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Catégorie : Musiques-Groupes-Chanteur
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Jacques Brel
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Jacques Brel en 1962.
Informations générales
Surnom Le Grand Jacques
Nom de naissance Jacques Romain Georges Brel
Naissance 8 avril 1929
Drapeau de la Belgique Schaerbeek (une des 19 communes bruxelloises)
Belgique
Décès 9 octobre 1978 (à 49 ans)
BobignyFrance
Activité principale Auteur-compositeur-interprèteacteurréalisateurpoète
Genre musical Chanson française
Instruments guitare
Années actives 19531977
Labels Disques Barclay
Site officiel www.fondationbrel.be

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Jacques Brel au Donjon de Toulouse (septembre 1962).

Jacques Brel, né le 8 avril 1929 à Schaerbeek et mort le 9 octobre 1978 à Bobigny, est un auteur-compositeur-interprètepoèteacteur et réalisateur belge.

Considéré comme l'un des plus grands interprètes de la chanson française, Jacques Brel, au sommet de sa popularité, abandonne le tour de chant en 1966. Bien qu'il enregistre encore quelques disques et monte à la scène L'Homme de la Mancha, il se consacre alors au cinéma, pour lequel il tourne en tant qu'acteur une dizaine de films, dont deux qu'il écrit et réalise, Franz et Le Far West (retenu dans la sélection officielle au Festival de Cannes de 1973).

Avec plus de 25 millions d'albums vendus à l'international, Brel représente une icône de la chanson française. Bien que ses chansons soient enregistrées pour la plupart en français, il devient, à son époque, une source d'inspiration pour bon nombre d'auteurs-interprètes anglophones comme David BowieMort ShumanAlex HarveyLeonard CohenMarc Almond et Rod McKuen. Plusieurs de ses chansons sont également traduites en anglais aux États-Unis et notamment chantées par Ray CharlesJudy CollinsJohn Denver, le Kingston TrioNina SimoneFrank SinatraScott Walker, et Andy Williams1.

Biographie[modifier | modifier le code]

Plaque commémorative au 138 avenue du Diamant à Schaerbeek.

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Jacques Romain Georges Brel est issu d'une famille catholique d'industriels ; son père, Romain Brel (1883-1964), né à Zandvoorde, et sa mère Lisette Van Adorp2 (1896-1964) est bruxelloise. Enfant, il est peu intéressé par l'école, excepté par les cours de français. Avec son frère, Pierre (1923-2001), de 6 ans son aîné, Jacques connaît une éducation entre collège catholique et scoutisme. Il écrit à 15 ans de longs poèmes et des nouvelles après avoir lu Jules Verne et Jack London3.

À 16 ans, il crée une troupe de théâtre avec quelques copains et écrit lui-même des pièces qu’il joue en amateur au sein de la Franche Cordée (mouvement de jeunesse catholique)4. Son père le fait entrer dans la cartonnerie familiale « Vanneste & Brel » où il est affecté de 1947 à 1953 au service commercial, travail pour lequel il n'a aucun goût (« Mon père m'a encartonné » dit-il). Il songe très sérieusement à une reconversion, soit en tant qu'éleveur de poules, soit en tant que cordonnier, soit comme chanteur. Il choisit cette dernière voie et écrit n'importe où, n'importe quand. Amateur de musique classique (principalement de Maurice Ravel et de Franz Schubert)[réf. nécessaire], il compose ses premières mélodies sur le piano familial et sur sa guitare sans jamais avoir pratiqué la musique auparavant.

Le 1er juin 1950, il épouse Thérèse Michielsen, dite « Miche », secrétaire dans une entreprise d'électricité, qu'il a rencontrée trois ans plus tôt dans la Franche Cordée. Le 6 décembre 1951 naît sa fille Chantal (morte le 4 janvier 19995). Cette année est aussi celle où il commence à chanter. À partir de 1952, il écrit et compose ses premières chansons qu'il chante dans le cadre familial, et à diverses soirées dans des cabarets bruxellois regroupés dans le quartier de l'« îlot sacré »Note 1. Il fait déjà preuve de cette puissance lyrique (tant dans les textes que dans son interprétation encore trop teintée de scoutisme) qui rebute sa famille. Elle tente, en vain, de le dissuader de continuer dans cette voie. Lui persévère.

Débuts[modifier | modifier le code]

Jacques Brel à l'Ancienne Belgique en janvier 1955.

En 1953, il réalise un disque maquette, 78 tours4 qu'il envoie en France à Jacques Canetti, découvreur de talents, directeur artistique de Philips et propriétaire du théâtre parisien « Les Trois Baudets ». Séduit par les chansons qu'il vient d'entendre, le 1er juin 1953, Jacques Canetti, l'appelle dans la nuit pour le rencontrer immédiatement. Brel quitte la capitale belge pour se rendre seul à Paris. Sa famille ne lui coupe pas les vivres, mais le laisse se débrouiller seul en lui gardant une place dans l'entreprise familiale de cartonnerie. Sa fille naît le 12 juillet 1953. Il se retrouve dans une petite chambre inconfortable de l'hôtel Stevens à Pigalle. Jacques Canetti le soutient contre vents et marées de 1953 à 1962.

Il le fait débuter aux Trois Baudets en septembre 1953 dans la première partie du spectacle de Mouloudji. Puis en 1954 dans le spectacle Cinémassacre, où débutent également Boris Vian et Jean Yanne, et qui voit le triomphe de l'humoriste Fernand Raynaud. Aux Trois Baudets, dans les tournées de Canetti, qu'il ait ou non du succès, Jacques Brel est assuré de chanter tous les soirs, de tester ses chansons et de gagner sa vie.

Il participe au festival de Knokke-le-Zoute : il s'y classe avant-dernier. Puis pour gagner un peu d'argent, il enseigne la guitare au danseur-acrobate Francesco « Cocky » Frediani, un artiste italien à l'affiche du cabaret La Nouvelle Ève. Ce dernier, témoin des premiers pas du débutant, l'accompagne d'ailleurs, lors de son premier passage à l'Olympia en « lever de rideau » (moment où les spectateurs entrent dans la salle et s'installent à leur place). Les conditions de travail sont difficiles pour Jacques : il n'a pas de loge et doit se changer derrière le bar de l'Olympia. Après une représentation, Bruno Coquatrix le remarque, le félicite de sa prestation et l'invite à lui rendre visite pour discuter d'un prochain passage mais Brel n'est pas encore prêt pour affronter une grande salle.

Pour Brel, les difficultés continuent, encombré qu'il est de ses longs bras, de son grand corps maladroit. En 1954 il rencontre le chef-d'orchestre Jacques Hélian en représentation à Bruxelles et lui présente l'une de ses premières chansons, Il peut pleuvoir. Celle-ci est mise au répertoire de l'orchestre. Évoquant cette rencontre, Jacques Hélian confie : « Je lui serrai la main, ne me doutant pas que, derrière son sourire crispé, se cachait un si fabuleux talent... » La France va ainsi entendre parler pour la première fois du « Grand Jacques »6

En janvier 1955, Brel fait ses débuts à l'Ancienne Belgique, célèbre salle de concert bruxelloise, dans l'avant-programme de Bobbejaan Schoepen7,8 et Jacques Canetti continue de l'envoyer dans des tournées où il se produit notamment en vedette américaine de Philippe ClayDario Moreno et Catherine Sauvage qui devient sa maîtresse9.

En 1955, il fait venir son épouse et ses deux fillettes en France, et la famille s'installe à Montreuil. C'est l'année de son premier 33 tours. Aux Trois Baudets, il va rencontrer Georges Pasquier, qui deviendra son régisseur et son meilleur ami et auquel, en 1978, il dédiera la chanson Jojo (album Les Marquises). Imprégné encore de l'influence du scoutisme et de son éducation catholique, il chante pour des organisations chrétiennes. C'est à cette époque que Georges Brassens le surnomme l'« abbé Brel »4.

De 1954 à 1965, Canetti organise des tournées en France et à l'étranger dans lesquelles Brel est souvent programmé en compagnie d'artistes tels que Sidney BechetCatherine SauvagePhilippe Clay, etc. avant d'être lui-même la vedette.

Consécration[modifier | modifier le code]

Brel à Amsterdam pour la télévision néerlandaise le 20 février 1963.

En 1956, il rencontre le pianiste François Rauber, qui devient son arrangeur musical, puis sera l'orchestre qui l'accompagnera durant toute sa carrière de chanteur. Cette même année paraît son premier grand succès public, Quand on n'a que l'amourNote 2. En 1957, pressé d'achever ses études musicales au conservatoire, François Rauber renonce aux tournées à travers le pays. Il est alors remplacé par un autre étudiant du conservatoire, Gérard Jouannest, qui composera avec Brel les musiques de trente-cinq de ses chansonsNote 3.

Jouannest est son accompagnateur exclusif sur scène, tandis que Rauber, revenu vers Brel une fois son diplôme obtenu, est son principal orchestrateur. Les deux musiciens resteront fidèles à Brel et à son œuvre, au-delà même de sa mort, luttant vainement contre la publication de cinq inédits en 2008 que Brel lui-même jugeait inaboutis, pour finir par céder devant le fait accompli, ces titres étant déjà diffusés sur les ondes en Belgique10.

À force de travail, Brel trouve son style et son public, et connaît enfin le succès lors de ses galas. Entre autres particularités, il ne cède jamais à la tradition du rappel, qu'il juge démagogiqueNote 4. En 1957, son second 33 tours reçoit le grand prix de l'académie Charles-Croset, fin 1958, année de naissance de sa troisième fille, Isabelle, c'est le succès à l'Olympia en première partie. L'année suivante, il est tête d'affiche à Bobino, où il crée Ne me quitte pas, écrite pour l’actrice Suzanne Gabriello11,12 et La Valse à mille temps.

Dès lors, les tournées s’enchaînent à un rythme infernal, Brel donnant parfois plus de concerts qu'il n'y a de jours dans l'année. En 1960, il achète, entre Monaco et le Cap Martin, sur la plage de Cabbé au Golfe bleu, une maison qu'il occupe jusqu'en 1970. Ses amis y viennent en visite, notamment Leny Escudero ou Serge Gainsbourg. C'est là qu'il composera La Fanette et Amsterdam. Après sa mort, en hommage, la mairie de Roquebrune-Cap-Martin a fait placer dans le village un buste en bronze dû au sculpteur Cyril de La Patellière13.

En mars 1962, il quitte la maison de disques Philips pour Barclay (avec qui il signera un contrat exceptionnel de trente ans en 197214). Le 6 mars 1962, il enregistre Le Plat Pays, hommage à la Flandre. En octobre 1962, il crée sa maison d'éditions musicales Arlequin, qui devient six mois plus tard les éditions Pouchenel (Polichinelle en bruxellois). Son épouse en est la directrice. En 1963, il interprète Les Vieux en référence à ses parents. La mort de son père, suivie de très près par celle de sa mère, amène Brel à évoluer vers des chansons de plus en plus dramatiques, telles que La FanetteAu suivant ou encore en 1964 Amsterdam[réf. nécessaire].

En 1966, au sommet de son art, Jacques Brel sort Ces gens-là, un nouvel album qui, outre la chanson homonyme Ces gens-là, compte plusieurs titres qui deviennent des classiques incontournables de son œuvre : JefLa Chanson de JackyLe Tango funèbreFernandMathilde… C'est lors d'un concert à Laon, au début de l'été 1966, que se produit l'incident qui le décide à abandonner la scène. Alors qu'il interprète Les Vieux, le cinquième titre du programme, il s'aperçoit qu'il a doublé machinalement un couplet, et n'accepte plus de « tricher » face au public en perdant de sa spontanéité et de son authenticité15. Pour autant, il honore ses contrats pendant encore plus d'un an et fait ses adieux « officiels » à l'Olympia le 6 octobre 1966. À la fin de son récital, il revient saluer à sept reprises près de 2 000 spectateurs debout qui hurlent « Ne nous quitte pas »16.

En 1967, il est berné17 par Paul Touvier, qu'il « autorise à utiliser un de ses thèmes musicaux » pour les besoins d'un disque éducatif, L'Amour et la vie, produit par Touvier et distribué par Philips18,17. Le 16 mai 1967, il donne son dernier récital à Roubaix19.

Vers d'autres horizons[modifier | modifier le code]

Jacques Brel le 26 octobre 1971 au château de Groeneveld (Pays-Bas), à l'occasion de la remise d'un disque d'orà la chanteuse néerlandaise Liesbeth List pour son album de reprises Liesbeth List zingt Jacques Brel(« Liesbeth List chante Jacques Brel »).

S'il délaisse les prestations scéniques, Brel ne reste pas inactif pour autant : durant l'été 1967, il joue dans son premier long métrage, Les Risques du métier du réalisateur André Cayatte ; le film est un succès public. Puis, sur son voilier, il commence à naviguer. Deux albums paraissent : Jacques Brel 67, où figurent La Chanson des vieux amants et quelques titres créés sur scène l'année de ses adieux, dont Mon enfance et Le Cheval dans lequel il rappelle les critiques qui lui reprochaient lors de ses débuts en public son allure dégingandée, sa laideur, ou moquent ses dents de cheval hennissant20… En 1968, parait l'album J'arrive dont certaines chansons sont filmées en studio ou sur plateaux de télévision : Vesoul (avec Marcel Azzola à l'accordéon), L'ÉclusierJe suis un soir d'étéRegarde bien petit.

En octobre 1968, à Bruxelles, au théâtre royal de l'opéra, la Monnaie, il crée la version francophone de L'Homme de la Mancha, interprétant le rôle de don Quichotte au côté de Dario Moreno dans celui de Sancho Pança. Le spectacle doit être repris à Paris en décembre, mais Moreno meurt le 1er décembre 1968 à 47 ans d'une hémorragie cérébrale à l'aéroport d'Istanbul, avant le décollage de son avionNote 5Robert Manuel reprend le rôle pour le spectacle présenté en décembre à Paris. Au début de l'été 1969, Brel est Mon oncle Benjamin, dans le film d'Édouard Molinaro, dont il compose la musique avec François Rauber. Claude Jade, qui a 20 ans à cette époque, racontera : « Ma rencontre avec Jacques Brel a lieu à Vézelay. […] Il se montre d'emblée d'une grande sympathie. […] Il sort des longues et fatigantes représentations de L'Homme de la Mancha qui a été un beau succès et il a gardé pour le film les cheveux longs de don Quichotte. […] Il est cordial, sympathique, ouvert et attentionné aux autres, et l'atmosphère gaie et chaleureuse du tournage lui doit beaucoup. […] Jacques est passionné d'aviation, […] à l'aérodrome de Toussus-le-Noble, le dernier jour […] il était heureux à l'idée de s'envoler vers le Midi et nous a parlé de cette passion, des ciels, des paysages, des voyages… »21En 1969, il tourne un court métrage de sensibilisation à l'épilepsie chez les enfants, dans les locaux et avec des enfants de cinquième primaire du complexe scolaire « Le Paradis des Enfants » à Etterbeek.[réf. nécessaire]

Il tourne encore plusieurs autres films et en réalise lui-même deux : Franz en 1971, partageant l'affiche avec son amie Barbara22. En 1973, sort sur les écrans Le Far West, qui est un échec. À l'occasion de cette sortie, Brel, à Cannes, participe à l'émission radiophonique de Jacques ChancelRadioscopie. Pour son dernier rôle au cinéma, il campe le dépressif François Pignon, le personnage récurrent de Francis Veber, face au tueur à gages « Monsieur Milan », joué par Lino Ventura, dans L'Emmerdeur, à nouveau réalisé par Édouard Molinaro.

Le succès l'attend aux États-Unis d'Amérique et au Royaume-Uni[précision nécessaire]. Des traductions en anglais de ses chansons sont accueillies avec succès et enregistrées par David Bowie (Amsterdam), Scott Walker (AmsterdamMathilde), Marc Almond (Amsterdam, Jacky), le groupe Goodbye Mr. Mackenzie (en) (Amsterdam), Terry Jacks (Le Moribond) et Alex Harvey (Au Suivant = « Next »). Jacques Brel is alive and well and living in Paris est une comédie musicale américaine qui est jouée dans le monde entier pendant plusieurs années. Elle comprend des traductions à rimes, assemblées en 1968 par Mort Shuman, ami de Brel. En 1974, le spectacle est adapté au cinéma23.

Après une formation de dix semaines, Jacques Brel est pilote qualifié IFR le 17 avril 1970. Il s'achète successivement un Gardan GY-80, un Wasmer super 481, un Beechcraft Baron B 55 (son premier bimoteur), un Twin Bonanza et un Beechcraft D 50 qu'il baptise « JoJo » en souvenir de son grand ami disparu (Georges Pasquier, secrétaire, chauffeur et factotum du chanteur). Cet avion sera très utile à la communauté marquisienne, Brel assurant régulièrement des évacuations sanitaires vers Papeete24,25.

Maladie[modifier | modifier le code]

L'avion de Jacques Brel, Jojo, à Atuona (île d’Hiva Oa située dans les Îles Marquises).

En 1973, il met un terme à sa carrière de cinéma après l'échec commercial et critique de son film Le Far West. S'étant découvert une nouvelle passion, la voile, Brel s'achète le 8 février 1974 un ketch en bois, l’Askoy, et obtient son brevet de « capitaine au grand cabotage » le premier juillet26.

Il part avec sa fille France et Maddly Bamy, rencontrée lors du tournage de L'aventure c'est l'aventure de Claude Lelouch, à bord de l’Askoy, pour réaliser un tour du monde en trois ans27. Lors d'une escale aux Canaries, une violente douleur à la poitrine l'oblige à interrompre son tour du monde. Grand fumeur, les médecins lui diagnostiquent un cancer du poumon gauche. Il subit à Bruxelles une ablation du lobe supérieur du poumon gauche puis retourne aux Canaries en décembre 1974 pour poursuivre sa croisière28. Lors de son escale aux îles Marquises, diminué, il abandonne le projet de tour du monde et décide de se retirer dans ce lieu sauvage où personne ne le connaît29. En 1976, il revend l'Askoyà un couple de jeunes Américains27, et Maddly Bamy lui achète le 30 novembre 1976, un bimoteur Beechcraft Twin Bonanza immatriculé F-ODBU et baptisé Jojo, en souvenir de son vieil ami, disparu en 1974, Georges Pasquier. Pilote privé depuis le 28 juin 1965 (brevet TT 16060), il y fait l'avion-taxi pour rendre service aux habitants en les transportant entre l'île marquisienne de Hiva-Oa où il réside et Tahitisur un trajet maritime de 1 430 kilomètres, soit un vol d'environ cinq heures24.

Le bimoteur de Jacques Brel exposé devant la « maison du jouir » de Paul Gauguin, à Atuona.

En 1977, malgré la maladieNote 6, il revient à Paris pour enregistrer son dernier 33 tours, Les Marquises, qui paraît le 17 novembre, avec un record d'un million de précommandes[réf. nécessaire]. La chanson homonyme Les Marquises, qui clôt l'album, s'achève sur ces paroles « Veux-tu que je te dise / Gémir n'est pas de mise / Aux Marquises ». Il retourne aux Marquises après cet enregistrement.

Décès[modifier | modifier le code]

Tombe de Jacques Brel à Atuona.

En juillet 1978, un cancérologue à Tahiti lui diagnostique une récidive du cancer du poumon. Brel retourne en France métropolitaine où il se fait soigner à l'hôpital Avicenne de Bobigny, dans le service oncologie du professeur Lucien Israël. Son état s'améliore, si bien qu'il effectue encore quelques courts séjours sur les bords du lac Léman. Il meurt d'une embolie pulmonairemassiveNote 7 le 9 octobre 1978 dans la chambre 305 de l'hôpital AvicenneNote 8 à l'âge de 49 ans. Il avait été ramené deux jours plus tôt depuis Genève par son ami Jean Liardon, pilote et instructeur vaudois qui l'avait initié au vol aux instruments30.

Jacques Brel repose au cimetière d'Atuona, commune d’Hiva Oa, aux îles Marquises, non loin de la tombe de Paul Gauguin. Sa plaque funéraire est à l'origine d'un différend entre la famille Brel et sa dernière compagne, Maddly Bamy, qui a fait apposer sur la pierre tombale en 1978 l'effigie de leurs deux visages tournés vers le soleil couchant. En 1998, la fondation Brel, pour le vingtième anniversaire de la mort du chanteur, remplace les portraits par l'inscription d'un poème et les noms de sa femme et de ses enfants. Alertée par la population, Maddly Bamy revient sur l'île, gagne le procès en justice et obtient le droit de remettre leurs portraits31.

Postérité[modifier | modifier le code]

En 1981, sa fille France crée à Bruxelles la fondation Jacques-Brel, destinée à faire connaître l'œuvre de l'artiste mais aussi à soutenir la recherche contre le cancer et l'aide à l'enfance hospitalisée.

En décembre 2005, Jacques Brel est élu au rang du « plus grand Belge » par le public de la RTBF. En 2008, les cinq inédits de 1977 paraissent finalement.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Jacques Brel se marie le 20 mai 1950 avec Thérèse Michiels, dite Miche. Le couple, jamais divorcé, a trois filles (Chantal, France et Isabelle). Lorsque le chanteur accède à la notoriété, Miche le laisse vivre avec ses nombreuses maîtresses : Suzanne Gabriello de 1955 à 196132, l'attachée de presse de la maison Philips Sylvie Rivet (entre 1961 et 1970) qui accepte de renoncer à son métier à la demande du chanteur33. Au tournant des années 1970, Brel, devenu comédien, multiplie les aventures : avec Annie Girardot le temps d'un tournage34, ou avec Danièle Evenou pour une brève période35. Sa dernière compagne, rencontrée en décembre 1971 lors du tournage de L'aventure c'est l'aventure, est l'actrice Maddly Bamy qui renonce également à sa carrière et partage la vie de Jacques Brel jusqu'au décès du chanteur en 197836.

Brel avait des relations très privilégiées avec Barbara. Ils font connaissance au début des années 50 à Bruxelles où ils se fréquentent régulièrement, alors qu'ils tentent de percer en se produisant dans divers cabarets ; une très grande amitié indéfectible, pleine de complicité et d'admiration mutuelle, s’installe entre eux. A cette époque Barbara ne chante que des chansons écrites par d'autres, dont Brel. Mais Brel, qui disait « Barbara a un grainmais un beau grain », va l'encourager à écrire elle même ses propres chansons. Le Grand Jacques sera donc le premier à qui Barbara fera découvrir ses premiers textes, parmi lesquels ses premiers succès. A partir de 1981, soit trois ans après la mort de Brel, La Valse de Franz, composée par Brel, sera jouée dans tous les spectacles de Barbara, En 1990, elle crée au théâtre Mogador la chanson Gauguin (Lettre à Jacques Brel)22.

Discographie[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Discographie de Jacques Brel.

Chansons[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Liste des chansons de Jacques Brel.

Chansons emblématiques notables[modifier | modifier le code]

Chansons traduites, adaptées en néerlandais[modifier | modifier le code]

Bruxellois, Brel se disait chanteur flamand de langue française ; ainsi chanta-t-il quelques-unes de ses chansons en néerlandais, dont la plupart ont été traduites par Ernst van Altena :

Filmographie[modifier | modifier le code]

Réalisateur[modifier | modifier le code]

Acteur[modifier | modifier le code]

Court métrage et documentaires[modifier | modifier le code]

Bande originale de film[modifier | modifier le code]

Jacques Brel est (co)compositeur de la musique et/ou des chansons des films suivants38,39

Autour de Brel[modifier | modifier le code]

Reprises[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Musicaux[modifier | modifier le code]

Autres[modifier | modifier le code]

Une statue de Jacques Brel exposée à Vesoul.
"L'Envol", statue située sur la place de la Vieille Halle aux Blés à Bruxelles

Chansons adaptées[modifier | modifier le code]

Plusieurs de ses chansons ont été adaptées en bande dessinée par plusieurs dessinateurs (chaque chanson a son dessinateur).

Aux éditions Brain Factory, une version luxe (couverture toilée) en quatre volumes (88 planches par album)49, et une version « classique » regroupant les albums « 2 en 1 » (176 planches par album)50 sont publiées. Des planches Brel sont publiées aux éditions Vents d'Ouest51.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Certaines de ces chansons (Les Blés, À deux, etc.) seront enregistrées dans les studios de la radio-télévision belge et diffusées, au début des années 1980, par Philippe Caloni sur les antennes de France Inter. Il chante pour la première fois devant un public dans une maison de jeunes se situant à Schaerbeek (MJ André Vermeulen, 17 rue Goossens).
  2. La chanteuse Mannick disait de Quand on n'a que l’amour que c’est « […] la chanson utopique par excellence ! C’est pour cela, entre autres, qu’elle ne vieillit pas. Elle a toutes ses chances d’être encore de circonstance dans l’actualité d’aujourd’hui. Comme une espérance folle, face à toutes les raisons de broyer du noir et de baisser les bras… Tant qu’il y aura des chansons comme celle-ci, dans les mots des gens, dans les chansons, dans les discours même, le cœur du monde continuera de battre. ».
  3. Notamment : BruxellesMadeleineles Vieuxla Chanson des vieux amantsJ’arrive, mais aussi On n'oublie rien (la première qu'il compose pour Brel) ou encore Mathilde ; voir sur muides.over-blog.com. [archive].
  4. Seule exception à Moscou avec Amsterdam, où on lui fait comprendre que le public prendrait son refus comme un affront :« Amsterdam la chanson que Jacques Brel n'aimait pas » [archive] « Copie archivée » (version du 7 janvier 2013 sur l'Internet Archive)Le Figaro, 31 juillet 2007.
  5. Ou, selon d'autres sources, d'un infarctus du myocarde dans un taxi en route pour l'aéroport.
  6. Il enregistre son dernier album avec un seul poumon : Interview [archive] de Gérard Jouannest.
  7. Le professeur Lucien Israël de l'hôpital Avicenne et l'imprésario Charley Marouani mettent en cause les paparazzis qui se déguisaient en infirmiers dans l'hôpital. Excédé, Brel aurait arraché son baxter (pochette de perfusion intraveineuse) pour leur échapper, quitté l'hôpital et interrompu son traitement d'anticoagulants à la mi-septembre 1978. Le 24 septembre, toujours traqué par les paparazzis, il est obligé de se cacher dans les toilettes de l’aéroport du Bourget. Il y prend froid et contracte une pneumonie. Le 6 octobre 1978, il est à nouveau admis à l'hôpital Avicenne avec une embolie pulmonaire d'un côté, et un cancer du poumon de l'autre, si bien qu'il ne peut plus respirer. D'après Eddy PrzybylskiLa Valse à mille rêves, L'Archipel, 2008, p.694-698.
  8. L'année même où cet hôpital change de nom : il se nommait « hôpital franco-musulman » depuis sa création en 1935.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) William Ruhlmann« Jacques Brel Biography » [archive], sur AllMusic (consulté le 30 août 2011).
  2. Gilles Lhote, Jacques Brel de A à Z, Albin Michel, 1998 [archive](ISBN 978-2-226-10508-0).
  3. Eddy PrzybylskiJacques Brel, la valse à mille rêves, Archipel, 768 p..
  4. ↑ a b et c Biographie rfi.
  5. Eddy Przybylski, « France, la fille de Jacques Brel s'est mariée » [archive], sur dhnet.be1er décembre 2002.
  6. Chansons, rythme et jazz. [archive].
  7. (nl) « The Bobbejaan Schoepen Archives » [archive].
  8. Les cow-boys ne meurent jamais Le Vif/L'Express (Focus Vif), p. 18-21- 27 juin 2008.
  9. Philippe Crocq, Jean MareskaJacques BrelAlbin Michel, septembre 2008 (ISBN 978-2-226-18692-8).
  10. « Polémique après la sortie de cinq inédits » [archive]Le Nouvel Observateur, 26 septembre 2003.
  11. ↑ a et b Story Nostalgie de Brice Depasse du 13 juillet 2013.
  12. Eddy Przybylski, Brel, la valse à mille revers [archive], Archipel, 2008 (ISBN 280981113X), sur Google livres.
  13. Brel à Cabbé [archive] sur NiceMatin.com.
  14. Biographie sur le site d'Universal [archive]. Consulté le 16 octobre 2010.
  15. Fred HidalgoJacques Brel, Archipoche, 2014, p. 47.
  16. Gilles Lhote, Jacques Brel de A à Z, Albin Michel, 1998, p. 8.
  17. ↑ a et b Jacques Cordy, « Jacques Brel berné par Monsieur Paul » [archive]Le Soir, 25 mars 1994.
  18. Marc Robine, Le Roman de Jacques Brelchap. IIIp. 14.
  19. Eddy PrzybylskiBrel à Bruxelles, Le Roseau vert, 2002, p. 242.
  20. Marc RobineGrand Jacques, le roman de Jacques Brel, éd. Chorus/Anne Carrière, 1998, p. 6.
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  32. Marc RobineLe Roman de Jacques Brel, partie II, chap. 17 : « Ne me quitte pas ». Éditions Anne Carrère - Éditions du Verbe (Chorus), 1998(ISBN 978-2-84337-066-3).
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  49. Le Plat Pays (dépôt légal : 09/1987), Les Prénoms (dépôt légal : 11/1987), Ces Gens-là (dépôt légal : 03/1988), J'arrive (dépôt légal : 05/1988).
  50. Jacques Brel - Le Plat Pays / Les Prénoms (dépôt légal : 01/1988), Jacques Brel - Ces Gens-là / J'arrive (dépôt légal : 01/1988).
  51. Brel (dépôt légal : 11/1997) (ISBN 2-86967-675-1), 112 planches.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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