige :
- Sur tout le territoire.
- En dessous de 500 mètres, mais pas sur tout le territoire (notamment certaines régions côtières ou désertiques).
- Rarement en dessous de 500 mètres.
- Uniquement au-dessus de 500 mètres.
- Uniquement au-dessus de 2 000 mètres.
- Sans neige.
Il neige relativement très peu dans les régions équatoriales et tropicales. On a coutume de considérer que les 35e parallèles délimitent cette région où seules les montagnes reçoivent de la neige. Le Cayambe, sommet équatorien de 5 790 m, est régulièrement enneigé bien qu'il soit exactement à la latitude 0.
Plus on se rapproche des pôles, plus la nivosité augmente en général mais elle diminue dans les régions polaires car l'humidité y devient trop faible, emprisonnée dans les glaces. Par ailleurs, les zones côtières sont relativement épargnées par la neige, car les températures y sont tempérées par celle de la mer, mais l'humidité contenue dans le flux marin peut être transportée sur le continent et y donner de fortes chutes. C'est donc dans les régions tempérées et montagneuses mais en flux de la mer qu'on relève des chutes record :
- plus forte chute en 24 heures : 2,56 mètres à Capracotta, en Italie, le 25 ;
- plus importante en un mois civil : en , Tamarack (Californie) a reçu 9,91 mètres de neige, ce qui a entraîné un manteau neigeux de 11,46 mètres d'épaisseur en mars (la plus grande épaisseur mesurée en Amérique du Nord)26,27 ;
- enneigement maximum du 1er juillet au : 28,96 m, mont Baker, Washington (États-Unis) durant l'hiver 1998-199928 ;
- enneigement maximum sur une période d'un an (quel que soit le début) : 31,5 mètres mont Rainier, Washington (États-Unis), du au 29.
- plus épais manteaux neigeux enregistré : 11,82 mètres sur le mont Ibuki, Japon, le 30.
Neiges éternelles
Quand la couverture neigeuse ne parvient pas à fondre totalement à la saison chaude, on parle classiquement de neiges éternelles ou plus exactement de neiges permanentes. Cette neige s'installe à des altitudes très variables en fonction de la situation géographique sur la Terre, de zéro à plus de 5 000 m, en fonction notamment de la latitude, de l'exposition au soleil du site et de l'accumulation hivernale de la neige. Cette situation existe sur la plupart des hauts sommets et près des pôles. Tassées et fondant partiellement, ces neiges se transforment en névés puis en glaciers. La glace continentale des pôles s'appelle inlandsis, les icebergs qui s'en détachent sont donc constitués d'eau douce, au contraire de la banquise qui se forme sur l'eau de mer. L'eau de mer se dessale en gelant (« expulsion » du sel vers les eaux plus profondes).
Le cas de la couverture de neige du Kilimandjaro, point culminant de l'Afrique, est souvent montré comme un révélateur du réchauffement de la planète31. Au cours du XXe siècle, elle a perdu 82 % de sa superficie32. Elle a perdu en moyenne 17 mètres d'épaisseur entre 1962 et 200033. Elle est de plus en plus ténue et devrait disparaître totalement d'ici à 2020 selon les experts de la NASA34 et le paléoclimatologue Lonnie Thompson, professeur à l'université de l'État de l'Ohio35,36,37 ou d'ici 2040 selon une équipe scientifique autrichienne de l'université d'Innsbruck38, voire 2050 pour la California Academy of Sciences.
Aspects économiques
Avantages
L'arrivée de la neige est source d'excitation chez les plus jeunes, pour qui la construction de bonshommes de neige ou la bataille de boules de neige sont des activités ludiques immédiates.
La neige offre de larges domaines glissants. Elle permet ainsi de nombreux loisirs plus ou moins sportifs : ski (alpin, de fond, extrême), luge, snowboard, raquette à neige. Dans les stations, les pistes sont damées et des moyens de transport sont prévus pour amener les skieurs (remontées mécaniques : téléskis, télésièges, téléphériques). L'engouement pour ces loisirs a motivé l'invention du canon à neige pour allonger la période du ski.
Les propriétés de glisse sont aussi utilisées dans les régions arctiques pour le déplacement et le transport par traîneau ou motoneige.
Elle permet lors des fontes, de bien recharger les nappes phréatiques et de manière plus efficace que la pluie car cette dernière a souvent tendance à ruisseler ou à être absorbée par les plantes.
Inconvénients
La neige perturbe la circulation des véhicules, surtout quand elle tombe dans des régions inhabituelles. En France, les routes sont classées en quatre niveaux de priorité, les routes de niveau 1 étant traitées 24 h sur 24 si nécessaire. Un traitement préventif est possible par épandage de saumure. Le traitement curatif est basé sur le raclage suivi d'un salage. La quantité de sel est limitée en raison de la pollution engendrée. Cette saumure a aussi tendance à favoriser la corrosion des véhicules. On utilise un chasse-neige pour déblayer les routes.
En hiver, de nombreux cols sont fermés à la circulation de façon plus ou moins durable ou restreints aux véhicules équipés de chaînes à neige. Les cols les plus élevés ont une fermeture annuelle programmée.
Dans certains lieux, chacun est requis de déblayer le trottoir devant son habitation, soit parce que les chutes de neige y sont peu fréquentes et qu'il y a donc un manque d'équipement de la ville, comme à Vancouver, soit pour responsabiliser les propriétaires voisins en cas de glissade et chute d'un piéton.
En cas de nivosité inhabituelle, le poids de la neige peut entraîner des surcharges de certaines constructions. Les câbles et pylônes électriques peuvent être endommagés par l'accumulation de neige collante, entraînant des coupures de courant. Dans ce cas le poids peut dépasser les 20 kg/m de conducteur électrique, alors que la masse habituelle oscille entre 100 g à 5 kg/m de conducteur électrique39.
Au Québec et dans plusieurs régions du Canada, l'hiver 2007-2008 passera à l'histoire comme étant celui des records de neige. L'exemple le plus spectaculaire est celui de la ville de Québec qui aura reçu 558 cm de neige, alors que la quantité moyenne reçue durant un hiver est de 316 cm. Cependant, la ville de Sept-Îles, située plus au nord, a reçu un record de 762 cm durant l'hiver 1968-196940.
-
Chasse-neige dans la ville de Québec.
-
La neige abondante au Québec durant l'hiver 2007-2008 cause des problèmes de déneigement et crée des accumulations importantes devant les maisons.
-
Neige et environnement
La neige joue un rôle climatique important de par son albédo et sa place dans le cycle de l'eau. Quand la couche est épaisse et durable, elle limite les capacités d'alimentation d'un certain nombre d'espèces. De plus leurs traces visibles rendent leur chasse plus facile. En France en temps de neige la chasse du petit gibier sédentaire est en théorie interdite. En pratique, il est parfois difficile de différencier chez les oiseaux les petits migrateurs des sédentaires.
Une espèce d'éphémère émerge de l'eau en hiver, et peut être aperçue sur la neige. C'est peut-être une stratégie payante retenue par l'évolution et la sélection naturelle, permettant à l'insecte d'émerger puis pondre à un moment où ses prédateurs habituels (surtout des oiseaux et chauve-souris insectivores) sont absents ou endormis.
Le sel de déneigement a des impacts environnementaux encore mal cernés, mais a priori devenus non négligeables.
Neige rouge
Sur certaines étendues de vieille neige comme les glaciers, la neige peut prendre une coloration rouge ochracé nommée sang des glaciers. Il s'agit d'une efflorescence algale causée par des algues vertes composées de chlorophylle et de pigments rouges ou orange. Plusieurs espèces sont à l'origine de ce phénomène, la principale étant Chlamydomonas nivalis41.
Neige noire
La neige noire est le noircissement des calottes glaciaires, couches neigeuses, glaciers, et banquise dû aux particules de suie. Les particules de suie sont émises par les combustions incomplètes de combustibles fossiles et de la biomasse42.
En , la région du Kouzbass a été recouverte de neige noire. Les habitants des villes de Kisseliovsk, Leninsk-Kouznetski et Prokopievsk, dont l'espérance de vie est inférieure de 3 à 4 ans à celle de la moyenne nationale russe, accusent la poussière de charbon de ce phénomène43,44,45.
Microplastiques
En 2019, une étude de prélèvements réalisés dans le détroit de Fram au Groenland, dans les Alpes suisses et à Brême de 2015 à 2017 a mis en évidence la présence de microplastique dans les échantillons de neige/glace46. Les concentrations étaient significativement moindres dans l’Arctique mais quand même importantes. Il semble que ces particules furent transportées par voie aérienne par le vent ou les précipitations.
Unicode
En Unicode, il existe plusieurs symboles relatifs à la neige dans la table « casseau »47 :
- U+2744 : ❄, flocon de neige
- U+2745 : ❅, flocon de neige à trois folioles transpercé
- U+2746 : ❆, gros flocon de neige à chevrons
Calendrier républicain
Notes et références
- Richard Leduc et Raymond Gervais, Connaître la météorologie, Presses de l'Université du Québec, , 300 p. (ISBN 2-7605-2044-7, lire en ligne [archive]), p. 46-49.
- Villeneuve 1980, p. 297.
- Villeneuve 1980, p. 352.
- Magdeleine Moureau et Gerald Brace, Dictionnaire des sciences de la terre : Comprehensive dictionary of earth science, Paris, TECHNIP, , 1035 p. (ISBN 2-7108-0749-1), p. 467
- Collectif, Règles NV 65 modifiées 99 et N 84 modifiées 95 : Règles définissant les effets de la neige et du vent sur les constructions, Paris, Eyrolles, , 13e éd., 387 p. (ISBN 978-2-212-14580-9 et 2-212-14580-2, lire en ligne [archive])
- Jean Charles Thilorier, Système universel : De l'univers et de ses phénomènes, t. III, Paris, , 442 p., p. 159
- Benoît Ildefonse, Catherine Allain et Philippe Coussot, Des grands écoulements naturels à la dynamique du tas de sable : Introduction aux suspensions en géologie et en physique, Antony, CEMAGREF, , 255 p. (ISBN 2-85362-485-4, lire en ligne [archive]), p. 90
- « Neige » [archive], dans le Dictionnaire de l'Académie française, sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (sens 1) [consulté le 16 janvier 2018].
- Définitions lexicographiques [archive] et étymologiques [archive] de « neige » (sens I, A) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 16 janvier 2018].
- Entrée « neige » [archive] (sens 1) dans le Dictionnaire de français, en ligne sur le site des éditions Larousse [consulté le 16 janvier 2018].
- Entrée « neige » [archive] (sens 1) dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, t. 3 : I – P, Paris, L. Hachette, , 1396 p., gr. in-4o (32 cm) (OCLC 457498685, BNF 30824717, SUDOC 005830079, lire en ligne [archive] [fac-similé]), p. 711, col. 1 et 2 (lire en ligne [archive] [fac-similé]) [consulté le 16 janvier 2018].
- Entrée « neige » [archive], dans Alain Rey (dir.), Marianne Tomi, Tristan Hordé et Chantal Tanet (avec collaboration de), Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, (réimpr. ), 4e éd. (1re éd. ), 1 vol., XIX-2614, 22,4 × 29,5 cm (ISBN 978-2-84902-646-5 et 978-2-84902-997-8, EAN 9782849026465, OCLC 757427895, BNF 42302246, SUDOC 147764122, présentation en ligne [archive], lire en ligne [archive]) [consulté le 16 janvier 2018].
- Entrée « Le dit du connestable de France, conte de Porchiens, nommez Gauchier de Chastillon » [archive] dans Laurent Brun (complément de Bernard Ribémont), « Watriquet de Couvin » [archive], notice biographique et bibliographique no 375, mise à jour le , sur le site des Archives de littérature du Moyen Âge [consulté le 16 janvier 2018].
- « Il y a de l'air... dans la neige » [archive], sur espace-sciences.org (consulté le )
- « La neige et ses transformations » [archive], sur MeteoFrance, .
- « D'où vient que la neige est blanche ? », Science et Vie, no 1147, , p. 129.
- Environnement Canada, « MANOBS Chapitre 16 – METAR – message d'observation météorologique régulière pour l'aviation » (version du 13 mars 2013 sur l'Internet Archive), Gouvernement du Canada, .
- Philippe Beaucage, « Considération sur la nature des cristaux de neige » [archive], Rapport de stage -- Été/Automne 2001, Université de Montréal (consulté le ).
- Organisation météorologique mondiale, « Plaque » (version du 3 mars 2016 sur l'Internet Archive), Eumetcal.
- Ivan Dubé (Service météorologique du Canada - Région du Québec), « De mm à cm... Étude des rapports neige/eau liquide au Québec » [archive], Note technique, UCAR, (consulté le ).
- Article paru dans la revue Science du 29 février 2008
- Mathilde Fontez, « Ainsi tombe vraiment la neige », Science et Vie, no 1156, , p. 72-75.
- (en) Dawn Fallik, « Climate change is altering the smell of snow », The Washington Post, (lire en ligne [archive])
- (en) Pamela Dalton, « Podcast: Physics and the Smell of Snow » [archive], sur Physics Central,
- (en) Steve Almasy, « 100 inches of snow in 24 hours for Capracotta, Italy » [archive du ], CNN, (consulté le ).
- (en) Christopher Burt, Extreme Weather : A Guide and Record Book, W.W. Norton & Co., , 304 p. (ISBN 978-0-393-32658-1, lire en ligne [archive]), p. 77.
- (en) Frank H. Forrester, 1001 Questions Answered about the Weather, , 235 p. (ISBN 978-0-486-24218-7 et 0-486-24218-8, lire en ligne [archive]) :
« The greatest amount of snowfall for a calendar month occurred at Tamarack, California, in January, 1911–390 inches. »
- (en) « MT. Baker holds snowfall record, NOAA reports » [archive du ], Communiqué de presse, sur National Oceanic and Atmospheric Administration, (consulté le ).
- (en) Walter A Lyons, The Handy Weather Answer Book, Detroit, Michigan, Visible Ink press, , 2e éd., 397 p. (ISBN 978-0-7876-1034-0, lire en ligne [archive]).
- (en) « Worlds deepest snow photos » [archive du ], News, The Weather Channel, (consulté le ).
- Shardul Agrawala, Contre vents et marées : les politiques de développement face au changement climatique, Organisation de coopération et de développement économiques, OECD Publishing, 2005 (ISBN 9264013784), pages 104-111
- Simon Pomel, Guilène Réaud-Thomas, Kilimandjaro : montagne, mémoire, modernité, op. cit., pages 58-64
- (en) Tanzania - Mt. Kilimanjaro - Glacier retreat [archive], National Science Foundation's Earth System History Program, 2000
- (en) Snow and Ice on Kilimanjaro [archive], NASA
- (en) Earle Holland, African ice core analysis reveals catastrophic droughts, shrinking ice fields and civilization shifts [archive], Research,
- (en) Kevin Krajick, Ice Man: Lonnie Thompson Scales the Peaks for Science [archive], Science, vol. 298. n° 5593, , pages 518-522
- (en) Lonnie G. Thompson, et al., Kilimanjaro Ice Core Records: Evidence of Holocene Climate Change in Tropical Africa [archive], Science, vol. 298. n° 5593, , pages 589-593
- (en) Jonathan Amos, Kilimanjaro's ice set to linger [archive], BBC News, Vienne,
- Norme ISO 12494 de 2001, Tableau 3
- L'hiver en chiffres [archive] sur le site de Météomédia
- (en) Yannick BISCHOFF , « Diversité et mobilité des algues de neige dans les Alpes suisses » [archive], Université de Genève,
- « Poussières en suspension » [archive], CITEPA (consulté le )
- Laura Boudoux, « De la neige noire et toxique tombe sur les villes de cette région de Sibérie. », Ulysses Monde, Reuters, (lire en ligne [archive]).
- « Une étrange neige noire a recouvert plusieurs villes en Sibérie. », France Ouest, (lire en ligne [archive]).
- « De la neige noire (et toxique) est tombée du ciel en Sibérie », Paris Match, (lire en ligne [archive]).
- Yohan Blavignat, AFP, « Pollution: il neige des particules de plastique dans les Alpes et l’Arctique », Le Figaro, (lire en ligne [archive]).
- Table des caractères Unicode - casseau (Intervalle : 2700–27BF) [archive], sur le site d’Unicode.
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
- Kenneth Libbrecht, « La formation des cristaux de neige », Pour la Science, no 352, , pp. 32-39.
- Kenneth Libbrecht, Ken Libbrecht's Field Guide to Snowflakes, Saint-Paul (Minnesota), MBI Pub., 2006, 112 p. (ISBN 9780760326459)
- G. Oscar Villeneuve, Glossaire de météorologie et de climatologie, Québec, Presses de l'Université Laval, , 653 p. (ISBN 978-2-7637-6896-0, lire en ligne [archive]).
Articles connexes
- Activités
- Environnement
Liens externes
Portail de l’eau
Portail de la montagne
Portail de la météorologie
-
Volcan
Un volcan est une structure géologique qui résulte de la montée d'un magma puis de l'éruption de matériaux (gaz et lave) issus de ce magma, à la surface de la croûte terrestre ou d'un autre astre. Il peut être aérien ou sous-marin.
La Smithsonian Institution recense 1 432 volcans actifs dans le monde1, dont une soixantaine en éruption chaque année2. Mais cela ne tient pas compte de la plupart des volcans sous-marins qui ne sont pas accessibles à l'observation, qui sont plus nombreux. Un grand nombre a été mis en évidence ailleurs dans le système solaire.
Entre 500 et 600 millions de personnes vivent sous la menace d'une éruption. Environ dix pour cent des humains sont menacés par les activités volcaniques3. Pour prévenir ce risque naturel, il faut comprendre la formation des volcans et le mécanisme des éruptions. C'est le sujet de la volcanologie. On peut dire vulcanologie.
Le magma provient de la fusion partielle du manteau et exceptionnellement de la croûte terrestre. L'éruption peut se manifester, de manière plus ou moins combinée, par des émissions de lave, par des émanations ou des explosions de gaz, par des projections de téphras, par des phénomènes hydromagmatiques, etc. Les laves refroidies et les retombées de téphras constituent des roches éruptives qui peuvent s'accumuler et atteindre des milliers de mètres d'épaisseur formant ainsi des montagnes ou des îles. Selon la nature des matériaux, le type d'éruption, la fréquence d'éruption et l'orogenèse, les volcans prennent des formes variées, la plus typique étant celle d'une montagne conique couronnée par un cratère ou une caldeira. La définition de ce qu'est un volcan a évolué au cours des derniers siècles en fonction de la connaissance que les géologues en avaient et de la représentation qu'ils pouvaient en donner4.
Les volcans sont souvent des édifices complexes qui ont été construits par une succession d'éruptions et qui, dans la même période, ont été partiellement démolis par des phénomènes d'explosion, d'érosion ou d'effondrement. Il est ainsi fréquent d'observer diverses structures superposées ou emboîtées.
Au cours de l'histoire d'un volcan, les types d'éruptions peuvent varier, entre deux types opposés :
Les bases de données scientifiques classifient le plus souvent les volcans par leur morphologie et/ou leur structure. La classification par type d'éruption reste difficile même si elle peut apparaître chez quelques auteurs français.
Étymologie
Le substantif masculin « volcan » est un emprunt à l'espagnol volcán, substantif masculin de même sens5, issu, par l'intermédiaire de l'arabe burkān, du latin Vulcanus, nom de Vulcain, le dieu romain du feu, et de Vulcano, une des îles Éoliennes, archipel volcanique au large de la Sicile6.
Caractéristiques
Structures et reliefs
Schéma structural d'un volcan type.
Un volcan est formé de différentes structures que l'on retrouve en général chez chacun d'eux :
- une chambre magmatique alimentée par du magma venant du manteau et jouant le rôle de réservoir et de lieu de différenciation du magma. Lorsque celle-ci se vide à la suite d'une éruption, le volcan peut s'affaisser et donner naissance à une caldeira. Les chambres magmatiques se trouvent entre dix et cinquante kilomètres de profondeur dans la lithosphère7[source insuffisante] ;
- une cheminée volcanique qui est le lieu de transit privilégié du magma de la chambre magmatique vers la surface ;
- un cratère ou une caldeira sommitale où débouche la cheminée volcanique ;
- une ou plusieurs cheminées volcaniques secondaires partant de la chambre magmatique ou de la cheminée volcanique principale et débouchant en général sur les flancs du volcan, parfois à sa base ; elles peuvent donner naissance à de petits cônes secondaires ;
- des fissures latérales qui sont des fractures longitudinales dans le flanc du volcan provoquées par son gonflement ou son dégonflement[réf. nécessaire] ; elles peuvent permettre l'émission de lave sous la forme d'une éruption fissurale.
Matériaux émis
Tous les volcans en activité émettent des gaz, mais pas toujours des matériaux solides (laves, tephra). C'est le cas du Dallol qui n'émet que des gaz chauds.
Gaz volcaniques
Les gaz volcaniques sont principalement composés de8 :
Puis viennent d'autres éléments volatils comme le monoxyde de carbone, le chlorure d'hydrogène, le dihydrogène, le sulfure d'hydrogène, etc. Le dégazage du magma en profondeur peut se traduire à la surface par la présence de fumerolles autour desquelles des cristaux, le plus souvent de soufre, peuvent se former.
Ces émissions proviennent d'un magma qui contient ces gaz dissous. Le dégazage des magmas qui progresse sous la surface du sol est un phénomène déterminant dans le déclenchement d'une éruption et dans le type éruptif. Le dégazage fait monter le magma le long de la cheminée volcanique ce qui peut donner le caractère explosif et violent d'une éruption en présence d'un magma visqueux.
Tephras et laves
Selon que le magma provient de la fusion du manteau ou d'une partie de la lithosphère, il n'aura ni la même composition minérale, ni la même teneur en eau ou en gaz volcaniques, ni la même température. De plus, selon le type de terrain qu'il traverse pour remonter à la surface et la durée de son séjour dans la chambre magmatique, il va soit se charger soit se décharger en minéraux, en eau et/ou en gaz et va plus ou moins se refroidir. Pour toutes ces raisons, les tephras et les laves ne sont jamais exactement les mêmes d'un volcan à un autre, ni même parfois d'une éruption à une autre sur le même volcan, ni au cours d'une éruption, qui voit généralement la lave la plus transformée et donc la plus légère émise au début.
Les matériaux émis par les volcans sont généralement des roches composées de microlites noyés dans un verre volcanique. Dans le basalte, les minéraux les plus abondants sont la silice, les pyroxènes et les feldspaths alors que l'andésite est plus riche en silice et en feldspaths. La structure de la roche varie également : si les cristaux sont fréquemment petits et peu nombreux dans les basaltes, ils sont en revanche généralement plus grands et plus nombreux dans les andésites, signe que le magma est resté plus longtemps dans la chambre magmatique9. 95 % des matériaux émis par les volcans sont des basaltes ou des andésites.
Le matériau le plus connu émis par les volcans est la lave sous forme de coulées. De type basaltique provenant de la fusion du manteau dans le cas d'un volcanisme de point chaud, de dorsale ou de rift10 ou andésitique provenant de la fusion de la lithosphère dans le cas d'un volcanisme de subduction11, plus rarement de type carbonatique12, elles sont formées de laves fluides qui s'écoulent le long des flancs du volcan. La température de la lave est comprise entre 700 et 1 200 °C13 et les coulées peuvent atteindre des dizaines de kilomètres de longueur, une vitesse de cinquante kilomètres par heure et progresser dans des tunnels de lave. Elles peuvent avoir un aspect lisse et satiné, appelée alors « lave pāhoehoe » ou « lave cordée », ou un aspect rugueux et coupant, appelée alors « lave ʻaʻā ». Les coulées de ces laves, faisant parfois plusieurs mètres d'épaisseur, peuvent mettre des dizaines d'années à se refroidir totalement14. Dans certains cas exceptionnels, de la lave en fusion peut remplir le cratère principal ou un cratère secondaire et former un lac de lave. La survie des lacs de lave résulte d'un équilibre entre apport de lave venant de la chambre magmatique et débordement à l'extérieur du cratère associé à un brassage permanent par des remontées de gaz volcaniques afin de limiter le durcissement de la lave. Ces lacs de lave ne naissent que lors d'éruptions hawaïennes, la grande fluidité de la lave permettant la formation et le maintien de ces phénomènes. Le Kīlauea à Hawaï et le Piton de la Fournaise à La Réunion sont deux volcans qui possèdent des lacs de lave lors de certaines de leurs éruptions. L'Erta Ale en Éthiopie et le mont Erebus en Antarctique sont parmi les seuls volcans au monde à posséder un lac de lave de manière quasi permanente. Lors de certaines éruptions de l'Erta Ale, son lac de lave se vide ou au contraire son niveau remonte jusqu'à déborder et former des coulées sur les pentes du volcan15.
Le plus souvent, les matériaux volcaniques sont composés de tephras ; ce sont les cendres volcaniques, les lapilli, les scories, les pierres ponces, les bombes volcaniques, les blocs rocheux ou basaltiques, les obsidiennes, etc. Il s'agit de magma et de morceaux de roche arrachés du volcan qui sont pulvérisés et projetés parfois jusqu'à des dizaines de kilomètres de hauteur dans l'atmosphère. Les plus petits étant les cendres, il leur arrive de faire le tour de la Terre, portées par les vents dominants. Les bombes volcaniques, les éjectas les plus gros, peuvent avoir la taille d'une maison et retombent en général à proximité du volcan. Lorsque les bombes volcaniques sont éjectées alors qu'elles sont encore en fusion, elles peuvent prendre une forme en fuseau lors de leur trajet dans l'atmosphère, en bouse de vache lors de leur impact au sol ou en croûte de pain en présence d'eau16. Les lapilli, qui ressemblent à de petits cailloux, peuvent s'accumuler en épaisses couches et former ainsi la pouzzolane. Les pierres ponces, véritable mousse de lave, sont si légères et contiennent tellement d'air qu'elles peuvent flotter sur l'eau. Enfin quand de fines gouttes de laves sont éjectées et portées par les vents, elles peuvent s'étirer en de longs filaments appelés « cheveux de Pélé ».
Origine des matériaux émis
Les matériaux émis proviennent d'un magma. Le magma est de la roche fondue située dans le sous-sol et contenant des gaz dissous qui seront libérés lors de la progression du liquide et à cause de la baisse de pression qui en découle. Lorsque le magma arrive en surface et perd ses gaz, on parle de lave.
Le magma a une consistance fluide à visqueuse. Il s'est formé à partir de la fusion partielle du manteau ou plus rarement de la croûte. L'origine peut être :
- une décompression comme dans une dorsale
- un apport d'eau comme dans une zone de subduction.
- une augmentation de température dans le cas d'un enfouissement de roches conséquente à des mouvements tectoniques.
Généralement, ce magma remonte vers la surface en raison de sa densité plus faible et se stocke dans la lithosphère en formant une chambre magmatique. Dans cette chambre, il peut subir une cristallisation totale ou partielle et/ou un dégazage qui commence à le transformer en lave. Si la pression et la cohésion des terrains qui le recouvrent deviennent insuffisantes pour le contenir, il remonte le long d'une cheminée volcanique (où la baisse de pression due à la remontée produit un dégazage qui diminue encore la densité de l'émulsion résultante) pour être émis sous forme de lave, c'est-à-dire totalement ou partiellement dégazé17.
La présence d'eau dans le magma modifie significativement, voire complètement, le dynamisme volcanique et les propriétés rhéologiques des magmas. Elle abaisse notamment le seuil de mélange de près de 200 °C entre des magmas saturés en eau et son exsolution (formation de bulles lorsqu'il remonte vers la surface) entraîne une réduction significative des viscosités. Les magmas terrestres peuvent contenir jusqu'à 10 % de leur poids en eau (principalement dans leurs minéraux sous forme hydroxylée supercritique, du type amphibole) et il y a, selon les modèles, l'équivalent d'un à sept océans terrestres dans le manteau, si bien que les volcanologues parlent de plus en plus d'hydrovolcanisme et d'hydrovolcanologie18.
Classifications des volcans
Il existe plusieurs manières de classer les volcans mais leur diversité est tellement grande qu'il y a toujours des exceptions ou des intermédiaires entre plusieurs catégories19. Les classifications les plus courantes distinguent des types de volcans suivant la morphologie20, la structure8 et parfois le type d'éruption :
Selon la morphologie et la structure
- volcan bouclier lorsque son diamètre est très supérieur à sa hauteur en raison de la fluidité des laves qui peuvent parcourir des kilomètres avant de s'arrêter ; le Mauna Kea, l'Erta Ale ou le Piton de la Fournaise en sont des exemples21 ;
- stratovolcan lorsque son diamètre est plus équilibré par rapport à sa hauteur en raison de la plus grande viscosité des laves ; il s'agit des volcans aux éruptions explosives comme le Vésuve, le mont Fuji, le Merapi ou le mont Saint Helens22 ;
- volcan fissural formé par une ouverture linéaire dans la croûte terrestre ou océanique par laquelle s'échappe de la lave fluide ; les volcans des dorsales se présentent sous forme de fissure comme les Lakagígar ou le Krafla23 ;
- dôme volcanique (Puy de Dôme)8, grand dôme volcanique formé par l'accumulation et le refroidissement d'une lave visqueuse ;
- caldeira20, vaste dépression due à l'effondrement des roches au-dessus d'une chambre magmatique : Champs Phlégréens, le Santorin8, caldeira de Yellowstone ;
- cône de scories24, accumulation de matière éjectée autour d'un cratère : Puy de Pariou ;
- cratère d'explosion, dépression due à une ou plusieurs explosions. Il n'y a pas de cône : Dallol25. Lorsque la dépression est remplie par un lac, on appelle cela un maar : Gour de Tazenat.
Comme toute classification de phénomènes naturels, beaucoup de cas sont intermédiaires entre les types purs : l'Etna ressemble à un stratovolcan posé sur un volcan bouclier, Hekla est à la fois un stratovolcan et un volcan fissural. Dans Volcanoes of the World, Tom Simkin and Lee Siebert listent 26 types morphologiques19.
Si on considère des zones plus larges comportant souvent plusieurs volcans, on peut distinguer :
Selon le type d'éruption
Cette classification simpliste, absente de la littérature scientifique, est notamment utilisée en vulgarisation, dans les médias grand public, et pour une première approche pédagogique scolaire. Selon l'université de l'Oregon, il faudrait au moins six catégories pour englober plus de 90 % des volcans26. Dans ce type de classement, on retient en général pour un volcan le type d'éruption le plus récent ou le plus fréquent, faisant abstraction de la longue et complexe histoire éruptive du volcan.
Ce mode de classification, largement contesté27,28,29, répartit le plus souvent les volcans en deux catégories :
Fréquence des éruptions
La « naissance » d'un volcan correspond à sa première éruption volcanique qui le fait sortir de la lithosphère. La naissance d'un nouveau volcan est un phénomène qui se produit plusieurs fois par siècle. Il a pu être observé en 1943 avec le Paricutín : une fracture laissant s'échapper des gaz volcaniques et de la lave dans un champ a donné naissance à un volcan de 460 mètres de haut en neuf mois. En 1963, le volcan sous-marin de Surtsey émergea au sud de l'Islande formant ainsi une nouvelle île et un nouveau volcan terrestre.
Il n'y a pas de consensus chez les volcanologues quant à la définition de l'activité d'un volcan30.
Un volcan est qualifié d'éteint lorsque sa dernière éruption remonte à plus de 10 000 ans, d'endormi lorsqu'il a connu sa dernière éruption entre 10 000 ans et il y a quelques centaines d’années et d'actif lorsque sa dernière éruption remonte à quelques décennies au maximum31.
De manière générale, les volcans connaissent plusieurs éruptions au cours de leur vie. Leur fréquence est très variable selon le volcan : certains ne connaissent qu'une éruption en plusieurs centaines de milliers d'années comme le supervolcan de Yellowstone, tandis que d'autres sont en éruption permanente comme le Stromboli en Italie ou le Merapi en Indonésie.
Il arrive que des volcans ne connaissent qu'une seule éruption. On parle alors de volcans monogéniques. La majorité des volcans de la Chaîne des Puys dans le Massif central sont de ce type, s'étant formés entre 11500 av. J.-C. et 5000 av. J.-C. au cours d'une seule éruption pour chaque édifice volcanique.
La fréquence des éruptions permet d'évaluer l'aléa, c'est-à-dire la probabilité qu'une zone puisse subir une des manifestations d'une éruption. Cet aléa, combiné avec le type de manifestation volcanique et la présence de populations et sa vulnérabilité, permet d'évaluer le risque volcanique.
Origine du volcanisme
D'après le modèle de la tectonique des plaques, le volcanisme est intimement lié aux mouvements des plaques tectoniques. En effet, c'est en général à la frontière entre deux plaques que les conditions sont réunies pour la formation de volcans.
Volcanisme de divergence
Schéma général des différents types de volcanisme associés aux mouvements des
plaques tectoniques.
Dans le rift des dorsales, l'écartement de deux plaques tectoniques amincit la lithosphère, entraînant une remontée de roches du manteau. Celles-ci, déjà très chaudes à environ 1 200 °C, se mettent à fondre partiellement en raison de la décompression. Cela donne du magma qui s'infiltre par des failles normales. Entre les deux bords du rift, des traces d'activités volcaniques telle que des pillow lava ou « laves en coussin » se forment par une émission de lave fluide dans une eau froide. Ces roches volcaniques constituent ainsi une partie de la croûte océanique.
Dans les rifts continentaux, il se produit le même processus, à ceci près que la lave ne s'écoule pas sous l'eau et ne donne pas de laves en coussins. C'est le cas du volcanisme de la dépression de l'Afar.
Volcanisme de subduction
Schéma du volcanisme au niveau d'une convergence océan-continent.
Schéma du volcanisme au niveau d'une convergence océan-océan.
Lorsque deux plaques tectoniques se chevauchent, la lithosphère océanique, glissant sous l'autre lithosphère océanique ou continentale, plonge dans le manteau et subit des transformations minéralogiques. L'eau contenue dans la lithosphère plongeante s'en échappe alors et vient hydrater le manteau, provoquant sa fusion partielle en abaissant son point de fusion. Ce magma remonte et traverse la lithosphère chevauchante, créant des volcans. Si la lithosphère chevauchante est océanique, un arc volcanique insulaire se formera, les volcans donnant naissance à des îles. C'est le cas des Aléoutiennes, du Japon ou des Antilles. Si la lithosphère chevauchante est continentale, les volcans se situeront sur le continent, en général dans une cordillère. C'est le cas des volcans des Andes ou de la chaîne des Cascades. Ces volcans sont en général des volcans gris, explosifs et dangereux. Cela est dû à leur lave visqueuse car riche en silice, qui a du mal à s'écouler ; de plus les magmas qui remontent sont riches en gaz dissous (eau et dioxyde de carbone), dont la libération soudaine peuvent former des nuées ardentes. La « ceinture de feu du Pacifique » est formée en quasi majorité de ce type de volcan.
Volcanisme intra-plaque et de point chaud
Il arrive parfois que des volcans naissent loin de toute limite de plaque lithosphérique (il pourrait y avoir plus de 100 000 montagnes sous-marines de plus de 1 000 mètres32). Ils sont en général interprétés comme des volcans de point chaud. Les points chauds sont des panaches de magma venant des profondeurs du manteau et perçant les plaques lithosphériques. Les points chauds étant fixes, alors que la plaque lithosphérique se déplace sur le manteau, des volcans se créent successivement et s'alignent alors, le plus récent étant le plus actif car à l'aplomb du point chaud. Lorsque le point chaud débouche sous un océan, il va donner naissance à un chapelet d'îles alignées comme c'est le cas pour l'archipel d'Hawaï ou des Mascareignes. Si le point chaud débouche sous un continent, il va alors donner naissance à une série de volcans alignés. C'est le cas du mont Cameroun et de ses voisins. Cas exceptionnel, il arrive qu'un point chaud débouche sous une limite de plaque lithosphérique. Dans le cas de l'Islande, l'effet d'un point chaud se combine à celui de la dorsale médio-atlantique, donnant ainsi naissance à un immense empilement de lave permettant l'émersion de la dorsale. Les Açores ou les Galápagos sont d'autres exemples de points chauds débouchant sous une limite de plaque lithosphérique, en l'occurrence des dorsales33.
Néanmoins de nombreux volcans intra-plaque ne se présentent pas sur des alignements permettant d'identifier des points chauds profonds et permanents34.
Déroulement classique d'une éruption
Une éruption volcanique survient lorsque la chambre magmatique sous le volcan est mise sous pression avec l'arrivée de magma venant du manteau. Elle peut alors éjecter plus ou moins de gaz volcaniques qu'elle contenait selon son remplissage en magma. La mise sous pression est accompagnée d'un gonflement du volcan et de séismes très superficiels localisés sous le volcan, signes que la chambre magmatique se déforme. Le magma remonte généralement par la cheminée principale et subit en même temps un dégazage ce qui provoque un trémor, c'est-à-dire une vibration constante et très légère du sol. Ceci est dû à des petits séismes dont les foyers sont concentrés le long de la cheminée.
Au moment où la lave atteint l'air libre, selon le type de magma, elle s'écoule sur les flancs du volcan ou s'accumule au lieu d'émission, formant un bouchon de lave qui peut donner des nuées ardentes et/ou des panaches volcaniques lorsque celui-ci explose. Selon la puissance de l'éruption, la morphologie du terrain, la proximité de la mer, etc. il peut survenir d'autres phénomènes accompagnant l'éruption : séismes importants, glissements de terrain, tsunamis, etc.
La présence éventuelle d'eau sous forme solide comme une calotte glaciaire, un glacier, de la neige ou liquide comme un lac de cratère, une nappe phréatique, un cours d'eau, une mer ou un océan va provoquer au contact des matériaux ignés tels que le magma, la lave ou les tephras leur explosion ou augmenter leur pouvoir explosif. En fragmentant les matériaux et en augmentant brutalement de volume en se transformant en vapeur, l'eau agit comme un multiplicateur du pouvoir explosif d'une éruption volcanique qui sera alors qualifiée de phréatique ou de phréato-magmatique. La fonte de glace ou de neige par la chaleur du magma peut également provoquer des lahars lorsque l'eau entraîne des tephras35 ou des jökulhlaups comme ce fut le cas pour le Grímsvötn en 1996.
L'éruption se termine lorsque la lave n'est plus émise. Les coulées de lave, cessant d'être alimentées, s'immobilisent et commencent à se refroidir et les cendres, refroidies dans l'atmosphère, retombent à la surface du sol. Mais les changements dans la nature des terrains par le recouvrement des sols par la lave et les tephras parfois sur des dizaines de mètres d'épaisseur peuvent créer des phénomènes destructeurs et meurtriers. Ainsi les cendres tombées sur des cultures les détruisent et stérilisent la terre pour quelques mois à quelques années, une coulée de lave bloquant une vallée peut créer un lac qui noiera des régions habitées ou cultivées, des pluies tombant sur les cendres peuvent les emporter dans les rivières et créer des lahars, etc.
Une éruption volcanique peut durer de quelques heures à plusieurs années et éjecter des volumes de magma de plusieurs centaines de kilomètres cubes. La durée moyenne d'une éruption est d'un mois et demi mais de nombreuses ne durent qu'une journée. Le record absolu est celui du Stromboli qui est quasiment en éruption depuis environ 2 400 ans36.
Classification des éruptions
Lors des débuts de la volcanologie, l'observation de quelques volcans a été à l'origine de la création de catégories basées sur l'aspect des éruptions et le type de lave émise. Chaque type est nommé selon le volcan référent. Le grand défaut de cette classification est d'être assez subjectif et de mal tenir compte des changements de type d'éruption d'un volcan.
Le terme de « cataclysmique » peut être ajouté lorsque la puissance de l'éruption entraîne de lourds dégâts environnementaux et/ou humains comme ce fut le cas pour le Santorin vers 1600 av. J.-C. qui aurait contribué à la chute de la civilisation minoenne, le Vésuve en 79 qui détruisit Pompéi, le Krakatoa en 1883 qui engendra un tsunami de quarante mètres de hauteur, le mont Saint Helens en 1980 qui rasa des hectares de forêt, etc.
Afin d'introduire une notion de comparaison entre les différentes éruptions volcaniques, l'indice d'explosivité volcanique, aussi appelée échelle VEI, fut mis au point par deux volcanologues de l'Université d'Hawaï en 198237. L'échelle, ouverte et partant de zéro, est définie selon le volume des matériaux éjectés, la hauteur du panache volcanique et des observations qualitatives38.
Il existe deux grands types d'éruptions volcaniques dépendant du type de magma émis : effusives associées aux « volcans rouges » et explosives associées aux « volcans gris »39. Les éruptions effusives sont les éruptions hawaïenne et strombolienne tandis que les explosives sont les vulcanienne, péléenne et plinienne. Ces éruptions peuvent se dérouler en présence d'eau et prennent alors les caractéristiques d'éruptions phréatique, phréato-magmatique, surtseyenne, sous-glaciaire, sous-marine et limnique.
Géomorphologie volcanique
Outre le volcan en lui-même, différentes formations géologiques sont directement ou indirectement liées à l'activité volcanique.
Certains reliefs ou paysages résultent du produit direct des éruptions. Il s'agit des cônes volcaniques en eux-mêmes formant des montagnes ou des îles, des dômes et des coulées de lave solidifiée, des tunnels de lave, des « pillow lavas » et les guyots des volcans sous-marins, des trapps formant des plateaux, des accumulations de tephras en tufs, des cratères et des maars laissés par la sortie de la lave, etc.
D'autres reliefs résultent d'une érosion ou d'une évolution des produits des éruptions. C'est le cas des dykes, necks, sills, roches intrusives, mesas et planèzes dégagés par l'érosion, des caldeiras et cirques résultant de l'effondrement d'une partie du volcan, des lacs de cratère ou formés en amont d'un barrage constitué des produits de l'éruption, des atolls coralliens entourant les vestiges d'un volcan sous-marin effondré, etc.
Phénomènes paravolcaniques
Certaines activités géothermiques peuvent précéder, accompagner ou suivre une éruption volcanique. Ces activités sont en général présentes lorsqu'une chaleur résiduelle provenant d'une chambre magmatique réchauffe de l'eau phréatique parfois jusqu'à l'ébullition. En surface se produisent alors geysers, fumerolles, mares de boues, mofettes, solfatares ou encore dépôts de minéraux40. Ces phénomènes peuvent être regroupés dans des « champs volcaniques ». Ces champs volcaniques se forment lorsque l'eau des nappes phréatiques est réchauffée par des réservoirs de magma situés à faible profondeur. C'est le cas des supervolcans comme Yellowstone aux États-Unis et des Champs Phlégréens en Italie ou des champs géothermiques comme à Haukadalur en Islande.
Au niveau des dorsales océaniques, l'eau de mer s'infiltre dans les anfractuosités du plancher océanique, se réchauffe, se charge en minéraux et ressort au fond des océans sous la forme de fumeurs noirs ou de fumeurs blancs.
Dans un cratère possédant une activité de dégazage et de fumerolles, un lac acide peut se former par recueil des eaux de pluies. L'eau du lac est très acide avec un pH de 4 à 1, parfois très chaude avec une température de 20 à 85 °C et seules des cyanobactéries sont capables de vivre dans ces eaux alors teintées en bleu-vert. Ce type de lac est courant au niveau des grandes chaînes de volcans comme la ceinture de feu du Pacifique et dans la vallée du Grand Rift.
Conséquence du volcanisme sur l'histoire de la Terre
Le volcanisme est né en même temps que la Terre, lors de la phase d'accrétion de sa formation il y a 4,6 milliards d'années. À partir d'une certaine masse, les matériaux au centre de la Terre subissent d'importantes pressions, créant ainsi de la chaleur. Cette chaleur, accentuée par la dégradation des éléments radioactifs, provoque la fusion de la Terre qui dissipe vingt fois plus de chaleur qu'aujourd'hui. Après quelques millions d'années, une pellicule solide se forme à la surface de la Terre. Elle est déchirée en de nombreux endroits par des flots de lave et par de grandes masses granitoïdes qui donneront les futurs continents. Par la suite, les plaques lithosphériques nouvellement créées se déchireront préférentiellement à des endroits précis où se formeront les volcans. Pendant cent millions d'années, les volcans rejetteront dans la maigre atmosphère de l'époque de grandes quantités de gaz : diazote, dioxyde de carbone, vapeur d'eau, oxyde de soufre, acide chlorhydrique, acide fluorhydrique, etc. Il y a 4,2 milliards d'années, malgré les 375 °C et la pression 260 fois supérieure à celle d'aujourd'hui, la vapeur d'eau se condense et donne naissance aux océans.
Le rôle de la formation des premières molécules organiques et de l'apparition de la vie sur Terre peut être imputé aux volcans. En effet, les sources chaudes sous-marines ou les solfatares et autres geysers offrent des conditions propices à l'apparition de la vie : de l'eau qui a lessivé des molécules carbonées, des minéraux, de la chaleur et de l'énergie. Une fois la vie répandue et diversifiée à la surface de la Terre, les volcans auraient pu provoquer à l'inverse de grandes extinctions : l'âge des grandes extinctions du vivant coïncide avec l'âge des trapps. Ces trapps auraient pu être provoqués par la chute de météorites ou l'éruption exceptionnelle de points chauds. Les effets combinés des gaz volcaniques et particules dispersés dans l'atmosphère auraient provoqué la disparition de nombreuses espèces par un hiver volcanique suivi d'une hausse de l'effet de serre par les changements dans la composition gazeuse de l'atmosphère.
Une des théories les plus acceptées pour l'apparition de l'homme serait l'ouverture du rift africain : uniformément humide au niveau de l'équateur, le climat africain se serait asséché à l'est du rift qui arrête les nuages venant de l'Ouest. Les hominidés, s'adaptant à leur nouveau milieu formé d'une savane, auraient développé la bipédie pour échapper à leurs prédateurs.
Encore de nos jours, les volcans participent à l'évacuation de la chaleur interne de la Terre et au cycle biogéochimique mondial en libérant les gaz, la vapeur d'eau et les minéraux engloutis dans le manteau au niveau des fosses de subduction.
Incidence du volcanisme sur les activités humaines
Croyances et mythes liés aux volcans
Chaque année a lieu, au bord du
Bromo, une cérémonie populaire, le
Yadnya Kasada (en), festival hindou au cours duquel les pèlerins font sept fois le tour du sommet du volcan qui a fécondé le sol de leur île et est considéré comme un lieu sacré. Les familles y effectuent leurs
rites funéraires et
propitiatoires en jetant dans le
cratère des offrandes (récoltes bénies, produits fermiers, animaux, gâteaux, fleurs)
41. Satisfaites, les âmes des défunts s'envolent vers le soleil
42.
Depuis l'apparition de l'agriculture et la sédentarisation des sociétés, les hommes ont toujours côtoyé les volcans. Les louant pour les terres fertiles qu'ils offrent, ils les craignent aussi pour leurs éruptions et les morts qu'ils provoquent. Rapidement, par méconnaissance d'un phénomène naturel, les volcans sont craints, déifiés, considérés comme l'entrée du royaume des morts, des enfers et des mondes souterrains peuplés d'esprits malfaisants et sont l'objet de légendes et de mythes suivant les différentes cultures.
Dans les tribus d'Asie, d'Océanie et d'Amérique vivant à proximité de la ceinture de feu du Pacifique, les éruptions volcaniques sont considérées comme étant les manifestations de forces surnaturelles ou divines. Dans la mythologie māori, les volcans Taranaki et Ruapehu tombèrent tous deux amoureux du volcan Tongariro et une violente dispute éclata entre les deux. C'est la raison pour laquelle aucun Māori ne vit entre les deux volcans colériques, de peur de se retrouver pris au milieu de la dispute.
Parmi d'autres mythes et légendes, on peut signaler celui du Devils Tower qui se serait dressé pour sauver sept jeunes filles amérindiennes d'ours qui auraient griffé les parois rocheuses ou encore l'histoire de la déesse Pélé qui, chassée de Tahiti par sa sœur Namakaokahai, trouva refuge dans le Kīlauea et depuis, de rage, déverse des flots de lave d'un simple coup de talon.
Chez les Incas, les caprices du Misti lui ont valu d'avoir son cratère obstrué par un bouchon de glace, punition infligée par le Soleil. Les Chagas de Tanzanie raconte que le Kilimandjaro, excédé par son voisin le volcan Mawensi, le frappa à grand coup de pilon, ce qui lui valut son sommet découpé. Chez les amérindiens de l'Oregon, le mont Mazama était la demeure du dieu maléfique du feu et le mont Shasta celle du dieu bénéfique de la neige. Un jour les deux divinités sont entrées en conflit et le dieu du feu fut vaincu et décapité, créant ainsi le Crater Lake en signe de défaite.
Les volcans furent même le lieu de sacrifices humains : enfants jetés dans le cratère du Bromo en Indonésie, chrétiens sacrifiés pour le mont Unzen au Japon, vierges précipitées dans le lac de lave du Masaya au Nicaragua, enfants jetés dans un lac de cratère pour calmer le volcan sous-lacustre d'Ilopango au Salvador, etc.
Chez les Grecs et les Romains, les volcans sont le lieu de vie d'Héphaïstos ou Vulcain. Les éruptions sont expliquées comme étant une manifestation divine : colère des dieux, présages, activité des forges d'Héphaïstos — que les Grecs situaient sous l'Etna — ou de celles de Vulcain — que les Romains plaçaient sous Vulcano — , etc.. Les cyclopes grecs pourraient être une allégorie des volcans avec leur cratère sommital tandis que le nom d'Héraclès dérive de hiera ou etna, le mot grec servant à désigner les volcans. Aucune explication scientifique ou ne faisant pas intervenir les dieux n'était retenue.
Parmi les mythes grecs mettant en scène des volcans, le plus célèbre est celui narré par Platon dans le Timée et le Critias. Ces récits relatent la disparition de l'Atlantide, engloutie par les flots dans un gigantesque tremblement de terre suivi d'un tsunami. Ne mettant pas directement en jeu un volcan, ce mythe semble avoir trouvé son origine dans l'éruption du Santorin vers 1600 av. J.-C. qui détruisit presque entièrement l'île et qui pourrait avoir provoqué ou participé à la chute de la civilisation minoenne. Cependant aucune observation de l'éruption du Santorin ne fut consignée et ce n'est qu'au début du XXe siècle que l'on se rendit compte de l'importance de l'éruption43.
Le poète romain Virgile, s'inspirant des mythes grecs, rapporta que lors de la gigantomachie, Encelade, en fuite, fut enseveli sous l'Etna par Athéna en guise de punition pour sa désobéissance aux dieux. Les grondements de l'Etna constituant ainsi les pleurs d'Encelade, les flammes sa respiration et le trémor ses tentatives de se libérer. Mimas, un autre géant, fut quant à lui englouti sous le Vésuve par Héphaïstos et le sang des autres géants vaincus jaillit des Champs Phlégréens à proximité.
Dans le Christianisme populaire, malgré quelques tentatives d'explications pré-scientifiques, les volcans étaient souvent considérés comme l'œuvre de Satan et les éruptions comme des signes de la colère de Dieu. Un certain nombre de miracles attribués à certains saints sont associés dans la tradition catholique à des éruptions : ainsi en 253, la ville de Catane fut épargnée lorsque les flots de lave de l'Etna se scindèrent en deux devant la procession transportant les reliques de sainte Agathe. Mais en 1669, la procession avec les mêmes reliques ne put éviter la destruction de la grande majorité de la ville.
En 1660, l'éruption du Vésuve fit pleuvoir aux alentours des cristaux de pyroxène noirs. La population les prit pour des crucifix et attribua ce signe à saint Janvier qui devint saint patron et protecteur de Naples. Depuis à chaque éruption, une procession défile dans Naples pour implorer la protection du Saint. De plus, trois fois par an a lieu le phénomène de la liquéfaction du sang de saint Janvier qui, selon la tradition, s'il se produit, protège la ville de toute éruption du Vésuve.
Encore aujourd'hui des processions religieuses sont associées aux volcans et à leur activité. À chaque éruption du Vésuve, des processions catholiques prient saint Janvier, à Hawaï les habitants vénèrent encore Pélé et le mont Fuji est la montagne sacrée du Shintoïsme de même que le Bromo pour les hindouistes indonésiens.
Prévision éruptive
Un des objectifs de la volcanologie est de comprendre l'origine et le fonctionnement des volcans et des phénomènes assimilés afin d'établir un diagnostic sur les risques et les dangers encourus par les populations et les activités humaines. Les prévisions volcanologiques nécessitent la mise en œuvre d'instruments (la naissance de la volcanologie instrumentale date de 1980 lors de l'éruption du mont Saint Helens ; le volcan fut entièrement instrumenté à cette époque44) et le savoir de plusieurs disciplines scientifiques. Les connaissances actuelles ne permettent aujourd'hui que de prédire le type des éruptions, sans savoir en revanche, à plus de que quelques heures à l'avance, quand elles auront lieu, combien de temps elles dureront et surtout leurs importances (volume de lave, intensité des dégagements, etc).
De plus en plus, la tendance est à la surveillance en continu les volcans actifs réputés dangereux à l'aide d'appareils télécommandés alimentés par piles solaires. À cet égard, l'équipement du Piton de la Fournaise, à La Réunion, pourtant réputé non dangereux, est exemplaire. Les mesures sont transmises par télémétrie à l'observatoire et toutes les dilatations, les tremblements et les variations de température sont enregistrés.
Les sécurités civiles des pays touchés tentent alors de trouver les justes compromis entre les risques et les précautions inutiles. Dans bon nombre de cas, les autorités se sont montrées peu attentives45. Il y eut cependant certains succès comme en 1991 pour l'éruption du Pinatubo où les experts ont convaincu le gouvernement philippin d'organiser l'évacuation de 300 000 personnes. Malgré 500 victimes, 15 000 vies ont ainsi pu être épargnées.
Les manifestations volcaniques dangereuses
Depuis 1600, les volcans ont fait 300 000 morts dans le monde, ce qui représente en 201144 :
- 35,5 % des victimes dues aux nuées ardentes ;
- 23 % aux famines et épidémies (chiffre essentiellement dû aux conséquences de l'éruption du Tambora en 1815 qui a fait plus de 60 000 victimes) ;
- 22,5 % au lahars et glissements de terrains ;
- 14,9 % aux tsunamis ;
- 3 % aux chutes de téphras ;
- 1,3 % aux gaz ;
- 0,3 % aux coulées de lave.
Coulées de lave
Contrairement à la croyance populaire, les coulées de lave font en général plus de dégâts matériels que de victimes (cf. les 0,3 % ci-dessus) car même si elles peuvent être très rapides avec plusieurs dizaines de kilomètres par heure, leur comportement est généralement prévisible, laissant le temps aux populations d'évacuer. En 2002, le lac de lave du cratère du Nyiragongo se vide à la faveur de failles qui se sont ouvertes dans le volcan : deux coulées atteignent la ville de Goma au Congo démocratique, font 147 morts et détruisent 18 % de la ville. Ces fleuves de matière en fusion laissent peu de chance à la végétation et aux constructions se trouvant sur leur passage, les consumant et les ensevelissant dans une gangue de roche.
Nuées ardentes
Sur le volcan
Sakurajima (en arrière-plan), une trentaine d'abris de béton et une vingtaine de bâtiments d'évacuation permettent de se protéger contre les retombées de téphras. Les habitants de la presqu'île volcanique gardent un casque en réserve et les écoliers le portent sur leur trajet scolaire
46.
Appelées aussi coulées pyroclastiques, les nuées ardentes sont des nuages gris qui dévalent les pentes des volcans à plusieurs centaines de kilomètres par heure, atteignent les 600 °C et parcourent des kilomètres avant de s'arrêter.
Nés de l'effondrement d'un dôme ou d'une aiguille de lave, ces nuages composés de gaz volcaniques et de tephras glissent sur le sol, franchissent des crêtes et consument tout sur leur passage. Les empilements des matériaux transportés par les nuées ardentes peuvent s'accumuler sur des dizaines de mètres d'épaisseur et sont à l'origine des étendues d'ignimbrites.
Les plus meurtrières sont celles du Krakatoa en 1883 qui ont fait 36 000 morts. En 1902, une coulée pyroclastique née de la montagne Pelée en Martinique a rasé la ville de Saint-Pierre et tué ses 29 000 habitants. Plus récemment, le réveil de la Soufrière de Montserrat a provoqué la destruction de Plymouth, la capitale de l'île, et rendu inhabitable la grande majorité de l'île à cause des passages répétés de nuées ardentes.
Cendres volcaniques
Expulsées par des panaches volcaniques, les cendres volcaniques peuvent retomber et recouvrir des régions entières sous une épaisseur de plusieurs mètres, provoquant la destruction des cultures et l'apparition de famines comme ce fut le cas après l'éruption du Laki de 1783 en Islande, l'effondrement des toits des habitations sur leurs occupants, la formation de lahars en cas de pluies, etc.
Séismes
Les séismes peuvent être provoqués à la suite de la vidange de la chambre magmatique lorsque le volcan s'effondre sur lui-même et forme une caldeira. Les multiples glissements des parois du volcan génèrent alors des séismes qui provoquent l'effondrement des bâtiments parfois fragilisés par des chutes de cendre volcanique.
Tsunamis
Les tsunamis peuvent être générés de multiples manières lors d'une éruption volcanique comme avec l'explosion d'un volcan sous-marin ou à fleur d'eau, la chute de parois ou de nuées ardentes dans la mer, l'effondrement du volcan sur lui-même mettant en contact direct l'eau avec le magma de la chambre magmatique, des mouvements de terrains liés à la vidange de la chambre magmatique, etc. En 1883, l'explosion du Krakatoa généra un tsunami qui, associé aux nuées ardentes, fit 36 000 victimes, en 1792 celle du mont Unzen en fit 15 000.
Glissements de terrain
À la manière des nuées ardentes, les glissements de terrain peuvent provoquer des avalanches meurtrières. Dans de rares cas, c'est une grande partie ou la majorité du volcan qui se désagrège sous la pression de la lave. En 1980, le mont Saint Helens a surpris les volcanologues du monde entier lorsque la moitié du volcan s'est disloquée. Certains scientifiques, se croyant à l'abri sur des collines environnantes, se sont fait piéger et ont péri dans la gigantesque nuée ardente qui a suivi.
Gaz volcaniques
Les gaz volcaniques sont le danger le plus sournois des volcans. Ils sont parfois émis sans aucun autre signe d'activité volcanique lors d'une éruption limnique. En 1986, au Cameroun, une nappe de dioxyde de carbone est sortie du lac Nyos. Étant plus lourd que l'air, ce gaz a dévalé les pentes du volcan et a tué 1 800 villageois et plusieurs milliers de têtes de bétail dans leur sommeil par asphyxie.
Lahars
Les lahars sont des coulées boueuses formées d'eau, de tephras en majorité de cendres volcaniques froides ou brûlantes, très denses et lourdes et charriant quantité de débris tels des blocs rocheux, des troncs d'arbres, des restes de bâtiments, etc. Les lahars se forment lorsque des pluies importantes survenant lors de cyclones tropicaux ou des pluies synoptiques prolongées s'abattent sur des cendres volcaniques. Ils peuvent survenir des années après une éruption volcanique tant que des cendres peuvent être entraînées. En 1985, 24 000 habitants de la ville colombienne d'Armero furent engloutis sous un lahar né sur les pentes du Nevado del Ruiz.
Jökulhlaup
Le jökulhlaup est un type de crue particulièrement puissant et brutal. Il se forme lorsqu'une éruption volcanique survient sous un glacier ou une calotte glaciaire et que la chaleur du magma ou de la lave parvient à faire fondre de grandes quantités de glace. Si l'eau de fonte ne peut s'évacuer, elle forme un lac qui peut se vider lorsque la barrière qui le retient formée par une paroi rocheuse ou un glacier se rompt. Un flot mêlant lave, tephras, boue, glace et blocs rocheux s'échappe alors du glacier, emportant tout sur son passage. Les jökulhlaup les plus fréquents se déroulent en Islande, autour du Vatnajökull.
Acidification des lacs
L'acidification des lacs est une autre conséquence possible de la présence d'un volcan. L'acidification a pour effet d'éliminer toute forme de vie des eaux et de leurs abords et peut même constituer un danger pour les populations riveraines. Ce phénomène survient lorsque des émanations de gaz volcaniques débouchent au fond d'un lac, celui-ci va alors les piéger par dissolution ce qui acidifie les eaux.
Hivers volcaniques
Les cendres, gaz volcaniques et gouttelettes d'acide sulfurique et d'acide fluorhydrique expulsées dans l'atmosphère par des panaches volcaniques peuvent provoquer des pluies acides et des « Hivers volcaniques » qui abaissent les températures et peuvent provoquer des famines, des hivers rigoureux ou des étés froids à l'échelle mondiale comme ce fut le cas pour les éruptions du Samalas en 1257, du Tambora en 1815 et du Krakatoa en 1883.
Des recherches récentes montrent que les éruptions volcaniques ont un impact significatif sur le climat mondial et doivent être considérées comme des phénomènes catalytiques essentiels pour expliquer les changements écologiques et les bouleversements historiques47.
Atouts liés aux volcans
Par certains aspects, l'homme peut tirer profit de la présence des volcans avec :
- l'exploitation de l'énergie géothermique pour production d'électricité, le chauffage des bâtiments ou des serres pour les cultures ;
- la fourniture de matériaux de construction, ou à usage industriel tels que :
- la fertilisation des sols tels les versants de l'Etna qui constituent une région à très forte densité agricole en raison de la fertilité des sols volcaniques et où d'immenses vergers d'agrumes sont implantés. Ces sols volcaniques fertiles font vivre 350 millions de personnes dans le monde48.
Un volcan contribue aussi au tourisme en proposant un panorama, des destinations de randonnée, du thermalisme ou même un lieu de pèlerinage aux visiteurs.
Même dans le domaine artistique, leur influence se fait sentir : certaines éruptions fortement émettrices de cendres volcaniques comme celle du Tambora en 1815 ont généré des couchers de soleil spectaculaires durant plusieurs années. Certains peintres comme Turner ont su capter cette lumière à travers des œuvres originales qui annoncent l'Impressionnisme.
Volcanologie
La volcanologie ou (beaucoup plus rarement) vulcanologie est la science qui étudie les phénomènes volcaniques, leurs produits et leurs mises en place : volcans, geysers, fumerolles, éruptions volcaniques, magmas, laves, tephras, etc. Un volcanologue ou vulcanologue est le scientifique spécialiste de cette discipline liée à la géophysique, à la sismologie et à la géologie dont elle est une spécialité.
Les objectifs de cette science sont de comprendre l'origine et le fonctionnement des volcans et des phénomènes assimilés afin d'établir un diagnostic, pour une période déterminée, des risques et des dangers encourus par les populations et les activités humaines. Les études et les recherches se déroulent dans un premier temps sur le terrain afin de procéder à des collectes d'informations sous la forme d'observations, de mesures et d'échantillonnages et dans un second temps en laboratoire afin d'analyser et d'interpréter les données et les échantillons. En effet, la gestion des effets même d'une éruption une fois qu'elle se produit est impossible. Seules quelques opérations de détournement de coulée de lave ont réussi sur l'Etna en Italie et à Heimaey en Islande.
Seule la prévention permet de limiter ou d'éviter les effets d'une éruption volcanique. Cette prévention passe par une observation du volcan et des signes avant-coureurs d'une éruption : émissions de gaz volcaniques, gonflement et dégonflement du volcan, séismes mineurs, anomalies thermiques, etc. L'évacuation de manière temporaire et dans l'urgence des zones en danger est le moyen de prévention le plus employé. Néanmoins, il existe des moyens de prévention à long terme comme l'évacuation totale des zones les plus exposées aux risques volcaniques, l'élaboration de plans de prévention, d'évacuation, de secours et de sensibilisation des populations, etc.
Volcans sous-marins
Les volcans sous-marins sont les plus nombreux sur Terre. On estime que 75 % des volcans et des matériaux ignés émis par les volcans le sont au niveau des dorsales océaniques49. Les volcans faille se trouvent en grande majorité le long des dorsales océaniques où ils émettent des laves fluides. Ces laves, soumises aux eaux froides comprises entre un et deux degré Celsius et à la forte pression, prennent la forme de boules : ce sont les « pillow lavas ».
Les autres volcans situés le long des fosses de subduction et ceux formés par un point chaud donnent naissance à une montagne sous-marine à sommet plat et à pente très raide : un guyot. Lorsqu'un volcan sous-marin parvient à atteindre la surface, il émerge dans une éruption de type surtseyenne. Deux volcans sous-marins sont célèbres et surveillés : le Lōʻihi qui sera le prochain volcan d'Hawaï à émerger de l'océan Pacifique et le Kick-'em-Jenny au nord de l'île de la Grenade dans les Antilles et qui est très proche de la surface et a une activité explosive.
Le massif Tamu est un volcan bouclier sous-marin considéré comme le plus vaste volcan de la Terre et l'un des plus grands du système solaire50.
La Terre n'est pas la seule planète du Système solaire à connaître une activité volcanique.
Vénus connaît un intense volcanisme avec 500 000 édifices volcaniques, Mars comporte l'Olympus Mons, un volcan considéré comme éteint et haut de 22,5 kilomètres faisant de lui le plus haut sommet du Système solaire, la Lune est couverte par les « maria lunaires », d'immenses champs de basalte.
Des volcans existent aussi sur des satellites de Jupiter et de Neptune, notamment Io et Triton. La sonde Voyager 1 a permis de photographier en une éruption sur Io, tandis que Voyager 2 a fait découvrir sur Triton en des traces de cryovolcanisme et des geysers. Encelade, satellite de Saturne, est le siège de cryovolcans (voir l'article Encelade, section Cryovolcanisme). La composition chimique variant considérablement entre les planètes et les satellites, le type d'éjecta est très différent de ceux émis sur Terre tel du soufre, de la glace d'azote, etc.
Volcans dans les médias
L'éruption d'un volcan à proximité d'une zone peuplée est très souvent vécue comme un événement majeur dans la vie d'un pays car, outre le caractère spectaculaire et inattendu d'une éruption, celle-ci nécessite une surveillance et, parfois, l'évacuation et la prise en charge des personnes en danger.
Les volcans sont parfois les acteurs principaux de certains films catastrophes comme Le Pic de Dante et Volcano ou le docu-fiction Supervolcan de la BBC et de Discovery Channel qui met en scène le réveil du supervolcan de Yellowstone dans une éruption d'indice d'explosivité volcanique de 8. Le film Stromboli raconte l'histoire d'une femme étrangère qui ne parvient pas à s'intégrer sur l'île volcanique Stromboli, en raison de différences de mentalité avec ses habitants, y compris son mari qu'elle a épousé dans la précipitation dans un camp de prisonnier.
Plus couramment, les volcans font l'objet de nombreux documentaires télévisés scientifiques, informatifs ou de vulgarisation.
Records
Notes et références
- Volcans ayant eu au moins une éruption durant les derniers 10 000 ans. La Smithsonian Institution recense 72 volcans qui sont entrés en éruption en 2018, et 43 toujours en éruption, cf. (en) How many active volcanoes are there ? [archive]
- [1] [archive]
- Pour la Science [archive]
- (en) Borgia et al., What is a volcano ? [archive]
- Entrée « volcán » [archive] du Dictionnaire bilingue espagnol – français [en ligne], sur le site des éditions Larousse [consulté le 30 septembre 2017].
- Définitions lexicographiques [archive] et étymologiques [archive] de « volcan » (sens A) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le 30 septembre 2017].
- « Définition d'une chambre magmatique » [archive], sur Futura sciences.
- M. Rosi, P. Papale, L. Lupi et M. Stoppato, Guide des volcans, delachaux et niestlé, , 335 p. (ISBN 978-2-603-01204-8).
- (fr) École Normale Supérieure de Lyon - Dynamique éruptive et magmatisme [archive]
- « Définition d'un volcanisme basaltique » [archive], sur Futura sciences.
- « Définition d'un volcanisme andésitique » [archive], sur Futura sciences.
- (fr) ereiter.free.fr - Laves carbonatiques [archive]
- « Température de la lave » [archive], sur Futura sciences.
- (en) Smithsonian Institution - Coulées de lave [archive]
- (fr) Histoires de volcans - L'Erta Ale et son cratère [archive]
- « Définition d'une bombe volcanique » [archive], sur Futura sciences.
- « Définition d'un magma » [archive], sur Futura sciences.
- Jacques-Marie Bardintzeff, Volcanologie, Dunod, , p. 127
- (en) Types of Volcanoes [archive], site de l’Université des l'Oregon, 2019
- (en) Tom Simkin et Lee Siebert, Volcanoes of the World, p.14.
- (en) Smithsonian Institution- Volcan bouclier [archive]
- (en) Smithsonian Institution -Stratovolcan [archive]
- (en) Smithsonian Institution -Volcan fissural [archive]
- Base de données de La Smithonian Institution [archive]
- SMITHSONIAN INSTITUTION [archive]
- volcano.oregonstate.edu [archive]
- Académie de Limoges, Programme et généralités sur la géologie en Auvergne : Les volcans [archive]
- Pierre Thomas, ENS de Lyon - Laboratoire de Géologie [archive]
- John P. Lockwood, Richard W. Hazlett Volcanoes: Global Perspectives [archive] « French volcanologists loosely divide the world's volcanoes in two general types. »
- (en)When is a volcano considered active ? [archive] Site United States Geological Survey
- « Différentes activités des volcans » [archive] (consulté le )
- Paul Wessel, David T. Sandwell, Seung-Sep Kim The Global Seamount Census [archive]
- (fr) Département de géographie de l'université du Québec à Montréal - Points chauds [archive]
- Do plumes exist ? [archive]
- (en) Smithsonian Institution - Éruption magmato-phréatique [archive]
- (en) Smithsonian Institution - Durées des éruptions [archive]
- (en) Newhall C. G. et S. Self (1982). The volcanic explosivity index (VEI) : an estimate of explosive magnitude for historical volcanism. J. Geophys. Res., 87, 1231-1238.
- (en) VolcanoWorld, North Dakota and Oregon Space Grant Consortium - Description de l'indice d'explosivité volcanique [archive]
- (fr) Risques et préventions volcaniques - Les deux grands types d'éruption volcanique [archive]
- (en) Smithsonian Institution - Activité géothermique [archive]
- Des Indonésiesn d'autres religions, les resquilleurs, viennent récupérer les offrandes un peu plus bas dans le cratère. Cf Henry Gaudru, Gilles Chazot, La belle histoire des volcans, De Boeck Supérieur, (lire en ligne [archive]), p. 99
- Pierre Ivanoff, Indonésie, archipel des dieux, Société continentale d'éditions modernes illustrées, , p. 50-51.
- (fr) Art'chives, À la recherche des civilisations disparues - Disparition de la civilisation minoenne et éruption de Santorin [archive]
- François Beauducel, « Surveillance volcanologique : de la mesure instrumentale au modèle prédictif », conférence au Bureau des Longitudes, 1er juin 2011
- « VOLCANS AU BORD DU RÉVEIL : les prévisions des experts sont-elles entendues ? » [archive], sur www.cite-sciences.fr
- Jean-François Heimburger, Le Japon face aux catastrophes naturelles. Prévention et gestion des risques, ISTE Group, , p. 125
- (en) M. Sigl, M. Winstrup, J. R. McConnell, K. C. Welten, G. Plunkett, F. Ludlow, U. Büntgen, M. Caffee, N. Chellman, D. Dahl-Jensen, H. Fischer, S. Kipfstuhl, C. Kostick, O. J. Maselli, F. Mekhaldi, R. Mulvaney, R. Muscheler, D. R. Pasteris, J. R. Pilcher, M. Salzer, S. Schüpbach, J. P. Steffensen, B. M. Vinther, T. E. Woodruff, « Timing and climate forcing of volcanic eruptions for the past 2,500 years », Nature, (DOI 10.1038/nature14565)
- Aurélie Luneau, émission La marche des sciences sur France Culture, 21 juillet 2011, 2 min 10 s.
- (en) Smithsonian Institution - Part de la lave émise selon le type de volcan [archive]
- (en) Brian Clark Howard, « New Giant Volcano Below Sea Is Largest in the World », National Geographic, (lire en ligne [archive]).
- NAVD 88 [archive], U.S. National Geodetic Survey
- (en) Smithsonian Institution - Volcans les plus hauts [archive]
- Philippe Mossand, Le volcanisme cantalien : ses nouveautés géologiques [archive]
- (fr) Jacques-Marie Bardintzeff, Connaître et découvrir les volcans, Genève, Suisse, Liber, , 209 p. (ISBN 2-88143-117-8), p. 39
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
- Jacques-Marie Bardintzeff, Les Volcans, Minerva, 2004 (ISBN 978-2-8307-0755-7)
- Michel et Anne-Marie Detay, Volcans du feu et de l'eau, Belin, 2013 (ISBN 978-2-7011-7561-4)
- Bernhard Edmaier, Volcans, Fernand Nathan, 2004 (ISBN 978-2-09-261099-2)
- Jacques Kornprobst, Christine Laverne, Les Volcans, comment ça marche ?, Éditions du BRGM, 2002 (ISBN 978-2-84703-017-4)
- Maurice Krafft, Les feux de la terre : Histoires de volcans, Éditions Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Sciences et techniques » (no 113), 2003 (ISBN 978-2-07-042900-4)
- Haroun Tazieff, Volcans, Larousse-Bordas, 1996, deuxième édition, 1999 (ISBN 978-2-04-027174-9)
- Patrick de Wever, Le volcanisme : Cause de mort et source de vie, Vuibert, 2003 (ISBN 978-2-7117-5293-5)
- Science et Vie Junior, « Des volcans et des hommes », dossier hors série, Excelsior Publications S.A., 1994
Articles connexes
|
|
- Structures
|
|
- Géologie
|
|
- Matériaux
|
|
- Volcanisme extra-terrestres
|
Liens externes
[masquer]
|
Reliefs structuraux |
|
Modelés |
Hydrographique (cours d'eau) |
|
Éolien |
|
Glaciaire |
|
Karstique |
Aven (ou adugeoir, barrenc, bétoire, chourun, embùt, endousoir, endouzoère) / Gouffre (ou Abîme) / Igue / Scialet · Abri sous roche · Caverne / Grotte · Cénote · Doline (ou cloup, emposieu, sotch, sótano, tiankeng) / Ouvala · Émergence - Exsurgence - Résurgence · Glacière · Lapiaz · Perte / Chantoire (ou chantoir, tchantwère) · Pinacle · Poljé · Trou bleu (ou black hole, blue hole) · Tsingy |
Littoral |
|
Maritime / Océanique |
|
Volcanique |
|
|
Concepts généraux |
Critères descriptifs |
|
Sciences |
|
|
La Terre : structure interne · Hydrosphère · Relief · Atmosphère ; Liste de termes de géomorphologie |