La guerre de Troie est un conflit légendaire de la mythologie grecque, dont l'historicité est controversée. Elle est parfois appelée deuxième guerre de Troie en référence à l'expédition menée contre la cité par Héraclès après la quête de la Toison d'or, que certains nomment première guerre de Troie.
C'est le prince troyen Pâris qui la déclenche en enlevant Hélène, épouse du roi de Sparte, Ménélas. En rétorsion, Ménélas, l'époux bafoué, lève avec son frère Agamemnon une expédition rassemblant la plupart des rois grecs, qui assiège Troie et remporte finalement la victoire. La guerre de Troie et ses conséquences formaient le sujet d'un vaste cycle épique, le « Cycle troyen », dont les œuvres sont aujourd'hui perdues à l'exception de l’Iliade et l’Odyssée d'Homère. Elle représente une pierre fondatrice de la culture grecque, puis de la culture romaine, et constitue encore une source d'inspiration pour les artistes et écrivains.
Déroulement de la guerre
Déclenchement
Causes
La guerre de Troie est déclenchée par l'enlèvement d'Hélène, épouse du roi de Sparte, Ménélas, par le Troyen Pâris, fils de Priam, roi de Troie, et de son épouse Hécube. En effet, Hélène avait été promise à Pâris par Aphrodite, en remerciement pour le jugement du mont Ida, lui attribuant la pomme d'or. Pâris dut alors choisir entre Héra, Athéna et Aphrodite, lui promettant respectivement la royauté, la puissance militaire et l'amour de la plus belle femme du monde : Hélène.
On peut aussi considérer l'enlèvement d'Hélène, et donc l'incitation à la guerre, comme une vengeance de la part de Priam de la précédente guerre de Troie entre Héraclès et son père Laomédon qui est mort par ses mains. En effet, si Pâris est autorisé à se rendre à Sparte, c'est pour demander le retour d'Hésione, emmenée par Télamon après la guerre1.
Coalition achéenne
Les rois grecs, descendants de Pélops, sont contraints par le serment de Tyndare à se joindre à la cause de Ménélas, l'époux d'Hélène. Celui-ci, accompagné de Nestor, parcourt la Grèce pour les rappeler à leur promesse2,3.
Étant accompagné de son frère Agamemnon et de Palamède, Ménélas va trouver à Ithaque Ulysse, réticent à cause d'un oracle qu'il a entendu. Pour éviter d'avoir à partir, il simule la folie : vêtu en paysan, il laboure un champ avec un âne et un bœuf attelés à la même charrue, et lance du sel par-dessus son épaule. Palamède place alors le jeune Télémaque, fils d'Ulysse, devant l'attelage en marche. Ulysse tire vivement sur les rênes, montrant ainsi qu'il est sain d'esprit4,5. On peut accorder une signification métaphorique à cet épisode : le bœuf et l'âne représentent Zeus et Chronos, chaque sillon ensemencé de sel signifie une année perdue, et Télémaque marque la « victoire décisive »C 1.
Selon les auteurs tardifs, le devin Calchas avait prédit que Troie ne pourrait être prise sans Achille, fils de Thétis. Sa mère, pour le protéger de la guerre, le cacha, déguisé en fille, chez Lycomède, roi de Skyros. Mais il fut confondu par une ruse d'Ulysse, qui excita son instinct de guerrier et le poussa à se révéler en faisant sonner la trompette aux portes de la cité6. Cependant Homère raconte simplement que Nestor et Ulysse, étant venus à Phthie pour recruter des troupes, se virent confier Achille par son père Péléeil 1.
D'autres rois et héros, tels que les deux Ajax, Diomède et Tlépolémos les rejoignirent encoreC 2. Idoménée, roi de Crète, lui aussi ancien prétendant d'Hélène7, qui avait amené un nombre considérable de naviresN 1,8,9, obtint le commandement des gardesil 2. Toutes les troupes se rassemblèrent à Aulis. Cependant, elles ne pouvaient partir sans provisions ; c'est Anios qui les fournit, grâce à ses filles, les Vigneronnes10. Mais Ménélas envoya Agamemnon — accompagné d'Ulysse11 — pour emporter avec eux les Vigneronnes ; comme Anios refusait, ils les enlevèrent de force mais elles s'enfuirent12.
Première expédition
Cette flotte accoste, dans la deuxième année après l'enlèvement d'Hélène, en Mysie, non loin d'Élée. Ils affrontent d'abord Télèphe, roi de Mysie et fils d'Héraclès qui, alarmé par le débarquement d'une armée si imposante, a dépêché contre elle ses propres troupes. Après des combats acharnés, Télèphe apprend qui sont les chefs de l'armée ennemie et le combat cesse alors. La flotte grecque repart chez elle après cette première expédition, et se repose pendant huit ans. Cette première expédition était relatée dans les Chants cypriens, première épopée du Cycle troyen, attribués à Stasinos et composés au VIe siècle av. J.-C. ; cette épopée est presque entièrement perdue, mais on en connaît un résumé transmis beaucoup plus tard dans la Chrestomathie de Proclos au Ve siècle13.
Seconde expédition
Mise en place du siège
Alors que l'armée grecque s'apprête, la colère d'Artémis contre Agamemnon bloque la flotte à Aulis14. Le devin Calchas impose le sacrifice d'Iphigénie, fille de ce dernier15 ; c'est par la promesse d'un mariage avec Achille que les chefs achéens attirent alors la jeune fille à Aulis16,17.
Quand la flotte grecque arrive devant Troie, le premier Grec à perdre la vie est Protésilas, sous le coup d'Hectoril 3. Alors que les Grecs organisent la cérémonie funèbre en l'honneur de celui-ci, sans avertissement18, Cycnos, fils de Poséidon et roi de Colones (en), mène un second assaut mettant en fuite les Grecs19,20 et aucune arme ne peut le blesser21. Achille, menant la contre-attaque, parvient à le tuer en l'étranglant avec la jugulaire de son casque22 ou d'un jet de pierre23.
Les Grecs installent leur camp sur la plage qui s'étend devant Troie ; une ambassade achéenne pour réclamer Hélène échoue24. Une fois les Troyens retranchés derrière leurs murailles, Achille s'emploie à leur couper les vivres. Il attaque et réduit ainsi onze cités d'Anatolie, tributaires de Troie. C'est dans Lyrnessos25, l'une de ces villes, lors de la dixième année de siège, qu'il reçoit pour part d'honneur Briséisil 4, tandis qu'Agamemnon reçoit Chryséis lors du sac de Thèbe sous le Placosil 5.
Colère d'Achille
C'est à ce moment que commence le récit de l’Iliade. Une peste frappe le camp grecil 6 et le devin Calchas, encouragé par Achille, révèle qu'Apollon a puni Agamemnon car celui-ci avait refusé de rendre la captive Chryséis à son père Chrysès, prêtre d'Apollon dans une ville de Troadeil 7. Contraint de céder, Agamemnon furieux réclame une autre part d'honneur. Achille se récrie et Agamemnon, pour l'humilier, décide de prendre Briséis, sa captiveil 8. En colère, ce dernier décide de se retirer sous sa tente et jure sur le sceptre d'Agamemnon, don de Zeus, de ne pas retourner au combatil 9. Zeus, sur sa demande, donne l'avantage aux Troyens, tant qu'il sera absent du champ de batailleil 10.
Privés de son appui, les Grecs essuient défaites sur défaites, et alors que les Grecs sont acculés et que les Troyens menacent de brûler leurs nefs, le vieux sage Nestor, Phénix et Ulysse viennent en ambassade plaider la cause achéenneil 11. Achille reste ferme mais Patrocle, ému par les malheurs de ses compatriotes, obtient l'autorisation d'Achille de sauver les Grecs en portant ses armesil 12. La manœuvre réussit mais Patrocle, malgré sa promesse à Achille, engage la poursuiteil 13. Il est tué par Hector, frère de Pâris, qui prend les armes d'Achille comme butinil 14. Furieux contre lui-même et humilié — trompé par Patrocle qui ne l'a pas eu auprès de lui pour le protéger du malheur et symboliquement vaincu par Hector —, Achille décide de se venger, malgré les avertissements de sa mère : s'il affronte Hector, il mourra peu de temps aprèsil 15. Héphaïstos lui forge de nouvelles armes, avec lesquelles il sort à la recherche d'Hectoril 16.
Combat d'Achille et de
Penthésilée, cratère en cloche
lucanien de la fin du
Ve siècle
av. J.-C., Musée national archéologique de
Madrid.
Revêtu de son armure divine, il s'engage à nouveau dans le combat et abat un grand nombre de Troyens sur son passageil 17, tellement que les eaux du Scamandre sont souillées de cadavresil 18. Offenséil 19, le Scamandre manque de noyer Achilleil 20. Sauvé par l'intervention d'Héphaïstosil 21, celui-ci rencontre enfin Hector, le défie et le tue avec l'aide d'Athénail 22. Il traîne sa dépouille autour de la ville avec son charil 23 avant de la ramener dans le camp achéen.
Achille fait pourtant preuve d'humanité en laissant le roi Priam, venu dans sa tente en suppliant, emporter le corps de son fils pour lui accorder des dignes funéraillesil 24. Il obéit ainsi à sa mèreil 25, envoyée par les dieux mécontents du traitement infligé à la dépouille du hérosil 26.
Certains racontent ensuite l'arrivée de Penthésilée, reine des Amazones, et de MemnonÉn 1, qui est selon certains roi d'Éthiopie26,27. Penthésilée est défaite par Achille28. Mais il tombe amoureux du cadavre ; et Thersite s'étant moqué de lui, il tue ce dernier29,30. Antiloque, pour sauver son père31, s'affronta à Memnon qui le tua28. Achille le vengea en tuant Memnon32,28.
Cheval de Troie
Représentation du cheval de Troie sur le col d'un
pithos à reliefs, vers 670 av. n. ère, musée de
Mykonos33.
Sur une idée d'ÉpéiosÉn 2 ou d'Ulysse34 — à moins que ce ne soit sous l'inspiration d'Athéna35 —, les Grecs construisent un énormeÉn 3 cheval en bois, dans lequel ils cachent des guerriers, au nombre desquels se trouvent notamment Ulysse, Ménélas et NéoptolèmeÉn 4,36. Puis les Achéens brûlent leur camp36, embarquent sur leurs navires et dissimulent leur flotte plus loin, dans la baie de Besik, derrière l'île de TénédosÉn 5
En présence du cheval les Troyens sont d'abord désemparés, les avis divergeant sur le sort qu'on doit lui réserverÉn 6. Avertis qu'il s'agit d'un présent pour la déesse AthénaN 2,Én 7,37, les uns veulent le faire entrer dans la ville, les autres, menés d'abord par ThymétèsÉn 8, prônent la méfiance. Survient alors Laocoon qui exhorte ses compatriotes à se débarrasser du cheval, prononçant la formule célèbre :
Quidquid id est, timeo Danaos et dona ferentesÉn 9
— Virgile, Énéide
« Quoi qu'il en soit, je redoute les Grecs, même porteurs de présents »
— Énéide
Et, joignant le geste à la parole, il jette un javelot dans le flanc du cheval ; on entend alors des gémissementsÉn 10, qui sont sans aucun doute ceux des Grecs.
Un Grec, Sinon, resté sur la côte apparaît alors et faisant croire qu'il a été condamné par les Grecs et qu'il est donc prêt à les trahirÉn 11, tient le discours suivant :
« Calchas a voulu qu'ils fissent [du cheval] une énorme masse et que cette charpente s'élevât jusqu'au ciel, et qu'ainsi elle ne pût entrer par vos portes ni être introduite dans vos murs ni replacer le peuple de Troie sous la protection de son ancien culteN 3. Si vos mains profanaient cette offrande à Minerve, […] alors ce serait une immense ruine pour l'empire de Priam et pour les Phrygiens. Mais si, de vos propres mains, vous la faisiez monter dans votre ville, l'offensive d'une grande guerre conduirait l'Asie jusque sous les murs de PélopsN 4,Én 12. »
— Virgile, Énéide
Comme pour confirmer ses dires, deux serpents surgissent de la mer et se jettent sur Laocoon et sur ses enfantsÉn 13, puis ils se réfugient dans le temple d'AthénaÉn 14. Le message semble clair aux Troyens : Athéna leur est farouche, il faut donc l'apaiser. Ils n'ont pas pensé que peut-être c'était en raison d'offenses personnelles que Laocoon a pu faire à la déesse qu'il était puniC 3. Ils décident alors d'ouvrir une brèche dans les murs de la cité pour faire entrer l'offrandeÉn 15. À plusieurs reprises, lorsqu'ils déplacent l'engin, ils perçoivent des bruits à l'intérieur, qui sont ceux des armes grecques qui s'entrechoquentÉn 16. Si on ajoute à ce signe les prédictions que Cassandre avait déjà faites auparavant38,39 et le bruit du javelot de Laocoon, on voit que c'est malgré des indices nombreux que les Troyens ont accepté l'offrande. Notons que selon certains38, Priam aurait agi de sa propre initiative, et sans l'intervention de Sinon.
Une fois la nuit venue, un complice des Grecs fait des signaux lumineux depuis la cité pour les engager à attaquer. Pour les uns, c'est Hélène qui feint de mener une procession nocturne, accompagnée de flambeauxÉn 17 ; pour les autres, c'est Sinon qui allume un feu40. D'autres encore racontent qu'Hélène s'étant placée sous un cheval et imitant la voix des femmes des guerriers, les appelle. Ceux-ci sont tentés de répondre à cette voix familière, mais Ulysse réfrène leurs désirs41,42.
Équipements
Il existe deux types de combats, rapproché et à distance. En combat rapproché, il y avait des haches doubles, des glaives et des dagues utilisées lors du corps à corps. Les lances sont en bronze et peuvent aussi bien être employées en combat rapproché qu’à distance. Les javelots sont très utilisés lors du combat à distance, ils comportent un propulseur qui est un lacet de cuir s’enroulant autour de la tige, ce qui renforce la puissance du jet. Les archers portent un carquois avec des flèches de fer sur le dos et utilisent un arc à double courbure. L’épée de bronze est droite et à double tranchant43.
Concernant les protections, les soldats portent des jambières (cnémide), des boucliers ronds, des cuirasses, des plastrons ainsi que des casques. Les chefs sont privilégiés et portent des armures constituées de plaques de bronze qui pèsent l’équivalent de 20 kg. La cuirasse peut être ornée de traits qui soulignent les muscles. Portée sur une tunique courte, la cuirasse est formée de 2 plaques de métal réunies avec des crochets. Elle s’arrête sous la ceinture. Des bandes de cuirs prolongent la cuirasse. Le bouclier est toujours décoré de motifs divers. Les jambières sont en étain44.
Les matériaux utilisés pour les armes sont principalement le bronze, l’argent, le fer, l’or et le cuivre. Les mines de fer se trouvent en Chypre, à Rhodes et en Eubée. Les mines d’argent sont au Sud d’Athènes. Et sur le Mont Pangée on trouve de l’or. Les mines de cuivre sont en Eubée45.
Interprétation mythologique
Pour l'auteur comique latin Plaute, Troie est tombée en raison46 :
- du vol par les Grecs de la statue sacrée Palladion abritée dans un temple dans la ville ;
- la mort du prince troyen Troïlos, fils d'Apollon (ou de Priam selon les versions) et d'Hécube ;
- la démolition de la muraille au-dessus des Portes Scées que les Troyens ont eux-mêmes conduite pour faire entrer le cheval de Troie dans la ville.
Selon le devin grec Calchas47, Troie ne peut être prise sans le concours de l'arc et les flèches d'Héraclès, c'est pourquoi les Grecs, après l'avoir lâchement laissé blessé à Lemnos, sollicitent le soutien de Philoctète qui en est le dépositaire.
Selon le Troyen Hélénos48, qui selon Calchas connaît les oracles qui protègent la cité, et après avoir été capturé par Ulysse et contraint de les révéler aux Grecs, trois causes sont donc nécessaires à la prise de la ville :
- les os de Pélops doivent être ramenés dans le camp des Grecs ;
- Néoptolème, le fils d'Achille, doit prendre part à la guerre ;
- la Palladion se doit d'être dérobé.
Récits et représentations
Épopées
L’Iliade et l’Odyssée sont les plus anciens récits qui nous soient parvenus au sujet de la guerre de Troie — le récit de Darès de Phrygie était censé être plus ancien, mais la version qui nous est parvenue est sans aucun doute beaucoup plus récenteC 4. Néanmoins, à l'époque archaïque, ce sujet était l'un des préférés des aèdes et des poètes. Les œuvres épiques qui y étaient consacrées étaient donc nombreuses. L'ensemble de ces œuvres est nommé le « Cycle troyen ».
Illustration d'un manuscrit médiéval,
Recueil des Histoires de Troie - Bibliothèque de
Blois.
Pendant la période classique et surtout alexandrine, le sujet resta à la mode. De nombreux mythographes comme Proclos dans sa Chrestomathie, le pseudo-Apollodore dans sa Bibliothèque, ou Hygin dans ses Fables rédigèrent des résumés ou des analyses des événements décrits dans l’Iliade. À l'époque tardive fleurirent aussi des suites et des contre-récits. Ces derniers avaient pour but de présenter les événements sous un angle différent de celui adopté par Homère. En fait, nombre des détails ou des traditions associés pour nous à tel ou tel héros ne sont pas présentes dans l'œuvre homérique, mais proviennent de versions alternativesN 5.
Virgile conta également dans son Énéide le récit d'un des héros troyens, Énée, fils d'Aphrodite, qui suivit sans le savoir les traces d'Ulysse, pour aller fonder une nouvelle Troie, Rome. C'est notamment par cette épopée qu'on connaît en détail l'épisode de la prise de TroieÉn 18.
Au Moyen Âge, des auteurs s'efforcèrent de mettre à la portée du public cultivé le contenu des œuvres grecques.
- L'Iliade latine, attribuée à un certain Bæbius Italicus, Ier siècle ;
- Éphéméride de la guerre de Troie, attribuée à Dictys de Crète, Ier siècle ;
- La Suite d'Homère, Quintus de Smyrne, IVe siècle ;
- La Prise de Troie, Tryphiodore, IVe siècle ;
- Histoire de la destruction de Troie, Darès le Phrygien, Ve siècle ou début VIe siècle ;
- L'Excidium Troie, compendium du VIe siècle ;
- Le Roman de Troie, Benoît de Sainte-Maure, v. 1165 ;
- L'Ilias , Simon Chèvre d'Or, troisième quart du XIIe siècle ;
- L'Iliade, Joseph d'Exeter, v. 1183–1190 ;
- Troilus, Albert de Stade, XIIIe siècle.
Théâtre
Dans l'Antiquité, la guerre de Troie a inspiré aux tragédiens de nombreuses pièces. Ainsi Sophocle aurait écrit entre autres Le Rapt d’Hélène, Laocoon, Polyxène et Priam, mais ces pièces sont perdues. Deux tragédies conservées de Sophocle empruntent leur sujet à la guerre de Troie : Ajax (qui évoque la querelle entre Ulysse et Ajax fils de Télamon pour la possession des armes d'Achille après sa mort, puis le suicide d'Ajax)C 5 et Philoctète (relatant le conflit entre Philoctète, héros de l'armée achéenne abandonné sur une île après avoir été atteint d'une blessure à l'odeur nauséabonde, et Ulysse et Néoptolème qui tentent de s'approprier son arc, car un oracle a annoncé que les Achéens ne pourront pas prendre Troie sans cette arme)C 6. D'Euripide, on a la chance d'avoir conservé, à propos de la guerre de Troie, plusieurs œuvres. Iphigénie à Aulis raconte le sacrifice d'Iphigénie. Hélène s'écarte de la version homérique en racontant comment Hélène s'est exilée en Égypte durant la guerre. Les Troyennes montre le devenir des femmes troyennes après la prise de leur cité, troisième volet d'une trilogie dont les deux autres ont été perdus. On peut voir dans sa forme linéaire, sans intrigue, un glissement du tragique théâtral à la réalité de la guerreC 7.
L'influence de l’Iliade perdure pendant la Renaissance. En 1579, Robert Garnier compose la tragédie La Troade, qui évoque le sort des Troyennes après la prise de la ville, en rassemblant les sujets de plusieurs pièces d'Euripide et de Sénèque49.
À l'époque classique, le thème est repris par Jean Racine, dans ses tragédies profanes Andromaque (1667) puis Iphigénie (1674). Les contraintes qu'il s'impose sont les mêmes que celles des tragiques grecs, mais les thèmes mythologiques sont surtout pour lui l'occasion d'évoquer les passions des héros.
À partir du XIXe siècle, le thème de la guerre de Troie, thème de violence, devient une voie pour évoquer des sentiments profonds ou des sujets polémiques. Ainsi, dans sa PenthésiléeC 8, Heinrich von Kleist donne un récit du rôle de la reine des Amazones dans la guerre de Troie. C'est pour lui l'occasion d'évoquer les sentiments violents qui s'opposent chez la protagoniste à un ordre social contraignant et qui ne reconnaît pas l'amour. De même, dans sa célèbre pièce La guerre de Troie n'aura pas lieuC 9, Jean Giraudoux raconte la guerre mais surtout évoque le cynisme du monde politique et défend le pacifisme.
Céramique
La guerre de Troie était un sujet classique de la Céramique grecque antique. Par exemple, le potier Exékias a effectué des représentations du récit. Certaines scènes du vase François montrent aussi des illustrations pertinentes.
Peinture
Le sujet inspire au grec Polygnote du Ve siècle av. J.-C. des peintures disposées dans la Lesché des Cnidiens, un bâtiment à Delphes. Celles-ci sont disparues, mais le géographe Pausanias nous livre une description des différents tableaux nous permettant aujourd'hui d'en avoir une assez bonne vue d'ensemble. Carl Robert proposa une reconstruction en 189350,51.
Le peintre italien rococo Giambattista Tiepolo, parmi les fresques de la mythologie romaine qu'il a peintes en 1757 à la villa Valmarana, en a consacré plusieurs à des épisodes célèbres de l'Iliade et de l'Énéide. Son fils Giovanni Domenico Tiepolo reprendra ce thème vers 1760 avec deux tableaux consacrés au cheval de Troie, aujourd'hui exposés à la National GalleryC 10.
Par ailleurs la guerre de Troie a bien sûr été abordée par le courant néoclassique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Par exemple, Les Funérailles de Patrocle sont en 1779 pour Jacques-Louis David l'occasion de rendre hommage aux bas-reliefs antiques et aux maîtres de la RenaissanceC 11. De même, Giuseppe Cades, s'inspirant du groupe du Laocoon, fait ressortir la grandeur tragique d'Achille dans son dessin Achille et BriséisC 12.
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G. B. Tiepolo, Le Sacrifice d'Iphigénie, villa Valmarana.
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G. B. Tiepolo, Eurybatès et Talthybios mènent Briséis à Agamemnon, villa Valmarana.
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G. D. Tiepolo, Procession du cheval de Troie, National Gallery.
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Sculpture
Le célèbre groupe du Laocoon représente l'attaque du prêtre et de ses enfants par les serpents. Elle est célèbre pour son expressivité et sa beauté, au point que Pline l'Ancien écrit52 : « il faut préférer [cette sculpture] à toute la peinture et toute la sculpture ».
Musique
La Belle Hélène, opéra-bouffe d'Offenbach de 1864, a pour thème la rencontre d'Hélène et de Pâris. En mars 1954, la comédie musicale américaine The Golden Apple s'inspire librement de l'intrigue des épopées d'Homère, transposées dans une semi-parodie qui se déroule dans l'État de Washington au début du XXe siècle
Bande dessinée
En bande dessinée, l'auteur américain Eric Shanower a entrepris d'écrire et de dessiner une série, L'Âge de bronze, qui doit relater en dix volumes la totalité de la guerre de TroieC 13 dans une version rationalisée des événements où les éléments surnaturels sont écartés au profit d'une réflexion sur la psychologie des personnages humainsC 14.
On pourra également citer Valérie Mangin qui dans La Guerre des Dieux, troisième cycle des Chroniques de l'Antiquité galactique, relate les évènements de l’Iliade dans un premier tome, et ceux de l’Odyssée dans un deuxième. Valérie Mangin se rapproche plus de la version d'Homère, car elle présente la Guerre de Troie comme dirigée uniquement par les Dieux, les hommes n'étant que des marionnettes, objets des querelles divinesC 15.
Dans un registre tout autre, la bande-dessinée Alcibiade Didascaux, dans le tome L'extraordinaire aventure d'Alcibiade Didascaux, illustre de nombreux mythes grecs fondamentaux, dont ceux relatifs à la Guerre de Troie, apportant une vision légèrement humoristique des faitsC 16.
Cinéma
Le point le plus notable dans les adaptations cinématographiques de la Guerre de Troie est que parmi toutes les versionsC 17, une seule adopte le point de vue du texte homérique : L'ira di AchilleC 18. Hormis le film Troie de Wolfgang Petersen (seul à donner un rôle notable à Briséis), les autres films délaissent souvent le personnage d'Achille alors que l'épopée homérique est centrée sur les actes et les paroles du fils de Pélée, cause des fluctuations de la guerre53. Beaucoup de films se focalisent sur Hélène ou sur les Troyens, censés montrer plus d'humanité que le cruel Achille54. L'un d'eux donne le rôle principal à ÉnéeC 19.
Racine dans son Andromaque55 met en exergue les amours d'Hélène et de Pâris qui touchent davantage le cœur des Modernes. Quant aux héros grecs, on retient plus volontiers le rôle ingrat du mari jaloux Ménélas ou celui de l'assassin de sa fille Agamemnon. Ainsi la vision des Grecs s'est-elle inversée : les héros d'Homère sont devenus des personnages troubles qui ont maintenant le mauvais rôle.
C'est en fait le personnage d'Hélène qui a retenu le plus l'attention des metteurs en scène, renforçant ce constat d'inversion des valeurs par rapport à l’Iliade où les femmes ne sont que de simples objets d'échange (une femme habile à mille travaux vaut quatre bœufs)il 27. Hélène est devenue l'héroïne préférée des cinéastes, que ce soit en raison de son enlèvement comme cause de la guerreC 20, de ses démêlés amoureux avec PârisC 21, de son intégration à TroieC 22 ou encore de son retour en GrèceC 23.
Ajoutons que le personnage d'Hélène a alimenté aussi l'imagination des réalisateurs de films pornographiquesC 24.
Parmi les nombreux films évoquant la guerre de Troie, on peut notamment citer :
Historicité
Historiographie antique
Thucydide pensait que l’importance qu’Homère avait accordé au conflit était exagérée ; il écrit :
« la guerre de Troie elle-même, la plus célèbre des expéditions d'autrefois, apparaît en réalité inférieure à ce qu'on en a dit et à la renommée qui lui a été faite par les poètes »
— Thucydide, Guerre du Péloponnèse56
Dans le même état d'esprit, Hérodote dénonce l'invraisemblance du récit homérique :
« Si cette princesse eût été à Troie, on l'aurait sûrement rendue aux Grecs, soit qu'Alexandre y eût consenti ; soit qu'il s'y fût opposé. Priam et les princes de la famille royale n'étaient pas assez dépourvus de sens pour s'exposer à périr, eux, leurs enfants et leur ville, afin de conserver à Alexandre la possession d'Hélène. Supposons même qu'ils eussent été dans ces sentiments au commencement de la guerre, du moins, lorsqu'ils virent qu'il périssait tant de Troyens toutes les fois qu'on en venait aux mains avec les Grecs, et qu'en différents combats il en avait déjà coûté la vie à deux ou trois des enfants de Priam, ou même à un plus grand nombre, s'il faut en croire les poètes épiques ; quand Priam aurait été lui-même épris d'Hélène, je pense qu'il n'aurait pas balancé à la rendre aux Grecs, pour se délivrer de tant de maux. »
— Hérodote, Histoires57
Pausanias, pour sa part, sans donner son avis sur la guerre tout entière, donne une version plus rationnelle de l'épisode du cheval de Troie, considérant ce dernier comme une machine utilisée pour enfoncer les murs de la cité :
« À moins de croire les Phrygiens absolument dépourvus de bon sens, on sera convaincu que ce cheval était une machine de guerre inventée par Épéos pour renverser les murs de Troie. »
— Pausanias, Description de la Grèce58
Ainsi, bien que pour la plupart les Grecs la guerre de Troie a bien eu lieu, un certain recul par rapport aux récits qui en ont été faits est nécessaire.
Datation
Étant donné l'incertitude qui règne autour de la réalité de cet épisode, il est évident que toute datation est hasardeuse. De nombreuses dates ont été proposées depuis l'Antiquité, toutes situées aux alentours du XIIe siècle av. J.-C..
La tradition historiographique grecque propose les dates suivantesC 25.
On observe que l'intervalle le plus populaire parmi ces auteurs est situé entre 1194 et 1184 av. J.-C. D'après les calculs d'Ératosthène, la prise de Troie par les Achéens a lieu dans la nuit du 11 au 12 juin 1184 av. J.-C. lors d'une éclipse solaireC 26.
Historiographie contemporaine
« Trésor de Priam découvert à 8 1/2 mètres de profondeur ». Troie II, avant 1880.
La découverte en 1870 par l’archéologue amateur et homme d’affaires Heinrich Schliemann des ruines de la butte d’Hissarlik, en Turquie, identifiées comme étant celles de Troie, a relancé un vieux débat sur l’historicité des événements relatés par Homère. À l’heure actuelle, l’archéologie révèle sur ce site neuf niveaux de destructions pour des causes multiples (séismes, incendies, conflits) et de reconstructions, sans qu’il soit possible de relier l’un de ces niveaux en particulier à une guerre historiquement identifiable80, et ce malgré Carl Blegen qui concluait en 1963, à l’issue de ses travaux réalisés à partir des fouilles de Schliemann et la découverte du « trésor de Priam »C 27 :
« La guerre de Troie fut un fait historique, et pendant cette guerre une coalition d'Achéens ou Mycéniens, sous la conduite d'un roi dont la suzeraineté était reconnue, combattit contre le peuple de Troie et ses alliés. »
D'ailleurs, il fut attesté que le trésor en question datait du IIe millénaire av. J.-C., et qu'il ne pouvait donc pas être associé à l'épisode du siège de TroieC 28.
Malgré tout, il existe des convergences entre le mythe et l'archéologie. Par exemple, il est question d'un casque dans l’Iliade :
« Et Mèrionès donna à Odysseus un arc, un carquois et une épée. Et le Laertiade mit sur sa tête un casque fait de peau, fortement lié, en dedans, de courroies, que les dents blanches d’un sanglier hérissaient de toutes parts au-dehors, et couvert de poils au milieuil 28. »
— Homère, Iliade
Or ce même type de casque a été retrouvé dans les édifices funéraires d'Argolide, d'Attique ou de Messénie, comportant des plaques incurvées taillées dans des dents de sanglier, et il est mentionné dans les inventaires des palais de Pylos et de CnossosC 29.
Pour Claude Mossé, on ne pourra jamais prouver avec certitude l’existence ou non du conflit homérique ; elle écritC 30 :
« Cette guerre dont l'Iliade porte l'écho amplifié ne fut peut-être dans l'histoire qu'un événement mineur : la prise par une petite bande de Grecs d'une bourgade d'Asie Mineure. »
La question est donc discutée. On pourra en conclure que si le caractère mythique de l’épisode de la guerre de Troie est évident, les indices archéologiques récents laissent penser qu’il s’inspire probablement d’un ou de plusieurs conflits historiquesC 31,C 32,C 33,C 34,C 35.
Notes et références
Notes
- Idoménée adjoignit à la flotte 40 navires, et son compatriote Mérion en apporta autant.
- Par la rumeur, selon Virgile ; par une inscription, selon Hygin.
- Le culte d'Athéna avait cessé chez les Troyens depuis le vol du Palladion.
- C'est-à-dire jusqu'à la Grèce.
- Par exemple, sont cités dans cet article la folie simulée d'Ulysse, les personnages de Penthésilée et Memnon, le saccage de Troie.
Références
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- Iliade, I, 43–54.
- Iliade, I, 92–100.
- Iliade, I, 130–139.
- Iliade, I, 223–246.
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- Iliade, IX, 92–100.
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- Iliade, XVI, 817–862 et XVII, 125.
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- Iliade, XX, 353–503.
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- Iliade, XXI, 211–221.
- Iliade, XXI, 234–327.
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- Iliade, XXII, 306–364.
- Iliade, XXII, 395–404.
- Iliade, XXIV, 440–670.
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- Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne [archive]], I, 489–491.
- Énéide, II, 264.
- Énéide, II, 15.
- Énéide, II, 261–264.
- Énéide, II, 21–24.
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- Énéide, II, 17.
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- Énéide, II, 50–53.
- Énéide, II, 77–144.
- Énéide, II, 185–194. Traduction d'A. Bellesort.
- Énéide, II, 203–224.
- Énéide, II, 226.
- Énéide, II, 234.
- Énéide, II, 242–243.
- Énéide, VI, 518–519.
- Énéide, livre II. On retrouve de nombreuses autres allusions à la guerre de Troie partout dans l'épopée.
- Autres références antiques
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- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne [archive]], XCV.
- Servius, Commentaire à l'Énéide [détail des éditions] [(la) lire en ligne [archive]], II, 81.
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- P. Demont, A. Lebeau, Introduction au théâtre grec antique, LGF, collection « Livres de poche », 1996, p. 107–108.
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- L'Extraordinaire aventure d'Alcibiade Didascaux, la Grèce, langue et civilisation d'alpha à oméga, scénario par Clanet et Clapat, dessins par Clapat, Athéna Éditions.
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Bibliographie
Sources antiques
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- Louise Schofield, La Grèce ancienne, Paris, Nathan,
- (en) Carol G. Thomas et Craig Conant, The Trojan War, Greenwood Publishing Group,
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- Carlos Moreu, La guerre de Troie. Au-dela de la légende, Ithaque, , 216 p. (ISBN 978-2-9524280-1-9)
- Eric Tréguier, « La guerre de Troie a-t-elle eu lieu ? », Guerres & Histoire N°57, , p. 72 à 77 (ISSN 2115-967X)
Voir aussi
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Articles connexes
Liens externes
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Cheval de Troie (informatique)
Un cheval de Troie (Trojan horse en anglais) est un type de logiciel malveillant, qui ne doit pas être confondu avec les virus ou autres parasites. Le cheval de Troie est un logiciel en apparence légitime, mais qui contient une fonctionnalité malveillante. Son but est de faire entrer cette fonctionnalité malveillante sur l'ordinateur et de l'installer à l'insu de l'utilisateur.
Histoire
Origine du concept
Le terme « cheval de Troie » a été inventé en 1970 par Daniel J. Edwards1, chercheur à la NSA. En 1971, le manuel UNIX suppose le concept bien connu puisqu'il y est écrit2 :
- « On ne peut pas changer le propriétaire d’un fichier en modifiant le bit utilisateur, car ainsi on pourrait créer des chevaux de Troie capables d'utiliser frauduleusement les fichiers d'autres personnes. »
La terminologie a été par la suite utilisée en 1974 dans un rapport de l'US Air Force sur l'analyse de la vulnérabilité des systèmes informatiques3, puis présentée en 1981 par David Jordan4 et enfin vraiment popularisée par Ken Thompson dans la conférence Turing5, qu'il donna à la réception du prix Turing en 1983, prix qu'il avait reçu pour avoir créé UNIX. Sa conférence est sous-titrée :
- « To what extent should one trust a statement that a program is free of Trojan horses? Perhaps it is more important to trust: the people who wrote the software. »
Ce qui signifie :
- « Dans quelle mesure doit-on se fier à une déclaration selon laquelle un programme est exempt de chevaux de Troie ? Il est peut-être plus important de faire confiance aux personnes qui ont écrit le logiciel. »
Il signale qu'il a eu connaissance de l'existence possible de chevaux de Troie (à la manière de ceux qu'ils présentent), dans un rapport sur la sécurité de Multics, dont il ne peut malheureusement pas trouver de référence, mais Paul Karger et Roger Schell6 sont en position d'affirmer qu'il s'agit du rapport cité plus haut3,7.
La légende du cheval de Troie dans l'Odyssée
Les chevaux de Troie informatiques (ou Trojan horses en anglais) tirent leur nom d'une célèbre légende de la Grèce antique, racontée par Homère dans l'Odyssée et reprise par Virgile dans l'Énéide. Le cheval de Troie est la méthode utilisée par les Grecs pour conquérir la ville de Troie : le héros Ulysse fit construire un immense étalon de bois qu'il plaça devant les portes de Troie et dans les flancs duquel il se cacha avec ses compagnons. Lorsque les Troyens découvrirent ce cheval, ils le firent entrer eux-mêmes dans leur cité. Ils s'endormirent sans méfiance tandis que le cheval se trouvait dans leurs murs. À la nuit tombée, Ulysse et ses compagnons sortirent de leur cachette et ouvrirent les portes de la ville au reste de l'armée, qui la détruisit et massacra ses habitants.
Les chevaux de Troie aujourd’hui
Un cheval de Troie informatique est un programme d'apparence inoffensive, mais qui contient un logiciel malveillant installé par l'utilisateur lui-même, ignorant qu'il fait pénétrer un intrus malveillant sur son ordinateur. C'est par analogie que ce type de programme a été baptisé « cheval de Troie », en référence à la ruse qu'Ulysse utilisa pour contourner les défenses adverses.
En 2014, une étude de l'Association of Internet Security Professionnals, centrée sur les dangers du live streaming illégal, révèle qu'un ordinateur sur trois est infecté par un logiciel malveillant et que 73 % de ces infections proviennent d'un cheval de Troie8.
Les chevaux de Troie peuvent être utilisés de manière légale par les services de renseignement ou les services d'enquête. Ainsi dans un cadre judiciaire, les enquêteurs peuvent avoir recours à la captation des données informatiques. Le démantèlement du réseau de communications chiffrées EncroChat en est ainsi une illustration.
Quelques précisions terminologiques
Le programme contenu (ou téléchargé par la suite automatiquement) est appelé la charge utile9. Il peut s'agir de n'importe quel type de logiciel malveillant : virus, keylogger, logiciel espion ou publicitaire... C'est ce logiciel malveillant qui va exécuter des actions au sein de l'ordinateur victime10. Le cheval de Troie n'est rien d'autre que le véhicule, celui qui fait « entrer le loup dans la bergerie ». Il n'est pas nuisible en lui-même car il n'exécute aucune action, si ce n'est celle de permettre l'installation du vrai logiciel malveillant.
Dans le langage courant, on nomme souvent par métonymie « cheval de Troie » pour désigner le logiciel malveillant contenu à l'intérieur. Cette confusion est en partie alimentée par les éditeurs d'antivirus, qui utilisent « trojan » comme nom générique pour désigner différents types de programmes malveillants qui n'ont rien à voir avec des chevaux de Troie11.
Vecteurs d'infection
Le cheval de Troie prend l'apparence d'un logiciel existant, légitime et parfois même réputé, mais qui aura été modifié pour y dissimuler un parasite. La subtilité avec laquelle l'installation est faite est expliquée par Ken Thompson dans sa conférence Turing. L'utilisateur va télécharger et installer le programme, pensant avoir affaire à une version saine. En réalité, le logiciel véhicule un logiciel malveillant qui va pouvoir s'exécuter sur son ordinateur. Les logiciels crackés peuvent d'ailleurs être des chevaux de Troie qui vont berner l'internaute qui souhaite obtenir gratuitement un logiciel normalement payant, comme Adobe Acrobat Pro, Photoshop, Microsoft Office12...
Origines fréquentes des chevaux de Troie
L’introduction d'un cheval de Troie dans un système informatique peut s'effectuer de différentes façons. Voici celles qui sont les plus courantes :
- Téléchargement de versions modifiées sur des sites non officiels ou des plateformes peu sûres (P2P). Télécharger un logiciel sur le site officiel de l'auteur ou du distributeur évite normalement d'avoir affaire à une version infectée par un cheval de Troie.
- Téléchargement de programmes via le protocole P2P.
- Visite de sites Web contenant un exécutable (par exemple les contrôles ActiveX ou des applications Java).
- Exploitation de failles dans des applications obsolètes (navigateurs, lecteurs multimédias, clients de messagerie instantanée...) et notamment les Web Exploit.
- Ingénierie sociale (par exemple, un pirate envoie directement le cheval de Troie à la victime par messagerie instantanée).
- Pièces jointes et fichiers envoyés par messagerie instantanée.
- Mise à jour d'un logiciel.
- Absence de logiciel de protection.
- Lecture d'une clé USB d'origine inconnue.
Notions voisines du cheval de Troie
Le cheval de Troie ne doit pas être confondu avec d'autres notions proches :
- L'injecteur (ou dropper, en anglais) est quasiment identique au trojan car il sert aussi de véhicule pour un logiciel malveillant. Cependant, l'injecteur est un programme spécialement créé pour propager des logiciels malveillants, tandis qu'un cheval de Troie est une version modifiée d'un programme existant et légitime.
- La porte dérobée (backdoor) est un programme qui va s'exécuter discrètement sur l'ordinateur où il est installé pour y utiliser une faille de sécurité. Le backdoor ouvre un ou plusieurs ports sur la machine, ce qui lui permet d'accéder librement à Internet et de télécharger, à l'insu de l'utilisateur, un logiciel malveillant. Le backdoor n'est donc pas un cheval de Troie car celui-ci ne véhicule pas le logiciel malveillant de lui-même : il va simplement ouvrir un accès et récupérer, via Internet, le programme malveillant qui se trouve sur un serveur distant.
- Le RAT (Remote administration tool) est un logiciel de prise de contrôle à distance d'un ordinateur. Un RAT peut être un outil légitime (pour le dépannage à distance, par exemple), mais il peut aussi être utilisé par un pirate pour s'emparer d'une machine. Dans ce cas, l'introduction du RAT sur la machine à contrôler se fait à l'insu de l'utilisateur. Contrairement à ce qu'on lit parfois, le T de RAT ne signifie pas Trojan mais Tool (outil).
- Les bombes de décompression ne contiennent pas de logiciels malveillants, mais elles peuvent être confondues avec les chevaux de Troie car la notion de conteneur entre aussi en jeu. Il s'agit d'un fichier compressé (un fichier zip, par exemple) de taille raisonnable tant qu'il n'est pas ouvert. Mais lorsque l'utilisateur va tenter de le décompresser, celui-ci va générer un fichier d'une taille gigantesque. Cette « explosion » entraîne le ralentissement ou le plantage de l'ordinateur, et sature le disque dur avec des données inutiles. Bien qu'il s'agisse de conteneurs malveillants, le fonctionnement des bombes de décompression n'a donc rien à voir avec celui des chevaux de Troie. En effet, elles ne transportent aucun parasite indépendant, elles saturent la machine de données aléatoires.
- Le Trojan Stealer, plutôt spécialisé dans le vol de données et notamment les comptes en ligne (mail, réseaux sociaux ou encore compte bancaire). Le préfixe utilisé par les antivirus peut alors être Trojan.PWD, où PWD signifie password pour mot de passe.
Symptômes possibles d'une infection
- Activité anormale de la carte réseau ou du disque dur (des données sont chargées en l'absence d'activité de la part de l'utilisateur).
- Mouvements curieux de la souris.
- Ouvertures impromptues de programmes ou du lecteur CD/DVD.
- Plantages répétés du système.
- Arrêt ou redémarrage impromptus de l'ordinateur.
- Écran ou fenêtres comportement des messages inhabituels.
- Comportement inhabituel dans le fonctionnement de l'ordinateur, comme la modification du rôle des boutons de la souris ou la modification du volume du lecteur audio.
- Ouverture ou fermeture intempestive de fenêtres ou de logiciels.
- Les programmes commencent ou terminent leur exécution de manière inattendue.
- Le navigateur accède tout seul à certains sites Internet.
- Présence d'autres programmes qui n'ont pas été volontairement installés (y compris des logiciels malveillants).
- Vol de renseignements personnels : informations personnelles ou bancaires, mots de passe...
- Suppression, modification ou transfert de fichiers (téléchargement ou upload).
- Exécution ou arrêt de processus.
- Enregistrement des frappes (voir Enregistreur de frappe)
- Captures d'écran inhabituelles.
- Espace libre du disque dur occupé par des fichiers inutiles.
Exemples
Une liste des Trojan Banker qui ont été les plus actifs en 2016 et qui sont spécialisés dans le vol de comptes bancaires :
- Zeus
- Spyeye
- Dyre
- Ursnif aka (Papras, ouVoslik)
- Dridex.
- Vawtrak
Notes et références
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- Ken Thompsom, « UNIX PROGRAMMER'S MANUAL, » [archive], (consulté le )
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- (en) David M. Jordan, « Multics Data Security », Scientific Honeyweller, vol. 2, no 2, (lire en ligne [archive])
- (en) Ken Thompson, « Reflection on Trusting Trust », Commun. ACM, vol. 27, no 8, , p. 761-763 (lire en ligne [archive]).
- (en) Paul A. Karger et Roger R. Schell, « Thirty Years Later: Lessons from the Multics Security Evaluation », ACSAC, , p. 119-126 (lire en ligne [archive])
- Karger et Schell écrivent même que Thompson a ajouté cette référence dans une version ultérieure de sa conférence Turing : (en) Ken Thompson, « On Trusting Trust », Unix Review, vol. 7, no 11, , p. 70-74
- (en) « Illegal Streaming and Cyber Security Risks : a dangerous status quo ? » [archive], sur documentcloud,
- « Charge utile » [archive], sur Assiste.com,
- (en) « Trojan Horse » [archive], sur Webopedia
- (en) « What is the difference between viruses, worms, and Trojans? » [archive], sur Symantec,
- En fait, l'utilisateur devrait se remémorer la phrase de Laocoon citée par Virgile à propos du cheval de Troie : "Je crains les Grecs, même quand ils me font des cadeaux".
- « Backdoor.Lanfiltrator » [archive], Symantec date undisclosed (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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Cheval contenant des guerriers, vase de
Mykonos, 675 avant J.C.
Dans la mythologie grecque, l'épisode du cheval de Troie est un événement décisif de la guerre de Troie.
À l'initiative d'Ulysse, des guerriers grecs réussissent à pénétrer dans Troie, assiégée en vain depuis dix ans, en se cachant dans un grand cheval de bois, harnaché d'or1, offert aux Troyens. Cette ruse de guerre entraîne la chute de la ville et permet le dénouement de la guerre.
Mythe
Sources du mythe
L'épisode du cheval de Troie est brièvement relaté pour la première fois par Homère dans l’Odyssée, son Iliade arrêtant la narration de la guerre de Troie aux funérailles d'Hector2,3. Tout d'abord, au chant IV (251-290) :
« (...) Dans le cheval de bois, je nous revois assis, nous tous, les chefs d'Argos. Mais, alors tu survins, Hélène ! en cet endroit, quelque dieu t'amenait pour fournir aux Troyens une chance de gloire ; sur tes pas, Déiphobe allait, beau comme un dieu, et, par trois fois, tu fis le tour de la machine ; tu tapais sur le creux, appelant nom par nom les chefs des Danaens, imitant pour chacun la voix de son épouse4 »
— Odyssée, édition de la Bibliothèque de la Pléiade, 1955.
Puis Ulysse, hôte anonyme d'Alcinoos, demande à l'aède Démodocos de chanter (VIII, 492-495)
« (...) l'histoire du cheval
qu'Épéios, assisté d'Athéna, construisit,
et traquenard qu'Ulysse conduisit à l'acropole
surchargé de soldats qui allaient piller Troie5. »
— L'Odyssée d'Homère, traduction de Leconte de Lisle (1998).
Homère résume ensuite sur une vingtaine de vers le récit de Démodocos.
D'autre part, Virgile, qui a contribué à la popularité de l'épisode, en a fait l'objet de tout le chant II de l’Énéide, sous la forme d'un récit fait par Énée à Didon, reine de Carthage.
Nature du mythe
Après avoir vainement assiégé Troie pendant dix ans, les Grecs ont l'idée d'une ruse pour prendre la ville : Épéios construit un cheval géant en bois creux, dans lequel se cache un groupe de soldats menés par Ulysse. Un espion grec, Sinon, réussit à convaincre les Troyens d'accepter l'offrande, malgré les avertissements de Laocoon et de Cassandre. Le cheval est tiré dans l'enceinte de la cité, franchit donc les portes Scéesa, les Troyens font alors une grande fête.
Lorsque les habitants de Troie sont pris par la torpeur de l'alcool, la nuit, les Grecs sortent du cheval et ouvrent alors les portes, permettant au reste de l'armée d'entrer et de piller la ville. Tous les hommes sont tués, les femmes et les filles sont emmenées comme esclaves. Les enfants mâles sont tués eux aussi pour éviter une éventuelle vengeance.
Dans l'épisode du cheval de Troie, Ulysse, personnage devenu célèbre pour sa mètis (« intelligence rusée »), rend un conseil très apprécié dans la guerre de Troie à laquelle il participe. Ici, il s'agit en fait d'une ruse. Elle se distingue de la tricherie mais aussi du délit (ou du crime) en cela que la ruse est autorisée par la loi ou les règles de l'usage, du jeu, de l'art, de la société ou des accords internationaux. En l'espèce de l'art de la guerre chez les Grecs, il s'agit plus particulièrement d'une ruse de guerre.
Selon Paléphatos
Selon les Histoires incroyables de Paléphatos de Samos, les Grecs construisirent un cheval de bois d'après la dimension des portes : moins large afin de pouvoir être tiré à l'intérieur, mais plus haut. Les chefs se tenaient dans une vallée boisée, près de la cité — lieu baptisé « Creux de l'embuscade ». Sinon, venu du camp argien comme un déserteur, leur annonce que, s'ils se refusent à faire entrer le cheval dans la ville, alors les Achéens reviendront combattre. En entendant cela, les Troyens abattent les portes et introduisent l'animal de bois dans la cité. Pendant qu'ils festoient, les Grecs les assaillent, à travers la brèche qui avait été pratiquée dans les remparts, et c'est ainsi qu'Ilion aurait été prise.
Interprétations
Navire phénicien du type δουράτεος ἵππος (douráteos híppos « cheval œuvré »).
Certains auteurs ont suggéré que le cadeau n'était pas un cheval cachant des guerriers dans ses flancs, mais un bateau porteur d'une ambassade de paix, offre que les Troyens trop peu méfiants ou trop heureux de faire la paix auraient imprudemment acceptée6. Après la fête, les Troyens découvrent la sinistre réalité. Selon l'historien Alexandre Tourraix, « cette hypothèse consiste à établir un rapport immotivé entre un fait probable : la destruction de Troie VI par un tremblement de terre, un mythème transmis par l'épopée et les mythographes : le stratagème du cheval de bois, et les liens bien connus de Poséidon, l'Ébranleur du sol, avec le cheval7 ».
À l'appui de cette interprétation, on remarquera que :
- la civilisation marine grecque assimile le bateau et le cheval, qui est l'animal de Poséidon ; Homère décrit les navires comme les « chevaux de la mer »8 et qualifie l'offrande de Troie de δουράτεος ἵππος douráteos híppos9 soit « cheval œuvré », désignation poétique des navires ;
- c'est le navigateur Ulysse, expert en paroles et en ruses, l'un des hommes souvent envoyés en ambassade, qui mène la danse ;
- le sacrifice d'une construction de bois par simple abandon sur une plage est une procédure assez originale pour un rite censé apporter la protection de Poséidon ; l'équivalent n'apparaît nulle part dans la mythologie ;
- les termes utilisés pour placer les hommes dans le cheval sont ceux utilisés lorsque l'on décrit l'embarquement des hommes sur un navire10.
De nombreuses interprétations sont proposées par des chercheurs : ex-voto équestre (symbole des forces souterraines) offert par les Achéens au dieu Poséidon Hippios pour le remercier d'avoir facilité la destruction de Troie par un tremblement de terre11. Selon une autre hypothèse, le cheval de Troie serait en fait une machine de guerre dont on a perdu la mémoire, tels les engins de siège comme le bélier souvent décrits en terme zoomorphes12.
L'analyse du site archéologique découvert près d'Hisarlık, ne confirme pas ces hypothèses. Les remparts inclinés et l'absence de recul devant les portes ne sont pas favorables à l'idée d'un cheval contenant un bélier ou permettant aux combattants de se hisser au-dessus des remparts. Par ailleurs, des pointes de flèches achéennes ont été mises au jour dans l'enceinte fortifiée. Dans un film documentaire de 2014, une équipe de chercheurs et d'experts militaires conforte l'idée d'un cheval offrande contenant de l'ordre de 9 combattants (contre 30 selon Quintus Smyrnaeus) chargés d'ouvrir les portes de la cité au retour des troupes grecques13.
Dans la culture populaire
Expressions
- De cet épisode légendaire est née l'expression « cheval de Troie » pour désigner les dons qui s'avèrent être des pièges pour ceux qui les reçoivent.
- On a aussi conservé l'expression latine timeo danaos et dona ferentes (« Je crains les Grecs même s'ils apportent des cadeaux »), c'est-à-dire « attention aux Grecs porteurs de cadeaux », mis dans la bouche de Laocoon dans l’Énéide14.
Musée
- Un petit musée a été construit en 1955 sur le territoire de l'ancienne ville de Troie, près des Dardanelles (de nos jours en Turquie). Il présente les restes de la ville, ainsi qu'un cheval de bois construit pour symboliser celui de la légende.
Cheval utilisé dans le film
Troie (2004).
Cinéma
- La figure du cheval de Troie a été utilisée au cinéma, notamment dans le film Troie en 2004.
Informatique
En informatique, un cheval de Troie désigne un type de programme informatique malveillant, invasif et parfois destructeur. Il est souvent porté :
- soit par un logiciel sous licence et protégé, modifié par des hackers pour en faire cadeau à la communauté numérique ;
- soit par certains gratuiciels, particulièrement lorsque ces derniers proviennent de sites de téléchargement apparemment légitimes voire réputés (ces derniers livrant le dit gratuiciel dans leur propre programme d'installation agissant tel un cheval de Troie, ajoutant un ou des programmes parasites aux côtés du gratuiciel et à l'insu de l'utilisateur).
Notes et références
Notes
- Les portes Scées (les portes de la ville de Troie) sont souvent citées par Homère dans son Iliade, mais le poète latin Virgile est le plus prolifique sur l'histoire du cheval de Troie dans son Énéide. Il dit que les Troyens ont « divisé leur mur » (II, 234), ce qui laisse à penser, soit qu'ils ont percé le mur, soit qu'ils ont élargi l'entrée, ou encore cela signifie seulement qu'ils ont ouvert les portes. Il ajoute que les Troyens ont eu grand peine à le faire entrer par la porte (soit le trou créé dans la muraille, soit de vraies portes), et ils s'y reprennent à quatre fois et même à quatre reprises on entend le bruit des armes des guerriers cachés au sein du cheval sans que cela n'éveille les soupçons (II,242-245). Une lecture plus large laisse à penser qu'il s'agit bien à l'esprit du poète des Portes Scées (Junon est dite explicitement placée à la tête des Grecs qui attaquent les portes Scées (II, 612)...
—Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne [archive]] ; ou autre version latine et française en ligne [archive] [PDF]
Références
- Euripide, Les Troyennes [détail des éditions] [lire en ligne [archive]], 520.
- Homère, L'Iliade (édition enrichie), Gallimard Jeunesse, 208 p. (lire en ligne [archive])
- Gérard Lambin, « Le Cheval de Troie », Gaia : revue interdisciplinaire sur la Grèce Archaïque, vol. 3, no 1, , p. 97 (lire en ligne [archive], consulté le )
- Odyssée, édition de la Bibliothèque de la Pléiade, 1955, p. 604.
- L'Odyssée d'Homère, traduction de Leconte de Lisle, Pocket 1998 (ISBN 2-266-05356-6)
- Troy C. 1700-1250 BC, Nic Fields, Donato Spedaliere & Sarah S. Spedalier, Osprey Publishing, 2004, pages 51-52.
- Alexandre Tourraix, Le mirage grec : l'Orient du mythe et de l'épopée, Presses universitaires de Franche-Comté, , p. 67.
- L'Odyssée, IV-708.
- L'Odyssée, VIII-512.
- The fall of Troy in early Greek poetry and art, Michael John Anderson, Oxford University Press, 1997, pages 22-23.
- (de) Fritz Schachermeyr, Die Levante im Zeitalterder Wanderungen vom 33. bis zum II. jalirhundert v. Chr. (Die Agaische Fruhzeit 5, Vienne, 1982), p. 99
- Alexandre Tourraix, op. cit., p. 58
- Télérama : L'histoire du cheval de Troie [archive]
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
Bibliographie
- Sources antiques
- Sources modernes
- Michael Grant et John Hazel (trad. Etienne Leyris), Dictionnaire de la mythologie [« Who’s Who in classical mythology »], Paris, Marabout, coll. « Savoirs », (ISBN 2-501-00869-3)
- Marcel Detienne et Jean-Pierre Vernant, Les ruses de l'intelligence, la Mètis des grecs, Paris, Flammarion,
- (en) H. Rink, Riding the Wooden Horse : The Fall of Troy, , 296 p. (lire en ligne [archive]).
- Virgile (trad. Maurice Lefaure, préf. Sylvie Laigneau), L'Énéide, Le Livre de poche, coll. « Classiques », , 574 p. (ISBN 978-2-253-08537-9).
Articles connexes
Liens externes