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Carnaval de Paris

 
 
Au Carnaval de Paris 2011, place Gambetta, un groupe pose au pied d'un géant venu de Belgique.

Le Carnaval de Paris est une fête populaire parisienne succédant à la fête des Fous, laquelle prospérait depuis au moins le XIe siècle jusqu'au XVe siècle.

Tombé progressivement en désuétude au XXe siècle et surtout au sortir de la Seconde Guerre mondiale, des initiatives privées pour la renaissance de ce Carnaval sont mises en place au début des années 1990. En 1998, renaît le cortège de la Promenade du Bœuf Gras, puis en 2009 renaît le défilé des Reines des blanchisseuses de la Mi-Carême.

Les liens anciens qui existent entre le Carnaval de Paris et des fêtes de province et de l'étranger depuis 1904 jusqu'aux années 1920 renaissent depuis 2003. Ils amènent des participations italiennes, cherbourgeoises et belges.

Histoire du Carnaval de Paris

Un passé prestigieux

 
Bertall Le carnaval des boulevards en 18281.

Cette fête a longtemps porté plusieurs noms. Jusqu'au XIXe siècle on[Qui ?] utilisait en France et à Paris, à égalité avec le mot Carnaval le mot Carême-Prenant, qui pouvait être orthographié différemment : « Quaresmeprenant » ou « Quarêmeprenant » par exemple.

La tradition du carnaval est multiséculaire à Paris.

Nicolas de Baye écrit dans son journal en 14112 :

« Lundi, XXIIIe jour de fevrier

La Court, pour la reverence de la feste de caresme prenant qui sera demain, s'est levée devant l'eure. »

La vigueur du Carnaval de Paris a reposé sur une tradition ininterrompue durant des siècles, des sociétés festives et carnavalesques organisées et l'implication particulière de certaines corporations. Ce dernier point est illustré en 1778 par un poème anonyme accompagnant une gravure illustrant la fête3 :

De ces sortes de mascarades,
Les Artisans font leurs plaisirs,
Il faut les voir à nos parades !
C'est là qu'ils comblent leurs désirs !
Chacun retourne à son ouvrage
Quand Mardi-gras est enterré,
Tout est mangé selon l'usage
Et l'on est toujours altéré.

Ainsi à l'époque les artisans jouent ici un rôle important. À Paris au XVIIIe siècle existe également le régiment de la Calotte, une très fameuse société festive d'origine aristocratique et militaire. Cette société rédige beaucoup de textes comiques, comme le feront plus tard d'autres, par exemple les Badouillards avec leur Grande Charte des Badouillards vers 1840. Fait peu connu, le Carnaval de Paris est traditionnellement la fête de la police de Paris. C'est également la fête des gens du spectacle. Il y a des bals masqués dans les théâtres, une programmation spéciale en temps de carnaval, avec des pièces comiques comme La Foire Saint-Germain., de Jean-François Regnard et Dufresni9, ou La mort de Mardi-Gras, de Fonpré de Fracansalle10. Au XIXe siècle l'implication des bouchers, blanchisseuses, commerçants, étudiants sera essentielle pour l'animation du Carnaval. Ce genre de phénomène se retrouve dans tous les carnavals que ce soit à Dunkerque ou au Brésil, la tradition, l'organisation et l'implication de certaines couches de la population sont essentielles pour la prospérité de la fête. Une structure festive parisienne importante au moins à partir de 1817 est représentée par les goguettes ou sociétés lyriques. Il en naît plusieurs centaines en 1818, année du retour de la paix après 26 années de conflits quasiment ininterrompusn 1. Longtemps les goguettes sont petites et comptent chacune moins de vingt membres. Leurs réunions se tiennent chez des marchands de vin. On[Qui ?] y voit par milliers des gens de toutes origines, en particulier populaires, comme des ouvriers et ouvrières parisiens. Ils se retrouvent chaque semaine le samedi soir veille des dimanches-lundis alors chômés. Et vont se distraire en chantant des chansons connues ou en en créant de nouvelles sur des airs connus. En 1900, il existe encore au moins 90 goguettes à Paris.

 
Une table au bal de l'Opéra le jeudi de la Mi-Carême . La jeune fille porte une tenue de carnaval parisienne très classique et très dénudée13.

Le Carnaval de Paris qui est populaire et apprécié dans toutes les couches de la population rencontre également au cours des siècles des adversaires qui s'en prennent à lui au nom de la morale. Ainsi par exemple le juriste et théologien calviniste Lambert Daneau qui publie à Paris en 1582 un volume in-8 intitulé :Traicté contre les Bacchanales du Mardi gras, auquel tous les chrestiens sont exhortez de s'abstenir des banquets dudict Mardi-gras, et des masques et mommeries14.

Un phénomène classique en Carnaval, la liberté momentanée de mœurs, existait aussi au Carnaval de Paris. Le goguettier Désaugiers en parle dans sa chanson V'là c' que c'est que l' carnaval, écrite entre 1800 et 182715 :

Au lever du soleil on dort,
Au lever de la lune on sort ;
L'époux, bien calme et bien fidèle,
Laisse aller sa belle
Où l'amour l'appelle :
L'un est au lit, l'autre est au bal...
V'là c' que c'est que l' carnaval16.

Critiquant les femmes de Paris qui, selon lui, « se croient en droit de faire ce qu'elles veulent » et « ne s'occupent que de plaisir et de toilette », Eugène Delacroix écrit entre 1822 et 1863 :

« L'adultère, qui dans le Code civil est un mot immense, n'est par le fait qu'une galanterie de bal masqué.

Les femmes ont besoin d'être contenues dans ce temps-ci : elles vont où elles veulent ; elles font ce qu'elles veulent ; elles ont trop d'autorité. Il y a plus de femmes qui outragent leurs maris que de maris qui outragent leurs femmes17. »

De son côté, Jouslin de la Salle, en 1825, écrit dans sa chanson Le Carnaval :

« Nul mari ne songe à sa femme, En carnaval18. »

Jusqu'au début du XXe siècle le Carnaval de Paris dure beaucoup plus longtemps que le seul Mardi gras. En 1690, dans son Dictionnaire universel, couramment appelé le Furetière, Antoine Furetière écrit ces mots, qui s'appliquent également à Paris19 :

 
Les balais chatouilleurs en papier au Carnaval de Paris 189520.
 
« — Tu t'amuses trop ! » Scène du Carnaval de Paris en 1868 vue par Honoré Daumier21.
 
Parisiennes en Carnaval en 186922.
« CARNAVAL. s.m. Temps de réjouissance qui se compte depuis les Rois23 jusqu'au Carême24. Les bals, les festins, les mariages, se font principalement dans le Carnaval. »

Soixante-deux ans plus tard, en 1752, l’Encyclopédie confirme, reprenant, presque à l'identique, les mots de Furetière25 :

« Le tems du carnaval commence le lendemain des Rois23, ou le 7 de janvier, & dure jusqu'au carême24. Les bals, les festins, les mariages, se font principalement dans le carnaval. »

La période du Carnaval de Paris durait traditionnellement des mois, comme ce qui se fait encore aujourd'hui en Belgique et en Allemagne. Comme dans ces pays, à un moment-donné, son début était la Saint-Martin le 11 novembre et elle courait jusqu'aux jours gras. À quoi s'ajoutait une reprise de la fête au moment du jeudi de la Mi-Carême, à mi-chemin entre Mardi Gras et lundi de Pâques. Vers 1900 par exemple, ce long carnaval était un temps de réjouissances, fêtes masquées, bals et festins à Paris qui durait ainsi plusieurs mois avec les temps forts des jours gras et de la Mi-Carême. Pâques étant une date mobile se déplaçant sur une plage de 35 jours, la date du mardi gras varie également ainsi que la durée de cette période de fêtes.

En 1903, Le Figaro appelle « le carnaval » les seuls dimanche gras, lundi gras, mardi gras26.

Le Carnaval de Paris a connu une éclipse et a été oublié durant une quarantaine d'années du début des années 1950 jusqu'à 1993. Il n'a jamais été rejeté par les Parisiens et n'a pas disparu du fait d'interdictions. Mais une fête, si belle, grande, ancienne, traditionnelle soit-elle, ne peut exister qu'en étant préparée. Quand se produisent des problèmes d'organisation, combinés qui plus est ici avec des problèmes politiques – rivalité entre la ville et le gouvernement français27, – ce qui a été le cas à Paris, la fête disparaît. Encore de nos jours un grand nombre de Parisiens ignorent qu'il existe un Carnaval de Paris. Ils ignorent également que cette fête connaissait des personnages typiques, caractérisés par leur costume et revenant chaque année, ainsi qu'un certain nombre de blagues carnavalesques traditionnelles appelées « attrappes en Carnaval ». Ces dernières furent pratiquées au moins depuis le XVIIe siècle jusqu'au XIXe siècle.

Des années 1950 jusqu'à 1993, les mots « Carnaval de Paris » cessèrent même pratiquement d'être utilisés, sauf dans des articles spécialisés et des ouvrages scientifiques à faible diffusion. Pour les Parisiens, il était possible éventuellement de fêter à Paris « Mardi Gras ». S'ils parlaient du Carnaval il s'agissait du Carnaval de Nice ou du Carnaval de Rio.

Le Carnaval de Paris a inspiré beaucoup d'artistes. Certains d'entre eux s'en sont même fait une spécialité comme le dessinateur Gavarni. Il a même lancé un jour une boutade comme quoi c'était lui qui l'avait inventé, à raison de 50 francs le dessin28 ! Le caricaturiste Cham a illustré le Carnaval de Paris par des centaines de caricatures et des albums entiers. Gustave Doré et Honoré Daumier ont également traité le sujet. Giuseppe Verdi a composé en 1853 un opéra dont l'action se déroule à Paris durant le Carnaval : La traviata. On y entend Largo al quadrupede, le chœur des bouchers promenant le Bœuf Gras. Le tableau reproduit ici en haut à gauche est d'Édouard Manet. Il représente le célèbre bal masqué de l'opéra29. Le tableau en haut à droite est de Claude Monet et montre le Carnaval boulevard des Capucines.

Le Carnaval de Paris qui a été filmé par les frères Lumière et Georges Meliès30 apparaît dans des films de fiction dont un américain. Plusieurs de ces films ont pour sujet une célébrité et une légende du Carnaval de Paris : Milord l'Arsouille :

1912Milord l'Arsouille, court-métrage anonyme31.
1925Mylord l'Arsouille, ciné-roman français de René Leprince32.
1937Carnival in Paris (Carnaval à Paris) de Wilhelm Thiele.
1945Les Enfants du paradis de Marcel Carné et Jacques Prévert. Dans ce grand classique du cinéma le tournage des scènes où apparaît le Carnaval de Paris au XIXe siècle sur le boulevard du Crime a impliqué 2 000 figurants33.
1955Milord l'Arsouille de André Haguet.
1978Molière de Ariane Mnouchkine. On y voit le Carnaval de Paris au XVIIe siècle.

La promenade de masques

 
La cohue à l'entrée d'un bal masqué rue Vivienne en 184334.
 
Marchand de plumes de paon pour chatouiller au Carnaval de Paris 189520.
 
Des délégués de Calais à la Mi-Carême 1906 avec la Reine du Courgain, quartier maritime de Calais.
 
Des délégués suisses à la Mi-Carême 1906, dont Mademoiselle Hermance Taverney, Palès déesse du Printemps de la Fête des Vignerons de Vevey 1905 et ses deux demoiselles d'honneur.

Dans la rue deux types d'événements centraux marquent traditionnellement le Carnaval de Paris : la promenade de masques et les cortèges.

La promenade de masques consiste en ce que les masques, c'est-à-dire les personnes déguisées, se retrouvent en grand nombre avec les curieux et admirateurs venus les voir, en un endroit donné à un moment donné. Voici ce que Dulaure dit de ce phénomène en 178735 :

« Rue Saint-Antoine, elle est fameuse pour le concours prodigieux des masques qui tous les ans, les derniers jours du carnaval, attirent un grand nombre de curieux. »

Parlant du mardi gras 19 février 1822, le Journal des débats rapporte le lendemain36 :

« – Les rues Saint-Honoré, de Richelieu, et les boulevards étaient, cette après-midi, remplis d'une foule immense qui venait voir les masques, qui, cette année, n'ont pas été nombreux, mais il y avait beaucoup d'équipages brillants. »

Parlant du dimanche gras 9 février 1834, le Journal des débats écrit37 :

« Aujourd'hui, par un très beau temps, les boulevards et la rue Saint-Honoré étaient parcourus dans toute leur étendue par une foule immense qui venait voir les mascarades du dimanche gras. Une double file de voitures de toute espèce circulait au pas dans ce long espace, au nombre de plusieurs milliers. »

L'affluence, la joie générale du Carnaval de Paris suscite des règlementations, telle cette circulaire du 18 février 1819, aux Commissaires de police, qui les invite à veiller à ce qu'il n'y ait pas plus de deux personnes sur l'impériale d'une voiture conduisant des masques38.

Les cortèges

Les moments traditionnels de sorties de cortèges du Carnaval de Paris sont :

 
Le Bœuf Gras caricaturé par Caran d'Ache dans Le Figaro en 190339.

Le cortège du Bœuf Gras est mentionné à Paris en 1274. Sa première description connue date de 1712. Elle apparaît dans un passage du texte d'une pièce de théâtre à écriteaux donnée à l'occasion du Carnaval : Écriteaux des fêtes parisiennes données au public par la grande troupe des danseurs de corde du Jeu de paume d'Orléans, à la foire Saint-Germain, au mois de février 1712.40. Une autre description du Bœuf Gras, connue durant presque trois siècles comme la plus ancienne, date de 173941. Cette fête traditionnelle parisienne prend une ampleur gigantesque au XIXe siècle devenant de facto la Fête de Paris dans le cadre du très grand Carnaval de Paris. On dit à Paris vers 1860 d'un personnage illustre du monde musical ou littéraire qui a eu l'honneur de voir un des bœufs gras de la fête baptisé du nom d'une de ses œuvres, qu'il est bœuf gras ou est entré à l'abattoir. Après 1870, le cortège du Bœuf Gras disparaît durant 25 ans à la suite d'une crise interne du syndicat des bouchers parisiens qui l'organisait : l'affaire Mathurin Couder.

Les cortèges de reines de la Mi-Carême existent au moins depuis le XVIIIe siècle. La Mi-Carême est déjà alors de facto la Fête des femmes de Paris. Le cortège de la Reine de toutes les blanchisseuses de Paris existe au moins depuis 1830. En 1891, à l'initiative de Morel président de la Chambre Syndicale des Maîtres de Lavoirs, ces différents cortèges sont utilisés ou remplacés par le cortège de la Reine des Reines de Paris. À cette occasion les étudiants des Beaux-arts rallient la fête avec un « char du lavoir des Beaux-Arts » en chantant l'hymne de leur école : Le Pompier.

En 1893 l'ensemble des étudiants parisiens avec leur armée du chahut se joint au cortège des blanchisseuses de la Mi-Carême. La participation massive des jeunes gens et jeunes filles des écoles est très appréciée et se poursuit au moins jusqu'en 1946. Elle fait de facto de la Mi-Carême la fête des étudiants parisiens. L'Association générale des étudiants de Paris-AGEP, appelée familièrement « l'A », s'y implique activement. Les étudiants sont aussi bien présents en 1936 et 1946. Le Figaro rapporte comment ils se joignent au grand cortège du Bœuf Gras de la Mi-Carême du jeudi 19 mars 1936 avec leur char appelé Et voilà le printemps. Le grand cortège de la Mi-Carême du jeudi 28 mars 1946 est essentiellement l'œuvre des étudiants, alliés aux Forts des Halles et soutenus par les grands journaux parisiens.

Il a existé au Carnaval de Paris mais seulement de 1822 jusque vers 1860 un troisième grand cortège resté célèbre. Il sortait le matin du Mercredi des Cendres :

Les cortèges centraux du Carnaval de Paris attirent des foules énormes venues de Paris et des banlieues alentour. Au point que fin XIXe début XXe siècle on est obligé d'interrompre la circulation des véhicules sur les grands boulevards durant les jours gras (dimanche, lundi et mardi gras) et le jeudi de la Mi-Carême.

Ces moments de liesse sont favorisés par des congés. En 1932, par exemple, le personnel de la Préfecture du département de la Seine bénéficie encore d'une demi-journée de congé le Mardi gras et le Jeudi de la Mi-Carême42

Une fête de masse

L'affluence au Carnaval de Paris est impressionnante. Par exemple, en mars 1895, on lit dans le compte-rendu du défilé de la Mi-Carême paru dans le Journal des débats43 : « Sur la place de l'Hôtel-de-Ville, comme sur tous les autres points du parcours, une foule considérable, difficilement maintenue sur les terre-pleins et les trottoirs, attendait longtemps à l'avance l'arrivée du cortège. Trois vastes estrades étaient dressées devant le monument, et plus de quatre mille invités y avaient pris place. »

Confettis et serpentins

 
La bataille de confettis sur les Grands Boulevards au Carnaval de Paris 189444.

Le premier confetti était fait de dragées45, puis de boulettes de plâtre. Celui, moderne, en papier, ne fut pas inventé à Paris, mais en Italie. En revanche, c'est son apparition au Carnaval de Paris en 1891 qui lui assura sa vogue mondiale.

Initialement chutes de papier perforé utilisé pour l'élevage du ver à soie, le premier confetti en papier était blanc. Il est décrit ainsi par Le Monde illustré du 26 mars 1892, commentant un dessin figurant la bataille de confettis de la journée de la Mi-Carême 189246:

C'est aux bals de l'Opéra que le jeu a commencé, et par une innovation heureuse, au lieu de ces horribles bonbons de plâtre en vogue à Nice et en Italie et qui nécessitent un masque pour préserver le visage, et une housse pour garantir les costumes de leur éclaboussure, imaginez des centaines, des milliers de tout petits pains à cacheter, non collants, enfermés dans un sac, et qui, le sac ouvert, se répandent en neige voltigeante et planent dans l'air comme d'innombrables essaims de papillons blancs.

Des journaux parisiens du début des années 1890 donnent une version différente. Selon eux, le lancement du confetti dans la capitale eu lieu au Casino de Paris, en décembre 1891, à l'initiative de son administrateur, Monsieur Lué. Son père, ingénieur à Modane, lui ayant fait parvenir les chutes de papier utilisées à cette occasion.

Le confetti en papier apparut au Carnaval de Nice vers 1892 sous le nom de confetti parisiens47, ce qui indique bien son origine.

Le confetti commença à être fabriqué en grande quantité. En France, dès les premières années de leur apparition, la fabrication, le transport et la vente de confettis et serpentins concernent des quantités très considérables. D'une note adressée début 1896 aux compagnies de chemins de fer par le Syndicat des Marchands de papiers en gros, il ressort que confettis et serpentins peuvent remplir des wagons de marchandises entiers pour un poids total de cinq à huit tonnes48.

Paris exportait des confettis y compris à l'étranger. Les commandes comprenaient les couleurs souhaitées. Il fut même fabriqué du confetti doré.

 
Le Petit Journal, 26 mars 1897, lendemain de la Mi-Carême à Paris49.
 
La Croix, 19 mars 1898, lendemain de la Mi-Carême à Paris50.

L'emploi qui fut fait du confetti en papier et du serpentin confine à une véritable épopée durant la période 1891-1914 des confettis et serpentins au Carnaval de Paris. Rapportant la journée de la Mi-Carême à Paris, Le Petit Journal écrit que le 21 mars 1895 place de l'Opéra : « On ne songeait qu'à se lancer des confettis par poignées ; le sol en était jonché à ce point qu'on enfonçait dedans jusqu'aux chevilles51. »

Le serpentin ne fut pas non plus inventé à Paris. Mais c'est son apparition au Carnaval de Paris en 1892 qui le lança mondialement. Il s'est aussi appelé à ses débuts spirale ou spirale-opéra. Dans une ordonnance de police du 7 juillet 1922 il est appelé : serpentin-spirale52. À l'origine du serpentin, on trouve le ré-emploi festif de fins de bobines des bandes de signaux morse en papier. Puis ils sont fabriqués spécialement et font cinquante à deux cents mètres de long.

Admiratif du Carnaval de Paris, Georges Clemenceau écrit en 1895 dans Le Grand Pan53 :

« Jusqu'à deux heures du matin, dans la nuit tiède et grise, sous les fantastiques reflets de l'électricité, une foule joyeuse, aimablement riante, promenait sa belle humeur au long de nos boulevards, assourdis d'un épais tapis de haute lisse aux pointillés multicolores, entre deux rangées d'arbres follement enrubannés, festonnés, pelotés de banderoles flottantes agitant au vent tous les rayons de lumière enchevêtrées à plaisir. »

La vogue des confettis et serpentins s'arrêta dans la capitale à la suite de leur interdiction. Les serpentins furent interdits dès les années 1890. Les confettis depuis 1919 jusqu'à 1932.

Au théâtre

 
Annonce d'un spectacle au théâtre Déjazet, parue en 1866 dans L'Orchestre54.
 
Quelques costumes portés à la Mi-Carême 1894, croqués par Georges Redon55.

Le théâtre est un lieu où le Carnaval de Paris prospère. Durant les jours gras on donne des bals masqués à la fin de la dernière représentation de la journée.

Le Ménestrel écrit, le 4 février 183856 :

Le carnaval règne depuis un mois dans nos salles de théâtres et de concerts. Chaque semaine offre ses nuits de déguisements et de folies, auxquelles une entraînante musique de danse donne un certain attrait.

Au bal du théâtre de la Renaissance est lancé, au Carnaval de Paris en 1839 et repris en 1840, le Galop des tambours, composé et dirigé par Jean-Baptiste-Joseph Tolbecque, chef d'orchestre des bals du théâtre de la Renaissance. Cette œuvre remporte un immense succès.

Des pièces sont spécialement écrites et jouées pour le Carnaval. En 1818, on lit à propos d'une pièce écrite et jouée pour le Carnaval : « Les Variétés ont donné une folie-carnaval pleine d'entrain et de gaité »57.

Il existe dans les théâtres parisiens une programmation de Carnaval. En 1819, un chroniqueur, parlant de celle-ci, mentionne qu'il est d'usage à l'époque de ne jouer Molière à la Comédie-Française que durant les jours gras. Il est oublié ensuite. Cependant, la tradition est reprise par la suite.

Le théâtre influence aussi le Carnaval dans la rue. Certains personnages typiques du Carnaval de Paris, comme Robert Macaire et Bertrand, vers 1830, en sont directement inspirées.

D'une façon générale, les théâtres parisiens sont courus au moment du Carnaval. Le 21 février 1904, Julius écrit à ce propos dans La Revue diplomatique, faisant un jeu de mots avec la « crue de la Seine »58 :

Comme d'usage, les matinées des « jours gras » ont fait couler dans les caisses directoriales les flots du Pactole... la véritable et bienheureuse « crue de la scène ».

Les bals institutionnels

 
Almanach du commerce de Paris 182759.

Durant les festivités du Carnaval de Paris, les institutions officielles s'impliquent. Des bals masqués sont donnés au palais des Tuileries, à l'Hôtel de ville, dans les ministères.

Durant la Commune de Paris en 1871, le communard Maxime Vuillaume dort un soir au ministère de la Justice place Vendôme. Son récit autobiographique publié par la suite se fait l'écho des bals masqués qui avaient lieu dans ce ministère60 :

Un soir que j'étais resté fort tard, je ne me rappelle plus pourquoi, au ministère on m'avait préparé une chambre pour y passer la nuit. Une chambre grande comme une cathédrale, avec un lit à colonnes qui ressemblait à un autel. Sur la cheminée, des flambeaux allumés. Allais-je grimper sur ce lit ? Je saisis un des flambeaux, j'ouvre une porte, je traverse une deuxième chambre, puis une autre et une autre encore. J'ouvre une dernière porte. Suis-je halluciné ? Le flambeau oscille dans ma main. Devant moi, pendus aux murs, des personnages revêtus de costumes, étincelants ou modestes. Des seigneurs aux pourpoints brodés d’or, des femmes aux corsages plaqués de velours, de longs manteaux couleur de muraille. Tous pendus par le cou... Je m'approche... Ce sont des costumes de bal masqué... Les bals du ministre de l'Empire... J'en ris encore... Je regagnai mon lit à colonnes et ma cathédrale.

Autres événements

 
« Quelle prodigieuse bête !!! Si nous pouvions être un jour de cette force-là !! » (Le Bœuf Gras parisien caricaturé par Pruche en 184361).
 
Échos des célèbres bals masqués de l'Opéra en 1863, dansants au son de la musique festive de danses de Paris au XIXe siècle. Le Strauss dont il s'agit ici est Isaac Strauss de Paris, alors plus célèbre dans la capitale française que les Strauss de Vienne62.
 
Billet d'entrée au bal de l'Opéra le lundi gras 22 février 1841.
 
Billet d'entrée au bal masqué de l'Opéra-Comique le mardi gras 28 février 1843.
 
« L'Académie culinaire » ou « les Étourdis », une société bigophonique parisienne aux instruments en formes de denrées alimentaires, aux fêtes de la Mi-Carême 190663.
 
La sortie du bal masqué de l'Opéra en 186064.
 
L'équipage en Carnaval du Jockey Club sur les boulevards en 1845-1846, caricature de Bertall65.
 
Vaugirard 1er, le Bœuf Gras de la Rive Gauche (abattoirs de Vaugirard), vedette du défilé du dimanche gras66 10 février 1907.
 
Programmation pour la Mi-Carême 1884, Journal des débats, 19 mars 188467.
 
Bulletin du Photo-club de Paris 189468.
 
Annonce d'un programme pour les enfants le mardi gras 20 février 191269.
 
Subventions municipales parisiennes allouées au Carnaval de Paris en 1910 : le Bœuf Gras reçoit quatre fois moins que la Mi-Carême70.
 
Le Mardi Gras 21 février 191771.

La danse et la musique sont traditionnellement indissociables du Carnaval de Paris. L'Almanach du Commerce de Paris pour l'année 1827 note que72 :

« Pendant le carnaval, le nombre des bals masqués et non masqués est très-considérable ; mais les plus fréquentés sont ceux que donnent les théâtres du grand Opéra, de l'Odéon, de la Porte-Saint-Martin. »

Revenant chaque année, le Bal de l'Opéra est un événement marquant du Carnaval de Paris. Il apparaît en janvier 1716 et existe encore en 192773. Créé par une ordonnance royale du Régent, en date du 31 décembre 1715, il attire une foule nombreuse. Au début du XIXe siècle, la police de Paris considère le montant de la recette du bal de l'Opéra comme un indice significatif de l'état de santé du Carnaval de Paris. C'est dans ce bal que vers 1840 Philippe Musard introduit le cancan ou coincoin, danse scandaleuse inventée par les blanchisseuses dans leurs fêtes.

Cette danse, qui se pratique alors en couple, est beaucoup plus provocante qu'aujourd'hui. Car les femmes portent des culottes fendues. Parlant de Jane avril et stigmatisant la danse scandaleuse, Joyant écrit : « Elle ne se commettait pas avec les danseuses du quadrille, la Goulue, Grille d'Égout, Rayon d'Or, la môme Tonkin ou la môme Fromage74[source insuffisante]. » Immortalisée par Toulouse-Lautrec, une des plus célèbres interprètes de cancan, la Goulue était la fille de la patronne d'un lavoir de Clichy. Le cancan montré au cinéma ou son héritier touristique le french cancan est édulcoré et, avec ses culottes fermées, diffère beaucoup de son modèle d'origine.

Pour les bals du Carnaval de Paris des dizaines de compositeurs ont créé des centaines de partitions de musique au XIXe siècle. Ce sont généralement des quadrilles. Les partitions existent toujours, le plus souvent en réduction pour ensembles de musique de salon, pianoforte ou piano et aussi parfois pour musiques militaires. Il existe cependant des exceptions. Ainsi le département de la musique de la Bibliothèque nationale de France conserve des dizaines de partitions complètes pour orchestre d'Auguste Desblins. Mais elles ne sont plus jouées depuis cent-cinquante ans. La musique festive de danses de Paris au XIXe siècle a été célèbre dans le monde entier à l'égal des valses de Vienne et a marqué de son empreinte les traditions musicales de plusieurs pays et régions du monde.

Au nombre des plus fameux compositeurs de musique festive de danses de Paris au XIXe siècle on trouve Philippe Musard « le roi (ou le Napoléon) du quadrille », Louis-Antoine Jullien, Isaac Strauss, des Belges : les frères Tolbecque, etc.

Dans les années 1830-1850 les talents chorégraphiques de certains danseurs des bals du Carnaval de Paris comme Chicard, Balochard, Pritchard, la Reine Pomaré ou Céleste Mogadorn 2 en ont fait des célébrités parisiennes. Les émules de Chicard et Balochard furent à l'origine de la création des sociétés festives et carnavalesques des chicards et balochards qui jouèrent un grand rôle d'animation du Carnaval de Paris au côté d'autres sociétés comme les badouillards, flambards et braillards.

Le chant choral dans la rue participe de la liesse générale du Carnaval de Paris, comme le rappelle Jean Frollo dans Le Petit Parisien, parlant des premiers orphéons au début des années 183075 : « Ils étaient la gaieté de Paris, ces libres chanteurs qui se réunissaient pour faire la conduite aux camarades pris par la conscription ou qui animaient de leurs harmonieux refrains les fêtes du carnaval parisien. »

Le Carnaval de Paris en 1589 a un caractère orgiaque. On[style à revoir] y voit la nuit du mardi gras au mercredi des cendres des cortèges de Parisiens et Parisiennes défilant entièrement nus puis pratiquant la sexualité sans modération dans la rue. Le dépassement des interdits dans le domaine des mœurs parait s'être manifesté en d'autres occasions au Carnaval de Paris. Arnold Van Gennep en parle en 1947 dans son Manuel de folklore français contemporain. S'agissant de la pratique du travestissement, il écrit : « comme les romanciers l'ont observé souvent, le Carnaval, au milieu du XIXe siècle permettait à une honnête femme parisienne d'agir en fille entretenue, ou pire76. »

Le Carnaval de Paris sous Louis XVI et notamment celui de 1789 est décrit par le journal de Siméon-Prosper Hardy. Au Carnaval de Paris en 1831, la fête et l'émeute se juxtaposent sans se déranger mutuellement.

Le Mardi Gras 1878, l'Estudiantina espagnola, une troupe musicale espagnole composée de 64 étudiants costumés, défile dans Paris, avec guitares et tambourins, accueillie par 600 étudiants parisiens et une foule immense77.

En 1881, Romain Bigot invente à Paris un instrument de musique étrange et bruyant : le bigotphone. Celui-ci est d'un usage à la portée de tous. Des goguettes s'en emparent et forment des sociétés bigophoniques. La première naît en 1885. D'autres suivent. Il en existe une trentaine en région parisienne en 189878. Leur présence est très remarquée au Carnaval de Paris et la presse en parle. Par exemple, la société bigophonique des Étourdis ou de l'Académie culinaire voit sa photo publiée dans Le Petit Journal à l'occasion d'une aubade qu'elle donne à Rosa Blanche, Reine des Reines de Paris élue pour la Mi-Carême 190663[source insuffisante].

En 1891 est lancé au Carnaval de Paris le confetti moderne en papier. À ses débuts il est vendu au verre ou au kilo.

En 1892 est lancé au Carnaval de Paris le serpentin. Les premières années ils font 50 à 200 mètres de longueur sur un centimètre de largeur.

L'usage massif du confetti à Paris de 1891 à 1914, celui du serpentin, durant quelques années à partir de 1892, confine à une véritable épopée. La Seine à la sortie des égouts de Paris le lendemain matin des grandes batailles de confetti prend l'apparence d'une « immense banquise multicolore ». Les serpentins rendent les arbres dénudés des grands boulevards « tout chevelus et multicolores ». Confetti et serpentins subiront des interdictions répétées qui finiront par en réduire l'usage à Paris.

Extension du Carnaval : certaines salles de bal, au XIXe siècle, donnent toute l'année, une fois par semaine, un bal costumé. C'est le cas, par exemple, du bal du Moulin rouge.

À l'Hospice de la Salpêtrière existe à la fin du XIXe siècle un fameux bal des folles donné chaque année au moment de la Mi-Carême, ainsi qu'un bal des enfants épileptiques. De nombreuses personnalités y assistent.

En 1896 et 1897 les artistes et montmartrois pour se moquer du cortège du Bœuf Gras, qui ressort en grande pompe après 25 années d'interruption79, organisent une Promenade de la Vache enragée ou Vachalcade. Destinée à être pérennisée cette fête de Montmartre ne connaît pas ensuite de nouvelles éditions.

Au Carnaval sont organisées des animations destinées aux enfants, comme ce bal du mardi gras 17 février 1885 dont parle Le Petit Parisien :

Beaucoup d'enfants étaient costumés en pierrettes, en marquises poudrées, en laitières et surtout en incroyables.
Le bal d'enfants qui a eu lieu à l'Opéra a été très gai : on y a remarqué de très jolis travestissements.
Une masse de curieux s'était portée sur la Place pour voir passer les petits déguisés : un cordon de gardiens de la paix frayait un passage aux chers enfants, qui s'en allaient au bal tout joyeux, tout pimpants !
Le succès a dépassé toute attente : il y a eu plus de six mille entrées.
Du couloir des loges, le coup d'œil était féerique. Au son de l'orchestre d'Arban, les bébés dansaient, encouragés par les jeunes mères, qui se mêlaient aux rondes enfantines. Dès deux heures et demie, il était impossible de circuler.
À cause de la représentation du soir, On n'avait pu livrer aux danseurs qu'une partie de la scène : au prochain bal, que l'on annonce pour la Mi-Carême, il n'en sera pas ainsi.
Dans une loge, Victor Hugo, celui qui connait si bien « l'art d'être grand-père », suivait les évolutions des groupes joyeux et bruyants80.

De 1904 à 1914 le Carnaval de Paris connaît des échanges internationaux : venue des reines parisiennes de la Mi-Carême à Turin, Milan, Rome, Naples, Prague... Délégations italiennes, espagnole, portugaise, suisse participant aux cortèges de la Mi-Carême. Des délégations venues de villes des provinces françaises participent également à ces cortèges. En 1905, la troupe du cirque de Buffalo Bill défile à Paris pour la Mi-Carême.

Le Carnaval de Paris va prospérer jusqu'en 1914 inclus. À partir de l'année suivante et durant toute la durée de la guerre il sera interdit.

L'influence internationale du Carnaval de Paris

 
Différent du défilé des écoles de samba d'aujourd'hui, le Carnaval de Rio prend au XIXe siècle pour modèle les traditions du Carnaval de Paris. Comme on le voit ici[style à revoir] avec le défilé du Carnaval de Rio en 190781.
 
Le cortège du Bœuf Gras de Montréal inspiré par le Bœuf Gras parisien en 190082.

Le 20 février 1847, L'Illustration écrit :

« Il n'y a qu'un carnaval à Paris, mais on en tire une infinité de copies. Ce n'est plus de Venise ou de Naples que part la fusée du rire durant les jours gras. L'Europe nous emprunte jusqu'à nos contorsions et nos grimaces. Si les cris et les ohé de nos titis et de nos chicards ont échos dans toutes les bourgades du vieux continent, sommes-nous bien assurés de trouver du neuf en le demandant au nouveau monde ? Lima ou Buenos-Ayres, par exemple, n'ont-elles pas aussi dans ces jours de liesse, leurs niches éclatantes, bâties de carton peint, inondés de lumière, où se retrouvent les figures, les silhouettes et les fantaisies de nos bals masqués ? »

Dans sa nouvelle intitulée Z. Marcas, publiée en 1840, Honoré de Balzac écrit83 :

« Puis vint le carnaval, ce carnaval parisien qui, désormais, effacera l'ancien carnaval de Venise, et qui, dans quelques années, attirera l'Europe à Paris, si de malencontreux préfets de police ne s'y opposent. »

Il écrit également, dans son roman La Fausse Maîtresse, paru en 1841 dans le journal Le Siècle84 :

« Chacun sait que depuis 1830 le carnaval a pris à Paris un développement prodigieux qui le rend européen et bien autrement burlesque, bien autrement animé que le feu carnaval de Venise. »

Aussi surprenant que cela puisse paraître de nos jours aux néophytes[Quoi ?], le Carnaval de Paris a eu une influence décisive sur le Carnaval de Rio. Spécialiste de l'histoire de ce carnaval, Felipe Ferreira, professeur de culture et arts populaires à l'Université d'État de Rio de Janeiro écrit à ce propos85 :

« L'idée de mouvement se joint au concept de diversion et influence la manière dont le Parisien occupe son temps libre (après 1830). Le carnaval de la capitale française va incorporer ce concept de déplacement dans les promenades effectuées pendant la période carnavalesque. Et c'est ainsi que se promener à pied ou en voiture sur les grands boulevards, revêtus de costumes élégants, occupera les après-midi froides du carnaval de Paris.

C'est ce modèle d'occupation festive des rues que l'élite carioca décide d'importer et d'adapter au carnaval de Rio de Janeiro. Après leur implantation, les bals masqués sortent peu à peu dans les rues sous formes de mascarades. »

Comme l'explique Felipe Ferreira dans son livre L'Invention du Carnaval au XIXe siècle, Paris, Nice, Rio de Janeiro, les bals masqués du Carnaval de Rio ont été importés de Paris en réaction contre les vieilles traditions carnavalesques populaires lusitaniennes de l'entrudo dont la bourgeoisie carioca voulait se débarrasser. Cette importation s'est faite jusque dans les détails des costumes. Comme on peut le voir à la lecture de la Semana Ilustrada, en date du 7 février 1864. Cet hebdomadaire de Rio relève qu'au moment du Carnaval :

« Même les dénominations se francisent complètement, et les pierrots, les débardeurs, les zouaves apparaissent dans la société brésilienne comme s'ils avaient droit de cité. »

L'importation des traditions carnavalesques parisiennes à Rio est vue par la bourgeoisie au XIXe siècle comme un élément d'ordre et de civilisation contre le carnaval populaire traditionnel. Français présent à Rio, Richard Cortambert écrit dans L'Illustration en décembre 1868, à propos du Carnaval de Rio et ses traditions86 :

« Pendant que les blancs s'abandonnent aux distractions mondaines ; les nègres se livrent avec une sorte de furie bestiale à tous les excès de la danse. »

Les cariocas adopteront par la suite avec enthousiasme la mode des confettis en papier lancée à Paris à partir de décembre 1891. Le Jornal do Commercio du 23 février 1906 rapporte dans sa description du Carnaval de Rio que :

« À 10 heures du soir une énorme masse de gens sur l'avenue Central, ont commencé avec enthousiasme à s'adonner au jeu des confetti87. »

Le Carnaval de Paris marque également de son influence l'Amérique française. Fondée en 1710, une des premières sociétés de carnaval de Mobile (Alabama) porte le nom de : « Boeuf Gras Society ». Elle défile durant 150 ans au Mardi Gras, depuis 1711 jusqu'à 1861. En tête de son cortège, le Bœuf Gras est représenté par la tête d'un énorme taureau poussée seule sur roues par seize hommes. Plus tard, une autre société de Carnaval, Rex, défile avec un véritable taureau, drapé de blanc88.

Au Carnaval de la Nouvelle Orléans le Bœuf Gras du Carnaval de Paris marque également son influence. En 1873, dans la parade de Mardi Gras de la société Rex, on voit devant le Bœuf Gras marcher un sacrificateur armé d'une massue directement inspiré par son homologue dans le cortège du Bœuf Gras parisien. Depuis 1909, le Bœuf Gras de la société Rex qui défile au Carnaval de la Nouvelle Orléans est symbolisé par une figure sculptée géante montée sur un char.

Au XIXe siècle, la figure centrale du Carnaval de la Martinique, le Papa Diab', figurant un impressionnant diable rouge, traîne derrière lui un bœuf de Carnaval : le Bœuf Mardi Gras.

En 1900] un cortège du Bœuf Gras est organisé à Montréal évoquant celui de Paris. Il défile dans le bâtiment d'une grande patinoire89.

La place du rire dans le Carnaval de Paris

Le rire a une place privilégiée dans le Carnaval de Paris. Qui est l'occasion de raconter quantité d'histoires drôles, comme le rapporte A. Rolet dans La Presse littéraire, le 92 : « …jamais on n'entendit raconter dans Paris (au moment du Carnaval en 1861) plus d'histoires bouffonnes, désopilantes, incroyables sur les farces du carnaval ».

Le Carnaval de Paris et la philanthropie

Faire du Carnaval l'occasion de récolter des fonds pour aider des personnes en situations de détresse est une tradition qu'on rencontre. Par exemple à Dunkerque et dans les villes alentour les sociétés philanthropiques et carnavalesques récoltent des fonds pour des bonnes causes via le prix d'entrée de leurs grands bals costumés. Des démarches similaires existaient à Paris au temps de la prospérité de son Carnaval.

Le Petit Journal, fidèle supporter du Carnaval de Paris reçoit des dons au moment de la fête. Ils sont mentionnés dans ses colonnes et destinés à une Caisse de secours immédiat. De l'argent est collecté sur le parcours des cortèges. Dans le compte-rendu du bal masqué de l'Opéra organisé le 16 février 1830, Le National écrit93 :

Nous avons vu les étrangers partager ce saisissement à la vue de notre France, si riche et si belle. Un sentiment vrai se joignait au plaisir causé par ce spectacle, c'était la certitude d'un bienfait considérable, car on savait que la recette était de plus de cent mille francs. Notre France est vive, mobile mais elle est bonne, compatissante94, elle fait le bien aussi volontiers qu'elle s'amuse.

L'oubli du Carnaval de Paris

 
Le , lendemain du mardi gras, dans L'Humanité, Victor Snell proteste contre l'interdiction des confettis à Paris et d'autres mesures empêchant les Parisiens de s'amuser95. Le nommé Raux cité ici est Fernand Raux, Préfet de police de Paris à l'époque. Le Paul-Louis auquel il est fait référence à la fin est Paul-Louis Courier auteur d'une brochure intitulée : Pétition pour des villageois qu'on empêche de danser, publiée en 1822 et adressée à la Chambre des Députés96.
 
Excepté en 1922 pour les confetti, de 1919 à 1932 inclus, confetti et serpentins sont interdits à Paris97.
 
Carnavaleux parisien 185698.
 
Couple de carnavaleux parisiens par Gavarni, vers 185299.
 
Couverture en couleurs de Paul Merwart pour une revue étudiante sortie à l'occasion de la Mi-Carême 1896 à Paris.
 
Illustration pour le Carnaval de Paris 1920100.
 
Au Carnaval de Paris ont toujours eu lieu des fêtes costumées chez des particuliers, comme ici chez des russes blancs en 1925.

L'épreuve de la Grande Guerre s'achève le 11 novembre 1918 jour de la Saint Martin début traditionnel de la période du Carnaval. La joie amenée par le retour de la paix donne à Paris des allures de Mi-Carême. Où en certains endroits l'Armistice est saluée à coups de confettis101. Les Parisiens espèrent bien vite retrouver la joie de leur Carnaval interdit durant quatre longues années.

Les adversaires de la fête ne souhaitent pas les laisser s'amuser. Déjà le manque de charbon sert à justifier le refus de la dérogation permettant aux cafés de fermer tardivement à Paris95. Il y est interdit de faire de la musique95. Contre le Carnaval, ses ennemis parviennent en 1919 à faire interdire l'usage des confettis sous de fallacieux prétextes d'hygiène et économie. Les confettis propageraient des maladies et les ramasser coûterait trop cher. Comme ils continuent à être autorisés et largement utilisés ailleurs, par exemple au Carnaval de Nantes, un journaliste de l'époque fait malicieusement remarquer que les confettis ne rendent malades qu'à Paris. En fait les interdictions du Carnaval se doublent toujours de prétextes divers. On empêche la fête pour des raisons de morale, hygiène, économies, manque d'argent, lutte contre le bruit, nécessité de ne pas troubler la circulation automobile, etc. Ce genre de discours justificateurs apparaît dès le XVIe siècle. Par exemple on interdit les masques en raison des désordres que leur vente pourrait occasionner. On n'interdit pas les masques parce qu'on est contre. Parallèlement à l'interdiction renouvelée chaque année des confetti à partir de 1919, les adversaires de la fête font maintenir l'interdiction des serpentins. En dépit des manœuvres anti-festives, dès mars 1919, le cortège de la Mi-Carême défile à nouveau.

L'acharnement anti-festif se doublera à un moment donné de la suppression des vacances des jours gras pour les enfants, qui sont déplacées à une autre période de l'année, ce qui permet d'empêcher les enfants de faire carnaval. Alors qu'un argument classique et traditionnel des adversaires de la fête consiste à écrire qu'y participer, se costumer, est très beau et bien uniquement pour les enfants et que pour les adultes c'est laid et ridicule. Ce sont des « pasquinades indignes de l'homme » comme l'écrit Benjamin Gastineau en 1855 en parlant du Carnaval de Paris.

Mais ce sont surtout d'autres raisons qui font que le Carnaval connaît une disparition progressive de la scène parisienne à partir du début des années 1920. Si belle, grande et traditionnelle soit-elle une fête a besoin d'être organisée. Or son organisation va défaillir. Le Comité des Fêtes de Paris, organisme privé qui organise la Mi-Carême depuis 1903 et fait sortir à cette occasion avec peu de moyens 500 000 Parisiens dans la rue connaît une grave crise à partir de 1921. Par ailleurs il n'existe pas de maire de Paris qui aurait pu soutenir la fête. Cette fonction officielle a été supprimée en 1794 et ne réapparaîtra qu'en 1977102. Durant cette longue période le préfet de la Seine nommé par le ministre de l'Intérieur et qui gère Paris privilégie la fête royale, impériale ou nationale plutôt qu'un Carnaval expression d'une ville longtemps réputée révolutionnaire et placée sous la surveillance directe de l'État. Dans les années 1930, on assiste à une démission complète des organisateurs habituels de la Mi-Carême, qui renoncent à organiser le grand cortège annuel et ne conservent des festivités que les mondanités : réceptions à l'hôtel de ville et par la presse. Seuls les étudiants et des initiatives locales continuent alors la tradition des défilés dans la rue.

Après 1919 défilent encore malgré tout deux grands cortèges du Carnaval de Paris :

Pour lutter contre l'oubli et renouer avec la joyeuse tradition, le 27 mai 1951 le Comité du bi-millénaire de Paris fait défiler un petit cortège du Bœuf Gras. L'opération sera répétée le 22 avril 1952, à l'initiative du Comité des Fêtes du 19e arrondissement de Paris. Puis le Bœuf Gras disparaît.

Dans les années 1950 et jusqu'en 1960 défilent des cortèges d'enfants costumés sur l'avenue des Champs-Élysée. Le nombre de participants peut atteindre plusieurs centaines. Ils sont accompagnés par un petit nombre d'adultes costumés103[source insuffisante].

Le jeudi de l'Ascension 27 mai 1954, par un temps magnifique, un grand corso fleuri genre Carnaval est organisé pour l'ouverture de la Grande saison de Paris. Il attire une foule énorme. L'initiative qui a été prise en dehors de la période traditionnelle du Carnaval ne sera pas renouvelée.

Le 25 juin 1977 a lieu la Fête de l'été appelée également dans la presse le Carnaval des Carnavals. Cette fête est censée évoquer les Carnavals du monde. Dans son programme imprimé est mentionné le Bœuf Gras. Mais c'est un spectacle, pas une fête. Les Parisiens y sont conviés en spectateurs et ne sont pas appelés à y participer. Le défilé clou de la manifestation a lieu sur des péniches sur la Seine. Dans de telles conditions il est difficile de se mêler à pied au cortège... Sur la péniche censée évoquer Paris dans le défilé figure le bal musette où se côtoient le légionnaire et le marin104[source insuffisante]. La tradition du Carnaval de Paris avec ses blanchisseuses, son Bœuf, ses costumes, ses grandes batailles de confettis, ses serpentins de 50 à 200 mètres de longueur, ses bals masqués, est de fait oubliée.

Les manifestations parisiennes à caractère festif des années 1980-1990 ne feront pas mieux de ce point de vue.

Par exemple la fête très réussie du Carnaval de Venise à Paris qui se déroule sous les arcades et dans les jardins du Palais-Royal le mardi gras n'y fait aucune allusion.

 
Affichette annonçant la manifestation turinoise du 12 mai 1997 qui se transformera en manifestation en faveur du Carnaval de Paris interdit à l'époque105.

Subjectivité du regard sur le Carnaval de Paris

S'agissant des témoignages sur une fête, un Carnaval, et ici le Carnaval de Paris, la subjectivité du regard peut donner des résultats très divergents.

On peut comparer, par exemple, ces deux témoignages sur la même édition du Carnaval de Paris, celle de 1844. Le mardi gras tombait cette année-là le 20 février.

Le , Delphine de Girardin écrit106 :

« Sur le boulevard, le carnaval a été triste et laid. De pauvres enfants s'entassaient dans des calèches, ou s'en allaient barbotant dans une affreuse neige fondue, une espèce de sorbet noir qui glaçait leurs petits pieds, tout cela pour voir des masques qui ne passaient pas, et ils en demandaient en pleurant ; pour les consoler, on leur désignait, dans les voitures et dans la foule, les premières figures grotesques que l'on remarquait, en leur disant : « Voilà un masque ! » On montrait aux uns les parents des autres, et vice versa. »

Le , L'Illustration donne une tout autre présentation du même événement :

« Dès midi, une moitié de Paris s'était mise à la fenêtre pour voir passer le carnaval, l'autre moitié se répandait dans les rues ; de la Madeleine à la Bastille, le boulevard était couvert d'une population immense, qui s'agitait tumultueusement et se pressait sur les dalles des contre-allées, tandis qu'une double haie de voitures occupait les bas-côtés, s'allongeant à perte de vue. »

Calendrier 2007-2022

 
 
Couple de Parisiens en Carnaval en 1841 par Paul Gavarni107.
 
Les chats mousquetaires à cheval d'Alfort à la Mi-Carême 1894.
Dates du Carnaval
AnnéeDimanche GrasMardi Gras
2007 18 février 20 février
2008 3 février 5 février
2009 22 février 24 février
2010 14 février 16 février
2011 6 mars 8 mars
2012 19 février 21 février
2013 10 février 12 février
2014 2 mars 4 mars
2015 15 février 17 février
2016 7 février 9 février
2017 26 février 28 février
2018 11 février 13 février
2019 3 mars 5 mars
2020 23 février 25 février
2021 14 février 16 février
2022 27 février 1er mars

Témoignages

Carnaval de Paris en 1610

 
Tract des Fumantes de Pantruche en 2004.
 
Scènes du Carnaval de Paris au XVIIe siècle.

Contre le Carnaval de Paris en 1790

En février 1790, le Carnaval de Paris est interdit par les autorités. Un journal favorable à l'interdiction écrit à cette occasion, peu après la date de la fête interdite108 :

Nul n'a paru penser aux mascarades, aux orgies, aux folies qui avaient lieu à pareil jour, les années précédentes. Il n'y a point eu de course de masques ni le lundi ni le mardi, et le peuple n'a pas paru les regretter. Il a senti toute l'absurdité de cette monstrueuse coutume, et il faut espérer, pour notre bonheur, qu'elle ne se reproduira plus. Ce sera encore un des fruits de la révolution.

Le Carnaval de Paris 1817

Un voyageur américain, Franklin James Didier écrit109 :

Je ne sais pas ce que peut être le carnaval de Venise. La splendeur de celui de Paris m'a étonné. J'aime cette mascarade qui change tous les objets, renouvelle tout, et donne à une grande ville l'air d'un théâtre grotesque.
Bergères, faunes, arlequins, polichinelles, rois, sauvages et pantalons m'ont accosté plus d'une fois. Leur démarche, tantôt légère, tantôt grave, leur attitudes diverses, leur solennelle gaité et leur étrange accoutrement forceraient un philosophe de rire. J'ai vu plus d'une Diane en falbalas chercher, rue Saint-Honoré, l'Endymion de la nuit prochaine.
Le dernier jour du carnaval, le mardi grasn 3, on a promené dans les rues de Paris, avec une pompe vraiment triomphale, un cortège éblouissant, et une profusion de drap d'or, de broderies et de paillettes, ce bœuf vénérable, qui porte sur son dos un petit Cupidon bien portant ; ce bœuf consacré, que tous les enfants de Paris savent être le bœuf gras.

Le Carnaval de Paris vu par Honoré de Balzac en 1841

En 1841, dans son roman La Fausse Maîtresse, Honoré de Balzac évoque le Carnaval de Paris 1838, ses réjouissances de rues et ses bals110 :

 
Le galop de Thadée et Malaga vu par Pierre Vidal en 1897111.

« Chacun sait que depuis 1830 le carnaval a pris à Paris un développement prodigieux qui le rend européen et bien autrement burlesque, bien autrement animé que le feu carnaval de Venise. Est-ce que, les fortunes diminuant outre mesure, les Parisiens auraient inventé de s'amuser collectivement , comme avec leurs clubs ils font des salons sans maîtresses de maison, sans politesse et à bon marché ?

Quoi qu'il en soit, le mois de mars prodiguait alors ces bals où la danse, la farce, la grosse joie, le délire, les images grotesques et les railleries aiguisées par l'esprit parisien arrivent à des effets gigantesques. Cette folie avait alors, rue Saint-Honoré, son Pandémonium112, et dans Musard son Napoléon113, un petit homme fait exprès pour commander une musique aussi puissante que la foule en désordre, et pour conduire le galop, cette ronde du sabbat, une des gloires d'Auber, car le galop n'a eu sa forme et sa poésie que depuis le grand galop de Gustaven 4. Cet immense final ne pourrait-il pas servir de symbole à une époque où, depuis cinquante ans, tout défile avec la rapidité d'un rêve? »

Paris en Carnaval en 1842

 
Couple de Parisiens en Carnaval en 1847 par Bertall114[source insuffisante].

Un ouvrage anonyme illustré décrit la ville en fête et son atmosphère joyeuse115 :

 
Au Carnaval de Paris en 1842, dessin d'Henri Emy116.
 
Fritz von Dardel - Les gens qui vont à une mascarade - Paris 1842117.
 
Thomas Couture, vers 1855 : Le souper après le bal masqué.

« Paris est en carnaval : les boutiques sont closes ; à peine en est-il quelques-unes qui conservent un œil ouvert sur la rue, comme pour tenir un juste milieu entre leur intérêt et leur divertissement. Les rues s'emplissent de flâneurs, se bariolent de masques aux divers costumes, se sillonnent de voitures ; on se cherche, on s'appelle, on s'accueille au milieu des chants, des rires, et des joyeux propos. Les cabarets regorgent de buveurs qui s'animent ; — tout se mêle, se démêle, s'entremêle ; c'est un bourdonnement sourd encore, du milieu duquel percent à la fois les éclats de rire, les jurons des cochers, le choc des verres, et quelques grossièretés, prélude de la grande orgie de mots dont le boulevardn 5 sera le théâtre dans quelques instants. »

La danse à Paris le jeudi de la Mi-Carême 1846

La Sylphide écrit en 1846118 :

LA MI-CARÊME.
Voilà donc la mi-carême passée ! Ce jour, au milieu des folles joies, des bruyants plaisirs, le carnaval nous a fait ses suprêmes adieux pour jusqu'à l'année prochaine; car, plus heureux que les pauvres humains, le carnaval, comme le phénix, meurt pour renaître encore. Dire combien de grands et petits salons ont résonné du son des violons jeudi dernier serait impossible ; le bruit de la polka, de la mazurka, de la valse, de la contredanse, vous saisissait à votre porte et vous conduisait sans interruption jusqu'à la barrière la plus éloignée de votre quartier; à qui dansait à gauche, à qui dansait à droite ; vous marchiez entre une double haie d'harmonie.

Contre le Carnaval de Paris en 1855

 
Almanach du commerce de Paris 1837, annonce d'un fabricant de « mouches pour le carnaval119 ».

Au nombre des dénigreurs et opposants à la fête parisienne, on trouve des moralistes qui jugent cette fête constituer des « pasquinades indignes de l'homme120 », ou encore que l'abus de bals du Carnaval de Paris donne le cancer aux femmes et jeunes filles121[source insuffisante]. Benjamin Gastineau, en 1855, fait partie de ceux qui condamnent le Carnaval de Paris au nom de la morale122 :

Non ! Quoi qu'en dise Voltaire, la vie n'est pas un jeu, une mascarade du berceau à la tombe. Les grelots qui tintent en carnaval ne renferment pas seulement du bruit et de la folie. Est-ce que les chansons bruyantes de Mardi-Gras ne finissent pas toutes par un sanglot ? Est-ce que vous n'entendez pas comme un immense cri de détresse mêlé à la gigantesque orgie de cette tour de Babel en action ? N'avez-vous pas su voir aux bals de l'Opéra et de la Courtille que ces gens-là se tortillaient comme des damnés ? et n'appellent-ils pas eux-mêmes leurs danses bacchanales, galops diaboliques, rondes infernales ?
La vérité est là. Les extravagances du carnaval attestent un spleen, un vide, un abîme incommensurable dans le cœur humain. Comme toutes les débauches, le carnaval vient de privation, de malaise. L'histoire en main, nous avons la preuve que les peuples les plus corrompus et les plus asservis se sont donnés corps et âme aux mascarades qui leur ont ravi leur dignité et leur indépendance. Mais que l'homme ait l'assouvissement de ses jouissances légitimes, — car les trappistes ne sont pas de ce monde, — qu'il ait l'exercice entier de ses facultés, la satisfaction légitime de sa nature, l'épanouissement de son cœur, bref, que l'homme soit placé dans son véritable centre moral, et il ne songera pas plus aux orgies monstrueuses du carnaval que l'être sensé et libre ne souhaite la corruption, la folie et l'esclavage, ou que l'amant d'une vierge ne désire les caresses d'une courtisane.

Quelques costumes au Carnaval de Paris en 1857

Le 1er mars 1857, A. Rolet, dans La Presse littéraire, décrit quelques costumes de bals masqués parisiens123 :

Dans un bal d'officier ministériel, tout le monde était tenu de ne pas sortir dans son costume du règne végétal ; les musiciens eux-mêmes n'ont joué qu'à l'aide de flageolets et de chalumeaux. Trois clercs de notaire, trois jeunes efflanqués, dont la maigreur est proverbiale dans la bazoche parisienne, sont arrivés déguisés en asperges et ont eu un grand succès comme primeur. Le grandissime M. V. était déguisé en peuplier. Sa coiffure ramée servait de tête de loup ; elle a balayé toute la soirée les corniches et le plafond. Un gros président était en potiron, ses deux fils en concombre, son petit-fils en cornichon. L'esprit bien connu de cette famille a réhabilité complétement ces utiles cucurbitacées. Le demi-monde a voulu singer aussi ces drôleries carnavalesques.

Le Carnaval de Paris 1833 vu par Victor Hugo

Dans Les Misérables, roman publié en 1862, Victor Hugo décrit le Carnaval de Paris en 1833, qu'il a connu124.

Le Mardi Gras 1878 à Paris

 
L'Estudiantina Espagnola défile dans Paris125.
 
La foule parisienne avec l'Estudiantina Espagnola, le Mardi Gras 5 mars 1878 au jardin des Tuileries125.
 
L'Estudiantina Espagnola, le jeudi 7 mars 1878 place de l'Opéra attire une foule de 50 000 Parisiens125.
 
« Claque d'arlequin, justaucorps de velours noir, ceinture semblable, culotte courte, bas de soie, souliers à bouffettes, capa en drap, gants blancs ; rien n'y manque, même les guitares aux rubans rouges et jaune126,127 ! »
 
D. Ildefonso de Zabaleta, président de l'Estudiantina Espagnola125,128.
 
Partition souvenir de la venue de l'Estudiantina Espagnola au Carnaval de Paris en 1878.

Ce jour-là, et aussi les jours suivants, triomphe à Paris une Estudiantina, joyeuse troupe musicale de 64 étudiants costumés venue d'Espagne129.

Elle inspire même une chanson au poète et goguettier Clairville, membre de la célèbre goguette du Caveau130.

Le 7 mars 1878, Ch. Fried écrit dans Le Petit Parisien77 : « Nous le disions bien, hier, que le carnaval n'était pas mort ! Depuis tantôt dix ans, il n'y avait pas eu autant de bruit, autant de foule, autant de mouvement. La pluie de la matinée n'y a rien fait. – Oh ! mais là, rien de rien ! – Ce qu'il y avait de monde dehors est absolument incalculable. C'était à croire qu'une notable partie de la France s'était donné rendez-vous dans les rues, sur les boulevards, places publiques et promenades de la grande ville.

À de certains moments, à de certains endroits, il était tout à fait impossible d'avancer. La foule, compacte, bouchait toutes les issues. Il fallait attendre une éclaircie. Au bout d'un instant, on se sentait porté en avant : la circulation était rétablie pour un peu de temps. Et toute cette masse de monde avançait lentement, mais sûrement, poussant, grouillant, bousculant, criant, riant, chantant. Ça a commencé dès le matin, dans le bas de la rue Montmartre. Quand, vers neuf heures, nous sommes arrivés à la hauteur de l'hôtel d'Angleterre, nous avons aperçu une véritable mer de têtes. Les badauds et les curieux d'outre-Seine avaient fait cortège aux six cents étudiants de Paris qui allaient souhaiter la bienvenue aux soixante-quatre membres de la Estudiantina espagnola. Joli coup d'œil, en vérité, que celui de cette grosse foule sympathique et gaie, qui poussait hurrah sur hurrah ».

La qualité musicale de ce groupe était telle, que La Voix des Écoles prétend, dans son numéro du 4 avril 1878, que ces 64 étudiants auraient été en fait une troupe espagnole d'artistes professionnels en tournée en France et déguisée en Estudiantina ! Elle aurait ainsi réussit à mystifier les étudiants parisiens, la presse, la présidence de la République et jusqu'à Victor Hugo en personne131.

Le Bal masqué de l'Opéra jeudi de la Mi-Carême 20 mars 1879

Au cours des années, par manque de curiosité, refus de s'informer ou hostilité, on trouve fréquemment annoncée la disparition imaginaire du Carnaval de Paris ou d'un de ses grands événements. Par exemple, la célèbre parade carnavalesque de la descente de la Courtille, qui existe jusqu'en 1862, est annoncée disparue en 1838. Le Carnaval de Paris est annoncé disparu en 1870, etc. De ce genre de disparitions imaginaires, L'Univers illustré s'amuse en 1879132 :

L'Opéra a donné jeudi dernier; jour de la Mi-Carême, le dernier des quatre bals masqués et costumés qu'il avait annoncés.
Je m'imagine qu'un voyageur qui aurait quitté la France depuis vingt-cinq ans, qui n'aurait jamais lu un journal français pendant sa longue absence, et qui, revenant à Paris, verrait sur une affiche ces mots: « Bal masqué de l'Opéra » serait bien étonné.
Il y a vingt-cinq ans, en effet, ce voyageur-là avait pu entendre dire : « C'est fini, le bal de l'Opéra est mort », et c'était peut-être vrai, en ce sens que le bal de l'Opéra n'était plus à cette époque ce qu'il avait été en 1840. Avait-il changé à son désavantage ? Je n'oserais dire oui, je n'oserais dire non, ne l'ayant point vu autrement.

Deux menus du Carnaval de Paris en 1887

 
Le Grand Hôtel, place de l'Opéra, vers 1890.

La période du Carnaval était à Paris un grand moment gastronomique. En témoignent ces deux menus. Ils ont tous les deux été publiés dans Le Figaro, l'un le dimanche 20 février, l'autre le mardi  :

LE GRAND–HÔTELn 6

 

À la Promenade du Bœuf Gras 1896

 
Amoureux au Carnaval de Paris en 1842116.
 
Bataille de confetti au Carnaval de Paris vers 1913.
 
Couverture d'un livre paru en 1899.
 
Le char du Bœuf Gras qui défile le dimanche gras 25 février 1900133.

En 1896 après vingt-cinq ans d'interruption défile un très grand cortège du Bœuf Gras. Durant les trois journées des dimanche lundi et mardi gras 16, 17 et 18 février il parcourt 43 kilomètres dans Paris. À l'époque le confetti en papier et les serpentins n'existent que depuis quelques années. Voici la fin d'un article du journal quotidien L'Éclair du 17 février 1896 :

Des trottoirs aux balcons, on l'attendait (le cortège du Bœuf Gras). Il pleuvait en son honneur des confetti et les fenêtres s'enguirlandaient de serpentins. ... Les masques à pied étaient rares ; grimés sans richesse ni esprit, ils n'allumaient pas cette folie qui est si spéciale à la Mi-Carême. Le Mardi Gras, longtemps démodé, se ressent de son ancienne déchéance. Le passage du cortège n'a pas encore tout à fait dégelé la rue. Le carnaval n'est pas dans la foule, en dépit de la familiarité heureuse des confetti qui chassent les grincheux — ces insupportables empêcheurs de s'amuser avec des ronds — et unissent fraternellement les badauds de bonne foi, les animent, les entraînent et leur font oublier pendant quelques heures l'autre carnaval — celui des méchants et des cuistres.
Il faut rendre grâce aux confetti. Nous lui devons l'allégresse de ces jours de gaie licence ; et il nous faut aussi remercier le serpentin qui étend au-dessus des têtes des volumes frémissants, qui établit des relations de fenêtre à fenêtre, qui jette un pont fragile mais suffisant pour que d'un Parisien à l'autre l'entrain voisine.
Ces légères banderoles qui enrubannent les balcons et bouclent des fanfreluches dans la chevelure des arbres, ont appelé aux croisées chacun et chacune ; des sourires s'échangent, des relations s'échafaudent, des romans naissent noués de ces faveurs si fragiles. Au bout de fils plus résistants pendent des friandises pour les petits polissons et quelquefois peut-être aussi des billets que comme par hasard arrêtent de jolies mains tendues. Le carnaval se plaît aux brèves amourettes et la familiarité devient grande, qui les autorise ainsi à l'abri de la familiarité des confetti, de la grâce des serpentins et de l'indulgence de votre majesté, prince Carnaval, enfin de retour en ce Paris qui vous pleura.

Cortège du Bœuf Gras, 19 mars 1936

 
Le char de Bœuf Gras passe près de l'Opéra Garnier en 1928.

Le jeudi de la Mi-Carême , le Bœuf Gras traverse tout Paris depuis le parc des expositions de la porte de Versailles jusqu'aux abattoirs de la Villette, en passant par le Boul'Mich, le parvis Notre-Dame, l'hôtel de ville, le Boulevard Sébastopol et la Gare de l'Est. À ce cortège se joint Et voilà le printemps, char des étudiants parisiens. C'est à ce jour la dernière sortie à grande échelle du Bœuf Gras.

 
Le Petit Journal 1913

Documentation

Affiches

 
Affiche de Jules Chéret pour des bals masqués donnés salle Frascati, rue Vivienne, à Paris.
 
Sapristi ! je ne suis pas encore assez laid134.
 
Affiche pour la cavalcade des étudiants de la Mi-Carême 1897.
 
Les reines de Madrid, Paris et Rome à la Mi-Carême 1906 à Paris.

Caricatures

 
Caricatures de Cham, 1850160.
 
Croquis sur le vif pris à la Mi-Carême 1929 à Paris161.

Chansons

 
Caricature de Henri de Toulouse-Lautrec pour le journal La Vache enragée, 1896.
 
Un recueil de chansons de Carnaval vendu à Lille et Paris en 1819188.

Cette liste comprend 88 chansons classées par ordre alphabétique.

Le Carnaval en chansons

Le Carnaval de Paris est l'occasion de lancer des chansons. Ce fait est au moins attesté pour les fêtes de la Mi-Carême 1926. Le 6 mars de cette année, on lit dans le journal Comoedia260 :

« M.Castel, des Folies-Bergère, crééra La Cocotte à sa mère, qui sera la chanson de la Mi-Carême 1926. »

La même année existait une chanson officielle du Carnaval de Nice261.

Films

 
Grosses têtes du Carnaval de Paris photographiées en 1912262.

Géants et grosses têtes

Des géants et des grosses têtes ont participé et participent au Carnaval de Paris. On peut voir la représentation dessinée ou photographiée d'un certain nombre d'entre eux sur la base Commons de Wikipédia : Géants du Carnaval de Paris.

Œuvres littéraires

 
Image ornant le programme du Bœuf Gras 1854.
 
1809 – Fonpré de Fracansalle, distribution pour La mort de Mardi-Gras, tragi-comédie ou Comédie faite pour pleurer, ou tragédie pour rire. En un acte et en vers, par des membres de l'Académie de Cocagne10.

Le Carnaval de Paris a inspiré des poètes, écrivains, auteurs de théâtre :

 
Préparatifs d'une soirée de têtes au Carnaval de Paris en 1891274.
 
Catéchisme poissard XIXe siècle354.

Œuvres musicales

 
 
Partition du quadrille Le Mardi gras aux enfers de Camille Schubert, 1910.
 
Illustration de Léonce Burret pour une partition de piano d'Ernesto Becucci, 1897383.

Le Carnaval de Paris a aussi inspiré des compositeurs de musiques :

Peintures, gravures, sculptures, dessins

 
Défilé grotesque de la célèbre société festive et carnavalesque des Flambards au bal de l'Opéra donné pour la Mi-Carême 1868, vu par Daumier415.
 
 
Atelier parisien de fabrication de masques de Carnaval en 1897417.
 
Le cortège de la Mi-Carême vers 1900 vu par Camille Pissaro418.
 
Catalogue d'un marchand parisien d'articles de Carnaval en 1907.
 
1864 – Charmant Bœuf gras 1200 kilos

Personnages typiques du Carnaval de Paris

Comme dans d'autres carnavals, il existait traditionnellement des personnages typiques du Carnaval de Paris. Un certain nombre d'entre eux nous sont connus par la documentation conservée.

Photographies anciennes

 
Publicité d'un magasin parisien vers 1930.

Liste non exhaustive :

Photographies de presse de la Mi-Carême

 
Le Bœuf Gras du Carnaval de Paris vers 1850, dessin d'Auguste Lapierre, détail d'une plaque de verre pour lanterne magique.

Au moins 176 photos de presse de la Mi-Carême prises entre 1908 et 1934 sont consultables sur site Gallica de la BNF.

Plaques de verre pour lanterne magique

Dessinées par Auguste Lapierre vers 1850, huit plaques de verre coloriées pour lanterne magique conservées à la Cinémathèque française à Paris représentent le cortège de la Promenade du Bœuf Gras. Sur l'une figure le Bœuf Gras, et sur les sept autres divers éléments de son cortège522.

Publicités avec le Bœuf Gras

Information Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.

Réglementation du Carnaval de Paris

Jadis parait chaque année une ordonnance de police règlementant le Carnaval de Paris. Pour une part, elle dresse a contrario un tableau intéressant d'un certain nombre de choses qui se font, ou qu'on est tenté de faire, au Carnaval de Paris. Et que les autorités éprouvent le besoin de réprimer ou tenter de réprimer.

En , voici ce que dit à propos de l'ordonnance règlementant le Carnaval de Paris la Revue municipale, contenant toutes les matières de droit commun523 :

CARNAVAL. — Le pouvoir municipal a des devoirs à remplir en cette circonstance, tant dans l'intérêt des mœurs que de la sûreté publique; il est convenable que MM. les maires fassent, à cette époque, publier dans leurs communes des arrêtés sur les mascarades, suivant les besoins et l'importance de leurs localités.
Voici l'ordonnance de police qui se publie tous les ans à Paris ; elle pourra les aider à dresser l'arrêté qui conviendra dans leur municipalité.
Nous, etc. — Vu la loi du 16-24 août 1790, titre 9 ; les art. 86, 287, 330, 471, n° 11 et 15, et l'art. 479, n° 8, du Code pénal, les art. 1 et 8 de la loi du 17 mai 1819, et ceux de la loi des 29 novembre 1830 et 9 septembre 1835 ;
Voulant prévenir tout accident et tout désordre pendant les divertissements du carnaval....
Art. 1er. Toute personne qui pendant le temps du carnaval se montrera dans les rues, passages, galeries, boulevards, places, promenades et lieux publics, masquée, déguisée ou travestie, ne pourra porter ni arme ni bâton.
2. Personne ne pourra paraître sous le masque dans aucun lieu public avant dix heures du matin et après sept heures du soir.
3. Aucun individu ne pourra prendre de déguisements qui seraient de nature à troubler l'ordre public, ni qui pourraient blesser la décence et les mœurs.
4. Il est défendu à toutes personnes masquées, déguisées ou travesties, d'insulter qui que ce soit, par des invectives, des mots grossiers ou des provocations injurieuses.
5. Elles ne pourront également s'arrêter sur la voie publique pour y tenir des discours indécents, ou y provoquer les passants par des gestes ou paroles contraires à la morale publique.
6. Il est pareillement défendu à tout individu, masqué ou non masqué, de jeter dans les maisons, dans les voitures et sur les personnes, aucun objet ou substance qui puisse blesser, endommager ou salir les passants.
7. Toute personne masquée, déguisée ou travestie, invitée, par un officier de police, ou par un agent de la force publique, à le suivre, doit se rendre sur-le-champ au bureau de police le plus voisin, pour y donner les explications qui peuvent lui être demandées.
8. Les contrevenants aux dispositions ci-dessus seront arrêtés et conduits à la préfecture de police pour y être interrogés, et pour qu'il soit pris à leur égard telle mesure qu'il appartiendra, sans préjudice des poursuites à exercer devant les tribunaux, tant contre eux que contre les personnes civilement responsables d'après la loi.

Sociétés festives parisiennes

Organisant la festivité et intervenant dans son Carnaval, Paris a compté des centaines de sociétés festives et carnavalesques.

L'article Liste de goguettes répertorie 710 Goguettes de Paris, des barrières et de la banlieue de Paris. L'article Liste de sociétés bigophoniques répertorie 197 goguettes organisées en sociétés bigophoniques.

Ces deux listes ne prennent pas en compte les autres genres de sociétés festives et carnavalesques parisiennes. Certaines, qui intervenaient dans le cadre du Carnaval de Paris, existent toujours, comme la société festive traditionnelle étudiante de la Faluche.

Spécialités culinaires

Crepes 1.jpg
 
 
Les crêpes au Carnaval de Paris vers 1845n 7.

Profitant aussi des jours gras,
Le traiteur déguise ses plats,
Nous offre vinaigre en bouteille,
Ragoût de la veille,
Daube encor plus vieille.
Nous payons bien, nous soupons mal...
V'là c' que c'est que l' carnaval16.

De cette saison fortunée
J'aime surtout les bons repas,
Homme, femme fraîche ou fanée,
Chacun fait bombance aux jours gras.
Même alors, plus d'une grand-mère
Se prépare un petit régal,
Et trouve le moyen de faire
Son carnaval18.

Parlant du Carnaval, La Revue illustrée, qui paraît à Paris, écrit en 1906524 :

Voici venir mars et les joyeux jours gras avec tout leur cortège des charmantes réunions de famille et des très gais repas.

« On saura s'amuser tout comme un autre, a dit le bourgeois : et Dieu sait comment il s'y prend ! Pendant le carnaval, c'est-à-dire du jeudi-gras au mercredi des cendres, ses plus chères voluptés sont celles qui le sont le moins. En première ligne, nous trouvons les beignets ; et quels beignets, grand Dieu ! (Plus loin, cet ouvrage parle des crêpes525). »

Toponymie : une rue Carême-Prenant à Paris

Une rue de Paris était jadis nommée en l'honneur du Carnaval. Ce fait est attesté en 1652, sur le plan de Gomboust, où elle porte le nom de rue Carême-Prenant. À la même époque, le plan de Jaillot l'appelle ruelle de l'Héritier. Carême-Prenant est un synonyme du mot Carnaval largement utilisé en France jusqu'au XIXe siècle. C'est rue Carême-Prenant que se trouvait l'entrée de l'hôpital Saint-Louis, qui se dirigeait vers les Récollets526.

Sur le plan de Delagrive de 1728, la rue Carême-Prenant est devenue la ruelle des Vinaigriers. C'est à présent la rue des Vinaigriers, amputée en 1946 d'une partie rebaptisée rue Jean-Poulmarch.

En région parisienne existe encore aujourd'hui une rue Carême Prenant à Argenteuil527, une impasse Carême Prenant à La Courneuve et une rue du Carnaval à Crosne528.

Notes et références

Notes

  1. Dessins de Bertall extraits du livre de Théophile Lavallée Le diable à Paris : Paris et les parisiens : mœurs et coutumes, caractères et portraits des habitants de Paris, tableau complet de leur vie... (texte de MM. de Balzac, Eugène Sue, George Sand, et al.) ; séries de gravures avec légendes par Gavarni... vignettes par Bertall..., J. Hetzel éditeur, Paris 1845-1846.

Références

  1. Hors de la région parisienne, il existe en France une rue Carême Prenant au Luart (Sarthe), une rue du Carême Prenant à Villevallier (Yonne), une rue du Carnaval à Fresnes-sur-Escaut (Nord), une rue du Carnaval à Manthelan (Indre-et-Loire), une rue Mi-Carême à Saint-Étienne (Loire) et une impasse de Caramentrand à Anneyron (Drôme). Caramentrand étant un terme régional désignant le Carnaval.

Voir aussi

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Articles connexes

Lien externe