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Catégorie : Les Armes
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Sabotage

 
 
 
 
Déraillement d'un train en Palestine à la suite d'un sabotage par des forces paramilitaires juives en 1946.
 
Train à la suite d'un sabotage par des fellaghas en Tunisie (1952).

Le sabotage est l'action de détériorer, mettre hors d’usage volontairement et le plus souvent clandestinement, du matériel, des machines, des installations militaires ou civiles, ou de désorganiser et de compromettre le succès d'un projet, d'une entreprise.

Étymologie

Le terme « sabotage » est dérivé du verbe « saboter » qui lui-même vient de « sabot » et éventuellement du picard chaboter : « faire du bruit avec des sabots » et/ou du provençal sabotar : « secouer, agiter »1.

Une légende voudrait que le mot « sabotage » vienne du fait que des ouvriers jetaient leur sabots dans les machines en vue de les détruire (on parle parfois de tisserands hollandais, de luddites anglais, ou encore de canuts lyonnais). Pourtant, ceci n'est pas avéré et aucune source fiable ne prouve que le mot vienne de là2,N 1.

Usage du terme

Une des premières apparitions du mot « saboter » que l'on puisse trouver est dans le Dictionnaire du Bas-Langage ou manières de parler usitées parmi le peuple de D'Hautel, édité en 18083,N 2

On le retrouve aussi dans le Dictionnaire de la langue française d'Émile Littré de 1873-18741,N 3, mais c'est à la fin du XIXe siècle qu'il commence à être vraiment utilisé4.

En 1897, Émile Pouget, célèbre syndicaliste anarchiste, écrit dans Le Père Peinard « action de saboter un travail »5, et, en 1911, il écrit l'ouvrage Le Sabotage qui commence par ces mots :

« Le mot « sabotage » n'était, il y a encore une quinzaine d'années qu'un terme argotique, signifiant non l'acte de fabriquer des sabots, mais celui, imagé et expressif, de travail exécuté « comme à coups de sabots ». Depuis, il s'est métamorphosé en une formule de combat social et c'est au Congrès Confédéral de Toulouse, en 1897, qu'il a reçu le baptême syndical. »

— Émile Pouget, Le Sabotage, 1911, p. 36

En 1919, l'économiste Charles Gide en parle ainsi :

« Ce mot de « sabotage », naguère inconnu et qui a fait une étonnante fortune, car on l'emploie maintenant à chaque instant dans la conversation, comporte des significations très variées. Il ne signifie pas nécessairement l'acte de détruire les instruments ou les marchandises […] mais tout acte qui consiste à rendre le travail improductif, soit par nonchalance, […] par excès d'application, […] ou par une observation méticuleuse des règlements. […] Sous ces diverses formes, le sabotage échappe évidemment à toute répression. D'ailleurs les syndiqués protestent contre l'accusation de mettre en péril, par le sabotage, la vie ou la santé du consommateur ; ils prétendent ne pratiquer le sabotage que comme un moyen de guerre contre le patron, moyen moins onéreux pour eux que la grève, puisqu'ils continuent à toucher leur salaire, et tout aussi efficace contre le patron, puisqu'il fait évanouir le bénéfice. »

— Charles Gide, Cours d’Économie politique, tome II, Livre III, 1919, p. 2107

Sabotage économique

Les attitudes contre-productives ou le sabotage des moyens de production sur le lieu de travail existent sans doute depuis que le travail existe, mais on n'en retrouve vraiment trace qu'avec les débuts de la Révolution industrielle.

Conflit industriel des luddites au Royaume-Uni

 
Luddites détruisant un métier à tisser au Royaume-Uni en 1812.

Au début du XIXe siècle, au Royaume-Uni, face à l'accélération de l'industrialisation, des artisans du textile refusent l'exploitation du nouveau système capitaliste. En 1811, à Nottingham, ils manifestent, mais sont sévèrement réprimés par les militaires. Il s'ensuit une destruction de machines et des usines sont incendiées. Le conflit s'étend et se radicalise rapidement, jusqu'à ce qu'en 1812 les artisans tentent de faire voter une loi, qui ne sera finalement pas adoptée. Le conflit larvé continuera quelques années puis s'essoufflera, les métiers des artisans luddistes ayant quasiment disparu à l'approche de 18208.

Cas de sabotage par les propriétaires des machines

Il arrive que le sabotage soit commis par la direction de l'entreprise, afin d'empêcher lors d'une liquidation que les machines soient rachetées par des concurrents. Ce fut notamment le cas des machines de l'usine à papier de Docelles en 20149.

Sabotage en temps de guerre

Dans le domaine militaire, le mot est employé pour décrire l'activité d'un individu ou groupe indépendants (tels qu'un agent étranger ou un résistant), en particulier lorsque les actes de sabotage ont comme conséquence la destruction ou l'endommagement d'un service productif ou essentiel, tel que les équipements, usines, services publics ou aires de stockage tel l'explosion de Black Tom en 191610.

À la différence des actes de terrorisme, les actes de sabotage n'ont pas comme premier objectif d'infliger des pertes humaines ni de faire régner la terreur.

Seconde Guerre mondiale

Chemins de fer

À partir de 1941, de nombreux cheminots de la SNCF, le plus souvent membres du PCF clandestin, vont désorganiser le trafic et immobiliser des trains un peu partout en France. Jean-Marie Teuroc est l'un d’eux, il invente divers procédés de sabotage vite repris par d'autres cheminots11.

Mur de l'Atlantique

Dans le cadre de la construction du Mur de l'Atlantique entre 1942 et 1944 et autres ouvrages défensifs, de nombreux ouvriers passés par le STO étaient en fait des saboteurs souvent formés par la Surveillance du Territoire (Ancêtre de la DST) ou la Compagnie des Travaux ruraux. Leur principale action était par exemple de mettre du sucre dans le béton afin de le rendre friable, ou de l'eau dans le gazole des machines.

Manuel de sabotage

En 1944, le bureau des services stratégiques (OSS) des États-Unis, publie un « Manuel de sabotage simple sur le terrain ».

Notes et références

Notes

  1. Saboter : Populairement. Faire vite et mal. Saboter de l'ouvrage.

Références

  1. Molinari 1996, p. 31-32

Annexes

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Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

Diversion

 
 
 

En psychologie sociale et en stratégie, la diversion est une forme de manipulation destinée à détourner l'adversaire du point que l'on veut l'attaquer.

La stratégie de la diversion vise à empêcher le public de s'intéresser aux connaissances essentielles dans tous les domaines, en le mettant dans une situation de confusion, de désorganisation, de désorientation produisant de ignorance.

Concrètement, cette stratégie peut se manifester par des rumeurs, des désinformations, de la propagande… qui conduisent à un déluge de distractions et d'informations insignifiantes et mal structurées, alors que les problèmes essentiels sont traités avec un minimum d'informations.

Les spécialistes des neurosciences savent que la mémorisation des informations par le cerveau se fait d'autant mieux que ces informations sont présentées de façon structurée et hiérarchisée.

Des exemples de diversion peuvent se présenter, dans la normalisation : un sujet non essentiel sera traité par une norme en quelques pages, alors que le véritable intérêt du sujet sera présenté dans une autre norme, sous forme technique, dans un langage abscons, dans la recherche scientifique par le financement de recherches de diversion par les industriels détournant des enjeux sociétaux et des acquis scientifiques (industrie du tabac, industrie chimique, industrie amiante, industrie pharmaceutique)

Notes et références

Voir aussi

L’Encyclopédie/1re édition/SURPRENDRE, TROMPER, LEURRER, DUPER

           
 
 
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SURPRISE  ►
 

SURPRENDRE, TROMPER, LEURRER, DUPER, (Synonym.) faire donner dans le faux, est l’idée commune qui rend ces quatre mots. Mais surprendre, c’est y faire donner par adresse, en saisissant la circonstance de l’inattention à distinguer le vrai. Tromper, c’est y faire donner par déguisement, en donnant au faux l’air & la figure du vrai. Leurrer, c’est y faire donner par les appas de l’espérance, en la faisant briller comme quelque chose de très-avantageux. Duper, c’est y faire donner par habileté en faisant usage de ses connoissances aux dépens de ceux qui n’en ont pas, ou qui en ont moins.

Il semble que surprendre marque plus particulierement quelque chose qui induit l’esprit en erreur ; que tromper dise nettement quelque chose qui blesse la probité ou la fidélité ; que leurrer exprime quelque chose qui attaque directement l’attente ou le desir ; que duper ait proprement pour objet les choses où il est question d’intérêt & de profit.

Il est difficile que la religion du prince ne soit pas surprise par l’un ou l’autre des partis, lorsqu’il y en a plusieurs dans ses états. Il y a des gens à qui la vérité est odieuse, il faut nécessairement les tromper pour leur plaire. L’art des grands est de leurrer les petits par des promesses magnifiques ; & l’art des petits est de duper les grands dans les choses que ceux-ci commettent à leurs soins. Girard, Synonymes françois. (D. J.)

Surprendre un cheval, (Maréchal.) c’est se servir des aides trop brusquement : c’est aussi approcher de lui lorsqu’il est à sa place dans l’écurie, sans lui parler auparavant, ce qui lui fait peur & le porte à ruer.

 

Piégé

 
 
 
Piégé
Titre original Bait
Réalisation Antoine Fuqua
Musique Mark Mancina
Sociétés de production Castle Rock Entertainment
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Canada Canada
Genre comédie d'action
Durée 119 minutes
Sortie 2000
 

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Piégé (Bait) est un film américano-canadien réalisé par Antoine Fuqua et sorti en 2000.

Synopsis

40 millions de dollars en lingots d'or ont été volés à la réserve fédérale de New York et c'est au chef de la brigade criminelle de la Direction du Trésor, Edgar Clenteen, de mener l'enquête. Au même moment, à New York, le cambrioleur amateur Alvin Sanders s'apprête à voler une cargaison de crevettes. Pris en flagrant délit, il se retrouve en prison, dans la même cellule que John Jaster, l'un des deux voleurs de la réserve d'or. Atteint du cœur, John confie un message codé à Alvin, pour qu'il le remette à sa femme, puis décède d'une crise cardiaque. Edgar est alors convaincu que ce message transmis à Alvin concerne l'endroit où les lingots d'or sont cachés. Il relâche ce dernier et lui implante une puce pour le localiser à tout moment. Alvin, qui pensait faire table rase de son passé de truand et se réconcilier avec sa petite amie, ignore tout du rôle qu'on a décidé de lui faire jouer.

Fiche technique

Icône signalant une information Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

  • Titre original : Bait
  • Titre francophone : Piégé
  • Réalisation : Antoine Fuqua
  • Scénario : Andrew Scheinman, Adam Scheinman et Tony Gilroy
  • Direction artistique : Peter Grundy et Patricia Woodbridge
  • Décors : Peter Jamison
  • Costumes : Delphine White
  • Photographie : Tobias A. Schliessler
  • Montage : Alan Edward Bell
  • Musique : Mark Mancina
  • Production : Sean Ryerson
Coproducteur : Joseph Boccia
Producteurs délégués : Tony Gilroy et Jaime Rucker King

Distribution

Note : Pour une raison inconnue, le film n'a pas été doublé en France. C'est donc le doublage québécois qui se trouve sur le DVD français.

Production

Bande originale

Bait
Original Motion Picture Soundtrack
Bande originale de divers artistes
Sortie
Genre rap, R'n'B
Compositeur Jimmy Jam et Terry Lewis, Jayo, Jason Eperson, Eddie F, Vada Nobles, Bink, Missy Elliott, Big Demi, Jamie Foxx
Label Warner Bros. Records

La musique du film est composée par Mark Mancina. Warner Bros. Records commercialise cependant un album contenant des chansons d'artistes rap et R'n'B. L'album ne rencontre pas un immense succès aux Etats-Unis et n'atteindra que la 49e place du Top R&B/Hip-Hop Albums. Le single Free de Mýa aura plus de succès : 42e au Billboard Hot 100 et 52e au Hot R&B/Hip-Hop Songs. Why Me? de Cuban Link et Fat Joe sort également en single.

Liste des titres
  1. Free - 5:21 (Mýa)
  2. Why Me? - 3:26 (Cuban Link & Fat Joe)
  3. Icey - 4:14 (Nelly & St. Lunatics)
  4. Take It There - 4:20 (Donell Jones)
  5. Took the Bait - 5:14 (Scarface & Dangerous)
  6. Work - 4:41 (The Roots & Alechia James)
  7. Quick Rush - 3:48 (Total & Missy Elliott)
  8. L.I.Z. - 3:03 (Liz Leite)
  9. You Can Get That - 3:48 (No Question & Bianca)
  10. I Love Being a Gangsta - 5:11 (Major Figgas)
  11. There's Nothing Better - 4:25 (Beanie Sigel & Memphis Bleek)
  12. Sex, Sex, Money, Money - 4:31 (Ram Squad)
  13. Remarkable - 4:47 (Jaheim & Terry Dexter)
  14. Can't Fuck With Me - 3:59 (Trick Daddy, Lost Tribe & JV)
  15. Where Is the Love? - 4:44 (Majusty)
  16. Bed Springs - 4:01 (Jamie Foxx)

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Notes et références

Liens externes

Autodérision

 
 
 

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L'autodérision est le fait de se tourner soi-même en dérision. Elle peut être utilisée comme une forme d'humour, ou pour diminuer des tensions interpersonnelles.

Humour

Le comédien fait une blague sur lui-même ou sur sa propre culture, sans être guidé par un motif d'estime de soi.

L'autodérision n'est pas considérée comme arrogante ; des comédiens l'utilisent ainsi pour améliorer leur image auprès du public et pour faciliter l'identification des spectateurs avec l'artiste.

Cette tradition trouverait son origine dans les récits de Till l'Espiègle.[réf. nécessaire]

Ce procédé est utilisé par de nombreux comédiens, dont : Chris Farley, Conan O'Brien, Phyllis Diller, Adam Carolla, Jon Stewart, Artie Lange, Rodney Dangerfield, Woody Allen, David Letterman, Larry David, Jim Gaffigan, The Chaser, Louis CK et, vers la fin de sa carrière, George Burns. Ils ont construit des sketches comiques entièrement consacrés à leur propre perception de leur faible attractivité physique en raison de leur poids, de leur âge, ou de leur manque de succès auprès du sexe opposé.

L'autodérision est un des moteurs de l'humour anglais comme de l'humour juif. Pour Adam Biro, on la retrouve également dans l'humour afro-américain, et ceci dès l'époque de l'esclavage.

Exemples

« J'ai été longtemps un jeune conformiste, et sans doute formiste était-il de trop. » (François Bayrou)

« Je suis tellement hostile au cumul des mandats que je n’en ai plus aucun. » (Benoît Hamon)

« La fièvre typhoïde est une maladie terrible: ou on en meurt, ou on en reste idiot. J'en sais quelque chose: je l'ai eue. » (Patrice de Mac Mahon)

[Alors qu'il faisait son entrée - à plus de 76 ans - à l'Académie française] « À mon âge l’immortalité est devenue une valeur refuge. » (Valéry Giscard d'Estaing)

« Vous pouvez me traiter de vieil homo chauve, sans talent et qui ne sait pas chanter, mais ne mentez pas à mon sujet. » (Elton John)

[Alors qu'on lui demandait son handicap au golf] « Je suis un borgne noir et juif : le voilà, mon handicap. » (Sammy Davis Jr.)

« J'ai subi tellement d'opérations de chirurgie esthétique qu'à ma mort, on fera don de mon corps à Tupperware. » (Joan Rivers)

« Les blagues sur les blondes ne me dérangent pas parce que je sais que je ne suis pas vraiment bête. Je sais aussi que je ne suis pas vraiment blonde. » (Dolly Parton)

« Passer de Ministre à promeneur de son chien suppose un énorme travail sur soi-même. » (Renaud Donnedieu de Vabres).

Dans la même veine : « Être ancien Ministre, c'est s'asseoir à l'arrière d'une voiture et s'apercevoir qu'elle ne démarre pas. » (François Goulard)

Psychologie

Le terme d'autodérision peut également désigner des déclarations ironiques à propos de soi-même. Ces déclarations sont parfois destinées à susciter de la part des autres des remarques inverses.

Dans le domaine des études éthologiques (étude du comportement animal), les « comportements inefficaces » (ou du moins, signalés comme n'étant pas dominants) ont pour effet de réduire l'agressivité et donc l'effet de compétitivité. Cela peut rejoindre l'idée qui permet de « diminuer des tensions interpersonnelles » avec l'autodérision.

Notes et références

 

Voir aussi

Mine terrestre

 
 
 

Une mine terrestre est une charge explosive conçue et placée de façon à être déclenchée, par l'action involontaire de l'ennemi, au passage de personnes (mine antipersonnel) ou de véhicules (mine antichar ou mine antivéhicule).

 
En exercice, démineur de la compagnie de génie de la 13e demi-brigade de Légion étrangère à Djibouti en 2005
 
Mines antipersonnel conçues par la société italienne Valsella Meccanotecnica. Celle du centre est une Valmara 69, celle à gauche un VS-50.
 
Militaires de l'armée de terre américaine en camouflage M81 Woodland s'entraînant à la pose de mines antichars
 
Au Viêt Nam, on continuera longtemps à trouver des munitions non explosées
 
Désamorçage de mines antipersonnel d'origine russe en Irak en 2003
 
Signalisation de mines en Croatie
 
Mine terrestre antichars et antivéhicules de la 2de guerre mondiale
 
Exemple de mine contemporaine antichars et antivéhicules d'origine italienne, modèle VS-2.2, en Irak, en septembre 2004

Historique

Le concept de base qui est à l'origine de la mine est apparu plusieurs fois sous différentes formes au cours de l'histoire. Certaines sources rapportent que Zhuge Liang du Royaume de Shu inventa une sorte de mine au IIIe siècle. L'armée romaine creusait des chausse-trappes, qui prenaient la forme de trous de la taille d'un pied, munis d'un pieu acéré au fond et camouflés. Au Moyen Âge, les pieds de corbeau, consistant en un petit dispositif doté de quatre pointes acérées pouvaient être dispersés sur le sol pour ralentir l'avancée de l'ennemi. Ce concept connaît son pendant civil avec les nombreux pièges qui furent utilisés pour la chasse ou pour se débarrasser des nuisibles.

Aux alentours du XIVe siècle et du XVe siècle, l'arsenal des armées de la dynastie Ming commença à produire des mines modernes primitives contenant de la poudre noire dans des pots en pierre, en céramique ou en fer.

En 1573, à Augsbourg, l'ingénieur militaire Samuel Zimmermann inventa une mine très efficace nommée Fladdermine. Il s'agissait d'une fougasse qui était activée par une platine à silex reliée à un fil tendu à la surface. La fougasse était remplie d'obus de mortier explosifs ressemblant à de grosses grenades à poudre noire. Lorsqu'elle était déclenchée, la Fladdermine projetait les obus de mortier qui explosaient alentour en saturant la zone de shrapnel. Le dispositif était redoutable contre les attaques de masse mais requérait une maintenance importante en raison du risque pour la poudre noire de prendre l'humidité. Elle fut ainsi essentiellement utilisée pour la défense des fortifications importantes, jusqu'aux années 1870.

En Europe, au début du XVIIIe siècle, des mines improvisées et des pièges étaient mis en œuvre sous la forme de bombes enterrées. Affleurant à la surface et couvertes de bouts de métal et/ou de gravier pour faire office de shrapnel. Ces dispositifs étaient connus sous le nom de fougasse française, ce terme est parfois encore utilisé de nos jours pour désigner des dispositifs équivalents. Cette technique fut employée dans plusieurs guerres européennes du XVIIIe siècle, au cours de la révolution américaine et de la guerre de Sécession.

La première mine antipersonnel, hautement explosive et dotée d'un détonateur mécanique moderne fut employée par les troupes confédérées du brigadier général Gabriel J. Raines au cours de la bataille de Yorktown en Virginie en 1862, de façon similaire à son emploi en 1840 des pièges explosifs durant les guerres contre les Séminoles en Floride. Ces « torpilles terrestres » à déclenchement mécanique et électrique furent employées, bien qu'à la fin de la guerre les détonateurs mécaniques montrèrent une meilleure fiabilité. Nombre de ces dispositifs furent improvisés sur le terrain, notamment en ce qui concerne la charge explosive, mais à la fin de la guerre, presque 2 000 dispositifs répondant à la conception de Raines avaient été déployés.

Durant la guerre de Crimée, les Russes créent des « petites machines infernales destinées à éclater sous les pieds de nos soldats » [français]1.

Des mines améliorées furent créées pour l'Empire allemand vers 1912 puis furent copiées et produites par tous les principaux participants à la Première Guerre mondiale. Au cours de ce conflit, les mines terrestres furent notablement utilisées au début de la bataille de Passchendaele. Bien avant la fin de la guerre, les Britanniques produisaient des mines à gaz de combat à la place des explosifs. De telles mines furent produites par l'URSS jusque dans les années 1980. On sait que les États-Unis ont au moins expérimenté le concept durant les années 1950.

Les Allemands mirent au point une bombe bondissante, la mine-S, qui sera utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale, une conception toujours actuelle. Elle permet de projeter la charge au-dessus du sol pour assurer une dispersion plus efficace du shrapnel. Durant ce conflit, les mines ont été responsables de 5 % des pertes militaires.

Des mines à charge nucléaire ont été développées durant la guerre froide, en version navale et terrestre, comme la mine britannique Blue Peacock (le paon bleu) ou la Medium Atomic Demolition Munition (Munition moyenne atomique de démolition).

Pendant la guerre du Viêt Nam, l'aviation américaine était incapable de repérer les convois de ravitaillement circulant derrière la frontière cambodgienne, en raison du couvert offert par le feuillage de la forêt. Des mines antivéhicules spécifiques furent mises en œuvre. Il s'agissait de bombes à fragmentation dont le détonateur magnétique réagissait à la masse métallique des camions, elles s'abîmaient en forêt dans les zones où les camions transitaient et se déclenchaient au passage des convois. Leur efficacité fut redoutable dans un premier temps mais les convois furent bientôt précédés d'un camion portant un puissant électro-aimant apte à déclencher prématurément ces mines. Le Viêt Nam vit aussi l'apparition de la claymore, qui envoie des shrapnels à une vitesse phénoménale sur un angle de 120°. Les mines et pièges explosifs sont responsables d'un tiers des pertes du United States Marine Corps durant cette guerre2.

Champs de mines notables

Plusieurs pays ont installé des champs de mines pour protéger leur frontière. Par exemple, le long de la frontière entre la république populaire de Chine et le Viêt Nam, au moins 800 000 mines ont été posées par l'Armée populaire de libération dans la province du Yunnan et la région autonome Zhuang du Guangxi à partir de la fin des années 1980. Elles ont formé un total de 161 champs de mines de différentes tailles d'une superficie de 289 km23. Les opérations de déminage lancées à partir de 1992 sont encore en cours en 20184.

Véhicules poseurs de mines/de minage

 
Véhicule de minage M548 Skorpion allemand
 
Véhicule de minage Type 94 amphibie de l'armée japonaise
 
Alvis shielder britannique

Un véhicule de minage/poseur de mines permet de projeter un champ de mines en peu de temps, les versions en véhicules amphibies permettent d'en poser sur les plages pour empêcher ou retarder un débarquement.

Dommages causés par les mines

Une étude5 montre que durant la guerre d'Irak, de à , sur 3 070 morts de la coalition militaire en Irak, 1 257 ont été causés par des engins explosifs improvisés, soit 41 %. C’est-à-dire plus que dans les combats « classiques » (1 027 tués, soit 34 %).

En 2009, ces engins ont tué 1 054 civils afghans et 275 des 520 soldats de la coalition ayant trouvé la mort durant la guerre d'Afghanistan6.

D'après l'Observatoire des mines antipersonnel, en 2015, 6 461 personnes sont mortes victimes des mines ou de restes d'explosifs, alors qu'elles n'étaient que 3 695 à mourir de cette origine en 2014. Ainsi en 2015, 1 310 personnes sont mortes liées à cette cause en Afghanistan, 1 004 personnes en Libye, 988 personnes au Yémen, 864 personnes en Syrie et 589 personnes en Ukraine. 78 % des victimes sont des civils. Une des raisons de cette augmentation est liée au développement de mines artisanales, posées par des organisations de guérillas ou terroristes qui ne sont pas liées par les accords internationaux7.

Caractéristiques

Typologie

Il existe différents types de mines :

  • Antichar : visant à la destruction de véhicules - mine antichar 60 , 88
  • Antipersonnel : cherchant à mettre un ennemi hors de combat, en le tuant ou, de préférence, en le blessant (un blessé mobilisant au moins une personne pour le secourir) - M18A1 Claymore
  • Mine marine : visant à couler ou endommager les bâtiments de surface et les sous-marins ennemis ou pour bloquer l'accès à une zone maritime
  • Mine d'attaque par le dessus : visant à déjouer les systèmes de protection actif des véhicules blindés et toucher leur partie la moins blindé - PTKM-1R, M93 Frelon, POM-3
  • Engin explosif improvisé : remplis le même rôle qu'une mine antichar ou antipersonnel mais est fabriqué de marnière artisanale avec en général une majorité de composants non militaire.
  • Autres
    • Mine bondissante : elles sont désignées comme des mines antipersonnel mais elles se démarquent quand même des mines AP classique par son fonctionnement. Lorsque l'engin détecte une cible elle bondit de 1 à 1,5 m et explose au niveau de la partie supérieur du corps. La mine-S a été utilisé de manière intensive par les Allemands pendant la Seconde guerre mondiale et la majorité des grandes puissances ont développé leurs versions de la mine.
    • Bombe anti-piste et à sous munitions : Plusieurs pays ont développé des bombes dites anti-piste mais qui sont en général des bombes à sous munitions délivré par voie aérienne capable de larguer des mines :
      • Système d'attaque d'aérodrome à basse altitude "LAAS" : Le Royaume-Uni a développé en 1977 la bombe à sous munition JP223 délivré par voie aérienne. Elle largue 30 bombinettes SG-357 mais surtout 215 mines antipersonnel HB-876 sont dispersés sur une large zone lors du bombardement. Sa mission principale est d'endommager et retarder la réparation des aéroports ennemis8,9.
      • BLG 66 Belouga : Développé pas Matra en 1979
      • KMGU : Développé en URSS elle est capable de délivré entre 100 et 150 mines antipersonnel ou antichar

Le minage défensif vise la protection de zones sensibles. Il peut rendre impossible ou hasardeuse l'exploitation agricole des terrains minés et cet usage est interdit par les conventions internationales selon le droit des conflits armés.

Mise en œuvre

Les mines terrestres sont des armes qui ont initialement été placées manuellement sur le terrain. Elles sont généralement camouflées et placées sur des zones tactiquement intéressantes.

Il existe des semeurs de mines aériens. Il s'agit de conteneurs embarqués sur des avions ou des hélicoptères qui permettent de disperser des milliers de mines (en général antipersonnel) sur une large zone en quelques secondes.

Il existe aussi dans la nomenclature internationale, des bombes à sous-munitions (BASM) produisant des effets proches des mines antipersonnel. Il s'agit de containers d'explosifs, souvent largués par voie aérienne, censés avoir un effet immédiat. De fait, une proportion non négligeable des sous-munitions contenues, dispersées sur plusieurs hectares, n'explosent pas au moment de leur impact (de 5 % à 30 % d'un contenu d'un millier de petites bombes par conteneur), et restent déclenchables ultérieurement dans les mêmes conditions que les mines antipersonnel10.

Composition

Elle peut être en fonte d'acier ou coulée dans un autre métal, en plastique (par exemple en bakélite) ou en bois. Certaines mines ne comportent pas d'enveloppe (explosif moulé). L’élimination des parties métalliques rend leur détection beaucoup plus difficile.

Fonctionnement

Dans le cas d'une mine terrestre explosant au passage d'un véhicule, les matériaux non arrimés sont transformés en projectiles létaux, les personnes non accrochées à leur siège par un harnais, la ceinture de sécurité étant insuffisante, sont projetées violemment contre les parois du véhicule. Les pieds ne doivent pas être en contact direct avec le bas de caisse sinon les jambes seront brutalement projetées causant d'importantes fractures. L'effet de souffle peut également endommager les organes internes dont les oreilles. En cas d'ouverture du bas de caisse, la cabine est envahie de projectiles, de vapeurs, voire d'une boule de feu brûlant tout sur son passage11.

Dans les années 1930, les premiers modèles de mine bondissante apparaissent avec entre autres la Mine-S allemande : une fois actionnée, une fusée faisait sortir l'engin du sol afin qu'il explose à hauteur d'homme la rendant donc potentiellement mortelle (un homme pouvant être littéralement coupé en deux).

Cette technologie a été reprise après la Seconde Guerre mondiale par plusieurs entreprises de l'armement.

 
Mine d'exercice A.P. M.B. en 1976.

L'armée française, à partir des années 1960, possédait également un modèle de mine fonctionnant selon le même principe : l'A.P.M.B. (mine AntiPersonnel Métallique Bondissante) modèle 1951 (MI AP MB 51) et dérivés12. Un déclencheur primaire (charge de poudre noire de faible puissance) faisait bondir à environ 1,50 m de haut la mine que l'on enfouissait légèrement sous la surface du sol. Un câble, reliant le corps de la mine à son embase et long également de 1,50 m, se tendait lorsque la mine avait atteint cette hauteur et déclenchait l'explosion principale. Celle-ci était générée au moyen d'une charge d'explosif brisant, du type tolite, d'environ 300 grammes et qui projetait sur 360° des fragments de métal. L'A.P.M.B. n'était donc pas destinée à blesser gravement une seule personne en lui arrachant un pied par exemple, mais prévue pour tuer d'un coup plusieurs combattants par projection d'éclats dans les parties supérieures, donc vitales, de leur corps.

 
Formation d'une charge perforante.

Plusieurs mines antichar depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale permettent de toucher un véhicule à plusieurs dizaines de mètres. Elles utilisant une ogive à effet Misznay-Schardin (ou effet Munroe} pour projeter un puissant fragment autoforgé à charge creuse à une grande vitesse. La mine MIACAH F1 française utilisé des années 1970 a 2001 le projetant a 2 000 m par seconde, perforant 70 mm de blindage sur un diamètre de 10 cm, à une distance maximale de 80 m13, des munitions atteignant 3 000 m/s ont une portée de 100 m. Cela est utilisé par une partie des engins explosifs improvisés des guérillas du XXIe siècle14.

Interdiction des mines antipersonnel

La Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel a débuté en 1992. La Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel signée le à Ottawa par 133 pays est entrée en vigueur le .

En 2010, trente-neuf pays15 n'ont pas encore signé le traité d'Ottawa, dont la Chine, l'Inde, le Pakistan, la Russie et les États-Unis, mais la plupart respectent ses dispositions, affirme l'ICBL.

Seuls trois pays produisent encore à cette date des mines antipersonnel, l'Inde, le Pakistan et la Birmanie. La Chine possède le plus important stock de mines antipersonnel au monde avec 110 millions de mines.

Seule la Birmanie utilise encore des mines antipersonnel. Des groupes rebelles posent toutefois encore des mines dans six pays, l'Afghanistan, la Colombie, l'Inde, le Pakistan, le Yémen et la Birmanie16.

En 2022, pendant la guerre d'Ukraine, la Russie et l'Ukraine s'accusent mutuellement de faire usage de mines antipersonnel. Des sources ukrainiennes et américaines affirment que l'armée russe a utilisé des mines à Marioupol et Kharkiv17,18, et des sources russes et séparatistes affirment que l'armée ukrainienne a largué des mines PFM-1 sur le centre-ville de Donetsk19,20,21.

Parties du monde minées

 
Une mine antipersonnel PMN-2, au Cambodge.

L'Afghanistan a entre 5 et 7 millions de mines pour 20 millions d'habitants, l’Angola 6 millions de mines pour 11 millions d'habitants, la Bosnie-Herzégovine 750 000 et 1 million de mines pour 3,5 millions d'habitants et le Cambodge 4 à 6 millions de mines pour 10 millions d'habitants[Quand ?].

En Asie, le Sri Lanka et les Philippines sont aussi considérés comme étant fortement infestés, soit du fait des forces rebelles seules (Philippines), soit du fait de ces forces rebelles et des actions gouvernementales (Sri Lanka). Le déminage de la frontière entre la République populaire de Chine et le Viêt Nam commencé à la fin des années 1990 est toujours en cours en 201822 avec d'importants moyens4.

En Afrique, les pays les plus minés sont le Soudan, l'Angola et le Mozambique23. Au Sahara occidental, l'armée marocaine a mis en place des batteries d'artillerie et déployé des champs de mine terrestres. Les estimations vont de 200 000 à 10 millions24,25 implantées tout au long du Mur des sables. L’ONU a comptabilisé trente-cinq types de mines antipersonnel et vingt-et-un types de mines antichars. Fabriquées dans douze pays différents, dont l’Italie, l’Espagne, la Russie ou encore Israël26, les mines sont en acier ou en plastique afin d’éviter leur détection.

En Colombie, les mines ont beaucoup été utilisées par les FARC27. Il s'agit en 2018 du deuxième pays le plus miné du monde après l'Afghanistan27.

En Europe, l'ex-Yougoslavie est largement infestée par les mines - nombre estimé à environ 1 million - tandis que les mines situées à la frontière gréco-turque entraînent annuellement[Quand ?] la mort de dizaines d'immigrants clandestins essayant de franchir la frontière.

Les mines antipersonnel constituent une menace des décennies après la fin d'un conflit. Les mines terrestres et les restes d'explosifs de guerre auraient tué ou blessé plus de 82 000 personnes dans 117 pays et régions entre 1999 et 2010, selon l'International Campaign to Ban Landmines (ICBL, Campagne internationale pour l'interdiction des mines). Même dans des zones qui ont été considérées comme sûres après un conflit, les éléments naturels peuvent à nouveau provoquer du danger, près de 20 ans plus tard, comme cela s'est passé en Bosnie-Herzégovine, en , lors des fortes précipitations qui se sont abattues sur ce pays et qui provoquèrent des inondations qui ont déplacé des mines sur des zones d'habitations ou dans des territoires qui avaient déjà été déminés. Depuis la fin de la guerre de Bosnie-Herzégovine en 1995, plus de 120 000 mines restent disséminées sur 2 % du territoire en 201428.

Cambodge

Pendant la guerre du Vietnam le Cambodge pays frontalier servait un temps de base arrière au Vietcong, les Américain décidèrent alors d'une campagne aérienne massive au Cambodge et au Laos. En 4 ans plus de 550 tonnes de bombes ont été largué sur le pays, une partie de ces bombes avait subis des problèmes et n'avait donc pas explosé à l'impact, elle restait donc la en attendant d'exploser. En 1970 le général Lon Nol fait un coup d’État et est soutenu par les États-Unis car anti-communiste, il se lança donc dans une campagne massive de minage de la frontière Cambo-Vietnamienne. La guerre civile qui vit les Khmers rouge au pouvoir fût encore pire, pendant la guerre des mines ont été utilisé et quand le gouvernement de Pol Pot s'oppose à son ancien allié Vietnamien la frontière entre les deux pays devient encore plus minés. Quand les communistes sont chassé du pouvoir en 1979 il se lance dans une campagne de guérilla à la frontière Thaïlandaise. A un rythme effréné, toute la frontière avec la Thaïlande est elle aussi minée. C’est le projet du « mur de bambous ». Les provinces frontalières, composées de jungle dense, sont parsemées de mines. En quelques années, cette zone deviendra l’une des régions les plus dangereuses au monde29.

Les mines antipersonnel posent un problème éthique car elles font beaucoup de victimes civiles parfois plusieurs années après la fin d'un conflit. Au Cambodge, ces armes ont donné lieu à 35 000 amputations après la fin des hostilités. Elles posent aussi un problème économique, leur dissémination s'opposant à la reprise de l'agriculture une fois passée la période de conflit. À la suite de la guerre du Vietnam et de la guerre civile on estime que ce sont 4 à 6 millions d'engins explosifs laissés à l'abandon pour une population d'un peu plus de 15 millions30.

Ukraine

L'Ukraine est devenu un des pays les plus minés au monde à la suite de la guerre du Donbass et la guerre russo-ukrainienne de 2022 empire la situation de jour en jour. Des mines dites intelligentes ont fait leurs apparition dans ce conflit, en particulier des mines d'attaques par le dessus comme la PTKM-1R ou la POM-331. L'Ukraine et la Russie s'accusent mutuellement d'avoir posé des mines antipersonnel bien que celles-ci soit interdites par le traité d’Ottawa (Russie non signataire). Malgré sa signature à la convention l'Ukraine avait avoué en 2016 avoir encore 5 millions de mines en stock mais qu'elle continuait à les utiliser comme leurs belligérants ne respectaient pas l'interdiction32,33.

Entre 2014 et 2018, plus de 1 000 personnes sont mortes dont 43% de civils en 201834.

Campagnes de déminage

À partir de 1992, un groupement d'organisations non gouvernementales a lancé une campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel, les remettant en cause essentiellement pour le nombre de victimes civiles qu'elles causaient et ce bien après la fin des conflits. Cette campagne déboucha en 1997 sur la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.

En 2008, le rapport de l'Observatoire des mines a confirmé l'efficacité de l'interdiction des mines antipersonnel : le nombre de victimes recensées en 2007 était de 5 426, soit près de cinq fois moins que dix années auparavant35,36.

En 2008, le nombre de victimes s'est élevé à environ 5 500 et en 2009, 3 956 victimes ont été recensées, soit 28 % de moins que l’année précédente.

Pour la seule année 2009, quelque 198 km2 de zones minées ont été dépollués, avec la destruction de 255 000 mines antipersonnel et 37 000 mines anti-véhicules.

Les principales opérations de dépollution (80 % environ) se sont déroulées en Afghanistan, au Cambodge, en Croatie, en Irak et au Sri Lanka. 66 États demeurent concernés par la présence de mines sur leur territoire16.

Le Cambodge espère avoir libéré son pays des mines antipersonnel d'ici 202530. Entre 1992 et 2021 le pays s'est débarrassé de 1 118 693 mines antipersonnel, 25 918 mines antichars et 2 977 267 REG. Cette grande campagne a permis de faire passer le nombre de morts par mine de 4 320 en 1996 à 240 en 2006 (30% de près de 800 victimes)37 puis à 44 en 202138. Les mines antipersonnel auront malgré tout fait au Cambodge plus de 60 000 victimes (plus de 20 000 morts et plus de 40 000 handicapés à vie).

La lutte antimine

De nombreuses personnalités telles que Lady Diana Spencer, Adriana Karembeu ou Heather McCartney ont pris fait et cause pour l'élimination des mines antipersonnel, appuyant les efforts de nombreuses organisations telles que HAMAP, Handicap International, l’ONU39, le CICR.

Ces actions visent à l’interdiction des mines antipersonnel, au niveau national ou international, l’identification des pays et populations touchées, la prévention et le déminage, la réparation et les soins aux victimes.

Cas des États-Unis

Les États-Unis refusent de signer la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, car celle-ci n'envisage pas d'« exception coréenne », alors que les champs de mines sont un composant crucial de la stratégie américaine de protection de la Corée du Sud contre la Corée du Nord.

En 1992, les États-Unis ont interdit l'exportation de toutes les mines antipersonnel américaines.

En 1999, ils ont supprimé leur dernier champ de mines permanent qui entourait leur base navale de Guantanamo, à Cuba, et ont ratifié la modification du protocole II de la convention sur certaines armes classiques, première convention mondiale sur les mines terrestres portant sur les mines antipersonnel et antivéhicule et qui interdit aussi les pièges.

En 2004, ils se sont engagés à ne plus jamais employer des mines persistantes après 2010 et à les remplacer au besoin par des mines qui deviennent inutilisables en quelques heures ou en quelques jours après leur pose.

En 2006, ils ont adhéré à la déclaration de la troisième conférence d'examen de la Convention sur certaines armes classiques40.

Le , les États-Unis annoncent qu'ils ne fabriqueraient plus de mines antipersonnel, et qu'ils chercheraient à adhérer au traité international d'Ottawa les interdisant, à l'occasion d'une conférence sur le sujet à Maputo au Mozambique41. À cette date, leur stock est de 3 millions de mines contre 10 millions en 200242. Ces munitions ont une durée de vie de 10 ans et seront donc inopérantes en 2024. Les champs de mines de la zone coréenne démilitarisée sont sous la responsabilité de la Corée du Sud43.

Culture populaire

Certains films ont utilisé le thème des mines terrestres et de leurs ravages comme élément principal de leur scénario :

  • Les oubliés : Des prisonniers de guerre allemands envoyés au Danemark après la Seconde Guerre mondiale pour déminer et éliminer les plus de deux millions de mines que les Allemands ont placées dans le sable le long de la côte.
  • En terrain miné : L'intrigue est basée sur l'incident du barrage de Kajaki, impliquant Mark Wright et une petite unité de soldats britanniques positionnés près du barrage de Kajaki se retrouvent au milieu d'un champ de mines.
  • Piégé : Après avoir survécu à une attaque éclair, le sergent Denis Quillard pose le pied sur une mine russe à double détente. Seul rescapé de sa patrouille, coincé au milieu du désert afghan, il doit faire face à cette situation et affronter ses doutes comme ses peurs.
  • Mine : Un sniper d'élite, Mike Stevens, est traqué par l'ennemi et doit traverser un champ de mines dans le désert saharien. Après avoir assisté à la mort de son équipier qui explose sous ses yeux et entendu un déclencheur sous ses pieds, il comprend qu'il est piégé sur une mine.
  • No Man's Land : Durant la guerre de Bosnie, en 1993, Tchiki et Nino, deux soldats ennemis, l'un bosniaque et l'autre serbe, échouent dans un no man's land ou un des deux soldats s'allonge sur une mine bondissante.
  • Démineurs : Le lieutenant James est à la tête de la meilleure unité de déminage de l'US Army. Leur mission : désamorcer des bombes dans des quartiers civils ou des théâtres de guerre, au péril de leur vie.

Notes et références

  1. (en) « Department of Defense Press Briefing by Rear Adm. Kirby in the Pentagon Briefing Room » [archive], sur Département de la Défense, (consulté le ).

Bibliographie

  • Les Mines et les Pièges : Leur fonctionnement et leur mise en œuvre, Ministère de la Guerre (France), direction du Génie, février 1945 (Visible sur Commons)
  • « 100 armes qui ont fait l'histoire », Guerre et Histoire, no hors série n°1,‎ , p. 60-71 (ISSN 2115-967X).

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Mine marine

 
 
 
 
Mine marine allemande flottant en surface dans les eaux australiennes pendant la Seconde Guerre mondiale.
 
Exemple de dégâts matériels induits par l'explosion d'une mine. Ici, une frégate de la classe Oliver Hazard Perry touchée par une mine durant la guerre Iran-Irak.
 
État d'un torpilleur ayant touché une mine (Première Guerre mondiale).
 
Une mine marine allemande de 1944 conservée au musée de l'Armée.

Une mine marine ou mine sous-marine est une charge explosive placée en surface, entre deux eaux ou au fond de la mer, qui se déclenche automatiquement lorsqu'un navire de surface ou un sous-marin passe à proximité (et a fortiori au contact).

Histoire

 
Mine à contact « Jacobi » d'origine russe utilisée lors de la guerre de Crimée. Ce modèle, d'une très faible efficacité, provoqua plus d'inquiétude que de dégâts. Image tiré de L'Illustration, no 646, juillet 1855.

La mine marine flottante moderne est une invention du physicien russe d'origine prussienne Moritz von Jacobi en 1853, dont le premier usage se fera en Mer Baltique en 1854, pour défendre Kronstadt1, mais le concept pourrait remonter au XIVe siècle, en Chine2.

Les premières mines étaient des tonneaux de poudre devant exploser sous la surface ou en surface pour endommager la coque des navires ennemis.

Samuel Colt fut le premier, en 1842, pour le compte de la Navy, à couler sur le Potomac une vieille canonnière désarmée, le Boxer, avec une mine sous-marine à mise à feu électrique (après une expérience réalisée à titre privé en 1829).

Mais il semble que la mine marine ne fut réellement efficace qu'au début du XXe siècle : une trentaine de navires sont coulés par ce type d'arme lors de la guerre russo-japonaise3.

Constitution

Une mine est constituée d'une enveloppe métallique enfermant une charge explosive, le ou les dispositifs de mise de feu avec ses capteurs et combinateurs d'influence, les dispositifs d'ancrage ou de contrôle d'immersion, un dispositif de programmation de contre-mesures, de neutralisation ou de sabordage.

Charge explosive

Une mine contient une charge explosive, souvent d'une centaine de kilogrammes de TNT. Le TNT est insoluble dans l'eau, et il reste actif des décennies durant, ce qui rend les mines séparées de leur orin particulièrement dangereuses.
Certaines mines de fond peuvent avoir une charge explosive plus importante jusqu'à 1,5 tonne.

Types

 
Mine à orin utilisée pendant la Première Guerre mondiale. Musée de la Marine, Paris.

On peut distinguer les mines :

Selon leur position dans l'eau

  • mine à orin : la mine comprend un bloc lesté, le crapaud, qui, au mouillage, largue la mine proprement dite, de flottabilité positive, au bout d'un câble (orin) à une immersion prédéterminée ;
  • mine de fond : mine à flottabilité négative, qui est donc posée sur le fond. Certaines mines de ce type sont des capsules enfermant une torpille (mine Mark 60 CAPTOR). Les mines de fond sont utilisées par fonds inférieurs à 60 mètres contre les bâtiments de surface, ou à plus grande profondeur contre les sous-marins ;
  • mine dérivante : mine flottante laissée à la dérive ;
  • mine rampante : mine flottante, maintenue sous la surface par un lest, qui se déplace librement dans le courant ;
  • mine ludion : mine dont l'immersion est assurée par un système de contrôle hydrostatique qui la maintient à une profondeur prédéterminée (voir Ludion).

Selon leur dispositif de mise de feu

Bien que la plupart des mines modernes combinent simultanément, alternativement ou successivement plusieurs influences (acoustique, magnétique, pression) (mines combinées), on trouve :

  • mine à contact : mine qui explose au contact. Elle est généralement équipée d'antennes ou de cornes. Les premières mines étaient des mines à contact ;
  • mine à influence :
    • mine magnétique : mine dont la mise à feu est activée par influence magnétique (masse métallique d'un bateau qui peut être corrigée par un circuit d'immunisation).
    • mine acoustique : mine dont la mise à feu est activée par influence acoustique (bruit des hélices et des machines). Ce type de mine comporte donc des hydrophones ;
    • mine à dépression : la mise à feu est sensible à la variation de pression de l'eau causée par le passage d'un navire.

Déminage

Le navire de guerre des mines est utilisé pour le déminage marin. Celui-ci peut mettre en œuvre un robot sous-marin autonome pour la détection et la neutralisation des mines.

Séquelles de guerre

 
Mines échouées sur le littoral de Naissaar en Estonie.
 
L'explosion d'une mine marine.

Après les deux conflits mondiaux, plusieurs chalutiers ont explosé à cause de mines qui avaient été pêchées dans leur chalut tandis que les mines magnétiques ont provoqué la perte du Laplace en 1950.

Les mines qui se sont séparées de leur orin et ont dérivé peuvent être à l'origine d'accidents graves, soit en mer, soit sur le littoral, quand elles viennent à s'échouer sur une plage.

Elles contiennent du TNT très peu soluble dans l'eau, mais toxique dans les sols, dont on ignore le devenir à long terme dans l'écosystème marin.

Emploi

Notes et références

  • Livre Le 19e siècle en Europe de N. Bouguinat et B. Pellistrandi, éd. Armand Colin, 2003.
  • Site internet "civil-war-uniforms.over-blog.com" _ Les mines flottantes
  1. Site internet www.deminex.fr __"Les mines marines".

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

Ruse de guerre

 
 
 
 
Le cheval de Troie, une ruse de guerre célèbre.

Le terme ruse de guerre désigne le fait :

  • soit d'induire l'adversaire en erreur en le trompant délibérément ;
  • soit de l'entraîner à commettre une imprudence, sans qu'il y ait nécessairement tromperie.

La pratique de la ruse de guerre est jugée comme parfaitement licite par la convention de Genève de 1949 à condition :

  • qu'elle n'enfreigne aucune règle du protocole ;
  • qu'elle ne comporte pas de perfidie ;
  • qu'elle ne soit pas mentionnée parmi les « ruses interdites ».

Historique

La ruse se distingue de la triche mais aussi du délit (ou du crime) en cela que la ruse est autorisée par la loi ou les règles de l'usage, du jeu, de l'art, de la société, ou des accords internationaux.

L'histoire de la ruse de guerre nous est parvenue au travers de différents traités et écrits mais aussi approches.

Époque antique

 
Lapithe combattant un centaure.
Parthénon, vers 447-433 av. J.-C.

Ce sont les Grecs qui mirent au jour le concept de la métis. Ce que l'on nomme la mètis des Grecs (en grec ancien Μῆτις / Mễtis, littéralement « le conseil, la ruse ») est au sens strict une stratégie de rapport aux autres et à la nature. Ce concept s'applique évidemment à la guerre.

Ainsi, on peut trouver dans les écrits d'Homère des propos sur Ulysse. Personnage devenu célèbre pour sa mètis (« intelligence rusée »), qui rend son conseil très apprécié dans la guerre de Troie à laquelle il participe (cf. le cheval de Troie). C'est encore par la mètis qu'il se distingue dans le long périple qu'il connaît au retour de Troie, chanté par Homère dans son Odyssée.

Ainsi, la ruse ne transgressant par les lois des dieux, il s'agit de composer avec elle pour en tirer un profit. Les dieux n'y peuvent rien, la loi est la loi, même pour les dieux puisqu'elle est issue d'eux-mêmes. Qu'un homme, intelligent et rusé, compose avec les règles, n'est pas interdit. Il ne s'agit surtout pas là d'un détournement de la loi des dieux car Ulysse réalise son destin d'homme. Ulysse ne triche pas, ne détourne pas la loi, il reste un homme et ne se prend pas pour un dieu. C'est d'ailleurs ainsi qu'il est homme, hauteur de toute chose comme le disent les Grecs, par son esprit de ruse.

 

Chez les Romains, il y eut aussi une fameuse ruse de guerre, pour l'enlèvement des Sabines, épisode mythique de l’histoire de la Rome primitive.

D'après Tite-Live (Histoire romaine, livre I, ch. 9-13) et Plutarque (Vie parallèles, Vie de Romulus, IX ss.), Romulus désirant assurer la force de la Rome primitive pour les générations futures envoya des émissaires dans les villes voisines pour proposer des traités d'alliance reconnaissant le droit de mariage. Ces propositions furent rejetées ce qui blessa l'amour-propre des Romains. Feignant l'indifférence mais désirant laver l'affront, Romulus fit organiser des jeux en l'honneur de Neptune auxquels furent conviées les tribus voisines de Rome, dont les Sabins qui arrivèrent en grande foule. Profitant du fait que l'attention des hommes était accaparée par les jeux, les Romains enlevèrent leurs femmes et filles. Les Sabins retournèrent dans leur pays en dénonçant la violation des lois de l'hospitalité par les Romains. Les Sabines, protestant tout d'abord contre leur enlèvement, finirent par être séduites par les paroles des Romains et par accepter leur nouvelle situation d'épouses.

Mais l'enlèvement et la séduction, par ruse, n'est pas l'apanage des hommes. Ainsi, Hylas, qui participe à l'expédition des Argonautes et fait une halte en Bithynie sur les côtes de Mysie avec ses compagnons, en fera les frais. Étant allé puiser de l'eau à la source d'une fontaine ou d'un puits, il est enlevé par les nymphes du lieu, qui s'étaient éprises de sa beauté, et il disparaît à jamais.

Plusieurs auteurs romains ont écrit des traités sur les ruses de guerre (strategemata), ainsi Frontin en latin et Polyen en grec.

Époque des Vikings

Le Jarl (chef) Hasting, en raid de pillage de la Méditerranée, assiégea la ville étrusque de Luna mais ne put franchir ses hautes murailles fort bien gardées. Il fit croire à sa mort parmi une partie de ses troupes ainsi qu'aux assiégés. Sous prétexte de recevoir les derniers sacrements catholiques et que ses biens reviendraient à l’Église, son cercueil fut acheminé dans le lieu de culte de la ville, emmené par plusieurs membres de son clan ostensiblement non armés. Ayant dissimulé les armes avec lui, dans le cercueil, il put les distribuer ensuite à ses guerriers lors de la cérémonie. La ville fut ravagée, ses murs rasés, beaucoup de personnes furent réduites en esclavage.

Époque médiévale

 
Illustration du Roman de renart - Daté autour de 1290-1300.

Bon nombre d'ouvrages font référence à l'utilisation de la mètis ou de la ruse de guerre. Même si la mètis trouve une application dans l'art de la guerre, elle connaît un succès dans d'autres activités.

La littérature médiévale occidentale nous révèle aussi de nombreux exemples guerriers (comme Les Ruses de Bertrand de Du Guesclin), mais aussi au travers de personnages, parfois de manière imagée, nous enseigne cet art de la guerre qu'est la ruse de guerre :

  • dans Till l'espiègle ou dans Le Roman de Renart, il y a des exemples de lutte et des réussites du héros. Dans Till l'espiègle, personnage de saltimbanque malicieux et farceur de la littérature populaire du nord de l'Allemagne, l'auteur montre que la ruse de guerre peut être utilisée en temps de paix à son propre profit.
  • Le Livre des ruses est un classique (anonyme) de la littérature arabe du XVe siècle. On y voit entre autres un général promettre qu'il ne tuera pas un seul homme si une ville assiégée se rend. Il obtient ainsi la reddition de la ville dont il fait passer aussitôt tous les habitants au fil de l'épée... sauf un seul homme.

Époque contemporaine

La ruse et la ruse de guerre ont donné lieu à des applications et à des réflexions devenues célèbres :

  • l'histoire militaire nous a apporté un exemple éloquent pendant la Seconde Guerre mondiale, l'opération Fortitude (Courage). Cette opération fut le nom de code collectif donné à des opérations de diversion organisées par les Alliés pour cacher à l'armée allemande le lieu réel du débarquement de Normandie ;
  • des auteurs comme Paul Radin l'anthropologue, s'intéressèrent à ce qu'il nommait le Trickster, présent dans toutes les cultures. En fait, le Trickster est celui qui ose utiliser la ruse. Il n'est pas nécessaire d'être en situation guerrière pour être un Trickster. Il suffit juste d'avoir un intérêt à défendre pour que cette disposition se mette à l'œuvre.

Car, en fait, la ruse de guerre est avant tout une disposition de l'esprit, fut-elle celle d'un combattant, ou de quelqu'un qui veut s'en sortir.

 
Œdipe en armes face au Sphinx.

Conclusion

Si la somme des guerres individuelles mobilisant la psyché et la ruse finit par produire ou viser un intérêt supérieur, on parle alors de guerre psychologique. Ce domaine de l'art de la guerre a sa littérature propre, ses techniques, et ses penseurs.

Pour ainsi dire, la « ruse de guerre » est un trait universel, et connaît donc une grande étendue :

  • depuis des comportements individuels d'un destin solitaire à celui de grand destin collectif ;
  • des cours de récréation aux grands jeux sociétaux de l'économie et de la finance de la guerre économique ;
  • des prémices de l'Histoire jusqu'à nos jours.

Ruses de guerre interdites et perfidies

Toute ruse fondée sur l'usage indu de signes de nationalité, comme la fausse bannière, tels que définis par l'article 39 (Signes de nationalité) de la convention de Genève, est une « ruse interdite » et non une « perfidie » au sens du Protocole (50). Mais si cette tromperie fait appel à la bonne foi de l'adversaire, par exemple en utilisant des uniformes de pays neutres, on la nomme « perfidie ». En cas de jugement international à l'issue du conflit, la perfidie sera jugée beaucoup plus sévèrement et peut être punie de mort.[réf. nécessaire]

L'usage de faux uniformes dans un contexte autre que le combat, par exemple en 1945 pour aiguiller un convoi militaire allié sur une fausse piste afin de le retarder, a été jugé simple « ruse de guerre » et non « perfidie », et les intéressés acquittés.[réf. nécessaire]

Lorsque des mines antipersonnel ne sont pas signalées ou lorsqu'elles sont camouflées, elles prennent un caractère perfide au sens juridique (51). Un protocole sur « l'interdiction ou la limitation de l'emploi des mines, pièges et autres dispositifs » a été annexé à la convention de Genève sur certaines armes classiques du 10 octobre 19801 :

  • pièges ayant l'apparence d'objets portatifs inoffensifs qui sont expressément conçus ou construits pour contenir une charge explosive et qui produisent une détonation quand on les déplace ou qu'on s'en approche ;
  • pièges qui sont attachés ou associés d'une façon quelconque à :
    • des emblèmes, signes ou signaux protecteurs internationalement reconnus ;
    • des malades, des blessés ou des morts ;
    • des lieux d'inhumation ou d'incinération ou à des tombes ;
    • des installations, du matériel, des fournitures ou des transports sanitaires ;
    • des jouets d'enfants ou à d'autres objets portatifs ou à des produits spécialement destinés à l'alimentation, à la santé, à l'hygiène, à l'habillement ou à l'éducation des enfants ;
    • des aliments ou à des boissons ;
    • des ustensiles de cuisine ou à des appareils ménagers, sauf dans des établissements militaires, des sites militaires et des dépôts d'approvisionnement militaires ;
    • des objets de caractère indiscutablement religieux ;
    • des monuments historiques, des œuvres d'art ou des lieux de culte qui constituent le patrimoine culturel ou spirituel des peuples ;
    • à des animaux ou à des carcasses d'animaux.

Il est par ailleurs « interdit en toutes circonstances d'employer des pièges qui sont conçus pour causer des blessures inutiles ou des souffrances superflues ». Cela inclut les mines invalidantes puisqu'elles sont justement conçues dans le but de démoraliser l'arrière (le retour d'un cercueil marque les esprits ennemis plusieurs semaines ; celui d'un infirme plusieurs années). Certains pays arguent que, pour cette raison, ces blessures ne seraient pas inutiles ni ces souffrances superflues, mais les moralistes[Qui ?] ne les suivent pas sur ce point[réf. souhaitée].

Ruses de guerre autorisées

  • feindre le repos ou l'inactivité,
  • attaques par surprise, lors d'embuscades, en profitant de la nuit ou de conditions de mauvaise visibilité,
  • opérations terrestres, aériennes ou navales simulées :
    • cacher à l'ennemi le lieu d'un débarquement en faisant croire qu'il sera effectué autre part ; une fois celui-ci lancé, faire croire que ce n'est qu'un débarquement de diversion, afin de retarder l'arrivée des renforts ennemis (opération Fortitude) ; prétendre être en communication avec des troupes de renfort qui n'existent pas,
    • créer de fausses unités militaires, des régiments, voire des corps d'armée entiers pour intoxiquer l'adversaire (opération Quicksilver) ou donner aux membres d'une même unité militaire des signes d'unités différentes, pour faire croire à l'ennemi qu'il se trouve en face d'une force plus importante,
    • procéder à des parachutages factices ou à des opérations de ravitaillement simulées,
  • camoufler des troupes, des armes, des dépôts, des positions de tir dans l'environnement naturel ou artificiel,
  • construire des installations qui ne seront pas utilisées et installer des leurres :
    • faux aérodromes,
    • faux canons,
    • faux blindés,
    • champs de mines factices,
    • employer des moyens faisant passer une grande unité d'attaque pour petite, ou au contraire une petite pour grande (manœuvre de diversion, en particulier avions isolés dispersant des dizaines de milliers de feuilles métalliques pour faire croire à une immense attaque et détourner les moyens de l'ennemi),
  • intoxiquer l'adversaire (guerre psychologique) :
    • utilisation d'espions ou d'agents secrets,
    • transmettre par tout moyen (radio, presse...) des informations inexactes,
    • permettre sciemment à l'adversaire d'intercepter de prétendus documents, plans d'opérations, dépêches, nouvelles, qui sont en fait sans rapport avec la réalité (voir le roman Fortitude ou le récit L'Homme qui n'existait pas),
    • employer les longueurs d'onde de l'ennemi, ses mots de passe, ses codes télégraphiques pour transmettre de fausses instructions,
    • jalonner des itinéraires en sens inverse, déplacer des bornes ou falsifier les indications routières ; employer des signaux à seule fin de tromper l'adversaire.
  • faire des actions de propagande :
    • inciter par tous moyens (tracts, diffusion sonore, radio…) les soldats ennemis à se rebeller, à se mutiner ou à déserter, y compris en emportant des armes et des moyens de transport,
    • inciter la population ennemie à se révolter contre son gouvernement.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

Époque antique

  • Bailly, A., Dictionnaire grec-français, Paris, Hachette, 1950.
  • Marcel Detienne, Jean-Pierre Vernant, Les Ruses de l'intelligence. La mètis des Grecs, Paris, Flammarion, 1974. R
  • Fontaine (de la) J., Le Lièvre et la tortue, livre VI, Fables 10, 1668.
  • Gaffiot F., Dictionnaire illustré latin-français, Paris, Hachette, 1934.
  • Renard J., Journal 1887-1910, Paris, Gallimard - Bibliothèque de la Pléiade, 1960.
  • Le cheval de Troie

Époque médiévale

Époque contemporaine

Articles connexes