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Catégorie : Emulateurs-Simulateurs-Consoles
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Recherche

 
 
 
 

Au sens propre le nom recherche désigne l'action de chercher, mais dans divers domaines il a un sens plus précis ou bien un sens figuré.

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Recherche scientifique

 
 
 
 
Une laborantine du Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (EMPA) à Saint-Gall, en 1964.

La recherche scientifique est, en premier lieu, l’ensemble des actions entreprises en vue de produire et de développer les connaissances scientifiques. Par extension métonymique, on utilise également ce terme dans le cadre social, économique, institutionnel et juridique de ces actions.

Histoire

Allégorie de la Recherche, bronze par Olin Warner (en), 1896, Thomas Jefferson Building.

Premières formes d'organisation de la science

  1. S'il existe depuis la haute Antiquité des formes de réflexion spéculatives sur le monde, ainsi que quelques tentatives de son exploration raisonnée, ces démarches scientifiques ou protoscientifiques relèvent jusqu'au XVIe siècle d'initiatives isolées, et sont le plus souvent le fait d'individus savants et passionnés. La recherche scientifique n'existe pas encore en tant qu'encadrement institutionnel des pratiques scientifiques.

On peut cependant relever l'existence de quelques embryons d'une telle organisation, avec les lycées antiques, les écoles philosophiques, les universités médiévales, les monastères, ou le système du mécénat.

Collège de France

C'est à Paris, au cœur de la vie universitaire européenne, que sont prises les premières tentatives d'encouragement des sciences de l'époque moderne, à travers les tentatives d'émancipation des arts libéraux. Ainsi, Guillaume Budé profite-t-il de sa position auprès du roi François Ier pour suggérer la création du collège royal, futur collège de France. Une institution qui a pour but d'encourager et de protéger financièrement ceux qui se dédient à l'étude de l'éloquence, et plus généralement à l'avancement des arts libéraux.

Programme baconien

C’est au XVIe siècle, en particulier avec Francis Bacon (1561-1626), qu’est précisée l’idée que la science peut et doit s'organiser en vue d'une maîtrise de la nature et du développement des nations. En affirmant ainsi l’intérêt économique et politique du progrès scientifique, et la nécessité pour les gouvernants de ne pas mésestimer la valeur de leurs savants, Bacon pose les bases d'une recherche scientifique institutionnalisée, encadrée par une politique scientifique participant à l’organisation des travaux des savants pour mieux servir le progrès économique et militaire de la nation. Dans son utopie de la Nouvelle Atlantide, Bacon imagine en particulier une « Maison de Salomon », institution préfigurant nos modernes établissements scientifiques, où sont rassemblés tous les moyens d'une exploration scientifique du monde1. Cette Maison de Salomon inspirera la création de la Royal Society, en 16602.

Mais si Bacon peut symboliser un moment important de l'institutionnalisation de la recherche, il n'en est pas pour autant l'unique fondateur. Ses textes traduisent une idée qui se cristallise à son époque, et qui commence à se manifester au travers de l'Europe.

Ère des Académies

C'est au cours des XVIIe et XVIIIe siècles que se développent les Académies, qui sont la première véritable manifestation de l'institutionnalisation de la recherche, jusque-là organisée au gré des mécènes.

Professionnalisation de la recherche

Il faut cependant attendre le XIXe siècle pour que la recherche se professionnalise réellement, avec l'apparition des premiers chercheurs.

États modernes et recherche scientifique

La Seconde Guerre mondiale a été le déclencheur de la conception de nombre des systèmes d'intégration de la recherche dans la stratégie de développement économique et de défense des États modernes. Vannevar Bush, aux États-Unis, est considéré comme un pionnier de cette organisation, qui a fait pression sur le monde politique pour la création de différentes instances, dont la National Science Foundation.

Aperçu

Recherche plurielle

La recherche scientifique recouvre des réalités très hétérogènes.

Le manuel de Frascati, pour satisfaire des besoins statistiques, définit plusieurs types de recherche :

Il faut également bien sûr prendre soin de distinguer les différents secteurs disciplinaires : la recherche en philosophie est évidemment très différente de celle en biologie moléculaire ou en archéologie.

On peut également distinguer, à la suite des travaux de Terry Shinn, différents régimes de recherche : régime utilitaire, académique et technico-instrumental.

Systèmes de normes et de règles

Selon les différentes formes de recherche rencontrées, différentes sortes de normes et de règles encadrent les pratiques scientifiques.

Ces normes et ces règles ne sont pas toujours d'ordre juridique. La sociologie des sciences rapporte ainsi l'existence de normes propres au champ scientifique.

Les différentes formes de recherche se distinguent également par les différentes normes « techniques » qui y guident l'activité intellectuelle. C'est l'objet des épistémologies régionales d'analyser et comprendre ces impératifs épistémiques locaux. De même, la « méthode scientifique » n'est pas la même selon les différents régimes de recherche.

Différentes dimensions de la recherche

Les différentes formes de recherche se distinguent par le système normatif qui les encadre, mais aussi de manière plus concrète par les lieux, les métiers, les modes de financement et d'évaluation, etc.

Lieux

La recherche scientifique est généralement inscrite dans des lieux particuliers, qui offrent aux chercheurs les moyens d'exercer leur activité. Ces lieux peuvent être des laboratoires, mais ce n'est pas systématiquement le cas.

Laboratoire

Photo d'un laboratoire.
Étudiants dans un laboratoire de recherche.

Les laboratoires, qui peuvent aussi bien être publics que privés, sont les lieux privilégiés où se déroule l'activité de recherche. S'y trouvent rassemblés des chercheurs, des techniciens et des administratifs qui, dans l'idéal, collaborent autour d'un ou de plusieurs projets ou sujets de recherche. Ces chercheurs y partagent les ressources et les moyens rassemblés dans le laboratoire.

Il existe des laboratoires tant pour les sciences exactes que pour les sciences humaines et sociales.

La taille, le type et la structure des laboratoires peuvent considérablement varier en fonction des moyens et des besoins. Certains peuvent rassembler une poignée d'individus autour d'un unique instrument situé dans une modeste pièce ou un campement provisoire, d'autres peuvent associer des milliers de collaborateurs, physiquement éparpillés sur toute la planète en différents lieux (qui eux-mêmes peuvent constituer une « annexe », un « laboratoire » ou une « antenne » du laboratoire principal).

Il est courant de constater une séparation entre les lieux d'expérimentation et d'analyse, ne serait-ce que par la nature du sujet étudié.

Hors du laboratoire

Pour de nombreuses disciplines, en particulier celles des sciences humaines et sociales, l'activité de recherche peut se dérouler hors des murs du laboratoire. C'est évident pour le philosophe, mais ce peut être également le cas du mathématicien, du sociologue, de l'historien.

Outre ces situations particulières où l'activité de recherche peut accompagner le chercheur où qu'il soit, certaines disciplines se distinguent par leurs propres lieux de recherche : les centres d'archives pour l'historien, le chantier de fouille pour l'archéologue, le « terrain » pour le sociologue ou l'anthropologue, l'observatoire pour l'astronome...

Produits

La recherche vise évidemment à produire des connaissances scientifiques. Mais ces connaissances peuvent prendre des formes diverses : il peut s'agir de publications, de rapports, de brevets, de communications orales, etc. Enfin, ces connaissances peuvent être incorporées dans de nouvelles machines, de nouveaux instruments ou dispositifs. Ce sont tous ces produits qui, en étant diffusés au sein de la communauté scientifique, permettent au chercheur d'être reconnu par ses pairs, et de recevoir en retour les moyens nécessaires à la poursuite de son travail.

Publications

Les chercheurs scientifiques publient leurs travaux dans diverses catégories de publications:

Le terme de « publication scientifique » ne recouvre normalement que les trois premiers cas, c’est-à-dire des publications techniques évaluées par un comité scientifique, dirigées vers un public de spécialistes uniquement (chercheurs du domaine et de domaines proches, et plus rarement ingénieurs en butte à un problème d'ordre fondamental). Les scientifiques peuvent en revanche être sollicités par des médias visant le grand public à des fins de vulgarisation scientifique, par exemple dans des magazines de vulgarisation scientifique (Pour la Science, Science et Vie, etc.), mais aussi dans le cadre d'émissions audiovisuelles ou dans des livres de science.

La communication en vue des publications scientifiques peut se faire par les biais d'appels à papier, pour la rédaction d'ouvrage, de journaux ou bien de conférences.

Brevets

Les brevets ont commencé à se multiplier dans le monde de la recherche au cours des années 1980. Naturellement, ils restent un produit plus caractéristique de la recherche privée que de la recherche publique. Le monde académique développe cependant cette forme de publication de ses travaux.

Machines et instruments

La recherche technico-instrumentale est un type de recherche particulier3.

Métiers

La recherche scientifique regroupe différents corps de métier : chercheurs bien sûr, mais également ingénieurs, techniciens, administratifs…

Chercheur

Contrôle de l’eau.

Un chercheur n'a pas nécessairement de statut qui reconnaisse la spécificité de son métier. Est chercheur celui dont la fonction professionnelle consiste à contribuer de manière originale à la production de connaissances scientifiques. Il peut ne pas avoir le titre de chercheur, mais être considéré comme tel par la communauté scientifique4. Il peut aussi bien être membre bénévole d'une association ou d'une ONG, ingénieur dans une entreprise de haute technologie que membre d'un laboratoire de recherche. Une part essentielle de la recherche scientifique moderne, et pratiquement la totalité de la recherche fondamentale, est cependant faite soit au sein de laboratoires de recherche, soit en collaboration étroite avec ceux-ci5.

La recherche n'est pas nécessairement la seule activité du chercheur. D'autres missions peuvent lui être confiées. Des missions d'expertise dans le cadre d'une entreprise. Des missions d'enseignement dans le cadre d'une université. Le couplage enseignement recherche est de loin le plus courant, les universités occupant généralement une place centrale dans les systèmes nationaux de recherche6.

Ingénieurs et techniciens

Les ingénieurs et techniciens impliqués dans la recherche scientifique font partie de ce qu'il est commun d’appeler « personnel de support de la recherche ». Ils sont généralement chargés de la mise en application des expérimentations et de la conception des outils qui permettent de conduire ces expérimentations.

Il n'est pas rare que des ingénieurs aient une véritable activité de recherche, publient des articles et développent des travaux originaux. L'un des ingénieurs dont les recherches sont les plus connues est Claude Shannon et sa théorie mathématique de la communication.

La distinction entre personnel de support et chercheur renvoie presque toujours à une différence statutaire. En France par exemple, au sein des laboratoires universitaires les ingénieurs et techniciens appartiennent à un corps - les IATOS - différent de celui des chercheurs et enseignants chercheurs. En Amérique du Nord, les établissements de recherche font une différence entre les corps des assistants et associés de recherche et celui des chercheurs.

Financement

La plus grande partie de la recherche est aujourd'hui financée sur fonds privés. l'État joue cependant un rôle toujours important et central dans le financement de la recherche, que cela soit en France ou dans les autres pays développés.

Ces financements peuvent être attribués directement à des chercheurs, mais également à des équipes de recherche, des laboratoires, des institutions, des groupements d'institutions, des collectivités territoriales, etc.

Financements publics

Le financement public est l'opération qui consiste à obtenir des ressources monétaires nécessaires à la réalisation d'un projet public venant de l'État.

À un moment où la relance de l’innovation dans les entreprises est prioritaire, les PME françaises n’exploitent pas suffisamment l’opportunité que sont les aides européennes à l’innovation. Ainsi elles représentent plus de 10 milliards d’euros pour la France sur la période 2007-2013. Elles englobent de nombreux dispositifs destinés à soutenir des projets de maturité différente, qui vont de la recherche fondamentale à la mise sur le marché. Ces aides concernent, en règle générale, des projets collaboratifs regroupant PME, laboratoires et grandes entreprises (PCRDT, PIC), et parfois des projets individuels (FEDER)7.

Les financements peuvent représenter jusqu’à 75 % des projets. L’effet de levier de ces aides est d’autant plus important qu’elles ont aussi des effets positifs indirects sur le développement des entreprises. Elles leur permettent de poser les bases d’une stratégie d’internationalisation grâce au réseau développé avec de potentiels clients, fournisseurs, ou partenaires industriels. La Commission européenne souhaite mettre en place un cadre stratégique commun pour le financement de la recherche et de l’innovation en Europe8.

Financements privés

Lorsque l'activité de recherche est jugée « Hors de l’intérêt national » ou s'effectuant en dehors des structures sous l'égide de l'état (CNRS, IFREMER, universités, etc.) celle-ci s'appuie intrinsèquement sur fonds privés.

Par fonds privés s'entendent tous moyens techniques et financiers ne découlant pas d'une aide de l'état. Ce peut ainsi être des Dons effectués par des particuliers, des Bourses attribuées en partenariat avec une entreprise, un Emprunt contracté auprès d'un organisme...

Dans la majorité des cas, il s'agit des biens personnels des chercheurs ou donations de leur entourage.

Différentes formes de financement

Financements récurrents

Ces financements sont composés des salaires du personnel, lorsqu'ils sont en CDI ou ont le statut de fonctionnaire. Ces financements récurrents sont également constitués des dotations des laboratoires ainsi que des moyens d'équipements (instruments scientifiques, ordinateurs, bureaux, locaux).

Financements par projets

Pour parvenir à des objectifs de politique scientifique, les organismes de financement de la recherche peuvent aussi lancer des appels d'offres sur des thèmes prédéfinis. Les groupes de chercheurs intéressés par la proposition vont ensuite postuler pour que le projet leur soit attribué. Dans ce type de procédure, l'autonomie de la science peut cependant être mise à mal par la formulation de projets où la réponse souhaitée par le financeur apparaît implicitement.

Alternativement, l'initiative peut venir d'une organisation extérieure à la recherche : par exemple, une entreprise rencontrant un problème spécifique, mais aussi une association ou tout acteur de la société civile. Ceux-ci peuvent susciter des appels d'offres financés, ou tenter de contacter les chercheurs et de les intéresser au problème de façon qu'ils relaient l'initiative.

Financements par contrat

On désigne par le terme de financements par contrat tout accord contractuel entre un laboratoire scientifique et une organisation publique ou privée, conduisant à la rémunération d'une activité de recherche. En France, la plupart des laboratoires universitaires ont désormais recours à ce type de financement pour accroître leur capacité de recherche. Il n'est pas rare que dans les bilans de laboratoires les plus actifs, les deux tiers de leur budget de fonctionnement soient obtenus par ce biais.

Les organisations publiques les plus connues pour leur activité de financement par contrat sont les agences officielles d'état. Des projets scientifiques sont présentés par des consortiums composés de plusieurs laboratoires et entreprises qui travaillent en commun sur leur réalisation. Avant d'accorder un financement, des experts indépendants examinent et valident le dossier puis contrôlent, pendant la durée du projet, son état d'avancement et sa conformité. En France, l'Agence nationale de la recherche a pour finalité de financer des projets de recherche. Elle fonctionne selon un mode opératoire très proche de celui de la Commission Européenne, qui elle aussi, finance de nombreux contrats de recherche par le biais de programmes spécifiques (programme-cadre pour la recherche et le développement technologique, dit aussi FP, ou encore e.content).

Dans la plupart des pays, les administrations militaires proposent également des contrats de recherche : c'est le cas aux États-Unis avec la DARPA, ou encore en France avec la DGA. Ces contrats prennent souvent la forme d'un financement de thèse de doctorat d'une durée de trois ans plus rarement celle d'une dotation pour un laboratoire ayant une spécialité intéressant l'armée.

Les financements par contrat privés sont le fait d'entreprises souhaitant introduire dans leurs catalogues de produits des innovations technologiques. Le laboratoire du physicien prix Nobel Albert Fert, par exemple, est financé en partie par la société Thales. Des équipes de recherche peuvent également être composées en partie par des doctorants en thèse CIFRE. Le thésard est un salarié de l'entreprise, il passe une partie de son temps au sein du laboratoire public. En contrepartie, l'entreprise employeur perçoit une aide financière de la part de l'ANRT. Une convention doit être conclue entre l'entreprise et le laboratoire afin notamment de préciser le régime de propriété et d'exploitation des fruits de la recherche.

Le financement par contrat, en constante augmentation, accroît considérablement le nombre de salariés contractuels dans les laboratoires. De nombreux ingénieurs, techniciens et administratifs sont ainsi recrutés chaque année pour des périodes variant de quelques semaines à 2 ou 3 ans. Cette précarisation du métier de la recherche est parfois contestée dans le milieu universitaire français, bien qu'elle corresponde a une tendance dans toute l'Europe et qu'elle soit la règle en Amérique du Nord.

Les partisans de ce mode de fonctionnement objectent que la contractualisation, donne une autonomie de moyen aux laboratoires, mais aussi aux chercheurs. Par ce biais, ces derniers sont en effet en mesure de trouver eux-mêmes des sources de financements, et ainsi d'être moins dépendants de l'administration pour mener leurs recherches, ou recruter des collaborateurs (doctorants ou techniciens).

Autres financements

Les laboratoires peuvent déposer des brevets sur des procédés mis au point dans le cadre de leur recherche. Dans ce cas, la cession de licences peut permettre de percevoir des dividendes qui contribueront aux budget du laboratoire ou de l'université détentrice de ce brevet. La plupart des universités française se dotent désormais de services de valorisation de la recherche, composés de juristes et de négociateurs, pour développer ce mode de financement. Dans le reste du monde, ce mode de financement est en vigueur depuis de nombreuses années.

Évaluation

Les formes d'évaluation de la recherche diffèrent très sensiblement selon les secteurs. Elles peuvent porter sur plusieurs niveaux : les chercheurs eux-mêmes, leurs laboratoires et les institutions accueillant ces laboratoires. De surcroît, les systèmes nationaux de recherche sont eux-mêmes évalués et comparés (benchmarking), en sorte d'améliorer et d'adapter les politiques de recherche.

Évaluation des chercheurs

Les chercheurs sont doublement évalués :

Naturellement, ces deux formes d'évaluation sont liées, la première reposant en grande partie sur la seconde, qui est la pierre angulaire du fonctionnement de la science.

Évaluation par les pairs

Évaluation institutionnelle

Dans les sociétés modernes, où l'effort de recherche est financé par l'État ou des entreprises privées, un fort besoin d'évaluer l'efficacité des efforts de recherche est apparu. Dans le cas de la recherche fondamentale cependant, il est difficile, à court terme au moins, de déterminer la portée des résultats obtenus. L'évaluation se base donc sur des indicateurs concernant la communication de résultats par les chercheurs, la continuité des recherches fondées sur ces résultats, la reconnaissance des avancées réalisées par le reste de la communauté scientifique, et, dans les cas où cela est pertinent, la valorisation commerciale ou sociale des résultats.

Cette évaluation peut être effectuée sur une base individuelle ou collective. Selon les critères employés et les choix qui découlent de l'évaluation, des effets pervers peuvent apparaître, les chercheurs infléchissant leurs choix pour améliorer leur évaluation plutôt que la qualité scientifique réelle de leur production.

Évaluation des projets

L'évaluation se fait en amont et en aval.

Dans le contexte académique, l'initiative d'un projet peut être le fait d'un chercheur, ou d'un groupe de chercheurs, ayant une expérience suffisante pour discerner une direction intéressante de recherche, fondée sur les travaux précédents de la communauté scientifique. Une fois la problématique posée, les chercheurs peuvent définir une démarche qui soit susceptible de lui apporter des éléments de réponse, ce qui définit un projet.

Les besoins en moyens humains et matériels peuvent alors être évalués. Parfois, ceux-ci peuvent être déjà entièrement couverts par des moyens à la disposition des chercheurs, si ces derniers disposent d'un statut leur assurant une période d'emploi et une autonomie de décision suffisante. La plupart du temps cependant, il est nécessaire ou souhaitable de disposer de moyens supplémentaires, par exemple pour des frais de déplacement (réunions entre chercheurs travaillant dans des lieux différents, congrès), d'embauche de personnel contractuel (chercheur post-doctoral) ou de moyens expérimentaux, d'enquête, etc. Une demande de financement doit donc être déposée auprès d'un organisme de financement de la recherche. Le succès de cette demande dépendra des choix de politique scientifique de l'organisme.

Évaluation des laboratoires

Évaluation des institutions

Évaluation des systèmes nationaux de recherche

Organisation

Plusieurs niveaux d'organisation de la recherche peuvent être distingués : le niveau des institutions, des nations et des entités supranationales, mais aussi celle des entités infranationales (commune, région, département, plus généralement organisation locales).

Institutions de recherche

Les laboratoires de recherche sont généralement groupés au sein d'institutions plus larges : entreprises, groupements professionnels, hôpitaux, universités, centres de recherche. C'est d'abord au niveau de ces institutions qu'est organisée la recherche scientifique. En plus de référents extérieurs (comités, normes…), ce sont ces institutions qui définissent les dispositifs d'évaluation, obtiennent des budgets, organisent la répartition des moyens, structurent les équipes, etc.

Ces institutions ont généralement l'autonomie nécessaire pour définir l'organisation et les objectifs de leurs recherches. Cela peut dépendre de leur propre situation (une entreprise rachetée par un grand groupe peut perdre cette autonomie, qui passe alors au niveau du groupe) ou du cadre national. En France, les grandes lignes de l'organisation de la recherche publique sont définies évidemment au niveau national, tandis que les objectifs sont définis à plusieurs niveaux : équipe, laboratoire, établissement, agences gouvernementales, Commission européenne, partenaires contractuels.

Pour sa part officielle, la recherche est menée dans des universités ou d'autres établissements d'enseignement supérieur, dans des organismes de recherche privés ou publics (EPST et EPIC en France), et dans les divisions de recherche des entreprises. Elle dispose de moyens importants mais peu de marge de manœuvre car liée sous contrat de résultat.

Pour sa part officieuse, la recherche est menée dans des lycées techniques, des associations à but scientifique, des apprentis… Tout lieu utile déniché par les membres de l'équipe de recherche. Elle dispose de faibles moyens et donc de temps limité, mais d'une complète autonomie de décision.

Certaines activités font l'objet de concours et de rassemblements à but récréatif et sportif. Les entreprises et organismes y ont parfois recours pour trouver de nouveaux talents ou de nouvelles idées.

La recherche officielle est la « Voie d'or » pour un chercheur, lui donnant accès à une reconnaissance de son travail, la possibilité de publier ses résultats, de signer des contrats, d'obtenir financement et titres de brevet…

À l'inverse, la recherche officieuse est généralement dénigrée ou reléguée aux activités sportives et récréatives du fait même des théories abordées (nouvelles ou controversées, souvent dépassées comme les recherches en alchimie ou en astrologie), d'une méthodologie empirique ou d'une approche inhabituelle, voire de la présence d'une personnalité à la mauvaise réputation. Sa seule voie de réussite est la Nécessité publique ou la création d'une entreprise. Se posent en effet les problèmes de reconnaissance du résultat et du coût des brevets potentiels.

Organisation régionale

Les régions jouent un rôle de plus en plus important dans l'organisation de la recherche, avec le développement de structures rassemblant divers acteurs institutionnels (université, entreprise, organismes…). Ces structures peuvent être des parcs scientifiques, des technopôles ou des pépinières d'entreprises. Les différentes subdivisions administratives du territoire national (régions, länder, État, etc.) sont souvent fortement impliquées dans ces structures, qui intéressent directement le tissu économique local.

Mais indépendamment même de ces strates administratives, la recherche peut spontanément s'organiser au niveau local, pour donner parfois des résultats particulièrement impressionnants. C'est par exemple le cas de la célèbre Silicon Valley, qui a vu se former une division du travail particulièrement efficace entre un tissu serré de petites entreprises de haute technologie, quelques très grandes entreprises et des centres de recherche (en particulier l'université de Stanford), parfois en relation avec le complexe militaro-industriel américain.

Organisation nationale

Au niveau national, les États définissent des politiques de recherche qui déterminent non seulement le financement public de la recherche, mais aussi une grande partie du contexte institutionnel et juridique de la recherche. Se posent en particulier des questions sur le pilotage de la recherche et sur les grandes orientations stratégiques.

Organisation internationale

Enfin, la recherche peut s'organiser au niveau international. Il s'agit en particulier de la recherche communautaire, qui est aujourd'hui la forme la plus intégrée de différents systèmes nationaux de recherche.

Mais d'autres formes de collaborations internationales en matière de recherche se développent également, généralement sur des questions précises ou sur des projets particuliers. C'est par exemple le cas de nombreux programmes d'exploration spatiales, dont les coûts imposent d'organiser les phases de recherche au niveau international.

Recherche et société

Valorisation de la recherche

Les retombées issues des progrès scientifiques sont de plusieurs ordres, bénéficiant à différents acteurs :

Ces retombées rendent la recherche scientifique désirable, dans la mesure où elle n'enfreint pas les principes d'éthique et de précaution. Le jeu des intérêts des bénéficiaires potentiels conduit donc les décideurs politiques et économiques à organiser et à financer la recherche. Cependant, ces décideurs ne peuvent maîtriser le processus qui mène à la découverte scientifique, celle-ci n'étant pas toujours concevable au moment où les recherches sont entreprises : le pilotage de la recherche n'est donc possible que de façon limitée.

Le rôle d'expertise dévolu aux chercheurs suppose aussi que ceux-ci sont indépendants d'intérêts commerciaux et de dogmatismes, qui pourraient biaiser leur réponse. L'organisation et le financement de la recherche doivent donc permettre l'autonomie de la science.

Afin de tenter de concilier ces différentes contraintes sur le fonctionnement de la recherche scientifique, un système complexe s'est peu à peu mis en place depuis 1945, avec un équilibre sans cesse modifié entre pilotage extérieur et autonomie des chercheurs, entre évaluation administrative et par les pairs, et où interviennent des capitaux publics et privés, le tout dans un cadre fixé par la législation.

Enfin, une nouvelle approche dans l'intégration de la recherche dans la société civile émerge actuellement, où des associations peuvent lancer des appels d'offres de recherche qui sont ensuite subventionnés.

Rôle d'expertise

Les sociétés modernes sont en butte à l'introduction de technologies toujours plus avancées, dont la réglementation nécessite une évaluation des risques et des bénéfices. Ainsi, l'énergie nucléaire a l'avantage d'être de production peu coûteuse, mais le devenir des déchets radioactifs fortement toxiques est problématique. Afin de prendre une décision, il est nécessaire d'avoir une expertise des différentes options pour la gestion de ces déchets, qui évalue, en se basant sur les connaissances disponibles, les probabilités des risques associés. Une décision politique, fondée sur une appréciation de l'acceptabilité de ces risques, peut ensuite être prise.

Pour cela, il est crucial que les chercheurs ne soient pas influencés dans leur travail par des intérêts politiques ou commerciaux (voir ci-dessous le paragraphe concernant la : « Question de l'autonomie et du pilotage de la recherche »), ou par une pression médiatique.

Une autre cause de biais parfois dénoncée est l'intérêt personnel du chercheur, qui peut souhaiter qu'un équipement comme ITER soit bâti parce que sa recherche en bénéficiera, et ainsi tendre à accepter plus facilement les risques associés. Plus généralement, les chercheurs sont susceptibles de survaloriser le progrès scientifique pour lui-même. Cependant, l'appréciation elle-même des risques n'est pas du ressort de l'expert, et il appartient donc au politique et non au chercheur de décider de leur acceptabilité.

Les scientifiques de différents domaines (médecine, science forensique, etc.) peuvent également être experts pour une décision de justice, là encore, leur indépendance est nécessaire, et leur rapport ne doit pas être confondu avec la décision de justice elle-même.

Questions éthiques

Un scientifique peut être amené, dans le cadre de ses activités professionnelles, à trancher des questions ayant un contenu moral ou éthique. Cela peut concerner :

En 1955, le manifeste Russell-Einstein donna naissance au mouvement Pugwash, dont les conférences ont voulu être la conscience morale des scientifiques.

Les activités biomédicales sont particulièrement concernées par les problèmes éthiques ; citons ainsi, notamment, la controverse autour des techniques de clonage et de leur hypothétique application à la personne humaine. En 1994, l'unité de bioéthique de l'UNESCO recensait plus de deux cents comités d'éthique nationaux.

Aujourd'hui les grands thèmes de réflexion éthique sont :

La bioéthique est un débat actuel et regroupe les oppositions existantes par exemple sur la possibilité d'utiliser des embryons pour des expériences scientifiques.

Pour Jacques Testart les interactions entre science et société incitent à soumettre la recherche scientifique, dès l’amont, à un contrôle démocratique afin de prendre en considération les critères éthiques et sociétaux9.

Question de l'autonomie et du pilotage de la recherche

L'État doit en théorie assurer l'indépendance de la recherche publique en garantissant que les chercheurs ne seront pas influencés dans leur travaux par des circonstances extérieures. Il est par exemple évident qu'un chercheur ne doit pas être influencé par des intérêts commerciaux. Il ne doit pas non plus être influencé par des dogmes, qu'ils soient idéologiques ou religieux. Enfin, il ne doit pas être influencé par un changement de gouvernement ou un état étranger.

Outre la relative liberté d'expression, cette autonomie nécessite la stabilité de l'emploi du chercheur et des mécanismes sains d'évaluation et de financement de la recherche.

Cependant, la société au sein de laquelle la recherche publique est menée est en butte à des problèmes qu'elle souhaite voir abordés de façon prioritaire par les chercheurs — leur autonomie a donc certaines limites. Les décideurs introduisent pour cela des modes de pilotage de la recherche, sélectionnant et recrutant du personnel diplômé pour travailler sur ces axes. Un compromis est donc indispensable entre liberté et pilotage de la recherche.

Recherche fautive ? Erreurs, fraudes et controverses

Le crâne de l'homme de Piltdown, produit d'une fraude scientifique à la longévité exceptionnelle.

Ces trois catégories sont parfois mêlées de manières indistinctes. Il s'agit pourtant de phénomènes totalement différents, et qui ne relèvent pas toujours du pathologique.

Erreur

La recherche scientifique ne consiste pas en l'application d'une méthode d'une parfaite infaillibilité. Elle se nourrit des erreurs prospectives et des errements consubstantiels au métier de chercheur, dont la démarche peut être fondamentalement incertaine. Bien que les grandes découvertes soient souvent le fruit d'un programme préétabli, elles apparaissent occasionnellement de manière inattendue. Cette particularité de la recherche scientifique porte un nom : c'est la sérendipité.

L'histoire montre que les plus grands savants ne sont pas à l'abri d'erreurs. Galilée a par exemple soutenu une théorie sur les marées en contradiction avec des observations connues de lui, qu'il attribuait à des causes secondaires indéterminées (lire l'article en anglais). Il ne faut cependant pas adopter une lecture contemporaine de ces erreurs, et il importe de bien garder à l'esprit que ces erreurs, dans le contexte scientifique d'une époque particulière, n'avaient souvent rien d'évident.

Enfin, la recherche scientifique est collective. Si l'erreur peut être un problème pour le chercheur comme individu, elle est essentielle à la marche en avant du processus collectif de production des connaissances scientifiques.

Fraude

La fraude est très différente de l'erreur. Mais là encore, il faut se garder d'une vision unilatérale et anachronique de la fraude. Les normes encadrant l'administration de la preuve ne sont pas aujourd'hui ce qu'elles étaient hier. On pouvait tolérer hier de retoucher quelques données, ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Des analyses statistiques ont montré que Gregor Mendel, le père de la génétique moderne, a probablement arrangé des résultats, sans doute en omettant des données jugées trop éloignées du résultat attendu, et également en se focalisant sur un cas particulier bien choisi (lire l'article en anglais).

La fraude scientifique peut prendre de multiples formes :

D’autres comportements, sans prendre le caractère d’une fraude, s’en rapprochent : ainsi, la présentation d’un résultat scientifique pour ce qu’il n’est pas, la présentation du même résultat dans plusieurs publications, etc.

Son but est le plus souvent de permettre la construction d’une notoriété scientifique, mais d’autres raisons peuvent apparaître (justification de financements, etc.).

La principale cause de la fraude scientifique est le fait que la carrière des chercheurs dépend de leurs résultats : recrutements, promotions, etc., se font le plus souvent au vu de la production scientifique, c’est-à-dire essentiellement des publications scientifiques. Il peut donc être tentant d’augmenter artificiellement ce nombre. Les équipes et laboratoires sont en concurrence, et chacun essaye d'apparaître comme le meilleur.

Les publications scientifiques sont évaluées par d’autres scientifiques, lesquels ne peuvent le plus souvent pas reproduire les expériences des candidats à la publication. L'évaluateur peut ainsi se trouver dans la position inconfortable de

Il est rare qu’une fraude soit détectée au moment de l’évaluation. Par ailleurs, dans la plupart des cas, les erreurs dans les publications scientifiques sont commises de bonne foi, parfois par manque de rigueur (voir ci-dessus), parfois simplement parce que la vérité est hors de la portée de l'étude.

La justice intervient rarement dans des affaires de fraude scientifique ; cela arrive cependant parfois, notamment dans des affaires médiatisées où l’un des participants accuse l’autre de diffamation. Cependant, les organismes de recherche ou les universités peuvent être pourvus d’instances disciplinaires pouvant sanctionner professionnellement un manquement grave à la probité scientifique. Ces dernières années, un certain nombre de fraudes ont défrayé la chronique.

Quelques exemples de fraudes célèbres :

Mais l'accusation de fraude scientifique pose problème. La Société Géologique de France a d'ailleurs réhabilité en 1991 un scientifique condamné pour fraude en 1919 : Jacques Deprat. C'est le seul cas connu de réhabilitation, à titre posthume.

Controverse

La controverse, qu'elle soit de nature scientifique, sociale ou de débat public, est un élément très important de la dynamique de la science.

Notes et références

  1. Jacques Testart, Agnès Sinaï et Catherine Bourgain, Labo planète ou Comment 2030 se prépare sans les citoyens, Paris, Mille et une nuits, coll. « Essai », , 175 p. (ISBN 978-2-7555-0111-7, OCLC 1041197258), p. 12 et 162

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Recherche d'information

 
 
 
 

La recherche d'information (RI1) est le domaine qui étudie la manière de retrouver des informations dans un corpus. Celui-ci est composé de documents d'une ou plusieurs bases de données, qui sont décrits par un contenu ou les métadonnées associées. Les bases de données peuvent être relationnelles ou non structurées, telles celles mises en réseau par des liens hypertexte comme dans le World Wide Web, l'internet et les intranets. Le contenu des documents peut être du texte, des sons, des images ou des données.

La recherche d'information est historiquement liée aux sciences de l'information et à la bibliothéconomie qui visent à représenter des documents dans le but d'en récupérer des informations, au moyen de la construction d’index. L’informatique a permis le développement d’outils pour traiter l’information et établir la représentation des documents au moment de leur indexation, ainsi que pour rechercher l’information. La recherche d'information est aujourd'hui un champ pluridisciplinaire, intéressant même les sciences cognitives.

La recherche d'information sur le web à l'aide d'un moteur de recherche est une technique de l'information et de la communication, désormais massivement adoptée par les usagers. Précédemment, durant l’Antiquité, des historiens connus tels que Thucydide et Hérodote ne pouvaient utiliser ce genre de méthode de recherche. Pour Hérodote, le plus important était de se rendre sur place, utiliser ses sens tels que l’ouïe et la vue. Puis, il commençait à mener son enquête en s’informant et se renseignant auprès du peuple. À l’inverse, Thucydide avait pour méthode d’écouter les rumeurs. Il consignait par écrit ces faits et avait pour but de les faire perdurer dans le temps pour en faire profiter les générations futures2.

Introduction

Recherche d'information sans ordinateur.

Avec l'apparition des premiers ordinateurs est née l'idée d'utiliser des machines pour automatiser la recherche d'information dans les bibliothèques. Celle-ci a notamment été popularisée en 1945 par Vannevar Bush dans son célèbre article « As We May Think »3.

Les premiers systèmes utilisés par des bibliothèques permettent d'effectuer des recherches booléennes, c’est-à-dire des recherches où la présence ou l'absence d'un terme dans un document conduit à la sélection du document. Ces recherches nécessitent plusieurs intermédiaires et surtout de gros moyens : il faut tout d'abord créer une nomenclature permettant de décrire l'ensemble des documents puis sélectionner, pour chaque document du corpus, les mots-clés permettant de le décrire. Une telle description par mots-clés (indexation matière) nécessite une grande expertise de la part du bibliothécaire, ses connaissances devant être suffisantes pour non seulement choisir les mots-clés reflétant au mieux le contenu d'un document, mais aussi pour choisir les termes permettant de le distinguer au sein du fond complet. Cette même connaissance est, de plus, partiellement nécessaire au moment de la recherche, lorsqu'il s'agit de « traduire » une question, plus ou moins précise, en un ensemble de mots-clés. Ce processus d'indexation, essentiellement manuel, est de plus insuffisamment exhaustif et précis. Il se peut par exemple que pour des problèmes de synonymie, certains documents répondant à la question d'un utilisateur puissent ne pas être retrouvés.

La description manuelle étant un processus lent ne garantissant pas de bons résultats, des recherches ont été menées pour extraire automatiquement la description d'un document à partir de son contenu. Dès les années 1970, des expériences ont montré que les techniques automatiques pouvaient fonctionner correctement sur des corpus de quelques milliers de documents3. L'utilisation grandissante des logiciels de traitement de texte, et par là même la mise à disposition de quantités de plus en plus importantes de textes directement interprétables par l'ordinateur va alors entraîner le développement rapide des modèles de RI. Ces deux aspects, l'indexation et la recherche sont au cœur des problèmes abordés par la RI. L'indexation et la recherche ont très rapidement évolué d'une modélisation booléenne de la recherche (un terme représente ou ne représente pas le document dans le cas de l'indexation, un document répond ou ne répond pas à la question) à des modèles vectoriels ou probabilistes.

La pertinence d'un document pour une question dans des modèles qui sont basés sur une représentation imprécise des documents et des questions s'exprime dans ce type de modèles de RI sous la forme d'un score. Ce score ne permet plus une validation automatique des systèmes de RI. En effet, pour la question « le document doit contenir le mot chèvre et élevage », un document contenant le mot « chèvre » et « élevage » est une bonne réponse, contrairement à un document qui ne les contiennent pas. Lorsque la question devient « le document doit avoir pour thème l'élevage des chèvres », un document qui parle de soin des chèvres sans utiliser le mot « élevage » sera une bonne réponse, mais aura un score moins important qu'un document qui parle directement de l'élevage des chèvres.

Il est donc impossible de prouver qu'un système de RI est performant puisque le score rend vague la notion de bonne réponse : un document répond plus ou moins bien à une question. La notion de pertinence d'un document pour une question émerge donc en même temps que les premiers systèmes de RI, avec les premières mesures permettant de comparer les différents résultats renvoyés par les systèmes de RI. Les premières mesures, encore largement employées aujourd'hui, sont la précision, le rappel, le bruit et le silence :

En général, les systèmes de recherche d'informations s'appuient sur ces différentes mesures et effectuent un équilibre entre eux. Il est possible, par exemple, d'affiner les requêtes à l'aide d'opérateurs de recherche complexes.

Des problématiques connexes se sont aussi greffées autour de la RI. Parmi les plus courantes et les plus utiles, l'interaction avec l'utilisateur permet d'obtenir progressivement des documents de plus en plus pertinents. Certains se sont ensuite essayés à simuler cette interaction, ou au moins une partie, en proposant des techniques permettant « d'enrichir » la question — en ajoutant par exemple des termes qui n'étaient pas dans la question originale. Cette technique est connue sous le nom d'expansion de requête4.

De la recherche documentaire proprement dite, le domaine évolue vers des tâches proches, comme la classification qui permet de regrouper entre eux des documents ayant des thématiques proches, le classement qui a pour but de classer les documents dans un ensemble de catégories prédéfinies. Puis, à mesure que la notion de document et d'unité d'information devient plus floue, les tâches d'extraction d'information et de résumé automatique apparaissent. Actuellement, le domaine regroupe plusieurs thématiques de recherche et évolue avec l'apparition de nouveaux types de corpus, de documents et de besoins d'utilisateurs. Les conférences TREC et SIGIR [archive] donnent un aperçu de la diversité des recherches menées aujourd'hui dans le domaine général de la RI.

Précision de vocabulaire

Rayonnage de bibliothèque.

Le Vocabulaire de la documentation (Paris, ADBS, 2004) distingue la recherche d'information de la recherche de l'information :

Au sens large, la recherche d'information inclut deux aspects :

Ces deux aspects sont néanmoins très intimement liés en pratique, la manière d'indexer limitant ou influençant les possibilités de rechercher.

Composantes

Prétraitements

La première phase en recherche d'information est d'établir ces techniques permettant de passer d'un document textuel à une représentation exploitable par un modèle de RI. Cette transformation est scindée en deux étapes distinctes et correspond à l'indexation des documents :

Recherche

Une fois les documents transformés, il est possible de rechercher ceux qui répondent le mieux à une question d'un utilisateur et d'utiliser des modèles capables d'interagir avec l'utilisateur afin d'améliorer petit à petit les réponses du système de RI au cours d'une session — l'utilisateur indiquant à chaque fois les documents pertinents pour sa question. Ces indications peuvent aussi servir à améliorer globalement le fonctionnement du système de RI.

Il est également important de noter que la recherche documentaire n'est pas un acte isolé dans le temps. En effet, une session de recherche documentaire peut être assimilée à une situation d'apprentissage spiralaire, qui permet l'accès à de nouvelles connaissances au fur et à mesure de la RI.

Mesures

En RI, la mise au point des modèles passe par une phase expérimentale qui suppose l'utilisation de métriques qui ont pour but de permettre la comparaison des modèles entre eux ou la mise au point de leurs paramètres. Ces mesures supposent connus un jeu de questions et les réponses pertinentes dans un corpus donné. Deux concepts simples, à savoir le rappel (proportion de documents pertinents renvoyés par le système parmi tous ceux qui sont pertinents) et la précision (proportion des documents pertinents parmi l'ensemble de ceux renvoyés par le système), ont été étendus pour permettre une analyse fine des performances de système de RI.

Prise en compte de l'utilisateur

L'utilisateur étant à l'origine du besoin en information, il est apparu nécessaire de compléter la simple requête par des informations supplémentaires en provenance de l'utilisateur. Le retour de pertinence est une approche qui peut par exemple prendre en compte un jugement de pertinence sur les documents présentés à l'utilisateur à l'issue de sa recherche. L'objectif est donc pour le système de savoir quels sont, parmi les documents présentés, ceux qui répondent vraiment au besoin de l'utilisateur.

La pertinence dans la recherche d'information

La pertinence système

À la fin des années 1950 dans les pays anglo-saxons, les chercheurs s'inscrivant dans le courant de l'"information retrieval" utilisent le concept de pertinence pour évaluer la performance des systèmes informatiques d'enregistrement, de stockage et de recherche automatisée.

Calvin Mooers est le fondateur de ce courant de recherche. Alors qu'auparavant les concepts véhiculés en bibliothèque s'apparentaient plus à la reproduction de gestes professionnels (bibliothéconomie), il introduit le travail sur les mots-clés en s'appuyant sur les travaux de Vannevar Bush et Ranganathan. Il parle alors d'"utilité" de l'information.

Hans Peter Luhn réfléchit également à la mécanisation de la recherche d'information et met au point l'indexation automatique et les résumés automatisés. Le système doit rechercher la nombre d'occurrences des mots dans un texte, mais aussi prendre compte de la structure générale du document (en supposant que la place des mots corresponde à leur importance) ou encore la mise en forme du texte. Ce processus voit très vite ses limites être atteintes et la pertinence des documents proposés après une requête n'est pas forcément satisfaisante.

sont Allen Kent et son équipe de chercheurs qui ont employé le terme "pertinent interest" pour la première fois en 19555. Ce terme désigne les documents vers lesquels diriger l'attention des usagers.

A cette époque, le terme de "relevance" est préféré à celui de pertinence. Ce qui semble évident au regard d'un contexte de recherche informatisée. Cependant, on note la tentative d'introduction de l'humain avec les premiers questionnements sur le concept de "jugement de pertinence"6.

Brigitte Simonnot7, enseignante chercheuse en SIC au CREM (Centre de Recherche sur les Médiations) de l'Université de Lorraine, affirme que la théorie de la pertinence admet une hiérarchie de contextes d'interprétations avec pour chacun plusieurs hypothèses. Elle définit la pertinence comme "une relation entre une hypothèse et un contexte" qui sont ordonnés selon deux dimensions : l'effet de l'hypothèse (croyances et connaissances d'un sujet) et l'effort que doit fournir un individu pour intégrer l'hypothèse dans ses connaissances.

Avec la recherche sur le web, on voit une légère amélioration de la pertinence avec l'apparition du Dublin Core et la mise en place de métadonnées pour décrire un document à l'aide de méta-descripteurs. Cependant la pratique de référencement abusif (spamdexing) détourne l'utilisation des métadonnées de leur fonction initiale et permet d'augmenter l'audience d'un site.

La mesure de la pertinence système correspond au taux de rappel, qui évalue la proportion de documents pertinents dans l'ensemble des ressources présentes dans une collection, et au taux de précision, qui estime la proportion de documents pertinents dans les documents retrouvés.

La pertinence usager

Au bout de quelques décennies, le concept de pertinence a connu des avancées. Avec l'"information seeking" ou l'"information searching", la grande entreprise d'identification des critères du début des années 1990 a relancé l'intérêt vers la pertinence usager6. Nicole Boubée, docteure en SIC et spécialiste des pratiques informationnelles et médiatiques, présente particulièrement pour cette période les travaux de Schamber8qui aboutissent à deux postulats : la pertinence est de nature subjective et elle est un processus dynamique. Ce travail innovant met en avant l'empirie et l'approche qualitative. Schamber et ses collègues déclinent plusieurs critères de pertinence comme la validité, l'émotion que l'information suscite, la clarté...

La pertinence est définie ici comme un jugement porté par l'utilisateur sur l'information qu'il trouve au regard de ses besoins. Pour être jugée pertinente, l’information doit lui être utile pour la production qu'il vise, lui apporter des connaissances nouvelles et, enfin, être facile à comprendre et à exploiter9.

Depuis les années 1980, la démarche documentaire a fait l'objet de nombreuses études qui adoptaient une approche cognitiviste7. Selon Carol Kuhlthau10, six phases se succèdent dans un processus de recherche :

  1. L'initialisation : durant laquelle un individu prend conscience de ses lacunes, ce qui le pousse à entamer un processus de recherche d'information.
  2. La sélection : l'individu commence à cerner le sujet avec un questionnement lui permettant de définir une problématique.
  3. L'exploration : l'individu essaye de trouver des informations sur son sujet.
  4. La formulation : l'individu se focalise sur certaines des informations trouvées lors de la phase précédente, ce qui lui permet de clarifier ses pensées et de se focaliser sur l'objet de sa recherche.
  5. La collecte : cette étape correspond à la recherche et la sélection des informations les plus pertinentes.
  6. La présentation : consiste en la mise en forme des informations recueillies afin de conclure la recherche.

La qualité d'une recherche dépend essentiellement de la formulation de la requête. Cette étape n'est pas forcément maîtrisée par la majorité des utilisateurs du web qui ne connaissent pas toutes les fonctions de recherche ou les opérateurs booléens7.

La pertinence dans le paradigme orienté usages

Avec l'essor de la recherche d'information sur le web, se sont développées de nouvelles pratiques évaluatives. D'autres critères de pertinence ont vu le jour notamment grâce aux travaux interdisciplinaires des chercheurs en sciences de l'information et en psychologie cognitive. C'est ainsi que Nicole Boubée et André Tricot placent de nouveaux concepts cognitivistes dans la recherche d'information pour dépasser le clivage pertinence subjective / pertinence objective11 : critères de déduction logique, d'induction, de sérendipité mais aussi critères se rapportant au contexte de recherche de l'usager (adéquation avec la tâche, réponses émotionnelles... ).

Pour un individu, la pertinence d'une information est instable. Elle varie selon les étapes de la recherche, selon la reformulation possible de la problématique et des questions, puis des requêtes. De même, une information peut devenir pertinente quand le seul critère d'intelligibilité n'est pas respecté dans un premier temps, mais qu'il le devient après la lecture d'informations pertinentes qui permettent des améliorations dans la compréhension. Le contexte est donc un élément important pour cette notion9.

Stefano Mizzaro12 quant à lui, met en avant la complexité et la diversité des types de pertinence. Il la définit comme une relation entre deux entités : collection de documents et utilisateurs. Il distingue trois dimensions de la pertinence :

Brigitte Simonnot conteste l’idée que la pertinence d’un document dépend seulement du besoin de l’utilisateur. Il doit prendre en compte l’état des connaissances sur le sujet de sa recherche, mobiliser ses savoirs faire en termes de lecture par exemple mais aussi le temps dont il dispose. Tous ces éléments impacteront le choix des documents. Quand l’utilisateur fait une recherche sur le Web, son niveau de lecture et de connaissances n’est pas demandé. Ce problème est en partie pallié par l’avènement de portails regroupant un grand nombre de ressources ciblées pour des publics particuliers (exemple des portails numériques.)7

La pertinence dans l'ère numérique

Avec l'avènement du numérique, la définition concrète de la pertinence arrive à épuisement. On parle plutôt désormais de l'influence plus ou moins forte de tel ou tel critère6. Le concept de pertinence est également utilisé par les industries du contenu et des services du web (Google, Facebook...).

Niels Kressens parle du pouvoir de contrôle que ces industries exercent : il ne s'agit plus d'amplifier le contrôle évaluatif des usagers mais bien de contrôler leur pouvoir de sélection. La pertinence se définit alors selon des critères techniques objectivés : l'occurrence des mots-clés de la requête dans les pages web, par exemple, avec un traitement algorithmique spécifique à  chaque moteur de recherche qui renvoie à  des critères subjectifs et/ou économiques (habitudes de navigation de l'individu, placement de résultats par une entreprise, etc.)9.

Van Couvering, professeure et spécialiste en médias et communications, affirme que ces industries du contenu ont pris pour base des travaux académiques sur la pertinence issus des sciences de l'information13. La pertinence de l'information laisse place à la pertinence du service lui-même : c'est l'adhésion du service qui importe.

Brigitte Simonnot met en avant la pertinence du choix de l'outil, avec l’idée qu’il existe un grand nombre de moteurs de recherche sur le web. L'utilisateur doit donc choisir le bon outil lors d’une démarche de recherche documentaire, cependant dans la plupart des cas il choisit l'outil qu'il connait le mieux sans nécessairement prendre en compte ses besoins et les spécificités du moteur de recherche7.

Finalement, les industries du web procèdent de la même manière que l'information retrieval en réduisant le travail et l'effort de l'usager dans ses pratiques informationnelles. Ainsi, il n'a plus besoin de comprendre comment les systèmes fonctionnent pour les utiliser efficacement14. Certains chercheurs15 orientent désormais leurs travaux vers des critères de crédibilité Web qui supplanteraient le concept de pertinence.

Le terme de jugement de pertinence

C'est dans un contexte de recherches informationnelles automatisées que le concept de jugement de pertinence voit le jour. Cette introduction subjective pourrait surprendre mais elle s'explique, selon Tefko Saracevic (scientifique de l'information), par le fait que le jugement par l'humain est nécessaire pour améliorer ou concevoir un objet dans une science de nature ingénieure où le test est indispensable. L’expérience a prouvé aussi que pour améliorer un système d'information, la méthode la plus appropriée est de faire juger celui-ci par l'humain16.

Nicole Boubée émet des critiques sur ce concept qu'elle estime encore trop associé aux systèmes calculatoires6. Elle reprend les différents critères de jugement de pertinence8 et leur composition et remarque que l'idée d'apporter de l'humain dans un concept forgé par les sciences exactes n'a pas véritablement abouti puisqu'on continue de raisonner en termes de "degré de pertinence", de "poids de chaque critère". Or juger de la pertinence d'une information ne peut pas se résoudre à l'application de simples règles en appliquant des critères sous forme de procédure codifiée.

Un autre problème réside dans la proximité de certains termes avec celui de pertinence : crédibilité, utilité, fiabilité, confiance6 ...

On assiste actuellement à la naissance d'un troisième type de jugement qui suspend toute perspective humaine : le jugement algorithmique17 imposé par les industries de contenu. Il nécessite désormais d'analyser les travaux alliant médias, technologies et pratiques sociales sous l'angle de l'éthique dans le sens de "favoriser la capacité émancipatrice des publics et usagers"6.

Groupes sur la recherche d'information

Historiquement, la recherche d'information était faite dans les bibliothèques avec le protocole Z39.50 qui était maintenu par la Bibliothèque du Congrès. Ces travaux se poursuivent avec les protocoles SRW (Search / Retrieve via Web Services) et SRU (Search / Retrieve via URL). Il existe un important groupe de travail (SIGIR, Special Interest Group for Information Retrieval) dans l'association internationale ACM (Association for Computing Machinery), ainsi qu'une série de conférences et de campagnes d'évaluation organisées à ce sujet par le NIST : TREC (Text REtrieval Conference) [archive], qui ont traité, au fil des années, aussi bien des aspects multimédia de la recherche d'information que des problématiques liées au peuplement de bases de connaissances à partir du Web, de la recherche d'information en domaine de spécialité ou sur des plateformes de micro-blogging. Au niveau francophone, la communauté scientifique est notamment représentée par l'ARIA (Association Francophone de Recherche d'Information et Applications) et les conférences annuelles CORIA [archive].

Modèles mathématiques de RI

Categorisation des modèles de RI (depuis l'entrée allemande, source originale18).

 

Les modèles de RI peuvent être classés selon deux aspects. La première dimension est le modèle mathématique considéré :

La seconde dimension prend en compte les liens pouvant exister entre les termes.

 

Modèles cognitifs de RI

Rechercher de l’information met en jeu pour l’usager toute une série de processus cognitifs (lecture, résolution de problème, savoirs procéduraux et savoirs déclaratifs, etc.)[réf. nécessaire]. Pour exposer le plus clairement possible ce qui se passe lors d’une RI, plusieurs chercheurs spécialisés (soit dans le domaine de l’information, soit dans le domaine des sciences cognitives) dans la recherche d’information ont proposé des modèles. Ceux-ci sont censés rendre compte de ce qui se passe concrètement et, pour certains, permettre de tirer des hypothèses sur l’origine cognitive des actes perceptibles.

Modèle de recherche d'information

Alors que la recherche d’information est une activité humaine ancienne, son étude s’est développée surtout avec l’apparition des systèmes de recherches documentaires informatisés[réf. nécessaire]. Un premier modèle est celui de l’Information Retrieval19. Dans ce modèle, on trouve trois éléments : l’usager, l’ensemble de documents et, entre les deux, le spécialiste de l’information (bibliothécaire ou documentaliste) qui peut interroger la base de données. Ce modèle a été conçu alors que les usagers n’avaient pas encore accès à des catalogues informatisés. Le bibliothécaire utilisait pour indexer les documents un langage fermé, de type thesaurus, et interrogeait le système en réutilisant ce même langage. Ainsi, l’usager ayant un besoin d’information, il l’exprime sous forme de question et le bibliothécaire transcrit celle-ci en requête pour interroger un système documentaire. Les documents, de l’autre côté, ont été représentés, c’est-à-dire transcrits en notices bibliographiques et indexés. Entre la requête et l’index du système s’opère alors un appariement qui fournira une réponse.

Critiques

Ce modèle a été critiqué20 pour deux raisons majeures. La première est le flou de certains termes utilisés (surtout la notion de besoin d’information) et le manque d’explication sur les connexions qui se font (comment passe-t-on d’un besoin à une question puis à une requête ?) La seconde tient à l’idée que le besoin d’information reste le même durant tout le travail. Or, toutes les études prouvent que la question initiale évolue très souvent lors d’une recherche.

Toutefois, ces critiques, même si elles sont valables dans l’absolu, sont amoindries par le fait qu’elles portent sur des points qui ne sont pas primordiaux dans ce système. Le but de ce modèle est de décrire concrètement ce qui se passe. L’aspect cognitif (et en l’occurrence, le besoin d’information), même s’il apparaît, n’est pas essentiel. C’est pour cela que les termes sont flous. De plus, même si le questionnement de l’usager va évoluer en même temps que son travail progresse, lorsqu’il interroge le bibliothécaire, à chaque fois il commence un nouveau cycle de recherche. Dès lors, la critique la plus forte serait de dire que ce modèle est maintenant obsolète, car l’intermédiaire entre le sujet et les documents n’existe plus.

Représentation en pivot

Plutôt que de voir la RI comme une confrontation entre un usager et un système de recherche d’information, des chercheurs et en premier lieu Marchionini21,22 ont proposé une représentation de la RI en insistant sur ce qui leur semble le cœur de celle-ci, à savoir la définition du problème selon quatre étapes :

Chacune de ses actions entraîne des modifications dans la définition du problème. L’interaction entre l’usager et le système de recherche puis les documents entraîne une réévaluation des besoins et des savoirs. Dans cette représentation, la recherche n’est pas linéaire.

Évolution de cette représentation

Depuis les premiers travaux de Marchionini21et sa première modélisation, les données ont changé, surtout avec le développement de l’accès à internet. Une reformulation de cette représentation23 met au centre le sujet. Celui-ci a un besoin d’information qui est flou, mais qui est perçu. Ceci va donc entraîner une série d’actions, dont l’interrogation d’une base de données. Cette interrogation se fonde sur la représentation du fonctionnement de l’interface. Les résultats vont faire évoluer la représentation du problème et entraîner d’autres actions.

Représentations basées sur l’exploration

Une bibliothèque à explorer.

Le postulat de base de ces représentations est que l’usager n’a pas une idée claire de ce qu’il cherche[réf. nécessaire]. Ce sont les réponses apportées par le système et les lectures de documents qui vont permettre à l’individu de préciser son besoin d’information. Bates a qualifié ce modèle de « berrypicking ». L’usager va cueillir des informations dans les documents comme on cueille des baies. Il passe d’un document à l’autre, se laisse mener par ce qu’il trouve et réfléchit, limite sa recherche au fur et à mesure, selon ce qu’il trouve.

Critiques

La critique principale[réf. nécessaire] insiste sur le fait que même si une recherche d’information est erratique, le sujet a malgré tout une idée de ce qu’il cherche. Cette question première sera peut-être profondément modifiée par la suite, mais il n’en demeure pas moins qu’une recherche part toujours de l’expression, plus ou moins claire, d’un manque. O’Day et Jeffries font évoluer la comparaison de la RI et la cueillette de baies et préfèrent voir la RI comme une course d’orientation24. L’usager ne sait pas vraiment ce qu’il cherche, mais il est en mesure de juger de ce qui est intéressant pour lui au regard des résultats. De plus, chaque document trouvé mène à une décision concernant la suite du travail. Enfin, si des représentations partielles apparaissent lors de la recherche, une représentation générale du but à atteindre perdure.

À côté de ces travaux qui visent plus à décrire la suite des actions qui constituent une recherche d’information, d’autres, issus de la psychologie cognitive, considèrent la RI comme une forme particulière de résolution de problèmes. La psychologie cognitive s’est intéressée à ce sujet et certaines théories ont été transférées dans l’étude de la RI.

Construction d’un espace de recherche

Lors d’une résolution de problème, le sujet doit élaborer une représentation de la situation de départ, une représentation du but et une représentation des actions licites. Dans une RI, cela correspondrait à l’écriture d’une question dans un système donné (situation de départ), à l’affichage de notices (situation-but), et à une liste des actions qui doivent être entreprises pour passer du besoin à la satisfaction. Ces trois représentations individuelles constituent l’espace de recherche. Ce dernier est à distinguer de l’espace de la tâche qui est virtuel et correspond à une résolution parfaite du problème.

Critiques

Ce modèle a été critiqué pour plusieurs raisons[réf. nécessaire]. À l’origine, la notion de résolution de problème s’appuyait sur des problèmes simples (ex. la tour de Hanoï). La situation de départ, la situation-but et les opérations licites étaient facilement exprimables. Dès que les problèmes sont des problèmes complexes et ouverts, la situation de départ et la situation-but ne sont plus aussi apparentes. La RI tient de ce type de tâche, ouverte et complexe. Au moment où commence une recherche, il est difficile de décrire complètement tous les éléments qui vont constituer la situation de départ. En effet, définir son besoin d’information est déjà une tâche complexe. La situation-but est encore plus malaisée à présenter. On peut dire comme Chen et Dhar que : « la situation-but est constituée par l’affichage de notices de documents se rapportant à la question posée et adaptés à l’usager destinataire de l’information. », mais cela ne dit pas comment se fait le lien entre la question et l’affichage de notices (est-ce que cet affichage est valable ?) ni surtout comment on peut affirmer que ces documents sont adaptés. Enfin, La liste des actions autorisées est peu maîtrisée par les utilisateurs d’un système de recherches. Plus l’usager est novice, moins il sait ce que le système accepte comme interrogation ou quelles sont les méthodes pour écrire une équation de recherche permettant de limiter le bruit et le silence. Or, ce respect des actions autorisées est une nécessité dans la présentation canonique de la résolution de problèmes.

Outils de recherche d'information

Notes et références

  1. O’Day, V. L., and Jeffries, R. (1993). Orienteering in an information landscape: How information seekers get from here to there. In Proceedings of ACM/InterCHI ’93

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes