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Catégorie : Technologies
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Air comprimé

 
 
 
 
Réservoirs d'air comprimé haute pression étagés

L'air comprimé est de l'air prélevé dans l'atmosphère, dont on utilise la compressibilité à l'aide d'un système pneumatique. Cet air est maintenu sous une pression supérieure à celle de l'atmosphère.

L'air comprimé est considéré comme le quatrième fluide utilisé dans l’industrie, après l'électricité, le gaz naturel et l'eau1. En Europe, au début des années 2000, 10 % de toute l'électricité utilisée par l'industrie sert à produire de l'air comprimé, cette consommation s'élevant à 80 TWh par an2.

Production de l’air comprimé

Compresseur fixe à pistons.

Selon la pression d’air et le débit recherchés, on utilise pour la production de l'air comprimé différents types de compresseurs d'air. Deux systèmes sont principalement utilisés, les compresseurs à vis et ceux à piston (généralement à deux, trois ou quatre étages). Les compresseurs à pistons à trois étages permettent d’atteindre des pressions jusqu’à 300 bar. On emploie aussi des compresseurs rotatifs (compresseur à turbine et à palettes) et des compresseurs à membrane. Le débit d'un compresseur est exprimé en litres par minute (symbole : l/min) ou en mètres cubes par heure (symbole : m3/h).

La compression de l’air, outre les pertes d'énergie dans le compresseur, s’accompagne d’une transformation d'une partie de l'énergie mécanique transférée au gaz comprimé en énergie thermique (chaleur) qui reste le plus souvent inexploitée : l'énergie correspondante est perdue par transfert de chaleur hors du système. Et en sens inverse, il y aura également des pertes lors de l'utilisation de l'énergie mécanique (sous forme de différence de pression) que le gaz comprimé contient. Utiliser l'air comprimé comme vecteur d'énergie implique donc d'accepter une perte d'énergie importante, environ la moitié. Elle se justifie par la simplicité des dispositifs (Moteur à air comprimé, vérins) fonctionnant à l'énergie pneumatique, ce qui leur donne de nombreux avantages : fiabilité, faible coût, rapport poids/puissance très favorable (eg : marteau-piqueur3, turbine dite "roulette" de dentiste), ainsi que par le fait que de nombreuses applications utilisent une énergie tellement réduite qu'il n'est pas très important d'en perdre (eg : petits outils de toute sorte -- sécateur, agrafeuse, visseuse, etc. --, actionneurs de porte automatique ou de nombreux engins industriel).

Exemples d'utilisation

Bouteille d'air comprimé dans le sous-marin militaire Russe classe Foxtrot.

En tant que « matériau »

Utilisation des systèmes pneumatiques dans l'industrie

Alimentation d’outils en énergie

Avantages

Dans l'industrie, les circuits d'air comprimé permettent d'alimenter des outils et des automatismes et présentent certains avantages :

Inconvénients

Malgré de nombreux avantages, l’automatisation par l’air comprimé présente des inconvénients :

Domaine de la force

Bouteille d’air utilisée pour le démarrage de groupes électrogènes.

Les marteaux-piqueurs utilisés dans les travaux publics.

Les compresseurs, moteurs et vérins pneumatiques peuvent servir à transmettre une force à distance et à composer les machines-outils les plus diverses : d’un simple piston éjecteur à une chaîne de montage complète, capables de forer, fraiser, déplacer, centrer la pièce à usiner, en jouant sur les mouvements rotatifs ou linéaires – lents ou ultra rapides – avec une souplesse et un prix de revient beaucoup plus intéressants que ceux permis par l’électricité ou l’hydraulique.

Autres exemples d'utilisation : Les catapultes des porte-avions du début du XXe siècle4, le freinage des véhicules poids-lourds5 et des locomotives et wagons des chemins de fer6 (freins pneumatiques et électropneumatiques)7, le lancement des moteurs Diesel, le démarrage des moteurs de F1, de camions, de certains avions (via l'APU) et des groupes électrogènes.

Automatisme

Circuit pneumatique.

Des circuits logiques complètement pneumatiques (cellules pneumatiques) peuvent équiper les machines dont nous venons de parler, en combinaison éventuellement avec des commandes ou des contrôles électroniques.

Armes à air comprimé

Les armes dites à « air comprimé » regroupent toutes les armes à canon court (pistolet) ou long (carabines) utilisant la détente d'un gaz afin de propulser un projectile, les armes à ressort actionnant un piston qui comprime l’air pour expulser un projectile, ainsi que les lanceurs de billes de peinture utilisés pour le paintball.

Plongée sous-marine

En plongée sous-marine, l'air comprimé est utilisé pour la respiration sub-aquatique, à l'aide de bouteilles contenant généralement entre 12 et 18 litres d'air comprimé à 200 bars.

Énergie motrice

Sous-marin Le Plongeur 1863, Rochefort, Longueur : 42,50 m, Poids : 381 tonnes
Musée de l'Air et de l'Espace : avion de 1,90 mètre d'envergure, Victor Tatin 1879

La détente de l'air comprimé a été utilisée très tôt comme énergie de propulsion pour divers véhicules à air comprimé. Le moteur du véhicule n'émet en effet aucun gaz polluant et est silencieux.

On peut citer les locomotives utilisées dans les mines et les tunnels (percement du tunnel ferroviaire du Saint-Gothard), les tramways comme ceux du système Mékarski mis en service à Nantes en 18798 et utilisés jusqu'en 1917 et les locomotives de l'Arpajonnais sur la partie parisienne du trajet.

Dans certaines industries, l’usage de l’électricité est à proscrire, notamment en raison du risque d’explosions, c’est ainsi qu’on retrouvait des locomotives à air comprimé dans les charbonnages et qu’il existe des appareils d’éclairage équipés d’une micro-turbine qui entraîne un alternateur.

Un sous-marin propulsé par de l'air comprimé a été développé vers 1860 à Rochefort par l'ingénieur Charles Brun : le Plongeur9. L'air comprimé est aussi actuellement utilisé pour vider les ballasts des sous-marins.
Au XIXe siècle, les premières torpilles étaient propulsées par de l’air comprimé.

Aéronautique : L’ingénieur et pionnier de l’aéronautique Victor Tatin construisit en 1879 un modèle réduit opérationnel d’avion mu par un moteur à air comprimé10.

La Ville de Paris, cas unique au monde, aura disposé jusqu'en 1994 d'un réseau urbain plus que centenaire de distribution d'air comprimé à six bars étendu à tous les arrondissements et à la proche banlieue (Compagnie Parisienne d'Air Comprimé qui deviendra la Société urbaine d'air comprimé - SUDAC). Le but poursuivi par Victor Popp, le promoteur de ce réseau, était la distribution de la force motrice alors que les réseaux électriques n'existaient pas encore. L'air actionnait des petits moteurs dans quantité d'ateliers. Il servait aussi à faire du froid (par détente) chez les cafetiers-limonadiers de la capitale et au fonctionnement d'innombrables ascenseurs hydropneumatiques dans les beaux immeubles. Un réseau indépendant piloté par une horloge centrale commandait le mécanisme d'horloges11 publiques et privées unifiant ainsi l'heure dans la ville.

De nouveaux développements dans le domaine des véhicules non polluants sont aussi apparus récemment12.

Intérêt potentiel de l'air comprimé pour les moteurs

Dans le domaine du stockage d'énergie et des moteurs, un avantage de l'air comprimé tient au fait que les réservoirs utilisés pour emmagasiner cette énergie peuvent être fabriqués très simplement à peu de frais à partir de nombreux matériaux banals, durables, peu couteux et souvent facile à recycler ou à détruire proprement, tels que l'aluminium, l'acier, des composites de toutes sortes (fibre de carbone etc.) etc. Il n'y a donc pas de limitation de disponibilité en ressources rares et chères (ex : Lithium) comme il peut y en avoir pour les batteries.

Il en est de même pour les dispositifs de remplissage, qui sont également banals ; et des dispositifs d'utilisation (moteur à air comprimé, vérins). C'est d'ailleurs dans les avantages de ces dispositifs (poids/puissance favorable, simplicité, fiabilité, faible coût, etc.) que réside le principal avantage de l'air comprimé.

Cependant, l'énergie contenue dans un réservoir d’air comprimé est relativement faible : pour stocker une dizaine de kWh (l'équivalent d'un litre de carburant) sous forme d'air comprimé à 250 bar il faut un réservoir de 300 litres, environ dix fois plus volumineux qu'un accumulateur lithium correspondant. Et le cycle complet ne restituera que moins de la moitié de l'énergie fournie au départ du stockage, avec des limites théoriques incontournables : une partie de l'énergie mécanique de compression sera transformée en énergie thermique du gaz comprimée, et perdue pendant le stockage avec le retour à température ambiante du réservoir. Dans certains cas on peut envisager de ré-augmenter cette énergie potentielle en chauffant l’air, avec de l'éthanol par exemple ; l’avantage par rapport au moteur à combustion interne serait que cette combustion serait produit à pression ambiante, dans des conditions où il n’y a pas formation de monoxyde d’azote ; mais cela implique un dispositif plus complexe, et ne change rien à la perte initiale. D'autres projets cherchent à récupérer l'énergie thermique en interposant un réservoir de chaleur isolé, qui capterait la chaleur du gaz comprimé et la restituerait au moment de l'utilisation.

Énergie pneumatique - calculs de modélisation pour l'air

L'énergie pneumatique est l'énergie emmagasinée dans un gaz comprimé. Elle est exploitée dans un système pneumatique.

Une estimation de l'énergie disponible dans un volume donné d’air est fournie dans l’article en référence. Les calculs liés à un système pneumatique utilisent la masse volumique de l’air, qui est de 1,293 kg/Nm3 (1 Nm3 = 1 normo mètre cube qui est une une unité de mesure établie à la pression atmosphérique normale de 1,013 × 105 Pa = 1 atm à 0 °C de température).

Stockage d'énergie

Le stockage d’énergie par air comprimé (CAES) est un moyen de stocker l’énergie excédentaire produite en heures creuses (par exemple par des éoliennes ou des panneaux solaires) pour ensuite l’utiliser en heures de pointe ou lorsqu’il n’y a plus de production (exemple : les panneaux solaires la nuit). L’air comprimé produit peut être stocké dans des bonbonnes ou dans des cavernes souterraines13. Une installation de stockage d'énergie à air comprimé en caverne (0,3 GWh) a été mise en service en Chine an 202214. Une autre, plus importante (4 GWh) est en cours d'installation en Californie15.

La technique des accumulateurs oléo-pneumatiques peut aussi être utilisée en alternative aux batteries des alimentations sans interruption et permettre de pallier les pannes de secteur pour l'alimentation électrique de réseaux critiques (hôpitaux, serveurs informatique…)16.

Énergie éolienne

Sont à l'étude des éoliennes équipées de compresseurs d'air pour stocker l'énergie.

Autres usages

Disjoncteur à air comprimé

Différents procédés utilisent l'air comprimé comme source d’énergie :

Références

  1. « La neige de culture » [archive], sur laclusaz.org.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes