Claude Nougaro, né le 9 septembre 1929 à Toulouse et mort le 4 mars 2004 à Paris, est un auteur-compositeur-interprète et poète français.
Grand amateur de jazz, de musique latine et africaine, jouant sur le rythme des mots, il s'est appliqué tout au long de sa carrière, dans un insolite mariage des genres, à unir chanson française, poésie et rythme1.
Il a également pratiqué le dessin2.
Fils de Pierre Nougaro, chanteur d'opéra — premier baryton à l'Opéra de Paris —, et de Liette Tellini, professeur de piano italienne (et premier prix de piano au conservatoire)3. Son grand-père Alexandre, planton au Capitole, et sa grand-mère Cécile, sage-femme, chantent dans une chorale. C'est Cécile qui extirpe Claude au forceps à sa naissance4 à Toulouse le 9 septembre 1929, au 56 boulevard d’Arcole. Ses parents étant souvent en tournée, il est élevé par ses grands-parents paternels dans le quartier des Minimes5. À douze ans, il écoute Glenn Miller, Édith Piaf, Bessie Smith et Louis Armstrong sur la TSF, qui, entre autres, l'inspirent à suivre cette voie6. On retrouve la trace de son inscription le 6 mai 1943 en 6e A2 au lycée Rollin7 à Paris. Entre 1944 et 1947, il fréquente successivement, en pensionnaire, l'abbaye-école de Sorèze, le collège privé Montaigne à Vence, puis le collège de Cusset, près de Vichy, où, en 1947, il échoue au baccalauréat8. Il se lance alors dans le journalisme et travaille pour un journal à Vichy9. En 1949 Claude Nougaro effectue un service militaire à Rabat au Maroc, une période de dix-huit mois dont dix au cachot9. Après quoi il travaille un temps en Algérie, pour La Dépêche de Constantine, avant de revenir à Paris, Avenue des Ternes, chez ses parents. En parallèle, il écrit des chansons pour Marcel Amont (Le Barbier de Séville, Le Balayeur du roi), Philippe Clay (Joseph, la Sentinelle), et rencontre sur place Georges Brassens, qui devient son ami et mentor. Il écrit de la poésie romantique, également humoristique10.
Le poème
C'est une Garonneretranscrit sur une plaque apposée sous le Pont-Neuf, à Toulouse.
Claude Nougaro commence sa carrière sur scène en 1954 en récitant ses poèmes11 au Lapin agile, cabaret parisien de Montmartre, dont Jean-Roger Caussimon est un familier. Claude Nougaro envoie des textes à Marguerite Monnot, compositrice d'Édith Piaf, qui les met en musique (Méphisto, Le Sentier de la guerre). C'est au Lapin agile qu'il décide de chanter ses propres textes pour gagner sa vie, en 1957 (premier titre « connu » : Destination Vénus), tout en se produisant, pendant une dizaine d'années, dans d'autres cabarets, le Liberty's, La Tête de l'art, Zèbre12. Durant ces années, Nougaro est également parolier pour d'autres interprètes, parmi lesquels Jacqueline François, Philippe Clay, Marcel Amont… (voir À la recherche du son qui fait sens).
En octobre 1958, il grave, chez Président, ses premiers enregistrements, et un super 45 tourssort, précédant le 33 tours 25 cm Il y avait une ville qui parait l'année suivante. Les chansons sont écrites notamment avec son partenaire Michel Legrand13.
Le succès ne se manifeste néanmoins qu'en 1962, au début des années Philips et de son directeur artistique Jacques Canetti, avec Une petite fille et Cécile ma fille14 (dédiée à sa fille, née en 1962 de sa femme Sylvie, hôtesse rencontrée au Lapin agile ; « Cécile » étant par ailleurs le prénom de sa grand-mère paternelle3). Ces chansons le font immédiatement connaître du grand public, bien qu'il ait déjà commencé à percer en faisant les premières parties des concerts de Dalida. En ce début d'années 1960, il introduit de nouveaux rythmes dans la chanson française et compose de nombreuses chansons, inspirées de thèmes et rythmes de jazz qui séduisent le public : Les Mains d'une femme dans la farine, Les Petits Bruns et les Grands Blonds, Le Cinéma, Chanson pour Marilyn, le Jazz et la Java (s'inspirant du thème de Three to Get Ready, une composition de Dave Brubeck en 1959)15. Il poursuit sa collaboration avec Michel Legrand (Le Cinéma et Les Don Juan) et écrit également avec le compositeur Jacques Datin (Cécile, ma fille et Une petite fille).
Ses chansons Je suis sous, ou plus tard Tu verras16, font référence à l'alcool.
Un accident de voiture l'immobilise plusieurs mois en 19635. L'année suivante, il part en voyage au Brésil. Au retour, il se produit dans des salles prestigieuses : l'Olympia, le Palais d'Hiver de Lyon, le Théâtre de la Ville à Paris.
À la mort de son ami Jacques Audiberti (rencontré en 1952 aux Deux Magots), en 1965, il lui écrit un hommage en chanson, Chanson pour le maçon13. C'est à cette époque qu'il entame une collaboration avec le pianiste de jazz Maurice Vander, qui deviendra son principal partenaire musical (arrangeur, pianiste et co-compositeur). Il surnomme Maurice Vander « Le Coq'», et c'est en référence à ce pianiste qu'il écrit et chante, plus tard, Le Coq et la Pendule.
Outre Vander et Legrand, Nougaro saura s'entourer de la fine fleur du jazz français, (Eddy Louiss, René Nan17, Pierre Michelot, Elek Bacsik, Michel Gaudry, Michel Colombier, Michel Portal, Aldo Romano, Didier Lockwood, Bernard Lubat, Richard Galliano, Jean-Claude Vannier, Roger Guérin…) et international (Ornette Coleman sur Gloria, Marcus Miller, Trilok Gurtu, …)
Malgré son opposition farouche à la politique, les évènements de Mai 68 lui inspirent le torrentiel Paris Mai, « une chanson sur l'angoisse de l'homme de notre temps », qui, « jugée subversive », est interdite d'antenne18.
La même année, sort son premier album live enregistré à l'Olympia de Paris : Une soirée avec Claude Nougaro.
Sa chanson Toulouse19 est un vibrant hommage à sa ville natale, Toulouse. Dans le même temps, il chante deux titres, Armstrong20 et Petit Taureau, futurs classiques de son répertoire.
Claude Nougaro dans les années 1980.
Claude Nougaro, en 1971, retrouve Michel Legrand pour la bande originale du film La Ville bidon du réalisateur Jacques Baratier, ami d'Audiberti, (Nougaro chante La décharge et Sa maison). La même année sa deuxième femme Odette lui donne une troisième fille Théa (après Fanny en 1969)21.
En ces années 1970, l'artiste collabore également avec le compositeur-arrangeur Jean-Claude Vannier (Un grain de folie, Dansez sur moi, Plume d'ange, Insomnie, etc.)
Nougaro quitte Philips pour Barclay en 1975. l'Île de Ré, Brésilien, Assez, Le coq et la pendule et surtout Tu verras16 (adaptation française de O que será de Chico Buarque de Holanda), comptent parmi ses grands succès de l'époque. Son fils Pablo Toledo Nougaro naît en 1976 de sa troisième union avec Marcia, Brésilienne divorcée du guitariste Baden-Powell, rencontrée en 1975.
Claude Nougaro rencontre, en 1984, Hélène, sa quatrième et dernière femme (« la femme de ma mort » se plaît-il à dire), kinésithérapeute toulousaine sur l'île de La Réunion22. Il lui consacre une chanson Kiné, sur l'album Pacifique (1989).
En 1985, Après Bleu Blanc Blues, un album jugé décevant au niveau des résultats, Barclay ne renouvelle pas son contrat. Nougaro y fait une allusion dans sa chanson Mon disque d'été.
Nougaro vend sa maison de l'avenue Junot à Montmartre et part pour New York, en quête d'inspiration. Produit par WEA, Il écrit et enregistre sur place, l'album Nougayork, sous la direction de Philippe Saisse, musicien réputé là-bas, et son vieux complice Mick Lanaro comme producteur exécutif. En 1987, Claude Nougaro avec la chanson titre Nougayork obtient l'un de ses plus grands hits. Ce succès retentissant relance durablement sa carrière et l'opus, aux sonorités rock, est un succès public et critique, récompensé en 1988 par les Victoires de la musique du meilleur album et du meilleur artiste interprète masculin.
En 1989, suivant le même filon, Nougaro récidive avec l'album Pacifique. Les titres Énergie et Vive l'alexandrin sont des succès ; Toi là haut est dédié à son père décédé en 1988, tandis que Toulouse to win est la seconde chanson que Claude Nougaro consacre à sa ville natale. Cette même année, accompagné par des musiciens américains, Nougaro se produit au Zénith de Paris, son tour de chant est largement consacré aux deux derniers opus.
Avec les albums Chansongs (1993) et surtout L'Enfant phare (1997), le chanteur revient à des sonorités qui lui sont plus familières, jazz et rythmes latinos.
Sa santé se dégrade à partir de 1995, année où, en avril, il subit une opération du cœur23. À cette époque, Claude Nougaro fait part de son intention d'écrire un opéra, projet qui n'aboutira pas[réf. nécessaire].
En 2000, il sort encore l'album Embarquement immédiat qui sera son dernier album studio abouti.
De 1998 à 2004 (bien qu'il n'ait pu en 2003 se produire au Festival du verbe à Toulouse en raison de son état de santé), il se consacre davantage à des concerts et des festivals. Il participe également à l'album Sol en cirque du collectif Sol En Si24.
En 2002, il tourne dans toute la France avec les Fables de ma fontaine, un spectacle où, tel un comédien il déclame plusieurs de ses textes dépouillés de leurs habillages musicaux (parmi eux Victor, Le K du Q et Plume d'ange), Chanson pour Marilyn est le seul titre chanté (à cappella) du programme25,26. Ce sera son dernier spectacle27.
En 2003 et 2004, alors qu'il est déjà gravement touché par la maladie, Claude Nougaro prépare un nouvel album pour le label jazz Blue Note Records, réalisé comme le précédent par Yvan Cassar. Emporté par le cancer, en mars, l'artiste ne termine pas son enregistrement et l'opus La Note bleue sort à titre posthume le 30 novembre 200428.
La station de métro des
Minimes à Toulouse.
Après avoir subi de nouvelles interventions chirurgicales en début d'année, Nougaro meurt le 4 mars 2004, à 74 ans, des suites d'un cancer du pancréas29,30.
Ses obsèques sont célébrées à Toulouse, en la basilique Saint-Sernin, dont le carillon joue pour l'occasion les notes de sa chanson Toulouse31. Ses cendres ont été dispersées dans la Garonne32. Un jardin municipal, un collège ainsi qu'une station de métro portent aujourd'hui son nom33. Une salle de concert du quartier des Sept Deniers s'appelle aussi « Salle Nougaro »34. Le 25 janvier 2011, l'esplanade Claude-Nougaro est inaugurée dans le quartier Jolimont35 .
Amateur de jazz, Claude Nougaro met des paroles sur des musiques de Charles Mingus, Thelonious Monk, Wayne Shorter, Louis Armstrong, Dave Brubeck, Sonny Rollins, Neal Hefti, Nat Adderley (Sing Sing Song)...
Également, mais plus ponctuellement, il s'est inspiré des rythmes, mélodies et harmonies brésiliennes et a adapté quelques chansons de Baden Powell, Gilberto Gil, Chico Buarque. Plusieurs de ces adaptations ont eu un succès populaire et durable : Tu verras, Bidonville, Brésilien.
C'est aussi un amoureux de la chanson française à laquelle il a rendu hommage dans son album Récréation.
À la demande d'Hélène Nougaro et pour célébrer les 80 ans de Claude, Maurane enregistre, en 2009, un album de seize reprises, Nougaro ou l'Espérance en l'Homme37.
L'ex-région Midi-Pyrénées a créé en 2007 un prix Claude-Nougaro en son hommage, visant à encourager les jeunes talents38.
Les Chevaliers du fiel lui consacrent un sketch en 2004 en hommage, après sa mort.
Les festivités du 14 juillet 2014 à Toulouse sont l'occasion d'un hommage à Claude Nougaro39.
Sa statue40 réalisée par Sébastien Langloÿs, est inaugurée au square Charles-de-Gaulle, le 9 septembre 2014, jour anniversaire de sa naissance (85 ans).
Au printemps 2014, pour marquer le 10e anniversaire de sa mort, sortent un coffret réunissant, en 29 CD, l'ensemble de sa carrière et un livre41 écrit par son épouse.
En 2014, Bidonville est interprétée par Tryo sur leur album de reprises Né quelque part. Le groupe a, depuis plusieurs années, l'habitude de jouer ce morceau, notamment avec Bernard Lavilliersdans l'émission Taratata, ou encore avec Mustapha et Hakim (de Zebda) durant le concert à Bercy en 2008.
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- Alain Wodrascka, Claude !, Mustang Éditions, 14 novembre 2013, 206 p. (ISBN 978-2953572780).
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