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Catégorie : Bourses
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Allianz SE, (prononcé : /aliˈants/, Écouter) créé en 1890 à Berlin, est un groupe d'assurances, le premier assureur européen, et le quatrième gestionnaire d'actifs au monde2.

Le groupe est diversifié entre l'assurance-dommage et l'assurance-vie, et est actif en Allemagne, en France et en Italie. Le groupe utilise également son réseau d'agents d'assurance pour vendre des produits bancaires.

En février 2007, Allianz acquiert 100 % du capital d'AGF. Le groupe est l'ancien propriétaire de la Dresdner Bank en Allemagne, cédée à Commerzbank en septembre 2008 pour 9,8 MM €.

Histoire

Création d'Allianz et premiers développements

À l'été 1890, le directeur de Munich Re (Münchener Rückversicherungs-Gesellschaft), Carl von Thieme (de) (18441924) et le banquier munichois Wilhelm Finck (18481924) décident de s'associer pour lancer une compagnie d'assurances. Les deux hommes avaient remarqué une augmentation des risques liés aux activités de l'ère industrielle durant les quinze dernières années du fait de la Grande Dépression. La nouvelle compagnie, au capital de 4 millions de marks3, fut nommée Allianz Versicherungs-Aktiengesellschaft et les statuts signés à Munich en Allemagne, mais le siège fut établi à Berlin, dans la capitale. Offrant au départ des services d'assurances pour le transport et les risques d'accidents, Allianz développa rapidement une offre de couverture incendie4.

Le logo est alors composé de l'aigle du reich (Reichsadler (de)), de l'enfant munichois (Münchner Kindl (de)), et de l'ours de Berlin3.

Paul von der Nahmer devient le deuxième dirigeant à partir de 1904 et renforce considérablement les activités internationales. Dès 1913, 20 % des revenus proviennent de l'étranger4, principalement par ses bureaux londoniens spécialisés dans la protection des risques financiers. Mais les conséquences de la Première Guerre mondiale restreignent dans un premier temps le développement international d'Allianz.

Durant les années 1920, Kurt Schmitt, directeur général, initie une série d'acquisitions : la Bayerische Versicherungsbank (de), puis la Stuttgarter Verein fusionnèrent avec Allianz. Durant l'été 1929, la Favag (Frankfurter Allgemeine Versicherungs AG (de)), leader allemand du marché de l'assurance, fait faillite après avoir maquillé ses comptes pendant plusieurs années : le scandale est énorme et Allianz se porte acquéreur des actifs3. En 1932, Allianz ouvre un centre de test de résistance des matériaux, l'actuel Centre Allianz pour la Technologie, entièrement consacré à la recherche sur les dommages.

Allianz sous le nazisme

L'arrivée du Parti national-socialiste des travailleurs allemands au pouvoir en octobre 1932 conduit la direction d'Allianz à participer à la mise en place du nouveau régime. Comme dans la plupart des grandes entreprises allemandes, les délégués du personnel furent remplacés par des membres du parti nazi et les salariés de confession juive furent licenciés. Hauts dirigeants d'Allianz dès 1930, Kurt Schmitt et Eduard Hilgard s'impliquèrent tout spécialement dans la montée au pouvoir du parti, soutenant par exemple Hermann Göring. Schmitt fut par la suite nommé ministre de l'économie de 1933 à 1935 ; il aimait beaucoup poser en uniforme nazi5. Hilgard, lui, dirigea le Reichsgruppe Versicherungen (association au sein du Reich des assureurs privés).

Au lendemain de la Nuit de Cristal, Hilgard, en tant que directeur d'Allianz, se retrouve face à un dilemme : soit rembourser des clients juifs victimes des dégâts commis par les nazis (200 synagogues incendiées, 7 500 magasins détruits par les Sturmabteilung6), soit refuser de les indemniser, dans la mesure où l'État couvrait ces crimes. Durant la période qui vit peu à peu la disparition des juifs allemands et étrangers (exil, déportation), Allianz se refusa à payer les indemnités dues au titre de l'assurance-vie ; elle s'associa, au contraire, à la Solution finale : ainsi, Allianz fut l'assureur de la plupart des entreprises SS, et donc de l’État nazi, installées dans les camps de concentration et d'extermination7,5.

L'annexion de la Pologne par l'Allemagne nazie en 1939 conduisit à une intensification des besoins d'assurance des risques liés à la guerre dans des secteurs en croissance comme la marine, la construction, l'assurance-vie et incendie des secteurs industriels.

Mais les ravages de la guerre furent tels qu'il devint très difficile pour Allianz de continuer ses opérations : elle vit peu à peu son patrimoine immobilier détruit, et à la fin de la guerre, la majorité des avoirs d'Allianz étaient également anéantis[réf. nécessaire].

Les compensations après 1945

Après le 8 mai 1945, une série de lois votées par les Alliés obligèrent l'Allemagne à indemniser les personnes victimes des confiscations et spoliations orchestrées sous le régime nazi. À partir de 1993, Allianz, à l'instar de la plupart des grosses entreprises allemandes impliquées sous le nazisme, ouvre ses archives et pratique une politique de transparence8 en confiant à des historiens indépendants le soin d'en rédiger les pages, dont le cabinet d'audit Arthur Andersen8. Une ligne téléphonique est également ouverte en Europe, aux États-Unis et en Israël pour permettre aux victimes ou à leurs descendants de faire valoir leurs droits8. En 1997, Henning Schulte-Noelle, alors président d'Allianz, prit finalement la décision d'ouvrir librement les archives en demandant à Gerald D. Feldman, historien de l'Université de Berkeley de mener un vaste projet sur les activités d'Allianz durant la Seconde Guerre mondiale9. Ces recherches entraînèrent de nouvelles réclamations de victimes du nazisme et de leurs descendants. En 1997, Serge Klarsfeld, président de l'association Fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), appelle au boycott de la compagnie d'assurances après que le journal Der Spiegel révéla qu'Allianz fournissait des polices d'assurance à plusieurs camps de concentration nazis, dont celui d'Auschwitz8.

En 1998, Allianz rejoint un groupe d'industriels allemands, qui, sous l'impulsion de Gerhard Schröder, décide d'indemniser les victimes des années de guerre, et devient membre de l'International Commission on Holocaust Era Insurance Claims. La société déclara alors avoir rapidement payé les demandes qu'elle estimait justifiées, ce qui fut contesté par la suite[réf. nécessaire].

La reconstruction

Les activités reprirent lentement après la guerre et ce n'est qu'à la fin des années 1950 qu'un bureau parisien fut inauguré et, dans les années 1960, une filiale ouvrit en Italie. Pendant les années 1970, Allianz ouvre des filiales au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Espagne, au Brésil et aux États-Unis. Avec la prise de contrôle de Cornhill Insurance PLC, Londres, et une prise de participation dans la Riunione Adriatica di Sicurt' (RAS, Milan), Allianz renforça sa présence en Europe du Sud et de l'Ouest dans les années 1980.

La présence à l'international

La présence internationale d'Allianz (2009)

Les années 1990 et 2000 furent dominées par les activités internationales. La Hongrie fut le premier des 8 pays d'une expansion en Europe de l'Est. En 1990, Allianz fait l'acquisition de l'américain Fireman's Fund Insurance Company pour 3,3 milliards de dollars10 puis de la française AGF en 1998, à la suite d'une bataille financière contre l'italien Generali, vente qui détrône alors Axa de sa position de leader européen11. La fin des années 1990 fut aussi le début de rapprochements et d'acquisitions en Chine et en Corée du Sud.

En novembre 2000, Allianz fut introduite au NYSE (New-York Stock Exchange) puis en est sortie en 200812.

En 2001, Allianz acquit Dresdner Bank pour la revendre à Commerzbank (avec une prise de participation dans l'acquéreur) sept ans plus tard avec une forte dépréciation. C'est en 2003 que Michael Diekmann (en), succéda à Henning Schulte-Noelle qui est Président du Conseil de surveillance du groupe13 depuis cette date14.

Depuis 2015, l'actuel CEO est Oliver Bäte.

2005 fut l'année de l'inauguration de l'Allianz Arena, le nouveau stade de football de Munich.

C'est en 2006 que le groupe devint la première entreprise à adopter le statut de Societas Europaea15.

Malgré une légère baisse du bénéfice au cours du premier semestre 2014, le groupe Allianz maintient le pas face à Axa16. Afin de contrecarrer cette légère baisse de bénéfice de presque 2,9 % par rapport au premier trimestre 2013, des assurances ont été réadaptées et d’autres ont été créés, notamment en Allemagne, proposant de nouvelles options pour la retraite17. Il est prévu que la tendance s’inverse au cours du prochain semestre et qu’Allianz reparte sur un bénéfice plus élevé qu’au second trimestre 2013.

En avril 2016, Anbang annonce l'acquisition des activités d'assurances d'Allianz en Corée du Sud18. En août 2017, Allianz annonce la création d'une co-entreprise, avec Liverpool Victoria, une entreprise mutualiste britannique, contre le versement par Allianz de 500 millions de livres. Cette co-entreprise sera dédié à l'assurance risque sur le marché britannique19. En novembre 2017, Allianz annonce acquérir les participations qu'il ne détient pas dans Euler Hermes pour 1,85 milliard d'euros, après avoir acquis peu de temps avant une participation de 11 % dans Euler Hermes, qui a fait monter sa participation à 74,3 %20. En avril 2018, elle rachète les parts minoritaires d'Euler Hermes et est désormais unique propriétaire21.

AGF devient Allianz France

Article détaillé : Assurances générales de France.

En 1998, après un bras de fer avec l’Italien Generali11, le groupe Allianz acquiert 58 % du capital de l’assureur français AGF. Le groupe AGF est alors constitué d'AGF, PFA, Athena, et Allianz France. Dix ans plus tard, en 2007, le groupe Allianz lance une OPA sur le groupe AGF et rachète l’intégralité de ses actions. AGF devient sa filiale à 100 %. En 2009, AGF prend le nom d’Allianz22.

L'acquisition d'AGF permet également à Allianz de mettre un pied en Afrique, particulièrement au Maghreb et en Afrique de l'est23.

Activité et métiers d’Allianz France

Article détaillé : Allianz France.

Direction

Directoire d’Allianz SE

Depuis le 7 mai 2015, Oliver Bäte est le PDG; depuis le 9 mai 2012 Helmut Perlet est président du conseil d'administration et président du Conseil de Surveillance.

Depuis 2005, les rémunérations du Directoire et du Conseil de Surveillance font l'objet d'un rapport individuel et sont publiées avec le rapport annuel.

PDG

Période 24 Nom
1890–1904 Carl von Thieme (1844–1924)
1904–1921 Paul von der Nahmer (1858–1921)
1921–1933 Kurt Schmitt (1886–1950)
1933–1948 Hans Heß (1881–1957)
1948–1961 Hans Goudefroy (1900–1961)
1962–1971 Alfred Haase (1903–1972)
1971–1991 Wolfgang Schieren (1927–1996)
1991–2003 Henning Schulte-Noelle (* 1942)
2003–2015 Michael Diekmann (* 1954)
seit 2015 Oliver Bäte (* 1965)

Le comité exécutif d’Allianz France25

Actionnariat

Les actions de la société sont cotées à la Bourse allemande de Francfort. Les valeurs sont également incluses dans le DAX. Le 22 septembre 2009, le groupe d'assurance a annoncé qu'il retirera ses actions de la NYSE. En outre, la société sera retirée de la cote des bourses de Londres, Milan, Paris et la Suisse. Cela s'explique par le faible volume de transactions sur les marchés boursiers étrangers26. Il y a environ 429,9 millions de dollars d'actions en circulation.

Structure de l'actionnariat

65,7% du capital d'Allianz SE est détenu par des investisseurs étrangers. La part des investisseurs privés s'élève à 17,2 % et la part des investisseurs institutionnels à 82,8 %27. L'un des actionnaires institutionnels connus est BlackRock avec 6,93 %28.

Controverses

Le 22 décembre 2014, le régulateur des assurances inflige au groupe Allianz une amende de 50 millions d'euros, assortie d'un blâme, en lui reprochant « trop de laxisme pour retrouver les ayants droit de contrats d'assurance-vie non réclamés ». C'est la sanction la plus lourde jamais infligée par le régulateur des assurances29. L'assureur réagit à cette amende : « cette décision ne reflète pas l'engagement fort d'Allianz depuis la loi de décembre 2007 en termes de moyens financiers et humains dédiés à l'identification des décès et à la recherche des bénéficiaires, ni les résultats significatifs obtenus »30.

Sponsoring sportif

Notes et références

  1. [1] [archive]
  2. (en) « Top Asset Management Firms » [archive], sur relbanks.com, 30 juin 2012 (consulté le 2 mars 2015)
  3. a, b et c (en) Gerald D. Feldman, « Allianz and the German Insurance Business, 1933–1945 » [archive], Cambridge University Press, 22 octobre 2001
  4. a et b « Allianz : un assureur allemand devenu leader international des assurances et des services financiers » [archive], sur Allianz.fr
  5. a et b Archives Allianz [archive], en ligne.
  6. L'honneur retrouvé des entreprises allemandes [archive], in L'Express, 24 août 2006.
  7. Martin Douglas, « Gerald D. Feldman, Historian of the Nazis and Finances, Dies at 70 », The New York Times, 15 novembre 2007
  8. a, b, c et d Muriel Jasor, « Serge Klarsfeld appelle à boycotter Allianz » [archive], sur Les Echos, 3 juin 1997
  9. Gerald Donald Feldman, Allianz and the German Insurance Business, 1933-1945, Cambridge University Press, 2001.
  10. (en) Kurt Eichenwald, « German Company to Buy Fireman's Fund » [archive], sur The New York Times, 3 août 1990
  11. a et b Thierry Fabre, « Les petits secrets de l'OPA qui bouleverse la finance française » [archive], sur L'Express, 4 décembre 1997
  12. (en) Allianz to delist from NYSE, European exchanges [archive], Market Watch, 22 septembre 2009
  13. Communiqué de nomination [archive]
  14. relations investisseurs [archive]
  15. « Allianz, première grande entreprise à devenir une société européenne » [archive], sur Les Echos, 13 octobre 2006
  16. Légère baisse du bénéfice d’Allianz au premier trimestre 2014 [archive], Estelle Durand, 7 mai 2014
  17. Neue Rentenversicherung Allianz Perspektive im Test [archive] Anja Schlicht, Finanzen.de Nachrichten, 22 avril 2014
  18. Anbang to acquire Allianz’s South Korea operations [archive], Oliver Ralph et Song Jung-a, The Financial Times, 6 avril 2016
  19. « Allianz forms JV with LV= to create third largest British P&C insurer » [archive], sur Reuters, 4 août 2017
  20. « Allianz plans to buy rest of Euler Hermes for $2.2 billion » [archive], sur Reuters, 27 novembre 2017
  21. NICOLAS THOUET, « Allianz désormais unique actionnaire d’Euler Hermes », L'Argus de l'assurance,‎ 2 mai 2018 (lire en ligne [archive])
  22. Gilles lockhart, Pourquoi les AGF se laissent absorber par Allianz [archive], L'Express, 18 janvier 2007
  23. Michael Pauron, « Assurances : Allianz Africa, un centenaire très actif » [archive], sur Jeune Afrique, 6 février 2012
  24. « Management: PDG » [archive], Allianz SE (consulté le 9 janvier 2017)
  25. communiqué de presse Allianz, 20 janvier 2010 [archive]
  26. Allianz zieht sich von NYSE und europäischen Börsen zurück [archive]
  27. Structure de l'actionnariat https://www.allianz.com/de/investor_relations/actionnariat/structure [archive] de l'actionnariat/
  28. Stimmrechtsmitteilung https://www.allianz.com/de/investor_relations/mitteilungen/stimmrechtsmitteilung/ [archive]
  29. Assurance-vie non réclamée : Allianz écope d'une amende de 50 millions d'euros [archive], Challenges, 22/12/2014
  30. Une amende de 50 millions d'euros infligée à l'assureur Allianz [archive], le Monde, 22/12/2014

Annexe

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Articles connexes

Liens externes

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Compagnies d'assurances systémiques selon le Conseil de stabilité financière (FSB) en 2016
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Compagnies d'assurances par actifs non bancaires (2016)1
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Drapeau : Allemagne Entreprises du DAX (22 mars 2018)