Lieu de culte
Un lieu de culte est un endroit, généralement un édifice, dans lequel se réunissent les pratiquants d'une religion pour prier et célébrer un culte au cours de cérémonies organisées. Les lieux de culte ont souvent - mais pas toujours - un caractère sacré permanent aux yeux des croyants. Leur architecture est particulière en ce sens que la structure même des édifices, et leur agencement intérieur, reflète la dimension transcendante de l'homme et cherche à le conduire vers l'intériorité, la méditation et la réflexion. Les idéologies religieuses de même que les cultures locales influencent l'architecture religieuse.
Il faut noter que des lieux naturels (montagnes, forêts, rivières) peuvent être choisis comme lieux de culte, et même avoir un caractère sacré et permanent - comme dans le chamanisme - s'ils ont les mêmes caractéristiques de transcendance et d'intériorité.
Par ailleurs, certains édifices, tels les stupas et certains monuments funéraires, relèvent de l'architecture religieuse sans être lieux de culte.
Avant l'ère chrétienne
Autres religions
Lieux de culte multiconfessionnels
Dans l'histoire, en fonction des changements de majorité dans la confession des habitants d'un territoire on a pu voir des lieux de culte changer de destination : cathédrales devenant mosquées (Sainte Sophie) ou l'inverse (Mezquita de Cordoue). De nos jours l'actuelle mosquée Jamme Masjid de Brick Lane, à Londres a fait office de temple protestant, au temps des huguenots, avant de se transformer en synagogue, puis en mosquée récemment. À Testour (Tunisie), la grande mosquée construite au XVIIe siècle porte sur son minaret des décorations en forme de croix et d'étoiles de David. En France, au début de l'été 2015, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris a suggéré de transformer les églises inutilisées en mosquées avant de revenir sur sa proposition1.
Dans certains lieux particuliers, comme les aéroports ou les hôpitaux on peut trouver des lieux de recueillement multiconfessionnels2.
Une autre catégorie de lieux de culte se développe également intégrant dès la construction de l'édifice le caractère multiconfessionnel comme le Temple de Moncton au Canada ou le projet « Friday, saturday, sunday »3 des architectes britanniques Leon, Lloyd et Saleem4, le projet « Tri Faith [archive] » à Omaha (Nebraska, États-Unis) ou le projet « House of One » à Berlin5.
Galerie d'images
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Salle de prière de la Grande Mosquée de Kairouan ; cette mosquée est le plus ancien et le plus important lieu du culte musulman d'Afrique du Nord
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Synagogue Mickve Israel à Savannah de style gothique
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Notes et références
- « Transformer des églises en mosquées va dans le sens de la laïcité républicaine » [archive], sur lemonde.fr,
- « Ces projets de lieux de culte partagés » [archive], sur LEFIGARO, (consulté le )
- « Juifs, chrétiens et musulmans en co-location » [archive], sur imaginationforpeople.org
- O. Sclavo, « Juifs, chrétiens et musulmans en colocation. Le projet Friday, Saturday, Sunday », Usbek & Rica, no M01736, , p. 62-63
Voir aussi
Bibliographie0
- Francis Messner, Les lieux de culte en France et en Europe : statuts, pratiques, fonctions, éd. Peeters Publishers, Louvain, 2007
- André Vauchez, Lieux sacrés, lieux du culte, sanctuaires, éd. École française de Rome, Rome, 2000
- Georges Mercier, L'Architecture religieuse contemporaine en France. Vers une synthèse des arts, Mame, 1968
Articles connexes
Liens externes
Temple
Un temple est à l'origine un lieu, un espace sacré placé sous la protection d'une ou de plusieurs divinités, et où un rite est pratiqué. Par extension, un temple est un édifice religieux où se célèbre le culte rendu à une divinité1.
Outre ce sens qu'il conserve actuellement, c'est aussi le terme fréquemment utilisé en français pour désigner les lieux de culte protestants.
Enfin, il peut aussi désigner le lieu de réunion d'une loge maçonnique (temple maçonnique).
Affecté d'une majuscule, le terme "Temple" désigne aussi :
- le Temple juif de Jérusalem,
- l'ordre du Temple, les templiers et les lieux qui leur sont associés : le quartier du Temple à Paris, la tour du Temple, etc.1
Lexicographie
Antiquité
Dans le contexte de l'Antiquité (temple égyptien, temple grec, temple romain, Temple juif de Jérusalem…), le temple désigne un édifice sacré où réside une divinité et où un corps sacerdotal (prêtres, vestales...) exercent un culte envers elle. On y trouve en général une statue de la divinité et parfois un trésor. Ces temples ne sont pas nécessairement des lieux de rassemblement pour les fidèles1.
Protestantisme
Au sens le plus courant en francophonie européenne aujourd'hui, un temple est un édifice religieux ou un lieu de culte régulier des protestants des Églises réformées2,3.
Cet usage du mot temple est dû au réformateur Jean Calvin qui entendait réserver le mot d'église au sens de l'assemblée des chrétiens, sens biblique du mot grec ἐκκλησία, ecclésia, couramment traduit par Église, et utiliser un terme spécifique pour l'édifice religieux, pour lequel il n'y avait pas de terme biblique. Ce mot a été une occasion pour des protestant de marquer leur différence par rapport aux catholiques4.
Le glissement du mot « église », de son sens originel d'assemblée à celui pour désigner le bâtiment est, justement à cause de l'absence de terme biblique, très ancien. Il se trouve déjà dans les écrits de Tertullien, entre les années 193 et 220, et de Cyprien de Carthage, entre 240 et 258)5. Ce mot d'église, généralisé en français et dans les langues latines, est resté largement employé en dehors du calvinisme français, notamment chez les luthériens d'Alsace et de Moselle, en Suisse et au Canada.
Autres religions
Le mot temple désigne aussi les sanctuaires dans de nombreuses religions :
Franc-maçonnerie
Les Francs-maçons ont retenu le terme de temple pour désigner le lieu de leurs réunions2.
Temples laïcs
Sous la Révolution française, de nombreuses églises ont été temporairement laïcisées et dédiées à des allégories civiques et laïques auxquelles les autorités entendaient faire rendre un culte afin de combattre l'influence de l’Église catholique : il y eut donc des "temples de la raison", "temples de la Liberté", etc.1 La cathédrale de Strasbourg devenue temple de la Raison est par exemple à cette époque coiffée d'un bonnet phrygien en tôle (symbole révolutionnaire qui détourne les plus excités de l'idée d'abattre la flèche de la cathédrale)6.
Sens figurés
- Surtout utilisé dans une langue soutenue, dans des textes littéraires, le terme de temple désigne :
- soit tout lieu ou édifice dédié à quelque chose de particulier (temple de la débauche, temple de la fortune...)
- soit un lieu privilégié réservé à une élite initiée telle que des amateurs d'art, des gastronomes ou des sportifs de haut niveau (le temple de la gastronomie, le temple du judo...)1
- En référence aux écrits de l'apôtre Paul (1 Cor. 3 et 2 Cor. 16), le corps humain est parfois appelé le temple de l'Esprit Saint1.
Terme dérivé
Un tempietto ("petit temple" en italien7) est un petit temple à l'antique de la Renaissance reprenant le principe de la tholos grecque.
Noms propres
Le Temple, désigne :
- le Temple de Jérusalem, ou premier Temple, qui aurait été édifié par Salomon au Xe siècle av. J.-C., et détruit par les Babyloniens en -586, et dont il ne reste aucun vestige ; le second Temple, rebâti vers -536, rénové par Hérode le Grand puis détruit par Titus en l'an 70, et dont il ne reste qu'une partie de la muraille d'enceinte, notamment le mur de 57 mètres que les Juifs appellent le Mur occidental (connu également sous le nom de Mur des Lamentations) ;
- l'ordre du Temple ou ordre des Templiers, ordre religieux militaire fondé au XIIe siècle à Jérusalem pour la défense du Saint-Sépulcre ;
- à Paris, la Tour du Temple, reste d'un ancien monastère qui servit de prison à Louis XVI et où mourut son jeune fils Louis ; par métonymie, le quartier du Temple, situé dans le 3e arrondissement, où se trouve notamment le Carreau du Temple.
- Les villages ayant Temple dans leur nom font généralement référence à un ancien établissement des Templiers1.
Synonymes
On emploie des termes spécifiques pour les lieux de culte d'autres religions : l'église ou la chapelle (catholiques, protestants, et orthodoxes), la mosquée (musulmans), la synagogue (juifs), la pagode (religions d'Extrême-Orient).
Étymologie
Templum vient de la racine indo-européenne [tm], qui veut dire découper, opérer une césure.
Dans le monde romain, le templum, apport de la culture étrusque, est l'espace séparé du reste du monde. Il s'agit d'un espace découpé dans le ciel à l'aide des auspices, que les prêtres ont retranscrit sur le sol ; il s'agit alors d'un terrain sacré, inviolable, qui englobe également le bâtiment du culte construit dessus.
Différents types de temple
- Le temple de Göbekli Tepe, plus ancien exemple répertorié d'architecture monumentale.
- Le temple d'Ain Dara en Syrie.
- Certaines pyramides précolombiennes ou d'Égypte.
- les temples romains.
- Le temple d'Amon à Karnak.
- Les temples d'Angkor, au Cambodge.
- Le temple de Borobudur dans l'île de Java en Indonésie.
- Le temple de la Mahabodhi, à Bodhgayâ en Inde, est situé sur le lieu où Siddhartha Gautama, le Bouddha historique, atteignit l’éveil.
- Le Bouddhaun, édifice situé là où sont célébrés les rites du bouddhisme.
- Le Parthénon, à Athènes (voir Temple grec).
- Le temple d'Artémis à Éphèse, l'une des Sept Merveilles du monde antique.
- Le Panthéon de Rome, le temple de tous les dieux ; le Panthéon de Paris, l'ancienne église Sainte-Geneviève transformée sous la Révolution en Temple de la Raison.
- Le temple du Soleil à Machu Picchu, qui a donné son nom à un album de Tintin.
- Les temples grecs de Sicile sont parmi les mieux conservés :
- le temple de Salomon.
- Les temples taoïstes sont des édifices religieux consacré au taoïsme, parfois également au bouddhisme, principalement en Chine ;
- Samye : 1er temple du Tibet (VIIIe siècle).
Temples en France
Au sens premier de l'espace sacré où se déroule un rituel, le site de la « pierre aux neuf gradins » à Soubrebost (Creuse) est intéressant à considérer. Probablement consacré à un culte celte, gaulois, de nature solaire, on ne sait pas si des sacrifices humains y ont été réellement effectués comme certaines analyses le laissent supposer.
Un projet de construction d'un Temple pour la Paix par la congrégation Vajradhara-Ling en Normandie. Ce Temple sera une réplique de celui de Samye, premier temple construit au Tibet, fondé par Padmasambhava au VIIIe siècle.
Il existe de nombreux lieux de méditation liés à un saint hindou et de nombreux temples hindous en France, dans les départements d'outre-mer, à Paris et sa région. Le temple du Seigneur Ganesha [archive] à Paris 18e, est bien connu pour sa procession annuelle très colorée.
Notes et références
- « Temple » [archive], sur le site du CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales) (consulté le )
- « Temple » [archive], sur le site du dictionnaire Larousse (consulté le )
- « Visite d'un temple protestant | Musée protestant » [archive] (consulté le )
- Caroline Lehmann, « Les protestants ont-ils des églises ou des temples ? » [archive], sur https://www.uepal.fr/ [archive] (consulté le )
- Christine Mohrmann, « Les dénominations de l'église en tant qu'édifice en grec et en latin au cours des premiers siècles chrétiens », Revue des Sciences Religieuses, t. 36, nos 3-4, , p. 155-174 (DOI 10.3406/rscir.1962.2331, www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_1962_num_36_3_2331)
- Roland Marx, Georges Livet (dir.) et Francis Rapp (dir.), Histoire de Strasbourg, Privat (ISBN 2708947265), « La Révolution et l'Empire », p. 262
Voir aussi
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Liens externes
Bibliographie
- René Laurent, Promenade à travers les temples de France, Les Presses du Languedoc, Millau, 1996, 520 p.
Palais
Pour les articles ayant des titres homophones, voir Palet et Paley.
Gravure coloriée à la main, probablement réalisée au
XIXe siècle après les premières fouilles dans les capitales assyriennes, représente les légendaires
jardins suspendus, avec la
Tour de Babel en arrière-plan.
Un palais peut être :
- le lieu de résidence urbaine d'un personnage important, vivant un train de vie princier ou fastueux ;
- le siège d'une institution publique, dans lequel se déroule l’exercice du pouvoirNote 1 ;
- au figuré, une exagération flatteuse pour un manoir ou une grande propriété.
Il faut noter la différence entre le palais et le château. À l'origine, le château était le domicile du protecteur de la région, il avait donc une utilité protectrice, le palais représentait le pouvoir d'un homme politique, économique ou autres. Par la suite, l'appellation de palais fut réservée à une résidence urbaine, alors que le château était généralement rural : ainsi on parle du palais du Louvre ou du Palais-Royal, mais des châteaux de Versailles ou de Fontainebleau.
Ces palais servaient tant au prestige du prince, roi ou empereur, que pour la vie de courtisans qui gravitaient autour de lui. Fréquemment ils ont des jardins d'apparat dont la taille peut être impressionnante et procède également du prestige du maître de céans.
Étymologie
Le terme de palais, que l'on retrouve dans la plupart des langues européenne (Palast en allemand, palace en anglais, palacio en espagnol, palazzo en italien) dérive du nom en latin de la colline palatine à Rome (Palatium), où à l'époque impériale se développèrent les structures de la résidence officielle des empereurs (Domus Augustana). Le nom de la colline devint par antonomase celui de toutes les résidences royales et princières.
Histoire
Le palais de
Minos, à
Cnossos, île de Crète, est une des architectures palatines les plus anciennes disponibles en Europe.
Les premiers palais, résidences royales et en même temps centre des activités économiques, politiques et religieuses, remontent aux sociétés palatiales (it) de l'âge du bronze, de l'ancienne Mésopotamie, de Égypte antique et de la civilisation minoenne puis mycénienne. Outre la résidence des souverains, le palais accueillait aussi les entrepôts, les archives et les lieux de culte.
Dans les temps anciens, les résidences des souverains hellènes avaient des caractéristiques similaires, tandis que les grandes villas suburbaines de l'aristocratie sénatoriale romaine et de la famille impériale, au centre de vastes propriétés agricoles, furent essentiellement des centres résidentiels et économiques tandis que les autres fonctions administratives se déroulaient dans des bâtiments publics appropriés.
Moyen Âge
Le plan type en termes de palais durant le Moyen Âge peut être considéré comme le palais de Charlemagne d'Aix. Celui-ci est constitué de la trilogie architecturale carolingienne typique1 : la grande salle seigneuriale (aula (la), hall (en)), appelée aussi salle de réception ou salle de banquet (lieu de réception, de justice, d'apparat et de vie), la chapelle (capella (la), construite par Eudes de Metz, il s'agit d'un lieu de prière mais aussi de clergie, c'est-à-dire de savoir latin grâce à sa bibliothèque liturgique) et la partie domestique résidentielle (camerae (la), appartements privés destinés à la mesnie)2, notamment la chambre aux dames (correspondant au gynécée antique).
Compte tenu de l'époque peu sûre et ravagée par les guerres et les calamités, la construction la plus en vogue est le château fort, dont la fonction principale est la protection et non l'agrément. Les princes dirigent leurs campagnes de guerre, et ne vivent à la cour que l'hiver. Les châteaux fortifiés devinrent les résidences des seigneurs féodaux, centre de défense d'un territoire, pendant que les plus importantes familles citadines habitaient dans les maisons-tours des centres urbains, symbole de puissance et de richesse, et les institutions communales érigeaient les palais communaux. La nécessité défensive apaisée, les châteaux et les palais urbains s'enrichirent d'œuvres d'art, qui avec la splendeur des façades, donnant souvent sur les places, offrirent une image de la puissance de la famille.
Cependant, au début du XIVe siècle, dans une société plus pacifiée, le palais refait son apparition, donnant naissance à quelques chefs-d'œuvre du gothique, dont le plus bel exemple était le palais de la Cité à Paris, construit par Philippe le Bel et dont les restes donnent un aperçu de sa splendeur à son apogée. Avec la guerre de Cent-Ans, néanmoins, les fortifications redeviennent nécessaires, et on assiste à la construction de véritables « palais-forteresses » pour les grands princes. Ainsi, Bertrand de Goth, devenu le pape Clément V, construisit pour lui et sa famille une suite de "palais-forteresses" : le Villandraut, le Roquetaillade, le Fargues ; autres exemples sont le château de Nantes, le palais du pape à Avignon.
Renaissance
En Italie
Le château est le symbole du pouvoir pour le prince et pour ses sujets. Machiavel et certains humanistes de la Renaissance l'associent à la tyrannie. Selon le philosophe florentin, seul un prince qui craint son peuple se réfugie derrière des murs. Leon Battista Alberti considère que les forteresses construites en marge de la ville sont les demeures des tyrans, haïes du peuple. Le bon prince ne craint pas ses sujets et installe son palais au centre de la ville. Le palais, ouvert à tous, comme celui d'Urbino et de Ferrare, brille par sa splendeur et sa complexité. Il aménage des parcours publics et privés, des jardins secrets et des appartements luxueux pour le plaisir et l'honneur du prince condottiere3.
Les palais conçus par Bramante, tel le palais Caprini édifié au début du XVIe siècle, et l'arcade superposée du type Colisée, employée soit séparément soit en combinant façade et cour, sont les éléments fondamentaux du palais italien des quatre siècles suivants4.
Ancien Régime
Palais du Nouveau Monde
Autres palais
Galerie
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Résidence palatiale portugaise de
la Regaleira, à
Sintra (d'architecte : Luigi Mannini, 1904–1910).
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Anatomie
Un palais forme la paroi supérieure de la cavité buccale.
Notes et références
Notes
- Cette association du mot avec le pouvoir se retrouve dans le titre de maire du palais sous les Mérovingiens.
Références
- Jean Mesqui, Châteaux forts et fortifications en France, Flammarion, , p. 277.
- Jean-François Bradu, « Le palais d'Aix-la-Chapelle » [archive], sur jfbradu.free.fr, (consulté le ).
- Sophie Cassagnes-Brouquet et Bernard Doumerc, Les Condottières, Capitaines, princes et mécènes en Italie, XIIIe – XVIe siècle, Paris, Éditions Ellipses, , 551 p. (ISBN 978-2-7298-6345-6), De la cité idéale au studiolo (page 399).
- Linda Murray, La Haute Renaissance et le maniérisme, Paris, Éditions Thames & Hudson, , 287 p. (ISBN 2-87811-098-6), p. 68.
Voir aussi
Articles connexes
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Monastère
Un monastère est un ensemble de bâtiments où vit une communauté religieuse de moines ou de moniales. Il en existe dans les religions chrétiennes et bouddhistes.
De par son organisation, on peut parler d'abbaye si l'établissement religieux monastique est dirigé par un abbé, ou de prieuré s'il est de moindre importance. Le prieuré est souvent dépendant d'une abbaye ou d'un autre monastère.
Les monastères des ordres militaires du Moyen Âge sont appelés commanderies. Les Bénédictins ou Prémontrés habitent des abbayes ou des prieurés, tandis que les résidences des ordres mendiants tels que les Franciscains ou les Dominicains sont dénommées couvents.
Étymologie
Monastère a pour étymologie le nom latin monasterium, du grec monos, « seul ». Au Moyen Âge, monastère est parfois employé pour désigner une église desservie par un moine (et non par un curé). Les équivalents dans les dialectes germaniques sont Munster (par exemple en alsacien) ou Münster, et l'équivalent en vieil anglais est minster (cf. Westminster).
Toponymie
Dans la toponymie française, l'équivalent de monastère en ancien français est moutier ou moustier (pour les zones méridionales), qui correspond à la présence (éventuellement passée) d'un monastère : Les Trois-Moutiers, l'île de Noirmoutier ou Moustiers-Sainte-Marie en sont des exemples.
Histoire du monachisme
Saint Antoine rencontre saint
Paul de Thèbes (Sassetta, National Gallery (Washington), 1445
Le monachisme chrétien commença en Égypte et en Terre Sainte et continua plus tard en Abyssinie (Éthiopie). Selon la tradition, au IIIe siècle Antoine le Grand s'est cru le premier chrétien à adopter un style de vie mêlant anachorétisme et cénobitisme — avant de rencontrer Paul de Thèbes qui était le premier — le monachisme étant plutôt auparavant de type anachorétique. D'autres suivirent peu de temps après.
À l'origine, tous les moines chrétiens étaient des ermites qui rencontraient rarement d'autres personnes. Mais à cause de l'extrême difficulté de la vie solitaire, beaucoup de moines échouèrent dans leur vocation, et soit retournèrent à leurs vies antérieures dans la cité, soient perdirent leurs illusions spirituelles.
Une forme transitoire de monachisme fut créée plus tard par Amoun des Kellia dans laquelle des moines « solitaires » vivaient assez proches les uns des autres pour s'offrir un soutien mutuel et pour se rassembler les dimanches pour des services religieux en commun.
Ce fut Pacôme le Grand qui préconisa que des moines vivent sous le même toit (monachisme cénobitique) et participent ensemble au culte. Bientôt, le désert égyptien se peupla de monastères, surtout autour de Nitrie, qui était appelée la « cité sainte ». On estime qu'il y avait au moins 50 000 moines qui vivaient dans cette région à certaines époques.
Dès le commencement, la vie monastique recommandait la lecture assidue de la Parole de Dieu (l’Opus Dei). Les principes de la Lectio divina telle qu'elle était définie par Origène (sur la prière), furent le plus souvent adoptés dans les règles des monastères. Pacôme, Augustin d'Hippone, Jérôme de Stridon, Benoît de Nursie prescrivaient la lecture assidue de la Parole de Dieu1. Jean Cassien la recommandait également, et formula à la suite d'Origène les règles d'interprétation des textes selon quatre sens.
Le premier théoricien du monachisme en Occident fut l'abbé Jean Cassien de Marseille.
En Occident, saint Benoît fonda l'abbaye du Mont-Cassin en 529 et rédigea la règle de saint Benoît.
Architecture
Le monastère de Vivarium pourrait être un des premiers lieux spécialement conçus.
L'ensemble des bâtiments qui composent le monastère est organisé de façon que la prière et la vie commune soient au centre. Le premier bâtiment du monastère à être construit est la chapelle à laquelle sont attachés cloître et déambulatoire, salles communes (salle de chapitre, salle à manger, etc.) et les cellules ou le dortoir des moines.
Les monastères bénédictins et clunisiens furent conçus comme la cité idéale. L'exemple le plus connu en est les « trois sœurs provençales » (abbayes de Sénanque, de Silvacane et du Thoronet, situées en Provence).
Les habitants d'un monastère
Cloître de Saint-Benoît de Talavera (Espagne)
Quelques définitions
La population des monastères comprend plusieurs catégories de personnes :
- des moines ou moniales qui ont prononcé leurs vœux (stabilité, obéissance, conversion de vie chez les moines/moniales qui suivent la règle de saint Benoît ; pauvreté, chasteté, obéissance chez les autres ordres religieux) et se trouvent attachés définitivement au monastère. Leur nombre varie d’un monastère à l’autre. Exemple: trois cents moines à Cluny à la fin du XIe siècle, quatre moines dans un prieuré dépendant de Cluny à la même période ;
- des novices qui sont en formation pour devenir moines ou moniales ;
- des familiers qui ne sont pas des religieux. Ce sont souvent des laïcs bénévoles qui logent au monastère (ou, plus rarement, en dehors du monastère avec leur famille) ;
- suivant les familles monastiques, on peut trouver aussi des convers (moines qui ne sont pas prêtres) chez les cisterciens et les chartreux ;
- des oblats réguliers qui portent parfois l'habit de la communauté, vivent avec elle, sans avoir prononcé les vœux monastiques ;
- enfin des hôtes qui résident habituellement à l'hôtellerie du monastère, plus ou moins longtemps, invités à partager la vie de la communauté sans y être engagés.
L’organisation de la communauté monastique doit refléter la stricte hiérarchie de la « Cour céleste »
2 qui est son modèle.
Les charges monacales
Les officiers principaux du monastère qui en assurent l’organisation et le bon fonctionnement de la communauté sont : l'abbé, le prieur, le chantre, le cellérier, le sacristain, l'hôtelier, le camérier, le réfectorier, l'infirmier. Ils jouissent en raison de leurs charges de certains privilèges ou dispenses qui les distinguent des autres moines qualifiés de claustraux qui doivent suivre intégralement la vie commune.
L’abbé est à la tête de la famille monastique, il en est le père (abba en araméen). Il est élu par les frères et il est responsable du monastère au temporel (il est seigneur féodal) comme au spirituel. Il nomme tous les officiers principaux de la communauté et donne son accord pour créer ou modifier les « coutumes » qui règlent dans le détail toute la vie des moines et du monastère. Il doit aussi assurer l'hospitalité publique et secourir les pauvres, les paysans et les seigneurs.
Les moines dits lettrés
Les moines lettrés savent non seulement lire et écrire, mais ils ont reçu la formation classique (grammaire, rhétorique, dialectique = trivium) et sont capables de lire et de parler le latin. Ce sont eux qui assurent le bon fonctionnement de la communauté, remplissent les diverses charges de la maison et assurent la célébration de l’office divin.
La plupart d’entre eux ont été élevés et instruits dans le cloître où ils sont entrés enfants. Beaucoup de fils de nobles, surtout des cadets, ont reçu une formation littéraire au sein de leur famille, avant de devenir moines.
Ces enfants, que l'on désignera sous le nom d'oblats, ont été offerts par leurs parents au monastère au cours d’un rite solennel appelé l’« oblation ». Ils ne prononceront leurs vœux définitifs que vers l'âge de 15 ans.
Différents monastères selon la géographie
Les monastères en France
Le nombre de monastères habités par des communautés religieuses a fortement évolué au cours de l'histoire. En effet, les révolutions ont vidé les monastères de leurs religieux, avant que ceux-ci ne connaissent un second essor au XIXe siècle (par exemple la refondation des bénédictins avec dom Prosper Guéranger), stoppé par les différentes lois de la IIIe république contre les congrégations (1880, 1901, etc.) et la séparation des Églises et de l'État en 1905 qui ont expulsé de France la plupart des religieux. Ils n'ont pu revenir qu'à partir des années 1920. Aujourd'hui, la baisse des vocations de vie religieuse, et la démographie vieillissante des moines et moniales ont vu nombre de monastères se vider de leur communauté.
Toutefois, 25 % des monastères construits depuis mille ans ou davantage possèdent encore une communauté vivante, communauté bénédictine, cistercienne, trappiste, de chartreux, carmélite, visitandine, clarisse, etc.[réf. nécessaire]. Beaucoup ont su se relever, attirer des vocations et développer une activité économique pour vivre.
Les monastères orientaux
Les monastères des rites orientaux et des Églises orthodoxes sont dirigés par un higoumène. Les Grecs considèrent saint Hilarion (disciple de saint Antoine) et saint Chariton, avec leurs grottes de Terre Sainte et leurs premiers monastères, comme les pères du monachisme, refondé par la suite par saint Sabas dans un sens plus cénobitique avec des laures, dont la fameuse laure de Saint-Sabas en Terre sainte. Saint Théodose ira ensuite vers une véritable vie communautaire, ce qui lui vaut son nom de cénobiarque. Les monastères du désert de Juda sont à l'origine d'un monachisme mieux organisé en Palestine et qui fut ensuite protégé par les empereurs romains d'Orient. Cette nouvelle forme de communauté avec des laures essaima dans tout l'Empire byzantin et plus tard en Serbie et en Russie.
Monastères bouddhistes
Notes et références
Annexes
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Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
Abbaye
Une abbaye (/a.be.i/, du latin : abbatia) est un monastère de moines ou moniales catholiques placé sous la direction d'un abbé — « père » en araméen — ou d'une abbesse, l'abbé étant le supérieur tout en étant « père spirituel » de la communauté religieuse, suivant les indications données au chapitre 2 de la règle de saint Benoît (du moins dans le monachisme occidental).
Terminologie
Le mot « abbaye » n'apparaît qu'au XIe siècle au sein du cénobitisme : on ne le rencontre pas dans la règle de saint Benoît, où figure le mot « monastère ». C'est l'ordre de Cluny qui est à l'origine de l'évolution des dénominations et qui définit l'organisation d'une abbaye, notion principalement rattachée au catholicisme.
Les conditions pour élever un monastère au rang d'abbaye varient suivant la règle de chaque ordre religieux. Par exemple, chez les moines trappistes, une maison nouvellement fondée est d'abord :
- une « fondation », partie de la maison-mère ;
- un « prieuré » (simple ou majeur) quand elle atteint un nombre de moines (ou moniales) et une autonomie financière suffisants ;
- puis une « abbaye », quand elle est pleinement autonome, que ce soit en nombre de moines (ou moniales), en bâtiments et en ressources.
Les ordres monastiques, les chapitres canoniaux (de chanoinesses surtout), les communautés de chanoines réguliers ont vocation à fonder des abbayes.
Le prieuré et le couvent connaissent le même genre d'organisation que les abbayes, mais n'ont généralement pas d'abbé ou d'abbesse à leur tête ; ils dépendent d'une abbaye « mère » ou directement du supérieur de l'ordre monastique.
Dans le Canton de Vaud, une abbaye est une société de tir, confrérie de tireurs ; concours de tir organisé par une telle société1,2,3,4.
Histoire du monachisme chrétien
Le monachisme latin se distingue du monachisme oriental dès l'apparition des règles de l'Irlandais saint Colomban et de saint Benoît. Chaque abbaye, selon sa règle, est porteuse d'une architecture, d'un coutumier et d'une filiation qui la relie à l'abbaye dont sont issus les moines qui l'ont fondée, et aux abbayes fondées par les moines qu'elle a formés.
Sur ce schéma, cependant, peu de variétés viennent se greffer jusqu'au IVe concile du Latran. Désormais, les ordres religieux se distinguent en deux : les ordres monastiques, avec à leur tête un abbé, qui vivent dans un monastère, devenu synonyme d'abbaye ; les autres ordres religieux qui résident en des couvents. Pour toute l'histoire du monachisme et des abbayes en Europe occidentale, la date de 1215 est capitale : elle fige les modèles juridiques, architecturaux, théologiques et sociologiques.
Lorsqu'il s'agit de chanoines, (prémontrés, victorins), un couvent peut porter le nom de monastère. Dans les ordres mendiants (dominicains, franciscains, minimes) ou apostoliques (Jésuites), les lieux de résidence se nomment couvent, car ces ordres n'ont pas d'abbé. Le symbole de la mitre et de la crosse qui est parfois porté par des membres de ces ordres est dans ce cas le représentation de leur élévation à l'épiscopat (cf. supra). Le nom de monastère donné à leurs lieux de résidence indique une occupation monastique précédente, reprise par ces ordres mendiants et apostoliques, en conservant le nom d'usage.
Site et éléments
Choix du site
La première question qui se pose est celle du site de la nouvelle fondation : pourquoi les moines allaient-ils se perdre si loin, dans des lieux inhospitaliers, souvent dans des conditions climatiques posant de redoutables problèmes ?
La réponse est simple : ils recherchent avant tout la solitude. Mais encore faut-il trouver le moyen de survivre ; il leur faut des terres, des pâturages, de l'eau et une forêt :
- des terres rendues cultivables par assèchement, irrigation, essartage, défrichage et écobuage ;
- des pâtures pour les bêtes ;
- de l'eau pour la cuisine, le nettoyage des locaux et l'assainissement des lieux d'aisance, les soins du corps, l'arrosage des jardins, les viviers, la fabrication de la bière, la force motrice des moulins ;
- une forêt de petits chênes, de bouleaux et de charmes — c'est le cas de l'immense forêt d'Ardenne — fournit le bois de charpente, un grand nombre d'ustensiles et d'outils, des aliments pour hommes et animaux (miel, baies, glands, etc.), le combustible pour la cuisine et pour la métallurgie (les 30 ouvriers des forges d'Orval sont ravitaillés par plus de 460 bûcherons)5.
Éléments de base
Le cœur de l'abbaye est l'église. Tout autour se dressent les bâtiments nécessaires à la vie conventuelle : cloître, salle capitulaire, bibliothèque, parloir, chauffoir, dortoir, latrines, salle d'ablutions, réfectoire, cuisine, porterie, infirmerie, potager, brasserie, fromagerie, pressoir à vin, caves, magasins à provisions, boulangerie, buanderie, étables, écuries, soues, granges, locaux d'hébergement, viviers, ruchers, vergers, carrés d'herbes médicinales. Les particularités architecturales propres à quelques ordres religieux figurent à la section « Architecture »6.
Architecture
Ancêtre : le monastère oriental
La nécessité de se défendre contre les attaques, l'économie d'espace et les besoins de circulation au sein de la communauté ont dicté peu à peu une disposition spécifique des pièces dans un monastère. De larges piliers de construction étaient érigés, avec de puissants murs extérieurs capables de résister à l'assaut de l'ennemi. À l'intérieur, tous les édifices nécessaires étaient disposés autour d'une ou plusieurs cours ouvertes, généralement entourées de cloîtres. L'exemple typique d'un agencement oriental peut être trouvé dans le monastère de la Grande laure (Sainte Laure, « Lavra » en copte) du mont Athos en Grèce, plus précisément en Macédoine de l'Est, et qui a été édifié en 961-963 (Laure de saint Athanase).
Monastère de la Grande Laure (Lenoir)
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- A. Entrée
- B. Chapelles
- C. Hôtellerie
- D. Église
- E. Cloître
- F. Fontaine
- G. Réfectoire
- H. Cuisine
- I. Cellules
- K. Entrepôts
- L. Poterne
- M. Tour
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Le Nord est situé à gauche du plan. |
Le monastère, comme la grande majorité des monastères orientaux, est entouré d'un solide mur blanc entourant une zone de 10 000 à 16 000 m2. Le côté le plus long fait près de 150 mètres. Il y a seulement une entrée principale sur la face nord (A), défendue par trois portes d'acier séparées. Près de l'entrée se trouve une grande tour (M), ce qui est une constante des monastères du Levant. Une petite poterne se trouve en (L). L'enceinte comprend deux grandes cours ouvertes, entourées de bâtiments qui communiquent avec les galeries du cloître en bois ou en pierre. La cour extérieure, plus grande, contient les entrepôts, les granges (K) et la cuisine (H), ainsi que d'autres pièces communiquant avec le réfectoire (G). Près de la porte d'entrée, on trouve une hôtellerie s'ouvrant sur un cloître. La cour intérieure est entourée d'un cloître (E) sur lequel s'ouvrent les cellules monacales (I). Au centre de cette cour se trouve l'église, un bâtiment carré avec une abside en croix de type byzantin et un narthex surmonté d'une coupole. Devant l'église se trouve une fontaine de marbre (F) couverte d'un dôme reposant sur des colonnes. S'ouvrant sur la partie ouest du cloître, mais se trouvant en fait dans la cour extérieure, se trouve le réfectoire (G), un vaste bâtiment en croix large de 30 mètres et long d'autant, décoré de fresques de saints. À son extrémité, on note un petit recoin circulaire qui rappelle le triclinium du palais du Latran à Rome, et dans lequel est placé le siège de l'abbé. Cette pièce est également utilisée comme lieu de réunion, les moines orientaux prenant habituellement leur repas dans des cellules séparées.
Plan d'un monastère copte
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- A. Narthex
- B. Église
- C. Couloir bordé de cellules
- D. Escalier
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Ce plan d'un monastère copte, de Lenoir, montre une église avec trois allées, des absides disposées en cellules et deux rangées de cellules de chaque côté d'une longue galerie.
Architecture des abbayes bénédictines
La règle bénédictine, à partir de la fondation du mont Cassin, se diffuse très rapidement dans toute l'Europe occidentale. Partout, on assiste à l'érection de monastères qui excèdent, par leur taille et leur splendeur, tout ce qui avait pu être vu jusque-là. Rares sont les grandes villes d'Italie à ne pas posséder leur couvent bénédictin, tout comme les grands centres d'Angleterre, de France ou d'Espagne. Le nombre de monastères fondés entre 520 et 700 est étonnant. L'empereur Louis le Pieux ordonne à toutes les abbayes de son empire de se soumettre à la règle bénédictine. Les abbayes bénédictines n'ont jamais formé un ordre : elles n'avaient pas de liens entre elles. Avant le concile de Constance en 1415, ce ne sont pas moins de 15 070 abbayes respectant cette Règle qui ont été fondées. Le plan de construction d'une abbaye bénédictine est éventuellement modifié pour s'adapter aux particularités locales (à Durham ou à Worcester par exemple, où les monastères sont situés sur les rives d'une rivière).
Le plan de Saint-Gall
Nous ne disposons d'aucun exemple subsistant des premiers monastères bénédictins.Nous possédons cependant un plan élaboré du grand monastère suisse de Saint-Gall, construit en 820, qui nous permet de connaître un peu mieux la disposition d'un monastère de premier plan au IXe siècle. Il semble cependant que ce plan soit plus un dessin relativement abstrait, représentant l'abbaye bénédictine idéale telle que définie aux conciles d'Aix-la-Chapelle en 816 et 817, qu'un plan topographique précis de l'abbaye de Saint-Gall, dont les fouilles archéologiques ont d'ailleurs démontré que la disposition médiévale ne correspond pas.
L'abbaye de Westminster
Cette abbaye, qui depuis la réforme protestante au XVIe siècle a été en fait seulement une église de l'Église d'Angleterre, est un autre exemple de grande abbaye bénédictine, identique dans ses grandes lignes à l'abbaye décrite ci-dessus. Le cloître et les bâtiments monastiques se trouvent au sud de l'église. En parallèle à la nef, contre la face sud du cloître se trouvent le réfectoire et ses salles de bains, près de la porte. Du côté est, on peut trouver les restes d'un dortoir bâti avec une structure voûtée et communiquant avec le transept sud. La maison du chapitre s'ouvre sur la même allée du cloître. Le petit cloître se trouve au sud-est d'un cloître plus grand, et plus à l'est on trouve les restes de l'infirmerie avec son couloir, et le réfectoire pour ceux qui ne pouvaient quitter leurs chambres. La maison de l'abbé forme une petite cour à l'entrée ouest, près de la porte intérieure. Il reste des vestiges assez importants de cette abbaye, comme le parloir de l'abbaye, la Chambre de Jérusalem, désormais utilisée pour les Disciples du Roi de Westminster, mais aussi les cuisines et les crèmeries.
L'abbaye d'York
L'abbaye d'York, dont ne subsistent que des ruines, montre la disposition bénédictine habituelle. Il reste assez de traces des bâtiments pour nous permettre d'identifier la grande église en croix, la cour du cloître avec la maison du chapitre, le réfectoire, la cour des cuisines, les bureaux attenants et les principaux appartements. L'infirmerie a complètement disparu. L'enceinte est entourée par un solide mur fortifié sur trois de ses côtés, la rivière Ouse donnant une protection suffisante sur le quatrième.
L'entrée se fait par une solide porte au nord. Une chapelle s'élevait près de la porte d'entrée — à l'endroit occupé maintenant par l'église Saint-Olaf — dans laquelle les nouveaux venus payaient leurs dévotions avant d'entrer. Près de la porte au sud se trouvait l'hospice.
Architecture d'une abbaye augustinienne
Les communautés de chanoines augustiniens (dits chanoines noirs à cause de la couleur de leur habit) possèdent quelques particularités qui les distinguent. L'ordre a son siège à Colchester, comté d'Essex, Grande-Bretagne, où une maison des augustiniens a été fondée autour de 1105 avant que l'ordre ne se diffuse très rapidement. Ordre régulier du clergé occupant une position intermédiaire entre les moines et le clergé séculier, et communauté ressemblant à une communauté de prêtres de paroisse vivant sous une règle commune, les Augustiniens ont adopté des nefs de grande taille afin de pouvoir héberger de grandes congrégations. Le chœur est généralement long, et parfois, comme à Llanthony et Christchurch (Twynham), il est entrecoupé d'allées, ce qui n'est pas le cas à Bolton, Kirkham ou ailleurs. Chez les communautés les plus septentrionales, la nef n'a souvent qu'une aile nord, comme à Bolton, Brinkburn ou au prieuré de Lanercost. La disposition des bâtiments réservés à la vie monastique suit le plan classique. La maison du prieur est invariablement rattachée à l'angle sud-ouest de la nef.
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Abbaye Saint-Augustin, Bristol A. Église abbatiale et sacristie B. Grand cloître C. Petit cloître D. Salle capitulaire ou du chapitre E. Chauffoir et scriptorium F. Réfectoire G. Parloir H. Cuisine I. Cour de la cuisine K. Cellules des moines L. Salle de l'abbé P. Porte d'entrée de l'abbé R. Infirmerie S. Bâtiment des convers T. Salle du roi V. Hôtellerie W. Porte d'entrée de l'abbaye X. Écuries et autres dépendances Y. Bains
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Ci-dessus, le plan de l'abbaye Saint-Augustin à Bristol (aujourd'hui cathédrale de la ville) montre la disposition des bâtiments, qui se démarque par quelques aspects du modèle bénédictin classique. La maison des chanoines augustiniens à Thornton, dans le Lincolnshire, est remarquable par la taille et la magnificence de son entrée, les étages supérieurs formant l'hôtellerie de l'établissement, ainsi que par sa maison du chapitre octogonale.
Fonctions et habitants d'une abbaye bénédictine
Fonctions
- L'abbé : les abbayes « en règle » sont dirigées par des abbés « réguliers » qui participent pleinement à la communauté de l'abbaye et qui sont garants de sa fonction religieuse. La règle de saint Benoît regorge de mots tels que arbitrium (pouvoir), judicium (décision, jugement), praeceptum (règle), voluntas (bon vouloir), permissio (permission), qui soulignent fortement combien le gouvernement du monastère est personnel et tout entier dans les mains (in arbitrio) de l'abbé à qui il est recommandé au §27,17 de ne pas exercer un pouvoir tyrannique.
Dérive de la fonction : fréquemment, l'autorité royale a modifié le statut des monastères en abbayes en commende. Ainsi elle nommait à leur tête un clerc non moine appelé « abbé commendataire », qui pouvait vivre en dehors de l'abbaye — voire ne jamais s'y rendre — et bénéficiait de revenus liés à l'entretien de sa charge. La commende, abus fréquent, a entraîné le déclin de nombreuses abbayes, avec la paupérisation de la communauté et l'abandon progressif de sa vocation initiale religieuse, conséquence des frustrations et colères qu'elle a engendrées chez les moines.
Certaines villes furent dirigées par les supérieurs d'une de leurs abbayes, on parle alors de « prince-abbé » : ce fut le cas de Saint-Riquier, Quedlinbourg, Gandersheim ou Fritzlar7.
- Le prieur : l'abbé se choisit un prieur pour le seconder durant son abbatiat. Il est au premier rang des « officiers » (obaedentiarii) qui sont chargés d'aider l'abbé à gouverner les hommes et à administrer les choses. Dire que ce fonctionnaire a les faveurs de Benoît de Nursie serait excessif, le partage des pouvoirs n'a pas ses faveurs. Il précise aussitôt : ce prieur exécutera « avec respect tout ce qui lui sera ordonné par l'abbé, il ne fera rien contre la volonté ou les ordres de l'abbé, il observera d'autant plus soigneusement les préceptes de la Règle qu'il a été placé au-dessus des autres ». Le chapitre 65, qui décrit l'institution des prieurs, débute par les mots scandala (mauvais exemple, scandale), superbia (orgueil), tyrannides (tyrannie), dissensiones (discorde), invidiae (envie, jalousie), rixae (querelle), detractationes (contestation), etc.8.
- Les doyens : dès le chapitre 21 de sa Règle, Benoît parle des doyens ou dizeniers, c'est-à-dire des « frères de bonne réputation et de sainte vie, choisis non d'après le rang, mais selon leur mérite de vie et la sagesse de leur doctrine, afin qu'en toute sûreté, l'abbé puisse, en partie, se décharger sur eux ». Mais même dans le cas de ces hommes d'élite, la Règle prévoit (§ 21, 11-12) que l'un ou l'autre pourrait se gonfler d'orgueil et se montrer répréhensible. Saint Benoît ne nourrit guère d'illusions sur ses ouailles9.
- Le cellérier : le cellararius est l'économe, l'intendant, l'administrateur général. Il veille au ravitaillement de la communauté, achète et vend les terrains et les bois, surveille les granges et les ateliers. Il est demandé à ce personnage important d'avoir au moins les qualités suivantes : l'obligeance, la mesure, la courtoisie, la bonne humeur, la politesse. Il a sous ses ordres :
- le chevecier (de capicerius, étymologiquement « celui qui a la garde du chevet de l'église »), aussi appelé « luminier » (il est chargé du luminaire de l'église), sorte de trésorier qui règle les émoluments des chanteurs, du maréchal-ferrant et du vétérinaire, et s'occupe des ornements d'autel et des vêtements des religieux ;
- le réfectoriste ;
- le grainetier, spécialement chargé de veiller au bon ensemencement des terres, et qui avait le boulanger (pistor) sous ses ordres ;
- le jardinier (hortulanus) ;
- le gardien des viviers, des vignes et des grains ;
- le pitancier (pistancerius) ;
- le connétable ou gardien des écuries ;
- un organisateur de la cuisine et des repas, aux côtés duquel œuvrent le cellerarius coquinae (de la cuisine) et le cellerarius vini (des vins)9.
- Le camérier, dit aussi chambrier, chambellan (chamberlain en anglais), reçoit les revenus du monastère, gère et ordonne les fonds, tient sous clé l'argent, les reliques, les archives, les titres de propriété, les contrats d'affaires. Il doit veiller au confort des frères et leur fournir notamment les essuie-mains, l'eau chaude pour le rasage, le savon, le cirage, aidé en cela par un vestiarius. Le sous-chambrier allume les lampes au crépuscule et les éteint à l'aurore9.
- Le préchantre (praecantor), donne le ton à l'église, règle les rythmes des offices, enseigne le chant aux moines et aux enfants, a la charge de la bibliothèque, a la responsabilité du scriptorium. Son adjoint, le succentor, a pour mission, durant les offices de nuit, de rappeler à l'ordre les frères quelque peu somnolents9.
- L'hôtelier (hostiliarius, hospitalerius), est chargé d'accueillir les hôtes de passage, spécialement les « frères dans la foi » et pèlerins. Il doit être au moins affable, souriant, diligent, d'allure respectable, de conversation agréable, disert, de contact facile, en un mot « extraverti ». Il veille à la parfaite propreté des locaux, du linge, de la vaisselle, des couvertures, des nappes et des couverts et, en hiver, fait préparer du feu et des chandelles. Il veille à ce que le cérémonial qui est prévu pour accueillir les hôtes soit en tous points respecté. Il s'entretient avec les hôtes et leur propose, si besoin il y a, de se laver les mains, manger, boire, se reposer. Le jour du départ, il procède à une tournée d'inspection pour vérifier que les hôtes n'oublient rien ou n'emportent rien10.
- Le maître des novices : dans la Règle, il n'est cité qu'en passant, sous le nom de senior (§58, 11-12) « apte à scruter les âmes et à surveiller les novices attentivement ». « Où que ce soit, on les gardera en surveillance jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge de raison » (quinze ans à l'époque de la Règle)11.
- Le chancelier : les abbayes ont, très tôt, une chancellerie, dont les officiers portent le nom de scriptor, notarius, cancelarius. On appelle « marguillier » (matricularius), le religieux qui tient les registres, la matricule12.
- Le sacristain : le sacrorum custos a la responsabilité des vases sacrés et du trésor de l'église. Il veille à la propreté et au bon ordre de l'église, assure l'éclairage de l'église, du réfectoire, des appartements de l'abbé, du cellier, des locaux occupés par les hôtes. Il fournit les charbons ardents qui permettent à l'officiant de se réchauffer les mains, procure, en été, le foin et les plantes aromatiques nécessaires pour couvrir la terre des salles où il n'y a ni plancher, ni pavement13.
- L'infirmier a la charge des malades. Il doit être au moins « craignant Dieu, dévoué et soigneux ». Il doit s'occuper du jardin aux plantes médicinales, donner les soins nécessaires, assurer l'entretien du feu dans l'infirmerie et son éclairage, la nuit, et célébrer la messe chaque jour. L'infirmerie n'accueille pas que les malades : les vieillards, les infirmes, les déprimés y ont aussi leur place. On peut y parler, on y joue de la musique à l'intention des frères mélancoliques. On est dispensé de l'office et du travail, toutes bonnes raisons de se porter malade plus souvent qu'il n'est nécessaire14.
- L'aumônier : l'l'elemosynarius est chargé de distribuer les aumônes aux pauvres, aux mendiants, aux pèlerins, aux veuves, aux orphelins, aux clercs démunis, aux voyageurs, aux lépreux, etc. Il doit au moins se montrer bon, modéré, rempli de compassion et de charité, supporter sans impatience les plaintes et les récriminations de ceux qui l'assaillent sans cesse15…
- Les visiteurs : de tous les « officiers », les plus importants sont les visitatores, ces missi dominici du pouvoir central, chargés de vérifier, sur place, si la vie quotidienne des couvents se déroule comme il convient, conformément aux préceptes de la Règle et aux décisions du chapitre général. Leurs pouvoirs sont grands : ce sont ceux que leur ont délégué le pouvoir central lui-même. Ils vont jusqu'à leur permettre de déposer un abbé ou de déplacer un religieux d'une abbaye dans une autre16.
Habitants du monastère
- Au Moyen Âge, l'abbaye grouille de personnes qui ne sont pas des religieux : frères lais ; artisans ; serfs qui, en échange de leur travail, participent aux prières et aux bonnes œuvres du monastère et ont, de ce fait, quelques garanties pour leur salut personnel ; serfs volontaires, hommes libres engagés vis-à-vis de l'abbaye par un lien de servage personnel et la prestation d'un cens annuel ; affranchis et colons, tenanciers d'un lopin de terre monastique ; prébendiers — vieux ménages, accidentés du travail, serviteurs vieillis, vétérans plus ou moins valides — qui, en échange de la donation de leurs biens, des menus services qu'ils peuvent encore rendre ou parce qu'ils jouissent d'un bénéfice appelé « pain de l'oblat », reçoivent une pension alimentaire ; travailleurs salariés ; apprentis ; écoliers ; enfants « offerts » par leurs parents à l'abbaye ; oblats aussi appelés « offerts », « donnés », « voués », « rendus », laïques qui ont offert leur personne, leur travail et leurs biens au monastère, qui promettent obéissance à l'abbé, mais gardent leur liberté juridique, etc. L'économie intérieure de l'abbaye suppose la présence active de moines profès, c'est-à-dire de moines ayant prononcé leurs vœux religieux au cours d'une cérémonie solennelle. Les profès sont assimilés aux clercs : à l'origine, les prêtres étaient assez rares parmi eux. Mais assez vite, et en tous cas dès le Xe siècle, une grosse partie des moines a accédé aux ordres sacrés. On trouve aussi des novices, des convers, ou familiers, moines entrés adultes au monastère et le plus souvent illettrés. Au début, ils ne sont pas des religieux à part entière, on leur confie surtout des travaux manuels et leurs prières sont plus courtes ; mais à la fin du XIe siècle, ils sont admis à prononcer des vœux, sans devenir des moines au sens plein du terme17.
- Logement du candidat aux vœux (§ 58 de la Règle) : le candidat aux vœux est mal reçu, on le fait attendre à « la porte » pendant « quatre ou cinq jours » ; s'il persiste dans sa demande, on le loge pendant quelques jours dans « le logis des hôtes ». De là, il passe dans « le logement des moines » où il est pris en charge par un doyen (cf. supra). S'il persiste après deux mois, on lui lit la Règle intégralement, s'il tient bon, on le conduit à « la maison des novices » où, durant six mois, il étudie, médite, mange et dort. On lui relit la Règle ; s'il tient bon, son stage est prolongé de quatre mois et on lui relit la Règle une fois de plus. S'il promet de garder toutes choses et d'observer tout ce qui lui sera commandé, alors il est reçu et logé dans la communauté18.
- Prêtres et moines « étrangers » :
- pour être admis dans le monastère, le prêtre doit insister, lui aussi, s'engager à respecter la discipline de la Règle et garder le rang où il est entré dans la communauté ;
- le moine « étranger, survenant de contrées lointaines » est admis à la condition qu'il ne vienne pas « troubler le monastère par ses vaines exigences », qu'il ne soit « ni prétentieux ni vicieux ». S'il ne répond pas à ces critères, il est « poliment » invité à s'en aller19.
Évolution de l'abbaye bénédictine
Renouveau clunisien au Xe siècle
Avant son démantèlement, l'abbaye de Cluny est l'un des établissements les plus grands et magnifiques de France. On peut se faire une bonne idée de ses dimensions au milieu du XIIIe siècle grâce au pape Innocent IV qui l'a visitée, accompagné de douze cardinaux, d'un patriarche, de trois archevêques, des deux généraux des Cartusiens et des Cisterciens, du roi Saint Louis et de trois de ses fils, de la reine-mère, du comte de Flandre, de l'empereur de Constantinople, du duc de Bourgogne et de six lords. Tous logent au sein du monastère avec leurs suites, sans causer le moindre dérangement aux moines.
À Cluny, l'église et le plan général de l'ensemble ressemblent de manière frappante à la cathédrale de Lincoln. L'église Cluny III est très vaste : plus de 141 m de long sur 65 m de large. Le chœur se termine par une abside semi-circulaire entourée de cinq chapelles également semi-circulaires. L'entrée ouest est constituée du narthex flanqué de deux tours. Au sud de l'église se trouve la cour du cloître immense, placée beaucoup plus à l'ouest qu'à l'accoutumée. Au sud du cloître se trouve le réfectoire, un bâtiment imposant d'environ 20 × 30 mètres, rempli de six rangées de tables en longueur et de trois en travers. Il est orné des portraits des bienfaiteurs de l'abbaye et d'objets scripturaux. Sur le mur du fond est peinte une scène du Jugement dernier.
La première maison clunisienne en Angleterre est fondée à Lewes par le comte Guillaume Ier de Warenne en 1077. Il ne reste que quelques fragments des bâtiments de service.
Les abbayes clunisiennes les mieux conservées d'Angleterre sont Castle Acre, dans le Norfolk, et Wenlock dans le Shropshire. Les plans sont présentés dans les Antiquités architecturales de John Britton. Ils nous montrent des différences notables avec la disposition bénédictine. Dans chacune d'elles, la maison du prieur est d'une remarquable perfection.
Renouveau cistercien aux XIe et XIIe siècles
Le renouveau monastique suivant a été celui des cisterciens. L'ordre va bénéficier d'une diffusion plus étendue et d'une existence plus durable, dues en grande partie à la piété enthousiaste de saint Bernard, abbé de la première communauté cistercienne établie à l'abbaye de Clairvaux en 1115.
Les deux caractéristiques centrales des abbayes cisterciennes sont donc leur simplicité poussée à l'extrême et leur sobriété très étudiée. Une tour centrale unique est permise et doit être aussi basse que possible. Les artifices superflus, les tourelles, le triforium sont également interdits. Les fenêtres doivent être claires et non divisées, les vitraux sont interdits. Les croix doivent être en bois, les chandeliers en fer. Tout ornement inutile se voit ainsi proscrit, la renonciation au monde devient une évidence visible.
Le même souci s'observe dans l'implantation géographique des monastères, même de nos jours : plus un lieu est sauvage, isolé et éloigné de toute civilisation, meilleures sont ses chances d'accueillir une communauté cistercienne.
Néanmoins, il ne faut pas considérer les cisterciens comme des ascètes, mais comme les précurseurs de certains progrès. Les monastères cisterciens sont en effet construits dans des vallées profondes et bien irriguées, généralement au bord d'un cours d'eau, parfois plus en hauteur. Ces vallées, à présent si riches et si florissantes, présentaient un aspect bien différent quand les frères les avaient choisies comme lieu de retraite. La « claire vallée » de Clairvaux était réputée comme une vallée recouverte de forêts infestées de brigands. « C'était une solitude si morne et si sauvage, une terre si stérile qu'au début, Bernard et ses compagnons en furent réduits à vivre sur des feuilles de hêtres20. »
Un ordre très proche des cisterciens fut l'ordre des Chalaisiens. On lui doit une dizaine d'abbayes de style roman « bernardin » encore plus dépouillé que, par exemple, l'abbaye de Silvacane. De cet ordre, disparu assez rapidement en raison de l'absorption par les Chartreux de l'abbaye-mère, il reste quelques abbayes dont les principales sont Valbonne, près de Nice, et surtout Boscodon, dans les Hautes-Alpes (près d'Embrun).
Les abbayes des Prémontrés
En Europe continentale
En Angleterre
Les membres de l’ordre de Prémontré ont essaimé en Angleterre à partir de 1140 et se sont installés à Newhouse, dans le Lincolnshire, près de Humber. Le plan de l’abbaye d’Easby est irrégulier à cause de sa situation et du tracé irrégulier de la rivière sur les bords de laquelle elle est installée. Le cloître est placé au sud de l’église, elle-même entourée des bâtiments principaux. L’église est érigée conformément au plan adopté par les chanoines augustiniens dans leurs abbayes du nord et ne possède qu’une seule allée dans la nef, le chœur étant long, étroit et dépourvu d’allée. Les chanoines réguliers de Prémontré (aussi appelés « chanoines blancs ») disposaient de près de trente-cinq établissements en Angleterre, dont les représentants les plus emblématiques se trouvent à Easby (en) dans le Yorkshire et à Bayham dans le Kent. La maison principale de l’ordre en Angleterre se situe à Welbeck. L’ordre s’est largement répandu, alors que son fondateur était encore en vie, l’ordre possédait déjà des maisons en Syrie et en Terre sainte. Répondant bien aux besoins pastoraux et spirituels de l’époque, la discipline de l’Ordre se relâche par la suite — comme tous les ordres monastiques en Europe — après le concile de Trente, il connaît un nouvel âge d’or au XVIIIe siècle.
L’église de Bayham est dépourvue d’allée dans la nef comme dans le chœur, ce dernier se terminant dans une abside à trois côtés. Cette église est remarquable en raison de son excessive étroitesse en comparaison de sa longueur : pour une longueur de 78 mètres, sa largeur ne dépasse pas 8 mètres. Les sévères membres de l’Ordre ne voulaient pas de grands rassemblements et ne caressaient aucun rêve de prospérité : ils ont donc construit leur église comme une longue pièce.
Architecture des monastères des Chartreux
L'ordre des Chartreux n'investit aucun abbé puisque chaque monastère est gouverné par un prieur, aussi aucune de leurs maisons ne porte le titre d'abbaye.
L'ordre des Chartreux a développé une forme originale du monachisme occidental, associant vie communautaire ou cénobitisme et vie en solitaire ou érémitisme. Ce postulat implique une organisation nouvelle des bâtiments et donne naissance à une architecture propre.
La réforme de Saint-Maur en France
C'est une nouvelle conception de la vie monastique et de son architecture aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elle a été supprimée en 1790 par l'Assemblée constituante.
Les abbayes et la Révolution française
Le décret de l'Assemblée constituante du déclare que les biens du clergé sont mis à la disposition de la Nation, entre autres ceux des ordres monastiques et des communautés religieuses.
Certaines abbaye sont supprimées, comme la Basilique Saint-Denis qui devient église paroissiale le 21.
Destructions, réutilisations et survivances.
La vie et l'architecture monastiques depuis 1905
Loi française de séparation des Églises et de l'État
L'abbaye aujourd'hui
- Le rôle et la vie des moines et moniales face à la société contemporaine
- Nouvelles traductions et tendances architecturales : depuis Le Corbusier et son couvent de La Tourette
Liste d'abbayes françaises
(* indique qu'une communauté monastique réside à l'abbaye)
Liste d'abbayes belges
Liste d'abbayes suisses
Liste d'abbayes canadiennes
Notes et références
- « Fédération des Abbayes Vaudoises » [archive], sur tir-vd.ch (consulté le )
- « Patrimoine immatériel » [archive], sur patrimoine.vd.ch (consulté le )
- Sylvain Muller, « Abbayes prises entre ouverture et tradition » [archive], sur 24heures.ch, (consulté le )
- Sarah Rempe, « L’Abbaye face à un tournant pour ses 125 ans » [archive], sur 24heures.ch, (consulté le )
- Moulin 1980, p. 381-382.
- Moulin 1980, p. 382-384.
- Moulin 1980, p. 412.
- Moulin 1980, p. 414-415.
- Moulin 1980, p. 416.
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- Milman, Hist. of Latin Christianity, vol. III, p. 335.
- Louis Grodecki, Les vitraux de Saint-Denis, Paris (France), CNRS, Arts et Métiers, (ISBN 2-7004-0018-6), p. 39
Voir aussi
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Bibliographie
- Gustave Boulmont, Les Fastes de l'abbaye d'Aulne-la-riche de l'ordre de Cîteaux, Gand/Namur, Vanderpoorten/Delvaux, , 259 p.
- Victor Dammertz, Saint Benoît père de l'Occident : Benoît, patron de toute l'Europe, t. Titres de Benoît, Anvers, Fonds Mercator, , 477 p.
- Jean Décarreaux, Saint Benoît père de l'Occident : Esquisse historique du monachisme bénédictin, Anvers, Fonds Mercator, , 477 p., chap. 3.
- Léo Moulin, Saint Benoît père de l'Occident : La vie bénédictine quotidienne hier et aujourd'hui, Anvers, Fonds Mercator, , 477 p., chap. 4.
- Maur Standaert, Saint Benoît père de l'Occident : La vie et la règle de saint Benoît, Anvers, Fonds Mercator, , 477 p., chap. 1.
- Jan Karel Steppe, Saint Benoît père de l'Occident : Saint Benoît dans les arts plastiques, Anvers, Fonds Mercator, , 477 p., chap. 2.
- Jacques Toussaint et al., Curvata resurgo : Histoire et patrimoine de l'abbaye Notre-Dame de Saint-Rémy de Rochefort, Namur, Jacques Toussaint, , 344 p. (ISBN 978-2-87502-049-9).
Articles connexes
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Chapelle
Une chapelle est un édifice religieux et lieu de culte chrétien qui peut, selon le cas, constituer un édifice distinct ou être intégré dans un autre bâtiment.
On désigne comme chapelle soit un édifice religieux secondaire dans une paroisse, soit un lieu de culte au sein d'un bâtiment ou d'un ensemble de bâtiments ayant une fonction précise (château, hôpital, école, cimetière, etc.).
Étymologie et sens
Le mot latin médiéval capella a laissé l'ancien français capelle vers 1090. Ce dernier mot désignant un édifice ou espace religieux chrétien a ensuite évolué vers « chapelle » en moyen français. La tradition étymologique française évoque une origine latine, par le mot bas latin cappa, signifiant « le capuchon, le manteau à capuchon », ou son diminutif cappella. La cappa désigne au VIIe siècle un grand manteau à capuchon. Ce mot latin fait référence au verbe transitif capello, capellare signifiant « enlever, ôter » en latin classique1. Il a laissé en ancien français le mot féminin chape et surtout son dérivé toujours de genre féminin chapete, le petit manteau, attesté au XIIe siècle.
D'un point de vue hagiographique, la chape saint Martin ou capa sancto Martino désigne initialement la relique du manteau d'officier de saint Martin2. Il a donné son nom au trésor des reliques rassemblées par le puissant abbé de Tours, sous l'autorité régalienne.
La chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle construite dans un lieu-dit de repos équipé de sources thermales, appelé pour cette raison Aquae ou Aix, a été surnommée à partir du diminutif latin capella, en référence à la petite fraction de reliques importée de la chape de saint Martin de Tours qui se trouvait sous l'oratoire de cet édifice. Il peut être supposé, que, grâce au rayonnement international d'Aix-la-Chapelle, le mot capella (puis « chapelle » en français) ait été utilisé, dès le IXe siècle, pour désigner d'autres édifices religieux et lieux de culte chrétien n'ayant pas les pleins droits paroissiaux, c'est-à-dire sans statut d'église officielle selon l'autorité épiscopale3.
Par extension, on appelle « chapelle » l'ensemble des objets utilisés par le culte : calice, patène, chandeliers, etc. Ces objets étaient souvent des pièces d'orfèvrerie d'apparat, parfois créées pour une occasion particulière, comme l'ordination d'un évêque (« chapelle d'ordination »). Dans la marine, la « chapelle » était le coffre renfermant ces objets utilisés par l'aumônier du bord4.
Au sens du droit canonique
Le code de droit canonique de 1983 comporte des dispositions similaires pour les chapelles et les oratoires. Il désigne sous l'expression de « chapelle privée » « un lieu destiné au culte divin, […] pour la commodité d'une ou plusieurs personnes physiques »5. La messe ne peut y être célébrée sans autorisation de l'ordinaire du lieu6. Toutefois les évêques ont le droit d'avoir une chapelle privée sans autre formalité.
Des édifices qualifiés couramment de « chapelle » peuvent être regardées comme des églises par le droit canonique.
Architecture et usages
D'un point de vue architectural, la basilique est l'édifice emblématique des premiers chrétiens. Avec le développement d'activité au cours des assemblées ou ecclesiae des fidèles, régulières ou exceptionnelles, et surtout de la psalmodie et du chant sous l'épiscopat milanais de Saint Ambroise, une partition de l'espace public a été entreprise, des autels semi-publics possédant parfois des reliques sont apparus, en partie cachés par des tentures ou des aménagements du lieu central toujours ouvert et libre d'accès, mis à part le chœur consacré, réservés aux prêtres en exercice. Ils permettaient dans ce lieu sacré des concélébrations familiales ou semi-privées, des petites messes anniversaires des morts, messes basses ou évocations en l'honneur de saints martyrs, des exercices vocaux, des répétitions aux chants liturgiques, des entraînements au cérémonial, des cours de catéchisme…
Ces lieux fonctionnels à la fois semi-publics et semi-privés devaient disparaître, être enlevés avant les grandes messes dominicales ou festives. Ils auraient joué le rôle de cappellae ou de chapelles. Par la suite, les architectes d'église ont construit soit des renfoncements latéraux à la nef et au chœur, soit des bâtiments fonctionnels, indépendants ou annexes, pour abriter ces petits oratoires annexes à l'autel principal, nommés chapelles, plus tard confiés à des chapelains, responsables du mobilier et des objets liturgiques entreposés, produits de l'orfèvrerie du type vases sacrés, croix, burettes, luminaires…
De manière similaire, les églises annexes excentrées de l'église-mère ou éloignées, églises non paroissiales encore au XIVe siècle, se sont nommées définitivement chapelles et ont été attribuées à un chapelain, gardien responsable des objets consacrés, par exemple des statues des saints en dévotion. La chapellenie, ou cappellania en latin médiéval, est le bénéfice, sous forme de rentes diverses ou de part de mense, lié à l'entretien d'un prêtre ou chapelain, desservant la chapelle ou assurant un service régulier pour l'âme du donateur.
L'équivalent anglais est chantry et fait allusion à la pratique du chant. Le chant a cappella est le rituel du plain chant ou chant liturgique7. Ainsi, la chapelle Sixtine abrite la chorale de Sixte IV.
D'un point de vue rituel, les missionnaires chrétiens pouvaient posséder des petits autels ou chapelles portatives, pour célébrer la messe et accomplir les cérémonies rituelles. En ancien français, le chapel désigne en particulier une couronne de fleurs. La Fête-Dieu garde parfois cette vieille tradition de construction d'autel végétal éphémère, en plein air, de statut semi-public. Cette troisième hypothèse rejoint la deuxième.
Types de chapelles
Dans un édifice religieux
Dans un édifice tel qu’une cathédrale, une basilique, voire une simple église paroissiale, une chapelle est une subdivision privée de l’édifice où étaient célébrées des cérémonies distinctes. La chapelle comprend donc un autel secondaire qui voit se multiplier les messes privées sans cesse plus nombreuses et des dévotions qui se diversifient. La chapelle peut être dédiée à un saint différent de celui auquel est dédiée l'église. En particulier, dans les églises catholiques non dédiées à la Vierge Marie, la chapelle axiale lui est généralement consacrée. La nef ou les collatéraux peuvent être flanqués de chapelles latérales communicantes ou non. La chapelle absidiale s'ouvre sur l'abside8.
Chapelle castrale/palatine
Lorsqu’une chapelle est rattachée à un château ou à un château-fort, elle est qualifiée de « castrale » et en est un des éléments constitutifs. Elle possède autant un rôle religieux qu'un rôle de représentation9.
Elle est dite « palatine », si elle est rattachée à un palais.
Philippe Durand considère qu'elle est « l'un des éléments de la célèbre “trilogie” du palais », renvoyant à l'exemple de la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle9.
Chapelle double
Une chapelle double est une chapelle à deux étages. Elles étaient courantes dans les châteaux et les palais en Europe, principalement en Allemagne, jusqu'au XIIIe siècle. Il en existe également en Arménie. L'étage inférieur servait aux serviteurs, aux messes communes et au service funéraire, et l'étage supérieur aux seigneurs et aux célébrations privées. La pièce supérieure de l'église avait généralement une ouverture donnant accès à l'étage inférieur. Elles étaient avec le même plan d'étage, mais il existe des exceptions telle la chapelle du palais impérial de Goslar.
Sainte-chapelle
Une « sainte-chapelle » est une chapelle ayant reçu un fragment de la couronne d’épines du Christ[réf. nécessaire]. La Sainte-Chapelle de Paris qui abritait cette relique est la plus connue. La Sainte-Chapelle du château de Vincennes en est un autre exemple.
Spécificités régionales
Bretagne
En Bretagne, la plupart des hameaux possède une chapelle frairienne dite aussi chapelle de quartier10, dont beaucoup sont désormais entretenues par des associations. Chaque année, lors de la fête patronale, un pardon y est célébré. Il s'agit d'une messe votive, avec procession de la bannière et de la statue du saint vénéré. Une fête populaire se déroule ensuite, dont les bénéfices aident à l'entretien du lieu et aux œuvres charitables. Près de Quimperlé, par exemple, la chapelle de Lothéa a ainsi été totalement reconstruite en quinze ans.
Dans le centre de la Bretagne, dans le secteur de Pontivy, une manifestation artistique, « L'art dans les chapelles », est organisée chaque été depuis 1991. Elle permet à des œuvres d'art moderne et contemporain (peinture, sculpture) d'être présentées au public dans une vingtaine de lieux qui, sans cela, resteraient fermés et méconnus11.
Chapelles de procession au Québec
Chapelle de procession à
Lévis au Québec.
Au Québec12, une « chapelle de procession » est un édifice de confession catholique érigé en l'honneur d'un saint ou destiné à la procession du saint sacrement (Fête-Dieu). De façon générale, elle n'est pas affectée à la célébration de la messe.
Les chapelles de procession sont généralement conçues par paire et situées aux extrémités d'un village, de part et d'autre de l'église paroissiale.
Édifices rectangulaires ou terminés par une abside, ces chapelles de bois, de pierre et de brique sont de dimensions réduites et toujours surmontées d'un petit clocher. Leur intérieur est aménagé modestement et peut comprendre quelques meubles.
La tradition de la procession vient d'Europe et les premiers colons ont perpétué cet usage en Nouvelle-France. La mode des chapelles de procession prend son essor au début du XVIIIe siècle et se termine peu avant 1850. Ces chapelles ont suivi de près l'évolution de l'architecture québécoise.
Galerie
Notes et références
- L'influence du mot latin caput, capitis signifiant « tête » est aussi probable. Dans l'art de la distillation, la chapelle correspond au dôme au-dessus d'un alambic.
- Il s'agit de la moitié de son manteau, car le don au pauvre mendiant ne concerne pas la part de l'État romain.
- A. Rey (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, 1998, p. 701, vo « Chapelle ».
- Littré, Dictionnaire de la Langue française, article « Chapelle ».
- « Code de droit canonique, 1226 » [archive], sur vatican.va (consulté le 30 mai 2019).
- « Code de droit canonique, 1228 » [archive], sur vatican.va (consulté le 30 mai 2019).
- L'expression italienne a cappella signifie « à la chapelle ».
- Claude Wenzler, Églises et cathédrales de la France médiévale, Édition de Lodi, , p. 71.
- Philippe Durand, Le Château-Fort, Éditions Jean-Paul Gisserot, coll. « Pour l'histoire », , 127 p. (ISBN 978-2-87747-435-1, lire en ligne [archive]), p. 37-39.
- Une forme spécifique de territorialisation paroissiale : les chapelles de quartier bretonnes [archive], Georges Provost, Presses universitaires de Rennes.
- « L'art dans les chapelles » [archive], sur artchapelles.com (consulté le 30 mai 2019).
Voir aussi
Articles connexes
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Église (édifice)
Pour les articles homonymes, voir Église.
Une église est un édifice religieux dont le rôle principal est de faciliter le rassemblement d'une communauté chrétienne. Son érection est commanditée par le clergé, financée par les dons des laïcs, réalisée par les artistes et artisans. Sa construction obéit à un ordonnancement architectural évoluant au fil des siècles selon son importance et sa fonction. Son entretien est dévolu au pouvoir religieux ou aux pouvoirs publics selon les pays et la conservation des plus remarquables est prise en charge au titre des différentes politiques de protection du patrimoine culturel.
Historique
L'histoire de l'édification des églises suit l'évolution de l'implantation du christianisme dans le monde romain, en Orient et en Occident, puis celle de l'évangélisation des nations sur tous les continents, depuis l'Antiquité tardive jusqu'à l'époque contemporaine avec une période phare située entre les XIe (art roman) et XVIe siècles (Renaissance).
Antiquité tardive
Établies dans les domus ecclesiae, les maisons des premiers chrétiens, et parfois édifiées à l'emplacement d'anciens lieux de culte païen, les premières églises connues sont celles de l'Antiquité tardive, comme la domus ecclesiae de Doura Europos en Syrie orientale (241), l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem (330) ou les Tituli de Rome comme le titulus Clementis (IVe siècle) érigé au-dessus d'un mithraeum.
Moyen Âge
« De sa naissance jusqu'à son dernier jour, l'église est associée à chacun des grands moments de la vie de l'homme médiéval. Au-delà de la pratique religieuse, l'église paroissiale, comme la cathédrale d'ailleurs à l'échelle de l'évêché, est un lieu de sociabilité, qui permet le rassemblement des petites gens et cimente la communauté humaine. Les corporations et les confréries y tiennent leurs réunions, ainsi que les instances civiles, tant que des « maisons communes » n'auront pas été construites. On y joue, on y bavarde, on y donne des rendez-vous, parfois galants. Sur son parvis, on paie la dîme et sur sa place, on organise marchés et foires1. Parfois, en période de trouble, on la fortifie pour pouvoir s'y retrancher. Enfin, en rythmant la journée des hommes, ses cloches sont les seules à lui fournir une donnée essentielle : l'heure2 ».
Dans le monde catholique romain, cohabitent les vivants et les morts à l'intérieur des églises paroissiales qui abritent les tombes individuelles ou des caveaux communs, périodiquement vidés, les restes étant transférés dans les ossuaires des cimetières attenants. Cette pratique des exhumations est à l'origine des odeurs pestilentielles que dégagent les corps ensevelis, ce qui forçait parfois les fidèles à sortir durant la messe dominicale3.
Renaissance
Dix-septième et dix-huitième siècles
Dix-neuvième et vingtième siècles
La patrimonialisation des sites religieux coïncide avec l'émergence du tourisme de masse (concernant notamment les visiteurs qui hésitent souvent entre le pèlerinage stricto sensu et le tourisme religieux) et la baisse de la pratique religieuse à partir des années 1960. De cultuel, l'enclos devient très lentement, mais progressivement, un lieu culturel. Conscientes de la paternité effective des lieux sacrés, les communautés locales pouvant bénéficier de ce tourisme sont inégalement portées par ce mouvement de réappropriation collective que constitue la patrimonialisation, certains fidèles acceptant mal l'hétérogénéité prononcée des visiteurs, croyants ou non4.
Fonctions des lieux de culte
Catholicisme
La
cathédrale de Laval, une église catholique qui a successivement servi de chapelle, d'église paroissiale puis tardivement de cathédrale.
Principal édifice de ce type de la paroisse dans le christianisme, l'église consiste en un bâtiment consacré à la prière et aux pratiques cultuelles des chrétiens comme la messe dite dans une église par le prêtre, dans le catholicisme et l'orthodoxie. Les édifices qualifiés de chapelles sont généralement privés, comme la chapelle d'un château, ou réservés à une communauté religieuse, par exemple un monastère.
Suivant ses statuts ou le clergé qui y est attaché, selon son importance (titres divers correspondant à une dignité) et sa fonction (église funéraire, commémorative, sanctuaire de pèlerinage, célébration du culte), une église catholique peut être appelée :
- cathédrale (primitivement « église cathédrale », le mot étant un adjectif) si elle est est l'église principale du diocèse, dans laquelle se trouve la cathèdre, à savoir le trône de l'évêque diocésain; une cocathédrale garde le statut de cathédrale bien qu'elle ne soit pas ou plus l'église principale du diocèse.
- primatiale (adjectif et nom) si elle est siège d'un primat, évêque ayant une primauté sur les autres.
- abbatiale (nom et adjectif) si elle est l'église principale d'une abbaye.
- collégiale (adjectif et nom) si elle est ou était desservie par un collège (le chapitre) de chanoines séculiers ou réguliers comme les augustins.
- priorale si elle est l'église d'un prieuré simple ou conventuel.
- paroissiale (adjectif seulement) si elle est le siège d'une communauté de chrétiens constituant une paroisse ; en France les communes instituées après la révolution ont le plus souvent repris les limites territoriales des paroisses.
- décanale (adjectif seulement) si elle est le siège d'un doyenné, regroupant plusieurs paroisses autour d'un doyen.
- basilique (adjectif et nom)
- si elle est une église à plan basilical.
- ou si elle a été fondée par un empereur.
- ou si elle a reçu ce titre spécial du pape du fait de sa fonction de lieu de pèlerinage lui donnant une fonction dépassant l'aire de la paroisse.
- Une chapelle est un lieu de culte secondaire :
- si elle dépend d'une paroisse, elle est alors destinée au culte d'un saint, d'une confrérie ou d'un quartier parfois appelé frairie en Bretagne.
- elle peut être privée, la célébration d'une messe est alors soumise a des autorisations exceptionnelles.
- elle est castrale ou nosocomiale si elle appartient à un château ou à un hôpital (chapelle d'autre bâtiment civil).
- elle est commémorative si elle marque un lieu particulier (source miraculeuse, emplacement d'un miracle, tombeau d'un saint isolé ou ex-voto).
- elle est cimetériale si elle est bâtie dans un cimetière.
- Un oratoire est un lieu destiné à la prière; construction d'importance variable allant d'un édifice monolithe doté d'une niche abritant une statue protégée par une grille à un édifice plus important analogue à une chapelle; parfois privé il est le plus souvent en bordure de route, d'un chemin de pèlerinage ou de procession.
Christianisme orthodoxe
- Une métropole est une cathédrale (siège d'archevêché).
- Un catholicon (ou katholikon) est l'église principale d'un monastère cénobitique oriental.
- Un kyriakon (mot qui a donné Kirche et church) est l'église principale d'une skite ou d'une laure.
- La plus grande église d'une ville, si elle n'est pas cathédrale, est appelée en Grèce katholiki sans rapport avec le catholicisme.
Le terme générique désignant le ou les saint(s) au(x)quel(s) l'église est dédiée est le vocable ou la dédicace.
Protestantisme
Dans le protestantisme, l'édifice ayant la même utilité est historiquement appelé le temple et non pas l'église, le terme « Église », avec majuscule, étant essentiellement retenu pour désigner l'institution, ou bien la communauté des chrétiens. Dans quelques cas exceptionnels, notamment dans le contexte luthérien institutionnel, le mot église est utilisé pour désigner un édifice.
Christianisme évangélique
Les lieux de cultes évangéliques sont généralement appelés « temple » ou « bâtiment (d'église) »5, 6 ,7. Dans certaines megachurches, l’appellation « campus » est parfois utilisée 8,9. L’architecture des lieux de cultes est majoritairement caractérisée par sa sobriété10,11. La croix christique est l’un des seuls symboles spirituels qui peut généralement être vu sur le bâtiment d’une église évangélique et qui permet d’identifier l’appartenance du lieu 12,13.
Certains cultes ont lieu dans des théâtres, des écoles ou des salles polyvalentes, en location pour le dimanche uniquement 14,15 , 16. En raison de leur compréhension du deuxième des dix commandements, les évangéliques n’ont pas de représentation matérielle religieuse comme des statues, des icônes ou des tableaux dans leurs lieux de culte17,18. Dans certains bâtiments se trouve un baptistère, sur la scène de l’auditorium (aussi appelée « sanctuaire ») ou dans une salle distincte, dans lequel on procède au baptême par immersion19,20.
Architecture
Plan type d'une église classique en forme de croix latine, avec
nef et
transept
Dans la religion chrétienne, aucun texte n'édicte de règle architecturale pour la construction d'une église. De même, la liturgie n'impose aucune formule, aucun style mais les maîtres d'ouvrage appliquent les prescriptions du droit canon selon lesquelles les ordinaires doivent « surveiller que, dans la construction et la réparation des églises, soient respectées les formes acceptées par la tradition chrétienne ainsi que les règles de l'art »21.
« Orientation »
L'église originelle du Saint-Sépulcre de Jérusalem était composée de deux bâtiments : à l'est du rocher du calvaire s'élevait une basilique (le Martyrium), et à l'ouest du rocher se trouvait la rotonde (l'Anastasis) abritant le tombeau de Jésus. Cette basilique fut orientée Est-ouest, comme le Temple de Jérusalem alors en ruines, faisant de cet édifice chrétien le « nouveau Temple » du Christ22.
Trois des quatre basiliques majeures de Rome ont gardé cette orientation avec l'entrée à l'est et l'autel à l'ouest : la Basilique Saint-Pierre, la Basilique Saint-Jean-de-Latran, et la Basilique Sainte-Marie-Majeure. Cependant, la plupart des églises adoptent l'orientation réciproque, avec la façade à l'ouest et l'autel vers l'orient. Près d'un tiers des églises sont occidentées à l'origine (avant la période byzantine) mais il apparaît d'abord que l'orientation des églises n'est pas la règle23.
Depuis les origines et jusqu'au XVe siècle, dans tous les pays chrétiens, l'édifice de l'église était adapté à une prière communautaire dirigée vers l'orient - c'est là l'origine du mot « orientation ». Car l'attente du soleil levant (symbole du Christ ressuscité, et qui dit par ailleurs qu'il est « la lumière du monde » - Jean 8,12) est un trait essentiel de la prière et de la spiritualité chrétiennes. Aujourd'hui cette tradition est maintenue dans l'Église de l'Orient. De même, « le soleil signifie d’abord lumière et lumière suprême (…) et selon saint Eusèbe d'Alexandrie, les chrétiens jusqu'au Ve siècle adoraient Dieu le visage tourné vers le soleil levant. Le soleil montant est d’ailleurs très souvent comparé à un oiseau. Le mazdéisme assimile le soleil à un coq qui annonce le lever du jour, et nos clochers chrétiens portent encore cet oiseau qui symbolise la vigilance de l’âme en attendant la seconde venue du Christ, la naissance de la Grande Aurore »24. Le coq est d'ailleurs souvent représenté avec les instruments de la Passion.
À l'intérieur des églises d'Occident, les fidèles étaient traditionnellement répartis des deux côtés de la nef : les hommes au sud (à droite en regardant vers l'autel) et les femmes au nord. Dans le rite copte d'Égypte c'est l'inverse, avec les femmes à droite et les hommes à gauche.
L'orientation traditionnelle du chœur vers l'orient est déclarée facultative selon les préceptes des Instructions fabricae de Charles Borromée, artisan de la Réforme catholique et selon le pape Pie V qui considère en 1572 qu'il importe plus que la façade de l'église soit bien orientée par rapport à la ville, son axe principal et sa grande place25.
Lieu de construction
Les premières églises, au temps de la clandestinité ou de la plus ou moins grande tolérance selon les régions et les autorités, c'est-à-dire avant l'édit de Milan en 313, étaient des maisons-églises (Domus ecclesiae), c'est-à-dire une pièce réservée dans la demeure d'un membre de la communauté chrétienne. Cependant, les textes qui en font état (Actes des Apôtres, procès-verbaux dressés lors des persécutions des chrétiens) mentionnent la communauté, appelée l'Ecclesia ou l'église domestique, et non l'emplacement matériel26. Une vision romantique veut que les catacombes furent parfois utilisées comme telles lorsqu'elles commencèrent à être édifiées, notamment à Rome mais elles servaient de cimetières où les chrétiens enterraient chaque jour les leurs près des martyrs (inhumation ad sanctos) sur les tombes desquels ils pratiquaient un culte funéraire à la romaine, le refrigerium.
Dans les villes romaines, après la chute des religions polythéistes les évêques s'efforcèrent d'établir dès le IVe siècle les lieux de culte au Christ (l’ecclesia parfois qualifiée d’ecclesia mater ou senior) à l'emplacement de temples (exemple : le Parthénon à Athènes ou le Panthéon à Rome) ou de fana convertis pour l'occasion ou le plus souvent de lieux particuliers intra-muros au sein du groupe épiscopal. Les chapelles des grands domaines fonciers deviendront souvent des églises paroissiales[réf. nécessaire]. Les lieux de culte suburbains étaient par contre construits sur des zones cémétériales, lieux de sépulture d'un martyr ou de son supplice de type martyrium, oratoire ou basilique27.
Traditionnellement, lorsque l'on décidait de construire une église :
- on choisissait un saint protecteur de cet édifice (le saint patron) ; ce choix était souvent le fait du responsable temporel de l'église sur le domaine duquel allait être construite l'église : l'évêque, un propriétaire, ou des abbayes.
- pour les plus grandes églises, à partir du milieu du Moyen Âge, à l'endroit choisi pour ce qui serait la croisée des transepts, on plantait ponctuellement un grand mât le jour de la fête du saint patron ; cette opération avait lieu au lever du soleil si cette fête se célébrait avant le solstice d'été, ou au coucher du soleil si cette fête se célébrait après le solstice d'été. On notait alors l'ombre portée par le mât, la direction de cette ombre définissant l'axe est-ouest (appelé decumanus chez les Romains). D'autres opérations s'ensuivaient : tracé du cercle dans lequel s'inscriraient les quatre piliers du transept, tracé du cercle définissant le sanctuaire, définition de la nef...
En Europe occidentale, le style architectural des églises s'illustre en plusieurs périodes successives dont voici les principales :
Art roman
L'art roman se reconnaît principalement par l'emploi de l'arc en plein cintre, qui forme un demi-cercle parfait. Il utilise les techniques et souvent les décors, hérités de l'Antiquité, d'où son nom.
Son aspect est souvent massif, pas très élancé, avec d'assez petites ouvertures et des murs épais parce que l'église romane est conçue pour être couverte de fresques, pour être utilisée la nuit (nombreuses vigiles non seulement monastiques, mais aussi paroissiales) et pour être éclairée de lampes. À cette époque on ne connaît pas encore le progrès technique des arcs-boutants et des clefs de voûte (vers le XIIe siècle) ; on utilise alors de larges murs pour éviter un effondrement du toit.
L'art byzantin, en Orient, est une variante de l'art roman qui privilégie les plans centrés inspirés de la Grande Église (Sainte-Sophie de Constantinople). Il ignore le déambulatoire.
Art gothique
Les voûtes gothiques de l'église abbatiale de Fécamp.
L'art gothique se reconnaît par l'emploi de l'arc brisé, dont la clef de voûte forme un angle entre les deux arcs qui la composent. Il a surtout été utilisé pour la reconstruction des cathédrales.
Son aspect est plus svelte et élancé grâce à l'emploi d'arcs-boutants, qui permettent de reporter la poussée loin des murs et servent de gouttières pour rejeter les eaux de pluie. Les murs sont alors évidés pour faire place à de larges baies ; les façades s'ornent de splendides vitraux comme à la Sainte Chapelle, ou dans la Cathédrale de Beauvais, plus haute clef de voûte gothique avec ses 48 mètres, caractérisée par sa forme en croix grecque (le transept et la nef possèdent la même longueur). On utilise aussi des gargouilles, monstres difformes censés éloigner le Diable. Celles-ci sont souvent en haut des tours ou à l'embouchure des gouttières, comme ornements.
Architecture contemporaine
On qualifie de contemporaines les églises bâties en France à partir des années 1920, à la suite des destructions de la première Guerre mondiale notamment. Les architectes renouvellent le sujet, proposent des innovations tout en veillant au respect des normes liturgiques. Certaines églises sont issues du mouvement d'urbanisation des villes, l'Église catholique souhaitant que des édifices de culte soient au plus près des populations : l'église Notre-Dame du Raincy par Auguste Perret est l'une d'entre elles.
À partir des années 1950, à la suite des destructions de la seconde Guerre mondiale, plus importantes, la reconstruction d'édifices accompagne le mouvement liturgique qui précède le concile Vatican II, et introduit bon nombre d'innovations notamment en France et en Allemagne, nations durement touchées. La Revue de l'art sacré s'en fait un écho minutieux.
Dans les années 1960 les églises contemporaines correspondent d'une part à la reconquête catholique des quartiers et des banlieues, d'autre part à la fin de la période des reconstructions.
Elles possèdent des signatures architecturales : Le Corbusier, Claude Parent, Paul Tournon. Elles abandonnent le plus souvent la forme de croix romaine (nef et transept). Siège du diocèse d'Évry-Corbeil, la cathédrale de la Résurrection d'Évry est la seule cathédrale à avoir été consacrée en France au XXe siècle.
Entretien des églises et conservation du patrimoine
France
Faute d'un entretien suffisant de la part des municipalités qui en ont la charge, plusieurs milliers d'églises sur les 45 000 que compte la France encourent un risque important d'être rasées dans les prochaines années28. Il faut remarquer que les villages n'ont pas toujours les moyens financiers d'entretenir leur église, même si elle n'est pas très imposante. De même, certaines grandes villes qui comptent les dizaines de superbes édifices ne peuvent souvent assurer seules l'entretien et les travaux. La France est l'un des pays qui comptent le plus d'édifices religieux29, et c'est de façon globale que le coût de restauration est très élevé. Ce problème s'applique de la même façon aux très nombreux châteaux et manoirs.
Il n'y a pas de véritable recensement des bâtiments culturels en France. L'Observatoire du patrimoine religieux en estime le nombre à 100 000 sur la base d'une moyenne de 2,5 édifices dans chacune des 36 000 communes30.
Néanmoins, un grand nombre de communes restaurent de façon remarquable leurs églises. La commune d'Écouen, par exemple, achève en 2010 les importants travaux de rénovation intérieure de l'église Saint-Acceul, édifice connu pour son architecture (Jean Bullant), mais surtout pour ses vitraux. Le coût de ce chantier est estimé à près de 1,5 million d'euros, financé en partie par l'État.
Certaines communes organisent dans leur église, en plus des offices religieux, des événements laïques, comme des concerts d'orgue ou d'autres instruments d'époque.
Ces petites festivités permettent souvent d'attirer un nouveau public dans les églises, voire de financer une partie de l'entretien. Ces utilisations détournées sont fréquentes en France, certaines villes faisant même le choix de reconvertir les édifices religieux en centre culturel.[réf. nécessaire]
Les églises reconnues pour leur architecture ou leur décoration intérieure peuvent générer une activité touristique et donc un dynamisme économique, à même de faciliter leur entretien. Mais tous les édifices religieux ne présentent pas d'intérêt touristique, ce qui complique leur restauration.
Église et énergies renouvelables
Avec l'évolution technologique et la baisse des coûts de production des panneaux solaire photovoltaïque31,32, de plus en plus de communes font le choix d'installer sur le toit de leurs églises des panneaux photovoltaïque33.
Le Label Église verte en France
Dans la foulée de l'encyclique Laudato si' du pape François « sur la sauvegarde de la maison commune » (sauvegarde de la Création) parue en juin 2015, le label Église verte [archive] a été créé en 2017 pour favoriser la conversion écologique des communautés chrétiennes (églises, monastères et établissements chrétiens)34.
Conversion des églises
Église de campagne (Pays-Bas).
Dès les premiers siècles du christianisme, l'institution ecclésiale devient propriétaire de ses lieux de culte. La législation pontificale invalide par la suite toute aliénation des propriétés ecclésiastiques opérée sans avis de Rome et cherche un appui auprès des pouvoirs civils, non seulement pour défendre son bien mais aussi pour l’insérer dans un cadre qui puisse défier le temps. Depuis le XXe siècle, s'est posée la question de certaines reconversions pour fonctions différentes35.
Par pays
Australie
À Melbourne quelques églises ont été désacralisées et transformées en crèches, écoles voire appartements.[réf. nécessaire]
Suisse
En Suisse, les réaffectations ne sont pas rares. Certaines sécularisations sont d'ailleurs anciennes, ainsi, celle de l'ancien couvent cistercien de Bonmont, dont l'église, désaffectée à la Réforme en 1536, devient grenier et bâtiment rural (aujourd'hui lieu de concerts), ou encore l'église baroque du couvent bénédictin de Bellinzone, sécularisée à la Révolution et transformée en « Passage » à la fin du XIXe siècle36. De nombreux lieux de culte sont aujourd'hui réaffectés à des activités culturelles : l'ancienne église Saint-Matthieu, à Bâle, qui reçoit des personnes immigrées (repas, célébrations, films, etc.) ; l'ancienne église Saint-Joseph, à Lucerne, dont l'immense volume abrite désormais des congrès, concerts, pièces de théâtre, banquets et autres réunions; la chapelle Regina Mundi, à Fribourg, devenue salle de lecture de l'Université, ou encore l'ancien temple réformé Saint-Luc, à Lausanne, devenu maison de quartier37, alors qu'une église de Winterthour a été transformée en logements pour des réfugiés38.
Par type d'affectation
Appartements
- Condominiums, 6655, boulevard Saint-Laurent, Montréal, Canada (ancienne église Saint-Jean-de-la-Croix)39.
Centre de recherche
- Centre de recherche L'Hôtel-Dieu de Québec, édifice Saint-Patrick (ancienne église irlandaise Saint-Patrick)40.
Bibliothèque
- Bibliothèque Claire-Martin (ancienne bibliothèque Saint-Jean-Baptiste), Québec, Canada (ancienne église anglicane Saint Matthew)41
- Bibliothèque Vieux-Québec, Québec, Canada (ancien temple Wesley)42
- Bibliothèque du Mile-End, Montréal, Canada (ancienne église de l'Ascension)
- Bibliothèque autour de 1925, Tbilissi (ancienne église Norashen, elle sera reconvertie en église plus tard)
Salle de spectacle ou salle de réunion
- L'Anglicane, ancienne église anglicane Holy Trinity, Lévis, Québec, Canada
- Vieux Clocher de l'UdeS, Sherbrooke, Québec, Canada
- Vieux Clocher de Magog, Magog, Québec, Canada
- Temple Saint-Georges de Montbéliard, Montbéliard, Doubs, France
- Abbatiale Saint-Ouen de Rouen, Rouen, Seine-Maritime, France
- Église Saint-Jean de Dijon, Dijon, Côte-d'Or, France
- Église Saint-Clément de Craon, Craon, Mayenne, France
- Église Saint-Siméon, Bordeaux, Gironde, France
- St John's Smith Square Westminster, Londres, Royaume-Uni
- Église Erskine and United American, Montréal, Québec, Canada
Changement de culte
Lieux de culte multiconfessionnels
Dans l'histoire, en fonction des changements de majorité dans la confession des habitants d'un territoire on a pu voir des lieux de culte changer de destination : cathédrales devenant mosquées (Sainte Sophie) ou l'inverse (Mezquita de Cordoue). De nos jours l'actuelle mosquée Jamme Masjid de Brick Lane, à Londres a fait office de temple protestant, au temps des huguenots, avant de se transformer en synagogue, puis en mosquée récemment. En France, au début de l'été 2015, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris a suggéré de transformer43 les églises inutilisées en mosquées avant de revenir sur sa proposition.
Dans certains lieux particuliers, comme les aéroports, les hôpitaux ou bien les prisons on peut trouver des lieux de recueillement multiconfessionnels.
Une autre catégorie de lieux de culte se développe également intégrant dès la construction de l'édifice le caractère multiconfessionnel comme la Chapelle de la Croisée des Chemins en France, le Temple de Moncton au Canada ou le projet "friday, saturday, sunday"[1] [archive] des architectes britanniques Leon, Lloyd et Saleem44, le projet "Tri Faith [archive]" à Omaha (Nebraska, USA) ou le projet "House of One [archive]" à Berlin.
Églises bétournées
Les églises qui ne sont pas orientées selon l'usage chrétien universel et ancien mais qui se trouvent soient tournées vers l'Occident, soit construites sur un axe nord-sud et tournées vers le nord ou vers le sud sont qualifiées de « bétourné ». Ce terme signale ainsi une anomalie qui procède soit de la construction initiale et d'une configuration particulière du terrain, soit d'une modification ultérieure de l'édifice. C'est pourquoi ce qualificatif ne s'applique pas aux grandes basiliques constantiniennes de Rome dont l'entrée principale a été située délibérément à l'est et l'autel à l'ouest car ces sanctuaires ont été bâtis pour que le clergé y prie tourné vers l'est et face à son peuple tels des pasteurs qui suivent le troupeau.
Il ne s'applique pas non plus aux églises construites en Occident après la fin du Moyen-Âge puisque l'usage s'instaura à partir de cette époque de ne plus respecter la règle ancienne et de ne plus respecter l'orientation de la prière chrétienne. Il en existe plusieurs en France comme :
Notes et références
- L'aître et le cimetière attenant à l'église semblent bien peu distingués de la place publique et du parvis, au point que des foires et marchés pouvaient s'y tenir. Cf Laurence Baudoux-Rousseau, Youri Carbonnier, Philippe Bragard, La place publique urbaine. Du Moyen Age à nos jours, Artois Presses Université, , p. 32
- Claude Wenzler, Églises et cathédrales de la France médiévale, Édition de Lod, , p. 28
- Alain Cabantous, Le Dimanche, une histoire, Le Seuil, , p. 128
- Sylvette Denèfle, Identités et économies régionales : actes du Colloque Identités culturelles et développement économique, L'Harmattan, , p. 58.
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- Jeanne Halgren Kilde, Sacred Power, Sacred Space: An Introduction to Christian Architecture and Worship, Oxford University Press, USA, 2008, p. 193
- Harold W. Turner, From Temple to Meeting House: The Phenomenology and Theology of Places of Worship, Walter de Gruyter, Allemagne, 1979, p. 258
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- Loveland et Wheeler 2003, p. 2.
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- (en) Anne C. Loveland et Otis B. Wheeler, From Meetinghouse to Megachurch : A Material and Cultural History, USA, University of Missouri Press, , p. 149.
- Annabelle Caillou, Vivre grâce aux dons et au bénévolat [archive], ledevoir.com, Canada, 10 novembre 2018
- Helmuth Berking, Silke Steets, Jochen Schwenk, Religious Pluralism and the City: Inquiries into Postsecular Urbanism, Bloomsbury Publishing, UK, 2018, p. 78
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- Combien d’églises détruites dans 20 ans ? [archive]
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- « Pour le photovoltaïque, l'avenir est radieux » [archive], sur Révolution Énergétique, (consulté le )
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- (de) Johannes Stückelberger, « Typologie der Kirchenumnutzungen », K+A Art + Architecture en Suisse, no 1, , p. 32-39 (ISSN 1421-086X)
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- Municipalité de Montréal [archive]
- Centre de recherche du CHU de Québec [archive]
- Bibliothèques de Québec [archive]
- Bibliothèques de Québec [archive]
- Transformer des églises en mosquées va dans le sens de la laïcité républicaine [archive]
- SCLAVO, O. (2013) "Juifs, chrétiens et musulmans en colocation. Le projet Friday, Saturday, Sunday" Usbek & Rica n° M01736 automne 2013, p. 62-63.
Voir aussi
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Articles connexes
Bibliographie
- Monzo, Luigi: croci e fasci – Der italienische Kirchenbau in der Zeit des Faschismus, 1919-1945. 2 vol. Karlsruhe 2017 (thèse, Karlsruhe Institute of Technology, 2017). [archive]
- A. Munier, Un projet d'église au XXe siècle, Desclée, De Brouwer, 1933
- « Réaffectations d’églises », K+A Art + Architecture en Suisse, no 1, , p. 1-80 (ISSN 1421-086X)
- Erlande-Brandenburg, Alain, Qu'est-ce qu'une église ?, Gallimard, Paris, 333 p., 2010 ;
- Gendry Mickael, L’Église, un héritage de Rome, Essai sur les principes et méthodes de l’architecture chrétienne, Religions et Spiritualité, collection Beaux-Arts architecture religion, édition Harmattan 2009, 267 p.
Paurd, Christiane, Nos petites églises, des clefs pour visiter et comprendre, éditions Yellow Concept, Saint-Suliac, 443 p., 2013
Liens externes
Cathédrale
Une cathédrale est, à l'origine, une église dans laquelle se trouve le siège de l'évêque (la cathèdre) ayant la charge d'un diocèse. Le mot renvoie donc à une fonction et non à une forme spécifique d'église. La cathédrale est en usage dans l'Église catholique, l'Église orthodoxe, la Communion anglicane et l'Église luthérienne.
Étymologie et termes associés
Le terme cathédrale est d'abord un adjectif dans la locution église cathédrale (yglises cathedraux, « églises épiscopales » dès 11801) avant de devenir un substantif au XVIIe siècle.
En français, le verbe cathédrer et le participe cathédrant ont signifié « présider »2 et « présidant3 ».
Le mot latin d'origine grecque cathedra, « siège à dossier », par extension « charge épiscopale ou autre » a régulièrement abouti au français chaire, « siège à dossier », « chaire de professeur ». La forme chaise est issue de chaire par assibilation dialectale du r intervocalique.
En Italie et dans une partie de l'Allemagne, notamment dans la province ecclésiastique de Cologne, une cathédrale est souvent appelée dôme (en italien : duomo ; en allemand : Dom), du latin domus, abréviation de domus Dei, c'est-à-dire « maison de Dieu ». Ainsi la cathédrale de Milan est-elle couramment appelée, en italien, le duomo di Milano.
Dans d'autres parties de l'Allemagne et en Alsace, une cathédrale est souvent appelée Münster, du latin monasterium. Ce terme est aussi l'origine du terme anglais minster, utilisé pour désigner notamment les cathédrales d'York (York Minster) et de Southwell (Southwell Minster).
Dans la péninsule Ibérique, une cathédrale est souvent appelée siège (en espagnol : seo ; en aragonais : seo ; en catalan : seu ; en portugais : sé ; en galicien : sé), du latin sedes. Ainsi la cathédrale Saint-Sauveur de Saragosse est-elle couramment appelée, en aragonais, la seu d'o Salvador de Zaragoza. La cathédrale d'Urgell, couramment appelée, en catalan, seu d'Urgell, a donné son nom à la ville de La Seu d'Urgell, antérieurement appelée Urgell.
Une procathédrale est une cathédrale provisoire : soit une église qui assume provisoirement la fonction de cathédrale sans en avoir le titre canonique, en raison de l'indisponibilité de la cathédrale « titulaire » (en travaux, en construction, démolie, etc.).
Une cocathédrale est un édifice religieux élevé au rang de cathédrale alors qu'il en existe une autre dans le diocèse. La cocathédrale latine de Jérusalem en est un exemple.
Le prêtre qui supervise les offices et la gestion d'une cathédrale est appelé archiprêtre (ou recteur-archiprêtre si celle-ci a le rang de basilique).
Histoire et organisation
Origine et évolution des cathédrales
Dans les églises primitives qui se développent après l'édit de Milan en 313, le trône de l'évêque, la cathèdre (cathedra en latin) est placée au fond de l'abside, dans l'axe, comme le siège du juge de la basilique antique, tandis que l'autel s'élève en avant de la tribune, ordinairement sur le tombeau d'un martyr. L'évêque, entouré de son clergé, se trouve ainsi derrière l'autel, isolé et dépourvu de retable, et voit donc l'officiant en face. Cette disposition primitive — puisqu'elle n'est plus usitée dans le novus ordo — explique pourquoi, jusque vers le milieu du dernier siècle du Moyen Âge, dans certaines cathédrales, le maître-autel n'est qu'une simple table sans gradin, tabernacles ni retables.
Dans les églises cathédrales, les évêques procèdent aux ordinations. Lorsqu'un évêque est invité par l'abbé d'un monastère, une cathèdre est disposée au fond du sanctuaire, l'église abbatiale devenant temporairement une cathédrale.
Le siège épiscopal est considéré comme le signe et le symbole de la juridiction des évêques. La cathédrale n'est pas seulement une église dédiée au service du culte, elle conserve, surtout durant les premiers siècles du christianisme, le caractère d'un tribunal sacré, analogue à celui de la basilique antique. Ainsi, les cathédrales demeurent jusqu'au XIVe siècle, des édifices à la fois religieux et civils. Le bâtiment principal est celui qu'on remarque en premier (il est d'ailleurs le plus valorisé par les réfections patrimonialisantes) mais il s'intègre dans un vaste complexe monumental, le groupe épiscopal. Si la cathédrale est, comme toute église, d'abord la maison de Dieu, on ne s'y réunit pas seulement pour assister aux offices religieux, on y tient aussi des assemblées de nature politique ou commerciale, les considérations religieuses n'étant cependant pas dépourvues d'influence sur ces réunions civiles ou militaires. Marchés ou fêtes se tiennent aux portes de la cathédrale mais aussi dans sa nef ou ses bas-côtés qui accueillent la vie grouillante du peuple, des quêteurs, mendiants, auxquels se mêlent mauvais garçons et prostituées, où traînent chiens et cochons les jours de foire4.
Contrairement aux idées reçues, la cathédrale de Rome n'est pas la basilique Saint-Pierre du Vatican mais la basilique Saint-Jean de Latran, « tête et mère des églises de la Ville et du monde ». Autre idée reçue, la construction des cathédrales romanes fait bien partie du « blanc manteau d'églises » qui, selon la formule de Raoul Glaber, est l'œuvre des évêchés ou des monastères. Mais les cathédrales gothiques du Moyen Âge classique issues de l'essor urbain lié aux progrès de l'agriculture ne sont généralement pas construites par les princes, les rois ou les évêques (selon la légende romantique, ils y verraient un moyen d'affirmer la puissance de la foi au cœur de leurs diocèses), mais par les villes (avec leurs riches nobles et bourgeois) et par les chanoines (en général membres de familles aristocratiques et fortunées), le clergé bourgeois5. Ainsi de nombreux historiens qualifient les grandes cathédrales de « filles des moissons » ou de « filles des villes »6.
Les maîtres d'œuvre qui supervisent le chantier de la cathédrale ne sont pas des architectes ou des techniciens. Ils sont responsables vis-à-vis de la fabrique et se bornent à surveiller les travaux exécutés par des ouvriers spécialisés (maçons, sculpteurs, tailleurs de pierre), appelés compagnons, réunis en confréries ou fraternités. Ces derniers, payés à la tâche, laissent parfois sur les pierres des signes gravés, les marques de tâcheron qui sont leurs signatures. La construction est également réalisée par des manœuvres moins bien payés. On ne peut que conjecturer la participation des masses populaires à cette construction, vu le silence des textes à ce sujet, cette participation se faisant soit bénévolement soit par réquisition et corvée7.
D'après la base de données Gcatholic, au , l'Église catholique compte 320 cocathédrales pour 3 043 cathédrales et 43 procathédrales. 473 anciennes cathédrales ne sont pas des cocathédrales8.
Cas particulier de la France
Gestion des cathédrales en France
Les cathédrales peuvent appartenir à l’État, au département, à la commune ou à une personne de droit privé.
La très grande majorité des cathédrales appartient à l'État. La loi du et le décret du confient la charge des 87 cathédrales au sous-secrétariat d’État aux Beaux-Arts au sein du ministère de l'Instruction publique. Depuis le , c'est le ministère des Affaires culturelles devenu ministère de la Culture et de la Communication qui est chargé de la protection et la restauration des cathédrales françaises.
Ces cathédrales sont remises en dotation aux directions régionales des affaires culturelles. L'architecte des bâtiments de France en est le conservateur et le responsable de sa sécurité.
La propriété concernant les cathédrales s'étend à « l'ensemble des dépendances immobilières et à la totalité des immeubles par destination (orgues, cloches…) et des meubles les garnissant ». Le cadre juridique de l’aménagement intérieur des cathédrales a été analysé par Pierre-Laurent Frier, professeur de droit public à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), ancien directeur des études de l’École nationale du patrimoine9 ; et la compétence du conseil municipal quant aux églises et aux biens qui y ont été installés a été traitée par Marie-Christine Rouault, doyen de la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de l'université Lille-II10 à partir de l’arrêt du du Conseil d’État.
Depuis 2011, le Réseau des villes cathédrales rassemble des maires et des présidents d'intercommunalités ; porté actuellement par la Fédération des villes de France, il rassemble en 2014 les 188 villes françaises dotées d'une cathédrale et permet de leur offrir un cadre de réflexion et de travail (entretien, restauration, recherche de financements, tourisme, patrimoine mobilier, relations entre le maire et l'affectataire, etc.)12.
Architecture
Styles d’Europe
- paléochrétien, du IIIe au Ve siècle
- préroman, du VIe au IXe siècle
- roman, du Xe au XIIe siècle
- gothique, gothique angevin, gothique flamboyant, du XIIe au XVIe siècle,
- Renaissance XVe siècle - XVIe,
- classique XVIIe siècle,
- baroque (chargé, notamment l'intérieur), du XVIe au XVIIIe siècle,
- néoclassique , du XVe au XIXe siècle,
- néogothique, à partir du XVIIIe siècle,
- néo-roman, fin du XIXe siècle,
- néo-byzantin XIXe siècle - début XXe siècle,
- moderne, contemporain, depuis le milieu du XXe siècle
Voir » Architecture occidentale du Moyen Âge au XIXe siècle ». De nombreuses cathédrales ont plusieurs styles (roman et gothique, gothique et classicisme, classicisme et baroque…). Les architectes ont de nombreuses fois eu recours aux anciens styles (réparation d'anciennes cathédrales, fin de chantiers). Ces styles ne se résument évidemment pas seulement aux cathédrales et aux autres édifices religieux13.
Cathédrales orthodoxes
Cathédrales romanes
Cathédrales gothiques
Bien que différentes, les cathédrales gothiques construites en Europe aux XIIe et XIIIe siècles ont très généralement un plan similaire en forme de croix latine, composé d'une nef, d'un transept d'un chœur et d'espaces collatéraux (bas-côtés, tribunes et déambulatoire…).