Apocalypse
L’Apocalypse ou Apocalypse de Jean ou encore Livre de la Révélation, également appelé Révélation de Jésus-Christ (en grec ancien : Ἀποκάλυψις Ἰησοῦ Χριστοῦ) suivant les premiers mots du texte1, est le dernier livre du Nouveau Testament2.
Le texte, usant d'un langage symbolique, d'essence prophétique et dont l'auteur fait de nombreuses allusions aux prophètes de l'Ancien Testament (Daniel, Ézéchiel, etc.), se présente comme une révélation de Jésus-Christ qui dévoile à Jean « quel est le sens divin de son époque et comment le peuple de Dieu sera bientôt délivré ».
L'œuvre aurait été composée vers la fin du Ier siècle par un auteur judéo-chrétien qui, selon le préambule, est prénommé Jean. Celui-ci se trouve dans l'île de Patmos lorsqu'il reçoit plusieurs visions, qu'il raconte en détail. La tradition l'a parfois identifié avec l'apôtre Jean, fils de Zébédée, auquel on a également attribué le quatrième évangile canonique, ou encore à un certain « Jean le Presbytre », c'est-à-dire « l'Ancien ». Ces débats antiques témoignent de différentes traditions concernant l'origine du texte, dont la canonicité n'a pas toujours été reconnue par toutes les confessions chrétiennes.
Pour les historiens contemporains, l'auteur de l'Apocalypse reste inconnu. Mais il y a débat pour savoir si les deux textes, l'Évangile selon Jean et l'Apocalypse peuvent provenir d'un même milieu dit « johannique ».
Un genre littéraire
Étymologiquement, le mot « apocalypse » est la transcription du terme grec ἀποκάλυψις / apokálupsis signifiant « dévoilement » ou, dans le vocabulaire religieux, « révélation »3.
Le terme, qui s'est chargé au fil des siècles d'une série de connotations et de travestissements qui l'ont éloigné de son sens d'origine pour souvent évoquer une catastrophe massive et violente3, est « devenu populaire pour de mauvaises raisons »4. Cette évolution est notamment liée à la difficulté d'appréhender son genre littéraire déroutant5 qui ne trouve pas de comparaison dans la littérature contemporaine6.
La littérature apocalyptique constitue un genre littéraire ancien qui apparaît probablement à l'époque biblique de l'exil à Babylone — au VIe siècle av. J.-C. — avec les textes d'Ézéchiel, de Joël et de Zacharie avant de s'épanouir avec Daniel (vers 165 av. J.-C.) qui sert de modèle à l’Apocalypse de Jean mais aussi à d'autres apocalypses apocryphes juives et chrétiennes ou encore aux textes apocalyptiques de Paul de Tarse7.
Dans les littératures juives et chrétiennes, le genre de ces écrits se définit par certaines relations entre leur forme, leur contenu et leur fonction sans qu'ils appartiennent pour autant à un mouvement ou un milieu particuliers. Ils ne témoignent d'aucun courant théologique spécifique et peuvent véhiculer des idéologies très éloignées, voire opposées3 et, s'ils présentent une grande diversité, ils ont néanmoins en commun un usage prononcé de l'allégorie et du symbolisme8.
On peut ainsi déceler comme terreau commun à ce genre prophétique une ossature narrative qui a pour fondement une vision-révélation divine transmise à un homme1, généralement par l'entremise d'un être surnaturel9, dans une représentation du monde caractérisée par la présence de deux ordres de la réalité : celui de l'expérience humaine sensible et celui d'une réalité supranaturelle invisible et inaccessible à l'expérience courante mais déterminante pour le destin humain3. La révélation elle-même est présentée comme procédant d'une réalité transcendante et comprend à la fois une dimension temporelle, dans la mesure où elle propose un salut eschatologique, et spatiale, dans celle où elle annonce l'imminence d'un monde nouveau1.
La ligne de partage entre l'ancien monde arrivé à son terme et le nouveau près de s'accomplir, est ainsi marquée par l'intervention divine qui juge les impies et récompense les élus10. Trois traits apparaissent également caractéristiques de ce genre de littérature : premièrement, le voyant d'une apocalypse est un écrivain qui, à la différence d'un prophète, consigne ses visions dans un écrit ; deuxièmement, celui-ci est souvent pseudépigraphique, c'est-à-dire faussement attribué ; enfin, l'auteur fait usage de chiffres, d'objet et de personnages symboliques, sans s'attacher à rendre cohérent ce symbolisme11.
Textes apocalyptiques
Plusieurs écrits pseudépigraphes sont également des apocalypses : Apocalypse grecque de Baruch (de), Apocalypse syriaque de Baruch, Apocalypse d'Abraham, Apocalypse de Moïse, Apocalypse d'Élie (en)12, Apocalypse de Noé13 ou encore Apocalypse d'Esdras14.
De nombreux apocryphes se réclament du genre ou en portent le nom : Apocalypse de Pierre, Première Apocalypse de Jacques, Seconde Apocalypse de Jacques (en), Apocalypse de Paul, Apocalypse d'Étienne (en)... Si l’Apocalypse de Jean est, d'une façon formelle, la seule apocalypse incluse dans le Nouveau Testament, des passages entiers de celui-ci relèvent du même genre : le discours eschatologique de Jésus, dans Matthieu (Mt 24-25 [archive]), dans Marc (Mc 13 [archive]) et dans Luc (Lc 21. 5-36 [archive]), certains passages des Épîtres de Paul (2Th 1. 6-12 [archive] ; 2Th 2. 3-12 [archive]) ou de Pierre (2P 3. 10 [archive]).
Auteur, datation et localisation
Attributions traditionnelles
L'Apocalypse n'est pas le seul écrit du Nouveau Testament à avoir un auteur dénommé « Jean »15. Vers le milieu du IIe siècle, Justin de Naplouse16 est le premier à identifier cet auteur à Jean fils de Zébédée17, l'un des apôtres de Jésus, et il affirme qu'il est revenu, après sa détention à Patmos, à Éphèse où il aurait vécu jusqu'au début du règne de Trajan, soit l'an 98. Un peu plus tard, Irénée de Lyon attribue également l'évangile et les lettres johanniques à l'apôtre17. Papias d'Hiérapolis attribue quant à lui ce livre à Jean le Presbytre (ou Jean l'Ancien), qui serait un disciple de Jean l'apôtre, devenu responsable de la communauté d'Éphèse à la fin du Ier siècle. Mais déjà au IIIe siècle, Denys d'Alexandrie procède à une analyse textuelle qui lui fait conclure que l’Apocalypse n'a pas été rédigée par l’auteur de l'évangile johannique et/ou des trois premières épîtres qu'il attribue à l'apôtre Jean. Il attribue lui aussi, en suivant Papias, le texte apocalyptique à Jean le Presbytre18. Au IVe siècle, en se fondant sur Papias, Polycarpe de Smyrne et Denys d'Alexandrie, l'auteur Eusèbe de Césarée attribue à son tour le texte à Jean le Presbytre8.
L’attribution traditionnelle apostolique (à l'apôtre Jean), la plus partagée parmi les auteurs ecclésiastiques du monde antique19, contribue à l'acceptation de la canonicité du texte. Mais cette canonicité s'est faite difficilement, notamment en Orient où l'utilisation du texte par des groupes sectaires comme les adeptes du montanisme l'a rendu suspect.
La théologie orthodoxe contemporaine a pris parti dans le débat sur la datation lorsque les moines orthodoxes de Patmos ont solennellement fêté le dix-neuvième centenaire de la rédaction de l’Apocalypse en 1995.
Ainsi, la confusion règne dans la tradition car la tradition johannique d’Éphèse — cœur anatolien de celle-ci — a vu se télescoper les deux « Jean » — l'apôtre et l'auteur de l’Apocalypse20.
Recherche contemporaine
Auteur et localisation
Localisation des sept cités et de l'île de Patmos, en Asie Mineure.
À quatre reprises dans le texte, le voyant s'attribue le nom de « Jean », qui est un prénom très fréquent dans les écrits néotestamentaires18. Il se décrit comme résidant sur l'île de Patmos « à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus »21, ce qui est généralement interprété comme un exil forcé à la suite de ce qu'on appellerait aujourd'hui un « délit d'opinion »22.
L'analyse exégétique contemporaine s'oppose ainsi à la tradition23 car rien ne permet d'identifier Jean de Patmos à l'apôtre Jean24 : avant tout, l'auteur ne revendique jamais ce titre — réclamant seulement la qualité de « serviteur »24 — et affirme que pour lui le groupe des apôtres appartient au passé25. De la même manière, il n'utilise pas davantage le titre d'« Ancien » (« presbytre ») dont parle Papias24.
L'auteur fut vraisemblablement un personnage important des communautés judéo-chrétiennes d'Asie Mineure pour les sept Églises26 auxquelles il s'adresse, et dont le texte peut laisser penser qu'il était un prophète itinérant24, peut-être néanmoins distinct des autres prophètes par une certaine autorité27.
En se fondant sur l'analyse exégétique et textuelle, certains trouvent vraisemblable que, suivant le constat que le grec utilisé est le plus pauvre des écrits néotestamentaires, sa langue soit l'araméen voire l'hébreu. Cela rend ainsi possible la thèse des chercheurs qui en font un prophète apocalyptique judéo-chrétien qui aurait fui la Palestine à la suite de la révolte juive des années 60 et se serait réfugié en Asie Mineure — peut-être à Éphèse — avant de s'exiler sur l'île de Patmos. Mais ils trouvent peu vraisemblable que ce fut sous la pression de la « persécution de Domitien » — une tradition forgée par les apologètes chrétiens du IIe siècle sur la base de la propagande sénatoriale romaine contre la mémoire de l'empereur28 — et dont la réalité est largement mise en question par les historiens18. Il est même douteux qu'aucune poursuite spécifique de chrétiens ait eu lieu en Asie sous son règne28.
Patmos n'est d'ailleurs pas une île d'exil impérial, et il n'est pas à exclure que l'auteur s'y soit rendu de sa propre initiative29, peut-être à la suite d'une affaire municipale30. Car l'orientation de la crise de l’Apocalypse n'est pas nécessairement liée à des évènements politiques particuliers : l'auteur de Patmos apparaît plutôt en conflit avec la société romaine que le contraire, portant à la fois un regard critique sur les pouvoirs humains et invitant ses auditeurs chrétiens — qui « installés » dans le monde en oublient la proclamation du temps nouveau —, à s'envisager de la sorte10. Ainsi, des recherches exégétiques récentes tendent à faire passer de l'idée d'une « littérature de crise » qui serait due aux persécutions, à une littérature cherchant à provoquer la crise dans une période de consensus31 marquée par la continuité de la Pax Romana32.
Les relations de cet auteur avec la tradition et l'école johannique sont encore débattues au XXIe siècle, car on trouve des points de convergence et des parallélismes entre les deux écrits, mais aussi des oppositions dans leurs formes, tant littéraire que théologique29. Mais une majorité de chercheurs incline à ne pas associer Jean de Patmos aux courants johanniques, même si des contacts ont pu avoir lieu33.
Datation
La majorité des exégètes actuels s'accorde pour dater la rédaction de l’Apocalypse de la fin du règne de Domitien34, en tout cas du règne de cet empereur romain, entre les années 80 et 9622. Ce dernier a développé significativement le culte impérial, particulièrement en Asie Mineure ainsi que semble en attester le récit apocalyptique35. Ce culte a pu heurter la foi des chrétiens, eux-mêmes suspects aux yeux de l'empereur, probablement hostile à un groupe entraînant ses membres vers le culte exclusif d'un Dieu aniconique36. Cette option existe depuis longtemps dans l'exégèse, mais était liée à une persécution de Domitien dont la réalité est désormais profondément remise en cause par la recherche actuelle37, sans pour autant que la datation de l’Apocalypse le soit elle-même pour cette période38, qui reste la plus vraisemblable39.
D'autres datations plus anciennes ont également été proposées. Une estimation haute fixe sa rédaction au règne de Néron, durant les années 6040 (mort en 68), ou à son successeur Galba qui ne régna que sept mois. « La capitale bâtie sur sept collines ne peut être que Rome, que les Romains eux-mêmes aimaient à désigner ainsi. Ses rois sont donc les empereurs romains [Apo 17:9-10]. L'auteur écrit pendant le règne du sixième, les cinq premiers appartenant déjà au passé. Après Auguste, Tibère, Caïus, Claude et Néron, nous arrivons à Galba »41. [Il régna de la mort de Néron (9 juin 68) à son propre assassinat (16 janvier 69)]. Cette date se réfère également à la tradition des persécutions néroniennes de chrétiens évoquée dans la vision apocalyptique. Cependant, s'il apparaît que ce dernier, dont la réputation était telle chez les chrétiens qu'il représentait l'Antéchrist22, semble plutôt avoir inspiré rétrospectivement le parallèle avec Domitien, ses activités antichrétiennes ne semblent pas avoir dépassé le cadre de Rome, à l'occasion de l'incendie de celle-ci. À l'inverse, les tracasseries ou harcèlements de Domitien envers les chrétiens — dont certains refusaient vraisemblablement de s'associer aux cultes publics — semblent s'être plus largement déployés, notamment en Asie Mineure et en Palestine36. Les traditions chrétiennes ultérieures, influencées par des persécutions plus importantes, ont pu amplifier les exactions commises contre les chrétiens et rendre les deux empereurs également coupables42.
Une estimation intermédiaire, défendue par Israël Knohl et B. J. Capper, fixe le début de la rédaction de l'Apocalypse de Jean vers 80.
Canonicité
L’Apocalypse est le dernier livre du Nouveau Testament canonique et ce statut n'est pas contesté de nos jours.
Cependant, son admission dans le canon des livres reçus a été assez difficile, notamment lorsque se posait la question de savoir si l'apôtre Jean en était ou non le rédacteur42 et, particulièrement en Orient, par son animosité contre l'Empire romain43.
D'une manière générale, dans l'Antiquité, le livre a été plutôt bien reçu dans les églises occidentales même si le prêtre romain Caïus — le soupçonnant de favoriser le millénarisme — le rejetait encore au début du IIIe siècle. Le fragment de Muratori, un document occidental et peut-être romain daté du tournant entre les IIe et IIIe siècles, explique : « 71 Des apocalypses aussi, nous recevons seulement celle de Jean et celle de Pierre 72-73, que certains des nôtres ne veulent pas qu'on lise dans l'église »44.
En Asie Mineure, vers la fin du IIe siècle le texte, l’Apocalypse (ainsi d'ailleurs que l'évangile selon Jean) est rejetée en réaction aux affirmations des montanistes sur une nouvelle effusion de l'Esprit42 qui exaltent la prophétie et l'attente millénariste45. Au milieu du IIIe siècle, Denys d'Alexandrie — dont le Sur les promesses est cité par Eusèbe — conteste son authenticité johannique pour des raisons stylistiques, sans toutefois rejeter le texte qui lui apparaît incompréhensible mais « que beaucoup de frères tiennent avec faveur »45. Le texte est alors souvent rejeté en Orient, notamment pour l'usage qui en est fait en faveur d'une vision permissive du millénarisme42. Eusèbe de Césarée se fait l'écho au IVe siècle des divergences qui divisent les Églises orientales à son sujet46. Cependant, à la fin du IVe siècle, Athanase d'Alexandrie le reconnaît pleinement dans sa liste des 27 livres reçus47.
Néanmoins, en l'absence de décision conciliaire concernant les limites exactes du canon de l’Église grecque, le texte demeure souvent rejeté et, en Syrie et dans les Églises de langue syriaque42, la Peshitta délimite un canon de 22 livres dont l’Apocalypse est absente 48. Le concile in Trullo de 692, fondé sur des documents anciens qui ne s'accordent pas sur le canon, ne parvient pas à trancher la question pour l’Église grecque49. Le texte virulemment opposé à l'Empire romain est contesté dans l'église impériale de Constantinople jusqu'au IXe siècle, tandis que l'Arménie ne l'admet qu'au siècle suivant43.
Pour l’Église latine, des décisions conciliaires sont arrêtées notamment par les synodes régionaux de Carthage de 397 et de 419, fixant à 27 le nombre des livres reçus, y retenant l’Apocalypse49.
À l'époque de la Réforme protestante, Luther lui accorde un rôle secondaire, Zwingli ne le compte pas parmi les Écritures et Calvin n'en fait aucun commentaire42.
Plan et contenu
Plan
Ce plan a été proposé par Raymond E. Brown dans son ouvrage Que sait-on du Nouveau Testament ?34.
- A. Prologue
- 1,1-3 (Ap 1,1-3)
- B. Lettres aux sept Églises
- 1,4-3,22 (Ap 1,4-Ap 3,22)
- Formule d'ouverture avec louange, promesse et réponse divine (1,4-8)
- Vision inaugurale : le Fils de l'homme (1,9-20) (Ap 1,9-20)
- Sept lettres (2,1-3,22)
- C. Première partie de l'expérience de révélation
- 4,1-11,19 (Ap 4,1-Ap 3,22)
- Vision de la cour céleste : l'Unique sur le trône et l'Agneau (4,1-5,14)
- Sept sceaux (6,1-8,1)
- Sept trompettes (8,2-11,19)
- D. Deuxième partie de l'expérience de révélation
- 12,1-22,5
- Visions du dragon, des Bêtes et de l'Agneau (12,1-14,20)
- Sept fléaux des sept coupes (15,1-16,21)
- La chute de Babylone (17-18)
- La victoire du Christ ressuscité sur les forces du mal (19-20)
- E. Épilogue avec bénédiction de conclusion
- 22,6-21(Ap 22,6-21)
Prologue et lettres
Les chapitres 1-3 contiennent le prologue du livre : celui-ci est présenté comme une « révélation de Jésus-Christ » qui est communiquée par un ange à un voyant, le « serviteur Jean » (τῷ δούλῳ αὑτοῦ Ἰωάννῃ), dans laquelle le Christ révèle le sens divin de l'époque, « ce qui doit arriver bientôt » et comment le peuple sera bientôt délivré50.
L'adresse du texte (1,4-8) précise les destinataires visés par l'auteur : les « sept Églises qui sont en Asie »51. La dimension pascale est centrale dans le texte et le Christ est présenté à travers l'autorité que lui confèrent sa mort et sa résurrection51 et Dieu comme « celui qui était, est et vient », (ὁ ὢν καὶ ὁ ἦν καὶ ὁ ἐρχόμενος), l'« Alpha et l'Oméga », la première et la dernière lettres de l'alphabet grec, symbolisant l'existence de Dieu au commencement et à la fin. Suit une première vision du Christ (1,9-20) qui apparaît avec des attributs merveilleux et royaux attestant sa divinité51. Les chapitres 2 et 3 regroupent des lettres adressées aux différentes communautés de chrétiens des villes d'Asie Mineure occidentale, la plus longue étant adressée à Thyatire et la plus courte à Smyrne52. L'auteur avertit des dangers guettant les communautés, externes à celles-ci comme des persécutions, mais aussi internes, comme les faux enseignements et la suffisance52, le consentement au monde présent51 ; le nicolaïsme y est notamment dénoncé. Il évoque le martyre d'Antipas de Pergame.
Visions
Après cette partie épistolaire, il n'est pas aisé de distinguer le plan d'ensemble que l'auteur a donné au livre mais, généralement, les exégètes s'accordent pour distinguer deux grandes parties dans l'expérience de révélation, l'une commençant avec la vision d'une porte ouverte dans le ciel (4,1), la suivante débutant par un grand signe qui apparaît dans le ciel (12,1)53.
La première série de visions est ainsi regroupée dans les chapitres 4 à 11 et débute (4-5) par les visions de Dieu et de l'Agneau — l'un créateur et l'autre rédempteur53 — entourés d'une cour céleste incluant le tétramorphe, glorifiés tour à tour dans une célébration cultuelle cosmique51. Le « Livre aux sept sceaux », un codex qui peut être lu recto-verso, et scellé de sept sceaux, apparaît dans la vision ; il pourra être ouvert par l'Agneau53.
La partie suivante de cette première série (6 à 11) met en scène le jugement du Monde comme témoignage de la colère51 et du jugement eschatologique de Dieu54 dans les chapitres concernant l'ouverture des sept sceaux (6,1-17 ; 8,1-5) — où apparaissent les Cavaliers de l'Apocalypse — et les sept trompettes de sept anges (8,6-9,21 ; 11,15-19), proposant une série de catastrophes qui ne sont interrompues que par la présentation des 144 000 élus et d'une foule de toutes nations (7) puis par l'épisode de l'ingestion du petit livre (10) et des deux témoins élevés au ciel (11), épisodes qui soulignent l'importance du témoignage51.
La seconde série de visions (12-22,5) met en scène de manière symbolique la lutte eschatologique qui oppose Dieu, le Christ et son peuple à Satan et aux puissances terrestres inspirées par ce dernier51. Elle commence par trois chapitres de visions qui introduisent le personnage du « Dragon » (12) — « l'antique serpent, celui qu'on nomme Diable et Satan », qui combat la descendance de « la femme » avant d'être vaincu par l'archange Michel pendant l'épisode de la guerre des anges — et des deux « bêtes », l'une issue de la mer, l'autre de la terre, qui dominent le reste de l'ouvrage dans des passages qui sont souvent considérés comme le cœur de l’Apocalypse55. La Bête surgie de la mer (13,1-10), avec dix cornes et sept têtes, incarne les persécutions de l'empire romain idolâtre tandis51 que la Bête venue de la terre (13,11-18), avec deux cornes tel un agneau mais parlant comme le Dragon, est une parodie malveillante du Christ56, assimilée à un faux prophète : elle marque les gens sur la main ou sur le front, à l'instar des serviteurs de Dieu. Elle incarne le système impérial dominant, le culte de l'empereur et le sacerdoce païen à son service56 qui menacent ceux qui refusent de se plier à ses règles51.
La communauté des 144 000 en communion avec l'Agneau (14, 1-5) survit aux assauts des Bêtes et du Dragon et le jugement auquel Satan et ses affidés seront soumis est ensuite décrit (14,6-20). Comme aux chapitres 8 et 9 apparaissent alors sept anges et leurs malheurs (15-16) avant que n'interviennent les jugements de la grande prostituée et de Babylone, symboles probables de Rome et de l'Empire idolâtre (17-18), dont les richesses et le luxe ne sont que des biens fragiles et éphémères51.
Adoration du Christ. Noces de l'agneau. Ange appelant les oiseaux. Combat contre la bête. La bête et le faux prophète dans le feu.,
Apocalypse flamande, vers 1400.
Les croyants célèbrent alors la victoire (19,1-10) tandis que le jugement, au-delà du seul Empire, devient cosmique (19,11-20) ouvrant à la victoire du Messie sur les Bêtes, le faux prophète (19,21-20) et le Dragon momentanément enchaîné pour mille ans, pendant le règne sur terre du Christ et des saints martyrs (20,1-6) avant l'affrontement final avec Satan libéré. Celui-ci rassemble Gog, Magog et les nations de la Terre avant d'être précipité dans le lac de feu où ont déjà échoué les Bêtes avant lui (20,7-15)57.
C'est alors la venue du nouveau monde, de nouveaux cieux et d'une nouvelle terre remplaçant les précédents, dévastés51 tandis qu'une nouvelle Jérusalem descend du ciel (21-22)57.
Épilogue
L'épilogue est composé des versets 6 à 21 du chapitre 22. Il met à nouveau en valeur le voyant ainsi que son propos prophétique appuyés par l'autorité de l'Alpha et Oméga, demande de ne pas le maintenir secret car la fin des Temps est proche et de ne rien retrancher ou ajouter aux paroles prophétiques de l'ouvrage58. Ayant présenté les termes de la victoire du Christ, l'auteur exprime la certitude de son accomplissement qui s'exprime dans la proclamation liturgique finale : « Maranatha, viens Seigneur Jésus » (22,21)59.
Interprétations
Interprétations générales
Symbolique au Ier siècle
La littérature apocalyptique est une littérature de résistance par laquelle les visionnaires font à la fois entendre un message d'interpellation, en portant un regard critique sur le monde dans lequel ils vivent, mais aussi d'espérance pour des groupes fragilisés qui sont ou se sentent opprimés. L’Apocalypse de Jean s'adresse à son auditoire dans un langage symbolique qui permet de discourir sur l'action divine et l'avènement d'un nouveau monde, ainsi que de représenter la réalité transcendante dont il rend compte60.
Le langage et les codes utilisés visent des auditoires particuliers et ciblés dont les élus peuvent comprendre les images, qui ne sont toutefois pas pour autant ésotériques. Celles-ci sont en effet parlantes et claires pour les auditeurs du Ier siècle, lesquels sont habitués aux références vétérotestamentaires, aux Écritures judaïques et aux allusions métaphoriques sur la situation politique ou culturelle du temps60. Ce langage symbolique doit d'ailleurs éloigner de toute interprétation littérale du texte : son objet n'est pas de proposer un déroulement de faits chronologiques mais plus résolument d'annoncer un message salvifique61 dans l'histoire des hommes, la victoire de Dieu et du Christ sur Satan et les forces du mal60 dans un texte qui ne peut être reçu que dans son entier plutôt que découpé en analyses spéculatives sur les symboles de passages isolés, par essence anachroniques appliqués à un autre temps que le Ier siècle auquel il est destiné, et souvent farfelus61.
Le langage hautement symbolique de ce livre a ouvert la voie à de très nombreuses interprétations, qui diffèrent selon les sensibilités et les époques. Cependant quatre grands courants sont en général proposés62 :
- Un premier courant développe une approche « prétériste » (praeter : devant), s'attache au contexte historique dans lequel l'Apocalypse a été rédigé, prenant essentiellement en considération l'auteur du livre et le public contemporain auquel il s'adresse63. Cette approche considère les prophéties comme réalisées, soit, pour certains avec la chute du Temple de Jérusalem en 70, soit, pour d'autres, avec la chute de Rome au Ve siècle. C'est l'approche retenue par la plupart des confessions chrétiennes comme les catholiques, les anglicans, les presbytériens63...
- Le second courant, « présentiste » ou « historiciste », fait le rapprochement de l'actualité et des événements décrits dans le texte64. Cette approche a été populaire dès le christianisme primitif, par exemple avec l'un des premiers commentateurs de l'Apocalypse Victorinus de Pettau, et a connu son apex au début de la Réforme, au XVIe siècle64. Un de ses représentants les plus marquants est le cistercien médiéval Joachim de Flore qui a livré le premier commentaire complet historiciste de l'ouvrage64. De nombreuses personnalités illustres ont soutenu cette vision, comme Wycliffe, Luther, John Knox ou encore Isaac Newton. C'est une approche que l'on retrouve désormais essentiellement dans des branches fondamentalistes ou conservatrices du christianisme64. Elle a servi de prétexte à de nombreuses prédictions de fin du monde.
- Le troisième courant, « futuriste », « dispentionaliste » ou « eschatologique », voit dans ce livre une peinture des événements encore à venir, une prophétie65. Les sept communautés auxquelles s'adresse l'auteur de l'Apocalypse sont lues non comme des églises mais comme sept périodes de l'histoire — ou « dispentiations » — et les tenants de cette interprétation considèrent généralement qu'ils vivent la sixième de celles-ci, pénultième avant la fin des temps. C'est une lecture que partageaient certains Pères de l'Église comme Irénée de Lyon ou Justin de Naplouse et que l'on retrouve essentiellement au sein des courants évangéliques conservateurs65. Cette approche a donné lieu à de multiples interprétations, visant à rattacher les symboles à des événements du présent.
- Le quatrième courant, « idéaliste », voit l’Apocalypse comme un combat entre les forces du bien et celles du mal qui résident en chaque homme66. Elle est marquée par l'optimisme postmillénariste et prolonge la tradition allégorique de Clément et Origène d'Alexandrie s'opposant alors à la lecture littéraliste adoptée par l'école d'Antioche62. Tout y est affaire de symboles et de spiritualité, la lecture de l'ouvrage ne se référant à aucun évènement historique passé ou à venir : l'Apocalypse délivre des vérités chrétiennes universelles et éternelles66. Cette lecture positive du Livre de la Révélation a contribué à ce qu'il intègre le canon biblique et a été développée au siècle des Lumières par des théologiens postmillénaristes comme Jonathan Edwards66.
Millénarisme
Le millénium est le terme employé pour désigner le règne de mille ans de Jésus-Christ sur Terre décrit dans le chapitre 20 de l’Apocalypse. Il existe plusieurs conceptions du millénium, qui peuvent être globalement classées en trois catégories.
- Les prémillénaristes ou millénaristes conçoivent le millénium littéralement : le règne de 1 000 ans du Messie sur Terre. Le retour de Jésus-Christ, qui met fin au règne des deux Bêtes et du faux prophète, amène le début du millénium. Selon certains, l'Église serait enlevée dans un premier temps, puis accompagnerait la parousie, débutant ainsi le millénium. Après ce millénaire auraient lieu la disparition de la Terre devant Dieu et le Jugement dernier.
- Les postmillénaristes pensent que le retour de Jésus-Christ se fera après les mille ans de règne. Ils assimilent le millénium avec le règne de l'Église catholique. Les mille ans, et la première résurrection d'Ap 20. 1-6 [archive] correspondraient à une victoire provisoire de l'Église du Christ après la chute annoncée de l'Empire romain (cf. Ap 18. 21 [archive]). En somme un temps de chrétienté, avant un retour offensif de l'esprit du mal (cf. Ap 20. 7 [archive]). La thèse de Gaston Georgel (Les quatre âges de l'Humanité) s'inscrirait dans cette perspective qui situe le millénium comme étant compris entre l'édit de Milan (phonétiquement 1 000 ans) en 313 et la destruction de l'ordre des Templiers en 1313. Cette thèse fondée sur les travaux d'un ecclésiastique, Decouvoux, fait du millénium l'âge d'or du christianisme, comme prélude au déchaînement de Satan vers la fin d'un cycle. Les amillénaristes refusent la pensée d'un règne de Jésus-Christ sur Terre. Ils assimilent le millénium au règne éternel (Ch. 21 et 22) et appliquent les prophéties concernant le rétablissement d'Israël à l'Église.
Eschatologie
Plusieurs autres textes de la Bible parlent de la fin des temps. Au début du chapitre 24 de l'Évangile selon Matthieu, Jésus est interrogé sur le moment et les signes de son avènement et de la fin du monde. Le Livre de Daniel, présente lui aussi des prophéties ayant trait à la fin des temps. Plusieurs théologiens protestants dont Charles-Auguste Auberlen67 font le rapprochement. Le prophète Isaïe évoque lui aussi de nouveaux cieux et une nouvelle terre, comme dans les derniers chapitres de l’Apocalypse.
Les trompettes sont un thème important de l'eschatologie68. Les trompettes de Jéricho69 qui annoncent la conquête de la terre promise par Josué sont parfois mises en parallèle avec les trompettes de l’Apocalypse qui annoncent la seconde venue de Jésus.
Le « nombre de la Bête »
Un « nombre de la Bête » figure dans le texte au chapitre 13, verset 18. Ce nombre est « six cent soixante-six » ou, en chiffres arabes, « 666 », quoique quelques manuscrits comportent le nombre « six cent seize » ou « 616 »70 ou encore « 665 ».
Cette marque relevant de la spéculation littéraire chiffrée commune au genre littéraire apocalyptique doit permettre d'identifier la Bête de l'Apocalypse – sans qu'il soit précisé laquelle – dans une symbolique, déjà présente dans le livre de Daniel, qui représente un pouvoir politique71. Ce nombre de la Bête a donné lieu à nombre d'interprétations à travers les siècles.
Œuvres inspirées par le livre biblique
L'importance de l’Apocalypse dans le christianisme occidental a rendu ce thème très présent dans les beaux-arts, notamment au Moyen Âge et à la Renaissance. Il est moins systématiquement utilisé dans l'orthodoxie, même si elle connait de très belles représentations du Jugement dernier, thème iconographique qui cependant est sans relation directe avec le livre de l'Apocalypse. La musique religieuse a également abondamment traité le sujet. Pour des raisons opposées (la présence du péché et l'occurrence de la damnation), la thématique apocalyptique a également un certain succès dans le hard rock et le metal.
Arts graphiques
- L'Apocalypse de 1313, un manuscrit de l'Apocalypse de Jean enluminé.
- L'Apocalypse de Douce, un manuscrit de l'Apocalypse de Jean enluminé.
- L'Apocalypse de Lambeth, un manuscrit de l'Apocalypse de Jean enluminé.
- L'Apocalypse de Trèves, un manuscrit de l'Apocalypse de Jean enluminé.
- L'Apocalypse de Trinity College, un manuscrit de l'Apocalypse de Jean enluminé.
- L'Apocalypse figurée des ducs de Savoie, un manuscrit de l'Apocalypse de Jean enluminé.
- L'Apocalypse flamande, un manuscrit de l'Apocalypse de Jean enluminé.
- Les peintures de la chapelle haute de l'église abbatiale de Saint-Chef (Isère)72.
- Le tympan de l'Abbatiale de Sainte-Foy de Conques, dans l'Aveyron.
- Le tympan de la Cathédrale Saint-Lazare d'Autun, en Saône-et-Loire, financé ou réalisé73 par un certain Gislebert au XIe siècle.
- Le vitrail de l'Apocalypse de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges (XIIIe siècle).
- La Tenture de l'Apocalypse d'Angers, datant du XIVe siècle.
- La rose de la Sainte-Chapelle (vers 1485-1490).
- Le jugement dernier, de la cathédrale Sainte-Cécile d'Albi (Tarn) (1474 et 1484).
- L'Apocalypse illustrée d'Albrecht Dürer, série de 15 gravures sur bois, 1498.
- L'Apocalypse figurée de Jean Duvet, gravures et texte français, 1546-1561.
- les nombreuses représentations du Jugement dernier dans la peinture médiévale.
- Les huit tapis de l'Apocalypse de Philippe II d'Espagne, tissés à Bruxelles chez Dermoyen en 1553-1555 dans le style de Bernard van Orley.
- Les grilles monumentales de l'église Saint Jean l'évangéliste à Dôle, Maurice Calka, 1964.
- Les vitraux du chœur de la Cathédrale Saint-Lazare d'Autun, 1559.
- Fresques de Goury Nikitine Cathédrale de l'Élévation de la Croix (Toutaïev), 1658.
- Les représentations de l'Immaculée conception74.
- Saint Jean, L'Apocalypse, livre enrichi de 20 lithographies originales hors texte par Édouard Goerg, 198 exemplaires numérotés, Jacques Hautmont éditeur, Paris, 1945.
- Fresques de l'Apocalypse selon Saint-Jean achevée en juin 1991, au Couvent de la Présentation de Manosque, par le peintre Jean Carzou (1907-2000).
- L'Apocalypse de Saint Jean, livre pesant 210 kg, réalisé par Joseph Forêt en 1960, illustré par des artistes célèbres : Salvador Dalí, Pierre-Yves Trémois, Georges Mathieu, Tsugouharu Foujita, Roger Lersy...
- Livre peint 7 (sept) Tonnerres, avec les extraits d’Apocalypse de Saint Jean (version Louis Segond) scriptés à l'encre de Chine et sept peintures à l'aquarelle Ouverture des sceaux, réalisé par l'artiste Serge Chamchinov en 201075.
- Apocalypse, suite de peintures du plasticien contemporain Philippe Guesdon, revisitant les 15 gravures de l'Apocalypsis cum figuris d'Albrecht Dürer. Ce travail présenté à la médiathèque du Grand Troyes, à Yerres et Abbeville a fait l'objet d'un catalogue: Ressentis, peintures de gravures, 2015 avec un texte de Gilbert Lascault.
- L'Apocalypse de Saint-Émilion, peinture murale de 38,5 m de long sur 5 mètres de haut, traitant de manière synchronique et non chronologique de l'ensemble de l'Apocalypse, installée dans le cloître de la Collégiale. Commandée par le curé de Saint-Émilion, l'Abbé Émeric de Rozières, au peintre François Peltier, elle a été inaugurée le 16 décembre 2018 par le Cardinal Ricard archevêque de Bordeaux et Évêque de Bazas en présence de Monseigneur Herbreteau, Évêque d'Agen.
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- Divers œuvres sur l’Apocalypse
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L'apparition de l'ange à Jean, (Codex 31), bibliothèque de la ville de Trèves.
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Musique
- Une partie du texte des messes de requiem se réfère au Jugement dernier et à l'Apocalypse (Dies iræ en particulier).
- Pierre Henry en a donné une interprétation musicale.
- Le Quatuor pour la fin du Temps d'Olivier Messiaen a été inspiré par une citation de l'Apocalypse de Saint Jean.
- Bob Marley se réfère abondamment à l'Apocalypse dans ses chansons, notamment dans son célèbre Redemption Song et dans Natural Mystic (où il évoque notamment les trompettes).
- L'album 666 des Aphrodite's Child.
- Le groupe heavy metal Iron Maiden a composé une chanson intitulée The number of the beast dans laquelle il fait référence à l'Apocalypse, en commençant par exemple par citer deux extraits de ce livre biblique76. L'album suivant, Piece of Mind, s'orne d'une citation extraite de l'Apocalypse.
- Le groupe de métal gothique Lacuna Coil a nommé une de ses musiques Apocalypse dans son album intitulé Black Anima.
- Le groupe de métal gothique progressif Saviour Machine a réalisé une trilogie Legend Part I, II, III mettant en musique le livre de l'Apocalypse. Un quatrième disque serait en finalisation[réf. souhaitée]. Saviour Machine est un groupe californien étiqueté White Metal style, composé d'artistes chrétiens77.
- The Rivers of Belief, troisième et dernier extrait du mouvement Back to the Rivers of Belief de l'album MCMXC a.D., d'Enigma, y fait référence (avec le sample d'un titre de l'album 666, des Aphrodite's Child), tout comme l'album.
- L'album Sounding the Seventh Trumpet du groupe de heavy metal américain Avenged Sevenfold.
- Un remix de la chanson Justify My Love de Madonna, The Beast Within Mix, n'utilise que le refrain et certaines paroles de la chanson, les couplets sont des phrases prises de l'Apocalypse de la Bible.
- Sur son disque Québec Love, de 1969, le chanteur québécois Robert Charlebois chante La fin du monde (avec Mouffe, Louise Forestier et Yvon Deschamps) dont les paroles sont basées sur l'Apocalypse. D'ailleurs, les paroles sont attribuées à Jean l'Évangéliste.
- Sur Playing the Angel, le groupe Depeche Mode a intitulé une chanson John the Revelator (titre d'un vieux blues) faisant référence à l'auteur de l'Apocalypse par opposition à l'Evangéliste.
- L'oratorio L'Apocalypse selon Saint Jean du compositeur Jean Françaix, créé en 1942 à Paris.
Littérature
Cinéma et télévision
- L'un des chefs-d'œuvre d'Ingmar Bergman, Le Septième Sceau (mais le film se déroule en réalité pendant la peste noire).
- Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, film de Vincente Minnelli (1962)
- Le film de science fiction Holocauste 2000.
- la série de films La Malédiction dont le premier volet sort en 1976.
- Le film de science fiction et d'horreur Alien 3 datant de 1992, de David Fincher évoque l'Apocalypse vu de l'œil de prisonniers sur une planète lointaine s'étant inventé une forme de religion mélangeant un fondamentalisme chrétien teinté de millénarisme apocalyptique.
- La série télévisée américaine Supernatural, a pour thème l'Apocalypse durant les quatrième et cinquième saisons.
- La série télévisée Dexter, a pour thème l'Apocalypse durant la sixième saison, diffusée en 2011 aux États-Unis.
- La série Apocalypsis parle aussi de l'Apocalypse dans le cinquième livre Oméga.
- Le film Légion, l'armée des anges, de Scott Charles Stewart, sorti le 17 mars 2010, traite de l'Apocalypse exécutée par les anges sur ordre de Dieu.
- Le film de science-fiction Southland Tales (2006) de Richard Kelly dont l'intrigue est une adaptation libre de l'Apocalypse à notre époque (suite de la bande dessinée Southland Tales (en).
- Le film C'est la fin se déroule durant l'Apocalypse, mais la présente de façon comique.
- Sleepy Hollow est une série télévisée américaine créée par Alex Kurtzman, Roberto Orci, Phillip Iscove et Len Wiseman.
- Dans la série The Messengers, les Messagers sont des anges dont l'objectif est d'empêcher l'Apocalypse en arrêtant les quatre Cavaliers de l'Apocalypse (Guerre, Pestilence, Mort et Famine).
- Dans le film Sherlock Holmes : jeux d'ombres, le prisonnier sataniste récite un passage de l'Apocalypse.
- La série Calls, réalisée par Timothée Hochet, évoque l'apocalypse à travers des enregistrements audios retraçant des événements tragiques dans le monde.
- La saison 8 de la série American Horror Story a lieu après une apocalypse nucléaire et raconte l'histoire de ses survivants. La série est intitulée American Horror Story : Apocalypse.
Autres
- Apocalypsis cum figuris, spectacle du Théâtre-Laboratoire de Jerzy Grotowski. Première représentation en 1969, dernière en 1980.
- Le Ragnarök et la Völuspá de la mythologie scandinave. De nombreux chercheurs rapprochent ces textes de ceux de la Bible, notamment de l'Apocalypse78,79,80,81.
- La bande dessinée d'Alex Alice et Xavier Dorison, Le Troisième Testament.
- La bande dessinée en trois tomes Southland Tales (en), préquelle du film Southland Tales (2006).
- Le manga X des CLAMP est une retranscription de ce que pourrait être l'apocalypse dans un monde moderne.
- Suivront mille ans de calme, chorégraphie de Angelin Preljocaj.
- De bons présages, de Neil Gaiman et Terry Pratchett.
- La série de jeux vidéo Darksiders propose une réinterprétation du récit biblique à travers l'histoire des quatre Cavaliers de l'Apocalypse.
- Vasile Constantinescu, Apocalipsa decodificā sau Schimbarea algoritmului [L'apocalypse décodifiée ou Le changement d'algorithme] (2002). Essai philosophique et eschatologique.
- Edouard Launet, Signes précurseurs de la fin du monde [archive], chronique (2018-2019)
Notes et références
- Cuvillier 2008, p. 387.
- Toutes choses nouvelles : deux ouvrages sur « L’Apocalypse » [archive]. Un essai éclairant et une traduction commentée de « L’Apocalypse » invitent à relire le texte fascinant et énigmatique qui clôt le Nouveau Testament. La Croix.
- Frédéric Amsler et Enrico Norelli, « Qu'est-ce qu'une apocalypse », dans Religions et histoire no 34, juillet-août 2010, p. 20.
- Raymond Edward Brown 2011, p. 830.
- Poucouta 2001, p. 455.
- Raymond Edward Brown 2011, p. 832.
- Poucouta 2001, p. 456.
- Poucouta 2001, p. 461.
- Raymond Edward Brown 2011, p. 833.
- Cuvillier 2008, p. 424.
- Paul Mattei, Le Christianisme antique de Jésus à Constantin, éd. Armand Colin, 2008, p. 28.
- La Bible, Écrits intertestamentaires, Gallimard, 1987
- Albert-Marie Denis, Introduction aux pseudépigraphes grecs d'Ancien Testament, vol. 1, 1970, p. 17.
- Livre biblique pseudépigraphe attribué au scribe israélite Esdras et écrit au Ier siècle.
- Elian Cuvillier, « L'Apocalypse de Jean », dans Daniel Marguerat, Introduction au Nouveau Testament, Genève, Labor et Fides, , p. 420.
- Justin de Naplouse, Dialogue, 81,4.
- Cuvillier 2008, p. 394.
- Raymond Edward Brown 2011, p. 859.
- Ainsi qu'en témoignent le Fragment de Muratori, Clément d'Alexandrie, Tertullien, Hippolyte de Rome ou encore Victorinus.
- Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, éd. Nouvelle Clio/Presses universitaires de France, 2006, p. 216.
- Ap 1. 9 [archive].
- Cuvillier 2008, p. 395.
- Marcel Simon, André Benoit, Le judaïsme et le christianisme ancien, Presses universitaires de France, coll. « Nouvelle Clio », Paris, 1998 (ISBN 2-13-045723-1), p. 226.
- Cuvillier 2008, p. 420.
- Ap 18. 20 [archive] et Ap 21. 14 [archive].
- Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée.
- Raymond E. Brown (trad. de l'anglais), Que sait-on du Nouveau Testament ?, Montrouge, Bayard, , 921 p. (ISBN 978-2-227-48252-4, BNF 42404452), p. 860, note 67.
- Marie-Françoise Baslez, Bible et histoire : Judaïsme, hellénisme, christianisme, Paris, Gallimard, coll. « Folio histoire », , 485 p. (ISBN 978-2-07-042418-4, BNF 38971329), p. 371.
- Cuvillier 2008, p. 421.
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- Cuvillier 2008, p. 428.
- Cuvillier 2008, p. 423.
- Raymond E. Brown (trad. de l'anglais), Que sait-on du Nouveau Testament ?, Montrouge, Bayard, , 921 p. (ISBN 978-2-227-48252-4, BNF 42404452), p. 860.
- Raymond Edward Brown 2011, p. 831.
- Ap 2. 13 [archive] et Ap 13 [archive].
- Raymond Edward Brown 2011, p. 864.
- Cuvillier 2008, p. 423-424.
- Raymond Edward Brown 2011, p. 862.
- Cuvillier 2008, p. 422.
- (en) K. L. Gentry, Before Jerusalem fell, 420 p. (lire en ligne [archive])
- Edouard Reuss, L'Apocalypse (extrait de La Bible, traduction nouvelle, NT, 4è partie), Paris, Sandoz et Fischbacher, , 150 p.
- Raymond Edward Brown 2011, p. 865.
- Frédéric Amsler, « Les apocalypses byzantines comme miroires sociaux », Religions et histoire, Faton, no 34 « Apocalypses juives, chrétiennes et musulmanes », , p. 42 (ISSN 1772-7200).
- Jean-Daniel Kaestli, « Histoire du canon du Nouveau Testament », dans Daniel Marguerat (dir.), Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, , 4e éd. (ISBN 978-2-8309-1289-0), p. 505.
- Jean-Daniel Kaestli, « Histoire du canon du Nouveau Testament », dans Daniel Marguerat (dir.), Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, , 4e éd. (ISBN 978-2-8309-1289-0), p. 498.
- Jean-Daniel Kaestli, « Histoire du canon du Nouveau Testament », dans Daniel Marguerat (dir.), Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, , 4e éd. (ISBN 978-2-8309-1289-0), p. 495.
- Dans sa 39e Lettre Festale datée de 367, il propose la première attestation de la liste des 27 livres reçus qui recoupe le Nouveau Testament que nous connaissons ; cf. Jean-Daniel Kaestli, « Histoire du canon du Nouveau Testament », dans Daniel Marguerat (dir.), Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, , 4e éd. (ISBN 978-2-8309-1289-0), p. 482.
- Jean-Daniel Kaestli, « Histoire du canon du Nouveau Testament », dans Daniel Marguerat (dir.), Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, , 4e éd. (ISBN 978-2-8309-1289-0), p. 502.
- Jean-Daniel Kaestli, « Histoire du canon du Nouveau Testament », dans Daniel Marguerat (dir.), Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, , 4e éd. (ISBN 978-2-8309-1289-0), p. 499.
- Raymond Edward Brown 2011, p. 837.
- Cuvillier 2008, p. 415.
- Raymond Edward Brown 2011, p. 839.
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- Cuvillier 2008, p. 416.
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- Raymond Edward Brown 2011, p. 866.
- (en) Gilbert Desrosiers, An Introduction to Revelation : A Pathway to Interpretation, A&C Black, , 136 p. (ISBN 978-0-567-08179-7, présentation en ligne [archive]), p. 29
- (en) Gilbert Desrosiers, An Introduction to Revelation : A Pathway to Interpretation, A&C Black, , 136 p. (ISBN 978-0-567-08179-7, présentation en ligne [archive]), p. 30-32
- (en) Gilbert Desrosiers, An Introduction to Revelation : A Pathway to Interpretation, A&C Black, , 136 p. (ISBN 978-0-567-08179-7, présentation en ligne [archive]), p. 32-33
- (en) Gilbert Desrosiers, An Introduction to Revelation : A Pathway to Interpretation, A&C Black, , 136 p. (ISBN 978-0-567-08179-7, présentation en ligne [archive]), p. 34-35
- (en) Gilbert Desrosiers, An Introduction to Revelation : A Pathway to Interpretation, A&C Black, , 136 p. (ISBN 978-0-567-08179-7, présentation en ligne [archive]), p. 35-36
- « Le Prophète Daniel et l'Apocalypse de saint Jean, considérés dans leurs rapports réciproques et étudiés dans leurs principaux passages » [archive], sur ba.21.free.fr
- « Les sept trompettes de l'Apocalypse vont affecter l'humanité » [archive], sur vieespoietverite.org.
- « Les lieux de la Bible : Jéricho, des trompettes à la conversion de Zaché » [archive], sur fr.aleteia.org, .
- papyrus 115 (en) des Papyri d'Oxyrhynque
- l'empire grec des successeurs d'Alexandre chez Daniel, chapitre VII et l'Empire romain dans l'Apocalypse ; cf André Paul, article "La Bête de l'Apocalypse", in Encyclopædia Universalis, 2010
- site officiel de la commune de Saint-Chef et ses fresques [archive]
- Un doute subsiste en ce qui concerne l'épigraphe : GISLEBERTVS HOC FECIT située au milieu du tympan. Voir Pierre Alain Mariaux, « Quelques hypothèses à propos de l’artiste roman », Médiévales, no 44, Paris, PUV, printemps 2003, p. 199-214.
- "Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête." Apocalypse 12.
- Cet exemplaire unique est conservé à la Bibliothèque Toussaint d'Angers. Voir aussi l'édition du Laboratoire du livre d'artiste, 2010 7(sept) Tonnerres avec le jeu typographique et la xérographie de 7 peintures fac-similées de Serge Chamchinov, 7 sceaux (gravures en relief) sur papier Japon 80 g/m2, Canson 120 g/m2, format 30x30mm, tirage 12 exemplaires. Cette version du livre est consultable à la bibliothèque Forney à Paris, au fonds patrimonial de la bibliothèque centrale de Caen, au Musée de la Reliure et de l'Art du Livre à Bruxelles et à la Fondation Martin Bodmer à Cologny.
- http://www.maidenfrance.fr/dossiers/dossier_suite_204_104_the+number+of+the+beast.html [archive]
- http://www.seventhcircle.net/legend.htm [archive]
- Turville-Petre, G. Origins of Icelandic literature. Oxford : Clarendon Press, 1967. p. 60.
- Orchard, Andy. Cassell's dictionary of Norse myth and legend. London : Cassell, 2002. (Cassell reference). (ISBN 0-304-36385-5).
- Simek, Rudolf. Lexikon der germanischen Mythologie. 3., völlig überarb. Auflage. Stuttgart : Kröner, 2006. (Kröners Taschenausgabe ; 368). (ISBN 3-520-36803-X).
- The Poetic Edda. Ed. with translation, introd. and commentary by Ursula Dronke. 2, Mythological poems. Oxford : Clarendon press, 1997. p. 162. (ISBN 0-19-811181-9).
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
- John H. Alexander, L'Apocalypse verset par verset, La Maison de la Bible, Genève-Paris, 9e édition, 2001.
- Ernest-Bernard Allo, Saint Jean, L'Apocalypse, éd. Large, 1933.
- Paule Amblard (commentaires) (préf. Paule Amblard, Le chemin de l'Apocalypse), L'Apocalypse [de] saint Jean illustrée par la tapisserie d'Angers, Paris, Éditions Diane de Selliers, , 405 p., 34 cm (ISBN 978-2-903656-75-1, BNF 42335398).
- Hans Urs von Balthasar, L’Apocalypse, Éditions du Serviteur, 2000 (Court et dense commentaire).
- Pierre Mourlon Beernaert, Agneau et Berger, le Christ de l'Apocalypse, coll. Connaître la Bible, no 54, Bruxelles, Lumen Vitae, 2009, 80 p. (ISBN 978-2-87324-351-7).
- Georges Bordonove, Les quatre cavaliers, Julliard, 1962.
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- Charles Brütsch, La clarté de l'Apocalypse, Commentaires bibliques, Labor et Fides, Genève, 1966.
- Édouard Cothenet, Le Message de l’Apocalypse, éd. Mame/Plon, 1995.
- Norman Cohn, The Pursuit of the Millennium, Fairlawn, N.J., Essential Books Inc., 1957 ; 2e éd. The pursuit of the millennium : revolutionary messianism in medieval and Reformation Europe and its bearing on modern totalitarian movements, New York, Harper, « Harper Torchbooks », 1961 ; 3e éd. revue et augmentée The pursuit of the millennium : revolutionary millenarians and mystical anarchists of the Middle Âges, Londres, Maurice Temple Smith Ltd., 1970 ; Londres, Paladin, 1970 ; New York, Oxford University Press, 1970 ;rééd. augmentée Oxford University Press, 1992 (ISBN 0195004566) ; Londres, Pimlico, 1993 (ISBN 0712656642), trad. (fr), Les fanatiques de l'Apocalypse. Courants millénaristes révolutionnaires du XIe au XVIe siècle, avec une postface sur le XXe siècle, traduit de l'anglais par Simone Clémendot avec la collaboration de Michel Fuchs et Paul Rosenberg, Paris, Julliard, « Dossiers des lettres nouvelles », [1962] ; revue et augmentée, Les Fanatiques de l'Apocalypse : millénaristes révolutionnaires et anarchistes mystiques au Moyen Âge, traduction revue par l'auteur et complétée par Maurice Angeno, Paris, Payot, « Bibliothèque historique », 1983 (ISBN 2228132101) ;
- Henri Crouzel, « Le dogme de le Rédemption dans l'Apocalypse », 1957, tome 58, no 2, p. 65-92 (lire en ligne) [archive]
- Elian Cuvillier, « Apocalypse de Jean », dans Daniel Marguerat (dir.), Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, , 4e éd. (ISBN 978-2-8309-1289-0)
- Alain Decaux, La révolution de la croix. Néron et les chrétiens.
- Edouard Delebecque, L’Apocalypse de saint Jean, éd. Mame, 1992 (Commentaire grammatical et philologique).
- Jacques Ellul, L'Apocalypse : Architecture en mouvement, Genève, Labor & Fides, , 2e éd. (1re éd. 1975 Paris : Desclée), 307 p. (ISBN 978-2-8309-1288-3, BNF 41353574)
- Jacques Ellul, Conférence sur l'Apocalypse de Jean, Nantes, AREFPPI, , 182 p. (ISBN 978-2-905484-02-4)
- Max Gallo, Les Romains, Tome 2 : Néron, le Règne de l'Antéchrist, Fayard, 2006. (L'auteur part de l'hypothèse que Néron serait bien l'Antéchrist, désigné par saint Paul et par saint Jean).
- Gaston Georgel, Les quatre âges de l'Humanité.
- Léon Herrmann, La Vision de Patmos, Bruxelles, coll. Latomus LXXVIII, 1965 (texte grec de l'Apocalypse, avec traduction française en regard).
- Alfred Läpple, L'Apocalypse de Jean, éd. du Cerf, 1970.
- Pierre de Martin de Viviés, Apocalypses et cosmologie du salut, Éditions du Cerf, coll. « Lectio divina » no 191, 2002, 416 p. (ISBN 2-204-07008-4), prix Jean et Maurice de Pange
- Martine Nardin, osb, « L’Apocalypse revisitée », Nouvelle Revue théologique, vol. 129, no 3, , p. 371-387 (lire en ligne [archive])
- Claire Patier, L'Esprit et l'épouse disent "Viens !" (Ap 22,17), coll. Connaître la Bible, no 32, Bruxelles, Lumen Vitae, 2003, 80 p. (ISBN 2-87324-214-0).
- Paulin Poucouta, « L'Apocalypse johannique », dans Michel Quesnel et Paul Gruson (dirs.), La Bible et sa culture, vol. II, Desclée de Brouwere, .
- Pierre Prigent, L'Apocalypse de saint Jean, éd. Labor et Fides, 2000.
- Gilles Quispel, Le livre secret de l'Apocalypse, Albin Michel, 1981.
- Joël Rochette, Il nous a déliés de nos péchés. Lecture revigorante de l'Apocalypse de saint Jean, coll. Connaître la Bible, no 44, Bruxelles, Lumen Vitae, 2006, 80 p. (ISBN 978-2-87324-292-3).
- Yves Saout, Je n’ai pas écrit l’Apocalypse pour vous faire peur, éd. Bayard, 2000.
- Jean Robin, Veilleur, où en est la nuit ? Introduction à l'Apocalypse, Paris, Guy Trédaniel, 2000, 344 p. (ISBN 978-2844451552)
- Frits van der Meer, L'Apocalypse dans l'art, Paris, Éd. du Chêne, 1978, 368 p., ill.
Articles connexes
Liens externes
Tenture de l'Apocalypse
La Tenture de l'Apocalypse
Une partie des six pièces qui composent la tenture de l'Apocalypse.
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450 × 10 000 cm
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La tenture de l'Apocalypse (ou les tapisseries de l'Apocalypse, ou encore l'Apocalypse d'Angers) est une représentation de l'Apocalypse de Jean réalisée à la fin du XIVe siècle sur commande du duc Louis Ier d'Anjou. Cette œuvre est le plus important ensemble de tapisseries médiévales subsistant au monde. L'ensemble, composé de six pièces successives découpées chacune en quatorze tableaux, est exécuté d'après des cartons de Hennequin de Bruges et témoigne du prestige de son commanditaire. La tenture est léguée à la cathédrale d'Angers au XVe siècle par le roi René.Après une longue période de négligence et de dégradations, elle est partiellement recomposée à partir du milieu du XIXe siècle, puis conservée et exposée dans le musée de la Tapisserie de l'Apocalypse. Celui-ci est situé, sur le site du château d'Angers, dans une très longue galerie construite à cet effet et inaugurée en 1954.Histoire
La tenture de l'Apocalypse, à usage princier, est commandée entre 1373 et 1377 par le duc Louis Ier d'Anjou au marchand lissier Nicolas Bataille, qui est le lissier le plus renommé de l'époque2. Nicolas Bataille la fait fabriquer vraisemblablement à Paris dans les ateliers de Robert Poinçon, d'après les cartons de Hennequin de Bruges (connu également sous le nom de Jean de Bruges ou Jean Bondol), peintre attitré du roi de France Charles V. Il est toutefois probable que ce sont plusieurs ateliers de tissage distincts qui travaillent en même temps à la demande de Bataille, comme en attestent les différences d'exécution selon les parties3. On date son achèvement aux alentours de 13802, voire 1382. Les inventaires successifs de la bibliothèque de Charles V sont utiles en la matière, puisqu'il est établi en 1380 que son manuscrit de l'Apocalypse a été « baillé à Mons. d'Anjou pour faire son beau tappis » ; or ce manuscrit est encore présent dans l'inventaire de 1373, ce qui exclut que sa confection ait pu commencer avant cette date4,N 1.
Le sujet de la tenture s'inspire en effet de manuscrits à miniatures illustrant le texte de l'Apocalypse de Jean. Outre le manuscrit cité appartenant à Charles V, les autres sources d'inspiration possibles pour la création de Hennequin sont nombreuses. Les chercheurs proposent différents manuscrits illustrés, et en particulier une Apocalypse du XIIe siècle, exécutée au monastère de Bethléem près de Cambrai (manuscrit no 482 de la bibliothèque de Cambrai) ; le manuscrit 1184 de la bibliothèque de Metz, celui du séminaire de Namur, 688 et 14 410 du fonds latin de la bibliothèque Nationale (Apocalypse provenant de l'abbaye Saint-Victor de Paris)4, etc. Il est néanmoins difficile d'identifier un seul manuscrit qui puisse être considéré comme source d'inspiration principale pour Hennequin5.
La tenture est utilisée pour des occasions solennelles. En 1400, elle est ainsi employée comme décor pour l'archevêché d'Arles à l'occasion du mariage du duc Louis II6.
Elle est ensuite donnée par le roi René à la cathédrale d'Angers au XVe siècle, par une clause spéciale de son testament qui est exécuté par Louis XI en 1461N 2. Elle fait alors partie du trésor de la cathédrale où elle est conservée dans des coffres, roulée sur elle-même. Elle est exposée dans la nef ou le transept lors de grandes fêtes religieuses (Pâques, Pentecôte, Toussaint, Noël) et de la Saint-Maurice (fête patronale)7.
À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, la tenture subit d'importants dommages. Décrochée en 1767 car jugée nuisible pour les chants au sein de l'église, elle est mise en vente par le chapitre de la cathédrale en 1782 mais ne trouve pas d'acheteur6. Pendant la période révolutionnaire, elle est utilisée pour servir de couvertures ou encore de protection pour les orangers en hiver ; même après la Révolution, ce sont encore des usages « vulgaires » qui lui sont réservés : doublures de rideaux, garnitures d'écuries, etc.6
Au milieu du XIXe siècle, sa valeur est à nouveau reconnue à la suite du rachat effectué en 1843 par l'évêque Mgr Angebault auprès de l’administration des Douanes, pour la somme de 300 francs. Léguée à la cathédrale, elle est mise à l'abri puis restaurée à partir de 1849, notamment grâce à l'aide du chanoine Joubert, responsable du trésor de la cathédrale6. Cette première restauration s'achève en 1863. Louis de Farcy entreprend une restauration plus drastique en 1870, faisant tisser complètement des scènes manquantes8.
La loi de séparation des Églises et de l'État de 1905 fait obligation aux biens du clergé d'être mis à la disposition de l'État et du public, si bien que la tenture devient propriété publique tout en demeurant affectée au culte. En 1910, l'Administration des Beaux-Arts se fait attribuer l'ancien palais épiscopal transformé en musée de la tapisserie, où elle est conservée la majeure partie de l'année. L'évêque d'Angers Mgr Chappoulie signe en 1952 une convention prévoyant une présentation définitive et permanente de la tenture dans le château d'Angers9.
De 1953 à 1954, l'architecte en chef des monuments historiques Bernard Vitry construit une galerie en équerre à l'emplacement des anciens bâtiments qui ferment la cour seigneuriale du château d'Angers. Les baies sont occultées par des rideaux en 1975 car la galerie présente de larges fenêtres vitrées à meneaux qui laissent pénétrer la lumière du soleil, ce qui dégrade énormément les couleurs. En 1982 est décidé le réaménagement de la galerie pour exposer la tenture dans un lieu sombre éclairé par des lumières tamisées. L'intervention est réalisée de janvier à : les scènes sont accrochées à deux hauteurs, tendues sur des velcros, sur les murs teintés d'un bleu sombre. Chaque scène est cernée d'un filet blanc évoquant la surface des pièces d'origine9.
Au début du XXIe siècle, la tenture est conservée à une température constante (19 °C), avec un éclairage limité à 40 lux et un degré d'hygrométrie maîtrisé, pour mieux en assurer la conservation.
L'œuvre actuellement visible est amputée : sur les cent-quarante mètres de sa longueur d'origine, seuls une centaine sont aujourd'hui exposés. Sur les quatre-vingt-dix tableaux originels, soixante-huit sont restés intacts et sept subsistent partiellement10. C'est au cours de sa conservation dans les coffres du trésor de la cathédrale que la dernière partie de la tapisserie (les ensembles 5 et 6) souffre le plus.
Caractéristiques
Avant son démantèlement, la tenture mesure environ cent-quarante mètres de long et six mètres de haut, et couvre une surface totale de 850 m2. Elle se compose de six pièces, ou tableaux, mesurant chacun vingt et un mètres de long11.
Pour la chaîne et la trame, c'est la laine qui est employée : il s'agit d'une laine aux couleurs vives, teinte à l'aide de colorants végétaux comme la gaude pour la gamme des jaunes, la garance pour les rouges et le pastel pour les bleus. Cette tapisserie est réversible : le revers est identique à l'avers, ce qui témoigne de la virtuosité des tisseurs.
Du fait des déplacements, découpages et dégradations successifs, le nombre de pièces d'origine est cause de discussions. À la fin du XIXe et jusqu'au milieu du XXe siècle, il est supposé que l'ensemble est composé de sept pièces12, en écho au chiffre symbolisant la perfection souvent évoqué dans l'Apocalypse5. Toutefois, les recherches historiographiques plus récentes font penser que la tenture est en réalité composée de six pièces, chacune contenant quatorze tableaux, pour un total de quatre-vingt-quatre tableaux auxquels s'ajoutent les grands personnages qui introduisent chaque pièce13.
Aujourd'hui, seuls cent quatre mètres ont pu être récupérés et sont actuellement exposés, le sixième tableau étant le plus incomplet.
Thèmes de la tapisserie
La thématique de l'Apocalypse est fréquente dans une époque marquée par la peste noire qui ampute l'Europe du tiers de sa population et un royaume de France troublé par la guerre de Cent Ans.
Les six pièces comportent, pour les deux qui sont complètes, quatorze tableaux où alternent des fonds rouges et des fonds bleus et répartis sur deux niveaux ou registres. En tête de chaque pièce, un personnage sous un baldaquin introduit le spectateur à la lecture allégorique des visions que saint Jean a reçues vers le milieu du Ier siècle. Ce personnage occupe la hauteur de deux registres. En plus d'une illustration du texte de saint Jean, la tapisserie contient des informations ou satires (parfois des clins d'œil) sur la vie politique et sociale du XIVe siècle. On y voit des références notables sur l'ennemi l'anglais dont le roi de l'époque et le Prince Noir dissimulés sous les traits des divers cavaliers coiffés du casque d'anglais14.
En italique les pièces disparues ou dont on ne conserve qu'un fragment.
Première pièce : les sept sceaux (Ap 1-6)
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Les Vieillards se prosternent
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Premier sceau : le cavalier au cheval blanc
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Troisième sceau : le cavalier au cheval noir
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Quatrième sceau : le cavalier au cheval livide
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Cinquième sceau : les Âmes des martyrs
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- Le lecteur (Apocalypse 1,1-3). Un grand personnage sous un baldaquin, qui occupe toute la hauteur de la tenture, ouvre la série des tableaux. C'est le lecteur du livre de l'Apocalypse : « Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites15 ! »
Registre du haut :
- Saint Jean à Patmos (Ap 1,4-10).
- Les sept Églises (Ap 1,11 ; 2 ; 3). Elles sont représentées matériellement par 7 églises et spirituellement par 7 anges16. À gauche du tableau, saint Jean porte la main gauche à sa bouche : il annonce la Révélation contenue dans le livre qu'il porte dans sa main droite.
- Le Christ au glaive (Ap 1,12-20). Lors de cette théophanie, un être semblable à un « fils d'homme17 », révèle à saint Jean, prosterné à ses pieds, le mystère des 7 candélabres qui symbolisent les 7 églises d'Asie illuminées par les 7 dons du Saint-Esprit ; et celui des 7 étoiles rouges qu'il tient dans la paume de sa main droite représentant les anges des 7 églises. Dans sa bouche, tenue à l'horizontale, une épée à double fil symbolise quant à elle la puissance du Verbe divin.
- Dieu en majesté (Ap 4,1-8). C'est la seconde vision de Dieu en majesté. Elle met en scène les quatre « êtres vivants18 » ou les quatre animaux du tétramorphe qui entourent le trône de Dieu et que voit saint Jean au début de l’Apocalypse, vision qui fait écho à celle d'Ézéchiel dans l'Ancien Testament. La divinité qui se tient dans une mandorle cantonnée du lion, du taureau, de l'homme et de l'aigle est entourée des vingt-quatre Vieillards, six à chaque angle du tableau. Hennequin de Bruges a pris soin de représenter leurs différences physiques pour montrer la diversité de cette humanité tournée vers Dieu. Certains sont imberbes, d'autres portent la barbe brune ou blanche, selon leur âge. Cet âge est symbolique de leur sagesse. On a assimilé leur nombre aux douze tribus d'Israël, aux douze prophètes ou aux douze apôtres de la Bible.
- Les Vieillards se prosternent (ou l'Adoration des vingt-quatre Vieillards ; Ap 4,9-11). Jean est à gauche de la scène dans son abri de pierre. Au centre du tableau, le Seigneur, dans la mandorle et assis sur un arc-en-ciel, est auréolé du nimbe crucifère. Il tient en main le livre ouvert. La tapisserie ne suit pas en cela le texte de l'Apocalypse : « Puis je vis dans la main droite de celui qui était assis sur le trône un livre écrit en dedans et en dehors, scellé de sept sceaux19. » En revanche, le texte indique ceci : « […] les vingt-quatre Vieillards se prosternent devant celui qui est assis sur le trône, et ils adorent celui qui vit aux siècles des siècles, et ils jettent leurs couronnes devant le trône […] »18. Ils ont enlevé leurs couronnes pour les offrir à Dieu, en signe d'adoration. Sur la terre, ils ont posé leurs mains et leurs genoux, tout en étant tendus vers le ciel. Dans le récit de Jean, ils portent des vêtements blancs, signe de leur pureté et de la lumière qui les habite. Mais Hennequin de Bruges a préféré dépeindre les vingt-quatre rois dans leur diversité, avec des vêtements de couleurs variées, des différences d'âge et de traits.
- Les larmes de saint Jean (Ap 5,1-5). Jean est représenté au centre de la tapisserie, et non en marge comme à l'habitude. À sa droite l'ange déployant une banderole, à sa gauche le vieillard qui, faisant le geste d'entraîner Jean, tient dans sa main gauche un gant, sans doute celui qu'il a ôté pour le toucherN 3. Ce tableau illustre les versets 2 à 5 : « Et je vis un ange puissant, qui criait d’une voix forte : Qui est digne d’ouvrir le livre, et d’en rompre les sceaux ? Et personne dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ne put ouvrir le livre ni le regarder. Et je pleurai beaucoup de ce que personne ne fut trouvé digne d’ouvrir le livre ni de le regarder. Et l’un des Vieillards me dit : Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. »
- L'Agneau égorgé (Ap 5,6-10). « Et je vis, au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des vieillards, un agneau qui était là comme immolé. Il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre20. » Sur les trônes, les Vieillards couronnés ont repris leur place. Les attitudes variées de leur corps, les vêtements colorés créent un mouvement de vie dans l'univers géométrique. Les mains ouvertes accueillent, interrogent, celles fermées vers le cœur contemplent.Tous les corps sont tournés vers le centre, qui attire. Un agneau égorgé occupe le cœur du ciel. Il symbolise le Christ et son sacrifice sur la croix. La tête de l'agneau pend piteusement et le sang jaillit de ses plaies. Hennequin de Bruges n'a pas représenté les sept yeux de l'agneau. En revanche, il a figuré les sept cornes décrites par Jean, signes de puissance, de force vitale et d'élévation.
Registre du bas :
- Les anges et toutes les créatures louent l'Agneau (Ap 5,11-14) ;
- Premier sceau : le cavalier au cheval blanc (Ap 6,1-2) ;
- Deuxième sceau : le cavalier au cheval roux (Ap 6,3-4) ;
- Troisième sceau : le cavalier au cheval noir (Ap 6,5-6) ;
- Quatrième sceau : le cavalier au cheval livide (Ap 6,7-8) ;
- Cinquième sceau : les âmes des martyrs (Ap 6,9-11). Lorsque l'Agneau ouvre le cinquième sceau, la vision des quatre cavaliers de l'Apocalypse disparaît. Elle laisse place à une foule agenouillée au pied d'un autel, petits êtres souriants, hommes et femmes mêlés, les mains larges, comme la prière qu'ils adressent à Dieu. Ce sont les âmes des martyrs.Selon la tradition du Moyen Âge, les artistes représentent les âmes comme des hommes nus, libérées des apparences du monde en se montrant dans leur vérité. Ici, Hennequin de Bruges a préféré suivre le récit de l'Apocalypse en les présentant vêtues de tuniques blanches portant ainsi la splendeur de leur renaissance. L'ange à gauche offre l'habit de lumière à l'homme près de lui. Derrière les martyrs se dresse un grand autel. Deux petites croix coudées en forme de gamma, troisième lettre de l'alphabet grec, ornent le tissu brodé de la table. Cette croix est un symbole très ancien partagé par de nombreuses traditions. Le tissu rouge vif est le signe du sang versé. A droite, Jean tient le Livre de la révélation ouvert. L'arbre qui penche son feuillage vers lui n'est plus celui qui paraissait desséché au contact du cavalier Mort. Il porte les fleurs blanches du renouveau.
- Sixième sceau : le tremblement de terre (Ap 6,12-17).
Deuxième pièce : les sept trompettes (Ap 7-10)
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L'ange vide son encensoir
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Registre du haut :
- Les quatre vents (Ap 7,1-3), dont il ne reste qu'un fragment.
- La foule des élus (Ap 7,4-17).
- Septième sceau : les sept trompettes (Ap 8,1-2).
- L'Ange à l'encensoir (Ap 8,3-4).
- L'Ange vide son encensoir (Ap 8,5-6).
- Première trompette : la grêle et le feu (Ap 8,7), dont il ne reste qu'un fragment.
- Deuxième trompette : le naufrage (Ap 8,8-9).
Quatrième trompette : l'Aigle de malheur.
Registre du bas :
- Troisième trompette : l'Absinthe (Ap 8,10-11).
- Quatrième trompette : l'Aigle de malheur (Ap 8,12-13).
« Je regardai, et j’entendis un aigle qui volait au milieu du ciel, disant d’une voix forte : Malheur, malheur, malheur aux habitants de la terre, à cause des autres sons de la trompette des trois anges qui vont sonner21 ! ». Le triple malheur qu'apporte l'aigle est rendu, sur la tenture, par la ville détruite et les mots de malheur (en latin Ve, Ve, Ve) tissés sur le phylactère que l'oiseau, de très grande taille, tient dans ses pattes et son bec. C'est le seul phylactère de la tenture qui porte une inscription.
Troisième pièce : le dragon (Ap 11-13)
Cette pièce est complète : un grand personnage et quatorze tableaux.
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Devant les témoins morts.
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Les témoins ressuscitent.
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St Michel combat le dragon (renversée s.v.p.).
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La femme reçoit des ailes.
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Le dragon poursuit la femme.
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Le dragon combat les serviteurs de Dieu.
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- Le lecteur sous un baldaquin.
Registre du haut :
Registre du bas :
« Puis je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème. La bête que je vis était semblable à un léopard ; ses pieds étaient comme ceux d’un ours, et sa gueule comme une gueule de lion. Le dragon lui donna sa puissance, et son trône, et une grande autorité22. » Jean de Bruges a représenté ici le sceptre royal portant une fleur de lys pour signifier clairement la transmission du pouvoir.
Quatrième pièce : les trois anges (Ap 13-15)
Cette pièce est complète : un grand personnage et quatorze tableaux.
- Le lecteur sous un baldaquin.
Registre du haut :
Registre du bas :
Cinquième pièce : les sept coupes (Ap 15-19)
Notons que la tapisserie représente des fioles au lieu des coupes mentionnées par la plupart des traductions françaises de l'Apocalypse. Il s'agit dans le texte grec des phiales antiques utilisées pour les libations. De la phiale dérive aussi dans la langue française la fiole, qui ressemble davantage à ce qu'illustre la tapisserie.
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Les anges reçoivent leurs coupes.
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Première coupe sur la terre.
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2e et 3e coupes sur les eaux.
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5e et 6e coupes sur le trône et l'Euphrate.
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Grande prostituée sur la bête.
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Registre du haut :
- Les anges reçoivent leurs coupes (Ap 15,5-8) ;
- La première coupe versée sur la terre (Ap 16,1-2) ;
- Les deuxième et troisième coupes versées sur les eaux (Ap 16,3-7) ;
- La quatrième coupe versée sur le soleil (Ap 16,8-9 ; un fragment) ;
- Les cinquième et sixième coupes versées sur le trône et sur l'Euphrate (Ap 16,10-13) ;
- Les grenouilles (Ap 16,14-16) ;
- La septième coupe est versée dans l'air (Ap 16,17-21).
Registre du bas :
- La Grande Prostituée sur les eaux (Ap 17,1-2). Son reflet dans le miroir est vieilli.
- La Prostituée sur la Bête (Ap 17,3-18). Saint Jean est frappé d'étonnement de l'image nouvelle de la prostituée, prétendument inoffensive sur la scène antérieure. L'ange le prend dans ses bras pour le protéger et lui révéler le mystère, la métaphore. Les sept têtes et les dix cornes représentent des rois ; les eaux sont les peuples.
- La chute de Babylone envahie par les démons (Ap 18,1-20).
- L'Ange jette une meule dans la mer (Ap 18,21-24).
- La Prostituée condamnée (Ap 19,1-2).
- Les noces de l'Agneau (Ap 19,3-8).
- Saint Jean et l'Ange (Ap 19,9-10 ; fragment important).
Sixième pièce : la Jérusalem nouvelle (Ap 19-22)
Cette pièce est très incomplète.
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(Le Verbe de Dieu et la cuve de l'ardente colère de Dieu).
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(Oiseaux dévorant les impies).
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Le Verbe de Dieu charge les bêtes.
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Bêtes jetées dans l'étang de feu.
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(Diable jeté dans l'Étang de feu).
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Mesure de la Jérusalem nouvelle.
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Registre du haut :
- Le Verbe de Dieu et la cuve de l'ardente colère de Dieu (Ap 19,11-16).
- Les oiseaux dévorent les impies (Ap 19,17-18).
- Le Verbe de Dieu charge les Bêtes (Ap 19,19).
- Les Bêtes sont jetées dans l'Étang de feu (Ap 19,20-21).
- Le Dragon est enchaîné pour mille ans (Ap 20,1-3 ; fragment).
- Les Juges (Ap 20,4-6).
- Satan assiège la Ville (Ap 20,7-9).
Registre du bas :
- Le Diable est jeté dans l'Étang de feu (Ap 20,10).
- Le Jugement dernier (Ap 20,11-15).
- La Jérusalem nouvelle (Ap 21,1-14). La ville descend du ciel.
- La mesure de la Jérusalem nouvelle (Ap 21,15-21). L'ange donne une réglette à Saint Jean pour qu'il prenne les mesures de Jérusalem. Symboliserait la mesure du nombre de pieux, ce qui est impossible à faire.
- Le fleuve coulant du trône de Dieu (Ap 21,22-27 ; 22,1-5). Ici Saint Jean n'a plus son livre dans les mains. Elles sont jointes et il peut rejoindre le paradis grâce au chemin d'eau que Dieu lui fait apparaître. Au loin d'autres personnes attendent leur tour pour rejoindre également le paradis.
- Saint Jean devant l'Ange (Ap 22,6-9 ; fragment).
- Saint Jean devant le Christ (Ap 22,10-21 ; fragment).
Fragments de la tapisserie retrouvés en 2020
Une trentaine de fragments de la tapisserie ont été inventoriés lors du premier confinement en 2020 dans le stock d'œuvres d'art d'une galerie parisienne, la galerie d'art Ratton-Ladrière23. Celle-ci en était la propriétaire depuis 1924 et l'achat par Charles Ratton auprès d'un marchand d'art allemand. Après authentification des fragments par la Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire et le Laboratoire de recherche des monuments historiques, la galerie a décidé, au printemps 2020, d'en faire don à l'État, propriétaire de la tenture. Les fragments de la tapisserie viennent, début mai 2021, de rejoindre la tenture après près d'un siècle d'oubli24.
Notes et références
Notes
- Il s'agit du manuscrit no 403 du fonds français de la Bibliothèque Nationale. Voir René Planchenault 1966, p. 25.
- Le texte du testament du roi René indique ceci : « Item donne et laisse à icelle église la belle tapisserie sur laquelle sont contenues toutes les figures et visions de l'Apocalypse. » Cf. Xavier Barbier de Montault, Les Tapisseries du sacre d'Angers : selon l'ordre chronologique, s.l., s.n. (imp. Laîné frères), , 78 p., in 18 (lire en ligne [archive]), chap. I (« Tapisserie de l'Apocalypse (XIVe et XVe siècles) »), p. 9.
- Ce genre de détail anecdotique est à rechercher dans les miniatures à l'origine de la tenture et non dans l'inspiration personnelle de ses auteurs.
Références
- Base de référence du ministère de la Culture, réf. PM49000302. [archive]
- René Planchenault 1966, p. 18.
- Alain Erlande-Brandenburg, « Bataille Nicolas (actif depuis 1373-1400) » [archive], sur Encyclopædia Universalis.
- René Planchenault 1966, p. 25.
- René Planchenault 1966, p. 30.
- René Planchenault 1966, p. 22.
- Francis Muel et Antoine Ruais, Tenture de l'Apocalypse d'Angers : l'envers & l'endroit, Association pour le développement de l'Inventaire des Pays de la Loire, , p. 10.
- Francis Muel, La Tenture de l'Apocalypse d'Angers, Association pour le développement de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques en région des Pays de la Loire, , p. 162.
- Liliane Delwasse, La tenture de l'Apocalypse d'Angers, Patrimoine, Centre des monuments nationaux, , p. 6.
- Francis Muel et Antoine Ruais, Tenture de l'Apocalypse d'Angers : l'envers & l'endroit, Association pour le développement de l'Inventaire des Pays de la Loire, , p. 106.
- Liliane Delwasse 2007, p. 3.
- Weigert 1937, p. 318.
- Francis Muel 1996, p. 14.
- Liliane Delwasse, La tenture de l'Apocalypse d'Angers, Patrimoine, Centre des monuments nationaux, , p. 12.
- Apocalypse 1,3 sur Wikisource.
- Apocalypse 1,20 sur Wikisource.
- Apocalypse 1,13 sur Wikisource.
- Apocalypse 4,10 sur Wikisource.
- Apocalypse 5,1 sur Wikisource.
- Apocalypse 5,6 sur Wikisource.
- Apocalypse 8,13 sur Wikisource.
- Apocalypse 13,1-2 sur Wikisource.
- « Galerie Ratton-Ladrière » [archive], sur ratton-ladriere.com (consulté le ).
Annexes
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Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Apocalypse glosé, en français, Manuscrit 403 du département des manuscrits français de la BNF, « le Roy l'a bailléé à Monsieur d'Anjou pour faire son beau tapis ». Il est au Louvre en 1373, n'y est plus entre 1380 et 1411 [lire en ligne [archive]].
- Arthur Giry, La tapisserie de l'Apocalypse de Saint-Maurice d'Anger, dans L'Art, 1876, 10e année, p. 300-307 [lire en ligne [archive]].
- Paul Meyer, Léopold Delisle, L'apocalypse en français au XIIIe siècle (Bibl. nat., fr. 403) , Librairie Firmin Didot et Cie, Paris, 1901 [lire en ligne [archive]].
- Roger Armand Weigert, La tenture de l'Apocalypse d'Angers. Essai de mise au point, dans Bulletin Monumental, 1937, tome 96, no 3, p. 307-326 [lire en ligne [archive]].
- Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien, vol. I : Introduction générale, Paris, Presses universitaires de France, , VIII-480 p., 6 vol. ; in-8° (BNF 32559437).
- René Planchenault, L'Apocalypse d'Angers, s.l., Caisse nationale des monuments historiques et des sites, , 55 (le reste non paginé), 27 × 29 cm (OCLC 2274602, BNF 33137819).
- « La Tenture de l'Apocalypse d'Angers » dans Cahier de l'inventaire 4, 1987, Inventaire Général, SPADEM, 2e édition. (ouvrage publié avec le concours du Centre national des lettres) (ISBN 2-906-344-07-9)
- (en) Francis Muel, France. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Pays de la Loire (trad. du français par Atlantique traduction, photogr. François Lasa et Patrice Giraud, réédition par Service régional des Pays de la Loire), Front and back : the tapestry of the Apocalypse at Angers [« L'envers et l'endroit : tenture de l’Apocalypse d'Angers »], Nantes, Association pour le développement de l'inventaire général (ADIG), coll. « Images du patrimoine », , 80 p., 31 cm (ISBN 2-906344-55-9).
Avec des clichés de l'envers de la tapisserie, clichés inversés permettant de voir les couleurs de la tapisserie identiques, ou presque, à celles d'origine.
- Collectif, « L’Apocalypse d’Angers : Chef-d’œuvre de la tapisserie médiévale », Histoire de l’art, Dijon, Éditions Faton, no 31, (ISSN 1161-3122).
- Guy Massin-Le Goff (dir.) et Étienne Vacquet (dir.), Regards sur la tapisserie, Arles, Actes Sud, , 198 p., 24 cm (ISBN 2-7427-3679-4).
Contient les actes du colloque organisé par l'Association des conservateurs des antiquités et objets d'art de France, Angers, 18-20 mai 2000. Bibliogr., 22 p.
- Liliane Delwasse, La tenture de l'Apocalypse d'Angers, Paris, Éditions du patrimoine, Centre des monuments nationaux, coll. « Regards », , 67 p., 26 cm (ISBN 978-2-85822-968-0).
- Paule Amblard (commentaires) (préf. Paule Amblard, Le chemin de l'Apocalypse), L'Apocalypse [de] saint Jean illustrée par la tapisserie d'Angers, Paris, Éditions Diane de Selliers, , 405 p., 34 cm (ISBN 978-2-903656-75-1).
- Jacques Cailleteau (dir. et avant-propos), Francis Muel (dir.), Laurent Hablot, Fabienne Joubert, Didier Le Fur, Élisabeth Taburet-Delahaye et Étienne Vacquet, Apocalypse : La tenture de Louis d'Anjou, Paris, Éditions du patrimoine (Centre des monuments nationaux), coll. « Hors collection », , 273 p., 23 x 30 cm (ISBN 2-7577-0443-5 et 978-2-7577-0443-1).
- Roger-Armand Weigert, « La tenture de l'Apocalypse d'Angers. Essai de mise au point. », Bulletin monumental, vol. 96, no 3, (lire en ligne [archive]).
Documentaire
[vidéo] La Tenture de l'Apocalypse, de Ana Films (prod.) et de Rodolphe Viémont (réal.), scénario de Rodolphe Viémont et Jean-Yves Fischbach, Ana Films, 2011, VOD, DVCPro, Béta et DVCam, Blu-ray, 53 min [présentation en ligne [archive]] : documentaire.
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Cavaliers de l'Apocalypse
Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse sont des personnages célestes et mystérieux mentionnés dans le Nouveau Testament, au sixième chapitre du livre de l'Apocalypse ; c'est du moins l'exégèse dominante depuis le XVIe siècle car, durant tout le Moyen Âge, on considérait plutôt qu'il s'agissait d'un seul cavalier montant successivement quatre chevaux1,2, ce cavalier étant le Christ infligeant divers fléaux à ses ennemis, comme le montre aussi l'iconographie de cette époque.
L'épisode a souvent été comparé à deux visions de Zacharie, un prophète de l'Ancien Testament3. On ne peut cependant parler d'un midrash (ou commentaire), car Jean prend de grandes libertés avec son modèle. Ces chevauchées inaugurent le commencement de la fin du monde, car ils apparaissent lorsque l'Agneau, figure de Jésus ressuscité, ouvre les quatre premiers sceaux.
Bien qu'ils paraissent se succéder dans le temps, le dernier verset suggérerait, dans le cadre de cette interprétation, que ces quatre chevauchées seraient simultanées et donc le fait de quatre personnages différents, pourvu du moins qu'on applique ce verset à l'ensemble des quatre chevauchées et non pas à la dernière4 :
« Le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, pour faire périr les hommes par le glaive, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre. »
Plusieurs interprétations de la signification symbolique des cavaliers ont été émises, à différentes époques.
Cavaliers et montures
Les cavaliers et leurs chevaux tels qu'ils sont décrits dans l'Apocalypse :
Couleur du cheval | Symbolisme de la couleur | Attribut | Activité explicite | Symbolisme généralement retenu à l'époque moderne |
Blanc |
Puissance ; Victoire |
Arc |
Va conquérir |
Évangélisation ou bien Conquête |
Rouge |
Sang ; Violence |
Épée |
Apporte le conflit |
Guerre |
Noir |
Manque |
Balance |
Augmentation du prix du blé et de l'orge |
Famine |
Vert / Blême5 |
Peur, Maladie |
Faux |
Est suivi par les Enfers |
Mort |
Voici le texte de l'Apocalypse (6, 1-8) :
« [1] Alors je vis que l’Agneau avait ouvert un des sceaux, et j’entendis l’un des quatre animaux qui disait d’une voix de tonnerre : Viens et vois.
[2] Je regardai donc, et je vis un cheval blanc, et celui qui était monté dessus avait un arc, et on lui donna une couronne, et il partit en vainqueur, pour remporter la victoire.
[3] Et lorsque l’Agneau eut ouvert le second sceau, j’entendis le second animal qui disait : Viens, et vois.
[4] Et il sortit un autre cheval qui était roux ; et celui qui le montait reçut le pouvoir de bannir la paix de la terre, et de faire que les hommes se tuassent les uns les autres ; et on lui donna une grande épée.
[5] Et quand l’Agneau eut ouvert le troisième sceau, j’entendis le troisième animal, qui disait : Viens et vois. Et je regardai, et il parut un cheval noir, et celui qui était monté dessus avait une balance à la main.
[6] Et j’entendis une voix qui venait du milieu des quatre animaux, et qui disait : La mesure de froment vaudra un denier, et les trois mesures d’orge vaudront un denier ; mais ne gâte point ni l’huile ni le vin.
[7] Et quand l’Agneau eut ouvert le quatrième sceau, j’entendis la voix du quatrième animal, qui disait : Viens, et vois.
[8] Et je regardai, et je vis paraître un cheval de couleur pâle5 ; et celui qui était monté dessus se nommait la Mort, et l’Enfer le suivait ; et le pouvoir leur fut donné sur la quatrième partie de la terre, pour faire mourir les hommes par l’épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre. »
— Nouveau Testament, Apocalypse chap. 6, 1-8, traduction révisée par Jean-Frédéric Ostervald6.
Interprétations
L'ensemble de ce passage a reçu, dans le cadre de l'hypothèse de quatre cavaliers distincts, des interprétations très variées.
Certains y voient des allusions précises à une série d'événements historiques donnée, le plus souvent au Ier siècle7,8, mais parfois à l'époque où vit celui qui produit cette interprétation ; d'autres à une division de l'histoire en quatre parties, soit depuis le commencement du monde, ou bien depuis l'avènement de Jésus-Christ ; d'autres à une typologie symbolisant les différents fléaux qui peuvent frapper l'humanité sans qu'on ait en vue une période précise ; d'autres enfin à des réalités spirituelles sans caractère historique.
Dans le cadre de l'hypothèse plus ancienne et très différente, selon laquelle il ne s'agirait que d'un seul et même cavalier — hypothèse que reflètent les commentaires et les enluminures médiévales — on rencontre également, selon les auteurs et les enlumineurs, une grande variété d'interprétations, toutefois centrées en général sur l'œuvre salvatrice du Christ9. Comme la série doit être homogène, et si le premier cavalier (blanc) représentait l’action du Christ ou la victoire de l'Église, il fallait que les trois autres fussent aussi des figures du Messie châtiant les idolâtres par les trois fléaux bibliques (la guerre, la famine et la peste) et triomphant de ses ennemis, finalement engloutis par la gueule de l’Enfer.
L'interprétation peut être plus spirituelle. Pour Œcumenius, par exemple (un auteur grec mal identifié du Ve ou VIe siècle), les six premiers sceaux représenteraient les « œuvres du Christ » pour la rédemption des hommes : 1) l'incarnation et la naissance humaine, 2) la tentation, 3) l'enseignement donné, 4) les outrages reçus, 5) la flagellation, et enfin 6) la mort en croix. Le septième sceau représente l’œuvre à accomplir, 7) la victoire sur l’Antéchrist10. Au demeurant, pour les exégètes du moyen-âge, ces diverses interprétations ne s'excluent pas, elles se complètent au contraire.
Cheval blanc (Conquête)
« ... je vis un cheval blanc, et celui qui était monté dessus avait un arc, et on lui donna une couronne, et il partit en vainqueur, pour remporter la victoire. »
Les opinions sur le premier cavalier, chevauchant le cheval blanc, sont nombreuses11 et contradictoires. Cela tient au fait que Jean ne nous dit pas clairement qui est l'adversaire de ce cavalier : la Bête ou les saints, le bien ou le mal ? On peut donc l'interpréter de toutes les façons.
Une majorité d'auteurs, tant anciens que modernes, catholiques, protestants ou incroyants, y ont vu le Christ (Irénée de Lyon, Victorin de Pettau, André de Césarée), ou bien la prédication évangélique triomphante (Bède le Vénérable, Albert le Grand, Ribeira, Bossuet, Bernhardt Weiss, Loisy, etc.). En effet, bien que ce premier cavalier vienne en tête d'une série de fléaux, sa couleur symbolique (leukos) est très nettement et sans ambiguïté positive ; il reçoit une couronne glorieuse (stephanos), non le diadème des tyrans, et il est vainqueur ; or, dans l'Apocalypse, le mal est très rarement qualifié de vainqueur, ce terme étant réservé à l'Agneau, aux martyrs ou aux élus. Quant à l'arc, bien qu'il n'ait pas très bonne réputation dans la Bible12, où il est presque toujours associé à la guerre, ce serait une arme destinée à chasser la Bête, ainsi que l'a compris Victorin : « Le Seigneur a envoyé l'Esprit Saint, dont les paroles, par la bouche des prédicateurs, sont comme des flèches perçant le cœur des hommes, et capables de vaincre l'incrédulité ». D'ailleurs il réapparaît plus tard dans l'Apocalypse (19,11) identifié clairement au « Verbe de Dieu », quoique certains auteurs contestent l'assimilation de ces deux cavaliers.
D'autres auteurs, invoquant la loi des séries (les trois autres cavaliers sont des fléaux, la guerre, la famine et la peste), pensent qu'il doit être le premier d'entre eux. Ils y voient l'expansion d'une puissance terrestre : soit l'Empire romain conquérant (dont plusieurs auteurs du Moyen Âge, puis protestants), ou bien l'Empire parthe envahissant l'Empire romain, puisque la frontière de l'Euphrate entre ces deux empires est évoquée à deux reprises dans l'Apocalypse, et que les Parthes étaient toujours représentés comme des archers à cheval7. Mais ont-ils conquis "le quart de la Terre" ? Cela reste à démontrer, tandis que le christianisme, incontestablement, l'a fait.
Cheval rouge (Guerre)
Le second cavalier, Guerre, sur le cheval rouge (miniature du
XIIIe siècle d'un manuscrit de l'
Apocalypse.
« Un autre cheval sortit : il était rouge feu. Son cavalier reçut le pouvoir de bannir la paix de la terre pour que les hommes s'entretuent, et une grande épée lui fut donnée13. »
Le deuxième cavalier représenterait la guerre14, et la couleur de sa monture, le rouge (πυρρός, de πῦρ, feu), le sang versé sur le champ de bataille. Il porte également une épée qui représente l'affrontement et le combat. Toutefois, Jean utilise ici, pour une fois, le mot macaira, au lieu de romphaia (épée) ; il a peut-être en vue un couteau ou un poignard15 de grande taille (megalé), ce qui s'accorderait avec l'égorgement général (sphaxousin) ; certains auteurs ont pu y voir une guerre civile, idéologique ou religieuse. Dans la récapitulation, c'est le mot romphaia qui est utilisé.
Cheval noir (Famine)
Le cavalier noir dans l'Apocalypse de Bamberg (vers l'an mil).
« ... il parut un cheval noir, et celui qui était monté dessus avait une balance à la main. »
Le troisième cavalier, dont le cheval est noir, paraît représenter la disette. Il porte une balance qui signifie l'évaluation et donc le prix atteint par les denrées les plus caractéristiques du monde méditerranéen antique : céréales, huile et vin. Les céréales atteignent un prix exorbitant, un denier correspondant au salaire journalier d'un ouvrier antique. Selon Woodhouse (1805), il apparait "qu'au temps de Cicéron, un denier permettait d'acheter seize mesures (choinix) de blé, et vingt sous le règne de Trajan"16. Or dans l'Apocalypse, un denier ne permet plus d'acheter qu'une seule mesure de blé.
Quant à l'huile et au vin, il est demandé au cavalier de les épargner, c'est-à-dire, d'après le verbe grec utilisé (adikein), de ne pas leur causer de tort, de ne pas s'en prendre à eux ; c'est pourquoi beaucoup y voient une allusion à un événement historique précis, difficile à déterminer. Il pourrait s'agir d'une sécheresse, car la vigne et les oliviers résistent mieux à la chaleur que les céréales.
Un commentateur grec ancien comme André de Césarée, très spiritualiste et obsédé par les persécutions (vers l'an 610), suppose de son côté que le vin et l'huile sont épargnés parce qu'ils sont utilisés au cours des rites chrétiens. Il fait une référence explicite à la parabole du Bon Samaritain, qui soigne le voyageur blessé avec ces ingrédients (Luc, 10:34). D'après lui, il faut se servir de « l'huile de sympathie » mêlée au « vin de l’exhortation » pour aider les malheureux qui auraient succombé aux terribles menaces des persécuteurs17 ; il n'explique d'ailleurs ni la famine, ni le prix des denrées.
Cheval pâle (Mort/Épidémie)
« ... je vis paraître un cheval de couleur pâle ; et celui qui était monté dessus se nommait la Mort, et l’Enfer le suivait. »
La description du quatrième cavalier est la plus courte des quatre, mais il est le seul qui soit clairement désigné, il se nomme « Mort ». Ce mot grec (thanatos) sert aussi à qualifier la peste. Son cheval a une couleur difficile à identifier précisément. Le texte originel grec emploie le terme de « χλωρός » (khlôros), qui ailleurs dans la Bible et spécialement dans l'Apocalypse désigne la couleur verte de la végétation18 (latin viride), mais qui est aussi utilisé dans le discours médical pour désigner le teint anormalement pâle d'une personne malade (latin pallidus). Ce fut le cas, par exemple, de l'empereur Constance Chlore. Ici, elle est à mettre en lien avec la notion de « pestilence »5.
Si l'on se réfère alors à l'étymologie grecque, au-delà des traductions et adaptations à travers les siècles, le chevalier pâle renverrait, non pas à la mort (chaque cavalier ayant le potentiel de la provoquer d'une manière différente des autres), mais à la maladie. Comme les trois autres cavaliers, son champ d'action semble de grande envergure, touchant toute l'Humanité. Distiller la maladie à grande échelle pourrait alors renvoyer aux phénomènes épidémiques dont il serait une allégorie. Jean est d'ailleurs en pleine conformité avec les fléaux traditionnels de la Bible, « la guerre, la famine et la peste ».
La couleur de sa monture évoquerait la peur, la maladie, la décomposition, et la mort. Il est accompagné ou plutôt suivi du séjour des morts qui clôture l'apparition des quatre cavaliers (le grec Hadès, correspondant à l'hébreu biblique Schéol).
Le cavalier n'a pas d'attribut spécifique, mais il est fréquemment représenté sous l'aspect d'un squelette. Les artistes lui donnent souvent une épée ou une lance, et depuis le haut moyen-âge jusqu'au XVe siècle, on lui fit parfois tenir un pot-à-feu, sous l'influence d'une glose de Berengaudus, qui l'assimile au feu de la colère de Dieu durant les derniers jours [Deut. 32:22,25]19. Dürer lui assigne un trident ; par la suite, à l'époque moderne, il reçoit souvent une faux.
Mission collective
Le passage se termine par ces mots : « Alors, on leur donna pouvoir sur le quart de la terre, pour exterminer (àpokteînai) par l’épée, et par la faim, et par la mortalité (ou plus littéralement : par la mort, thanato), et sous les fauves de la terre. » La majorité des commentateurs modernes rapportent ceci à l'ensemble des cavaliers et non pas seulement au dernier, puisqu'il est écrit « il leur fut donné » (aùtoîs). Mais ce court verset pose à lui seul quatre questions : la simultanéité (ou non) de leur mission, son objet, son ampleur, et la curieuse intervention des bêtes sauvages.
De fait, l'épée parait correspondre au second cavalier, la faim au troisième et la mort au quatrième. Il semblerait en découler qu'ils exercent leur mission simultanément et non successivement. Cependant, la rupture visiblement chronologique des sceaux, soigneusement numérotés, contredit cette impression, il s'agit plutôt d'un récapitulatif général qui fixe l'étendue de leur pouvoir. L'absence de correspondance avec le premier cavalier (blanc) est étrange, sauf si l'on veut y voir la prédication évangélique, ce qui le distingue alors clairement des autres fléaux. L'ajout dans ce contexte des « bêtes (grec thèria) de la terre » reste énigmatique, même si cela reprend un lieu commun des prophéties de catastrophes dans l'Ancien Testament.
L'objet de la mission est-il de tuer, comme on le lit généralement ? Le Dictionnaire de Bailly15 admet une seconde acception au verbe apokteînai, celle de torturer ou tourmenter. Ainsi, la guerre, la famine et la peste pourraient éprouver les hommes sans nécessairement les tuer, surtout dans de si grandes proportions.
Enfin, l'expression « le quart de la Terre » a été diversement interprétée. Mgr de Bovet (1840) pose assez clairement le problème de ce quart, entre une version géographique et une version numérique :
« Les quatre parties de la terre (Vulgate) ou la quatrième partie de la terre (grec) ? On peut expliquer la version (latine) par l’original (grec), en ce sens que la quatrième partie des hommes sera frappée sur toute la surface de la Terre. (Ainsi,) on peut entendre que chacun des quatre fléaux frappera une des quatre parties de la Terre, (ou bien) un quart des habitants de toute la Terre. La plupart des commentateurs s’en tiennent à la leçon de la Vulgate (la première), qui parait préférable, parce qu’elle semble mieux rendre la pensée du prophète, et présenter un sens plus analogue à l’objet de la Révélation20. »
- C’est-à-dire la ruine de l’Empire romain, selon lui. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, ou la version numérique est considérée comme admissible, d'autant plus qu'ensuite, les trompettes anéantissent un tiers de toutes choses, y compris "le tiers des humains" (Apo 9:18).
Saint Jérôme, le traducteur latin de la Vulgate, semble avoir été influencé par un épisode du prophète Zacharie, dans lequel se trouvent deux visions assez semblables. Mais il néglige les différences, et elles sont nombreuses : chez Zacharie, dans sa seconde vision, ce ne sont pas des chevaux libres mais des chars attelés qui sont lancés ensemble, chacun dans une direction, et énumérés en cercle dans un sens anti-solaire, les rouges, (probablement) lancés vers l’est21, les noirs vers le nord, les blancs vers l’ouest, et les bais (ou pommelés) vers le midi (Zach 1:8 et 6:6).
Dans l’Apocalypse, la couleur chloros (pâle ou jaunâtre) pourrait éventuellement correspondre au cheval « bai », mais les points cardinaux seraient alors opposés, en croix, d’abord les chevaux blanc et rouge (c'est-à-dire Ouest/Est), puis noir et jaune (ou bai) (c'est-à-dire Nord/Sud). En fait, ni la forme, ni l’ordre, ni les couleurs, ni les effets (qui chez Zacharie sont de nature politique, la guerre contre les Babyloniens) ne correspondent vraiment. Saint Jérôme pensait enrichir sa traduction, mais c’est une identification abusive ; il vaut donc mieux s’en tenir au texte original de Jean de Patmos.
Les sceaux n’agissent pas chacun dans une direction précise, ou sur un seul continent ; leur pouvoir sur le quart de la Terre signifie qu’ils doivent affecter (sinon tuer) un quart de l’Humanité. Et même si ce chiffre peut sembler exagéré, cela s'est déjà produit une fois, lorsque la peste noire a éradiqué, en vingt ans, près du quart de la population mondiale (100 millions sur 420 millions).
Dans l'art
Représentations médiévales
- Les quatre cavaliers sont représentés dans les enluminures des commentaires de l'Apocalypse appelés Beatus (du IXe au XIIe siècle) et plus généralement dans beaucoup de manuscrits enluminés de la Bible au Moyen Âge, comme l'Apocalypse de Bamberg (vers l'an 1000).
- Ces cavaliers sont représentés à plusieurs reprises sur les tapisseries de l'Apocalypse exposées au château d'Angers (Maine-et-Loire).
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Représentations modernes
- L'une des représentations les plus connues des Quatre Cavaliers est la gravure sur bois de Dürer (1498), qui marque un tournant dans la représentation et l'interprétation de ce passage, car avant lui les cavaliers ne sont pas représentés côte à côte mais l'un derrière l'autre (ou successivement). Cette nouvelle représentation, surtout justifiée par un gain de place (la totalité de l'Apocalypse étant illustrée en quatorze planches seulement, plus titre et frontispice), aura une très grande influence sur la tradition iconographique postérieure.
- Le cavalier de la Mort est représenté dans une toile de Joseph Turner, intitulée Death on a Pale Horse (1830), ainsi que sur une gravure de Gustave Doré datée de 1865.
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Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse par Vasili Koren (1692-1696).
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Le quatrième cavalier, celui de la Mort, sur le cheval pâle. Gravure de Gustave Doré (1865).
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Dans la culture populaire
Littérature
- Dans la série Les chroniques de Mackayla Lane de Karen Marie Moning les cavaliers de l'apocalypse sont des faes emprisonnés depuis des milliards d'années dans la prison de glace du roi noir unseelie.
- Dans un livre Les Quatre cavaliers de l'apocalypse (1916) de Vicente Blasco Ibáñez.
- Dans Le Cavalier de Paille (1936) de Monique Saint-Hélier, le titre du livre et celui de la seconde partie, « Le cheval jaune », font allusion au cheval pâle de la Mort.
- Dans Le Cheval pâle (1961) d'Agatha Christie, l'auteur fait directement référence aux cavaliers, et plus particulièrement à la Mort.
- Dans Le Cinquième Cavalier (1980) de Larry Collins et Dominique Lapierre, les auteurs mettent en scène le « successeur » des Quatre Cavaliers de l'Apocalypse.
- Dans le Cheval rouge (1983) d'Eugenio Corti, l'auteur utilise les métaphores des chevaux rouge et livide pour décrire les deux parties de la Seconde Guerre mondiale. Le cheval rouge, qui donne son titre au livre, symbolise la guerre de 1940 à 1943 ; et le cheval livide, celle de 1943 à 1945 avec les camps et la guerre civile.
- Dans la série des Annales du Disque-Monde (1983) de Terry Pratchett, les quatre cavaliers sont des personnages récurrents, mais la Mort est le plus récurrent, et l'un des personnages principaux des Annales. Il y avait un cinquième cavalier, appelé Kaos, qui est parti avant que ceux-ci deviennent célèbres (clin d'œil aux Beatles).
- Dans De bons présages (1990) de Terry Pratchett et Neil Gaiman, les Quatre Cavaliers sont nommés Pollution, Guerre, Famine et Mort. En effet, Pestilence a pris sa retraite anticipée à la suite de la découverte de la pénicilline, et est alors remplacé par Pollution.
- Dans la série Le Trône de fer (1991) de George R. R. Martin, la dysenterie fait des ravages au sein des armées siégeant devant Meereen. Les locaux font référence à cette maladie sous les termes de « jument pâle ».
- Dans Les Cavaliers de l'apocalypse (2007) de Bob Morane de Henri Vernes aux Éditions Ananké.
- Dans la série Les Seigneurs de l'ombre (2010) de Gena Showalter (en). À leur première apparition, ils sont présentés comme les Cavaliers de l'Apocalypse. Ils seraient frères et sœurs descendants de William. Ils sont ainsi nommé Rouge, Vert, Noir et Blanche, en référence aux couleurs des chevaux des Quatre Cavaliers.
- Dans la série Apocalypsis (2011) d'Eli Esseriam, pentalogie publiée aux éditions Nouvel Angle. [présentation en ligne [archive]]
- Dans la série Anges d'Apocalypse (2013) de Stéphane Soutoul, Famine est l'héroïne et les trois autres Cavaliers sont des jeunes femmes.
- Dans la série Les Cavaliers de l'Apocalypse (2014) de Larissa Ione (tome 1 « Guerre », tome 2 « Famine », tome 3 « Mort », tome 4 « Pestilence ») aux éditions Milady.
- Dans Le cavalier au cheval livide (2014), une nouvelle de Jack Chaboud, publié par les Éditions de la Crypte.
- Dans le roman Pandemia (2015) de Franck Thilliez.
- Dans Bourbon Kid, tome 6 : Bourbon Kid (2017) d'Anonyme. [présentation en ligne [archive]]
Cinéma
- Dans le film Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (1921), de Rex Ingram.
- Dans Faust, une légende allemande (1926) de Friedrich Wilhelm Murnau, le diable est annoncé par l'arrivée de quatre cavaliers, qui sont clairement une référence aux Quatre Cavaliers de l'Apocalypse.
- Dans Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (1962) de Vincente Minnelli.
- Dans Et le cinquième cavalier, c'est la peur (1965) de Zbyněk Brynych.
- Dans Pale Rider, le cavalier solitaire (1985) de Clint Eastwood, l'acteur arrive en ville vêtu entièrement de noir sur son cheval blanc. Le slogan sur les affiches du film est la fin de la citation, « Et l'enfer l'accompagnait ».
- Dans Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (1991), produit par l'Office national du film (ONF), scénarisé et réalisé par Jean-François Mercier, le film montre comment l'homme détruit la planète. Chacun des cavaliers personnifie l'une des quatre menaces suivantes : déchets domestiques, déchets toxiques, contamination des cours d'eau et destruction des ressources22.
- Dans Blues Brothers 2000 (1998) de John Landis, les Quatre Cavaliers apparaissent lors de l'orage apocalyptique provoqué quand ceux-ci chantent du bluegrass.
- Dans Le Jardin du mal (2006) de Don Michael Paul, les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse apparaissent sous les traits de vieillards ; le diable tente de déclencher l'Apocalypse.
- Dans Ghost Rider (2007) de Mark Steven Johnson, Carter Slade, accompagnant Johnny Blaze vers la fin, possède un cheval enflammé, ressemblant étrangement à celui du cavalier de la Guerre.
- Dans Les Cavaliers de l'Apocalypse (2009) de Jonas Akerlund.
- Dans Prédictions (2009) de Alex Proyas, les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse sont présents en tant que « murmureurs ».
- Dans le documentaire The Idiot Cycle (en) (2009) de Emmanuelle Schick Garcia (en), l'économiste William Engdahl cite Monsanto, Syngenta et deux autres semenciers comme étant les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, du fait de leur domination sur la production et le brevetage des semences OGM.
- Dans Insaisissables (2013) de Louis Leterrier, les quatre protagonistes se font appeler « Les quatre cavaliers ».
- Dans X-Men: Apocalypse (2016) de Bryan Singer, les cavaliers de l'Apocalypse sont représentés par Angel (Mort), Tornade (Famine), Psylocke (Pestilence) et Magnéto (Guerre).
- Dans Orgueil et Préjugés et Zombies (2016) de Burr Steers, les cavaliers de l'apocalypse sont évoqués une fois durant le film, apparaissent brièvement dans plusieurs scènes, et apparaissent clairement lors de la scène finale : ils sont représentés sous la forme de 4 personnes portant un long manteau noir et portent tous un chapeau haut de forme. On ne peut en revanche distinguer leurs visages.
Séries télévisées
- Dans la série télévisée Highlander, les Quatre Cavaliers sont présents sous la forme de quatre guerriers amoraux semant les tourments dont ils portent le nom.
- Dans Charmed, ils sont présents dans l'épisode 21 de la deuxième saison, dans lequel les cavaliers sont des élus du mal. Dans cet épisode, « Pestilence » est remplacé par le cavalier « Émeute ».
- Dans Les Simpson, ils apparaissent à la fin de l'épisode 18 de la saison 10, Les Simpson dans la Bible (« Simpson Bible Stories »).
- Dans Supernatural, saison 5, le Cavalier « Guerre » ne possède pas un cheval rouge, mais une Ford Mustang de la même couleur. Le Cavalier « Mort » est libéré par Lucifer. Son « cheval » est une Cadillac Eldorado Biarritz de 1959 blanche. « Famine » apparaît dans l'épisode 14 comme un vieillard à la tête d'une escouade de démons prêtée par Lucifer ; son « cheval » est une Cadillac Escalade noire. « Pestilence » lâche des épidémies ; son « cheval » est une voiture bonne pour la casse, immatriculée « SIKN TRD » (Sick and Tired, « malade et fatigué ») de couleur verdâtre.
- Dans Red Dwarf, épisode 3 de la saison 6, les quatre héros affrontent les Cavaliers de l'Apocalypse.
- Dans Dexter, épisode 4 de la saison 6, les Cavaliers de l'Apocalypse apparaissent chevauchant dans les rues de Miami, mais sont en réalité des membres de corps humain cousus sur des mannequins montés sur des chevaux.
- Dans Misfits, épisode 8 de la saison 4, l'un des personnages (une nonne) fait apparaître malgré elle les Cavaliers de l'Apocalypse lorsqu'elle est témoin de violence.
- Dans Sleepy Hollow, ils tiennent un rôle central dans l'intrigue.
- Dans The Messengers, les Messagers doivent arrêter les quatre cavaliers de l'Apocalypse.
- Dans Les Têtes vides (en) (The Hollow), Adam, Mira et Kai tombent sur les quatre cavaliers. Mira a pour mission de soigner le cheval malade de Mort.
- Dans The Mist (2018) adapté du roman Brume de Stephen King, la brume matérialise les peurs des êtres vivants. Le père Romanov pensant que la brume est le début de l'apocalypse sur terre, cette dernière matérialise les quatre cavaliers de l'apocalypse et tue le père Romanov d'une flèche tiré par le cavalier Conquête.
- Dans Good Omens (2019), les quatre Cavaliers sont actualisés en tant que : Guerre, Mort, Famine et Pollution.
Bande dessinée et manga
- « Mort » a ainsi été personnifié par Archangel, Caliban, Gambit, puis Wolverine ; « Famine » par Ahab, Autumn Rolfson et Sunfire ; « Pestilence » par Caliban, Plague (des Morlocks) et Polaris ; « Guerre » par Deathbird, Gazer, Hulk, Abraham Kieros et Magnéto dans le film.
- Dans la série Chevalier Ardent, les cavaliers interviennent dans l'album Les Cavaliers de l'apocalypse.
- Dans Wormwood, les Quatre Cavaliers apparaissent en tant que tels. Chacun possède un surnom : Pestilence alias « Pesty », Mort alias « Monsieur M. », Guerre alias « Big G. » et Famine alias « Fimfam ». Ils incarnent une vision plus actuelle d'eux-mêmes et rechignent à accomplir leur mission, préférant se vautrer dans le sexe et la drogue (ainsi que les jeux vidéo pour Famine).
- Dans la série The Goon, le personnage de Busard est un clin d'œil au cavalier de la Mort, notamment dans son aventure dérivée de l'histoire principale, où il chevauche une monture morte.
- Dans Drago de Burne Hogarth, les cavaliers figurent la destruction atomique planifiée par le Baron Zodiaque, un nazi fou, réfugié en Argentine.
- Dans Run[Quoi ?], numéro spécial apocalypse du , « Dark Meat City Sentinel » (Édition Ankama 619 label), on peut apercevoir les Los luchadores en cavaliers.
- Dans Fate/strange fake (en), le cavalier de la mort (Pale Rider) est le servant invoqué par Tsubaki Kuruoka, combattant en tant que False Rider.
- Dans One Piece, les Quatre Cavaliers seraient représentés par quatre membres de l'équipage de Kaido (« Théorie »). King l'incendie (Guerre), Queen le fléau (Mort/Épidémie), Jack la sécheresse (Famine) et Kaido aux cent bêtes (Conquête).
- Dans le manga Seraph of the End, le terme Cavaliers de l’Apocalypse est utilisé pour désigner les monstres mangeurs d’hommes. Ils feraient partie d’une punition divine.
- Dans Four Knights of the Apocalypse, les cavaliers de l'apocalypse sont un groupe de cinq jeunes futurs chevaliers sacrés, destinés à détruire le royaume de Camelot pour sauver le monde.
Chansons
- Dans la chanson Four Horsemen du groupe The Clash, sur l'album London Calling.
- Dans le vidéoclip Pourvu qu'elles soient douces de la chanteuse Mylène Farmer. À la fin des combats entre l'armée française et l'armée britannique, le jeune soldat anglais repense à l'un des paragraphes sur les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, lorsque Libertine, chevauchant un destrier noir, lui tend la main.
- Dans la chanson The Four Horsemen du groupe Metallica, les quatre cavaliers sont Temps, Famine, Pestilence et Mort (Time, Famine, Pestilence, Death ). Le groupe, composé de quatre membres, est aussi surnommé The Four Horsemen.
- Dans la chanson The Four Horsemen du groupe Aphrodite's Child, sur l'album 666 ; le quatrième cheval y est décrit comme « vert », traduction du grec « chloros ».
- Dans la chanson Blessed are the dead du groupe Megadeth, sur l'album United abominations.
- Dans l'album The 4 Horsemen Of The Apocalyse (1986) du groupe The Bollock Brothers. La chanson du même titre fait référence à Satan et plus précisément à la chanson Sympathy for the Devil des Rolling Stones.
- Dans la chanson When the man comes around de Johnny Cash, qui commence et se termine par des citations de l'Apocalypse de Saint Jean, au début le passage du premier cavalier et à la fin celui du dernier cavalier. La chanson elle-même évoque le Jugement dernier.
- Dans la première partie de l'album Nostradamus du groupe Judas Priest, plusieurs chansons font une allusion directe aux Quatre Cavaliers de l'Apocalypse : The Four Horsemen, développée notamment par War, Pestilence and Plague et Death.
- Dans la chanson RaelSan du rappeur Orelsan, ce dernier fait directement référence aux Cavaliers de l'Apocalypse en parlant de son groupe.
- Dans le storyboard de la chanson Rhinestone Eyes du groupe Gorillaz, lorsque Murdoc conclut un pacte avec le Boogieman afin de kidnapper 2-D.
- Dans la chanson Dark Days du groupe de Parkway Drive (Behold the pale horse).
- Dans la chanson Four Horsemen du groupe Stranglers, sur l'album The Gospel According to the Meninblack (1981), avec une analogie entre les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse et quatre vaisseaux spatiaux extra-terrestres.
- Dans l'album See You In Hell de Grim Reaper.
- Dans la chanson The Green Rider du groupe Falling Up (en), qui fait référence au cavalier de la mort.
- Dans la chanson The Four Horsemen du groupe Rotting Christ, sur l'album Rituals.
- Dans la chanson Der Meister du groupe Rammstein, sur l'album Herzeleid où le chanteur prend la place des quatre cavaliers.
Groupes de musiciens
Jeux vidéo
On peut trouver les Cavaliers de l'Apocalypse dans de nombreux jeux vidéo.
- Dans Darksiders, le cavalier de la Guerre est armé d'une grande épée. Dans Darksiders II, celui de la Mort combat au moyen de deux faux. Dans Darksiders III, le protagoniste est la cavalière de la Fureur, qui remplace la Famine, se battant avec un fouet. Dans Darksiders Genesis, le cavalier de la Discorde, qui remplace la Pestilence, se bat à l'aide de deux pistolets.
- Dans Fallout Tactics, les cavaliers sont fidèlement représentés lors d'une rencontre aléatoire du jeu.
- Dans Hexen II, ce sont les quatre boss à affronter à la fin de chaque monde visité.
- Dans Sam and Max (saison 2, épisode 1, « Ice Station Santa »), ils sont alliés à un esprit extraterrestre et essayent de détruire l'esprit de Noël.
- Dans Apocalypse, les boss sont quatre cavaliers : la Mort, la Peste, la Guerre et la Bête.
- Dans Warlords Battlecry III, quatre créatures démoniaques du monde d'Ethéria sont connues en tant que cavalier de la guerre, de la mort, de la peste et de la famine.
- Dans le Otherworld de The Darkness.
- Dans Nethack, Pestilence, Mort et Famine sont des ennemis du plan astral, dernier niveau du jeu vidéo. Le quatrième, Guerre, n'est autre que le héros.
- Dans Shin Megami Tensei: Lucifer's Call, les cavaliers sont des boss cachés, représentés comme le « cavalier pâle », le « cavalier rouge », le « cavalier noir » et le « cavalier blanc ».
- Dans World of Warcraft, ils sont la forme de quatre cavaliers, des « Chevaliers de la mort » au service du roi-liche.
- Dans le contenu téléchargeable « Les Cauchemars d'Outre Tombe » de Red Dead Redemption, les quatre chevaux sont présents en tant que montures pour le héros. Famine possède une endurance infinie, Pestilence l'invulnérabilité, Guerre enflamme les zombies qu'il piétine et Mort fait exploser la tête de tous les zombies qu'il piétine.
- Dans Runescape, Guerre, Famine, Pestilence et Mort sont les quatre niveaux de difficulté croissante de la Forteresse de Sécurité.
- Dans Quake IV, Guerre, Mort, Famine et Pestilence sont les noms des unités chargées d'apporter les bombes IEM dans le Nexus Strogg.
- Dans Quake et ses extensions, quatre vitrines religieuses représentent des entités semblables à la grande faucheuses, en dessous desquelles sont marqués les noms des Quatre Cavaliers de l'Apocalypse. Quelquefois, une de ses faucheuses sort d'une vitrine et attaque le joueur.
- Dans League Of Legends, le champion Yorick, avant sa refonte, utilisait les quatre noms des chevalier pour ses habiletés, comme Augure de Guerre (qui est blanc), de Famine (qui est rouge), de Peste (qui est verdâtre) et de la Mort (qui est noir).
- Dans The Binding of Isaac, ils font leur apparition sous la forme de quatre boss déblocables, après avoir fini le jeu une fois.
- Dans Heroes of Newerth, ils sont disponibles comme modèles alternatifs achetables pour des héros existants, avec un cinquième cavalier inédit : La « Conquête ».
- Dans Minecraft, depuis la version 1.9, des cavaliers squelettes apparaissent au nombre de quatre, chevauchant des chevaux squelettiques lors des orages.
- Dans Scribblenauts Unlimited, il est possible de faire apparaître les quatre cavaliers. Ils sont sous la forme de faucheuses avec un drap de couleur différente pour chacun : noir pour Mort, rouge pour Pestilence, blanc pour Guerre, entièrement noir (drap et crâne) pour Famine. Un cinquième Cavalier peut néanmoins être créé sous la forme de Pollution, en vert.
- Dans Total War: Attila, les cinématiques de narration font un parallèle entre les Huns et les Cavaliers de l'Apocalypse.
- Dans Payday 2, quatre masques, dont le joueur peut s'équiper, sont présents dans le jeu, représentant chacun un des cavaliers. Des versions « Méga » (masques avec effets visuels) ont été ajoutées grâce à une mise à jour.
- Dans The Darkness, les Cavaliers sont représentés dans l'Otherworld sous différentes formes : la Peste est une créature mi-homme mi-oiseau dont le cri inflige des dégâts au joueur, la Guerre est un canon allemand de la Seconde Guerre mondiale monté sur voie ferrée (80 cm Kanone (E) Schwerer Gustav), la Mort est représentée sous la forme d'un crucifié et la Famine est un cheval maigre avec la mâchoire arrachée, mourant de faim devant une mangeoire remplie.
- Dans Far Cry 5, plusieurs références bibliques mentionnent les cavaliers de l'apocalypse tout au long du jeu.
- Dans Dofus, quatre donjons font référence au Cavaliers de l'Apocalypse (Corruption, Guerre, Servitude, Misère).
Autres
Notes et références
Voir aussi
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