Imprimer
Catégorie : Acteurs - Actrices
Affichages : 4396
Bourvil
Description de cette image, également commentée ci-après
Bourvil à l'aéroport d'Amsterdam le 20 mars 1967
Données clés
Nom de naissance André Robert Raimbourg1
Surnom André Bourvil
Naissance 27 juillet 1917
Prétot-VicquemareSeine-InférieureFrance
Nationalité Drapeau de France Français
Décès 23 septembre 1970 (à 53 ans)
Paris (XVIe)
Profession Acteur
Chanteur
Humoriste
Films notables La Traversée de Paris
La Cuisine au beurre
Le Corniaud
La Grande Vadrouille
Le Cerveau
Le Cercle rouge

modifierConsultez la documentation du modèle

André Raimbourgdit Bourvil, est un acteurchanteur et humoriste français, né le 27 juillet 1917 à Prétot-Vicquemare (Seine-Inférieure) et mort le 23 septembre 1970 à Paris.

 

 

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et début de carrière[modifier | modifier le code]

André Raimbourg, alias Bourvil, est le deuxième garçon d'Albert Raimbourg (1889-1918), décédé de la grippe espagnole durant la Première Guerre mondiale et d'Eugénie Pesquet (1891-1970), agriculteurs. Il passe son enfance avec sa mère et le nouveau mari de celle-ci, un agriculteur nommé Joseph Ménard, à Bourville, village natal de sa mère où elle est revenue en 1921. Il a ainsi un frère aîné, René Raimbourg, une sœur cadette Denise (1919-2006), une demi-sœur Thérèse et un demi-frère, Marcel Ménard, futur maire de la commune de Bourville2.

Bon élève, il obtient son certificat d'études avec la mention très bien. On le destine à devenir agriculteur, mais il entame des études d'instituteur à l'école primaire supérieure pour garçons de Doudeville. Rebuté par les règles strictes du pensionnat, il retourne deux ans après à la ferme familiale3. Il est également un enfant de chœur espiègle et anime régulièrement des fêtes familiales, banquets et kermesses. Il y reprend les chansons de Fernandel en faisant le pitre, ce qui lui vaut rapidement le surnom de « Fernandel normand »4. De temps en temps, la famille attelle le cheval de la ferme et se rend au marché de Fontaine-le-Dun, chef-lieu de canton. C'est en 1936, dans cette commune qu'il intègre la fanfare (dans laquelle il joue de l'harmonica, de l'accordéon et du cornet à pistons) et qu'il rencontre un soir à un bal de fête, Jeanne Lefrique (1918-26 janvier 1986) dont le père est contremaître à la sucrerie du bourg5.

Mitron à 17 ans dans une boulangerie à Saint-Laurent-en-Caux, il devient boulanger à Rouen en 1936. En 1937, lorsqu'il assiste au spectacle de son idole Fernandel au cirque de Rouen, il décide de devenir à son tour artiste6.

Afin de pouvoir choisir son arme, et ainsi rejoindre la musique militaire, il décide de devancer l'appel et s'engage dans l'armée pour deux ans de service militaire. Il est affecté le 20 février 1937 dans le 24e régiment d'infanterie à Paris. Cornettiste dans la fanfare du régiment, il fait rire ses camarades de chambrée qui lui lancent un défi en 1938 : s'inscrire au radio-crochet Les Fiancés de Byrrh à Radio-Paris. Sous le pseudonyme d’Andrel (en référence à son modèle Fernandel), il interprète la chanson Ignace et gagne le Prix Byrrh, trois cents francs, aussitôt employés à acheter un accordéon7.

Démobilisé après la bataille de France, il exerce de nombreux petits métiers (plombier, garçon de courses pour une entreprise fiduciaire) dans la capitale, mais poursuit sa carrière musicale : radio-crochets, cabarets, music-halls. Les imitations de Fernandel ne faisant plus recette, il se crée le personnage du « comique-paysan » naïf en rabattant sa frange sur le front et en s'affublant d'un pantalon noir et d'une veste étriquée : Andrel devient Bourvil en 19428. Son cousin germain, Lucien Raimbourg, étant déjà dans le métier, il choisit ce nom de scène, afin d'éviter toute confusion, en référence au village de son enfance. Il sera parfois nommé « André Bourvil » (il existe d'ailleurs un « Théâtre André Bourvil » à ParisXIearrondissement). C'est sous ce nom qu'il apparaît au générique et à l'affiche de l'avant-dernier film qu'il a tourné, Le Cercle rouge.

Bourvil avec ses fils Philippe et Dominique Raimbourg, en 1959.

Il épouse le 23 janvier 1943, Jeanne Lefrique, avec qui il aura deux fils :

Jeune artiste en quête de succès, il s’installe avec son épouse à Vincennes, dans un minuscule appartement du 25 rue des Laitières, au septième étage sous les toits, où il restera jusqu’en 194711. Il enchaîne ses numéros de « comique-paysan » (dérivé du comique troupier) à l'accent traînant avec un nouveau répertoire musical, mettant la musique sur les textes de son ami accordéoniste Étienne Lorinrencontré en 1939. C'est avec la chanson Les Crayons que sa carrière débute vraiment en 1945. C'est d'ailleurs avec cette chanson qu'il fait sa première apparition au cinéma, en 1945, dans La Ferme du pendu, de Jean Dréville12.

Un acteur reconnu[modifier | modifier le code]

Les premiers films le cantonnent dans son personnage de benêt, mais il se rend progressivement compte qu'il doit se renouveler. Sa popularité commence en effet à baisser et il connaît son premier revers cuisant le 9 décembre 1951 : invité à se produire en vedette devant son public dans un gala au cirque de Rouen, il est sifflé par les Normands vexés de l'image de paysan nigaud qu'il donne d'eux13. Il abandonne alors les tours de chant, se lance dans l'opérette (notamment avec sa grande complice Pierrette Bruno dont il doit se séparer en 1962 lorsque la presse évoque leur liaison14,15) et, malgré les réticences initiales de Marcel Aymé et du producteur, est engagé par Claude Autant-Lara en 1956 dans le film La Traversée de Paris où il montre toute la palette de son jeu d'acteur16. Il tournera à nouveau sous la direction de Claude Autant-Lara dans Le Magot de Josefa, sorti en 1963.

Dans la cinquantaine de films qu'il a tournés, le comique de Bourvil repose principalement sur des rôles de gentil, parfois un peu bête ou naïf, comme les rôles qu’il a tenus face à l’énergique Louis de Funès : le personnage incarné par Bourvil parvient toujours, par sa gentillesse, non seulement à faire rire, mais aussi à échapper aux manipulations des personnages machiavéliques interprétés par de Funès17.

C'est en 1963 qu'il rencontre Jean-Pierre Mocky qui lui propose de tenir le rôle d'un pilleur de tronc dans Un drôle de paroissien, rôle qu'avait refusé Fernandel. Contre toute attente ce film fut un énorme succès populaire. Bourvil tournera trois autres films avec Mocky. Quand Bourvil citera ses six films préférés ce sera Le Cercle rougeLa Traversée de Paris et les quatre qu'il tourna avec Mocky18.

Bourvil a cependant tenu des rôles plus dramatiques, comme l’homme à tout faire dans L'Arbre de Noël, dans lequel il aide un petit garçon atteint d'une leucémie à assouvir sa passion pour les loups. Dans ce film, comme dans les films comiques, le spectateur peut facilement s’identifier au personnage joué par Bourvil, car c’est un homme simple. Dans Le Miroir à deux faces, son jeu est méconnaissable : face à Michèle Morgan, il incarne un homme qui manipule une femme laide pour pouvoir l'épouser, puis, lorsque celle-ci devient belle grâce à une opération, il devient ignoble avec elle, jusqu'à la harceler et lui retirer ses enfants. On peut enfin citer son rôle de l'odieux Thénardier dans l’adaptation cinématographique des Misérables, ou encore son avant-dernier rôle, celui d’un commissaire de police dans Le Cercle rouge. Ce grand comique arrive même à verser des larmes dans Fortunat à l'annonce de la mort d'une institutrice qu'il considérait comme sa mère19.

Bourvil était un homme très cultivé. Dans les années cinquante, aimant le calme de la campagne, il choisit le petit village de Montainville, car bien relié à Paris par l'autoroute de l'Ouest. Son ami Georges Brassens, qui habitait non loin de là, à Crespières (Yvelines) au Moulin de La Bonde, confiait qu’il était le parfait honnête homme, façon xviie siècle et qu'il lui suggérait des lectures. Il partageait avec Brassens une connaissance encyclopédique de la chanson française20.
Il connaissait aussi Jean-Paul Sartre21 et on pensa à lui pour la Comédie-Française[réf. nécessaire].

Jean-Pierre Mocky a tourné quatre films avec Bourvil (Un drôle de paroissienLa Cité de l'indicible peurLa Grande Lessive (!) et L'Étalon). Mocky a donné à Bourvil des rôles à contre-emploi (ici en 1995 à Villandraut).

Il reste aujourd'hui une référence pour de nombreux artistes. François Morel et Antoine de Caunes ont notamment réalisé un portrait de lui, en mars 2005, dans le cadre de l’émission télévisée sur le plus célèbre des Français à travers les siècles, classement dans lequel il arrivait en 7e position[réf. souhaitée], gage d’une très grande popularité, 35 ans après sa disparition. Il parlait le français, l'anglais et un peu l'espagnol dans les films qu'il tournait.

Derniers films et décès[modifier | modifier le code]

Tombe de Bourvil à Montainville.

Lors du tournage (de mai à septembre 1967) des Cracks, Bourvil chute lourdement à vélo. Hospitalisé, il en profite pour subir l'ablation à l'oreille d'un simple kyste qui le gêne depuis deux ans. Le chirurgien fait alors un prélèvement et diagnostique un cancer de la moelle osseuse (cancer du sang) : la maladie de Kahler (myélome multiple). Lorsque son médecin l'en informe, Bourvil décide de ne pas en parler aux gens de sa profession, mais les rumeurs de son cancer courent et les assureurs s'inquiètent22,note 1. Ses jours sont comptés, alors qu'il est au faîte de la gloire. Pour tenter de prouver sa bonne santé, il accepte de jouer le rôle principal dans L'Étalon, film tourné en seize jours avec des contrats journaliers, car les compagnies d'assurance ne le couvrent que dix-sept jours (le réalisateur Jean-Pierre Mocky lui avait fait raser le crâne pour dissimuler son alopécieeffet secondaire de la chimiothérapie)23.

De janvier à avril 1970, il joue dans Le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville, avec Alain Delon et Yves Montand. Après une longue agonie, Bourvil s'éteint à l'âge de 53 ans le 23 septembre 1970, au milieu des siens, dans son appartement parisien du boulevard Suchet24Le Mur de l'Atlantique, son dernier tournage (si l'on excepte une apparition dans Clodo25), fut éprouvant, car l'acteur souffrait énormément. Le Cercle rouge et Le Mur de l'Atlantique sortirent seulement quelques semaines après sa mort.

Bourvil repose à Montainville (Yvelines), village où il avait sa maison de campagne. Le décès de Bourvil mit fin à plusieurs projets cinématographiques et théâtraux : L'Albatros de Jean-Pierre Mocky ; une Guerre des Gaules et les tribulations de deux frenchies aux États-Unis, avec Louis de Funès, de Gérard Oury ; les aventures d'un tonique curé de campagne du Pays de Caux imaginées par l'abbé Alexandre. Au théâtre, il aurait dû retrouver de Funès dans Le Contrat, pièce écrite par Francis Veber et mise en scène par Jean Le Poulain.

Seuls L'AlbatrosLa Folie des grandeurs, tirée de Ruy Blas (Yves Montand le suppléant) et L'Emmerdeur, issu du Contrat (avec Jacques Brel comme premier François Pignon) furent ensuite réalisés.

Jeanne Lefrique, son épouse, née en 1918, meurt le 26 janvier 1986 dans un accident de voiture, alors qu’elle se rend de Paris à Montainville sur la tombe de son époux.

Rôles et œuvres[modifier | modifier le code]

Bourvil a reçu le prix du meilleur acteur du festival de Venise (la Coupe Volpi) pour son rôle dans le film La Traversée de Paris (d’après l’œuvre de Marcel Aymé). Comédien complet, il a choisi à maintes reprises des rôles traitant de sujets de société, notamment en coproduisant les films avec Jean-Pierre Mocky (La Cité de l'indicible Peur ou La Grande FrousseLa Grande Lessive (!)…). Il a également assuré le doublage de ses films en anglais.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Filmographie de Bourvil.

Avec FernandelLouis de Funès et Jean Gabin, Bourvil fait partie des acteurs français ayant attiré le plus grand nombre de spectateurs dans les salles de cinéma : environ 205 millions entre 1945 et 1970. Ses films ayant eu la plus grosse audience sont :

Théâtre, opérettes, opéra, radios, tournées[modifier | modifier le code]

Discographie[modifier | modifier le code]

Article détaillé : Discographie de Bourvil.
Article détaillé : Liste des chansons de Bourvil.

Un hommage lui a été rendu par Tom Novembre en 2006 par l'interprétation de quatorze chansons dans son CD André.

Sketchs et monologues[modifier | modifier le code]

Musique[modifier | modifier le code]

Harmonica, mandoline, accordéon, guitare, cornet à pistons, trompette, bugle…:

Récompenses[modifier | modifier le code]

Anecdotes[modifier | modifier le code]

Broom icon.svg
afficherLes sections « Anecdotes », « Autres détails », « Le saviez-vous ? », « Citations », « Autour de... » , etc.peuvent être inopportunes dans les articles (octobre 2015).

Autobiographie (autre projet)[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Selon une autre source, c'est lors d'une représentation à Lyon de Ouah Ouah que Bourvil est gêné par son kyste à l'oreille et que les médecins, après l'analyse du kyste, lui annoncent qu'il est atteint d'un cancer. Sa lourde chute de vélo sur le tournage des Cracks ne serait alors qu'à l'origine d'« un hématome et des douleurs permanentes dans le bas du dos », qui se sont ajoutées à sa maladie de Kahler. (Franck et Jérôme Gavard-Perret, « André Bourvil et Louis de Funès ou le parcours singulier d'un duo exceptionnel » [archive], sur Autour de Louis de Funès [archive]).
  2. « J’ai eu le prix à Venise, bon, j’en suis pas mal fier, mais je ne confonds pas vitesse et précipitation, Bourvil et Sarah Bernhardt. Le rire dans la qualité, c’est ce que je voudrais pouvoir faire. L’imbécile heureux, voilà mon emploi. Que je m’évade, de temps en temps, je ne dis pas non, mais ce sera toujours pour y revenir. » Bourvil ; Source : Maurice BessyAndré Bourvil, Denoël, 1972

Références[modifier | modifier le code]

  1. Référence : Extrait d'acte de naissance n° 8/1917 [archive]
  2. Marc Lemonier, Guide des lieux cultes du cinéma en France, Horay, 2005, p. 127.
  3. Philippe Crocq, Jean Mareska, Bourvil. De rire et de tendresseÉditions Privat, 2006, p. 16-17
  4. Catherine ClaudeUn certain Bourvil, Messidor, 1990, p. 29.
  5. Christian Plume, Xavier Pasquini, Bourvil, Bréa Editions, 1983, p. 9-13.
  6. Christian Plume, Xavier Pasquini, op. cit.p. 14
  7. Philippe Crocq, Jean Mareska, op. cit.p. 21
  8. Philippe Crocq, Jean Mareska, op. cit.p. 28
  9. Xavier Collombier, « Dominique Raimbourg nous parle de son père André dit Bourvil », France 3, Pays de la Loire,‎ 28 septembre 2012 (lire en ligne [archive])
  10. « Bourvil fils entre à l'Assemblée nationale », Libération,‎ 6 septembre 2001 (lire en ligne [archive])
  11. Philippe Crocq, Jean Mareska, op. cit.p. 46
  12. Christian Plume, Xavier Pasquini, op. cit.p. 32
  13. Sandro Cassati, André Bourvil. Une histoire vraie, City Edition, 2010, p. 67
  14. Laurent Delahousse, « André Bourvil, la rage de vaincre », documentaire Un jour, un destin, 23 octobre 2013, 41 min 30 s.
  15. Sandro Cassat, op. cit.p. 144
  16. Christian Plume, Xavier Pasquini, op. cit.p. 54
  17. Stéphane Bonnotte, Louis de Funès : jusqu'au bout du rire, Michel Lafon, 2003, p. 111
  18. Gilles Boussaingault, « Jean-Pierre Mocky : « Bourvil n'était pas un vrai gentil » » [archive], sur lefigaro.fr, 23 octobre 2013.
  19. Christian Plume, Xavier Pasquini, op. cit.p. 60-63
  20. Pierre Berruer, Georges Brassens, la marguerite et le chrysanthème, France Loisirs, 2001, p. 107
  21. Christian Plume, Xavier Pasquini, op. cit.p. 38
  22. Christian Plume, Xavier Pasquini, Bourvil, Bréa Editions, 1983, p. 69
  23. Christian Plume, Xavier Pasquini, op. cit.p. 70
  24. Philippe Crocq, Jean Mareska, Bourvil. De rire et de tendresseÉditions Privat, 2006, p. 12
  25. « Nanarland - Clodo et les vicieuses - la chronique de Nanarland » [archive], sur Nanarland.com

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Documentaires[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :